​APPEL URGENT -L’OBSERVATOIRE 


MRT 001 / 0716 / OBS 064

Arrestation arbitraire/

Détention au secret /

Torture / Mauvais traitements

Mauritanie

25 juillet 2016

 

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, un partenariat de la FIDH et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), vous prie d’intervenir de toute urgence sur la situation suivante en Mauritanie.

 

Description de la situation :

 

L’Observatoire a été informé par des sources fiables de l’arrestation et de la détention arbitraire de 13 membres de l’Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA-Mauritanie [1]), à savoir MM. Mohamed Daty, secrétaire général de la coordination de Nouakchott, Ousmane Anne, président du bureau de Tevragh Zeina, Ousmane Lo, membre du bureau exécutif, Abdallahi Abou Diop, membre du bureau de Riadh, Amadou Tidjane Diop, deuxième vice-président national, Abdallahi Matala Seck, président du bureau de Sebkha, Balla Touré, chargé de relations extérieures, Jemal Samba Beylil, membre du bureau de Riadh, Moussa Biram, vice-président du bureau de Sebka, Hamady Lehbouss, conseiller du président et chargé de la communication, Ahmed Hamdy Hamar Vall, trésorier national, Mohamed Jarroullah, membre du bureau exécutif et Khatri Rahel Mbareck, coordinateur du comité de la paix.

 

Selon les informations reçues, entre le 30 juin et le 9 juillet 2016, 13 membres de l’IRA-Mauritanie ont été arrêtés. Le 30 juin 2016, Amadou Tidjane Diop, Abdallahi Matala Seck et Moussa Biram ont été arrêtés à leurs domiciles respectifs par des policiers en civil, sans s’être vu présenter un mandat d’arrêt ou tout motif à leur arrestation. Ce même jour, Jemal Samba Beylil a été arrêté dans sa boutique de pièces détachées dans la commune du Ksar devant ses collègues. Le 1er juillet, Balla Touré a été arrêté à son domicile dans la matinée. Le 3 juillet 2016, alors qu’ils quittaient une conférence de presse organisée pour appeler à la libération de leurs collègues, Hamady Lehbouss, Ahmed Hamar Vall et KhatriRahel Mbareck ont été arrêtés dans la rue par des policiers en civil. Le même jour, Mohamed Jarroullah a également été interpellé par des policiers en civil. Le 8 juillet, Mohamed Daty a été arrêté à la sortie du tribunal où il est greffier et Ousmane Anne et Ousmane Lo ont été arrêtés dans la rue. Enfin, le 9 juillet, Abdallahi Abou Diop a été arrêté sur son lieu de travail. A cette occasion, il a été frappé par les policiers.

 

Les 13 membres de l’IRA-Mauritanie ont été arrêtés en relation avec une manifestation spontanée organisée le 29 juin 2016 contre l’expulsion forcée d’une vingtaine de familles installées dans un bidonville dans le quartier de Ksarn en périphérie de la capitale Nouakchott au cours de laquelle des scènes de violences ont été perpétrées [2]. Or, aucun des 13 membres n’avait participé à cette manifestation. De plus, l’IRA-Mauritanie n’a ni organisé, ni exprimé d’opinion, ni même participé à cet événement. Aucun des membres n’a été arrêté sur les lieux de la manifestation. L’un d’entre eux, Mohamed Jarroulah, se trouvait même à 1200 km de Nouakchott ce jour là.

 

L’Observatoire craint que cet incident ne soit utilisé que comme prétexte pour harceler les membres de l’IRA-Mauritanie. L’Observatoire voudrait rappeler que le 30 juin 2016, l’IRA-Mauritanie a reçu le TIP Heroes Awards des mains du Secrétaire d’Etat Américain John Kerry à Washington, un prix qui salue l’action de cette ONG.

 

Le 12 juillet, entre 4h30 et 7h45, les 13 militants ont été interrogés par le Parquet au sujet de la manifestation. C’était la première fois depuis leur arrestation, qu’ils pouvaient s’entretenir avec leurs avocats.

 

En effet, les 13 militants ont été détenus au secret pendant trois à 12 jours. Pendant leurs gardes à vue, les 13 ont été transférés séparément dans des lieux inconnus, privés de moyens de communication avec leurs proches ou avocats. Ils ont été interrogés la nuit, privés de sommeil, d’accès aux sanitaires, aux douches ainsi qu’à un médecin. Selon les informations reçues, Abdallahi Matallah Seck, Balla Touré, Moussa Biram et Amadou Tidjane Diop ont été victimes d’actes de torture et de mauvais traitements. Pieds et mains liés dans des positions douloureuses pendant des heures, suspendus par des cordes, les menottes trop serrées,  Abdallahi Matallah Seck, Balla Touré et Moussa Biram ont été interrogés sur la planification et leur participation aux affrontements du 29 juin. De même, Amadou Tidjane Diop a été déshabillé, insulté, menacé de mort pendant son interrogatoire et s’est vu forcé de manger quelques repas agrémentés de sable sans pouvoir boire de l’eau.

 

De plus, selon les informations reçues, Amadou Tidjane Diop n’aurait pas eu accès à des soins médicaux nécessaires, et ceci malgré une pathologie cardiaque connue pour laquelle il possède une prescription médicale ainsi que des bulletins de consultation de cardiologie.  Ce n’est qu’après sa garde à vue qu’il a pu se rendre à l’hôpital mais les analyses prescrites n’ont toujours pas été réalisées. 

 

Selon nos sources, les commissaires principaux El-Hadi et Ahmed Baba Ahmed Youra, l’inspecteur de police Hassane Samba, les officiers de police Alioune Hassane et Lemrabott, le brigadier chef Didi ainsi que les brigadiers Ould Amar et Oumar Ndiaye auraient participé avec d’autres personnes non identifiées aux actes de torture à l’encontre des militants. De plus, M. Boubacar Ould Messaoud, membre du Mécanisme national de prévention (MNP) et président de l’association SOS-esclave, s’est vu refuser une visite malgré une demande officielle. En outre, les demandes de leurs avocats de faire expertiser les traces visibles des sévices ont été refusées.

 

Le 12 juillet, le procureur Cheikh Taleb Bouya Ahmed a ouvert une enquête de flagrance et a inculpés les 13 membres de l’IRA-Mauritanie pour « attroupement armé » (article 101 à 105 du Code pénal), « violences à l’égard d’agents de la force publique » (articles 213 et 214 du Code pénal), « rébellion » (article 191 du Code pénal) et « appartenance à une organisation non enregistrée » (articles 3 et 8 de la Loi de 1964 sur les associations). L’affaire a été renvoyée au 3 août 2016 devant la Cour criminelle de Nouakchott Ouest. Le tribunal devrait prochainement autoriser les familles à leur rendre visite pour la première fois depuis leur interpellation. Les 13 sont maintenant détenus à la Maison d’arrêt de Dar Naim.

 

L’Observatoire rappelle que l’IRA-Mauritanie et ses militants subissent un harcèlement régulier de la part des autorités en raison de leurs activités de défense des droits de l’Homme depuis longtemps[3].

 

De plus, l’Observatoire exprime ses plus vives préoccupations quant aux conditions de détention des activistes détenus et s’inquiète tout particulièrement de l’état de santé d’Amadou Tidjane Diop souffrant de problèmes cardiaques et nécessitant un suivi médical approfondi et régulier.

 

Finalement, l’Observatoire demande la libération immédiate et inconditionnelle ainsi que l’abandon des poursuites à l’encontre de MM. Mohamed Daty, Ousmane Anne, Ousmane Lo, Abdallahi Abou Diop, Amadou Tidjane Diop, Abdallahi Matala Seck, Balla Touré, Jemal Beylil, Moussa Biram, Hamady Lehbouss, Ahmed Hamar Vall, Mohamed Jarroulah, Khatri Mbareck, et de tout autre membre de l’IRA en ce que cela ne vise qu’à sanctionner leurs activités de défense des droits de l’Homme.

 

Actions requises :

 

L’Observatoire vous prie de bien vouloir écrire aux autorités mauritaniennes en leur demandant de :

 

i. Garantir en toute circonstance l’intégrité physique et psychologique de MM. Mohamed Daty, Ousmane Anne, Ousmane Lo, Abdallahi Abou Diop, Amadou Tidjane Diop, Abdallahi Matala Seck, Balla Touré, Jemal Beylil, Moussa Biram, Hamady Lehbouss, Ahmed Hamar Vall, Mohamed Jarroulah, Khatri Mbareck ainsi que de l’ensemble des défenseurs des droits de l’Homme en Mauritanie ;

 

ii. Libérer immédiatement et inconditionnellement MM. Mohamed Daty, Ousmane Anne, Ousmane Lo, Abdallahi Abou Diop, Amadou Tidjane Diop, Abdallahi Matala Seck, Balla Touré, Jemal Beylil, Moussa Biram, Hamady Lehbouss, Ahmed Hamar Vall, Mohamed Jarroulah, Khatri Mbareck ainsi que tout membre de l’IRA-Mauritanie détenu puisque leur détention ne semble viser qu’à sanctionner leurs activités de défense des droits de l’Homme ;

 

iii. Mener une enquête immédiate, indépendante et effective sur les allégations de torture et de mauvais traitements subis par les 13 défenseurs, afin d’identifier les coupables et de les sanctionner conformément à la loi ;

 

iv. Mettre un terme à toute forme de harcèlement, y compris judiciaire, à l’encontre de ces personnes ainsi qu’à l’ensemble des membres et sympathisants de l’IRA et, plus généralement, de l’ensemble des défenseurs des droits de l’Homme en Mauritanie ;

 

v. Se conformer à la loi N° 049-15 sur la torture et à la loi N° 050/15 instituant un Mécanisme national de prévention, adoptées le 13 août 2015 par l’Assemblée Nationale mauritanienne.

 

vi. Se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998, et plus particulièrement ses articles 1, 9.1 et 12.3 ;

 

vii. Plus généralement, se conformer aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par la Mauritanie ;

 

Adresses :

 

• S.E M. Mohamed Ould Abdel Aziz, Président de la République Islamique de Mauritanie, Fax : 00 222 525 85 52

• M. Ahmedou Ould Abdalla, Ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation de la République Islamique de Mauritanie, Fax : + 222 529 09 89; Email : mmelhadi@interieur.gov.mr ; leminesidi@yahoo.fr

• Brahim Ould Daddah, Ministre de la Justice de la République Islamique de Mauritanie, Fax : 00 222 525 70 02

• Me. Irabiha Mint Adbel Weddoud, Présidente de la Commission nationale des droits de l’Homme, Email : presidente@cndhmauritanie.mr

• S.E. Ambassadeur Mme Salka Mint Bilal Yamar, Mission permanente de la Mauritanie auprès de l’Office des Nations unies à Genève, Suisse. Fax : +41 22 906 18 41. Email : mission.mauritania@ties.itu.int

• Ambassade de la Mauritanie à Bruxelles, Belgique, Fax : +32 2 672 20 51, info@amb-mauritania.be

 

Prière d’écrire également aux représentations diplomatiques de Mauritanie dans vos pays respectifs

 

*** 

Paris-Genève, le 25 juillet 2016

 

Merci de bien vouloir informer l’Observatoire de toutes actions entreprises en indiquant le code de cet appel.

 

L’Observatoire, partenariat de la FIDH et de l’OMCT, a vocation à protéger les défenseurs des droits de l’Homme victimes de violations et à leur apporter une aide aussi concrète que possible. La FIDH et l’OMCT sont membres de ProtectDefenders.eu, le mécanisme de l’Union européenne pour les défenseurs des droits de l’Homme mis en œuvre par la société civile internationale.

 

 

Pour contacter l ’Observatoire, appeler La Ligne d ’Urgence:

·            E-mail: Appeals@fidh-omct.org

·            Tel et fax FIDH: + 33 14355 2518 / + 33 14355 1880

·            Tel et fax OMCT: +41 228094939 / +41 22 8094929

Le Noir, ce “corps étranger” difficilement acceptable en milieu Arabe.

Disons le tout de suite, l’Islam ne fait pas l’Arabe, et l’Arabe ne fait pas non plus l’Islam . Je suis loin d’être animé par une idéologie extrémiste négrophile ou acculé dans une victimisation obsessionnelle du fait d’être Noir. L’islam comme religion universaliste admet et embrasse des larges diversités sur plusieurs domaines. Ainsi la dernière révélation donne un cadre général d’assainissement et de régulation contextuelle des différentes particularités (mode de vie, culture, politique et autres)  de ceux qui la confessent. Cependant, si l’islam règne et s’applique réellement parmi des communautés différentes, toute idée de racialisme qui conditionne au fond le RACISME idéologique et culturel disparaît en amont dans la formation des consciences collectives. Dans tout cadre collectif dénommé islamique ou pris comme tel, qui vit des turbulences politiques , intercommunautaires et intra-communautaires , on pourrait en déduire clairement qu’ AUTRE CHOSE a été mise en avant qui corrompt les objectifs fondamentaux de l’éthique fraternelle prêchée par le Sceau des Messagers Muhammad (PSL). 

Cette AUTRE CHOSE peut s’expliquer par l’interprétation politiquement idéologisante, culturellement communautariste et religieusement cléricale du MESSAGE. Le Noir qui a traîné bien avant l’avènement de l’islam, certaines thèses bibliques le frappant d’une damnation originelle, fut élevé au rang d’Homme digne croyant parmi les Autres au temps du prophète Muhammad (PSL). À cette époque (7 siècle) , ce statut révolutionnaire provoqua davantage  l’ire de l’aristocratie noblière arabe qui assimilait le Noir à l’esclave ou pire à un animal domestique très docile et serviable.

Après l’âge d’or de la période prophétique et une courte parenthèse califale, l’ordre sociétal et politique préislamique fut établi plus ou moins. Si on revisitait l’histoire de l’impérialisme arabe sous couvert du prêche de l’islam, on ne peut éviter de se poser des questions légitimes quant aux motivations profondes des uns et des autres d’une époque à une autre. La nouvelle religion révélée  du 7 siècle est bien arrivée au monde Noir par différents canaux (les échanges commerciaux mais aussi les conquêtes impérialistes). Certains porteurs sincères et dévoués au prêche du nouveau Message eurent diffusé les enseignements religieux aux nouvelles contrées, mais d’autres arrivants furent motivés par des visées impérialistes qui avaient saigné à vif certaines populations autochtones. 

Que représente le Noir dans l’imaginaire collectif arabe, je dis bien ARABE non MUSULMAN..?? 

La société arabe préislamique était esclavagiste comme beaucoup  d’autres sociétés du monde à cette époque, et la figure incarnant l’esclave est sans doute le Noir originaire d’Abyssinie.

Nous n’avons pas connaissance d’une source dans la littérature sociologique et historique de l’Arabie faisant écho d’une présence des tribus noires dont seraient issus Bilal et d’autres Noirs vivant sous le joug esclavagiste quand débuta la prédication du prophète Muhammad (PSL). 

Dieu sait que le Message Coranique aux principes généraux libérateurs, promeut l’Honneur inaliénable et la Dignité spécifique singularisant le statut de l’Homme parmi toutes les Créatures du DIVIN. Par Sa Sagesse sublime, le DIVIN par l’intermédiaire de son Messager aux meilleurs caractères pleins de rectitude, Prescrit des directives saines qui devaient corriger une société arabe orgueilleuse et ignorante. C’est ainsi que la société prophétique a su régler les cas sociaux d’esclaves qui subissaient un sort irréversible. Ce processus parfait qui allait être un modèle idéal et révolutionnaire de rétablissement de la Dignité de l’Homme, fut corrompu et dévié vers une idéologie qui institua bizarrement l’esclavage au nom de l’islam. L’Homme Noir d’aujourd’hui subit toujours les contrecoups de ce virage idéologique développé et entretenu par les milieux savants tout au long de l’histoire arabo-musulmane. On ne peut ne pas vous inviter à porter une attention sur le célèbre film “LE MESSAGER”. Commençons par le générique du film sorti à la fin des années 70, dans lequel il a été précisé que le contenu du film avait eu l’accord de l’université d’Alzhar au Caire et celui d’une institution Chiite libanaise avant sa diffusion. L’université égyptienne connue pour être la voix idéologique du sunnisme historique du monde et l’institution chiite basée au Liban présentée comme une autorité de l’idéologie du chiisme arabe , furent consultés à propos du message que devait véhiculer le film. On admettra que les objections des uns et des autres avaient été prises en compte par les promoteurs du film afin d’éviter tout parti pris idéologique semble t-il. Finalement ce film comme objet culturel et éducatif qui a traversé plusieurs générations, ne peut se prévaloir d’une neutralité absolue du message porté, parce qu’ayant subi une forme de censure politico-confessionnelle des deux branches idéologiques de l’islam. Dans le fil du film, l’Homme Noir symbolise l’esclave et sa place pitoyable et non enviable dans cette Arabie du 7 siècle. L’affranchissement de Bilal et sa promotion parmi les rapprochés du prophète Muhammad (PSL) peut être un épisode salutaire et instructif pour le public d’un côté . De l’autre côté, plusieurs générations d’arabes et d’autres seront formatées idéologiquement et en préjugés que l’esclave est Noir d’abord et que le Noir musulman serait l’ancien esclave affranchi . Mêmes les peuples Noirs islamisés n’ont pas été à l’abri de ce formatage plus psychologique que strictement idéologique. Le cas de l’esclave Noir dénommé par le sobriquet wahchi, le lanceur d’épée commandé par la noble mecquoise Hind pour viser Hamza, l’oncle chéri du prophète Muhammad  (PSL), révèle une autre transmission du “MAL NOIR” dans la conscience collective des plusieurs générations. Les effets de ces épisodes historiques ne seront pas démolis pour demain, et le film y est pour beaucoup dans le grand public. 

Si le monde Noir de la Oumma à l’époque du film, avait une voix particulière portante , le cheminement factuel de l’Histoire aurait été atténué dans la reproduction cinématographique. Aujourd’hui, dans le monde arabe, un certain passif historique mis sur l’Homme Noir, explique une certaine répugnance à l’endroit du peuple black. Ce dernier même islamisé, se doit d’accepter d’être assimilé à l’ARABITÉ  par l’histoire de l’esclavage transsaharien d’un côté et par forcing politique et idéologique de l’autre. 

Quelques faits saillants de notre époque, tirés d’une simple et modeste observation personnelle de la RÉALITÉ :


1
– En Mauritanie, une minorité arabo-berbère détient tous les leviers sensibles du POUVOIR ( Économique, Militaire, Politique, Médiatique et Judiciaire). La frange Haratine (acculturée beidane) considérée comme anciennement esclave pour l’écrasante majorité, subit l’ordre tribal et culturel issu de l’impérialisme esclavagiste de la minorité arabo-berbère. Les Haratines Noirs de peau représentent la communauté la plus nombreuse du pays, et sont considérés comme des arabes selon le régime assimilationniste très POLITIQUE mais socialement TROMPEUR en vigueur dans plusieurs pays arabes. Dans ce pays qui accueille le sommet de la Ligue arabe ces jours ci, une forte minorité des Noirs mauritaniens hors haratines, très diverse culturellement (peulhs, Soninkés et Wolofs) et ayant l’islam comme religion, subit un écrasement idéologique et politique au nom du panarabisme structuré et érigé en NORME ÉTATIQUE. L’exemple parlant selon divers témoignages très sérieux, est cet effacement pur et simple de toute autre expression culturelle que celle arabo-berbère se voulant plus arabe que l’Arabe de l’Arabie , dans le village culturel installé au sein du stade olympique de Nouakchott. On rappelle une fois encore l’enrôlement biométrique aux visées suspectes des populations mauritaniennes . Les populations noires sont victimes d’une multitude de tracasseries administratives qui menacent à terme leurs droits légitimes de citoyens à part entière. Sur le volet de l’anti-esclavagisme en Mauritanie,  rien d’étonnant si les leaders abolitionnistes n’ont pas d’écho auprès des pays majoritairement arabes, car un Noir anti-esclavagiste engagé dans une société arabe est une ANOMALIE CERTAINE . Imaginons une télévision algérienne ou tunisienne faire un reportage de terrain sur l’esclavage et ses diverses manifestations en Mauritanie auprès des mouvements abolitionnistes. Du rêve pour l’instant. 

2
– Lors d’un prêche hebdomadaire d’un vendredi  (Khutba), un imam sincère et véridique d’origine tunisienne, indexait les comportements racistes anti-noirs au sein des sociétés majoritairement arabes. Dans cette mosquée en région parisienne, ce jour, l’imam révélait l’existence d’une communauté noire en Arabie Saoudite sans état civil officiel.

Dans ce même royaume saoudien, l’un des petits fils du patriarche Abdelaziz Ibn Saud, le prince Bandar ben Sultan ben abdelaziz al saoud serait traité illégitime à la succession au trône saoudien un jour. Le motif évoqué de cette mise à l’écart selon une source d’un article du journal Jeune Afrique, est que sa mère était une concubine à la PEAU NOIRE ( http://www.jeuneafrique.com/140549/politique/arabie-saoudite-bandar-ibn-sultan-prince-des-espions/). 

Pourtant, le prince Bandar connu pour être un diplomate chevronné qui occupait la stratégique représentation diplomatique saoudienne aux États-Unis pendant les événements du 11 Septembre 2001, était un élément clé dans l’appareil étatique du royaume pétrolier pendant plusieurs années. Il y’a  quelques mois, le cas de la pilote Noire saoudienne Nawal-Hawsawi, exposait le racisme ordinaire visant l’Homme Noir dans les sociétés majoritairement arabes. 

3
– Ceux de nos nôtres qui ont eu à séjourner pour des motifs économiques ou universitaires dans certains pays arabes, rapportent le mépris incessant de certains autochtones à l’endroit du kahlouch (énième sobriquet du Noir). Par exemple, en Libye du défunt Kaddafi, le faux converti africaniste trompeur, certains mauritaniens noirs pouvaient avoir un semblant traitement de faveur grâce à leurs passeports mauritaniens. Et les ressortissants subsahariens issus des pays non arabes subissaient des traitements dégradants de la part d’une population pas trop avenante au Noir. Sans oublier, les sévices subis par certaines travailleuses domestiques noires dans certains pays majoritairement arabes, dont nous avons des échos médiatiques régulièrement. 

4
– À l’exception du Soudan d’Omar El-bechir, composé d’une grande majorité des Noirs arabisés qui sont maîtres de leur pays, plusieurs pays dits arabes disposent d’une forte minorité des Noirs plus ou moins assimilés et contenus dans le moule arabesque. Ces populations noires ont peu ou pas du tout une expression politique et économique conséquente pour peser  dans les affaires publiques de leurs états. Les “vrais arabes” qui détiennent les  pouvoirs dans ces pays, les considèrent comme des arabes dans la rhétorique politicienne et culturelle, mais en vrai ils restent ces déracinés historiques de l’ordre esclavagiste d’antan dont le prolongement généalogique s’accroche à tort à une tribu arabe esclavagiste.  

5
– En résumé, la conscience collective du monde arabe assimile le Noir à l’esclave d’hier et le symbole du dominé à dominer et à assimiler par tous les procédés possibles aujourd’hui. 

K.S

25-07-2016 00:00 – Lettre ouverte aux dirigeants des pays arabes


IRA-Mauritanie – La semaine prochaine, notre pays, pour la première fois de son histoire, sera l’hôte du sommet de la Ligue arabe. De nombreux dirigeants arabes y sont attendus. A cette occasion, nous, au sein de l’Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA), souhaitons la bienvenue à nos hôtes arabes et leur souhaitons un très bon séjour et un sommet réussi dans leur second pays, la Mauritanie.

Nous voudrions aussi, à cette occasion, attirer l’attention de nos illustres hôtes sur ce que vit notre peuple en termes d’injustice et de marginalisation sur des critères raciaux et de clan particulièrement caractérisés.

En Mauritanie, notre cher pays, se pratique encore l’esclavage sous ses formes les plus archaïques et les plus traditionnelles. Pire, l’esclavage s’y pratique au nom de notre sainte religion, au mépris manifeste du caractère foncièrement égalitaire et libératoire que revêt l’Islam.

Au moment où la plupart des pays arabes ont aboli avec courage et volontarisme cette tare qu’est l’esclavage, les autorités mauritaniennes continuent à le couver et à le perpétuer par une politique de déni systématique et de fuite en avant en maintenant dans la misère et la marginalisation la communauté musulmane des Hratine aux origines négro-africaines et à la culture arabe.

En Mauritanie, l’esclavage a été criminalisé, pour la première fois, en 2007 par une loi que notre parlement avait votée à une très large majorité. Mais cette loi est restée lettre morte. Le déni de l’existence de l’esclavage, pratiqué par le gouvernement, donne aux fonctionnaires chargés d’appliquer la loi (juges, administrateurs, officiers de police judiciaire, juge d’instruction…) un parfait alibi pour classer sans suite les dossiers de cas d’esclavage que notre organisation (IRA) et SOS-esclaves déposent devant la justice.

Au lieu d’appliquer la loi criminalisant l’esclavage en inquiétant les criminels qui la bafouent, ce sont, bien souvent, les défenseurs des droits de l’homme qui sont jetés en prison sans autre forme de procès.

Nous venons de sortir des prisons mauritaniennes il y a moins de deux mois après y avoir séjourné presque deux années sans raison avouable autres que notre appel à l’application de la loi criminalisant l’esclavage et les pratiques esclavagistes. Aujourd’hui, alors que vous vous apprêtez à vous réunir à Nouakchott, 13 membres de notre organisation croupissent en prison pour des raisons fallacieuses et complètement infondées.

A cette occasion et en conformité avec la volonté qui est la nôtre d’œuvrer dans le sens de l’apaisement et la réconciliation, nous tenons à attirer l’attention de nos frères et hôtes arabes sur la nécessité de demander des comptes à l’Etat mauritanien et de le sommer à renoncer à faire perdurer des pratiques honteuses qui défigure notre sainte religion et se heurte aux traités et conventions que notre pays a souverainement ratifiés.

Nous sommes persuadés que de grands pays arabes jouissant d’une notoriété internationale reconnue ne pourraient passer sous silence cette injustice caractérisée que pratique l’Etat mauritanien. Cette question de l’esclavage est une bombe à retardement dont l’explosion est programmée pour souffler les fondements de la Mauritanie mais elle constitue aussi une tache indélébile qui éclabousse et défigure notre religion à tous.

Nous exhortons les dirigeants arabes réunis en sommet à Nouakchott d’exercer toutes les pressions utiles sur le gouvernement mauritanien pour l’amener à libérer les prisonniers d’opinion membres d’IRA et d’autres organisations de défense des droits humains.

Pour qu’ils amènent l’Etat mauritanien à permettre aux organisations de défense des droits de l’homme et des partis politiques, d’exercer leurs activités dans un cadre légal en conformité avec les exigences de la modernité. La persistance de l’esclavage en Mauritanie est une ignominie qui poursuivra, s’ils ne cherchent pas à la contrer, tout Etat ou gouvernement, arabe ou musulmans, qui ne cherchera pas à la combattre.

Nous avons exprimé ces doléances à son excellence Salah Ahmed Sarhan, ambassadeur et président de la mission de la Ligue des pays arabes, à Washington. Qu’il soit chaleureusement remercié pour l’accueil et la qualité de l’écoute qu’il nous a réservés lors de notre dernière rencontre et ce malgré ces très nombreuses occupations.

New York le 24 Juillet 2016

1 – Le president :

Biram Dah Abeid / candidat aux elections presidentielles 2014 / prix des Nations unis pour les droits de l’homme 2013 / prix TIP Heros du département d’Etat Americain 2016 ….

2- Le vice president :

Brahim Bilal Ramdhane / prix TIP Heros du departement d’Etat Americain 2016
Source crédit : http://www.cridem.org