● Dialogue politique ou monologue politique ? | Par le journaliste Seyré SIDIBÉ

En démocratie, le dialogue, est un exercice permanent. Une réalité de tous les jours en tant de crise comme en temps de paix.
Il est consubstantiel au pouvoir démocratique, dès lors que celui-ci est avant tout horizontalité.

Le malaise de la gouvernance dans les États africains est bien perceptible à travers « le concept de dialogue national » qui a supplanté celui de Conférence Nationale, en vogue sur le continent dans les années 90.

Conférence nationale, Dialogue national, assises nationales renvoient toujours au champ semantique de Concertrations, de recherche de compromis pour acter l’inclusivité, la participation etc. Autant de marqueur d’un pouvoir qui n’entend pas gouverner en solitaire, qui est à l’écoute du peuple, et soucieux de la sacralité du pluralisme.

Or, dans une démocratie normale de telles rencontres sont rarement convoquées, décrétées par la seule volonté du chef. En effet, elles sont souvent résultantes d’une crise née du manque d’ouverture en amont : une gouvernance trop verticale, autoritaire voire autocratique.

L’une des caractéristiques de ces grand-messes, le manque de sincérité du pouvoir, initiateur et commanditaire des Assises nationales.
Exactement comme le pompier pyromane qui met le feu aux poudres et s’empresse d’être le plus en vue pour l’éteindre : prouver sa bonne volonté ou encore son professionnalisme dans l’exercice.

Ce qu’il est advenu d’appeler Dialogue national n’est qu’un écran de fumée, une supercherie utilisée par le pouvoir pour réconforter sa position, pour reprendre la main, au moment où il est en mauvaise posture.

En réalité, ce n’est pas dialogue . C’est un monologue du pouvoir dont l’issue est connue d’avance.
À cette occasion, le pouvoir essaie de changer les règles du jeu politique, en agissant par la fourberie pour changer à son avantage la configuration du paysage politique : des partis fantoches sont promus au détriment des véritables challengers.

En Afrique, ces rencontres inutiles, sans lendemain, onéreuses pour le contribuable et dont les conclusions ne durent que l’instant de la lecture du communiqué final, sont une véritable mascarade qui viennent baliser le terrain, ouvrir la voie à des élections frauduleuses et truquées d’avance.

En vérité, en démocratie on n’a pas besoin de décréter le dialogue, elle est partie intégrante du pouvoir démocratique.

Les acteurs sociaux, la société civile, les syndicats, les organisations socioprofessionnels etc., sont constamment dans le dialogue et toujours disposer à dialoguer.

Aujourd’hui, le président Macky Sall en fin de mandat et dans un contexte où il a lui-même crée une situation de crise politique multidimensionnelle, appelle de ses voeux au Dialogue.
N’a-t-il pas eu assez de temps pour Dialoguer ?
Quelle est la légitimité de ce dialogue après gouverner le chao, à coup de marteau et de bulldozer contre les institutions ?

Je souhaite vivement que le peuple sénégalais sorte requinqué de cette crise dont les éclaboussures peuvent faire des victimes collatérales loin des frontières de leur pays.

En effet, les mauvais exemples sur le continent donnent toujours des idées à d’autres. Ils n’hésitent à calquer …

Au moment où les rideaux du Dialogue national sénégal s’apprêtent à être baissés, un autre pays africain, d’autres sont dans la programmation de leur énième Dialogue. Un cercle vicieux.

Si bien qu’on a tenté par extrapolation de dire que les Africains aiment parler, bavarder .
La démocratie ce n’est pas seulement des joutes verbales, de l’oralité pour rien.

Une chose est sûre, ce que les peuples africains en ont assez de ces Dialogues politiques illusoires et sans perspectives.

La démocratie repose sur des contrats, des engagements, des textes de lois et des concessions. C’est une culture du partage et des valeurs auxquelles on souscrit pour le meilleur et pour le pire.

Seyré SIDIBE

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● « Loi d’Amnistie au Sénégal : ouvrir un débat et se poser des questions » | Par M. Souleymane SIDIBÉ

En 2004, au Sénégal, une loi d’amnistie a été votée dans l’affaire Me Seye. C’est la Loi Ezzan, proposée par Ibrahima Isidore Ezzan. Celle-ci a remporté 70 voix contre 27. Le député Khoureychi Thiam a voté contre, et le professeur Iba Der Thiam s’est abstenu.

Le professeur Bathily a exprimé le danger d’avaliser le crime, tandis que le ministre de la Justice Serigne Diop, Garde des Sceaux, a salué cette loi comme une bonne chose, soulignant qu’elle n’a pas été proposée par le pouvoir exécutif. Feu Dansonkho a souligné qu’on ne peut pas arrêter la vérité.

Étonnamment, le député libéral, Ibrahima Isidore, a
rejoint son créateur juste après le vote de cette loi. Il avait tout de même minimisé la mort d’un membre du Conseil Constitutionnel sénégalais, feu Me Seye, qui avait tenté de prendre son courage à deux mains après la démission du juge feu Kéba Mbaye.

Quant à ce que certains qualifient de compromis politiques, cela soulève des questions sur la situation politique actuelle. La justice est-elle un moyen coercitif et de dédommagement des crimes ? Aux spécialistes de nous éclairer au mieux pour que l’on puisse faire une analyse.

Concernant l’amnistie, il convient de préciser qu’elle implique l’absence de poursuites pour des faits avérés et dont les auteurs sont reconnus coupables. Les termes sont clairs dans le langage judiciaire. Elle ne doit pas être confondue avec la paix intérieure, comme l’a souligné Me Brahim Ould Ebety dans un contexte mauritanien différent.

Maintenant, que cherche le président Macky Sall ?

Souleymane Sidibé,
Bordeaux, le 27 février 2024.

● Avatars de l’esclavage et du racisme en Mauritanie [IRA-Mauritanie]

مـــــــــبـــــــادرة انـــــبعـــــاث الحــــركـــــــة الإعـــــــــــــــــــــتاقـــــيـــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــة
INITIATIVE DE RESURGENCE DU MOUVEMENTABOLITIONNISTE (IRA)
RÉCÉPISSÉ N° FA 010000102912202100001

Avatars de l’esclavage et du racisme en Mauritanie

Chronique d’une liquidation préméditée

Ce qui suit est une mise au point, à l’attention des partenaires stratégiques de la Mauritanie.

1. Dès le mois de mai 2022, l’Etat a entamé une dynamique de harcèlement aux dépens du député de l’alternance, Biram Dah Abeid, candidat à l’élection du Président de la République en juin 2024. Aux campagnes mécaniques de diabolisation se substituent, assez vite, les menaces de mort et la volonté de l’exclure de la compétition. Le déclenchement de la stratégie de l’isolement revenait aux sécurocrates du renseignement et de la police politique. Le secrétaire général adjoint du gouvernement, Ishagh Elkenti et une pléthore de sous-fifres à lui affiliés inaugurèrent une inquisition que ne désavouerait le tribunal du Saint office, au Moyen-âge de l’Europe du sud. Chacun y est allé -et revenu – de sa séquence vidéo, pour alerter l’opinion hassanophone, quant à la nuisance de Biram Dah Abeid. Aux yeux des zélateurs et émules nombreux parmi la caste des anciens maîtres, le récipiendaire des prix internationaux de promotion des droits humains, de la démocratie et de la non-violence exécute l’agenda des juifs et des chrétiens, ennemis présumés de la Mauritanie, de son arabité et de sa religion. Nos compatriotes qui gardent un minimum de lucidité mémorielle établiront, ici, la comparaison avec les délires du nationalisme précurseur de la tentative d’épuration ethnique, de 1986 à 1991. A chaque moment décisif de la répression des noirs subsahariens dans notre pays, il s’avère d’usage récurrent de convoquer, ensemble, au banc des méchants perpétuels, l’Occident, les juifs, l’impérialisme et la progéniture de Satan. Ces menus reproches, où la perfidie enfle à souhait, mobilisent la facilité et le sens du raccourci en guise de fil conducteur à la propagande.

2. Equivalent dilué des émissions de haine sur les ondes de Radio mille collines durant le génocide des Tutsis au Rwanda, les séquences vidéo et audio de dénigrement tendent, à créditer, auprès de l’opinion hassanophone, la certitude que la revendication d’égalité selon l’Initiative de résurgence abolitionniste (Ira), secoue les équilibres fondateurs de la domination, dont la suprématie des tribus arabo-berbères et la continuité de leurs privilèges, bien à rebours de la loi et de l’éthique républicaine.

3. D’ailleurs, comble d’arrogance et de confiance en son impunité, un parent et partisan zélé de l’éminence grise du pouvoir, n’hésitera, à préciser, devant témoins, les termes de la dissuasion. Ainsi, le 11 mai 2022, en marge d’une visite de Biram Dah Abeid à Akjoujt, il déclarait : « mon cousin et le président Ghazouani, ne fonctionnent pas comme l’ancien président Mohamed Abdel Aziz; lui t’arrête et te libère en fin de compte mais le ministre de l’intérieur et le président actuel, vont te tuer si continues ton activisme malsain et moi qui te parle je pèse mes mots et te mets en garde ».

4. Le lendemain, à Atar, lors d’un congrès de Refondation pour action globale (Rag), alors interdit mais toléré au titre de l’ouverture et de l’apaisement initiés par le Chef de l’Etat, une unité de la police anti-émeutes investit la salle et déchire les banderoles, face à un public stupéfait d’une telle outrecuidance. L’aile dirigeante du mouvement d’émancipation assiste à l’effondrement de ses chances de reconnaissance formelle. Aussitôt, son leader, Oumar Ould Yali décide de suspendre sa participation au projet de dialogue inclusif.

5. A la suite du retrait, les meneurs de l’Union des forces de progrès (Ufp), Mohamed Ould Maouloud et maître Lô Gourmo, critiquent Rag et l’accusent d’avoir entraîné l’échec de la concertation avec la Majorité. Dès lors, attaques et dénigrement envers Biram Dah Abeid deviendront le point de convergence entre la formation et ses nouveaux alliés au sein du Pacte républicain. Le bricolage d’entente résulte, en 2023, de la défaite de l’opposition traditionnelle, aux élections des députés, conseillers de mairie et de région. L’Ufp, réduite à un score inférieur à 2% des suffrages perdait de son aura. En guise d’assurance-vie, il lui fallait s’accrocher à la remorque déjà surchargée de l’Insaf, le rassemblement des acteurs de la conservation et de l’opportunisme, héritier du Parti républicain démocratique et social (Prds), pendant la dictature du Colonel Ould Taya.

6. Pire, depuis le début de février, date de la révolte des paysans victimes de l’esclavage foncier à Rkiz, l’Ufp ne cesse d’imputer, au courant abolitionniste, les préparatifs d’une guerre civile, voire d’un projet « nazi » d’extermination des arabo-berbères. Grâce à quel armement, s’interrogerait un esprit rationnel et de bonne foi !? A l’appui d’une assertion tant fantaisiste, les détracteurs de Biram Dah Abeid, évoquent le moment historique où il procéda, en 2012, à l’incinération des livres de droit musulman qui légalisent et organisent l’infériorité du serviteur noir, à proximité de son propriétaire noble. Le discours de la panique et du takfir s’adresse, comme d’habitude, aux officines gardiennes du statu quo, en l’occurrence l’orgueil des clans et l’obscurantisme salafi, deux obédiences hier hostiles l’une à l’autre, avant leur union sous la bannière de la résistance à la demande massive d’égalité et de répartition équitable des ressources.

7. Alors, dernier épisode du processus de marginalisation en cours, Mohamed Ould Mouloud, porta plainte, contre Biram Dah Abeid, au grief diffamation. Aussi, le 20/02/2024, sacrifiant à une célérité exceptionnelle, le Bureau du Parlement, vota la levée de l’immunité du député, ultime acte sur le chemin de son éviction de l’échéance présidentielle. Non content de prendre le risque de le priver de parrainages, le pouvoir du moment vient de privilégier l’instrumentalisation de la justice, afin d’obtenir le même résultat, par un procédé moins brutal.

8. Voici pourquoi et comment la lutte n’en est qu’à ses prémisses. Nous la mènerons, à son terme, sans jamais tomber dans le piège de la diversion ni renoncer aux moyens pacifiques de notre relèvement.



Nouakchott, Commission de la communication, 23 février 2024