
Nous avons suivi avec un grand intérêt 2 interviews accordées par l’homme politique mauritanien M. Samba Thiam, à 2 plateforme Web TV. La dernière c’était chez Info Plus (https://www.facebook.com/share/p/12FnbciRBqz/) lors de laquelle il est revenu succinctement sur la genèse, l’évolution et l’actualité de son activisme politique. Une personnalité que d’aucuns qualifient de « controversée », dégage une teneur intellectuelle certaine et est dotée d’un parcours militant bien respectable et inspirant par sa constance et sa résilience. Le natif de Sélibaby dans le Guidimagha mauritanien, instituteur de formation, activiste téméraire, ancien prisonnier politique, ex président du mouvement des Flam et actuel président des Fpc (parti non reconnu par les autorités mauritaniennes), a su tenir vaillamment à ses convictions politiques sur une si longue durée. Sa parole publique retrace un pan historique de la marmite politique plus ou moins bouillante de notre pays. J’ai retrouvé divers éléments de comparaison dans ses récentes sorties médiatiques avec une certaine substance du livre « J’étais à Oualata » de l’ancien militaire M. Boye Alassane Harouna. L’ouvrage dont la préface porte la signature de M. Samba Thiam, ils ont connu la sinistre prison de Oualata et celle d’Aïoum. J’ai appris dans son interview, la durée de sa peine d’emprisonnement (5 ans) et qu’il fut gracié après 4 ans de prison. Une rude expérience humaine j’ose croire, et certains de leurs camarades de destin carcéral y ont péri affreusement. Les conditions de cette détention rapportées avec détails par M. Boye Alassane Harouna dans son ouvrage, sont inhumaines et infernales. C’était sous le régime répressif du colonel Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya qui s’est muté président élu dans une démocratie boiteuse (déposé par un coup d’état en août 2005 et en exil doré au Qatar depuis).
Également dans son livre, le militaire laisse comprendre son implication dans le putsch avorté du 22 octobre 1987 et n’admet pas de quelconques liens organisationnels avec les civils arrêtés (en 1986 suite à la publication du Manifeste politique) dont M. Samba Thiam faisait partie. Le coup d’État capoté était préparé par des éléments militaires appartenant tous au groupe sociolinguistique poularophone. L’auteur confesse que dans la grande muette, il ne manquait pas de ressentiments et petites tensions entre les éléments arabo-berbères et négro-africains. Et ce, surtout après l’introduction en 1987 de l’arabe dans les épreuves du brevet de capitaine. Il nous informe aussi qu’une organisation militaire clandestine fut créée déjà en 1985, sous la direction de feu le lieutenant Sarr Amadou.
Ce livre et celui de M. Mahamadou SY (ancien militaire également) « L’enfer d’Inal » constituent des données conséquentes de référence dans la littérature politico-militaire très lourde de notre pays. On espère un travail similaire en production livresque dédiée venant d’acteurs civils ayant participé, vécu ou subi cette phase troublante et conflictuelle dans l’arène politique mauritanienne d’antan. Un jour, les mémoires de la riche vie militante de tonton Samba Thiam, attendues sûrement…!
Aujourd’hui l’ancien exilé aux États-Unis, est toujours investi dans le champ politique et membre remarqué de la Coalition antisystème qui avait comme candidat aux présidentielles de 2024, le député M. Biram Dah Abeid (arrivé 2ème avec 22,10% selon la CENI). Lors de ses interviews, M. Thiam a abordé quelques traits programmatiques de son parti politique, comme l’idée d’une décentralisation poussée dit-il du pays pour changer la nature de la gouvernance actuelle en vigueur depuis de nombreuses décennies. Selon lui, si le pays est subdivisé en 4 grands ensembles à la base des critères socio-économiques et culturels relativement homogènes, gérés directement (hors régalien) par les acteurs sociaux locaux, une dynamique en termes de développement multidimensionnel pourrait émerger.
Quelques questionnements de ma modeste position de citoyen observateur :
Dans un pays qui regroupe différentes communautés bâties intrinsèquement sur de piliers coutumiers et tribaux inégalitaires et discriminatoires par la naissance, les patronymes et les statuts, on voudrait bien savoir la nature substantielle de ce pouvoir local avec une gouvernance élue, héritée ou cooptée sur place… Ne va-t-on pas répliquer avec acuité à une échelle régionale tous les dysfonctionnements et carences en termes d’égalité sociale et citoyenne?
Peut-être une promotion des systèmes intra-communautaires qui carburent au parfum féodalo-esclavagiste… d’autres petites bagarres intestines… type sud soudanais peuvent s’allumer… que Dieu nous en garde !
Et concernant le régalien, l’État central actuel sur la sensible question liée à l’éducation et aux langues et leur place politique (vue à l’international), ose t-il laisser une libre gestion de la politique linguistique aux institutions locales ?
Et les implications ou les imbrications imprévisibles à terme avec les environnements frontaliers avec nos voisins sénégalais, maliens, algériens, marocains et sahraouis…, un gros risque de séparatisme et conflits entre représentations démographiques…dans l’occupation des espaces (terres et eaux), sans parler de la problématique migratoire et les immixtions difficilement contrôlables de la parentèle transfrontalière…
Et la ville Capitale, Nouakchott région, aura quel corps électoral pour quelles institutions…? Va-t-elle nous imposer un visa d’entrée et d’actes de résidence…. hein..?
L’actualité politique respire d’un temps dialoguiste en perspective…. nous espérons un sans tabous pour l’avènement d’un véritable état de droit autour la qualité de LA CITOYENNETÉ PLEINE ET SANS SÉLECTIVITÉ en fonction de notre terroir originel de naissance.
17 mars 2025
KS pour le BLOG https://ecrit-ose.blog/
