● Conférence de presse «Coalition de l’Alternance» : Birame et Ould Horma consolident leur alliance avec l’apport de la CVE, Mithaq, AFCD et AJD/MR

Alors qu’elle devait annoncer d’importantes informations sur la « Coalition de l’Alternance », la conférence de presse organisée par le parti SAWAB, IRA/RAG et d’autres partis et mouvements le jeudi 12 janvier 2023, s’est finalement transformée en diatribes contre le pouvoir de Ghazouani et les velléités de son Ministre de l’Intérieur de rétrécir les libertés publiques.

Prévue à 11 heures le jeudi 12 janvier 2023 à l’hôtel Azalaï de Nouakchott, la conférence de presse organisée par la « Coalition de l’Alternance » ne s’est tenue en fin de compte qu’aux environs de 16 heures.

La police interrompt la conférence

Selon les organisateurs, notamment les dirigeants du parti SAWAB, les formalités administratives avaient été bouclées la veille et le préfet du Ksar avait accordé son autorisation pour la tenue de leur conférence de presse. Le matin, la police se pointe et déclare que l’autorisation de tenir la conférence de presse est annulée, déclarent-t-ils en substance.

Plus tard, le Wali de Nouakchott-Sud leur dira que des informations lui sont parvenues que seuls les militants d’IRA et du parti RAG sont présents à la conférence. Après moult explications, avec forts arguments juridiques à l’appui, l’autorisation est enfin accordée.

Ce retard de près de 5 heures de temps n’a cependant pas démobilisé les militants nombreux mais aussi les journalistes venus couvrir l’évènement.

A l’entame de la conférence, Birame Dah Abeid, président du mouvement IRA, a fustigé l’attitude des autorités, notamment la hargne du Ministre de l’Intérieur, qui selon lui, partage avec l’ancien président, sa propension à fouler aux pieds les lois de la République.

Le ministre de l’Intérieur foule les lois aux pieds

Selon Birame, le Ministre de l’Intérieur devrait préserver les maigres acquis du président Ghazouani qui se résument selon lui à la liberté qu’il accorde à ses opposants de mener leurs activités sans entraves.

Il s’est dit déterminer à mener l’alternance politique dont rêvent les Mauritaniens pris en otages depuis plus de quatre décennies par une oligarchie qui change de tête sans changer de corps, un corps malsain, gangréné par la corruption, le pillage des ressources nationales, la gabegie et la mauvaise gouvernance, le tribalisme, le népotisme et le racisme, a-t-il énuméré en substance.

Pour Birame, l’objectif de toute opposition dans un Etat démocratique, est de créer l’alternance politique et non de vivre de subsides ou d’avantages aux dépens de ses affiliés. Pour lui, son objectif est clair et sans détours, « accéder à la Présidence de la République ». Il est revenu sur les élections présidentielles de 2019, affirmant avec force qu’il y avait un second tour, entre lui et le président actuel.

L’alliance Sawab et IRA/RAG reste imperturbable

A son tour, le président du parti SAWAB, Abdessalam Ould Horma, qui est revenu sur l’incident relatif aux perturbations de la conférence due à l’illégale décision des autorités administratives selon lui, il a réaffirmé le partenariat solide qui le lie au mouvement IRA et au parti RAG. Selon lui, l’administration mauritanienne ayant refusé au président Birame et à ses partisans de disposer de leur propre cadre politique, elle ne peut nullement s’opposer à ce qu’ils candidatent à travers le parti Sawab.

Abdessalam Ould Horma est revenu sur la présidentielle de 2019 pour confirmer les propos de Birame. Selon lui, « les chiffres avancés n’étaient pas les vrais, car il y avait selon nos décomptes, un second tour entre Birame et Ghazouani ». Et d’asséner « la suite, vous la connaissez ».

Grande alliance en perspective

Dans la trame de son intervention, Birame a déclaré que l’objet réel de la rencontre, à savoir l’annonce du lancement de la « Coalition de l’Alternance » est ajournée jusqu’à nouvel ordre. Il a cependant évoqué dans la nouvelle alliance, le parti AJD/MR d’Ibrahima Moctar Sarr, l’AFCD du professeur Atoumane, le Midhaq des Haratines de Ould Hendeya et la CVE de Bâ Mamadou Alassane, et d’autres mouvements encore. Il a dit son souhait de voir toute l’opposition réunie dans un seul bloc pour vaincre le parti au pouvoir, citant l’UFP, le RFD, l’UNAD, entre autres.

Cheikh Aidara

©️ via https://aidara.mondoblog.org/2023/01/18/conference-de-presse-coalition-de-lalternance-birame-et-ould-horma-consolident-leur-alliance-avec-lapport-de-la-cve-mithaq-afcd-et-ajd-mr/

● Affaire Aziz : un procès sans précédent !

La Dépêche – Remarques de bon acabit, les mauritaniens ont déjà inauguré, sur les plateformes sociales, le procès de l’ancien président, Mohamed Ould Abdel Aziz. Les espoirs des uns et des autres dans cette affaire ont visiblement donné de l’eau au moulin à cette «expertise» intéressée. Le “prétoire électronique” est déjà en ébullition.

Le principe de base en droit est que « toute personne a droit d’être jugée par un juge indépendant et impartial, dans le cadre d’un procès équitable». Qu’elle est aussi présumée innocente jusqu’à l’établissement de sa culpabilité (article 13 Constitution). C’est la rhétorique théorique.

A écouter certaines interventions sur les plateformes sociales, on se croirait dans l’enceinte d’une audience de Justice où ne manqueraient que les juges pour distribuer la parole à ces collectifs d’avocats improvisés.

Chacun se lance dans ses plaidoiries selon ses arrières pensées politiques. Un back-ground où s’affrontent finalement deux thèses diamétralement opposées entre soutiens et adversaires: pour les uns « l’ex-président Aziz est innocent » et pour les autres « l’ex-président Aziz est coupable».

Des réquisitoires s’improvisent bénévolement pour ne pas passer inaperçus dans ce déferlement de «connaissances» légales. Du million de poètes, nous en sommes –du fait du procès- presque à quatre millions de juristes.

Pour étayer leurs querelles idéologiques, nos apprentis-avocats n’hésitent pas à tout interpréter comme de véritables praticiens. De la constitution de la Commission d’Enquête Parlementaire, à la légitimité de la procédure judiciaire, en passant par le fonds du dossier, les enquêtes de la police, et les chefs d’accusation ainsi que la comparution des principaux prévenus dans cette affaire, tout est passé au crible par des hommes et des femmes avides d’une cour propre à eux.

Une cour où chacun, loin du droit et de l’impartialité des juges, veut, lui, imprimer ses désidératas à une affaire sur laquelle il sait qu’il n’a aucune emprise. Mais ce procès virtuel accapare, occupe une opinion publique traversée par tous les clivages et allégeances possibles. S’il ne tenait qu’à ces opinions, l’ancien président serait condamné sans autre forme de procès.

Il pourrait aussi être relaxé sans rendre compte à qui que ce soit. L’accusation et la défense jouent parfaitement ici la contradiction où seuls les juges sont logés aux abonnés absents. Le juge –le vrai- lui prendra sa décision en application du droit, après avoir entendu chacune des personnes concernées, dans le respect des règles de la procédure et du respect des droits de la défense, comme principes d’égalité et de loyauté dans un procès. Ce qui semble poser problème aujourd’hui et auquel contribuent d’ailleurs aussi bien la défense que l’accusation, en alimentant les représentations populaires des faits, c’est la remise en cause de la sérénité dans un procès inédit.

Laissons de côté les apprentis-avocats vaquer à leurs échanges byzantins. Malgré les fortes présomptions pesant sur lui, l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz doit pouvoir compter sur le respect absolu de ses droits civils et politiques. Il devait pouvoir en jouir jusqu’à sa condamnation définitive par les instances judiciaires habilitées. Ce ne fut pas toujours le cas ; reconnaissons-le.

Sa défense doit pouvoir jouir de toutes les informations constituant la base des accusations portées contre lui. Ce à quoi s’accroche d’ailleurs sa défense. Un dossier que Me Ebetty, avocat de l’Etat, argue, sur Rfi, avoir été transmis à ses adversaires.

De son règne -dix ans durant- certains de ses compatriotes n’ont pas gardé de bons souvenirs de l’ancien président, Mohamed Ould Abdel Aziz. Pendant que beaucoup d’autres ne juraient –alors- que par son nom et justifiaient tous ses faits et gestes comme actes «salvateurs» pour la République. Mais ils feignent aujourd’hui de lui découvrir le visage « hideux » qu’il ne portait pas hier. C’est malheureusement la culture « makhzénienne » bien de chez nous ; celle qui veut que l’on se vende au « Prince » du moment et lui retourner illico presto le veston dans sa descente aux enfers.

Malgré une différence de pure forme, par le biais d’une transition politique assumée, Mohamed Ould Abdel Aziz est lui-même rattrapé par son passé récent. Un passé où confronté au renversement de l’ancien président Sidi Ould Cheikh Abdellahi, qu’il avait forcé (avec le HCE) à démissionner pour prendre sa place, n’avait pas trouvé meilleur moyen que de l’embastiller manu militari au Palais des Congrès.

L’arroseur est aujourd’hui arrosé. Ceci rappelle qu’il n’est pas de bon aloi de trainer un ancien président de la République. Le temps bégaye souvent ! Mais quel que soit ce que l’on peut encore reprocher à l’ancien président, Mohamed Ould Abdel Aziz, le régime actuel ne doit pas abuser de sa position dominante pour vider, par d’éventuels actes, les garanties constitutionnelles dont l’ancien président devrait jouir.

Car la vraie victoire avec un grand « V » sera celle du droit et pas forcément celle obtenue, dans n’importe quelles conditions, contre l’ancien président, Mohamed Ould Abdel Aziz. La victoire du Droit revient donc au juge impartial qui n’obéit qu’à la loi et son libre arbitre.

JD

©️ via https://cridem.org/C_Info.php?article=762498

● Le «Qatargate» s’impose à la plénière du Parlement européen

Un mois après les révélations sur le scandale corruption «Qatargate» au Parlement européen, les députés se réunissent en session plénière du 16 au 19 janvier. Il est notamment question d’examiner la levée de l’immunité des deux eurodéputés mis en cause.

« Les responsables trouveront le Parlement du côté de la loi. » Dès le début du mois de janvier, la présidente Roberta Metsola l’affirme : son institution fera tout pour aider les enquêteurs. Et cela commence à Strasbourg ce lundi puisque la présidente du Parlement européen doit annoncer, lors de la session plénière, l’ouverture de la procédure pour lever l’immunité des deux députés impliqués dans le Qatargate, l’Italien Andréa Cozzolino et le Belge Marc Taraballa, tous deux sociaux-démocrates.

La commission des affaires juridiques étudiera ensuite le dossier. Ce n’est que le mois prochain, lors de la session plénière de février, que les eurodéputés se prononceront par vote sur la question de la levée de l’immunité des deux parlementaires. Mais à Strasbourg, aucun doute : pas un groupe ne s’y opposera.

Sylvie Guillaume, eurodéputée française PS du même groupe parlementaire (S&D) que les deux mis en cause, pense que cette levée permettra de mieux éclairer cette affaire. « Elle est nécessaire d’une certaine manière, puisque cela permet à ces deux députés de se défendre », fait-elle valoir.

L’élu du Rassemblement national (RN) Jean-Lin Lacapelle appelle à aller même plus loin, avec la mise en place une commission parlementaire. Une demande qui n’a pour l’instant pas été acceptée par le Parlement européen. « Nous avons demandé une enquête, une commission parlementaire […] Nous voulons savoir aujourd’hui qui a été corrompu, à quel niveau, et on va essayer de faire en sorte que les choses aillent très vite. C’est la réputation et l’image du Parlement européen qui est en question », estime l’eurodéputé du RN.

Vers de nouvelles règles de déontologie
Ces prochains jours, chacun devrait plutôt se concentrer sur ses pistes pour renforcer les règles déontologiques des eurodéputés. Pour l’eurodéputée Sylvie Guillaume, les règles existantes doivent être rendues obligatoires et généralisés pour être plus efficaces. « Quand on est par exemple rapporteur pour un texte, on doit fournir ce qu’on appelle une empreinte législative, c’est-à-dire donner à voir les rendez-vous que nous avons pour construire notre point de vue, explique l’élue socialiste. Il faut par exemple que ce genre d’éléments soit généralisé. »

Jeudi 12 janvier, la présidente du Parlement européenne présentait aux présidents des groupes politique son plan de lutte contre les conflits d’intérêts et l’ingérence des pays tiers. L’une des priorités de ce plan en quatorze points est d’interdire aux eurodéputés des activités de lobbyistes à l’issue de leur mandat. La déclaration d’intérêt des eurodéputés serait aussi concernée, par exemple. L’idée, dit notre correspondant à Bruxelles, Jean-Jacques Héry, c’est de rendre celle-ci plus précise concernant les activités professionnelles des députés. Députés qui pourraient devoir communiquer l’ensemble des rendez-vous pris dans le cadre de leur mandat.

Cette volonté de réforme est soutenue par l’ensemble des groupes parlementaires. Il faut dire qu’elle paraît urgente. On a en effet appris hier que l’eurodéputé Marc Tarabella, celui-là même qui devrait voir son immunité levée, n’a pas déclaré un voyage payé par le Qatar en février 2020. Et quelques jours plus tôt, l’eurodéputée socialiste belge Maria Arena avait fait part du même type d’oubli pour une mission effectuée en mai dernier, là aussi au Qatar. Elle avait démissionné dans la foulée de sa présidence à la sous-commission Droits de l’homme. Tous deux disent n’avoir rien à se reprocher mais dans le contexte, cela pousse a minima au renforcement des règles.

©️ via https://www.rfi.fr/fr/europe/20230115-le-qatargate-s-impose-%C3%A0-la-pl%C3%A9ni%C3%A8re-du-parlement-europ%C3%A9en