#MaliSansEsclaves – Kayes : À Lany Tounka, « ceux qui sont persécutés décidés à aller jusqu’au bout… »

L’esclavage par ascendance, aboli en 1905 au Mali, est une pratique de plus en plus décriée dans la région de Kayes. Les cercles les plus touchés par le phénomène sont ceux de Yélimané, de Kayes, de Kita, de Nioro et celui de Diéma. A Lany Tounka, certains descendants d’esclave persécutés disent vouloir mener la lutte jusqu’au bout pour s’affranchir.

Le 5 avril 2020, dans le village de Lany Tounka (Kayes), plusieurs personnes s’opposant à l’esclavage par ascendance ont été agressées. Ces incidents ont occasionné un mort ainsi que plusieurs blessés dont des personnes du troisième âge, des enfants et des femmes. Des maisons appartenant à ceux qui sont considérés comme des descendants d’esclave ont été brûlées. « La tournure que prend cette affaire est très inquiétante », a fait remarquer à Benbere le président du Rassemblement malien pour la fraternité et le progrès (RMFP) de Kayes, Djaguili Maro Kanouté. Créée en 2017, cette association lutte contre la pratique de l’esclavage par ascendance.

Dans un communiqué daté du 9 avril 2020, la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) a condamné ces actes et s’est dit préoccupée par la recrudescence de la violence liée à la pratique de l’esclavage par ascendance dans la région de Kayes. Elle a recommandé aux autorités « de poursuivre et traduire en justice les auteurs, co-auteurs et complices de ces abus des droits de l’homme ». Aussi, la Commission a-t-elle tenu à rappeler les dispositions de l’article 2 de la Constitution du Mali : « Tous les Maliens naissent et demeurent libres et égaux en droits et en devoirs. Toute discrimination fondée sur l’origine sociale, la couleur, la langue, la race, la religion et l’opinion politique est prohibée ».

La brigade territoriale de la gendarmerie de Kayes, en charge de ce dossier, continue toujours ses investigations. Déjà, une trentaine de personnes, soupçonnées d’être impliquées dans ces agressions, ont été interpellées et mises à la disposition de la justice. Le maire de la commune de Sony, M. Gaye N’Diaye, qui avait accepté dans un premier temps de nous parler, a refusé au dernier moment. Il en est de même pour le Sous-préfet de l’arrondissement d’Ambidedi, que nous avons tenté de joindre sans succès. Il n’a pas daigné réagir à nos sollicitations.

« C’EST NOTRE COUTUME À NOUS »

Dans cette montée des tensions entre ceux qui se considèrent comme maîtres et les descendants d’esclave, depuis 2018, les deux camps s’accusent et se rejettent la responsabilité. « Pour ne pas éveiller les soupçons et justifier leurs actes, les pro-esclavagistes ont toujours tenu une position jusque-là ambigüe », explique Mamadou Kanouté, l’un des blessés de cet incident de Lany Tounka, en soins à Kayes. Selon lui, si les autorités ne s’investissent pas dans la résolution de cette question, le pire est à craindre, car « ceux qui sont persécutés sont décidés à aller jusqu’au bout », prévient-il.

Sékou Traoré, qui vit en France et avec qui nous avons échangé sur le sujet via WhatsApp, accuse quant à lui : « Je détiens des preuves que 38 000 euros ont été mobilisés depuis la France par les pro-esclavagistes pour ‘’terroriser’’ toutes les personnes qui s’opposent à cette pratique dans le Gadiaga.» Nous précisions que nous avons pu vérifier ces preuves qu’il affirme détenir. Il est lui aussi considéré comme descendant d’esclave. Un habitant du village de Fégui, favorable à la pratique de l’esclavage par ascendance, que nous avons contacté par téléphone, explique que « le fond du problème ne date pas d’aujourd’hui ». Il ajoute : « Ce sont eux-mêmes (descendants d’esclave) par leurs grands-parents qui ont signé des pactes de soumission. C’est dans ce pacte que nous leur avons attribué des espaces cultivables et d’autres biens. Maintenant qu’ils ne veulent plus se soumettre, qu’ils rendent simplement nos terres et quittent le village. Ce n’est pas de l’esclavage, mais c’est notre coutume à nous. »

L’ETAT DOIT S’ASSUMER

La pratique de l’esclavage par ascendance dans la région de Kayes est connue de tous. Depuis 2018, les tensions liées à cette pratique ont occasionné le déplacement de plus de 1000 personnes officiellement. Plusieurs d’entre elles voulant s’affranchir de l’esclavage dans les cercles de Kita et de Diéma ont été contraintes de fuir la persécution de leurs anciens maîtres. En 2018, alors gouverneur de la région de Kayes, M. Baye Konaté avait effectué une visite à Kita pour préparer le retour de certains de ces déplacés.

En somme, la solution ne peut venir des protagonistes que si les autorités parvenaient à les mettre autour d’une même table pour dialoguer à travers un forum régional sur la question de l’esclavage par ascendance. La diaspora « kayesienne » peut peser de tout son poids dans la balance en sensibilisant les familles qui s’affrontent.

« Tant que les autorités maliennes resteront dans le déni et refuseront de reconnaître ces atteintes aux droits humains pour ce qu’elles sont, en criminalisant l’esclavage par ascendance, les défenseurs de ce système féodal continueront à prétendre qu’il ne s’agit ici que de coutumes et non d’esclavage, et des personnes continueront à se faire discriminer et marginaliser socialement et économiquement au Mali sans que la loi ne puisse réellement les protéger. », écrivait il y a quelques mois Marie Rodet, historienne et maîtresse de conférence à la School of Oriental and African Studies (SOAS, Londres) dans une tribune sur Benbere.

Source : Benbere

©️ Crédit source: http://bamada.net/malisansesclaves-kayes-a-lany-tounka-ceux-qui-sont-persecutes-decides-a-aller-jusquau-bout

Droit de réponse : A PROPOS DE LA DEFINITION DU « LAADA RENMAAXU » par Docteur Yaya SY

A PROPOS DE LA DEFINITION DU « LAADA RENMAAXU »

(Par Docteur Yaya SY Anthropologue et Professeur d’histoire. 25-04-2020)

Pour commencer, en ce début de ramadan prions pour tous ceux qui ont perdu la vie dans le Soninkara, pour ceux qui ont été blessés dans leurs corps et dans
leur dignité.
Prions pour la paix et la réconciliation mais sur la base de la recherche du respect réciproque, de la justice et de la vérité dans tous les pays soninkés.
Je constate avec regret que beaucoup parmi ceux qui ont écouté mon audio du
9 janvier 2020, nombre d’entre eux ne l’ont même pas entendu… Sinon, ceux qui ont adressé cette tribune un peu tardive à Kassataya ne l’auraient peut-être même pas fait… Ils m’ont cité en se référant à un texte de 2012 qu’ils ont attribué à tort à Ba Maadi Kaama Sumiina Kanouté qui n’en est pas l’auteur.
Ce texte est tiré du concours de la sixième édition, organisée par l’Association « Madi-Kaama Musunde » en 2001 sur les thèmes : Danbe ? laadanlenmaaxu ?
jowwundanlenmaaaxu ? kallengooraaxu ?
L’extrait en question se trouve dans mon ouvrage « Mémoire d’Ancêtres » 2012 chez l’Harmattan, Page 258. Il n’a même pas été traduit du soninké en français…
Je publie la définition intégrale de « Laadalenmaaxu » en soninké pour que tout un chacun la lise attentivement et se fasse sa propre opinion (merci ). Le
texte sur le laadalenmaaxu s’étale sur cinq pages (258-262).
La phrase qui termine la définition par les « laada siru » dit ceci :
« Naa gambaanaaxu ro o do me naxa ; no’o diinan (silaamaaxu) sabati moxo
sire »
Le bon laada « instaure l’égalité entre nous et renforce notre religion
(l’islam) ».
CETTE PHRASE ANNONCAIT LA NAISSANCE DE GAMBAANAXU… par
prémonition car actuellement il n’y a pas d’égalité de statut social dans les pays
soninkés, nous avons continué à humilier et à piétiner la moitié de la noix de colas du Soninkara en la traitant du sobriquet insultant et méprisant de
« kome ».
Le laada n’a jamais dit qu’il faut éjecter du village celui qui n’y adhère pas, ou
de lui arracher la terre de ses aïeuls, etc. Actuellement le laada est transfiguré
et sournoisement détourné à l’avantage des dominants.
Je répète : soyons unis ON NA NIA BAANE BAWO O SUN BAANA.
Le combat pour l’égalité, la fraternité et la dignité dans la paix et la sérénité
de Gambaanaxu continue et finira par gagner tout homme épris de justice,
d’égalité et de dignité..
Alors halte aux fossoyeurs de la vérité ! Vive l’égalité, la fraternité, la paix et le
dialogue.

Docteur Yaya SY

Mauritanie – Droits Humains : Lettre ouverte à Monsieur le Premier Ministre (IRA-France)

IRA-France – Monsieur le Premier Ministre, c’est avec un très grand plaisir que nous saluons aujourd’hui la libération de Mariam Mint Cheikh par le Tribunal de Nouakchott mardi 21 avril. Il est vrai que l’on ne voit pas très bien comment la justice mauritanienne et un gouvernement qui se fait fort d’améliorer la situation des droits humains pouvaient laisser perdurer un tel déni de droit. Et ils ont été nombreux ceux qui l’ont fait savoir ! L’arrestation de Mariam Mint Cheikh à son domicile par des agents de la Direction Générale de la Sûreté Nationale lundi 13 la séparant du bébé qu’elle allaitait pour la conduire dans un lieu secret relève de l’illégalité la plus flagrante. Il en est de même pour l’interdiction qui lui a été faite de rencontrer immédiatement un avocat et pour la non communication du motif de ce kidnapping. La forte désapprobation suscitée par cette situation a conduit des militants des droits humains à manifester lundi 20 avril autour du Ministère de la Justice. Le déchaînement de violence sur des manifestants pacifiques par des forces de l’ordre suréquipées a été documenté par des vidéos et des certificats d’hospitalisation : c’est une nouvelle entorse grave à l’État de droit auquel aspire légitimement la population. Mariam Mint Cheikh a souvent des propos durs contre le pouvoir et de façon plus générale contre l’organisation de la société profondément inégalitaire structurée par l’appartenance communautaire que votre gouvernement semble vouloir maintenir tout en cherchant à la rendre plus présentable. Elle utilise la liberté d’expression garantie par les conventions internationales qui engagent son pays. Comme elle, d’autres opposants, mais aussi des militants des droits humains tels que nous, suivent attentivement l’action de votre gouvernement en faveur des droits humains et d’une plus grande justice sociale. En effet, le programme électoral du Président Ghazouani évoquait « un élan sincère de concorde, de fraternité et d’acceptation de l’autre nécessaire pour assurer une cohésion nationale où l’apport de chacun sera un enrichissement collectif. » Vous-même, Monsieur le Premier Ministre, dans votre Discours de politique générale du gouvernement en septembre 2019, avez dit : «Pour renforcer la cohésion nationale, promouvoir le respect et la défense des droits de l’homme, et pour éradiquer les inégalités liées à la discrimination sociale, notre Gouvernement accordera une importance extrême à la lutte contre les séquelles de l’esclavage et travaillera pour le changement des mentalités qui handicapent l’émancipation des différentes catégories de notre société. » L’envie est grande de vous suivre dans cette direction tant le retard pris est important et les besoins sont grands. Vous pouvez porter au crédit de l’opposition, de la société civile mauritanienne, des différentes associations de défense des droits humains et de la communauté internationale dans son ensemble le regard bienveillant qu’elles ont porté sur les premiers mois de l’action de votre gouvernement. Pourtant, ils étaient nombreux avec nous à penser déjà que certaines erreurs de diagnostic hypothéquaient lourdement les chances de réussite. Ne parler que de « discrimination sociale » dans un pays où la discrimination raciale est si présente. Ne concéder que la présence de « séquelles de l’esclavage » alors que l’esclavage par ascendance structure encore une partie des relations sociales et que se développent de nouvelles formes d’esclavage. Voilà des désaccords importants. Des signes forts envoyés par votre gouvernement manquent toujours en vue d’une participation de toutes les communautés nationales à la hauteur de leurs compétences et de leurs aspirations. Des signes inverses ont même été envoyés lors de trop nombreuses nominations privilégiant une seule communauté. L’absence d’autorisation pour le moment de l’association IRA et du parti RAG, le ton menaçant du Ministre de l’Intérieur en désaccord avec des analyses du député Biram Dah Abeid, les conditions de l’arrestation de Mariam Mint Cheikh et la répression de la manifestation pacifique de lundi dernier semblent témoigner d’une volonté d’une partie des membres de votre gouvernement de faire taire certaines formes d’opposition plutôt que d’engager avec elles un discours constructif. Monsieur le Premier Ministre, nous pensons qu’il est encore temps de profiter de la diversité et de la richesse de la société mauritanienne pour « construire un Etat fort et moderne, où tous les citoyens jouissent de l’équité et de la justice, dans la paix et la stabilité ». Ce sont vos paroles : les Mauritaniens vous le demandent aujourd’hui avec insistance, toutes les associations de défense des droits humains, soutenues par la communauté internationale, les accompagneront avec détermination. Engageons-nous tous ensemble dans cette direction !

Soyez assuré, Monsieur le Premier Ministre, de notre respectueuse considération

Le Bureau d’IRA-France-Mauritanie, le 23/04/2020

©️ Crédit source: http://www.cridem.org

Tribune : « un gant de velours serait plus approprié » Par l’honorable député Ogo Coulibaly

Ogo Bakari Coulibaly – Il est toujours périlleux d’aborder des sujets qui fâchent, mais il serait beaucoup plus désastreux d’adopter la posture du mutisme, à mon sens irresponsable quand il s’agit des sujets qui ont trait à la paix sociale. Je n’irai pas avec le dos de la cuillère pour condamner, repousser sans aucune réserve le discours de la haine, du séparatisme, ou qui vise une conposante de notre nation, qu’il y ait loi ou pas. Je reste persuadé que l’ordre et l’unité peuvent s’acquérir hors du cycle de la violence. Le besoin de justice dans toute ses formes reste l’un des défis majeurs, et l’équation non résolus par les gouvernants. La justice est une obligation sans équivoque et une voie à suivre. Nous devrons être perspicaces lorsqu’une affaire nous est soumise, car il ne sert à rien de dire la vérité, sans la mettre en application. Soyons impartiaux vis-à-vis des gens. Dans nos assises et notre regard, afin que le fort n’espère pas de nous une conduite injuste et que le faible ne désespère pas dans notre équité. Évitons le malaise, l’angoisse, et le préjudice que nous pouvons causer au peuple dans les moments de vérité. Pour dissiper tout malentendu : Le président de la République, son Excellence Mohamed Ould Cheikh Ghazwani lui-même a proclamé haut et fort que son programme s’articule autour de la modération et du rejet de toute forme d’excès et de discrimination. Il vise l’instauration d’une justice sociale pour un mieux-être des citoyens.

Ceci dit, Pour résoudre les conflits sociaux, il faut impérativement éradiquer toute forme d’injustice; et cela passe nécessairement par la mise en place d’un climat politique apaisé. Notre pays a besoin de toute ses forces vives, et chacun peut et doit apporter sa contribution à l’œuvre de construction nationale. Alors, le caractère pressant et intangible de la reconnaissance de l’ONG IRA, du parti RAG, et du FPC, sera perçu comme un signal fort d’inclusion, et une volonté immuable de rupture avec la gestion unilatérale, qui nous a fait tant défaut.

Cependant, Une fois ce préalable acquis, quelques barrières se trouvant au sein de notre arsenal juridique doivent être revues. La loi 2018-23 du 18 juin 2018, qui punit les délits liés aux discours raciaux et haineux. À l’instar de la loi criminalisant le chèque sans provision, dont le ministère de la justice a présenté une communication relative à sa dépénalisation, et à la suppression de la contrainte par corps en matière civile et commerciale, qui a eu un écho favorable auprès de l’opinion publique. Par contre, la loi d’amnestie de 1993 doit être abrogée, car sa simple existence est un affront aux préjudices subis par les victimes dans leur profonde et intime douleur, leur dignité, et un frein au règlement du passif humanitaire, dans la mesure où le préalable à toute paix sociale demeurera toujours la justice. Un dépassement de cette « justice de transition » est plus que nécessaire pour que la réconciliation fondée sur le consensus soit faite. Cela est possible, si les volontés politiques se concertent pour ériger, à l’instar de la commission d’enquête parlementaire sur la décade de gabegie du régime passé, une commission de vérité et réconciliation sur la période du passif humanitaire, afin que les coeurs de cette nation puissent enfin faire le deuil de ces événements, et se retrouver avec eux-mêmes.

● Par Ogo Coulibaly

©️ Crédit source: http://www.cridem.org

Mauritanie – les terribles non- dits autour de viols : « Quand l’horreur se banalise c’est que l’humain se meurt. » Par Bocar Oumar Ba

Une petite fille de 5 ans violée à Nouakchott. Encore une. La mienne, la vôtre, celle du voisin. Je me souviens de l’année 1997 où ma vie de journaliste fût happée des semaines durant par une série de viols, quelques fois suivis de meurtres de petites filles de 2 à 8 ans, par celui que j’avais décidé d’appeler « le monstre de Nouakchott ». A chaque fois qu’il avait fait son forfait, il déposait les pauvres petits corps toujours au même endroit: aux alentours de la Foire. Le crime, tant par son ampleur que par son caractère innommable, était inédit dans notre capitale et bouleversait la vie des nouakchottois. La presse avait délaissé sa passion pour l’actualité politique pour ne titrer que sur le monstre. C’est dire combien l’opinion était scandalisée par cette série de crimes.
Dès les premières découvertes de corps de petites filles, j’avais pu écrire dans un article que je trouvais troublant qu’alors que les alentours de la foire étaient surveillés par les forces de l’ordre, le monstre puisse quand même y déposer des corps sans être appréhendé. J’avais émis l’hypothèse (qui a beaucoup déplu d’ailleurs) que le monstre fût peut-être un homme de loi, pour pouvoir ainsi se rendre « invisible » dans un endroit en principe truffé de policiers. Le scandale du coup n’était presque plus la série de crimes, mais mes « sordides accusations contre les forces de l’ordre ». Quand au bout de deux mois le monstre fut arrêté, on découvrit que c’est un ancien homme de loi qui se promenait en tenue pour faire sa sale besogne…
J’avais été particulièrement bouleversé par la rencontre d’avec l’une de ses toutes dernières victimes. Elle avait 3 ans. Je m’étais rendu à l’hôpital national pour interviewer sa mère, et dans la discussion que nous avions, je réalisai que la victime est en fait la fille d’un de mes voisins à Kaëdi. Il n’y a guère qu’une maison entre nos deux concessions familiales. Autant dire un frère.
J’ai quitté mon pays un an plus tard étant loin d’imaginer que ce que je croyais n’être qu’un horrible cas isolé, révèle en fait une terrible tare de notre société si encline à se parer de vertus quand elle se raconte. C’est l’hypocrisie et la mesquine pudibonderie dans une société où la sexualité la plus ordinaire ne se parle pas, qui nous empêchent de dénoncer les milliers de viols de case et de tente que nous taisons par lâcheté. Combien de filles sont violées au quotidien dans nos villes, dans nos villages, dans nos maisons?
Combien de jeunes filles et de jeunes femmes sont victimes chez nous de ce viol encouragé que nous préférons appeler par euphémisme « mariage forcé » pour les plus courageux d’entre nous, et « arrangé » pour les autres? Combien de filles et de femmes « esclaves » sont chez nous violées par « droit de cuissage »? Rien que l’expression suffit à sa bâtardise!

Nous préférons dénoncer par épisodes de crimes odieux, parce que nous sommes d’éternels intermittents de l’indignation. Nous avons du mal, moi le premier, à entendre le cri quotidien de toutes ses courageuses femmes qui nous disent que notre société est en dérive. Quand elles évoquent leur envie de liberté dans notre société ostracisée, au mieux les plus intelligents parmi nous gèrent leur gène par l’esprit de dérision.
Bientôt, le ramadan aidant, nos doctes se draperont de leurs grands boubous blancs pour nous apporter la bonne parole. A chaque fois qu’ils parleront des femmes, ce sera pour leur rappeler leurs devoirs vis à vis des hommes. J’ai coutume de dire que l’islam chez nous, en tous cas celui qui se raconte au quotidien par nos doctes, c’est l’islam des hommes, qui parlent uniquement aux hommes obsessionnellement des femmes!
C’est peut-être déjà là où le bât blesse…

©️ Crédit source: post FB de l’auteur du 21/04/2020

Mauritanie : répression d’une manifestation anti-raciste (IRA-MAURITANIE)

🔹️Note d’alerte

Les militants de l’Initiative de résurgence abolitionniste en Mauritanie (Ira-M) – Mauritanie sortaient, le matin du 20 avril 2020, sur l’avenue principale de la capitale Nouakchott, pour réclamer, pacifiquement, la libération de Mariem Cheikh injustement incarcérée 8 jours plus tôt. Mariem Cheikh est une blogueuse qui dénonce les dérives du système de domination ethno-tribal, sa prédation et son recours récurrent à la violence, comme unique mode de régulation des contradictions dans la société.

La police, intervenue en surnombre, s’est violemment attaquée aux militantes et militants, les a lourdement chargés, battus, par de coups de matraques, de gourdins et de bottes. Les forces de l’ordre, en nombre, intervenaient à bord de plus d’une dizaine de pik-up, en tenue anti-émeute. Selon un premier décompte, l’on déplore 5 blessés hospitalisés et une arrestation.

Certains blessés souffrent de contusions au thorax, à l’abdomen, aux jambes et mains oû ont subis des coups à la téte et affichent des hématomes :

  • Cheikh Vall
  • Abdallahi Homody
  • Sidi Nagi
  • Beddine Mechinou
  • Mohamed Sghair.

Fut également interpellée, en état de déstresse physique :

  • Mama Moussa

Les images, jointes, témoignent de la grande brutalité de la police politique.

Ira-M réitère son engagement non-violent, visant à faire éclore une société égalitaire, un Etat de droit où cesseraient de prévaloir les interdictions de partis et mouvements dédiés à la défense de la dignité de l’Homme noir. Le maintien de telles exclusions, grâce à la connivence du groupe mono-ethnique et mono-colore des généraux avec les milieux et l’élite suprématiste arabo-berbére, expose le pays à l’effritement, de l’intérieur, dont résulte un surcroît de fragilité face au péril mondial du terrorisme. La Mauritanie, prise en tenaille, entre la pandémie du Covid-19 et la désagrégation de la citoyenneté, n’a plus les moyens de l’autoritarisme ni le souffle de la résilience sur une simultanéité de fronts. Ses partenaires – régionaux et au-delà – se doivent d’observer la plus grande vigilance, à l’endroit d’une gouvernance qui menace la stabilité et la paix.


Ira-M


Nouakchott, 20/avril/2020

Flash info : un sit-in d’IRA-Mauritanie réprimé à Nouakchott

▪︎ Crédit photos : blogueur SD militant abolitionniste

Ce lundi 20 avril 2020 , les militants du mouvement abolitionniste et anti-esclavagiste mauritanien IRA Mauritanie, sont sortis pour dénoncer la détention de la militante Mariem Mint cheikh. Cette dernière avait été arrêtée le 13 avril dernier par les autorités mauritaniennes. Plusieurs organismes de la mouvance droit-de-l’hommiste du pays ont dénoncé son arrestation et les conditions de sa mise en détention.

C’est cet élan contestataire que ses camarades de la célèbre organisation abolitionniste IRA-MAURITANIE, tenaient à organiser un sit-in devant le ministère de la Justice à Nouakchott ce jour. D’après les infos remontées par les milieux militants via différentes plateformes ReSo , les forces de l’ordre sont intervenues pour disperser. Plusieurs blessés sont à signaler et certains manifestants auraient été appréhendés selon certaines sources. Comme laisse comprendre un post Facebook d’un militant IRAOUI, Mr Abdou Babou. Cet événement peut être considéré comme un nouveau palier d’une atmosphère de tensions et de frictions entre le nouveau pouvoir mauritanien (président Ghazouani investi en août 2019) et un certain militantisme déterminé incarné par le mouvement du député et ex candidat à la présidence Mr Biram Dah Abeid. Aujourd’hui on croirait vivre les images habituelles de la décennie 2008 – 2019, du tout répressif du pouvoir contre l’engagement IROUI pacifique mais ferme articulé sur le Droit et les libertés collectives et individuelles. À se demander si le président Ghazouani qui avait amorcé une certaine dynamique d’apaisement il y a quelques mois, ne serait pas débordé par certains cercles tapis dans l’ombre sécuritaire qui profitent d’une mise en scène belliciste et tendue.

Affaire à suivre…!

🔹️Notre Appel : Liberté pour Meriam cheikh !

©️ Par KS pour le BLOG

Mauritanie/Économie : La dette souveraine Mauritanienne impactée par la gestion de la crise du Covid-19 ?, Par Pr Ibrahima Dioum

A la suite de la récession engendrée par la gestion de la pandémie du Covid-19, les représentants du groupe G20, en réunion par visioconférence ce mercredi, ont accordé aux pays pauvres un moratoire sur leur dette pendant les 12 mois à venir. Cela devrait les aider à faire face au repli l’activité économique en cours et à la crise économique mondiale qui se profile à l’horizon. En effet, le remboursement de la dette publique affecte considérablement la richesse créée par les économies concernées.

L’économie mauritanienne n’est pas en reste. La dette du pays représentait 76,9% de son PIB en 2017. Elle avait atteint vertigineusement 83,9% du PIB en 2018 avant d’être réduite à 80,6% en 2019. Ces ratios sont au dessus de la moyenne du niveau d’endettement de l’Afrique Subsaharienne 50,2% en 2019. Alors cette dette inquiète bien qu’elle soit en recul de 3 points sur les deux dernières années. Le contexte économique actuel pousse ainsi à se questionner sur l’évolution future de la dette de La Mauritanie. L’analyse de différents secteurs économiques économique du pays donnerait une première réponse.

Depuis la privatisation à outrance dictée par les politiques d’ajustement structurelles des années 90, la Mauritanie finance son budget par des dettes, des recettes non fiscales mais en grande partie par des recettes fiscales 67% du budget 2019. Cependant, l’économie du pays basée essentiellement sur les ressources naturelles, est plus tournée vers l’exportation (la Mauritanie n’étant pas industrialisée). Les exportations du pays ont atteint 1400,7 millions USD en 2016, 1766,8 millions USD en 2017 et 1895 millions USD en 2018. Cette manne financière venant de la pèche, du pétrole et de l’exploitation du minerai de fer, de l’or et du cuivre est fortement dépendante du cours des matières premières et de la demande internationale.
Dans une période de contraction de la production des pays industrialisés, elle risque de connaitre une baisse drastique.

Un autre secteur important de l’économie mauritanienne est celui du tertiaire : 36,5% du PIB en 2017 et 1 point de plus en 2018. En effet, ces dernières années, les services des banques et des assurances est en plein expansion dans le pays. En outre, les activités liées aux transports et aux télécommunications connaissent une certaine dynamique ces dernières années. Selon la BCM, le PIB de ce sous secteur a connu une hausse de 19,1% entre 2017 et 2018 portant ainsi le poids de la branche à 6,2% du PIB nominal global en 2018 contre 5,6% enregistré sur les deux années précédentes.
Le poids du commerce quant à lui, bien qu’important reste difficile à évaluer puisqu’il se trouve en partie dans l’informel.
Malgré son élan, le secteur tertiaire est lui aussi fragilisé par les mesures prises par le gouvernement mauritanien dans sa lutte contre le Covid-19. La fermeture des frontières du pays et des activités non essentiels sont un véritable coup de frein à l’économe du pays.

L’élevage et l’agriculture sont également importants dans l’économie mauritanienne mais ce secteur étant peu modernisé, sa production est tributaire aux aléas du climat. Cette configuration rend le pays dépendant de l’extérieur. Les importations mauritaniennes en produits alimentaires n’ont cessé d’augmenter ces dernières années (334, 4 millions USD en 2016, 391,5 millions USD en 2017). En 2018, elles ont atteint 494,7 millions USD soit 19% des produits importés.
Et pourtant l’activité productive fait partie de la solution car contrairement à la crise financière de l’année 2008, cette fois-ci c’est le secteur réel qui est touché. Tous les consommateurs du monde ont peur de manquer des biens de première nécessité demain car la chaine de valeur des entreprises subit à l’heure actuelle une grande désorganisation par défaut de main-d’œuvre ou de transports. Cette situation peut si elle n’est pas contrôlée à temps entraîner une inflation considérable.

Le tissu économique mauritanien est soumis à rude épreuve avec la gestion de la crise du Covid-19. L’économie du pays, du fait de son intégration et de sa structure, n’échappe pas à la recession en cours ; une recession qui risque d’être profonde et durable. Des mesures s’imposent alors pour limiter la crise économique et ses effets sociaux dans le pays. Parmi les différentes options envisageables, un endettement au niveau intérieur et extérieur reste possible pour sauvegarder et plus tard relancer l’économie de la nation.

Par Professeur Ibrahima Dioum, Enseignant d’ Économie – Gestion (Académie de Paris)

Guidimakha : Appel au désenclavement

L’Authentique – Plus que tout autre région de la Mauritanie, le Guidimakha se trouve être le plus exposé à la pandémie du COVID-19, en raison de sa position transfrontalière et de sa vocation migratoire, principalement orientée en Europe, épicentre de la pandémie. Les OSC du Guidimakha souscrivent entièrement au plan de préparation et de riposte en cas d’épidémie du nouveau coronavirus publié le 20 février 2020 par les pouvoirs publics, et selon lequel « Les relais communautaires (santé animale et humaine) et des associations à base communautaire participent à la surveillance, à la prévention, la sensibilisation et à la prise en charge des cas qui relèvent de leurs compétences et sont impliqués dans la mise en œuvre du présent plan ». Dans cette optique, il est attendu que ce plan de réponse soit coordonné avec les acteurs de la société civile afin de maximiser l’efficacité de la portée des messages diffusés par le Ministère de la Santé. Soutenons également les pouvoirs publics d’avoir pris des décisions courageuses, telles que : – Interdiction des rassemblements publics (prières à la mosquée, cérémonies ou évènements sociaux) ; – Instauration du couvre-feu sur toute l’étendue du territoire national ; – Fermeture des frontières avec les pays limitrophes… Autant de mesures quoique utiles pour le bien-être et la santé des populations ont néanmoins des répercussions négatives sur les activités économiques qui se sont fortement ralenties et provoqué ainsi des pertes de revenus, surtout au sein des populations les plus vulnérables (restaurateurs, boulangers, transformatrices de céréales …). Pour contribuer à ce sursaut national, les OSC du Guidimakha communiqueront régulièrement des informations utiles et actualisées à la plateforme mise en place afin d’amener les populations à prendre des décisions conséquentes pour se protéger et adopter des comportements positifs pour éviter les risques de contagion liés à la pandémie du Covid-19. Il s’agit là d’un appel à l’action pour accompagner ce plan de riposte, en vue d’enrayer la propagation du COVID-19 et atténuer son impact. La responsabilité de protéger les populations à travers la mise en chantier d’une communauté virtuelle composée de relais communautaires, de points focaux des coopératives féminines, des associations des jeunes et le groupe des pasteurs. Cette plateforme en ligne est le principal moyen d’Information pour Informer, Éduquer et Communiquer pour l’adoption de nouveaux comportements positifs. Nous apprécions les efforts déployés par les pouvoirs publics à ce jour en particulier le lancement du Programme Spécial Elevage et les efforts entrepris par TAAZOUR pour appuyer les ménages vulnérables. Nous lançons un vibrant appel au Gouvernement pour la réhabilitation des axes : Selibaby– Noukchott, Selibaby– Gouraye, et les ponts. Nous rappelons que lors des inondations survenues en août 2019 ont provoqué la dévastation de plusieurs infrastructures qui ont coupés la Wilaya des villages de l’intérieur et des grandes villes, Kaedi et Nouakchott. Depuis lors à ce jour aucune réhabilitation n’a été faite pour les restaurer. A la veille de l’hivernage, il est à craindre que cette situation n’aggrave davantage l’enclavement de la région, les pertes de vies humaines causées par le mauvais état des routes.

Liste des OSC signataires :

•Union des Coopératives des femmes du Guidimakha (UCFG)

•Association pour le Développement Intégré du Guidimakha (ADIG)

•Association pour une Initiative de Développement de l’Environnement (AIDE)

•Action pour la Santé et le Développement (ACSADE)

•Association Mauritanienne pour le Développement et l’Alphabétisation (AMDA)

•Association pour la Prospérité des Femmes du Guidimakha (APFG)

•Association Towvigh

•Association Mauritanienne pour la Promotion des Adolescents (AMPA)

•Association Les Amis de la Santé Avagh

•Association Elwava Groupe Recherche Action pour le Développement Durable (GRADD)

•Association des Jeunes pour la Protection de l’Environnement et du Développement ( AJPED)

•Association Pour l’Education et Promotion Sociale (APEPS)

•Association Djalaw

•Association Nationale pour le Développement et la Biodiversité (ANDB)

Selibaby, le 13 Avril 2020

©️ Crédit source: www.cridem.org

Communication GANBANAAXUN FEDDE et Partenaires : Appel pour la libération de l’activiste mauritanienne Meriam Cheikh!

À travers diverses communications émanant de la mouvance droit-de-l’hommiste et abolitionniste en Mauritanie ces derniers jours (http://cridem.org/C_Info.php?article=734989I) , nous apprenons l’arrestation de la militante Mariem cheikh membre du mouvement abolitionniste IRA-MAURITANIE.

Arrêtée chez elle dans la journée du 13 avril 2020, la bloggeuse est détenue dans un endroit inconnu jusqu’à présent pour ses proches. D’une manière expéditive, elle a été séparée d’un nourisson par des éléments sécuritaires du pouvoir mauritanien. Nous exprimons notre entière solidarité avec Madame Mariem cheikh et ses proches.

Par conséquent notre mouvement GANBANAAXUN FEDDE et ses partenaires s’insurgent fermement contre les conditions d’arrestation de la militante abolitionniste et appellent les hautes autorités mauritaniennes à sa libération. Nous tenons à rappeler que les vieilles recettes du tout coercitif systématiquement sélectif pour museler les porteurs de voix humanistes pour l’instauration d’un véritable état de droit, ne servent aucunement la Paix sociale ni l’union nationale. En ces temps troublés au niveau sanitaire dans le monde entier avec la pandémie Covid-19, des décideurs politiques se doivent une profonde et globale rétrospection pour une gouvernance plus portée sur les valeurs de Justice et d’égalité entre les différentes composantes.

17 Avril 2020

©️Pour la Communication GANBANAAXUN FEDDE