● Note de lecture | Islam en Afrique de l’Ouest, entre ouvertures et couvertures depuis plusieurs siècles.



Cet ouvrage paru en octobre 2024, essaie succinctement de donner une source-ressource historique et sociologique sur l’arrivée timide et l’évolution plus ou moins mouvementée de la dernière Révélation Divine parmi les peuples ouest-africains. L’auteur y effectue un traçage narratif avec une prudence intellectuelle soutenue en remontant sur plus de mille ans dans la frise chronologique du calendrier chrétien. L’histoire de la géopolitique sahara-sahélienne de son pan occidental, y est revisitée en trame de fond. Peuples berbères, berbères arabisés, arabes, soninkés, peulhs, mandingues, sossos, songhaïs, haoussas et bien d’autres ont vu et vécu diverses expressions et transformations sociales, politiques, religieuses et économiques par et autour de l’élément « Islam » arrivé conséquemment du Nord (l’actuel grand maghreb) aux environs courant 8ème…9ème siècle. Au départ, introduite en milieux élitistes chez certains dignitaires regnants du Wagadou (le célèbre empire soninké du Ghana ancien) ou (et) chez des dirigeants Tekrouriens, la religion musulmane constitue aujoud’hui une facette essentielle de l’identité confessionnelle de plusieurs millions d’individus ouest-africains. Par le passé, selon un instructif décryptage de cet ouvrage, différents cheminements de prosélytisme ont alterné d’une zone à une autre selon des réalités socio-politiques en vigueur. Certains empereurs mandingues, songhaïs et d’autres rois ou princes de différentes communautés l’ont adopté comme référent juridique de leur gouvernance politique d’une période à une autre. Une mention fournie a été faite concernant l’arrivée et le développement des ordres confrériques soufis (Qadriyya, Tijaniyya et Sanûsiya) dans un environnement social déjà nominalement ou profondément islamisé. L’activisme réformateur voire révolutionnaire a été enclenché courant 18ème – 19ème siècle, avec comme carburant idéologique, l’islam à revivifier ou l’imposition pour certains d’un hégémonisme politique aux relents clairement ethnicistes et communautaires.

Il y est rapporté que lors de l’apogée de l’empire songhaï, un neveu du chérif al-‘Abbâs (de la Mecque) s’est installé à Toumbouctou et y épousa des femmes noires. Et, un clan de descendants noirs du Prophète (psl) y était institué. Ce qui peut expliquer peut-être aujourd’hui certaines prétentions d’ascendance chérifiennes dans la sous-région.

L’ouvrage n’oublie pas en filigrane de noter le froissement intellectuel et culturel occasionné par un vif attrait pour l’activité éducative et instructive de haut niveau autour des sciences islamiques.

Lors de la colonisation européenne, les rapports peuvent se résumer plus ou moins entre conflictualités, compositions et exploitations mutuelles des uns et des autres en fonction des circonstances et des intérêts politico-confessionnels en jeu.

Un livre peu volumineux mais très utile pour acquérir et affiner quelques données historiques essentielles d’une longue et dense période de l’avènement de l’islam et son évolution dans notre zone.

À recommander !

● KS pour le BLOG

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