● Traque des « sans-papiers » en Mauritanie : Le cri de cœur des immigrés guinéens…[Africa Guinée]

Africa Guinée – Certains ressortissants guinéens vivant à Nouakchott (Mauritanie) traversent une situation pénible. Depuis quelques mois, les autorités mauritaniennes ont durci les mesures contre les étrangers en situation irrégulière.

Une campagne de traque et de renvoi des immigrés sans-papiers a été enclenchée par les autorités du pays, a appris Africaguinee.com. Selon nos informations, des milliers de guinéens font face à cette situation à Nouakchott ainsi que dans d’autres régions du pays.

Mamadou Hassimiou Diallo est un guinéen résident en Mauritanie et président de l’association dénommée « l’Amical guinéo-mauritanienne ». Il a fait 13 ans dans ce pays de l’Afrique occidentale. Interrogé, il revient sur cette situation.

« Ce sont tous les étrangers en situation irrégulière (guinéens, sénégalais, maliens, etc), qui font face à cette rafle. La particularité des guinéens, c’est l’absence de leur Etat. Nous n’avons ni ambassade, ni consulat. Ce qui signifie que le guinéen ne peut avoir les documents d’identification de son pays sur place, notamment le passeport, qui est obligatoire pour se régulariser.

Nos autorités qui doivent trouver les moyens de mettre les documents d’identité à la disposition de leurs ressortissants vivant en Mauritanie. A défaut d’une ambassade, il faut ouvrir un consulat général en Mauritanie ou au moins, envoyer une mission consulaire pour délivrer des passeports, des extraits de naissance et des cartes d’identité à nos compatriotes sur place. Ensuite, comme l’ont fait les ivoiriens, il faut négocier avec les autorités mauritaniennes pour exempter les guinéens de visa et des cartes de séjour ou du moins, faciliter leur accès« , confie ce ressortissant guinéen.

Notre interlocuteur précise aussi que l’irrégularité empêche énormément des guinéens d’avoir un emploi formel malgré leur compétence. En outre, ce phénomène les empêche également de se déplacer librement et même de pouvoir acheter un abonnement téléphonique.

« Nous avons à maintes reprises interpeller les autorités guinéennes pour trouver une solution aux problèmes des guinéens de Mauritanie. Nous espérons que celle-ci (interpellation à travers la rédaction d’Africaguinee), sera la bonne », a exprimé Hassimiou.

Selon un autre guinéen, la traque des sans-papiers en cours affecte particulièrement les guinéens très nombreux dans ce pays.

« Traditionnellement, les ouest africains ne souffraient pas de tracasseries dans ce pays qui partage un long héritage avec les guinéens. Depuis toujours, les guinéens y vont pour le négoce, mais aussi et surtout pour les études religieuses. A cette liste vient s’ajouter celle très importante des candidats à la traversée des Côtes espagnoles. Il se trouve que la Guinée ne dispose pas encore d’ambassade à Nouakchott ce qui complique davantage la situation », a confié cette autre source à notre rédaction.

Problématique de recensement

Il n’y a [pratiquement] pas de recensement exhaustif des guinéens résidents en Mauritanie, « surtout les clandestins », explique-t-il. Néanmoins, monsieur Diallo, estime le nombre des guinéens à une trentaine de milliers.

Pour notre interlocuteur, il n’y a pas de bureau qui réunit les ressortissants guinéens vivant en Mauritanie. Simplement, parce que le bureau qui existait leur a été imposé. Ce qui a créé une désunion entre eux. « Rien n’est en train d’être fait. Car il n’y a pas un bureau légitime pour faire quelque chose. »

Dansa Camara DC

● Lien média https://cridem.org/C_Info.php?article=769616

● L’enrôlement biométrique des populations en Mauritanie | Cette deadline du 31 décembre plus que problématique !

📷 illustration ici commune de Dafort (Guidimagha)

S’il y a une copie à revoir en urgence par les autorités mauritaniennes, ce sera l’arrêté ministériel 0698 du 4 juillet 2023 concernant la date limite de l’enrôlement biométrique des populations selon la procédure normale, voir son article 19 . En matière d’état civil, chantages et pratiques illisibles sont de nature à ourdir de graves problématiques du futur liées à la nationalité. Sérieusement le temps urge, et le compte ne semble y être pour recenser toutes nos populations de l’intérieur comme de l’extérieur. En Mauritanie, un territoire de plus 1 million de kilomètres carrés avec une population estimée à 4,614 millions (données 2021), a besoin d’une dynamique démographique plus que jamais. Comparativement à la France qui fait 551 695 kilomètres carrés avec une population estimée (67,75 millions, données 2021) presque 15 fois celle de la nôtre, nous verrons qu’il y a de la marge et surtout aucun risque d’embouteillages à propos de la densité. Ce qui cloche aujourd’hui avec ce processus d’enrôlement biométrique qui s’étire étrangement depuis plus d’une décennie, est lié à de mécanismes nébuleux. Nos terres sont vastes, mais aujourd’hui fatalement très sous peuplées. À ceux qui dirons qu’elles sont inhospitalières à cause des conditions climatiques, et oui justement il nous faut beaucoup de « cerveaux fertiles » qui surgiraient d’une certaine vitalité démographique pour dompter cet environnement. Il est temps que l’état profond de la gouvernance politique réévalue la marche en cours. Le prisme de la donne ethniciste qui sous-entend la politique démographique est une impasse à long terme. Le délai serré vers le 31 décembre prochain de l’arrêté susmentionné est intenable pour enregistrer tous les cas non recensés. Les échos remontés du terrain notamment dans différentes localités du sud (Guidimagha notamment) abondent dans le même sens : les opérations sont lentes et émaillées de divers micmacs opératoires. Alors, que les hautes autorités donnent le temps au temps pour enfin mener judicieusement ce processus d’enrôlement biométrique transformé « volontairement » en serpent de mer multicolore. Aucun et aucune mauritanien.ne de l’intérieur ou de l’extérieur ne doit connaître une injuste apatridie sur le sol de ses ancêtres. Ce serait d’une gravité innommable, notre nationalité n’a pas besoin d’une violence administrative en soustrayant de pans de la population à cause des visées politisées foncièrement chauvines et raciales.
La copie de cette échéance décrétée est à revoir nécessairement…!

Le président de la république en personne doit être sérieusement informé sur la situation en cours. Dans nos villages et localités, les populations concernées demandent d’être bien accueillies et voir leurs cas traités normalement par les commissions en charge. L’atmosphère actuelle dans certaines zones comme le cas de la commune de Dafort, est à l’excitation autour du point de l’état civil toujours bondé. Et à moins de 9 semaines de la fin du délai fixé par l’arrêté, le pessimisme règne à propos, tout ce monde peut-il être enrôlé à temps ?

● KS pour le BLOG