La justice ! | Par le journaliste Seyré SIDIBE

La justice est une demande croissante et régulière du plus faible tant qu’il est dans cette posture vulnérable.
Il crie sous tous les toits, en scandant justice, justice.
Il s’emploie dans la caricature, la violence, l’injure, la haine sur fond de victimisation quasi éternelle : c’est sa ligne de défense.

A contrario, le plus fort est toujours dans la négation. Il entend préserver son confort à tout prix.
Une position et un statut, des intérêts qui le rendent aveugle, sourd et même des fois insensible, impitoyable voire cruel.

Il défend en toute circonstance, la justice du pouvoir dont les décisions le réconfortent dans sa position :
 » Justice a été rendue »,  » La justice est indépendante », « Faisons confiance à la justice ».
« Nous sommes dans un pays de droit ».
C’est la rhétorique du plus fort, par ce que jusque-là, le destin a voulu qu’ il soit du » bon côté ». Mais pour combien de temps ?

L’être humain est fondamentalement égoïste et malhonnête. Celui qui pleure aujourd’hui et qui dénonce à tout bout de champ l’injustice,
adopte le même raisonnement, la même logique que son bourreau, en d’autres circonstances où le sort a voulu qu’il soit plus puissant qu’un autre.

Le nouveau héros s’approprie et perpétue avec arrogance les mêmes mots, le même comportement et les mêmes phrases et frasques de celui qu’il présentait comme son bourreau, celui qui a symbolisé le mal absolu.

Finalement où est la justice ?
Et pour quoi, tant de malendus autour de la justice ? La justice n’est-elle pas une affaire d’intérêts tributaire de la position que nous occupions ?
Le plus fort comme le plus faible appellent de leurs voeux à la justice et fustigent tous l’injustice. De la pire diversion. La vérité brille d’elle-même, même immergée dans les profondeurs de l’océan, elle finit toujours par revenir à la surface de l’eau.

La justice n’est pas toujours synonyme de vérité contrairement à ce qu’on veuille nous faire croire. Elle est souvent l’expression ou le délibéré du plus puissant.

Le temps est le meilleur des juges. Un jour, le faible devient fort et le fort faible.
Et l’on se rend compte qu’aucun d’entre eux n’est juste et ne pose des actes de droiture et de probité. Ils se servent de la justice et instrumentalisent au gré de leurs situations du moment.

Cela est d’aucun plus vrai qu’à chaque fois qu’il y a un changement de régime, ceux qui défendaient le pouvoir deviennent ennemis de la justice, dès qu’ils perdent leurs privilèges, à la suite d’une déchéance.

Les victimes d’hier, promues et réhabilitées, changent d’éléments de langage. Désormais, elles s’érigent en défenseurs du système et du pouvoir.

Rares sont ceux qui s’apitoient sur le sort du faible, du gueux et de l’indigent tant qu’ils sont du « bon côté » .

Ses Récriminations, ses protestations et ses lamentations sont regardées comme des caprices et des fantasmes qui ne méritent aucune commisération.

La justice, c’est notre justice. Elle est le reflet de notre société, de notre personnalité en tant que nation ou continent.

Chacun d’entre-nous aura un jour ou l’autre rendez-vous avec elle.
Autant la rendre impersonnelle et juste pour tout le monde pour éviter les représailles de la justice contre l’injustice. Elle risque d’être vengeance, chasse aux sorcières, règlements de comptes : le chao.

Seyré SIDIBE

● Élections générales de 2023 en Mauritanie | Retour d’expérience militante de KS [+Photo-reportage]

● Sur les gagnant.e.s

Mes félicitations fraternelles et citoyennes aux compatriotes ayant été élus ou reconduits dans leurs mandats respectifs (les Mairies, le Conseil régional et le parlement). Également aux perdant.es qui sont gagnant.es à bien des égards dans cette aventure civique qui révèle « humanités » et « personnalités » que renferment nos identités brutes. Aspirer à mener la direction des affaires publiques est très louable, on s’y fait une certaine violence intime. Ainsi je clame BRAVO aux un.e.s et aux autres !

Le coup de maître inédit à signaler désormais dans les annales politiques du Guidimagha, est du fait d’un génie stratège dénommé Waly Diawara et ses camarades. Sous un étiquetage politique de « circonstances » du parti Udp (Union pour la Démocratie et le Progrès) l’inoxydable de Naha Mint Mouknass, le groupe de M. Diawara a raflé plusieurs mairies, 4 postes de députés sur 8 possibles et plusieurs conseillers régionaux, surtout a raté de peu la très prisée présidence du conseil régional du Guidimagha. Les représentants locaux du parti principal encarté majorité présidentielle « Insaf », ont été bousculés (ballottages serrés) et mis à l’écart (battus sèchement au 1er ou au second tour) pour certains. Le cas du département de Ould yengé est significatif dans ce sens, au deuxième tour des législatives, les candidats Udpéistes écrasent les Insafistes (avec un candidat ancien ministre) avec un écart de quelques milliers des voix (11 088 contre 6 982). Dans la commune de Dafort, une ingénieuse candidature iconoclaste sous la couverture d’Udp a délogé une direction municipale en place depuis quasiment 3 décennies. À noter les candidatures du pôle de l’alternance (sous la couverture légale Sawab) dans les données électorales d’équilibre et de positionnement comme « faiseur de roi » au second tour dans certaines zones.

Sur Le Parti RAG-France 

Cette instance politique est âgée d’à peine 7 mois (sa première réunion organique date du 10 décembre 2022 à Montreuil). Le Parti RAG (Refondation pour une Action Globale) est l’aile politique émanant des rangs militants et simpatisants du mouvement antiesclavagiste mauritanien IRA-Mauritanie (Initiative pour la Résurgence Abolitionniste fondée en octobre 2008 et très tardivement reconnue par les autorités en fin 2021) et du député national M. Biram Dah Abeid. La section du parti RAG a été formée par différents militants proches d’IRA-France et des soutiens politiques historiquement encartés du leader abolitionniste mauritanien. Et je m’identifie dans cette dernière catégorie et depuis l’échéance présidentielle de 2014, mes frères et camarades Brahim Ali  et Mohameden Zahaf  sont l’un ou (et) l’autre de relais sûrs sur lesquels j’adossais mon expression militante contributive pour les thèses droit-de-lhommistes et politiques défendues vaillamment par Biram. L’école politique Biramiste a été (est) une source d’inspiration porteuse de principes fondamentaux qui correspondent à la vision que j’aspire en matière politique (emprise directe citoyenne avec les populations, universalisme, progressisme, droit-de-l’hommisme….). En résumé un paradigme dé-communautariste d’un militantisme cohérent et transversal qui sanctifie la qualité Citoyenneté sur toutes autres considérations raciales ou tribales. Ainsi la section RAG France s’est hissée aux défis en face (internes et externes) pour participer aux législatives (poste de député de la circonscription Zone Europe). Avec un arbitrage confié à notre direction de l’intérieur et ses partenaires (coalition de l’alternance), un ticket de candidature a été choisi. Le camarade Dr Ba Boubou , juriste de formation a été désigné et la camarade Madame Salamata LÔ lui a été adjointe comme suppléante. Par une dynamique campagne électorale menée en équipe sous la direction de notre Top investi secrétaire général M. Elhadj Fall , nos candidats sous la couverture légale du parti Sawab arrivent à la deuxième position derrière les représentants du parti du gouvernement Insaf. Mes salutations citoyennes à nos compatriotes qui nous ont fait confiance avec 729 voix (18.40% au premier tour) avec une participation pointée à 73.11% . Au second tour tenu le 27 mai 2023, cette dernière a chuté de plus de 20 points (51.63%) et le candidat Insaf M. Diawara Issa a été élu avec 57.79% contre 40.38% (1211 voix) pour notre camp. Mon amicale reconnaissance et mes vifs encouragements à notre Team RAG-France et d’autres compatriotes (familles et proches de nos candidats) investis vaillamment dans cette aventure politique et je réitère ma fierté pour y avoir pris part avec nos moyens très serrés dès le départ. Je cite et loue ici l’implication notable de notre mère et tante à tous, Néne Daya connue Mme Thioye Kadiata, la mère de notre camarade suppléante Salamata LÔ.

Sur le volet de nombreuses et riches rencontres lors cette campagne, je tiens à noter celle d’Orléans auprès de nos compatriotes et en particulier l’échange émouvant avec notre oncle et doyen Kebé Abdoulaye (ancien gendarme ayant vécu l’emprisonnement sous le régime de Ould Taya). En région parisienne chez l’expérimenté militant multi-casquette M Baba Ould Jiddou (APP Europe), en accompagnant notre candidat Dr Boubou BA, j’ai eu l’occasion de rencontrer l’intellectuel mauritanien M. Jemal Ould Yessa. Un esprit futé aux mots avisés qui inspire.

« Nous reviendrons » comme dira un certain K. Mbappe, in sha Allah !

Un vote entre plusieurs communautarismes !

Avoir une communauté de vue en speech diplomatique, sonne en creux comme nos positions se retrouvent sensiblement sur tels ou tels sujets ou enjeux. Les enjeux ou les sujets mis en exergue suscitent et conditionnent nos différents positionnements sociaux et politiques. Ainsi Voter ou choisir une personne pour la direction des affaires publiques, est un gros enjeu dans nos milieux où peu sont interpellés par les éléments programmatiques d’un.e candidat.e . L’engagement politique sous nos cieux est pris aux pièges d’une structuration sociale prégnante qui relègue en marge les idéaux portés par de partis et hommes (femmes) politiques . Dans l’électorat ou les électorats, plusieurs communautarismes y composent selon les données d’appartenance raciale, sociolinguistique et statutaire. Lors du scrutin pour l’élection du député de la diaspora mauritanienne Zone Europe au suffrage direct, nous avons constaté en plus de plusieurs candidats en lice, certains positionnements dans l’électorat au premier tour et au second tour. Au final le bloc de l’opposition qu’on croyait majoritaire sur la base des données électorales de la présidentielle de 2019, n’a pas su gagner ce poste de député paraissant pourtant prenable. Les motivations intimes des uns et des autres au sein de l’électorat et certains arguments de campagne diffus en sourdine ont brouillé toutes les données attendues en matière de prédictions logiques. Le camp du pouvoir avec le député sortant y a profité largement au second tour avec l’aide d’une forte abstention. Cette dernière a une certaine motivation qui sous-entend un communautarisme très lisible quand on observe objectivement les données de listes électorales. L’appel à un sursaut républicain lancé par plusieurs candidats et partis politiques en faveur du candidat du pôle de l’alternance, n’a pas eu l’effet escompté. Ainsi, prochainement cette opposition aurait intérêt à un travail militant de concertation et d’unité en amont pour espérer mieux.

1 juin 2023

✍️🏿KS

Photo-reportage :