● Mauritanie : la justice, le chantier de toutes les priorités, depuis l’indépendance.

Rien n’est immuable. Tout est écoulement, tout change . Le plus puissant ne peut rester indéfiniment sur son petit nuage, regardant sans état d’âme, souvent les autres avec dédain et condescendance.

Le plus puissant peut du jour au lendemain tomber « en disgrâce », cherchant protection et défense .Telle est la condition humaine. Cette dynamique dont les manettes et l’horloge sont la propriété d’un être supérieur ( juste et parfait) rappelle à chacun et aux plus consciencieux que
la vie des hommes et de nos sociétés est précaire. Rien n’est éternel.
Tout est finitude. Tout est périssable au point que le philosophe s’est interrogé avec pertinence si vraiment, cette vie vaut la peine d’être vécue ?

Nous sommes tous faibles

A quelques heures de l’investiture du président Ould Ghazouani pour un second mandat, à l’issue de la présidentielle du 29 juin 2024, marquée par une crise post-électorale, tuée dans l’oeuf, emportant la vie d’au moins cinq jeunes à Kaedi, chacun mesure la force du pouvoir et sa capacité à faire accepter ou même imposer sa volonté.

Le président Ould Ghazouani est réélu, les morts sont morts pour rien. Il n’ y aura ni enquêtes ni coupables et encore moins un procès. On ne saura pas tout sur ces assassinats qui en rappellent d’autres.

La légitimité et la légalité, celui qui est porté au pouvoir dans nos États, peut s’en procurer à tout bout de champ, en actionnant plus d’un levier à sa disposition. La seule vérité qui vaille est celle du pouvoir, de celui qui est au pouvoir. Il devient l’incarnation de la loi et même l’esprit de la loi, la référence pour interpréter chaque mot, chaque paragraphe de la loi. Ce tableau quelque peu caricatural montre à merveille le malaise de notre système judiciaire.

Ould Abdel Aziz : rattrapé par sa propre justice

Sans vouloir, innocenter l’ancien président, Ould Abdel Aziz ou refaire son procès, qui n’a pas été choqué par la descendante aux enfers de l’homme ?

Un tout-puissant que même les mouches craignaient, réduit  » à quémander » un extrait d’acte de naissance, pendant deux semaines dans son projet ubuesque de candidature à la présidentielle, se plaignant ou pleurnichant auprès du président du Conseil Constitutionnel.

Cette image était bouleversante.
Peu importe comment, il est arrivé au pouvoir, Mohamed Ould Abdel Aziz a eu l’opportunité de réformer, formater voire réinventer notre système judiciaire. Il n’ y a jamais pensé parce qu’il était « du bon côté », le côté des puissants et de l’impunité. Or, cette justice à deux grandes vitesse ne protège pas pour longtemps.
L’ancien président s’en était servi pour éliminer, écraser, envoyer en prison ou sur le chemin de l’exil certains opposants ou contradicteurs.

Le président Ould Ghazouani va-t-il oser libérer la justice du joug de l’exécutif ?

Le président Ould Ghazouani va être installé, ce 02 août 2024, pour un second mandat. Il est interpellé pour faire de la justice, le premier chantier de son dernier quinquennat.
Cela commence par la promotion de l’excellence, de l’éthique, de la vertu; en mettant courageusement fin aux nominations politiques, jusqu’ ici, seul critère pour accéder à de nombreux postes clés de la haute administration.
Les nominations à coloration purement politique ( par recommandation) créent un sentiment de redevabilité et d’allégeance vis-à-vis d’un vassal politique, qui tire toujours les ficelles.

Voilà le mécanisme par lequel se nourrissent jusqu’à satiété : clientélisme, népotisme, corruption etc. La politique ne doit pas se mêler de tout, et tout n’est pas politique dans une république. En effet, le politique et le technocrate n’ont pas les mêmes grilles de lecture. Si le premier ne peut se laver de tout opportunisme, de la démagogie, de la séduction sur fond de flagornerie, le second est intègre, une qualité que lui impose la science qui se veut universelle et tient un discours intelligible.
La politisation tous azimuts de nos institutions publiques est source de léthargie, de déroute et de faillite: la compétence est sacrifiée sur l’autel de la complaisance et de toutes sortes de logiques qui ne servent pas le mérite et la compétence.

S’il vous plait, épargnez , la haute administration, et tout ce qui a trait à la recherche scientifique, au monde universitaire, à l’expertise, à la justice, à la santé … de la politique politicienne.

Entourez-vous de politiques pour diriger mais pour gouverner, il faut donner plus de place aux technocrates et experts. Ceux-là vous diront que l’eau boue à cent degrés, que le prophète Mahomet PSL est musulman, que le fer est un métal …

Les hommes politiques, chez nous excellent dans le mensonge, la manipulation et la compromission.

La justice est l’alpha et l’oméga

Tous les maux de notre société se résument en une expression : le manque de justice.
Le racisme, l’esclavage, la féodalité, le tribalisme les discriminations de tous ordres, le népotisme, le clientélisme, la corruption, l’impunité, l’extrémisme, la haine et le même la violence dans une certaine mesure, la médiocrité, le manque de patriotisme, l’incivisme, les coups d’État militaire, constitutionnels, tous ces péchés sont la manifestation de l’absence de justice.
Cette crise de la justice, de notre justice commence par l’irrespect de nos propres lois par les autorités, comme elles étaient votées pour être appliquées exclusivement aux plus fragiles ou à certaines personnes.

La jungle est encore préférable à une société humaine où l’injustice règne en maître . En effet, les animaux s’affrontent de manière sauvage et grégaire, et cela loin de tout projet génocidaire et de stigmatisation. La force, comme loi est toujours valable et en toute circonstance au royaume des bêtes où il n’ y a ni médisance, ni manipulation, ni hypocrisie…

Chez les hommes, et particulièrement en Mauritanie, c’est notre hypocrisie qui a atteint des proportions inquiétantes. On vote des lois qu’ on applique jamais. On criminalise des pratiques qu’on soutient en silence.
On essaie même de justifier l’impie par la religion pour plaire au chef, par une interprétation tendancieuse du texte etc.

Ces écarts à la morale sociale et religieuse, aux lois de la république n’ont été possible qu’ en l’absence de justice . La justice doit être la boussole, et seulement la crainte de la justice qui peut canaliser notre façon de vivre, de parler et même notre rapport avec les autres, et même la chose publique.

La justice aurait permis d’assainir notre société, donner à chacun et à tous l’opportunité de se réaliser dans le respect de l’intérêt général. Même notre foi, notre pratique religieuse aurait beaucoup gagné si véritablement, la justice était une préoccupation de nos gouvernants.

Le président Ould Ghazouani a tout intérêt à ce que la justice soit indépendante. En effet, une justice politisée est comme un monstre qu’ on a nourri, élevé sachant qu’ il finira toujours par dévorer son maître.

Seyré SIDIBE

• Lien média https://ondeinfo.com/mauritanie-la-justice-le-chantier-de-toutes-les-priorites-depuis-lindependance/

● La phase expérimentale de l’enseignement des langues nationales démarre dès la rentrée scolaire 2024 (Ministre)

AMI – Des membres du gouvernement ont commenté, mardi, les résultats du conseil des ministres, qui s’est déroulé plus tôt dans la matinée.

Il s’agit du ministre du Pétrole, de l’Énergie et des Mines, porte-parole du gouvernement M. Nani Ould Chrougha, des Finances, M. Isselmou Ould Mohamed M’Bady, de l’Éducation nationale et de la Réforme du Système éducatif, M. Moctar Ould Dahi, de l’Environnement, Mme Lalya Aly Kamara.

Dans son mot introductif, le porte-parole du gouvernement a indiqué que le conseil a examiné et adopté plusieurs projets, dont ceux relatifs à la simplification du système de rémunération des agents contractuels de l’État, l’introduction de l’enseignement en langues nationales à partir de l’année scolaire 2024 ou encore la protection de la réserve naturelle de la baie de l’étoile.

Il a ensuite invité les différents ministres à apporter davantage de précisions.

A sa suite, le ministre des Finances a présenté les points saillants du projet de décret modifiant certaines dispositions du décret n°2023-057 du 15 mars 2023, relatif à la modification de certaines dispositions du décret n° 2016-082, portant sur l’harmonisation et la simplification du système de rémunération des fonctionnaires et agents contractuels de l’État, ainsi que ses établissements publics à caractère administratif.

Concrètement, le texte vise à mettre en œuvre la dernière tranche de l’augmentation des salaires au profit des professeurs des universités, des directeurs de recherche et des professeurs hospitalo-universitaires, a déclaré le ministre, soulignant que la première tranche date de 2022 et la troisième de l’année dernière.

Pour lui, ceci s’inscrit dans le cadre des réalisations du programme Taahoudaty du Président de la République. Le ministre a rappelé que ce dernier œuvre pour le développement du capital humain, d’où l’amélioration des conditions de travail des employés des secteurs de l’éducation nationale, de la santé, des affaires sociales et enfin de l’enseignement supérieur.

En réponse à une question, le ministre a déclaré que son département n’intervient pas dans la gestion des budgets des autres ministères. Ceux-ci sont autonomes à partir du moment où le budget qui leur est alloué couvre les dépenses prévues. Ensuite, il a noté que dans chaque département, des organes de surveillance existent et font leur travail.

De son côté, le ministre de l’Éducation nationale a exposé les grandes lignes du projet de décret modifiant certaines dispositions du décret n°2023-058 du 20 mars 2023, instituant une Journée Nationale de l’École Républicaine. Ce lifting, a souligné le ministre, introduit le changement de la date de célébration de la Journée nationale de l’École républicaine. Initialement fixée au 30 octobre de chaque année, elle va désormais avoir lieu tous les 05 décembre.

D’après le ministre, cette modification va permettre aux équipes du ministère de bien préparer et mettre en œuvre la rentrée scolaire et célébrer, juste avant les premières vacances scolaire, ladite journée nationale. Il a aussi signalé que ce travail a été fait en concertation avec le bureau de l’union nationale des parents d’élèves, qui est à l’initiative de l’institution de la Journée nationale de l’École républicaine.

Par ailleurs, le ministre a annoncé que les préparatifs vont bon train pour l’introduction des langues nationales dans le système éducatif, à titre expérimental, à partir de la prochaine rentrée scolaire. Il a déclaré qu’il s’agit d’une exigence de la loi d’orientation du système éducatif national. Selon lui, toutes les dispositions ont été prises, pour que cela se déroule comme souhaité.

Ainsi, il a indiqué que 25 sites ont été identifiés pour l’expérimentation, dont 18 sont réservés aux locuteurs des langues nationales. De plus, des formateurs au niveau du centre en charge des langues nationales, a ajouté le ministre, relevant que dans les écoles normales d’instituteurs, des enseignants ont été préparés à cet effet.

En outre, le ministre a abordé la question de l’uniforme scolaire, qui sera obligatoire pour les 700 à 800 mille élèves qui s’inscriront au fondamental. D’après lui, les écoles publiques, privées, notamment celles qui enseignent un programme étranger sont concernées.

Afin de faciliter la mise en œuvre de cette mesure, le ministre a annoncé que les élèves dont les parents sont inscrits au registre social seront dotés gratuitement d’uniformes scolaires. Pour les autres, le marché sera approvisionné en quantité suffisante, par 4 entreprises ayant l’accord du ministère.

Enfin, il a invité les partenaires techniques et financiers, ainsi que les bonnes volontés, à accompagner cette dynamique afin que chaque enfant aille à l’école avec son uniforme. C’est, selon le ministre, une des valeurs de l’école républicaine et un gage de la cohésion sociale.

S’agissant des résultats des examens nationaux, le ministre a salué une hausse notable, surtout pour le baccalauréat. Il a déclaré que le taux de réussite en session normale 2024 est de 23% contre 15% en 2023. A cela s’ajoute les 16% admis en session complémentaire contre 12% en 2023. Il est attendu qu’au terme de la session complémentaire, que ce taux passe à 37%, a estimé le ministre citant des prévisions. Les résultats sont pour lui, le fruit des efforts fournis par les acteurs de l’éducation nationale avec les professeurs en première ligne.

Pour sa part, la ministre de l’Environnement a exprimé sa satisfaction de voir le projet de décret portant protection de la Baie de l’Étoile être adopté. Il s’agit selon elle, de l’aboutissement d’un processus entamé dans les années 90, pour protéger la réserve naturelle de la Baie de l’Étoile et de sa biodiversité exceptionnelle.

D’après la ministre, la mise en place d’un régime de protection adéquat va avoir une incidence aussi bien écologique qu’économique. Elle a souligné que ceci n’est pas un frein à l’activité, au contraire. La préservation de la Baie, nid naturel de plusieurs espèces, engendrera une bonne reproduction et par conséquent de bonnes captures, mais de façon organisée.

Pour que le texte puisse être correctement mis en œuvre, il est nécessaire que le plan d’aménagement soit réaliste, a indiqué la ministre. Ainsi, elle a rappelé que la Baie est victime des eaux usées et que les nouvelles mesures permettront de traiter ces eaux dans des stations d’épuration.

De son côté, le porte-parole du gouvernement, interpellé sur la situation au Mali, a déclaré qu’elle est suivie de près. Quoique inquiétante, il a souhaité au pays voisin et frère de retrouver la paix et la sérénité.

S’agissant du prix du ciment, il a rappelé que ce produit a été ajouté à la liste des denrées dont les prix sont administrés. Depuis lors, une commission travaille pour mettre en place les mécanismes d’application effective et de suivi de la mesure.

En ce qui concerne l’investiture du Président élu, le porte-parole du gouvernement a affirmé que tous les pays voisins, ainsi que plusieurs autres seront représentés à Nouakchott. C’est pour lui, une illustration du leadership assumé du Président de la République et du crédit que lui accorde ses pairs à travers le monde.

● Lien média https://cridem.org/C_Info.php?article=776411