Communiqué de presse – GANBANAAXU FEDDE : le cas des détenus de Lixeiba

Nous , mouvement d’éveil citoyen et humaniste, GANBANAAXU FEDDE (Aile – Mauritanie), tenons à attirer l’attention des autorités mauritaniennes et l’opinion nationale et internationale sur le cas des détenus de Lixeiba dans la région du Gorgol. Arrestations survenues au cours des événements post-électoraux suite au scrutin présidentiel du 22 juin 2019. Depuis monsieur Sall Ghaly et ses camarades, annoncés membres de l’alliance politique ayant porté Mr Hamidou Baba Kane comme candidat , la CVE (Coalition Vivre Ensemble), croupissent derrière les barreaux dans des circonstances troublantes.

Ainsi, nous exprimons notre soutien fraternel et citoyen aux détenus et à leur entourage familial et militant.

Nous demandons aux autorités, à prendre toutes les mesures nécessaires afin de mettre fin au calvaire carcéral de ces compatriotes.
Avec le timide souffle de décrispation politique constaté et porteur d’espoir ces derniers temps avec les entrevues entre le président Ghazouani et certaines personnalités politiques, le cas en suspens de ces détenus nous paraît anormal et injuste.

9/10/2019

🔹️Pour la Communication GANBANAAXU FEDDE – Armepes (Aile – Mauritanie)

Mauritanie : Et, si le nouveau Ministre de la justice adopte la justice du XXIème siècle comme principe pour améliorer le quotidien des justiciables mauritaniens ?

Généralement dans le département du Ministère de la justice, ceux qui réussissent ce ne sont pas les praticiens du droit encore moins les techniciens du droit mais plutôt les théoriciens du droit. Tel est le cas de Mme la ministre de la justice française, garde des sceaux (Nicole Belloubet), professeure de droit constitutionnel. Comparaison n’est pas raison, le Ministre mauritanien de la justice est également un théoricien du droit (qui a enseigné le droit depuis plus de 20 ans sur la planète terrestre), et qui connait particulièrement le département du Ministère de la justice et ces rouages. Car avant d’être nommé ministre de la justice, il fut chargé de mission dans ce même département depuis fort longtemps. Nous pensons qu’il est en mesure de reformer le droit mauritanien dans son ensemble afin d’adopter la justice « postmoderne », pouvant contribuer à améliorer le quotidien des justiciables mauritaniens. Car, que l’on soit riche ou pauvre, la justice d’une manière générale demande une économie : Une économie humaine, une économie financière, une économie de temps, une économie relationnelle, et une économie de paix sociale.
En effet, toute société a besoin d’une justice garante des libertés, efficace et impartiale : efficace pour garantir la sécurité des gens, impartiale pour que vive le système de valeurs commun. Quand le doute s’installe, la société tout entière peu à peu se déchire (B. Deffains, 2015). Cette insatisfaction à l’égard de la justice est au cœur de nombreux débats partout dans le monde, particulièrement en Mauritanie. Les justiciables expriment, en effet, un sentiment de défiance envers une justice qu’ils qualifient plus souvent de « lente, partiale, onéreuse, complexe, formaliste et peu accessible » tandis que les professionnels du droit, en particulier les magistrats, se plaignent fréquemment de la surabondance des affaires à traiter.
Qu’est-ce que la justice du XXIème siècle ?
La crise de la justice partout dans le monde invite à une gestion plus rationnelle de l’institution judiciaire en même temps qu’elle dissuade les justiciables d’y recourir afin d’échapper aux coûts financiers et aux délais du traitement juridictionnel de leurs conflits (L. Cadiet et TH. Clay, 2018). C’est dans ce sens que les grandes démocraties sont en train de basculer vers un modèle de justice plus « soft », moins couteux, plus humain et calqué sur la paix sociale. La justice du XXIème, c’est les modes alternatifs de règlement des conflits (MARC) ; c’est la préservation de la paix. La justice sans la paix est-elle encore la justice ? Le rapport à l’autre, c’est-à-dire la justice (Levinas).
Avec le développement des MARC, la justice alternative est devenue un « droit postmoderne » et un « droit pragmatique » sous-tendu par une volonté d’action sur le réel. Les MARC, s’inscrivent dans une volonté de négocier ses propres solutions aux conflits, de passer de l’imposé au négocié, de maitriser le traitement du conflit et d’arriver à une solution amiable. C’est une justice plus rapide, moins couteuse et qui prend en compte le lien social. L’expression justice alternative désigne, « l’ensemble des pratiques ou procédures, le plus souvent informelles, de résolution des conflits, impliquant habituellement l’intervention d’un tiers qui, à l’aide de techniques non juridictionnelles, permet de parvenir au règlement d’un conflit opposant deux ou plusieurs parties ». Il s’agit donc une forme de justice qui, dans le contexte d’un droit étatique, entend réagir contre le formalisme de la justice publique ou, hors de ce contexte, permet la résolution des conflits par des voies plus ou moins spontanées qui privilégient le retour à la paix (S. Kerneis, 2012).
Les vertus de la justice du XXIème siècle dans une société en crise
L’idéologie de la modernité soutient essentiellement que le droit est uniquement rattaché à l’Etat politique (centralisme) ; qu’il ne peut y avoir qu’un seul ordre juridique correspondant à un seul espace géographique (monisme) ; et que le droit est toujours le produit d’une activité explicite d’institutions telles que le législateur (positivisme) (R-A. Macdonald, 2002). Ni l’une ni l’autre de ces trois perspectives idéologiques n’est soutenable aujourd’hui comme hypothèse pour penser le droit dans une société pluriethnique, comme celle de la Mauritanie. A ce titre le droit n’existe comme phénomène normatif que dans la mesure où il est reconnu par les citoyens. Le droit est une construction sociale basée sur les interactions humaines.
Pour les anthropologues du droit, le droit est une composante des activités humaines marquée, comme toutes les activités humaines, par la culture et par les formes d’organisation de chaque société. C’est une réalité sociale. En effet, la justice n’est plus incarnée exclusivement par les tribunaux. Il existe aujourd’hui une autre manière de rendre la justice : C’est la justice alternative. Cette justice est à la fois humaine et humaniste qui prend en compte le cordon familial, social et sociétal dans un pays qui, depuis toujours cherche un modèle de justice bien adapté à son tissu social multiethnique. Les modes alternatifs de résolution des différends s’entendent d’un nombre non limité de procédés qui ont pour objet de régler un conflit en recourant à une solution non juridictionnelle voulue par les parties. Les parties décident de leur accord, seules ou avec l’aide d’un tiers indépendant, neutre et impartial.
La pratique de la justice alternative en Mauritanie, permet d’éviter la surcharge des tribunaux, qui entraîne leur paralysie. Ce fardeau excessif accentue également sur le plan qualitatif, la décadence de la qualité des procédures et des décisions judiciaires. A l’heure du numérique, l’image du juge « technicien du droit » est dépassé. Les MARC, s’engagent à réduire les inégalités sociales générées par la pauvreté, l’ignorance, l’analphabétisme, les injustices et le sous-développement et participer activement à la construction de la cohésion sociale. La justice « postmoderne » permet au pays l’accession à un certain niveau de développement et contribuer à garantir la cohésion du tissu social et la quiétude entre les communautés. Un pays qui n’est pas sur les rails de la paix sociale demeure fragile et expose à toutes les secousses politiques, sociales, économiques et judiciaires.
Les MARC correspondent à un changement profond des mentalités face à l’absence de réponse judiciaire adaptée et au développement massif de certains contentieux, à la pénurie des effectifs et au désert judiciaire. En Mauritanie, on dénombre en moyenne, un magistrat pour 50.000 habitants et un auxiliaire de justice pour 70. 000 habitants. Pour remédier cette situation, la Mauritanie a tout intérêt de faire appel aux MARC. L’engorgement des juridictions face à un contentieux de masse rencontre l’insatisfaction des justiciables de voir l’affaire de leur vie traduite en termes uniquement juridiques et dépouillée de sa substance, de son origine même. Humaniser le traitement des conflits, trouver des solutions pérennes et adaptées, procurant un bénéfice mutuel devient primordial pour les grandes démocraties du XXIème siècle.
Toutes les études déjà réalisées dans ce sens par les chercheurs et les anthropologues nous précisent en effet que les MARC répondent à des objectifs variés : Rétablir le dialogue entre les protagonistes, maintenir les relations, garantir la paix sociale, etc. Les MARC contribuent également à réduire le coût social du fonctionnement de la justice (réduction de l’encombrement, des délais et des coûts de la justice).
Approche juridique et anthropologique des MARC
Les Modes Alternatifs de Règlement des Conflits (MARC) ou Modes Amiables de Résolution des Litiges (MARL), qui prend l’acronyme, Alternative Dispute Resolution (ADR), dans les pays Common Law. L’Alternative Dispute Resolution, qui prend son essor aux Etats Unis et dans les pays de Common Law, plaide pour une justice informelle, débarrassée des contingences de l’Etat : il faut rapprocher la justice des citoyens et favoriser leur participation au règlement des litiges (S. Kerneis, 2015). Les MARC sont d’origine contractuelle pour les juristes. Comme le souligne Professeur Cadiet, « la contractualisation du procès » ou « la processualisation du contrat » (L. Cadiet, 1999). Depuis longtemps le contrat a été un mode de solution du litige, qui n’a rien d’extraordinaire. Il s’agit de la justice dans le contrat et la justice par le contrat. C’est dans ce sens que le Doyen Carbonnier, souligne que « toutes les relations juridiques se nouent, se déroulent et se dénouent à l’amiable ».
Pour les anthropologues du droit, le droit ne vient pas principalement de l’Etat, ni des acteurs savants, ni des tribunaux, mais de la société elle-même (N. Rouland, 1991). Comme le souligne Etienne Le Roy, « dis-moi comment tu traites tes conflits, je te dirai quelle société tu es en train de bâtir pour tes enfants ». Les MARC impliquent de prendre actes des attentes de l’autre partie, de son regard porté sur le conflit, sans renoncer à ses propres attentes, à son propre regard. L’approche de la justice, tant à travers ses formes cardinales que ses alternatives plus ou moins institutionnalisées, est déterminée par le type de société qu’on entend promouvoir. La justice alternative, associée à la maitrise des individus, la relation homme –homme permet à la société de se perpétuer et de faire face aux conflits et aux tensions, soit en restaurant l’équilibre initial, soit en trouvant un nouveau : c’est la « justice participative ou restaurative ». Le droit trouve sa source non pas dans la coercition qu’impose le pouvoir politique mais plutôt dans les interactions humaines.
La Mauritanie et les MARC : une réalité très ancienne
Les modes amiables de règlement des conflits ont toujours été pratiqués dans la société africaine avec une absence totale de formalisme. Dans le souci primordial de préserver et de maintenir l’équilibre social, la Mauritanie, a longtemps préféré l’harmonie à la notion d’ordre tirée du principe technique de la règle générale et abstraite qui prévaut dans les pays occidentaux. La structure précoloniale de la Mauritanie ne la prédestinait pas à l’organisation d’un système judiciaire centralisé de type moderne. Composée de tribus et d’ethnies connues pour leurs sédentarismes et leurs migrations chroniques, elle avait institué un modèle de justice simplifié. Les litiges étaient réglés dans le cadre d’une justice coutumière. La justice coutumière est générée par une société essentiellement communautaire, dans laquelle le groupe est la référence première, où l’individu est très fortement intégré dans les structures familiales ou claniques (H. Ramdan, 2009). La règle de droit émane du groupe par consensus pour y être intériorisée et pratique ; le droit a pour fonction de maintenir la paix sociale.
La Mauritanie, avait privilégié la justice amiable avant même son accession à l’indépendance. Comme le souligne Robert Arnaud, « En Mauritanie, se trouvait auprès de chaque émir un cadi chargé en principe de régler toutes les affaires litigieuses ou criminelles. Chaque tribu de marabouts avait elle-même son cadi investi de véritables fonctions d’arbitrage » (R. Arnaud, 1906). De surcroit, les MARC trouvent un fondement religieux dans le Coran (Sourate, An-nisa-Les femmes, verset :35, 58 et 65). Car le droit musulman a énoncé des règles prévoyant différents modes amiables de résolution des conflits issus de la Sunna du Prophète Muhamed (PSL) et du Coran. Il connait ainsi de l’arbitrage « tahkim », de la conciliation « solh » et de la médiation « wassata ». Si l’on en croit les historiens du droit musulman, la justice négociée est une institution qui remonte à la Jahiliyya ou période de l’ignorance antérieure à l’islam. Contrairement aux Empires romains et perses, fondés sur la notion d’Etat. Le succès de cette justice négociée s’explique par sa vocation pacificatrice des relations sociales et familiales.
Le retour des MARC dans le système judiciaire mauritanien :
Les signes évidents du manque de confiance des justiciables en une justice étatique en déliquescence sont nettement perceptibles dans une enquête d’opinion effectuée par Afro-Baromètre en mars 2017. Cette enquête a concerné 53.935 personnes, ressortissants de 36 pays africains dont la Mauritanie fait partie. L’étude indique qu’au nombre de ces personnes, près de la moitié, soit 43%, n’ont pas confiance en la justice. Ces chiffres inquiétants ne pouvaient laisser les pouvoirs publics sans réactions. En Mauritanie, des nombreuses actions ont été entreprises depuis la première organisation judiciaire issue de la loi n° 61. 123 du 27 juin 1961, pour réformer la justice étatique, en changeant de système judiciaire, totalement ou partiellement, il apparait que ces actions ont été inefficaces, voire insignifiantes. Il fallait imaginer d’autres modes de règlement des litiges
Le Code de procédure civile, commerciale et administrative de 1962, avait consacré un chapitre au droit d’arbitrage, mais l’ordonnance n° 84. 164 du 9 juillet 1984 avait ignoré cette institution. Il a fallu attendre janvier 2000 pour que la Mauritanie, légifère une loi portant code de l’arbitrage. Depuis 2000, à travers la loi n° 2000-06 du 18 janvier 2000 portant Code de l’arbitrage, le législateur mauritanien a intégré le modèle alternatif dans la judiciaire mauritanienne, car il y voit une opportunité pour la résurgence ou le retour en arrière sous une forme moderne de la justice amiable. La loi de 2000 a été abrogée et remplacée par une nouvelle loi n° 2019-019 du 29 avril 2019 portant code de l’arbitrage. Cette disposition a posé le cadre législatif du droit mauritanien de l’arbitrage interne et international. Ainsi, nous assistons une série des législations dans le domaine de la justice alternative : la loi n° 2019. 008 sur la « médiation judiciaire » et la loi n° 2019-020 dont son titre II porte sur la « médiation conventionnelle ». La loi 2000/04 du 17 janvier 2000 portant Statut de la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture de Mauritanie, a permis en 2018, la création d’une institution permanente dénommée le Centre International de Médiation et d’Arbitrage de Mauritanie (CIMAM). Le développement des MARC en Mauritanie révèle, en réalité, une mutation profonde du système juridique contemporain. Cette mutation recouvre le passage d’un droit imposé à un droit négocié. L’ère de l’Etat tout puissant est révolue, nous vivons à l’heure actuelle dans une société qui fait plus de place au contrat. La justice alternative permet un pluralisme juridique et facilite l’accès à la justice pour tous les mauritaniens.

Ce faisant, qualifiée de « softl Law », la justice du XXIème siècle est aujourd’hui en train de prendre la place de la justice étatique, au point que l’on se demande si le juge étatique n’est pas devenu le mode alternatif du règlement des litiges. Le développement des MARC répond à un nouveau besoin de régulation sociale, qui dépasse très largement le champ ordinaire de l’activité juridictionnelle. Les mécanismes traditionnels des modes amiables de règlement des conflits, dans la société traditionnelle mauritanienne sont alors envisagés comme piste de solution et source de paix. La légitimité de principe de ces processus amiables ne saurait être contestée. Il est au moins un argument, valable pour résoudre les conflits et défendre l’unité du groupe. Dans la mesure où la justice amiable remplit une fonction de pacification des conflits, elle contribue également à l’harmonie de la société et à la fraternité. Il est toujours possible en Mauritanie, de repenser le lien social afin qu’il puisse être l’expression de la reconnaissance solidaire entre les mauritaniens.
Le législateur mauritanien a renforcé le soutien du droit au règlement alternatif pour les litiges internes comme pour les litiges internationaux. En combinant les avancées du droit international avec celles du droit interne mauritanien ayant été récemment réformé, même s’il reste encore beaucoup des choses à améliorer, notamment dans le domaine de l’homologation de décisions contractuelles par le juge étatique. A ce titre, nous nous plaidons pour une réforme judiciaire plus efficace et garante des libertés contractuelles, qui donnera plus des garanties aux parties et renforcera l’homologation des décisions amiables. Il faudrait renforcer également les principes directeurs de la justice alternative (indépendance, impartialité, neutralité, confidentialité et loyauté), mais aussi donner une formation de qualité aux médiateurs et aux arbitres afin d’éviter le soupçon de dépendance et de partiale.
B. Deffains, « Les modes alternatifs de règlement des litiges – analyse économique », in P. CECCHI-DIMEGLIO et B. BRENNEUR, Manuel interdisciplinaire des modes amiables de résolution des conflits, LARCIER, 2015 ;
E. LE ROY, « Le jeu des lois. Une anthropologie dynamique du droit », Lgdj, 1999,
H. Ramdan, « Le fonctionnement de la justice dans les pays en voie de développement : le cas de la Mauritanie », L’Harmattan, 2009 ;
J. Carbonnier, « Flexible droit. Pour une sociologie du droit sans rigueur », 10eme édition, Lgdj, 2014
J. Chevalier, « Vers un droit postmoderne », in J. CLAM et G. MARTIN (dir), Les transformations de la régulation juridique, Lgdj, 1998 ;
L. Cadiet et TH. Clay, « Les modes alternatifs de règlement des conflits », Puf, 2018
L. Cadiet, « Les jeux du contrat et du procès », Mélanges offerts à G. FARJAT, édition, Frison-Roche, 1999
N. Rouland, « Aux confins du droit », éditions, Odile Jacob, 1991
R. Arnaud, Pays maures de la rive droite du Sénégal, Précis de politique musulmane, Tome I, 1906
R-A. Macdonald, « Normativité, pluralisme et sociétés démocratique avancées. L’hypothèse du pluralisme pour penser le droit », in C. YOUNES et E. LE ROY (dir), Médiation et diversité culturelle Pour quelle société ?, Karthala, 2002.
S. Kerneis, « Aspects anthropologiques des MARC », in P. CECCHI-DIMEGLIO et B. BRENNEUR, (dir), Manuel interdisciplinaire des modes amiables de résolution des conflits, Larcier, 2015
S. Kerneis, « Les modes alternatifs de résolution des conflits. Droit pénal, histoire et anthropologie », 2012, disponible : http://www.academia.edu.

M. Boubou BA
Doctorant-Chercheur en Droit à Paris
Membre du Centre de recherches en Histoire et en Anthropologie du Droit (CHAD)
A l’Université de Paris 10-Nanterre

En exclusivité/ interview : Mr Moulaye El Hassen BABE nous édifie sur le mouvement #Pour_une_Mauritanie_laïque

Un militantisme pro-Laïcité rime à quoi aujourd’hui en Mauritanie qui est officiellement une République Islamique. Ici dans l’interview à lire ci-après, Mr BABE Moulaye El Hassen, un activiste engagé dans le mouvement #Pour_une_Mauritanie_laïque nous livre sa vision.

🔹️LE BLOG SONINKIDÉES – JOSE : Bonjour Mr Moulaye Elhassen, pouvez-vous faire une brève présentation de vous à nos lecteurs ?

🔹️BABE Moulaye El Hassene : Je m’appelle Moulaye El Hassene BABE, originaire de la commune de Maaden El Irvane près d’Aoujeft en Adrar. J’y ai passé ma petite enfance, élevé par ma grand-mère et mon grand oncle l’érudit tidjani très connu dans la région, feu Mohamed Lemine Ould Sidina.
Après le décès de ma grand-mère, ma mère m’a emmèné à Nouakchott. J’ai grandi dans les quartiers populaires Médina 3 et medina R. J’ai commencé le primaire à l’école 5 près de la mosquée Marocaine, et après un bref passage à l’école Al Quds à Toujinine, j’ai rejoint l’école « Le Petit Centre » à l’îlot K.
J’y suis resté du CP2 à la 3ème, avant de rejoindre le Lycée Français Théodore Monod, où j’ai fait les trois années du Lycée.
Après un Baccalauréat S (Scientifique) spécialité Physique-Chimie, je suis allé en France pour faire une Licence en Géologie, puis un BTS en Informatique.
Je suis militant pour les droits de l’Homme, notamment le droit au respect de l’intégrité morale et physique de l’humain. D’où mon engagement dans le mouvement: #Pour_une_Mauritanie_laïque.

🔹️Le BLOG S-J : Aujourd’hui, en cette fin d’année 2019, que pensez- vous de la situation de l’engagement Droit de l’hommiste en Mauritanie, acquis positifs et manquements ?

🔹️B. Moulaye : Il y a Aujourd’hui une floraison assez remarquable d’associations de la société civile qui militent pour différents aspects des droits de L’Homme dans le pays, reflétant un éveil ascendant de la conscience collective. La jeunesse se mobilise de plus en plus en ce sens, diversifiant les fronts de lutte: anti-esclavage, égalité hommes/femmes , laïcité, rejet de toutes les formes de stratifications sociales, protection des enfants, protection contre les violences conjugales, etc. Mais cette dynamique est très peu accompagnée par les décideurs, voire complètement entravée parfois par ces derniers, comme ça a été le cas pour le projet de loi concernant les violences fondées sur le genre. Loi protégeant pourtant les femmes, mais avortée, il y a deux ans, par des députés dont, paradoxalement, des femmes, sous prétexte de non conformité à la charia islamique.
Le pouvoir en place n’hésite pas à renforcer le système « religio-tribaliste » pour s’en servir dans des intérêts politiques. Visites à la veille de chaque élection, de délégations ministérielles, à des chefs tribaux n’occupant pourtant aucun poste formel. Ce qui compromet tous les efforts entrepris par les militants pour l’égalité des citoyens, et souffle sur les braises du communautarisme tribunal.
Mais il est à noter qu’une nouvelle forme de politique droitsdelhommiste est entrain de voir le jour; poussée en avant par des mouvances telles: l’Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste IRA, présidée par le Député Biram Dah Abeid; le courant laïque naissant #Pour_une_Mauritanie_laïque; l’Association des Femmes Chefs de Familles AFCF, présidée par la militante prix des droits de l’Homme de la République Française, Aminetou mint El Mokhtar; et d’autres associations et acteurs de la société civile qui commencent à peser sur les directives politiques.
Cependant depuis l’introduction en Avril 2018, par le conseil des ministres, du projet de loi abrogeant le fameux article 306 du code pénal, je considère personnellement qu’il ne s’agit pas seulement d’un manquement de nos dirigeants à leur devoirs de protection des droits humains, mais plutôt d’une totale irresponsabilité, une immaturité, et une inconscience cruelle de ces derniers. Ce qui laisse très peu d’espoir de les voirs dans un avenir proche prendre en considération les aspirations de la jeunesse en matière de droits de l’Homme. Seul un changement politique des figures du pouvoir en place, pourrait faire retrouver cet espoir.

🔹️Le BLOG S-J : Vous vous dites engagé dans le mouvement #Pour_une_Mauritanie_laïque, sachant que la Mauritanie est une République Islamique, vous nous en dites quoi concrètement ?

🔹️B. Moulaye : Concrètement cela signifie que nous rejetons fermement l’islamisation politique de L’Etat.
Un humain peut adopter une religion, c’est un droit inaliénable que nous comptons préserver et renforcer, mais l’adoption d’une religion par un État, ça n’a aucun sens, quelle que soit cette religion.
Le Sénégal voisin n’a aucune religion d’Etat, le Burkina Faso non plus, le Mali, etc. Et leurs citoyens musulmans ne s’y portent que mieux.
Aussi nous savons, à la lumière de l’Histoire de notre pays, que ce mot « Islamique » n’est en réalité qu’un décor, qui n’a pas empêché L’Etat de fermer les yeux face à des décennies d’esclavage d’une bonne partie de ses citoyens musulmans, de fermer les yeux face au génocide et à la déportation d’autres concitoyens musulmans lors des événements 1989, et d’appliquer parfois « la Charia » seulement sur les plus faibles et d’en épargner les plus forts, avec un deux poids deux mesures qui suit un code d’hyerarchie tribaliste et raciste contraire même aux recommandations de l’Islam. Et ces contradictions flagrantes continuent jusqu’à aujourd’hui, sans aucune gêne, compromettant l’instauration de L’Etat de droit.
Nous pensons aussi que le terme « République Islamique » est incompatible avec la diversité religieuse des citoyens du pays, et constitue une discrimination idéologique et une grave atteinte au droit de conscience des citoyens. Il n’existe aucun pays sur terre où tous les citoyens sans exception sont de la même religion, à moins qu’ils nevsoient tous menacés de mort en cas d’adoption d’une religion différente de celle imposée par L’Etat, comme c’est le cas en Mauritanie avec l’article de loi 306 qui interdit aux citoyens sous peine d’être pendus ou exécutés par pelotons, d’adopter une autre religion que celle qu’il leur impose, l’Islam. Les citoyens non musulmans ayant peur pour leurs vies, n’ont ainsi d’autres choix que d’acquiesser dans le silence, et confirmer le chiffre100% de citoyens musulmans, MACHAALLAH.

🔹️Le BLOG S-J : Ne pensez- vous pas que l’islam qui est un référentiel social et spirituel de l’ensemble des populations mauritaniennes, puisse être une donnée fédératrice une fois dépoussiéré d’une certaine instrumentalisation, alors que la notion de laïcité très « étrangère » serait plus perturbatrice aujourd’hui ?

🔹️B. Moulaye : l’Islam n’est pas du tout un référentiel, ni social ni spirituel, qu’on peut généraliser à tous les citoyens. les minorités mauritaniennes non musulmanes ont elles leurs propres référentiels respectifs différents du référentiel « Islam » et qu’il faut savoir leur respecter autant qu’il faut savoir respecter aux musulmans le leur. Il est impossible de fédérer des humains dans un pays sur une base religieuse non commune à tous, et dont l’évolution est aussi aléatoire que le sont les opinions de chaque humain tout au long de son parcours de vie. Les convictions religieuses sont mobiles, elles meuves tout au long de la vie, et vouloir en faire un référentiel figé et l’imposer même aux citoyens qui ne sont pas encore nés, est une bêtise.
Le depoussierage de l’islam, nécessite déjà de se mettre d’accord sur les paramètres où critères ou outils permettant de distinguer ce qui ne serait que poussière et ce qui serait authentique?
À mon avis, il s’agit d’une utopie insensée, impossible à réaliser par manque déjà parfois de traçabilite dans les sources islamiques qui servent de matrice à la jurisprudence Malekite que notre pays a adoptée depuis son indépendance. Jurisprudence qu’il a renforcée par une loi de juin 2017 menaçant d’un à cinq ans de prison ferme tout citoyen qui oserait la contredire. Comment dépoussiérer quelque chose dont la simple contradiction peut vous coûter de la prison ferme ?
Le plus fort imposera toujours son interprétation de l’islam sur les autres. En Mauritanie les musulmans sunnites imposent le rite Malekite par la force, et interdisent par exemple tout prosélytisme islamique chiite dans le pays, le tout sur fond parfois de bras de fer geopolitique ou mendicité diplomatique auprès de certains pays du golf. C’est la jungle, la loi du plus fort.
Une simple volonté du président de la République peut changer l’interprétation par les « Oulémas » des commandements de Dieu, comme on a vu se passer dans l’affaire Dreyfus à la Mauritanienne (Mkheytir), où certains « clowns » de la chariaa, n’avaient même pas honte d’émettre des fatwas meurtrières et de les contredire quelques temps après sur simple volonté du président du Pays. La volonté de Dieu, elle, a tout à coup été mise sur le banc de touche.
Ces mêmes Oulémas, seuls capables éventuellement de déceler le vrai du faux dans les différentes exegeses coraniques, ont eux même prouvé leur malhonnêteté, à plusieurs reprises, et leur totale insouciance de la justice et de l’égalité des citoyens devant la loi. Nous sommes tous témoins de leur instrumentalisation de l’affaire Mkheytir, de leur silence et inertie face à l’esclavage, face aux événements 89, de leur mendicité constante auprès des dirigeants du pays, de leur instrumentalisation de la religion à des fins électoralistes etc.
Alors, si ni les dirigeants, ni les chefs religieux, n’ont la volonté de dépoussiérer l’Islam, ce n’est pas le citoyen lambda qui se mettra à l’œuvre, et même s’il tente de le faire, il se heurtera très rapidement à un manque d’authenticité des outils mis à sa disposition pour faire cette tâche. Il lui faudra dépoussiérer d’abord les outils: références historiques assez approximatives, archives de textes anciens islamiques dont la subjectivité des auteurs pose beaucoup plus de problèmes qu’elle n’en résout, etc. Ce qui le fera entrer dans un « machin » sans queue ni tête dont il ne sortira rien de concrètement prouvable ni objectivement acceptable ou adoptable unanimement par tous. En tout cas depuis le décès du prophète Mohamed (PSL) il y a 1400 ans, on n’a jamais entendu dire qu’une nation a déjà réussi à trouver et adopter le vrai Islam sous sa forme « gouvernance », et aucun Etat islamique contemporain, ne peut nous servir d’exemple; ni l’Arabie saoudite où sont concentrés les plus grands Oulémas, mais où sévit l’injustice, ni la tentative d’Etat Islamique en Irak et au levant, Daech, qui vient de coûter à l’humanité des millions de victimes entre morts et blessés.
Donc, ce fameux État Islamique juste et prospère, qu’on nous miroite depuis notre naissance, n’est rien d’autre qu’un rêve d’enfant candide et naïf.
Il est vrai que la notion de « Laïcité » est encore assez étrangère dans l’oreille d’une bonne partie de la population, mais ils s’y habitueront assez rapidement et l’assimileront à coups d’explications, de débats, et de rassurances. Les résultats des campagnes de sensibilisons sur la Laïcité ont été assez probants ces deux dernières années, puisque beaucoup de personnes réticentes au début à l’idée, ont finit par la rejoindre et militer pour.

🔹️ Le BLOG S-J : À la lumière d’une partie de votre réponse précédente, vous ne risquez pas de créer un amalgame entre laïcité comme cadre institutionnel neutre par rapport l’exercice du culte et des relents suspect d’un athéisme militant ?

🔹️B. Moulaye : Si par amalgame on entend, donner aux citoyens athées les mêmes droits qu’aux citoyens croyants, là nous pouvons déjà confirmer dès le départ, que telle est bien notre intention. Nous ne la cachons pas, au contraire nous en sommes très fiers et la crions haut et fort. Donc inutile de nous suspecter puisque notre démarche est on ne peut plus claire et transparente.
Nous savons qu’il existe des citoyens athées, nous savons qu’il existe des citoyens chrétiens, chiites, et même, mais certes dans une moindre mesure, des citoyens juifs. Et tout ce que nous savons, L’Etat Mauritanien et ses services de renseignements en savent certainement davantage. Nous refusons la politique de l’autruche suivie par nos dirigeants, et qui consiste à fuir ces questions sensibles aux détriment des droits des citoyens concernés. C’est irresponsable. C’est honteux. C’est lâche.
Dans un État de droit, chaque humain compte, et aucune loi qui prive un seul humain de son droit de conscience n’est admissible.
Suspecter quelqu’un d’athéisme, c’est aussi ridicule que de le suspecter d’être un peul ou un maure ou un végétarien. Être athée c’est comme être musulman, c’est à dire un choix personnel à respecter, et qui n’engage que son sujet. Ce n’est en aucun cas un crime ni un vice.
Par contre je comprends bien la crainte que pourraient avoir certains, de se retrouver dans un système qui restreint leurs droits dans leurs pratiques cultuelles. Ceux là doivent comprendre qu’au sein de notre mouvement #Pour_une_Mauritanie_laïque nous militons et militerons toujours avec exactement la même force et le même engagement contre toute tentative d’instrumentalisation de la laïcité à des fins qui puissent porter atteinte à leurs droits. La laïcité est le meilleur garant de ce type de droits.
Mais en réalité dans notre société, le culte est souvent pratiqué avec un sentiment de supériorité vis-à-vis des autres cultes ou orientations idéologiques. Une suprématie implicite, et même très souvent explicite, qui fait que certains citoyens sont tout simplement allergiques à toute éventuelle cohabitation avec d’autres concitoyens qui différent par leurs choix religieux. Là ce n’est par crainte de rien du tout, c’est juste une forme de racisme, d’incivisme et de mauvaise éducation. À ceux là, nous ne pouvons proposer que d’aller se faire soigner, ou prendre des cours d’éducation civique, car la discrimination sur base religieuse n’est pas acceptable dans notre pensée laïque.

🔹️Le BLOG S-J : Quelle est aujourd’hui l’ampleur de ce militantisme pro laïcité en Mauritanie? Et quelle est l’attitude des pouvoirs publics face à votre mouvement #Pour_une_Mauritanie_laïque ?

🔹️B. Moulaye : L’ampleur de ce militantisme est mesurable, dans un premier temps, par la qualité des porteurs de ses revendications.
Depuis le lancement du mouvement laïque, à la date du 17 février 2017, plusieurs personnalités, des politiques, des journalistes, des artistes, des acteurs de la société civile, des professeurs, des écrivains, des féministes, des présidents de syndicats estudiantins, et des hommes d’affaires, ont fait appel publiquement à la laïcisation de L’Etat.
Le mouvement a une page Facebook officielle suivie actuellement par un peu plus de 8000 personnes, et une chaîne YouTube sur laquelle sont publiées régulièrement ses activités.
Le premier jour du lancement du mouvement, une dizaine de journaux internationaux dont CNN, Alarabiya, et d’autres, ont dit avoir constaté des vagues sans précédents de revendications de la Laïcité en Mauritanie sur Facebook. Les journaux locaux ont fait le même constat. Deux ans et demi plus tard ces vagues se sont agrandies et se sont interconnectées.
Et tout ceci n’est que la partie émergente de l’iceberg, car la majorité des pros Laïcité n’osent pas encore l’exprimer, par peur d’être soupçonnés d’athétisme, de subir des pressions familiales, professionnelles, sociales, ou en ce qui concerne les politiques, peur de perdre une parti de leur électorat ou de leur popularité. Nous recevons tout de même beaucoup de messages de la part de ces laïques de l’ombre nous disant qu’ils nous soutiennent et qu’ils s’annonceront dès que leurs circonstances le leur permettront.
Il est à noter aussi que dans ce mouvement laïque il y a une diversité assez représentative du spectre des composantes éthniques du pays. On y retrouve parmi les plus actifs, des peuls, des soninkes, des Haratines, des Maures, des Maalmines (Forgerons) et des Wolofs.
Depuis deux ans et demi, les pouvoirs publics ne font que nous observer, pour le moment aucune attaque de leur part, ni soutien, n’ont encore été enregistrés.
Nous avions improvisé une première petite manifestation à Nouakchott, le 02 Juillet 2018, jour du sommet G5 Sahel et visite du Président français Emmanuel Macron à Nouakchott, et la police ne nous a pas inquiété, ou plutôt devrais-je dire, n’a pas eu le temps de nous inquiéter, car nous n’avions ni demandé une autorisation de rassemblement, sachant à l’avance qu’elle nous sera refusée, ni duré assez longtemps, afin éviter tout accrochage éventuel avec les autorités.
Par contre nous avons été beaucoup attaqué par les milieux islamistes, par les chefs religieux, par des espions infiltrés dans notre mouvement, et par certains politiciens aux calculs lâches. Mais face à notre persistance et notre consistance, l’impact de ces attaques est resté négligeable.

🔹️Le BLOG S-J : Quelles perspectives pour ce mouvement à court terme et à long terme ? Investir le champ politique comme parti ou s’inscrire davantage dans la mouvance Droit de l’hommiste d’éveil pour les uns ou de subversion pour les autres ?

🔹️B. Moulaye : La création d’un parti politique laïque n’est pas envisageable ni à court terme ni à moyen terme. Les pouvoirs responsables de l’instauration de lois complètement terroristes telles l’article 306 et ses semblables, ne vont certainement pas nous accorder une licence pour un parti laïque. Déjà que les Partis RAG et FPC, respectivement présidés par Biram Dah Abeid et Samba Thiam, sont injustement et inexplicablement non autorisés ce n’est pas le notre qui le sera.
Cependant les militants laïques au sein des partis politiques et des associations de la société civile, pèsent de plus en plus dans les directives de ces derniers. Certains partis autorisés et reconnus ont des bureaux exécutifs composés presque à moitié de laïques. Et des politiciens assez ouverts d’esprits rejoignent progressivement l’idée de la Laïcisation de L’Etat.
Mais notre concentration se porte surtout sur la sensibilisation des populations afin de créer une base sociale solide, pesante électoralement, qui puissent encourager les décideurs laïques à agir sans crainte pour leurs postes ou leurs intérêts politiques. Et cette base sociale grandit chaque jour, à travers des débats quotidiens sur plusieurs plate-formes, notamment des groupes WhatsApp pilotés par des laïques, des groupes et des lives Facebook, des réunions de cafés, des débats dans les taxis, etc.

🔹️ Le BLOG S-J : Les visées pour une laïcisation de l’État nécessite forcément une réforme constitutionnelle, n’êtes vous pas dans une utopie eu égard des réalités sociales et politiques d’aujourd’hui ?

🔹️B. Moulaye : Beaucoup de ce qu’on appelle « réalités sociales » en Mauritanie, n’est que façades, hypocrisies, et schizophrénies. Nous connaissons parfaitement les vraies réalités de notre société, celles toujours voilées et non avouées.
Pour nous, la laïcité est une question de vie et de mort. Il en va de manaces qui pesent directement sur le droit à la vie de certains citoyens. Il n’est pas logique de défendre le citoyen lorsqu’il est menacé par une simple discrimination raciale ou basée sur le genre, et de baisser les bras lorsque sa vie et son existence même servent de balle de ping-pong entre quelques barbus fous, et quelques dirigeants politiques irresponsables et inconscients.
Nous sommes filles et fils de ce pays, c’est notre terre, celle de nos ancêtres, nous avons notre mot à dire, et nous ne comptons pas laisser libre champs à quelques obscurantistes incultes qui minent notre constitution et notre code pénal d’absurdites moyenâgeuses qui n’ont rien à enviers à l’idéologie nazie. Préconiser par exemple la pendaison d’un être humain, sur simple choix d’orientation religieuse est inacceptable et inadmissible.
Nous avançons méthodiquement, nous maîtrisons les mécanismes de notre société, nous disposons de tout un arsenal de moyens de pression qui finira certainement par faire effet sur nos dirigeants; peut-être un peu lentement, mais très efficament.
Ces deux années et demi de combat pour la Laïcité, nous ont permis, d’une part, de faire une évaluation empirique très précise de nos capacités de persuasion vis-à-vis des populations, et d’autre part de pouvoir bien mesurer l’interaction de ces dernières avec cette revendication. Nos constatations en ce sens, nous encouragent à continuer.
Nous misons également sur un concours, qui se profile de plus en plus, entre différentes forces progressistes dans la société civile; et sur une étroite collaboration avec certains acteurs politiques honorables et courageux, pour parvenir à faire triompher les droits de l’Homme et notemment le droit à la liberté de conscience, dans le pays.
La vérité et la justice finissent toujours par triompher.

🔹️Le BLOG S-J : votre dernier Mot à l’endroit de nos lecteurs, et nous vous remercions vivement d’avoir accepté notre interview.

🔹️B. Moulaye : J’appelle vos lecteurs à rejoindre ce mouvement, en brandissant son drapeau sur leurs photo de couvertures Facebook en, faisant des publications accompagnées du hashtag #Pour_une_Mauritanie_Laïque, ou en arabe #نريد_موريتانيا_علمانية.
C’est à travers ce mot-clic qu’on arrive à se coordonner entre militants, car un clic sur ce mot-dièse permet de ressortir par Facebook, par exemple, une liste de personnes l’ayant utilisé. Ainsi, nous prenons contact les uns avec les autres, buvons un verre de thé à l’occasion, et débattons des démarches et activités de sensibilisons qu’on peut mettre en place pour rendre au citoyen Mauritanien toute sa dignité.
Je les invite également à interagir avec nos plate-formes, page Facebook officielle et chaîne YouTube, dont les liens sont ci-joints ( https://www.facebook.com/Pour.une.Mauritanie.laique/, https://www.youtube.com/channel/UCQOZ7ZFDUYNu91w5DuWpPaQ ) , s’ils veulent se renseigner davantage sur le mouvement.
Enfin, je tiens à rassurer vos lecteurs, que nous les laïques n’avons aucunes intentions autres que la justice et l’égalité de tous les citoyens. Nous aimons notre pays, nous ne combattons pas l’Islam, nous ne sommes téléguidés par aucune force étrangère, et nous n’importons pas aveuglement des idées reçues de l’Occident. Nous combattons uniquement les instrumentations de l’Islam par certains mal intentionnés qui en font une source de lois qui portent atteinte à la dignité humaine. Et nous puisons nos pensées laïques de notre propre sens de la justice.
Merci beaucoup à Vous pour m’avoir invité à cette interview sur votre plate-forme médiatique Soninkidees-Jose.

Propos recueillis par K.S pour le BLOG

Art / Musique : la Compilation Ganbanaaxu disponible !

🎶👉🏿👉🏿https://backl.ink/60824670

Lors d’une soirée culturelle « La Compilation Ganbanaaxu » à Nouakchott le 8 juin 2019, la crème du Rap Mauritanien s’est réuni pour une prestation historique en faveur de valeurs humanistes et citoyennes prônées par l’engagement Ganbanaaxu Fedde. Cet événement avait été dirigé par le Rapeur mauritanien et militant défenseur des Droits humains Coulibaly Papa Hamady alias Yimbi kumma .

Ces derniers jours, la Compilation Ganbanaaxu est disponible via différentes plateformes de téléchargement musical.

Voir ce lien sous l’identification Ganbanaaxu by various artists: https://backl.ink/60824670

Mauritanie/ événement : Un Mot sur la conférence de presse du président Biram Dah Abeid à Nouakchott.

Après avoir suivi le speech (partie en français) du président Biram Dah Abeid lors de sa conférence de presse de ce jour 1/10/19 à Nouakchott, je dirais que c’est une énorme chance d’avoir une personnalité nationale chez qui la TRANSPARENCE est le marqueur principal de tout ce qu’il entreprend dans son engagement. Aujourd’hui les fruits mûrs de la résilience d’un militantisme inédit enclenché par la marque IRA-MAURITANIE depuis octobre 2008, ne peuvent que confirmer la stature d’Homme d’État de ce monsieur. Le multiple primé sur l’international pour son engagement droit de l’hommiste, entouré de ses camarades de lutte, se révèle davantage une aura qui force le respect. Universaliste adepte reconnu pour l’avènement d’un ORDRE JUSTE, Mr BDA s’est permis à l’entame de cette rencontre publique, une précision d’une importance particulière. Il dit commencer par discourir en français parce que les arabophones (parmi le public) avaient l’habitude à déserter les lieux une fois la partie en arabe finie et pour respect pour tout le monde il a opté ainsi ce jour.

Dans son discours, il admet que lors de sa rencontre d’hier (30/9/19) avec le président de la république Mr Ghazouani, ses questionnements (liés aux problématiques du pays) ont eu des réponses à la hauteur. Ainsi il pense que le cheminement vers la phase de concrétisation doit être l’objectif principal.

L’emblème d’IRA-MAURITANIE a comme devise : POUR UNE MAURITANIE JUSTE. Plus que jamais confirmé

©️KS pour le BLOG