
Ce dimanche 27 juillet 2025, Le village de Bambardougou a vibré au rythme d’une cérémonie exceptionnelle et hautement symbolique à l’occasion de l’intronisation de son 15ᵉ chef de village, Ladji Namory Famouroudian TRAORE. Une figure emblématique, à la fois ancrée dans la tradition et dans l’histoire politique nationale, où il demeure l’un des visages les plus respectés depuis l’indépendance.
Dans une ambiance à la fois sobre et solennelle, la cérémonie a réuni notables, chefs religieux et traditionnels, ainsi que des anonymes venus saluer la continuité d’une tradition empreinte de dignité et d’harmonie. Mais au-delà du caractère protocolaire de l’événement, c’est toute la singularité de ce village soninké du Guidimakha qui a été mise en lumière.
• Une exception dans la tradition soninké
Dans une région encore marquée par la persistance des hiérarchies sociales traditionnelles, Bambardougou fait figure d’exception. Ici, aucune caste, aucun esclavage, aucune discrimination liée à la naissance. Le vivre-ensemble repose sur un socle d’égalité, de justice sociale et de solidarité. Tous les habitants y bénéficient des mêmes droits, partagent les mêmes devoirs, et s’engagent ensemble dans le développement communautaire.
« À Bambardougou, tout le monde se vaut. Il n’y a ni maîtres, ni esclaves. C’est cette égalité qui fait notre force », a confié l’un des doyens du village en marge de la cérémonie.
• Une chefferie fondée sur le consensus
Autre particularité remarquable : la stabilité de la chefferie traditionnelle. Là où certaines localités connaissent des tensions autour des successions, Bambardougou privilégie le consensus. Le chef n’est pas un détenteur de pouvoir, mais un homme de devoir, garant de l’harmonie et à l’écoute de tous.
« Le chef de village incarne notre histoire, nos valeurs, notre cohésion. Il est le symbole de l’unité que nous chérissons », a souligné un intervenant.
• Une lignée au service de la communauté
Depuis la fondation du village, quinze chefs se sont succédé, tous animés par un esprit de sacrifice, de proximité et de justice. Dans son intervention, le nouveau chef du village, Ladji Namory Famouroudian TRAORE, a promis de préserver l’unité et de défendre les valeurs de solidarité, de courage et de dignité qui font la fierté de Bambardougou.
• Un modèle de développement solidaire
Au-delà de cette intronisation du pouvoir temporel, l’organisation et la structuration communautaires de Bambaradougou forcent l’admiration. À Bambardougou, la solidarité n’est pas un mot creux : c’est un principe vécu au quotidien. Les projets communautaires sont conçus, portés et réalisés collectivement, dans un esprit de partage et de responsabilité.
Ce modèle mérite d’être connu, valorisé et transmis, car il prouve qu’une société soninké égalitaire, juste et solidaire est non seulement possible, mais vectrice de paix et de progrès.
Par ailleurs, comme ses prédécesseurs, le nouveau chef de village de Bambardougou, Ladji Namory Famouroudian TRAORE, a perpétué une autre tradition majeure : la rencontre avec le représentant de l’État, en l’occurrence le wali, chef de l’administration territoriale, M. Dahmane Ould BEYROUCK.
Ce geste, à la fois symbolique et républicain, témoigne du respect mutuel entre les autorités coutumières et administratives. Il s’agit là du 40ᵉ administrateur rencontré par un chef intronisé du village depuis 1950, une époque où l’administration coloniale encadrait encore la région.
Seyré SIDIBE et Maria TRAORE
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• Les 15 chefs de village de Bambardougou depuis sa fondation :
1. Diawoye Demba SYLLA
2. Lassana SYLLA
3. Balla Dama Coumba CAMARA
4. Famouroudian TRAORE
5. Faïry THIAM
6. Allakoué COULIBALY
7. Kaba Khassa Tougouné CISSOKHO
8. Méligué M’baré TRAORE
9. Sibiry Fatma TRAORE
10. Sidi Samba DIAKITE
11. Demba Faïry THIAM
12. Samba Nassou SANGHARE
13. Djiby Faïry THIAM
14. Kodoré Yissi TRAORE dit « Keybané »
15. Ladji Namory Famouroudian TRAORE
