● Coup d’État au Niger | le général Tchiani officialise sa prise du pouvoir

Le chef de la garde présidentielle a annoncé vendredi 28 juillet à la télévision nationale avoir pris la tête du Conseil national de sauvegarde de la patrie (CNSP), qui a renversé le président Mohamed Bazoum deux jours plus tôt.

Le général Abdourahamane Tchiani, le commandant de la garde présidentielle, s’est exprimé à la télévision nationale ce vendredi 28 juillet à la mi-journée. Il s’est présenté comme le président du Conseil national de sauvegarde de la patrie (CNSP), la junte qui a destitué le président Mohamed Bazoum deux jours plus tôt, et a justifié le coup d’État par « la dégradation de la situation sécuritaire » dans le pays.

Dans la foulée de son allocution, un autre communiqué du CNSP a annoncé la suspension de la Constitution, la dissolution des institutions et la proclamation du général Tchiani comme nouveau chef de l’État. Le texte précise que le CNSP exerce « l’ensemble des pouvoirs législatifs et exécutifs » en attendant « le retour à l’ordre constitutionnel normal »

« Mes chers compatriotes, de toute évidence, les autorités déchues se sont engagées à mettre en place une sorte de milice pour leur seul intérêt », a déclaré le nouvel homme fort du pays. Leader des putschistes, le général Tchiani n’avait pas encore pris la parole publiquement.

Appelant à la « sérénité », au « calme », à la « vigilance » et à un « sursaut patriotique » pour « relever les défis sécuritaires, économiques et sociaux », le tombeur de Mohamed Bazoum a tenu à réaffirmer la volonté du CNSP de « respecter tous les engagements internationaux souscrits par le Niger ».

« Le gouvernement déchu a montré ses limites »
Pour justifier sa prise de pouvoir par la force, le général Tchiani a expliqué vouloir lutter contre « le détournement des deniers publics, contre l’impunité, la corruption sous toutes ses formes et le népotisme, « face auxquels, selon le commandant de la garde présidentielle, « le gouvernement déchu a montré ses limites ».

« Enfin, le CNSP, par ma voix, demande aux partenaires et amis du Niger, dans cette étape cruciale de la vie de notre pays, de faire confiance à nos Forces de défense et de sécurité, garantes de l’unité nationale, de l’intégrité du territoire et des intérêts supérieurs de notre Nation », a conclu le général Abdourahamane Tchiani.

Après l’intervention du président du CNSP, un autre de ses communiqués a mis en garde contre « toute intervention militaire étrangère ». « Certains anciens dignitaires terrés dans des chancelleries, en collaboration avec ces dernières, sont dans une logique de confrontation », a estimé la junte, évoquant une « attitude belliqueuse, dangereuse et périlleuse » qui « n’aura d’autre résultat que le massacre de la population nigérienne et le chaos ». Le CNSP « prend à témoin l’opinion nationale et internationale sur les conséquences qui découleront de toute intervention militaire étrangère », ont prévenu les militaires.

De son côté, le président Mohamed Bazoum, toujours séquestré par les militaires putschistes à Niamey, n’a pas formellement démissionné.

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● Difficultés d’enrôlement : le bout du tunnel ?

Le Calame – Lancée début Juillet, la décision de reconsidérer le cas de ceux qui n’avaient pas réussi à se faire enrôler à ce jour fait renaître l’espoir chez les citoyens en attente de papiers d’état-civil ; pour certains, depuis le début de l’enregistrement biométrique (2010-2011), soit plus de deux décennies. Si l’opération de rattrapage se passe bien, ces citoyens « apatrides » pourraient enfin recouvrer leur «mauritanité ».

Selon le ministère de l’Intérieur, ses démembrements et le commissaire aux droits de l’Homme, à l’action humanitaire et aux relations avec la Société civile, il s’agit là de « fermes instructions » du président de la République. Comme jadis celles de l’ex-président Ould Abdel Aziz… ce qui n’avait pas empêché bon nombre de citoyens de continuer à courir derrière leurs pièces d’identité. Un véritable calvaire…

Toujours est-il que l’actuel Raïs semble accorder une grande importance à cette opération. Aussi le ministre de l’Intérieur a-t-il demandé aux citoyens concernés de se mobiliser et aux autorités administratives de s’impliquer pour sa réussite.

De son côté, le commissaire aux droits de l’Homme a lancé une caravane de sensibilisation, rappelant que « l’état-civil est un droit et offre des droits ». Des droits dont beaucoup de familles ont été délestées depuis le démarrage du recensement qui suscita et suscite encore des controverses et des protestations. Plusieurs partis politiques et organisations de défense des droits des victimes, notamment « Touche pas à ma nationalité » (TPMN), ne cessait de dénoncer un « génocide biométrique ».

De déportations aveugles…

Une qualification en référence à la déportation de milliers de citoyens négro-mauritaniens vers le Sénégal et le Mali à partir d’Avril 1989, sous le magistère d’Ould Taya dont le régime était phagocyté par des nationalistes arabes partisans de la « dénégrification de la Mauritanie ». Tous ces bannis avaient perdu leurs papiers d’état-civil parfois déchirés ou brûlés sous leurs yeux. Depuis, TPMN aura mené plusieurs manifestations à Nouakchott et à l’intérieur du pays dont l’une – en 2013 à Maghama – se solda dramatiquement par la mort du jeune Lamine Mangane, suite à un coup de feu tiré par un gendarme.

Les recalés n’ont donc cessé de protester et le gouvernement de tenter, bon an mal an, de « gérer » la situation à travers l’ANRPTS. Une première tentative en 2017 mit en place une commission présidée par l’ex-ministre des Finances, Thiam Diombar, conseiller à la Présidence. Elle fit long feu, faute de rapports cordiaux avec l’agence de tutelle : obstructions et lenteurs en ont eu raison.

Second acte en 2022, lors de la visite à Kaédi du président Mohamed Cheikh El Ghazwani : en réunion avec les cadres locaux de son administration, il les engageait « à régler rapidement les problèmes d’accès à l’état-civil, en se mettant tout de suite au travail ». On attendait depuis la traduction en actes de cette instruction sans équivoque.

… en CAC vraiment accueillants ?

Et voilà que les Centres d’Accueil des Citoyens (CAC) « nouvelle mouture » sont depuis début-Juillet à pied d’œuvre ! Les populations intéressées se mobilisent, rassemblent leurs fonds de dossier et ceux qui n’en disposent pas peuvent à bon droit s’interroger. Car il y a bel et bien du nouveau : même ceux-ci pourraient se faire enrôler grâce au simple témoignage de notables de leur village. Chaque CAC comporte un chef de village, deux membres de chaque localité, deux membres du conseil municipal et un membre de l’administration locale.

Les obstacles sont quelque peu aplanis :au début de l’enrôlement, on exigeait tout un tas de paperasses et qui n’en disposait pas devait présenter un groupe de « notables » de son village d’origine pouvant certifier son identité ainsi que celle de ses parents et leur situation matrimoniale. On comprend ici les difficultés des citoyens ne vivant pas en leur lieu natal dont la CAC était souvent fermée ou très éloignée…

Outre cet obstacle, les fréquentes absences du personnel des CAC en commune rurale, le doute sur la citoyenneté de certains requérants, la jeunesse des chefs de CAC, leur manque d’expérience et de courtoisie, le rejet parfois de dossiers bien ficelés avec des jugements de cadis absents eux aussi de leur lieu d’affectation, le tout couronné par le peu ou prou d’implication des maires et députés sur le terrain pour accompagner les opérations… Conséquences, de très nombreux mauritaniens devenus des « apatrides » en leur propre pays, d’autres dans l’impossibilité de voyager, des enfants interdits d’aller ou poursuivre leurs études à l’école…

Avec cette nouvelle opération, l’Administration se rapproche des citoyens, on exige moins de documents. Un simple témoignage suffirait à se faire recenser, alors qu’un chef de CAC pouvait naguère décider du sort de toute une famille, privant ainsi tous ses membres des plus élémentaires droits à l’enseignement, la libre circulation, la santé et autres services sociaux.

Comme on le sait, l’état-civil était encore très peu ancré en certaines contrées au début de ce troisième millénaire. Exiger de leurs habitants des documents inconnus ou indisponibles à leurs parents : actes de naissance, certificat de mariage, recensement de 1998,etc. ;relève pour eux de la quadrature du cercle et ils peinent à obtenir des jugements établis par des cadis trop souvent absents de leur lieu d’affectation ou que les responsables des CAC pouvaient ignorer.

Aujourd’hui, les équipes de recensement peuvent se déplacer dans les villages, suivant un calendrier tournant établi avec la mairie, à la condition toutefois que ces localités disposent d’électricité. Dans le cas contraire, ce sont les citoyens qui se déplacent. Ils n’hésiteront pas, eux qui ont déjà passé des semaines – voire des mois – à se rendre dans les chefs-lieux de département pour tenter de se faire enrôler. Longtemps en vain. Avec enfin une chance aujourd’hui d’obtenir gain de juste cause ?

À nouveau tous ensemble ?

Question non moins pertinente : quand le gouvernement mauritanien se décidera-t-il à rapatrier les milliers de réfugiés mauritaniens encore au Mali et au Sénégal qui attendent leur retour au pays depuis 2007 ? Ils avaient cru à la volonté de feu le président Sidioca de rapatrier ceux du Sénégal avant ceux du Mali. Ould Abdel Aziz étouffa leur espoir par son coup de force d’Août 2008. Et ils attendent depuis.

À en croire diverses sources, la détérioration de la situation au Mali pousseraient certains à se rapprocher de la frontière avec la Mauritanie. Rien n’est simple en notre environnement saharo-sahélien contemporain, tout se complique… Mais, bon, retenons simplement ici qu’une réelle volonté de simplifier le recensement de nos concitoyens est en cours d’ouvrage en Mauritanie. N’aurait-elle qu’une seule chance de s’imposer, soutenons-la ! Tous ensemble enfin !

Dalay Lam

©️ Source en lien https://cridem.org/C_Info.php?article=767070