
Le reçu de recensement dont disposent les citoyens atteste de la prise en charge de leur dossier de régularisation par les autorités compétentes. Il certifie que la situation de l’individu a été enregistrée et reconnue, et que, logiquement, la délivrance du document final devrait suivre sans délai.
Ce reçu devrait donc suffire comme justificatif sur l’ensemble du territoire national. Il constitue un point de départ légitime pour obtenir le document final, quel que soit le centre de recensement concerné. En d’autres termes, s’il peut être délivré dans n’importe quel centre, il devrait permettre la libre circulation sur tout le territoire avec ce seul document.
Et pourtant…
Le paradoxe est glaçant : Ma nièce répondant au nom de Hawa Biné DIALLO, de retour du Mali où elle se faisait soigner, se retrouve bloquée à Selibaby le 30 avril 2025. L’autorité locale l’empêche de poursuivre son voyage vers Nouakchott, où elle réside pourtant régulièrement depuis des années. Motif invoqué : son reçu de recensement ne lui permettrait pas de continuer son trajet. Pire encore, aucun transporteur n’accepte de la prendre en charge, par crainte de représailles de la part des autorités aux postes de contrôle.
Comme par hasard, cette mésaventure survient à la veille du 1er mai, fête du Travail. Hawa est contrainte de rester chez des inconnues jusqu’au lundi suivant, sans aucune garantie de solution. Cette situation est d’autant plus alarmante que nombre de dossiers de recensement, parfois ouverts depuis plus de deux ans, sont encore au statut « EN COURS ». La seule réponse donnée aux citoyens est : « Il faut patienter. » Mais cette attente interminable a des conséquences humaines graves.
Des personnes malades ne peuvent se déplacer pour se faire soigner. Des citoyens sont empêchés de voyager, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. À l’étranger, notamment en France, de nombreux compatriotes perdent leur droit au titre de séjour, faute de pouvoir présenter un passeport valide de leur pays d’origine. Combien de Mauritaniens de la diaspora se sont ainsi vus privés de tous leurs droits, à commencer par celui de rester légalement dans leur pays d’accueil ?
Nous interpellons ici les autorités mauritaniennes : prenez conscience de cette souffrance silencieuse.
Personne n’ignore la douleur de celui qui, par nécessité, quitte les siens pendant des années pour subvenir à leurs besoins et pallier les manquements d’un État absent. Le silence du citoyen mauritanien n’est pas un consentement. Il est souvent le cri muet de ceux qui n’ont ni relais, ni protection, ni « bras longs ». Ceux-là subissent en silence un quotidien devenu inhumain à cause de procédures inaccessibles et d’une indifférence institutionnelle.
Nous lançons un appel pressant aux pouvoirs publics : prenez conscience des souffrances du peuple. C’est votre devoir, et c’est le droit fondamental de ceux qui, par leur simple existence, justifient les postes que vous occupez et les salaires dont vous bénéficiez. Tous n’ont pas cette chance.
PRÉNEZ CONSCIENCE.
C’est le minimum pour incarner les valeurs d’équité, de justice et de dignité que prône notre islam républicain.
Merci.
