● Ramadan : engagement citoyen, rencontre avec Mountagha Adama Sall président de l’Association pour le défense de la voix des enfants en Mauritanie

L’invité du jour de la plate forme Citizen lab Mauritanie est Mountagha Adama Sall . A 35 ans il est président de l’Association ADVEM (Association pour le défense de la voix des enfants en Mauritanie).
Une organisation qui a comme objectif aussi d’améliorer les conditions de vie des enfants de famille démunis et favoriser, une association mobilisé aussi pour la participation citoyenne aux
efforts de construction des attentes de la communauté.

Citizen lab Mauritanie : Parlez- nous de l’Association pour la défense de la voix des enfants en Mauritanie

MAS : L’Association pour la Défense de la Voix des Enfants en Mauritanie-ADVEM est située à Nouakchott dans la commune de Riyad PK 11. C’est est une organisation à but non lucratif qui s’engage dans la lutte contre la précarité en Mauritanie .

Citizen lab Mauritanie : En tant que jeune quelles sont les actions que vous menez depuis votre création ?

MAS : Elle mène des actions concrètes pour répondre aux besoins essentiels des populations en termes d’accès à l’éducation, à la nourriture et à la santé.


Citizen lab Mauritanie : Quelle est l’importance de la participation citoyenne ?


MAS : Pour nous la participation citoyenne, c’est agir concrètement pour l’avancement des intérêts de
sa communauté en interaction et en collaboration avec tous les acteurs concernés au sein des
processus décisionnel.

Citizen lab Mauritanie : Quelles sont vos zones d’intervention ?


MAS : Nos zones d’intervention sont Riyad, Arafat, El Mina .


Citizen lab Mauritanie : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez en tant que jeune et leader d’association?


MAS : Nous rencontrons comme difficultés, le manque de financement ;
la mobilisation des bénévoles ;un besoin en gestion administrative ; Renforcer La communication et la visibilité de l’Association.


Citizen lab Mauritanie : Comment améliorer les conditions de vie des enfants talibés?


MAS : Pour nous il faut une insertion éducation ou aux métiers adaptés à leur besoins pour leur offrir une seconde chance.


Citizen lab Mauritanie : une loi pour la protection des enfants maltraités en Mauritanie ?


MAS : Oui il y a une loi dans ce sens.


Citizen lab Mauritanie : Quelels sont les actions humanitaires que vous menez durant ce mois du ramadan ?

MAS : Nos actions humanitaires de ce mois béni consistent à offrir durant les ruptures de jeûnes des
repas gratuits dans des écoles coraniques mais faire aussi des distributions de denrées
alimentaires pour des familles vulnérables. Merci à citizenlab Mauritanie.


Propos recueillis par Dialika Sakho

● Lien média https://citizenlabmauritanie.netlify.app/ramadan-engagement-citoyen-rencontre-avec-mountagha-adama-sall-president-de-lassociation-pour-le-defense-de-la-voix-des-enfants-en-mauritanie/

● Le Grand Entretien du Blog | En exclusivité avec le géoscientifique M. Aleyda TRAORE

La rubrique Grand Entretien du Blog (Le GEB) marque son entrée en 2024 avec une prolifique interview accordée par un natif de la région du Guidimagha mauritanien. En la personne de monsieur Aleyda TRAORE, un Masterien expérimenté en Géosciences et Ressources qui travaille en France depuis quelques années. Nos vifs remerciements à lui pour sa disponibilité qui aboutit à cet entretien d’une belle pointure.

~Bonne Lecture :

● Question 1 : Bonjour monsieur Traoré, merci d’avoir accepté notre interview. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? (+parcours universitaire et professionnel)

Aleyda TRAORE : Bonjour Koundou SOUMARE. Merci à toi de m’avoir donné l’opportunité de pouvoir m’exprimer à travers cet interview sur ton blog.

Je m’appelle Aleyda TRAORE, natif du village de Bouanze, Guidimakha. Né à Bouanze, j’y ai fait mes études primaires pendant mon enfance.  A l’âge de 13 ans, je suis allé au collège de Ould-yengé (Guidimakha) où j’ai fait mes deux premières années de collège avant de rejoindre Nouakchott pour la suite de mes études du collège (Elmina), du lycée (Lycée Arabe et Lycée National).
En 2000 j’ai obtenu mon baccalauréat en série D et j’ai intégré l’université de Nouakchott, à la Faculté des sciences et Techniques en parcours Biologie-Géologie. Après l’obtention de mon DEUG (diplôme d’études universitaires générale), j’ai poursuivi mon parcours de second cycle universitaire en filière de Géologie minière. J’ai obtenu ma maîtrise dans cette filière en 2005.

En septembre 2005, je suis arrivé en France pour poursuivre mes études de Géologie à l’université Henri Poincaré à Nancy où j’ai obtenu mon diplôme de Master en Géosciences et Ressources, parcours Pétrolier.

Après le master je suis rentré dans la vie professionnelle. Mon parcours professionnel a débuté au sein de l’université Henri Poincaré où j’ai occupé un poste d’assistant chercheur avant de m’orienter vers le secteur privé.

Aujourd’hui je suis dans ce secteur privé depuis 15 ans dans le domaine de l’environnement, particulièrement dans la dépollution des sols et eaux en tant que superviseur et référent environnemental des chantiers de dépollution des sols et nappes phréatiques. Je m’occupe précisément du diagnostic, analyse et interprétation des données des composés d’hydrocarbures entre autres dans les sols et dans les eaux.

● Question 2 : Étant issu de la communauté soninké qui est très attiré par l’environnement migratoire à travers le monde notamment en France, quel est votre diagnostic sur la situation actuelle de ce phénomène ? (Avantages et inconvénients) et également quelques éléments de votre expérience…

AT : La réponse à cette question est assez vaste, on peut y consacrer un livre entier, car les soninkos sont traditionnellement des grands voyageurs dans le temps et dans l’espace. Je vais donner mon point de vue d’une manière singulière en s’appuyant sur le cas de l’immigration de ceux-ci vers la France.

L’immigration en soi est positive à mon avis, dans les sens où elle contribue positivement à la croissance économique et au développement culturel des immigrés, de leurs familles et pays d’origine d’une part et elle a une forte influence sur l’économie du pays d’accueil d’autre part.
Cependant comme toute activité, l’immigration a aussi son lot d’inconvénients.

Comme je l’ai dit plus haut, l’immigration chez les soninkos est très ancienne (on peut la chercher bien avant la fondation de l’empire du Ghana) et était très répandue dans le continent africain.
Toutefois, les migrations contemporaines sont beaucoup plus orientées vers les pays occidentaux.
Plusieurs facteurs expliquent cette orientation de ce flux migratoire des soninkos. On peut citer les deux guerres,  où les soninkos étaient incorporés dans l’armée française, le besoin des occidentaux en main d’œuvre,  notamment la France ruinée par les guerres pour sa reconstruction…

Pour rester sur la question, l’immigration est une des activités actrice du développement socio-économique en pays soninké. Les gouvernements des pays d’origine des soninkos ne sont pas suffisamment impliqués dans ce développement.
Quand on regarde le Guidimakha de la Mauritanie que je choisis ici comme exemple puisque c’est ma région natale et c’est elle que je connais mieux que les autres régions des soninkos, la grande majorité des services de base de la vie (écoles, centres de santé, accès à l’eau potable…) sont des réalisations des immigrés.
Cependant, il y a énormément de points négatifs liés à  l’immigration et notamment chez les soninkos.
En outre des difficultés linguistiques, culturelles liées à l’intégration on assiste à une vidange des familles et des pays de leur force, de leur matière grise et surtout de l’intellect.
Le milieu soninké est frappé par un phénomène d’appauvrissement humain associé à des pertes des vies liées aux conditions de transit vers les pays d’accueil.
Le durcissement des lois anti migratoires, la baisse de la qualité de vie par manque de logement, d’emploi, de permis de séjour et de travail en sont quelques exemples concrets qui doivent inciter les soninkos à prendre au sérieux cette question.
Malgré cela, les populations n’ont pas forcément conscience du mal et n’en font pas une priorité, car le sujet n’est pas sérieusement abordé par les pouvoirs publics afin de trouver des solutions efficaces.
La question sur l’immigration est un couteau à double tranchant qui nécessite un sérieux investissement et une profonde étude pour établir des nouvelles alternatives assez bénéfiques pour tous.

● Question 3 : En Mauritanie, autour de l’éducation, certains indexent une inquiétante baisse du niveau général des apprenants, quelle est votre analyse sur cette situation ?

AT : Le système éducatif de la Mauritanie a connu plusieurs réformes visant toutes une amélioration de celui-ci mais malheureusement le résultat est négatif, le niveau de l’éducation rétrograde d’année en année. L’analyse que je pourrais faire sur cela est d’ordre politique voire même constitutionnel se rattachant directement à l’histoire du pays et de sa population dans un premier temps et dans un second temps, cette régression pour ne pas dire « échec » du système éducatif n’est que le produit de la mauvaise gestion globale des institutions du pays donc de la politique de gouvernance.

La composition de la population n’est pas homogène. Les maures se réclament arabe et les noirs ont  chaque ethnie (soninké, poular, wolof, haratine et bambara), sa langue et sa culture propre.
La  première catégorie  représentant l’élite du pays souhaite imposer une langue et une culture arabe auxquelles elle se réclame à la seconde catégorie, alors que cette dernière a toujours été favorable à sa propre culture et langue maternelle et au Français qui est la langue du colonisateur. Une introduction des langues (Français puis arabe comme langue officielle et les autres langues comme nationales) dans la constitution et par la suite dans le système éducatif. Ainsi réformes  après réformes au sein du système éducatif sont mises en place pour tenter de coupler les deux inclinations à travers des programmes éducatifs qui manquent systématiquement de solidité et de rigueur.

La deuxième explication essentielle à cette régression scolaire est associée à la mauvaise gouvernance des institutions. Il y a un réel manque de vraie formation des formateurs, un réel manque de compétence des pouvoirs publics à redresser la courbe de l’échec scolaire, un vrai manque de volonté des encadrants et parfois même des parents d’élèves à s’impliquer dans cette éducation, soit principalement par manque de moyens (financiers et matériels) alloués à la tâche, pour les encadrants ou soit par simple négligence et/ou méconnaissance de l’intérêt de l’éducation en ce concerne les parents d’élèves. Et c’est très dommage et surtout très regrettable pour un pays, car l’éducation est la principale responsabilité de tout en chacun et est le soubassement de toute compétence.

● Question 4 : La communauté soninké est traversée par une crise sociale latente liée à ce qu’on appelle « l’esclavage par ascendance », quelles seraient selon vous, des précautions efficientes pour recouvrer une certaine sérénité communautaire ?

AT : La communauté Soninké est une communauté très conservatrice. Les pratiques esclavagistes et féodales n’ont pas échappé à ce conservatisme soninké. Autrement presque toutes les civilisations du monde entier ont connu la pratique de l’esclavage sous différentes formes, néanmoins sont parvenues à son abolition quelle qu’en soit la forme. L’esclavage et le féodalisme perdurent chez les soninkos car ces derniers  rattachent par méconnaissance la pratique à la religion musulmane alors que l’esclavage existait bien avant l’islam.
D’ailleurs l’islam arrivé a mit en place une infinité de processus de libération des esclaves. Cependant l’aristocratie Soninké de manière générale s’apparente au Ku Klu Klan. Les esclavagistes Soninkés s’opposent vigoureusement à toute démarche de mise en liberté et à toute autonomie des personnes serviles, jusqu’à défier délibérément les lois et dispositions des autorités administratives, avec la complexité de certains hauts fonctionnaires, élus et cadres de l’État.

L’organisation Soninké fortement hiérarchisée basée sur un système de caste est un héritage du passé qui est malheureusement resté dans le conservatoire de la communauté. Toutefois, ces dernières années, plusieurs associations et ONG abolitionnistes issues de la jeunesse Soninké et autres, ont réussi tant bien que mal à réveiller les esprits à travers les réseaux sociaux. On note une nette prise de conscience du drame malgré une farouche opposition des féodaux esclavagistes. Je pense qu’il est temps que les soninkos comprennent que la machine de la sensibilisation est lancée et ne fera plus marche arrière. L’heure est au réveil et d’avancer avec l’Histoire. Le temps de ces pratiques ignobles est dépassé. Il faut évoluer positivement et se débarrasser de tous ces encombrants qui ne font que léser le bon fonctionnement de la société.

Pour éradiquer d’une manière efficace et efficiente ce fléau il faut qu’il trouve sa place dans les engagements sérieux des pouvoirs publics.

● Question 5 : Au cours de cette année 2024 aura lieu l’élection présidentielle en Mauritanie, quelles sont vos observations sur l’arène politique actuelle et votre grille de projection sur l’échéance à venir…?

AT : Récemment d’après certaines sources médiatiques, les chiffres publiés par l’agence nationale des registres de la population et des titres sécurisés indiquent au moins 500 000 personnes ont été enregistrées. Ceci dit qu’au moins 10% de la population Mauritanienne n’avait pas des documents nécessaires pour participer aux élections, s’ils en avaient l’âge d’y participer bien évidemment. A ce titre, je souhaite que l’État fasse tout le nécessaire pour que l’ensemble de la population (de l’intérieur comme de l’extérieur) ait un document qui lui permettra de s’acquitter de son devoir de citoyenneté.

Concernant les élections de 2024, j’ose rêver d’une participation de toutes et tous. Le Mauritanien depuis l’indépendance  du pays rêve d’une vraie démocratie et un réel changement du système. Je pense que ces élections pourraient être une très grande opportunité pour les Mauritaniens de tout bord d’agir pour le changement.
Ensemble, hommes politiques et citoyens, il est temps de mettre de côté nos égos individuels, de s’engager honnêtement et sincèrement pour s’unir et créer un vrai rapport de force.
Merci.

13 janvier 2024

Réalisé par KS pour le BLOG

● L’interview du journal Shems Maarif avec le député mauritanien Biram Dah Abeid.

Le journal électronique Shems Maarif
Interview avec le Deputé Biram Dah Abeid, président de l’ONG IRA; par Yedali Fall.

1- Shems Maarif : Monsieur le député bonjour. Vous revenez d’une tournée qui vous a conduit hors du pays. Quel en était l’objectif ?


Biram Dah Abeid: Mon voyage en Europe (France, Belgique et Suisse) visait trois objectifs : reprendre contact et s’organiser nos sections en Europe et la diaspora mauritanienne, pour les batailles présentes et futures, dans le domaine des droits humains et du projet d’alternance, faire l’état des lieux avec les partenaires d’IRA, européens et onusiens, de la situation du pays depuis que le régime du président Ghazouani a renié la ligne d’ouverture enclenchée, au début de son mandat, en direction de la mouvance citoyenne; le troisième objectif de ce voyage était consacré à mes contrôles de santé.


2/ Shems Maarif : Quelle lecture faites-vous de la scène politique nationale six mois après les élections du 13 mai 2023 ?

BDA : La scène et ses acteurs résultent d’une ligne de séparation racialiste et de classe, orchestrée par le régime en place, comme ses prédécesseurs issus du même bloc dominant que caractérisent le monolinguisme et le désir de la toute-puissance. Ces lignes discriminatoires et de fracture croissante se matérialise dans le refus catégorique, par le pouvoir et ses lois, d’autoriser l’activité des forces issus des milieux majoritaires : il faut, désormais, considérer que l’intimidation des autochtones d’ascendance subsaharienne, devient une finalité de l’Etat et des segments réactionnaires dont il tire sa légitimité. Victimes d’une gouvernance de marginalisation et d’impunité depuis plusieurs décennies, ces groupes subissent, aussi, l’interdiction de fonder de nouveaux partis, à l’ombre de la légalité. Du début du siècle jusqu’à nos jours le constat ne varie : Action pour le changement (Ac) et Convention pour le changement (Cc) ont été abrogés successivement ; de 2013 à 2014, la mesure d’éviction frappe Refondation pour une action globale (Rag) et Forces progressistes pour le changement (Fpc). Les Ong Touche pas à ma nationalité(Tpmn), l’organisation pour la promotion et l’officialisation des langues nationales(Olan), les associations des rescapés des vagues d’épuration ethniques, des veuves, des orphelins, sont privées de reconnaissance de jure ou/et de fait, un peu à l’image d’IRA, tolérée du bout des lèvres mais interdites de toute participation aux travaux de son interlocuteur officiel, en l’occurrence le Commissariat aux droits de l’Homme, à la lutte contre la pauvreté et à l’insertion. Les actes de représailles visent toute entité privée qui n’obéit pas aux limites du discours, de la pensée et des gestes assignés, par le pouvoir, aux acteurs de la société civile ; ici, les cas de dissidence, de liberté de ton et de lanceur d’alerte suscitent, de la part du gouvernement, une batterie de mesures de rétorsions. La plus immédiate consiste à exclure, les associations, du bénéfice des financements extérieurs, comme celui de la France, en Mauritanie. Donc l’état des lieux, au surlendemain des élections générales, se résume à un tableau d’apartheid politique exécuté au profit d’une communauté de citoyens de premier ordre au détriment de l’humanité périphérique, celle du nombre et de la misère où bouillonne la révolte des parias, la communauté de citoyens secondaires. Les Hratin, représentant, selon les approximations de la Banque mondiale (Bm)et d’autres institutions indépendantes, plus ou moins la moitié de la population ; ils ont droit à 10 sièges de député dans une assemblée qui en compte 176. Les communautés autochtones d’ascendance subsaharienne, même locutrices de l’arabe dialectal local, le hassaniya, n’ont pu bénéficier d’un traitement à la hauteur de leur domestication mentale, d’ailleurs achevée sous les auspices du sacré. L’Apartheid arabo-musulman prive, ces mauritaniens, de papiers d’état civil, donc du vote, en vue de reproduire une majorité artificielle dans les urnes et perpétuer, ainsi, la domination et la jouissance de ses fruits. La Commission nationale électorale indépendante (Céni) que le passé de son président expose à la défiance, est une boîte d’agents et d’hommes de mains du ministre de l’Intérieur, ainsi que de figurants de formations triées selon le triple critère de l’impuissance, de la connivence et de l’allégeance. Les anciens putschistes, usurpateurs et détourneurs des institutions civiles, ont mis en place un mécanisme trompeur de démocratie :  des partis vassalisés, d’autres alimentaires compulsifs, sans oublier la cohorte alignée dans le rang du ralliement, voici de quoi fabriquer des plébiscites discount. De facto, une seule communauté possède la faculté réelle d’écarter des concurrents, d’acheter des électeurs et de neutraliser la justice. Il n’est pas étonnant qu’elle gagne les élections, n’en déplaise aux enseignants d’arithmétique et de logique. Grace à ce procédé, en sus des coup d’Etat électoraux, comme la présidentielle de 2019, la majorité du peuple va continuer à souffrir jusqu’à l’éclatement d’une révolution violente à l’image des tristes et regrettables événements de l’île de Zanzibar, au milieu des années 60…


3/ Shems Maarif : Au vu du constat que vous venez de dresser êtes-vous candidat à l’élection présidentielle prochaine ?


BDA : Cette question doit être posée au régime en place, l’actuel chef de l’Etat et à son gouvernement ; sont-ils prêts admettre les conditions et le verdict d’une compétition équitable et impartiale ? Sont-ils prêts à accepter qu’un courant politique présidentiel comme le Rag, cesse d’être hors-la-loi ? Sont-ils prêts à accepter qu’un mouvement social anticonformiste, allergique aux œillères comme le Fpc, participe au marché ouvert de la persuasion, argument contre argument ? Sont-ils prêts à lever les obstructions énormes et infranchissables à l’enrôlement des Mauritaniens autochtones ? Sont-ils prêts à accepter une Céni, un Conseil constitutionnel (Cc), des fichier et code électoraux, transparents et consensuels ? Sont-ils prêts à accepter la candidature de Biram Dah Abeid, supporteraient-ils la participation d’un candidat qui aurait dû battre Ghazouani en 2019 et pourrait y parvenir 5 ans après ? Le président Ghazouani va-t-il accepter de courir le risque de valider une candidature qui lui imposerait un deuxième tour en 2024 et l’obligerait de recourir, une seconde fois, à l’armée et à la répression pour imposer sa victoire ? Ne serait-il plus en sécurité en éliminant la candidature d’un adversaire aguerri, notoire et dangereux, au profit de candidature faibles et convenues ? Je pense qu’il revient au pouvoir de clarifier sa prédisposition à réaliser une élection vraie ; c’est à lui de dire quelle catégorie de candidat autoriserait- il dans sa démocratie très contrôlée.


4/Shems Maarif : Quels rapports entretenez-vous avec les partis de l’opposition notamment l’UFP, le RFD qui ont engagé un dialogue avec le pouvoir ?

     
BDA : Nous en tant que courant de l’opposition, comme toutes les fractions qui l’animent, gardions des relations de concertation et de coordination avec ces deux partis, au titre de de notre rejet commun du dernier scrutin au suffrage universel mais, à notre grande surprise, nos alliés sont brusquement revenus, d’une pêche nocturne avec, au fond du filet, un accord de connivence générale, entre le gouvernement et eux, sur le fondement de mots d’ordre et d’intention forts louables; aujourd’hui, les voici partenaires de l’Insaf, donc, membres de la majorité, c’est-à-dire comptables de son bilan et de ses erreurs. 


5/Shems Maarif : Le président du parti SAWAB sous les couleurs duquel vous êtes élus à l’Assemblée nationale pour la seconde fois a écrit sur sa page FACEBOOK un commentaire très critique à l’égard des propos du président GHAZOUANI concernant la France partagez-vous ces propos ?  Vous engagent-ils ?

BDA : De prime abord, il est de notoriété publique que les liens du parti de mes compagnons de Rag à ceux de Sawab, concernent plutôt les élections. Les membres du Rag n’ont pas intégré le parti Sawab et Sawab réciproquement. Certaines personnalités du Sawab, ne cachent pas leurs hostilité et allergie à davantage de rapprochement avec le Rag. En vérité, l’idéologie des uns et des autres ainsi que leurs choix et priorités divergent, quant au fond et de manière décisive.  
C’est pourquoi, en vertu d’une certaine forme de coordination électorale, le Rag hors-la-loi ne pouvait se présenter au vote que sous le label, le couvert d’une entité reconnue ; alors, d’entente commune, sans drame ni épanchement, les deux partis développent chacun sa stratégie, ses positions et ses discours, en toute autonomie. Par exemple, le Rag s’est retiré, en mai 2022, du dialogue concocté par le président Ghazouani lorsque nous avons été trahis ; or, Sawab est resté siéger avec d’autres partis jusqu’à ce que le président Ghazouani mette un terme à l’expérience, sans consulter ses partenaires du moment. Lorsque le Chef de l’Etat et son ministre de l’Intérieur initiaient un autre dialogue à la veille des dernières élections locales et législatives anticipées, ils avaient pris le soin préalable de le restreindre à un format excluant les courants d’opinion non-autorisés ; Sawab, en toute indépendance et liberté, participa au rendez-vous. Concernant le libellé de votre question, nous assumons nos critiques à l’endroit du président Ghazouani et le parti Sawab formule les siennes propres, ceci n’est pas un problème et c’est un fait connu de tous. Par ailleurs, nous sommes entièrement d’accord avec le ministre de l’Economie, Abdessalam Mohamed Saleh, quand il rappelle que le Français est une langue d’innovation scientifique, qui fait désormais partie de nos patrimoine et personnalité culturelle ; avec l’Arabe, le Français reste notre langue de travail et d’ouverture sur le monde et d’acquisition des sciences. Je pense, pour ma part, que le véritable impérialisme qui nous a défiguré sur le plan culturel et religieux et mis en danger, à long terme notre sécurité physique et culturelle, c’est l’hégémonie wahabite ; nous dénonçons son emprise sur la vulnérabilité sociale, ses projets de domination du monde, d’occultation perpétuelle des femmes et  l’inclination de ses disciples à appliquer, le droit musulman de l’esclavage ; à cause du pétrodollar et du délire arabiste, nous avons été déracinés de chez nous, notre Islam tolérant a cédé la place aux pratiques rigoristes, ô combien étrangères à notre mémoire; le radicalisme et l’extrémisme violent nous ont infiltré, cassé notre mode de vie, la dénomination de nos paysages et lieux-dits et notre toponymie ; même les prénoms de nos enfants sont maintenant importés de la chanson de variété et du cinéma de l’Orient sémite. L’hégémonie culturelle en Mauritanie vient de l’Orient ; à l’image des relations entre nos élites tribales et quelques puissants personnages du Golfe et du Bosphore, elle prend un visage si familier et banal que l’on finit par l’ignorer, comme une évidence. De mon point de vue, la France ne représente aucun danger culturel en Mauritanie. Nous pensons aussi, que dans le monde actuel, devenu un village unique, avec des défis très grands, multiples et variés, tous les pays du monde, et surtout le nôtre, ont besoin de la proximité de grandes nations, dont certaines valeurs cardinales fondent notre lutte et la marqueront toujours ; je pense, ici, à la liberté et à l’égalité. La France et les Français en font partie.


6/ Shems Maarif : Un commentaire sur le procès de l’ancien président Mohamed OULD ABDEL AZIZ.


BDB : Nous pensons que ce procès pouvait être une énorme opportunité pour la Mauritanie, n’eussent était la flagrance d’une procédure ciblée, l’arrangement de l’impunité et la poursuite de la corruption, de la gabegie et du pillage, sous l’ère de son successeur. Je qualifierait, ce procès, de « gâchis »…


7/ Shems Maarif : Vous avez eu un entretien avec l’ambassadeur de l’Union européenne, quel était l’objet de cette rencontre ?


BDA : J’étais reçu par son Excellence l’ambassadeur de l’Union européenne (Ue) à Nouakchott, en compagnie des présidents des Fpc, Samba Thiam et du président du Rag, Oumar Yali; l’entretient s’est articulé autour d’échanges sur les questions de l’État de droits et des droits humains.


8/ Shems Maarif : Mr Samba Thiam président des FPC était présent lors de cet entretien, il était également à vos côtés lors de la visite de Mr Andres Morana directeur du bureau chargé de la Mauritanie au Département d’Etat américain peut-on parler d’un rapprochement entre vous ?


BDA : Franchement parlé, et vous pouvez remonter le fil de notre existence, dès la naissance d’IRA et de Rag, nous avons toujours été engagés jusqu’au bout, en discours et actes, dans la promotion des causes justes. Samba Thiam est parmi les portes flambeau légitimes de la plupart de ces causes. Nous nous n’avons jamais été loin ni des victimes de l’injustice ni des porteurs de leur revendication. 


9/ Shems Maarif : Un mot pour la Palestine
BDA : Si l’Occident ne se ressaisit pas de la pente glissante et dangereuse où l’entraîne le fasciste Netanyahu et sa bande de tueurs, le monde dit libéral et libre va devoir entamer son déclin mortel que le glas conclut. Vive le Peuple de Palestine, Vive la solution à deux États !
Merci

• Lien média https://shemsmaarif.info/?p=3750

● Le Grand Entretien du Blog | En exclusivité avec le politiste Yahaya SOUKOUNA

La rubrique Grand Entretien du Blog (Le GEB) reçoit comme invité, monsieur Yahaya SOUKOUNA. Il est diplômé en sciences politiques et originaire du Mali (issu de la communauté soninké). Dans cette interview, il nous sert de pertinentes analyses sur diverses thématiques abordées. Nous lui adressons nos vifs remerciements pour sa disponibilité.

Ci-dessous l’intégralité de l’entretien :

● Question 1 : Bonjour monsieur SOUKOUNA, merci d’avoir accepté notre interview. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Yahaya SOUKOUNA : Bonjour, je suis Yahaya SOUKOUNA, français d’origine malienne, diplômé en Sciences politiques et en Administration publique. Ancien collaborateur parlementaire, je suis actuellement consultant en stratégie internationale. Je conseille des acteurs du secteur public et privé sur divers sujets stratégiques. Je les accompagne vers la prise de décision, sur leur réorganisation structurelle et sur leurs choix stratégiques globaux. Durant mes temps libres, j’officie en tant qu’entraîneur dans un club de football amateur, j’y entame ma neuvième saison. Il m’arrive aussi d’écrire. Il y a deux ans, j’ai sorti un abécédaire autobiographique et je suis actuellement en train de finaliser un nouvel ouvrage portant sur l’Accord pour la Paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger de 2015.

● Question 2 : Étant issu de la communauté soninké qui est très attirée par l’environnement migratoire à travers le monde notamment en France, quel est votre diagnostic sur la situation actuelle de ce phénomène ? (Avantages et inconvénients)

YS : Avant toute analyse, j’aimerais témoigner ma fierté d’appartenir à la communauté soninké vivant en France. Je pense intimement que l’héritage culturel que nos aînés nous ont légué doit demeurer intact et poursuivre son cheminement générationnel. La solidarité, le partage, l’humilité, la discrétion et le respect de l’aîné sont autant de valeurs qui doivent perdurer. À notre tour, on se doit d’être les futures courroies de transmissions de ce « package » ancestral. Pour me recentrer sur la question, il me paraît important de préciser un aspect singulier à la communauté soninké sur le plan migratoire. Cette dernière immigre considérablement à travers le monde entier. L’Europe, principalement la France et l’Espagne, le continent africain, et l’Amérique du Nord, sont les principales destinations de la communauté native d’Assouan en Égypte. Elle se trouve donc fortement impactée par les tendances contemporaines de ce puissant enjeu géopolitique qu’est la migration.
En effet, la fragilité des marchés financiers et les crises engendrées, à l’image de celle de 2008, ont profondément bouleversé l’ordre mondial. Les économies mondialisées ont toutes été fortement perturbées, entraînant des conséquences en cascade. L’occident, principale terre d’accueil de migrant, a connu une baisse radicale de l’interventionnisme étatique et un élargissement de la paupérisation de sa société. C’est dans ce contexte que s’est diffusé un profond sentiment patriotique nationaliste provoquant l’émergence de mouvements réfractaires à l’accueil des personnes étrangères, les estimant responsables de la baisse de leur niveau de vie. Paradoxalement en Afrique, la multiplication des conflits, l’instabilité politique, l’affaissement du niveau de vie et le difficile accès à l’éducation et à la santé ont renforcé le désir d’exode d’une part importante de la jeunesse en quête d’un avenir meilleur. Malgré les mesures drastiques imposées par les autorités méditerranéennes, les vagues migratoires s’intensifient et s’échouent le long des côtes marocaines, espagnoles et italiennes avec son lot de rescapés et de morts que la mer avale. Nous assistons à la collision de ces deux réalités dynamiques qui ne semble pas promises à la convergence. Pire encore, avec la montée des groupes extrémistes et la détermination de ceux qui désirent l’eldorado, les prochains rendez-vous s’annoncent inquiétants.

● Question 3 : Ces derniers jours, le gouvernement malien a annoncé le report de l’élection présidentielle (initialement prévue en février), pouvez-vous nous éclairer sur les données politiques et sécuritaires dans le pays actuellement ?

YS : Depuis l’an 2020 et la chute du régime du président Ibrahim Boubacar Keita, le Mali est dans une transition. De 2020 à 2021, celle-ci fut civile et militaire, dirigée par l’ancien président Bah N’daw. Pour des raisons difficilement déchiffrables, ce dernier a été renversé en 2021 par le colonel Assimi Goïta qui est depuis devenu le président de la transition. Des élections présidentielles devaient avoir lieu, mais ont été reportées par le régime, entraînant une batterie de sanctions de la part de la communauté internationale et des organisations sous-régionales sous l’impulsion de la communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Des négociations ont abouti sur l’organisation d’élections présidentielles en février 2024 et ont permis de lever une partie des sanctions économiques qui participaient à la tentative d’asphyxie de l’économie malienne. Ce laps de temps a permis aux autorités de faire voter une nouvelle constitution. Projet que leurs prédécesseurs, démocratiquement élus, ont initié sans parvenir à leur terme. Dans un récent communiqué, le ministère de l’Administration territoriale a annoncé le report des élections présidentielles de février 2024 à une date ultérieure de quoi alimenter les suspicions quant aux désirs des autorités de se maintenir au pouvoir le plus longtemps possible.
Il faut noter que ce report s’établit dans un contexte sécuritaire des plus tendus que certains observateurs assimilent à celui de 2012. Cette période dans laquelle les combats entre l’armée malienne et les mouvements rebelles associés aux groupes jihadistes ont entraîné la scission du pays en deux et la proclamation de l’Azawad par le mouvement national de Libération de l’Azawad (MLNA).
Aujourd’hui, la situation est confuse. On assiste d’une part à l’intensification par l’armée d’opérations de communication et de reconquête du territoire vers le nord du pays à mesure que la mission onusienne de maintien de la paix (MINUSMA) libère les camps qu’elle occupait.
Concomitamment, des actes terroristes sont perpétrés sur l’ensemble du territoire laissant penser à une fragile restauration de la sécurité dans le pays. Ajoutons à cela, une recrudescence des affrontements entre l’armée malienne et les mouvements jihadistes, mais également, une détérioration des relations entre l’État et une partie des mouvements signataires de l’Accord d’Alger (Le Cadre Stratégique Permanent). Tout cela a pour effet de prolonger l’imbroglio du cas malien. Un rapide retour à l’ordre constitutionnel répondrait bien plus à des injonctions de la communauté internationale qu’a une nécessité immédiate pour la restauration d’un État unitaire et stable.

● Question 4 : La communauté soninké est traversée par une crise sociale latente liée à ce qu’on appelle « l’esclavage par ascendance », quelles seraient selon vous, des précautions efficientes pour recouvrer une certaine sérénité communautaire sans cette tare ?

YS : La problématique de l’esclavage par ascendance est un sujet d’une extrême sensibilité, mais qui requiert un positionnement clair. La mienne est que ces pratiques doivent cesser d’exister. Je crois aussi que pour traiter un phénomène de cette ampleur, il faut avoir l’humilité de l’étudier, non pas pour cautionner, mais pour comprendre le pourquoi de la pérennité de ce procédé ancestral qui nuit au fonctionnement harmonieux de communautés qui très souvent se ressemblent. Il est important de s’intéresser en profondeur aux raisons qui distinguent le droit pour une communauté de jouir de pouvoirs réducteurs et humiliants vis-à-vis d’une autre contre son gré. Même si cette variante de l’esclavage existe au sein de la communauté soninké, ce phénomène que l’on peut penser mineur et bien plus répandu que l’on ne pourrait le croire. Il trouve des germes dans les 5 grands continents et répond à des règles, des coutumes, des rituels qui doivent être déconstruits par le dialogue, la médiation, et si nécessaire, par des réponses pénales.
Même s’il existe des organismes internationaux qui traitent le sujet, la réponse politique globale est bien en deçà de l’ampleur que représente le fléau. Je crois qu’à l’image d’un sujet fédérateur comme l’écologie, la lutte contre l’esclavage par ascendance mérite une place beaucoup plus épaisse dans les principaux engagements des états concernés par ce phénomène. Conscient que dans certaines régions du monde, il participe à calibrer certaines sociétés (et/ou communautés), et que toute tentative d’entrave menacerait certains équilibres de pouvoir. Néanmoins, sa lutte doit être prise à bras le corps. Ce faisant, des mécanismes internationaux devraient contraindre les États à montrer patte blanche en matière de lutte.

● Question 5 : la France connaît diverses frictions diplomatiques avec certains pays du Sahel (ses anciennes colonies), pouvez-vous nous donner quelques éléments de compréhension sur ces relations dans l’actuel environnement géopolitique mondial ?

YS : Depuis quelques années, la France rencontre des difficultés sur le plan diplomatique, peine à maintenir un dialogue serein avec une partie de ses anciennes colonies sahéliennes, et perd de son influence historique sur une partie de plus en plus grande du continent. Les nombreuses et récentes attaques verbales par communiqués interposés entre Paris et les principaux régimes militaires de la bande sahélienne que sont Bamako (Mali), Ouagadougou (Burkina Faso) et Niamey (Niger) témoignent de la fragilité des rapports existants. Nous sommes bien loin de l’an 2013 où le président français Francois Hollande avait reçu un accueil triomphal par une foule en liesse à Bamako lors du lancement de l’opération SERVAL, destinée à repousser l’avancée des jihadistes, qui étaient parvenus jusqu’au centre du pays à Kona. « La journée la plus importante de ma vie politique », avait-il lancé. La nouvelle tendance relationnelle entre la France et ces états sahéliens ne se résume pas qu’aux relations d’ordre politique ou protocolaire, mais s’étend désormais à la société civile. En effet, la longévité de la présence militaire étrangère sur le sol africain et les quelques abus qui en ont découlé ont créé de la frustration chez une partie des populations. De plus, l’absence de résultats des opérations militaires telles que Serval, Barkhane, et la Minusma, et leur incapacité à libérer les zones occupées du nord du Mali notamment, ont également suscité un rejet de celles-ci par les populations concernées. Par ailleurs, avec la montée en puissance de l’accès aux nouvelles technologies, le continent s’informe vite et s’éduque. Au cœur de la jeunesse africaine émerge un vaste désir d’affranchissement avec ses anciennes colonies, particulièrement avec la France. À dominante musulmane par leur composition, leurs us et coutumes, les populations sahéliennes sont particulièrement sensibles au traitement qui est infligé à leur coreligionnaire dans la sphère médiatique française depuis quelques années. L’ensemble de ces facteurs fragilise la relation entre la France et ses anciennes colonies africaines. Cela offre l’opportunité géopolitique pour une nation comme la Russie de revenir au devant de la scène en réactivant l’importante influence « soviétoafricaine » qui était la sienne lors des successions d’indépendance. Et cela à l’image de celle avec la Guinée de Sékou Touré dès 1958 et du Mali de Modibo Keita dès 1960. Depuis le coup d’État malien de 2020, la relation avec la France bat de l’aile. D’un autre côté, le Mali et la Russie se sont fortement rapprochés aussi bien sur le plan militaire, qu’économique, et diplomatique. De quoi susciter des rivalités sur fond d’influence. Le Mali est au cœur d’enjeux géopolitiques c’est pourquoi nous sommes en droit de nous interroger sur la question suivante : le pays n’est-il pas involontairement devenu l’un des instruments d’une nouvelle Guerre froide qui ne dit pas son nom ?

Réalisé par KS pour le BLOG

● Le Grand Entretien du Blog | Avec Souleymane SIDIBÉ

La rubrique Grand Entretien du Blog (Le GEB) vous propose l’interview avec l’étudiant mauritanien M. Souleymane Sidibé. Notre Blog a publié  différentes contributions sous sa plume sur des thématiques variées. Ici, il accepte de répondre à nos questions axées sur son parcours et sur des thèmes plus ou moins divers. Nos remerciements à lui pour cette disponibilité.

Ci-après l’intégralité de l’interview :

Question 1 : Bonjour monsieur Sidibé, nos remerciements pour votre disponibilité, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Souleymane Sidibé : Bonjour Koundou Soumaré. C’est un plaisir pour moi de répondre aux questions de votre blog. Je m’appelle Souleymane Sidibé. Je suis né à Nouakchott à Sebkha et j’ai passé mon enfance entre Socogim K (notre maison familiale ), Sixième chez mes grand-parents, Socogim Bagdad, Socogim Ps un peu; Ilok K et Tevragh Zeine avec les amis. Je suis nouakchottois.  Après les études primaires à Dioukhamadya (Médina 3) jusqu’en première année collège dans le programme mauritanien, j’ai rejoint le système éducatif français en classe de 5ème (2e année collège) au Petit Centre (Ilot K) ; puis au Lycée Privé du Sahel. J’ai quitté la Mauritanie pour Bordeaux après l’obtention du bac S que j’ai passé au Lycée Français Théodore Monod (LFTM) de Nouakchott en 2016. Cela m’a fait découvrir l’Université de Bordeaux en France, à mes 18 ans, dans un parcours Santé que je n’ai pas pu poursuivre ; ensuite, je me suis inscrit en biologie. J’ai également pris des cours en gestion et maîtrise de l’eau dans une université privée .

● Question 2 : Étudiant mauritanien et africain en France depuis quelques années, quelle expérience en tirez-vous jusqu’à là ? Atouts et pièges éventuels à éviter pour des futurs étudiants…

SS : Vieil étudiant, dirais-je. J’avoue qu’être étudiant en France, c’est d’abord être confronté à une autre réalité, un autre rythme de vie et de travail. Les cours sont une continuité de ce que l’on a étudié, mais les codes culturels ainsi que le sérieux demandé, la rigueur et le statut d’étudiant nous renvoient dans d’autres référentiels. Tout d’abord, être étudiant est un statut dans un pays d’accueil pour le nouvel étudiant que je fus. Il fallait étudier en étant dans l’obligation de moyens afin d’attester de ma situation d’étudiant. Il faut fournir chaque année son évolution. L’obligation de réussite s’impose après un ou deux échecs pour ne pas perdre ce statut. La vie estudiantine est un passage dans lequel on suit un apprentissage. Chaque cours, chaque TD, chaque TP, dans le domaine qui est le mien, même ailleurs, est l’occasion d’apprendre quelque chose de nouveau. Ensuite, on élargit ses perspectives en ayant un projet d’études ou en le construisant tout au long, on devient résilient. On apprend à gérer son temps, faire le ménage -ce que ma mère m’avait habitué les fins de semaines-, faire la cuisine ; on cultive ses relations personnelles tout au long. Enfin, pour me permettre de donner un conseil à un futur étudiant ou une étudiante, c’est de croire en soi en étant réaliste. Les études en France demandent des moyens. Il faut des ressources financières, de l’argent. Si l’on n’a pas beaucoup de moyens, on ne peut pas s’inscrire dans certaines écoles. Même si c’est dans le public. Il faut alors ajuster ses ambitions. Et surtout favoriser actuellement les formations avec des alternances quand on a un peu d’aide parentale, familiale. Il est important de rester focus en étant ouvert au conseil. C’est très difficile de faire certains parcours en travaillant, par exemple, dans la restauration en parallèle. Étant donné qu’il s’agit d’un apprentissage et d’un enrichissement continus, parlant de la vie d’étudiant, c’est alors nécessaire de faire régulièrement un bilan de ses expériences. Quand on est là, comme tout le monde, on se met petit à petit dans le bain sans se faire un sang d’encre ou se mettre la rate au court-bouillon. C’est aussi important de changer d’habitude ainsi que prendre soin de sa santé mentale et physique.

● Question 3 : Vous avez publié un recueil de poèmes intitulé La Poésie démeurt, il y a de cela quelques temps, pouvez-vous nous présenter brièvement cet ouvrage et comment peut-on se le procurer ?

SS : La Poésie démeurt est un recueil que j’ai écrit pour déclarer mon amour à la poésie. J’écris toujours et lis dès que l’occasion s’offre. On lit en prélude l’hommage à ma tante décédée à Paris. C’est un livre à sa mémoire. Un format de 68 pages publié chez Les Editions Universitaires (Muse) que je déconseille et un autre chez Amazon contenant 203 pages. Je remets la présentation du livre sur les sites de vente ou en bibliothèque à partir de ISBN 979-8496349680. La Poésie démeurt rassemble des poèmes que j’ai écrits entre 2016 et 2021. Entre cris nocturnes, mélancoliques et réflexions philosophiques, ce recueil s’imprègne d’une écriture rythmée et lamentée par le quotidien. Le recueil de poèmes parle du continent africain, de la patrie, de mes études, de son auteur, de l’amour-ses contradictions, son dévouement et sa belle cruauté-, également de belles choses de la vie, et son épitaphe : la mort. En poète amateur, je survole le monde par les mots en pansant les maux. Je suis un admirateur des grands noms de la poésie à l’image de Ousmane Moussa Diagana de mon pays comme des auteurs de ce que je qualifie de poésie-merveille (parlant de la poésie française). Je dessine mon monde à dessein des autres calamités.

● Question 4 : Ces dernières années, la communauté sooninké vit beaucoup de frictions sociales liées à l’organisation intra-communautaire (féodalisme, discriminations…) et au phénomène de l’esclavage statutaire, comme jeune sooninké lettré en phase universitaire, quelles sont vos réflexions à propos ?

SS : La communauté sooninké a vécu des conflits bien avant la Seconde Guerre mondiale. Des villages sont nés au fil du temps suite à des discordes, des batailles rudes, des installations de campements… Il y a des survivances idéologiques liées à l’esclavage et à la féodalité. Les rapports ancestraux fossilisés pour parler comme le chercheur Sidi Ndiaye animent les imaginaires collectifs de différentes fractions sociales. Nous avons au sein de cette communauté comme dans d’autres en Mauritanie une organisation étriquée que la culture citoyenne doit balayer. Cela n’est malheureusement pas possible d’un simple revers de main. Il faut l’implication des acteurs sérieux des droits humains et des politiques débarrassés des préjugés sociaux. L’esclavage statutaire est une réalité. On voit même des individus avancer des propos pour justifier qu’ils ne sont pas issus d’une certaine catégorisation sociale en indexant d’autres. Il est urgent de se débarrasser de l’idée de la noblesse. L’idée de la citoyenneté doit naître au profit de tous ses maux. Les laada (accords coutumiers) étaient les verrous du rapport subalterne ou dominé socialement (kome, sakke, tage, etc) au moodi (marabout statutaire) et hoore (noble) dans le milieu sooninké. Il y a eu des  familles engagées contre cette supercherie pour plusieurs raisons (éducation moderne, fierté culturelle, etc), mais il faut connaître qu’avec l’arrivé du mouvement Gambanaaxu qui un consortium d’association luttant pour l’égalité citoyenne en milieu sooninké, la donne a considérablement changé. On a vu pulluler des contre-mouvements qui ne font ni le poids électoral ni la force de conviction et de sérieux ; nullement comparable se cachant derrière un fantasme social que le capitalisme ne considère pas. L’Etat changera d’allier inévitablement si l’occasion se présente. Les militants de Gambana (l’éveil citoyen) -pour ceux que je connais- ne font pas du militantisme à la carte comparée à bon nombre de d’associations.
Je pense simplement que la vie, c’est quelques fois des rapports de force. Il faut arriver à démystifier le discours des tenants de l’ordre inique qui vivent avec nous et nous sourient à longueur de journée. Après les laada, la démystification des discours puérils dans les oreilles d’un citoyen moderne, il faut se former, se donner les ressources financières et tester son coefficient d’adversité. Il s’agit d’un mépris historique, je ne vois pas d’autres voies à part le terrain de la lutte des idées et la revendication du respect. Sur le terrain scientifique, il y a eu des écrits pertinents. Il ne s’agit plus de «cogito», cogiter (penser), mais de “practise” (pratique). La pratique, c’est ce qui est demandé. L’appellation Jabankaanu est le nom redonné à un quartier dans un village du Guidimakha à la place de komo n kani. Ce montre l’esprit alerte de la nouvelle génération, même de l’ancienne de se débarrasser des tares. Avant, certains vieux disaient «o komon kaani», se traduisant par «chez nous esclaves». Cette appellation était implantée dans leur conscience.
Je discutais avec un monsieur il y a de cela quelques années. J’ai voulu à travers lui comprendre l’organisation sociale. Je n’ai été au village qu’une fois et ce, étant très petit. Je lui ai avancé quelques arguments pour la destruction des tares. Il me dit que son village -dont je tairai le nom-, c’est pour « leurs esclaves » et eux. J’analysais son discours et essayais de comprendre les mécanismes qui régissent sa pensée et son être. Je lui ai posé la question de savoir s’il pouvait se marier avec une personne issu du groupe qu’il qualifie de komo. Il me répondit : « Non, pour rien au monde. Pourquoi ont-ils accepté cette dénomination ? ». Cette réponse est parlante. Comment on justifie idéologiquement la perception féodale ? C’est pour montrer là que le discours qui légitiment cela doit être attaqué. En tant que jeune apprenant, j’espère continuer à l’être dans ce monde où le savoir et la bonne information sont importants, Il y a des jeunes qui ne tiennent plus compte du référentiel coutumier. Les choses avancent, tant mieux. Tant pis pour les blessés de l’existence qui sont encore attachés à leur illusion. Nous devons aspirer à une chose : c’est la citoyenneté. C’est difficile avec l’absence des politiques publiques, l’école pour tous et les arguments de militants des droits humains. On  remarque que la hiérarchisation de la société sooninké suit son cours jusqu’en France. Les noms des foyers ont des connotations. Certains font appel à des religieux coutumiers pour les festivités. Il y a des tenants du système inique. Ces dernières années sont tout de même l’amorce de l’éveil citoyen en masse. C’est du concret.

● Question 5 : Concernant l’éducation, beaucoup d’initiatives sont prises au sein des communautés villageoises sooninké du Guidimakha (système hybride Mahadra- école) en dehors du cadre de l’enseignement étatique, vous y voyez quoi en termes d’inconvénients et d’avantages ? Et quel regard portez-vous sur l’éducation des jeunes filles dans nos communautés ? Et vos préconisations éventuelles en la matière ?

SS : Je ne suis pas un fin connaisseur du village à proprement parler, puisque je n’y ai pas vécu. Je connais l’organisation et observe les individus issus de ce milieu. En ce sens, il m’arrive d’observer et faire mon analyse à partir des ressortissants qui clament leur fierté. Ces dernières années, l’élément religieux (la conduite de la prière, les prêches du vendredi, le tissage des liens matrimoniaux, les baptêmes en partie…) n’est plus une propriété privée d’une famille qui se dit garante de la religion au sein du village ou des villes. La connaissance prime dans les grandes villes, de nos jours. Quelques émigrés financent l’école coranique de leurs enfants pour ensuite construire des mosquées afin qu’ils y enseignent la parole d’Allah. Cette approche n’a pas pour objectif premier de déconstruire les survivances idéologiques. Tout de même, elle aide à l’émancipation des mentalités en mettant en avant l’idée de croyant. Il jongle dans une vision entre le délaissement de ce qui est proscrit (interdit) et la mise en avant de ce qui lui est prescrit à côté de celle que doit véhiculer une nation. Je parle de l’idée de citoyen.
Ce que tu appelles système hybride est une juxtaposition de deux systèmes d’apprentissage. D’un côté, on a les madrassas comme on appelle les mahadras dans les milieux ruraux du Guidimakha qui sont un espace pour l’apprentissage de l’arabe et du coran où l’enfant apprend les lettres originelles. Cet apprentissage suit sa pédagogie. Et, d’un autre, on voit l’école – censée être- républicaine.  Elle est délabrée à l’instant où j’écris ces quelques mots. Il faut la refonder et assainir de façon matérielle et immatérielle. Malgré les différents manquements, l’école moderne doit être la priorité pour saisir son environnement, assurer son lendemain par une formation classique ou professionnelle et se perfectionner pour la vie en société. On peut entendre par «système hybride», le renforcement de l’arabe et de l’apprentissage de la religion dans le programme scolaire.  A Nouakchott, les enfants arrivent à apprendre les lettres «originelles» à la maison. On doit favoriser l’école à mon sens pour la formation qualitative axée sur l’aspect citoyen et technique. Nos universités doivent accueillir des étudiantes et étudiants ayant des prérequis (savoir et savoir-faire) pour affronter le monde du travail, la recherche scientifique et laisser en place des filières pour les personnes désireuses de continuer dans les sciences sociales et les sciences dites islamiques. Ce n’est pas le rôle des collèges et lycée. Ce système hybride dans le deuxième cas est un échec assuré. Concernant les jeunes filles appelées à devenir des femmes à partir de la maturité, notre société doit comprendre qu’elles sont des citoyennes entières et non pas à part entière. L’hypersexualisation dès le bas âge avec tout un pan culturel doit cesser. Les jeunes femmes doivent assurer les mêmes postes, car elles ont droit aux mêmes qualifications. Je vais de ce principe. Combien de familles ont sacrifié les études de jeunes femmes à cause d’un mariage ? Cette «programmation » au foyer met en danger des vocations. Le manque d’éducation est un danger pour la santé même. Comment comprendre la reproduction féminine et les maladies qui n’épargnent pas à l’image des cancers du col de l’utérus et du sein qui sont fréquents ? C’est à travers l’éducation que l’on agrandit ses horizons, et l’école est le point le plus crucial pour arriver à se construire. Je pense que l’on ne peut pas inventer d’autres combats. Soutenons les combats sur le terrain, partageons et mettons en valeurs les femmes qui se sont émancipées du poids social pour émerger. Elles sont nombreuses. Quand il y a souvent des sorties pour la promotion de l’éducation des jeunes filles, on voit plus d’hommes et peu de femmes. Toute occasion est bonne pour faire la promotion du système patriarcal qui prédomine. Les choses bougent dans les grandes villes. Hélas, on peine encore à recenser des filles parmi les admis au baccalauréat dans les villages. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas une sensibilisation au sein des terroirs. La volonté y est, mais les moyens étatiques sont maigres. L’assertion de Cheikh Sadbouh Kamara est comprise dans certains foyers. «De nos jours, le premier mari d’une femme, c’est son salaire », disait-il. Le projet professionnel et la compétence avant le projet matrimonial.

Question 6 : Vous publiez régulièrement sur les réseaux sociaux (votre page Facebook notamment) sur diverses thématiques, quelle analyse faites-vous de la situation politique et sociale mauritanienne après les élections générales de mai 2023 ?

SS : Effectivement ! Je publie très souvent l’actualité sur ma page personnelle, en me laissant aller vers l’interrogation critique, et comme tout le monde, avancer quelques opinions sur la politique…  Les Live de Souleymane est ma page où des invités donnent leurs avis sur diverses thématiques. Les directs sont un moment de militantisme ou de débats, d’échanges. Quant à la situation politique après les élections législatives de mai 2023, on remarque une nouvelle configuration. Cette nouvelle configuration politique est le résultat de tiraillements des dernières décennies. Les grandes figures de l’opposition politique dont on ne voyait pas – à priori- une alternance au sein de leur mouvement se sont retrouvés derrière des partis naissants, nés de compromis ; même sur des bases militantes pour certains. Le pouvoir a tout de même su maintenir sa domination sur le terrain politique. La politique politicienne et le populisme ont également de beaux jours devant eux. C’est le constat. A côté, la situation socio-économique devient alarmante.  Des réformes voient le jour. Quelles sont leurs finalités ? On se demande. L’arabisation est un facteur qui contribue à la dégradation de l’école censée être républicaine. Que faire ? Pour être bref, les choses suivent leur cours. La politique qui reste le tremplin pour l’ascension se détourne de vraies questions. Les partis qui posent certaines questions essentielles en passant sous silence d’autres ou dont les dirigeants minimisent le sens des choses  ne sont pas reconnus.  Il est important de noter que ces dernières élections ont montré que le citoyen et son vote comptent. Les personnes dites d’extractions serviles ou d’ascendance servile ont manifesté leur rapport de force dans la bataille politique au sein du Guidimakha. Si les survivances idéologiques font écho dans le traitement politique au sein de l’appareil étatique, l’opposition n’en est pas indemne. Il y a une conscientisation face aux enjeux et aux défis économiques, le partage des richesses, etc., au sein des communautés mauritaniennes dont celle haratine longtemps délaissée.

● Question 7 : Sur le cas du Sénégal, nos voisins, durent des remous sociaux et politiques autour de l’opposant Ousmane Sonko du Pastef (dissous récemment), en tant qu’observateur que se joue réellement entre l’actuel régime et le camp Sonko ?

SS : Tout d’abord, il faut souligner ma proximité avec certains cadres du parti des patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef). Disons que la plupart des membres de Pastef sont plus dans le militantisme que dans les calculs politiques. Ils sont dans une logique de construire le Sénégal qui selon la vision de Felwine Sarr ainsi que d’autres intellectuels est entrain de perdre ses acquis démocratiques. Ces «remous» partent de l’expression de la volonté de l’actuel président de réduire l’opposition à sa simple expression». Ce type de pensée est connu des chefs d’Etats dans les démocratures. On remarque l’instrumentalisation de la justice, des arrestations arbitraires, des femmes séparées de leurs nourrissons,des hommes torturés, des personnes qui optent pour le silence dans une atmosphère de tension politique où toute cette brutalité est dirigée vers les Patriotes et leur président arrêté. La question du troisième mandat est écartée, le pouvoir en laissant cette opposition faire campagne risque de se retrouver devant les tribunaux. Quelques personnes de l’administration, juges, etc., refusent de céder à des manœuvres politiques qui ne disent pas leurs noms. Ce qui m’impressionne, au Sénégal, deux membres d’une même famille peuvent être de bords politiques différents, tout en étant dévoués. Cela montre la maturité politique des sénégalais. Tout de même, quel que soit celui qui présidera aux destinées du Sénégal, il aura pour premier objectif politique de décrisper la scène politique.

● Question 8 : En quelques mots, quelle substance en matière de réflexion donnez-vous comme définition au panafricanisme aujourd’hui ?

SS : Le panafricanisme est un mouvement politique et idéologique qui va de l’histoire africaine (esclavages, colonisation…), de la lutte pour l’indépendance, de la philosophie africaine, culture, et tant d’autres choses pour mettre en avant une unité africaine. Cette idéologie s’attaque de prime abord à l’impérialisme économique et au néocolonialisme, de nos jours. Je conseille un enregistrement avec Dr Amzat  sur ma page les Live de Souleymane Sidibé intitulé : Le panafricanisme à l’ère du numérique. Il est historien spécialiste du panafricanisme.

~Réalisé par KS pour le BLOG

● Communiqué de presse Hommage à la présidente Fatimata Mbaye – [IRA-Mauritanie]

Initiative de Résurgence Abolitionniste(IRA)

Communiqué de presse
Hommage à la présidente Fatimata Mbaye

Initiative de Résurgence Abolitionniste (IRA) se félicite et félicite les organisations et activistes des droits de l’Homme en Mauritanie à l’occasion de la nomination de la présidente Fatimata Mbaye à l’occasion de sa nomination par le secrétaire général des Nations-Unies comme membre du Conseil d’administration du fonds des contributions volontaires des Nations-Unies sur les formes contemporaines d’esclavage. IRA souhaite beaucoup de succès à maître Fatimata Mbaye, défenseuse déterminée, pleine de constance et d’abnégation contre des différentes et multiples violations des droits et dignité de personnes en Mauritanie. La présidente de l’AMDH (Association Mauritanienne des Droits de l’Homme) a été non sans courage et désintéressement total, avec toutes les victimes dont les nombreuses vagues de détenus d’opinion parmi les rangs de l’ONG IRA au fil des années.
Nous remercions vivement les différentes instances des Nations-Unies dont le secrétaire général, de cette reconnaissance très largement méritée.

Nouakchott, 10 octobre 2023

La commission de la communication

● Le Grand Entretien du Blog | Notre invité est Coulibaby Papa Hamady alias Yimbi kumma

La rubrique Grand Entretien du Blog (Le GEB) de votre Blog vous propose une interview spéciale avec l’artiste mauritanien originaire de la ville de Selibaby (Guidimagha). Il s’agit de monsieur Coulibaby Papa Hamady connu sous le surnom Rappeur Yimbi kumma . Très investi dans l’environnement musical, il nous livre gentiment son portrait d’acteur multidimensionnel. Nos remerciements à lui pour sa disponibilité pour cet entretien.

Vous pouvez découvrir et suivre ses activités à travers son site internet https://www.yimbikumma.com .

Ci-dessous ses réponses à nos 6 questions de l’entretien :



● Question 1 : Bonjour monsieur Coulibaby Papa Hamady, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Papa Hamady Coulibaby : je m’identifie comme un homme aux multiples casquettes. Sur le plan professionnel, je suis un artiste, producteur, manager et consultant en musique business et marketing numérique. Mon parcours m’a permis d’explorer divers aspects de l’industrie musicale, que ce soit en créant de la musique, en la produisant, ou en aidant d’autres artistes à naviguer dans ce domaine en constante évolution.

Ma passion pour la musique s’est toujours accompagnée d’un engagement profond envers les droits de l’homme et les questions sociales. En tant qu’activiste, je m’efforce de promouvoir l’égalité, la justice et le respect des droits fondamentaux pour tous les individus. Je crois fermement que la musique peut être un moyen puissant pour sensibiliser et inspirer le changement social.

Mon parcours professionnel et mon engagement personnel se rejoignent dans mon travail en tant que consultant, où j’aide les artistes et les professionnels de l’industrie musicale à développer leurs carrières et à utiliser les outils numériques pour atteindre un public plus large.


● Question 2 : Vous êtes connu dans le paysage Rap mauritanien sous le surnom Yimbi kumma, originellement quel fut l’élément inspirateur qui vous a mené à ce mouvement musical ?

PHC : En effet, je suis connu sous le surnom de Yimbi Kumma, ce qui signifie en français « feu et flamme. » Cette appellation a une signification profonde pour moi, et elle est étroitement liée à l’élément qui m’a inspiré à m’engager dans le mouvement musical rap en Mauritanie.

Mon inspiration est née de l’obscurantisme qui caractérise parfois notre communauté. J’ai observé que nous vivons dans un environnement où de nombreuses réalités sont occultées, où les problèmes et les injustices restent souvent invisibles. Je me suis dit que nous vivions dans un endroit « noir » au sens figuré, où les gens ne parvenaient pas à voir devant eux, à percevoir les problèmes qui les entourent.

Le nom « Yimbi Kumma » est né de cette idée. Mon objectif était d’apporter de la lumière, de la clarté, et de faire en sorte que les gens puissent enfin « voir » la réalité de leur situation. Je voulais qu’ils prennent conscience des erreurs et des inégalités qui existent dans notre communauté, et je croyais fermement en la puissance de la musique, en particulier du rap, pour transmettre ce message de manière forte et percutante.

En somme, mon nom artistique, Yimbi Kumma, symbolise mon désir de briser l’obscurité, de révéler la vérité, et d’inspirer le changement au sein de notre société mauritanienne en éclairant les esprits grâce à ma musique.

● Question 3 : si vous deviez faire un bilan de votre carrière, quels sont les moments forts et les thématiques clés abordées que vous citerez en priorité ?

PHC : Si je devais faire un bilan de ma carrière, il y a eu de nombreux moments forts, chacun avec sa signification particulière. Cependant, je vais mettre en avant trois moments clés qui ont marqué ma trajectoire artistique.

Le premier moment fort qui me vient à l’esprit est l’arrivée de la radio jeunesse, où la communauté soninké a eu l’occasion de me découvrir. C’était une période cruciale où ma musique a commencé à toucher un public plus large, et cela a été une expérience très gratifiante.

Le deuxième moment fort a été lorsque j’ai réussi à me faire une place au niveau national. À l’époque, c’était un défi de taille, car je venais de la région de Guidimakha, et les rappeurs des régions n’étaient pas toujours reconnus à Nouakchott. Cela a exigé beaucoup de courage et de détermination pour m’imposer dans le paysage musical mauritanien. Je tiens à exprimer ma gratitude à mon ami Monza, qui m’a toujours soutenu et tendu la main quand j’en avais besoin. Son soutien a été essentiel.

Le troisième moment fort que je souhaite mettre en avant a été la rencontre avec mon public lors de la tournée des vacances de 2009. Cette tournée a été inoubliable pour moi, car elle m’a permis de connecter directement avec mes fans et de ressentir leur enthousiasme et leur soutien de manière tangible.

Ces moments forts ont contribué à façonner ma carrière et à renforcer ma détermination à poursuivre ma passion pour la musique. Chacun d’entre eux représente une étape importante de mon parcours, et je suis reconnaissant envers tous ceux qui m’ont soutenu tout au long de cette aventure musicale. »

● Question 4 : le Rap rime souvent avec éveil de consciences sur des problématiques sociales ou politiques, en Mauritanie et dans la communauté soninké, ce rôle est-il suffisamment porté ?

PHC : Le Rap a toujours été associé à un rôle d’éveil des consciences, que ce soit sur des problématiques sociales ou politiques. Cependant, il est indéniable que l’évolution du Rap au fil des années a conduit à des changements dans la manière dont ces messages sont véhiculés.

Aujourd’hui, il est difficile de prétendre que le Rap rime fréquemment avec un éveil des consciences sur des problématiques sociales ou politiques, tant au niveau mondial que dans nos propres communautés. De nombreux rappeurs qui connaissent un succès commercial se concentrent davantage sur l’aspect divertissant de la musique, répondant ainsi à la demande d’un public qui recherche principalement de l’ambiance et de l’entertainment. Cette tendance peut parfois reléguer les messages sociaux et politiques au second plan.

Cependant, il est important de noter que certains artistes, y compris moi-même, demeurent attachés à la tradition du Rap conscient, porteur de messages forts. Nous croyons en la capacité du Rap à influencer positivement la société en abordant des questions importantes et en éveillant les consciences. Bien que cela puisse parfois signifier nager à contre-courant de la tendance générale, nous restons fidèles à notre engagement envers un Rap révolutionnaire et porteur de sens.

Il est essentiel de maintenir un équilibre entre l’art et le divertissement dans la musique Rap, et de reconnaître la diversité des voix et des approches au sein de cette communauté. Mon espoir est que le Rap continue d’évoluer en tant que moyen puissant d’expression et d’éveil des consciences, même dans un paysage musical en constante évolution. »

● Question 5 : Quel retour pouvez-vous faire sur votre engagement politique lors des élections générales en Mauritanie cette année ?

PHC : Mon engagement politique lors des élections générales en Mauritanie cette année a été plutôt inattendu et motivé par des circonstances particulières. En réalité, je n’ai pas envisagé une carrière politique à proprement parler. Pour être honnête, j’ai simplement choisi de mettre un pied dans l’arène politique pour mieux comprendre ce monde et sentir l’odeur de la politique, comme on dit.

Ma participation s’est concrétisée lorsque j’ai apporté mon soutien à mon grand frère, l’honorable député Balla Touré. Cependant, lorsque le moment est venu de désigner un candidat pour représenter la coalition Espoir Mauritanie dans la diaspora, la situation s’est complexifiée. Conformément à la législation électorale, il était convenu que si le candidat était de la communauté peulh, son suppléant devait être de la communauté soninké ou wolof, voire hassania, de préférence une femme. Par conséquent, la décision a été prise en faveur d’un candidat soninké.

Face à l’absence de femmes soninkés pour occuper cette position, et devant la difficulté de trouver un homme soninké disponible, l’équipe a finalement porté son attention sur moi. C’était une situation à laquelle nous étions confrontés, et il n’y avait pas d’autre alternative que d’accepter cette responsabilité.

Mon engagement politique, bien que survenu par défaut, m’a permis de voir de plus près les enjeux et les défis du processus électoral en Mauritanie. Cela a été une expérience instructive, et je reste ouvert à de nouvelles opportunités pour contribuer positivement à la vie politique et sociale de mon pays à l’avenir.

● Question 6 : dans la communauté soninké, une certaine jeunesse est très attirée par le champ du Rap, étant expérimenté du milieu, quels conseils et alertes pouvez-vous émettre à propos ?

PHC : Il est vrai que le Rap peut être une source d’attraction puissante pour la jeunesse, y compris au sein de la communauté soninké. Ayant moi-même une expérience dans ce domaine, j’aimerais partager quelques conseils et mises en garde à l’attention des jeunes qui souhaitent se lancer dans le Rap.

Tout d’abord, il est important de comprendre que le Rap a des racines historiques qui peuvent être associées à des contextes urbains difficiles et à la culture « gangster ». Cependant, le Rap est avant tout un moyen d’expression artistique, et il ne faut pas confondre le style musical avec des comportements délictueux. Le succès dans le Rap repose souvent sur la discipline, la créativité et le travail acharné.

✍️🏿Entretien réalisé par KS pour le BLOG

● Pacte RFD-UFP-INSAF, prolonger le mandat de Ghazouani jusqu’en 2033 | L’interview au Journal L’Authentique

Le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD) et l’Union des Forces du Progrès (UFP) ont signé avec le parti au pouvoir INSAF, un pacte qui aurait été validé par le président Ghazouani. Il prévoit dans ces grandes lignes un septennat à partir de 2026, selon des échos parvenus à Birame Dah Abeid, député et président du mouvement IRA qui a bien voulu nous accorder cette interview autour de cet accord.

Dans l’entretien qui suit, le président de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), Birame Dah Abeid, député et deux fois dauphin aux présidentielles de 2014 et 2019, revient sur l’accord signé entre le parti au pouvoir, INSAF, et deux parmi les partis d’opposition les plus emblématiques du pays, le RFD et l’UFP.

L’Authentique : quels sont les principaux points que vous avez relevés dans le pacte signé entre le RFD, l’UFP et INSAF ?

Birame Dah Abeid : les principaux points que j’ai relevés dans ce pacte validé par le Président Mohamed Cheikh Ghazouani, signé entre le RFD, l’UFP et le parti INSAF, c’est qu’il n’y a rien de nouveau par rapport à la rhétorique des partis convenants, qui représentent en réalité les milieux proches du pouvoir et dont l’objectif est le maintien de ce dernier. C’est presque une rhétorique de laudateurs qui magnifient ce qui n’existe pas et qui s’en prennent à des boucs émissaires, des forces intérieures qui sont taxés d’ennemis de la paix. Il s’agit d’une vieille rengaine aussi vieille que cette démarche initiée par ces laudateurs, qui pour les besoins du moment, se sont transformés en chasseurs de primes. Déjà, un haut cadre du RFD vient d’être nommé dans un poste de sinécure et un autre, cadre à l’UFP, empêtré dans une sordide affaire vient de voir son calvaire terminé.

C’est étonnant que cette plateforme puisse déclarer que le président Ghazouani a satisfait toutes les doléances de l’opposition. Parce que je n’en connais pas une. Au contraire, il a fait des promesses alléchantes qui ont envoûté le peuple mauritanien, mais il s’est avéré que c’est quelqu’un qui ne tient pas sa parole.

D’autre part, j’ai pu lire dans ce document qu’il y a des forces intérieures qui menacent la stabilité et que l’opposition « clairvoyante » doit s’arrimer au pouvoir pour défendre la paix civile et l’unité nationale. Je me demande qu’elle est cette « opposition clairvoyante » et qui décide de la clairvoyance ou non de telle ou telle opposition.

L’Authentique : est-ce que ces accords engagent l’opposition ?

Birame Dah Abeid : non pas du tout. C’est une charte qui engage l’opposition chauvine, l’opposition dans le système, pour être plus précis, l’opposition beidane chauvine qui est à l’image du ministre de l’Intérieur, Mohamed Ahmed Mohamed Lemine dit Ould Lehweirzi qui avait déjà dit que l’opposition naturelle doit être celle du RFD et de l’UFP, une opposition maure bon teint et bien née. Selon lui, la plèbe constituée des Harratines et des Négros mauritaniens ne mériterait pas d’y figurer.

L’Authentique : aujourd’hui, l’UFP et le RFD, eu égard à leur représentativité politique, peuvent-ils négocier au nom de toute l’opposition ?

Birame Dah Abeid : c’est en réalité paradoxal puisque le RFD et l’UFP dans leur coalition présidentielle de 2019 n’ont obtenu que 2% des voix. Ils sont à la queue, totalement laminés. Lors des élections locales de mai 2023, municipalités, régionales et législatives, ces deux partis n’ont également rien récolté et ils ont été complètement effacés du parlement, des mairies et des conseils régionaux. Il est ainsi étonnant que le pouvoir puisse s’appuyer sur une opposition en désuétude. C’est une manœuvre des milieux chauvins qui cherchent à contrer l’opposition antisystème, droits de l’hommiste, populaire et sociale qui est matérialisée par le RAG/IRA, le FPC, la CVE, le FRUD, etc. Mais aussi par autant de mouvements formés par de jeunes maures qui s’activent sur la scène politique et s’opposent à la gouvernance actuelle.

J’ai vu aussi entre les lignes dans cette charte raciste et exclusiviste, que l’objet réel de la charte reste encore caché, qu’elle relève du domaine du non-dit et du secret. On m’aurait dit que le pouvoir veut procéder à un saupoudrage et passer un vernis sur la constitution, en connivence avec le RFD et l’UFP. L’idée est de rajeunir le pouvoir pour qu’il reprenne une nouvelle virginité, afin que le parti INSAF dans son dialogue avec ces deux partis, puisse repousser les prochaines élections présidentielles de 2024, pour 2026, qu’il puisse reprendre les élections générales locales afin de permettre à l’UFP et au RFD de revenir au parlement ainsi que dans les conseils municipaux et régionaux.

Ainsi, dans ce plan, la Constitution sera tripatouillée avec un nouveau mandat de 7 ans qui permettra à Ghazouani de faire deux septennats. Donc, de 2026 à 2033, plus son actuel mandat. Il s’agirait ainsi, avec le temps, d’emménager une porte de sortie à Ghazouani pour lui éviter le sort de son ancien ami, Mohamed Abdel Aziz.

Pour mener à bien cette machiavélique feuille de route, le pouvoir a ainsi besoin de la caution d’une opposition qui accepte de jouer le jeu, comme le RFD et l’UFP. Un bon alibi pour le pouvoir qui peut se targuer d’être accompagné dans cette « réforme » par deux partis historiques, tant bien même qu’ils n’ont plus d’électorat.

L’Authentique : quelle est actuellement la réaction de l’autre opposition ?

Birame Dah Abeid : tous les partis de l’opposition antisystème, les FPC, le FRUD, RAG, entre autres, se sont vigoureusement prononcés contre ce pacte. Nous pensons que c’est une manœuvre visant à semer la diversion au sein de l’opinion publique nationale et internationale ainsi qu’au sein de la classe politique. Tout cela montre en réalité que le parti INSAF est acculé, ce qui l’oblige à se tourner vers des alliances monocolores de partis maures pour contrer la montée menaçante des laisser pour compte, que cela soit les Harratines, les Négro-mauritaniens, mais aussi une écrasante majorité de la jeunesse maure qui a constaté qu’on lui a toujours agité au nez depuis toutes ces décennies la peur du péril noir harratine sous les différents régimes qui se sont succédés. Cette jeunesse maure consciente tient aujourd’hui à prendre le taureau par les cornes et s’oppose systématiquement à ce pouvoir.

Au niveau de l’opposition, nous allons nous concerter pour nous opposer à cette tentative de conservation du pouvoir, d’autant plus que ce plan s’il se réalise va creuser le fossé entre les communautés, entre le pouvoir et la jeunesse maure qui était massivement représentée au sein de l’UFP et du RFD et qui a pris son indépendance en ralliant des partis comme le FRUD, ou des mouvements comme KAVANA, connus pour leur verve contestataire et qui font tout pour marquer leur opposition au système actuel.

Il faut impérativement annihiler cette tentative de reproduire l’actuel pouvoir sous un faux habillage et dans une alliance avec une fausse opposition. Nous allons commencer dès à présent à constituer un front de résistance. J’en ai déjà parlé à Samba Thiam, président des FPC, mais aussi au parti FRUD et nous allons élargir le cercle des concertations.

Propos recueillis par CHEIKH AIDARA

©️ Source en lien https://aidara.mondoblog.org/2023/08/26/pacte-rfd-ufp-insaf-prolonger-le-mandat-de-ghazouani-jusquen-2033/?fbclid=IwAR1V_UyHTBdyyq6vOdnHFlpxov90NcnpLGLOKcTaHTRR7wtzY6WDcPYMXoQ

● Le Grand Entretien du Blog | Avec l’honorable député Khally Mamadou Diallo

La rubrique Le Grand Entretien du Blog (Le GEB) vous propose une interview exclusive avec un jeune mauritanien très connu dans dans l’écosystème médiatico-humanitaro-politique dans son pays. Élu à l’assemblée nationale sous les couleurs de la Coalition Espoir Mauritanie lors des élections générales passées (Mai 2023), l’honorable député Khally Mamadou Diallo répond à nos questions soumises dans cet entretien. Le « lanceur d’alertes » dispose d’une voix de réseautage quasiment viral en prenant partie publiquement pour dénoncer, révéler et interpeller les pouvoirs publics sur différents manquements et dysfonctionnements constatés dans tels ou tels domaines.



Question 1 : Bonjour l’honorable député monsieur Diallo, nos remerciements pour votre disponibilité, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Khally Mamadou Diallo : Merci à vous et votre organe de m’avoir choisi pour cet entretien. Je suis khally Mamadou Diallo, le député que le peuple mauritanien a porté à l’assemblée nationale pour défendre son intérêt.

Question 2 : vous étiez une figure connue à travers le champ humanitaire notamment au sein de La Marmite du Partage, qu’est-elle devenue cette institution à ce jour ?

KMD : Cette institution est devenue beaucoup plus efficace car réorientée dans le développement. Nous venons de clôturer un projet de 35 robinets pour 35 familles à dar El beyda dans le quartier « sans fiche ».
Cependant nous avons aussi changé de stratégie, moins de bruit et plus d’actions sur le terrain. L’humanitaire c’est mon ADN.

Question 3 : Lors de la présidentielle de 2019, vous avez soutenu la candidature de l’ancien premier Ould Boubacar (classé 3ème), aux élections générales de cette année (Mai 2023) vous devenez député sous les couleurs Espoir Mauritanie avec le parti Frud , que pouvez-vous nous dire sur cette expérience politique jusqu’alors?

KMD : Sidi Mohamed Ould Boubacar a été mon candidat aux élections de 2019, il était là en tant que candidat indépendant, aujourd’hui qu’il n’a plus continué le projet politique qu’il nous avait proposé. Ainsi j’ai décidé de continuer mon chemin afin de gagner davantage d’expérience politique, et c’est fascinant.

Question 4 : régulièrement vous relevez et portez devant l’opinion publique certains cas de violations des droits humains et divers dysfonctionnements, quel bilan faites-vous sommairement des différents traitements apportés par les services étatiques (administratifs, judiciaires et autres) en la matière ? Et des manquements également ?

KMD : Effectivement, car je suis quelqu’un qui est dans le camp de l’opposition au système d’exclusion mis en place. Et je reste quelqu’un de sincère dans ce combat, je pense qu’il est important de relever et poser des problèmes afin de trouver des solutions, car en réalité le peuple nous a portés à l’hémicycle pour cela.
Certains problèmes posés ont trouvé des solutions et d’autres sont sans suite.
L’essentiel est que tous les problèmes que nous avons posés sont irréfutables et sont surtout pour l’intérêt général.

Question 5 : ces derniers temps, différents indices avancent qu’il y aurait un projet d’accord politique entre les partis Rfd et Ufp (issus de l’opposition) et le principal parti du pouvoir Insaf, quelle analyse faites-vous de cette éventualité ?

KMD : J’ai appris cela comme ça dans les réseaux sociaux mais j’ai aucune information claire à propos et de toutes les façons cela ne m’engage en rien puisque je suis de la Coalition Espoir Mauritanie. Ainsi dire seuls les membres du Rfd et Ufp pourront clarifier l’opinion sur cette affaire.

Question 6 : sur les problématiques liées à l’esclavage et au féodalisme en Mauritanie, selon vous quelles seraient les stratégies nécessaires pour éradiquer efficacement ces phénomènes présents diversement dans toutes nos communautés ?

KMD : Le féodalisme et l’esclavage sont des phénomènes à combattre et la seule stratégie c’est l’application des lois, hélas nous sommes un pays spécial et fort dans la conception des lois mais jamais nous ne les appliquons et c’est regrettable.
Il faut aussi combattre ces phénomènes sans verser dans la haine et la rancune mais plutôt mettre en place une approche où toutes nos communautés participeront à l’éveil des consciences. C’est très difficile mais c’est possible d’y arriver.

Question 7 : à l’international notamment dans notre sous-région ouest-africaine, différents théâtres de crises multidimensionnelles (politiques, coups d’État, sécuritaires, migrations…) existent, quels commentaires pourriez-vous en nous faire ?

KMD : Tout cela n’est que le résultat des dictatures africaines. Le manque de considération de la jeunesse, l’absence des libertés d’expression, l’absence de perspectives concrètes, sont autant de facteurs qui font que l’Afrique bouge dans des sens interdits.
De principe je suis contre toute forme de coups d’État, nos pays ont besoin de stabilité et cela ne peut être obtenu que dans la paix et la démocratie.

Question 8 : un grand nombre de la jeunesse mauritanienne quitte ou ambitionne à quitter le pays vers les États-Unis, quelle analyse faites-vous sur ce phénomène migratoire ?

KMD : C’est une preuve de l’échec de notre gouvernement.
Notre jeunesse fuit notre pays car elle est marginalisée, malmenée et sans considération. Par conséquent cela crée des frustrations et donc pousse la jeunesse à quitter, ce qui est déplorable.

Question 9 : l’élection présidentielle est prévue l’année prochaine en Mauritanie, quelles perspectives en termes de possibilités d’alternance ? Quelle formule serait idéale pour le camp de l’opposition face au pouvoir en place ?

KMD : Pour la présidentielle de 2024, je soutiens l’honorable député Maître Elid Mohameden Mbareck. Je vous remercie.

• Réalisé par KS pour le BLOG

● Le Grand Entretien du Blog | Avec monsieur N’djim Boubacar (MSDH – Mali)

La rubrique Grand Entretien du Blog (Le GEB) vous propose l’interview accordée par monsieur Boubacar N’djim. Le coordinateur national du Mouvement pour la Sauvegarde des Droits de l’Homme est un dynamique activiste dans l’arène droit-de-l’hommiste au Mali notamment l’engagement anti-esclavagiste. Il nous brosse quelques données de son militantisme et aborde l’actualité dans la sous-région ouest-africaine. Monsieur N’Djim, expert en gestion des conflits, est affilié à plusieurs structures dédiées à la défense des droits humains au Mali, comme la Coalition nationale des défenseurs des droits de l’Homme du Mali.

~ Ci-dessous ses réponses à nos questions :

Question 1 : Bonjour monsieur N’Djim Boubacar, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

BN : Je suis un jeune activiste de la societé civile et militant des droits de l’homme au Mali, je suis très connu dans la lutte contre l’esclavage par ascendance au Mali surtout dans le milieu soninké.

Question 2 : Vous êtes une voix publique droit-de-l’hommiste au Mali depuis quelques années à travers le Mouvement pour la sauvegarde des droits humains (MSDH), actuellement quelle est la situation générale en matière de droits humains dans votre pays?

BN : La situation des droits de l’homme au Mali demeure préoccupante malgré la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation, qui parle de droits de l’homme parle de justice sociale selon un rapport publié le 06 Janvier 2023 par la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH).
L’accès des personnes déplacées à l’emploi formel peut les empêcher d’être victimes des formes contemporaines d’esclavage.
Malgré les efforts déployés pour faire avancer la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, de nouvelles difficultés sont apparues après que les mouvements signataires ont décidé de suspendre leur participation au mécanisme de suivi de l’Accord jusqu’à la tenue d’une réunion avec l’équipe de médiation internationale, destinée à discuter de l’avenir du processus de paix. Alors que l’insécurité continue de compromettre le rétablissement de l’autorité de l’État, la mise en œuvre de la stratégie de stabilisation des régions du Centre reste essentielle pour remédier à la situation actuelle.
En dépit des défis complexes et multiformes il existe quelques éclaircies dans le domaine du processus de transition, dans le renforcement des capacités des Forces de Défense et de Sécurité Maliennes, la coopération face à la lutte contre le terrorisme. Tout cela semble être dissimulé par les effets d’une fracture géopolitique mondiale dont le Mali semble être l’épicentre en Afrique de l’Ouest, une situation qui génère tensions, polarisation, défiance généralisée et malsaine entre le Mali et une certaine partie de la communauté internationale et notamment la MINUSMA.

Question 3 : la lutte contre l’esclavage par ascendance fait partie de votre champ d’engagement, quelle analyse-bilan faites-vous sur cette problématique et son traitement par les autorités maliennes ?

BN : Oui effectivement la lutte contre l’esclavage fait partie de nos objectifs, Certaines personnes naissent en esclavage au Mali parce que leurs ancêtres ont été capturés comme esclaves et que leurs familles « appartiennent » aux familles propriétaires d’esclaves – appelées « nobles » – depuis des générations. Les « esclaves » sont contraints de travailler sans rémunération, peuvent être hérités et sont privés des droits humains fondamentaux.
De nos jours ce phénomène a engendré plusieurs morts et plusieurs centaines de déplacés dans la seule région de Kayes.
On se rappelle attaques à Lani dans le Gadiaga, dans le Guidhimaka, du massacre de Diandjoumé , des attaques répétitives à bafoulabé,Nioro,Diema pour ne citer qu’eux.
A la suite de ces différentes violations des droits de l’homme, une fissure s’est installée dans ces communautés qui ont vécu des siècles sans tensions et il faut aussi reconnaitre que ces faits ne sont pas nouveaux ce sont des faits très contemporains.
Il existe une couche qui se dit noble la plus part vient des chefferies et entretient ces coutumes et us légués de façon très rigoureuse.
Apres toutes ces atrocités toutes les organisations qui lutte contre l’esclavage réunies au sein de la Coalition nationale du lutte contre l’esclavage au Mali dirigé par la commission nationale de droits de l’homme ont mené plusieurs actions de sensibilisation et de plaidoyer en vue d’aider les victimes et d’alerter les autorités de transition pour que justice soit faite.
C’est en ce sens que le Ministre de la Justice a instruit aux procureurs généraux du Mali en vue de mettre fin à cette question qui tyrannise notre société.
Une session spéciale de La cour d’Assises de Kayes qui avait pour objectif de juger les infractions en lien avec la question de l’esclavage a été faite et le verdict a été sans appel pour le bonheur qui ne réclamait que justice
Sur 3 Affaires, 100 accusés, 56 détenus.
– 8 personnes condamnées à la peine de mort
-1 condamnation par contumace
-10 condamnations d’emprisonnement avec sursis
-6 condamnations à la réclusion de 5 à 10 ans d’emprisonnement
-11 condamnations allant de 2 à 5 ans d’emprisonnent
-32 acquittements
-2 arrêts civils
Ces personnes sont accusées de crimes liées à la pratique de l’esclavage par ascendance dans les régions de Kayes, Kita et Nioro.
Ceci est un effort louable de la part des autorités pour les victimes de l’esclavage par ascendance au Mali, nous félicitons également la Commission Nationale des Droits de l’Homme du Mali (CNDH) à travers son Président Mr Aguibou Bouaré et toutes les organisations de la Coalition Nationale de Lutte contre l’Esclavage au Mali (CONALEM) qui ont œuvré pour que justice soit rendue.
Par ailleurs toujours dans le cadre de la protection des victimes nous sollicitons de la part du gouvernement ;
Le retour rapide des victimes déplacées internes et de l’esclavage par ascendance ;
Et l’adoption d’une loi réprimant l’esclavage et les pratiques assimilées.
L’État est le seul garant de l’effectivité de cette justice sociale, et le Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme Mr Mamadou Kassogué se sont personnellement investis pour une bonne redistribution de la justice.

Question 4 : Quelle lecture faites-vous de sa situation politico-sécuritaire globale dans notre sous-région, nombreux coups d’État (Guinée Conakry, Burkina Faso, Mali et Niger..) ?

BN : Les coups d’État militaires en Afrique de l’Ouest suscitent des préoccupations majeures en termes de stabilité politique, de démocratie, de droits de l’homme et de développement. En renversant brusquement des gouvernements élus, les coups d’État créent souvent une instabilité politique, perturbent les institutions démocratiques et génèrent un climat d’incertitude.
Ces événements contredisent les progrès démocratiques accomplis dans la région. Les principes démocratiques sont violés lorsque l’ordre constitutionnel est renversé par la force. Les impacts économiques sont également notables, avec des investissements et des échanges perturbés, entraînant des répercussions négatives sur le développement économique.
En parallèle, les coups d’État peuvent occasionner des violations des droits de l’homme, allant de la répression des libertés civiles à la censure médiatique et à l’usage excessif de la force. Les groupes marginalisés sont souvent davantage vulnérables dans ces périodes de troubles.
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et d’autres acteurs internationaux jouent un rôle crucial dans la prévention et la réaction aux coups d’État. Des pressions régionales et internationales sont exercées pour rétablir rapidement l’ordre constitutionnel.
Les raisons des coups d’État sont complexes, allant de la corruption à la mauvaise gouvernance, des inégalités sociales aux tensions ethniques. Le contexte politique et social joue un rôle central, tout comme la prolifération des armes dans certaines régions.
Chaque coup d’État est unique, mais la stabilité politique, la démocratie et le respect des droits de l’homme restent des défis constants. Des efforts soutenus sont nécessaires pour promouvoir des transitions pacifiques du pouvoir et renforcer la gouvernance démocratique dans la région.

Une partie de la population de ces pays veut de nouveaux alliés en ont marre de partenaires comme la France ou les Etats-Unis » Une partie veut de nouveaux alliés et même les Sénégalais en ont marre de partenaires comme la France ou les Etats-Unis » mais on ne peut ignorer que l’appel à une ‘voie panafricaine’ se fait de plus en plus sentir. Attendons de voir ce que cela va donner. Cependant, les crises politiques ne se résolvent pas par les armes mais par le dialogue. Des organisations comme la Cédéao et l’Union africaine, elles devraient prévenir les conflits, au lieu de cela, ils ont un pouvoir limité, étant dirigés par ces dirigeants contre lesquels les populations protestent ». Comme le président Macky Sall, qui au Sénégal est accusé de vouloir se présenter pour la troisième fois aux prochaines élections, alors même que la Constitution l’interdit. Pour mettre un terme aux coups d’État en Afrique de l’Ouest, il est essentiel d’adopter une approche globale impliquant des actions nationales, régionales et internationales.

Tout d’abord, le renforcement de la démocratie demeure une priorité majeure. Les nations doivent consolider leurs institutions démocratiques, garantir la primauté du droit et assurer des processus électoraux transparents. En promouvant des voies légales pour les changements de leadership, on réduit la tentation de recourir à des méthodes non démocratiques telles que les coups d’État.
Les dirigeants politiques jouent un rôle crucial dans la prévention des coups d’État. En adoptant un leadership éthique, en luttant contre la corruption et en protégeant les droits de l’homme, ils renforcent la confiance des citoyens dans le système politique et dissuadent les actions illégales.
Réduire les inégalités sociales et économiques est également essentiel. Une société plus inclusive, avec des opportunités équitables, diminue les frustrations qui pourraient conduire à des soulèvements et à des troubles politiques.
Une réforme des forces de sécurité est impérative. Les armées doivent être professionnelles, apolitiques et soumises à un contrôle civil rigoureux. Former les forces armées à la responsabilité, aux droits de l’homme et au respect de la constitution renforce leur rôle en tant que gardiennes de la stabilité.
Le dialogue politique est une arme puissante pour résoudre les différends politiques. Encourager les négociations et la médiation entre les différentes parties prévient les conflits qui pourraient dégénérer en coups d’État.
La médiation régionale et internationale est un pilier essentiel. Les organisations régionales comme la CEDEAO doivent jouer un rôle actif dans la prévention et la résolution des conflits. Les pressions diplomatiques et les sanctions économiques peuvent décourager les acteurs impliqués dans les coups d’État.
L’éducation civique est un investissement vital dans la prévention des coups d’État. Sensibiliser la population aux valeurs démocratiques, aux droits de l’homme et aux méthodes pacifiques de résolution des conflits favorise une culture de la paix.
Le renforcement économique est un rempart contre l’instabilité politique. Promouvoir un développement durable et la création d’emplois réduit les tensions socio-économiques qui peuvent alimenter les troubles politiques.
Le soutien aux médias indépendants est crucial. Les médias libres jouent un rôle crucial en surveillant le pouvoir et en informant les citoyens. Protéger leur liberté est une garantie contre les abus de pouvoir.
Enfin, la promotion de la stabilité régionale est essentielle. La coopération entre les pays pour résoudre les conflits transfrontaliers et promouvoir la paix est un élément clé dans la prévention des coups d’État.
En somme, mettre un terme aux coups d’État en Afrique de l’Ouest nécessite une approche à long terme, impliquant un engagement résolu en faveur de la démocratie, des droits de l’homme et de la stabilité économique, à la fois aux niveaux national, régional et international.

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