« Nier l’humanité de l’autre, c’est de cela qu’il s’agit dans notre communauté Soninké » Par Souleymane Sidibé

« C’est une erreur de vivre selon le mode d’autrui et de faire une chose uniquement parce que d’autres la font. C’est un inestimable bien de s’appartenir à soi-même. » Sénèque

Les événements tragiques autour de la « Zawiya Mpaly Kaba » de Kaedi sont une suite de crispations sociales autour du statu quo. Nous avons vu un ensemble d’intellectuels user de la parole à un travers un arsenal conceptuel pour justifier la bêtise ou aiguiser leur regard loin de toute objectivité mais proche de la subjectivité. Il ne faut pas avoir la langue de bois. Je ne suis pas un fin connaisseur des lieux de cultes et de vénérations que sont les Zawiya en Mauritanie. Celle qui a attiré l’attention est la Zawiya: Mpaly Kaba de Kaedi où les disciples des fondateurs de la confrérie se requièrent.

A la suite d’un ensemble d’événements, on remarque que les intellectuels Soninko (de la communauté sociolinguistique Soninké) sont dans le déni. Il va falloir combattre ce déni pour aspirer à plus jamais ça. Il faut poser les bases de l’égal accès à l’imamat (fait de pouvoir diriger la prière par rapport à la qualification, les compétences et la dévotion qui ne se vend pas). Écrire des tas de livre avec des personnes qui n’œuvrent pas à casser les « fondements erronés » restent une perte de temps inouïe. Le refus de partager des fonctions symboliques dans un groupe donné en Mauritanie et particulièrement chez les soninko reste la plus grande torture dans l’imaginaire collectif des personnes « castés ». C’est là une forme de contrainte sociale qui rappelle les séquelles de l’esclavage. Dire qu’un individu lamba doté de sciences (en se référant au sens dans un contexte islamique) ne doit pas diriger une prière ou doit demander la permission reste incompréhensible. Rappelons dans ce sens, Camus qui disait: « La bêtise humaine insiste toujours ».
Certains insultent Baliou Mamayary Coulibaly en disant qu’il est l’initiateur de ce « mal ». Je pense simplement que la pesanteur sociale leur épargne beaucoup de maux. Nier l’humanité de l’autre, c’est de cela qu’il s’agit dans notre communauté Soninké. La stratification sociale empêchait certains soi-disant « esclaves » ou personnes d’ascendance servile, griots, tutti quanti, d’étudier. Ils devaient être programmé pour assouvir les désirs et dérives de soi-disant « maîtres » ou « bien nés ».
De nos jours, nous vivons dans des États en Afrique qui s’apparentent à des démocraties. Tout le monde a droit à l’éducation. C’est vers la méritocratie que nous tendons.

Le poids du capitalisme de nos jours est immense. Il y’a ce que beaucoup qualifient de « réalités sociales »; et il y a à côté le choix de comment se définir. Le mépris culturel et l’ordre inique sont d’autant plus considérables dans nos contrées que quand la misère intellectuelle et financière sont là. Il suffit de voyager pour voir que nos « fondements » sociaux sont un leurre. Il faut démocratiser car l’individu qui quitte son territoire pour un pays occidental se marie souvent là-bas sans se focaliser sur les origines ou le « rang social » de son conjoint. Arrêtez cette hypocrisie silencieuse !

Certains ont parlé de consensus. D’autres ont manifesté leur « volonté de puissance ». Il n’y a qu’un seul Salut. C’est le combat pour la dignité humaine. Ce combat ne peut pas se mener qu’ailleurs. Il le faut évidemment chez nous. Il ne faut pas chantonner dans les affaires comme le cas de George Floyd ou autres en faisant abstraction des tares féodales-esclavagistes dans nos pays. Dans la communauté Soninké, également dans toutes les communautés de l’Afrique, il faut arriver à déconstruire et à démystifier les approches socioculturelles qui existent pour l’avènement d’une culture citoyenne avec des politiques représentatives, une démocratie en construction et des leviers culturels sur des principes universels qui répondent à la vraie culture islamique de nos sociétés; pas celle adaptée aux traditions. Il y’a urgence de quitter « les identités étriquées pour de véritables identités citoyennes ».
Selon une source, le gouvernement mauritanien à travers son ministre de l’intérieur a pris des mesures drastiques et appelle au calme. Que ce même gouvernement agisse aussi dans le solde de toutes les entités; pas seulement d’une communauté donnée. Il faut que l’Etat vide le contenu des « pouvoirs traditionnels » pour le compte des maires et autres personnes de l’administration. Le mauritanien doit être participe de l’universel pour parler comme mon homonyme Souleymane Bachir Diagne. « Il faut remette en place le chantier de l’universel ».

Que la paix règne à Kaedi, dans soni kara et dans le reste du monde. Elle ne sera véritablement axée que par l’implantation de la raison, de la logique et la reconstruction autour un nouvel idéal avec plus de justesse.

©️ Crédit source : Reçu de l’auteur – Post FB https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=4217327234953597&id=100000290871124

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