
Nous avions souvent abordé, la question de l’esclavage en milieu Soninké, avec beaucoup de sérieux et de passion. On ne pouvait faire autrement ! C’est un impératif moral, et une compassion pour les victimes, tant le sujet est loin d’être léger ou drôle. Cependant, trop de sérieux, n’est pas sérieux. Et si l’on y mettait un peu d’humour.
La noblesse « horaxo » devrait être un idéal Soninké, soit une personnalité Soninké achevée et parfaite, l’incarnation de la sagesse de « l’homme Soninké » : un idéal à éteindre.
La Noblesse, sous ce rapport, est une attitude, un comportement, une exemplarité morale et éthique, spirituelle voire existentielle.
Tous les membres de la communauté peuvent, en théorie, accéder à la Noblesse, mais à condition d’être éligible. Ainsi, elle cessera d’être héréditaire, transmise par la naissance, une classe fermée et cloisonnée, qui croient être supérieure aux autres; en faisant de la noblesse sa » propriété privée » .
Un titre donc contestable par son mode d’acquisition, de transmission ; tel un seigneur sans honneur, arrivé au trône par usurpation et sans en avoir le charisme et la prestance.
Ainsi, la Noblesse devient le combat de chaque Soninké (hommes, femmes, jeunes et vieux ) pour y accéder.
La recherche d’une échelle sociale, jamais acquise définitivement et à vie, conduira certainement à la promotion d’une société plus saine, plus juste où l’excellence est une valeur, un défi de tous les jours.
Dans cette nouvelle architecture, la noblesse sera ouverte à tous. Mais attention, on peut la perdre comme un permis à points .
En effet, on y prévoit, la déchéance du titre de la Noblesse pour ceux qui poseront des actes répréhensibles et blâmables : elle repose sur l’exemplarité, la probité, mais surtout votre apport à la communauté, à la société.
Dans cette vision, l’Esclave n’est pas un nom de famille, un statut social, un héritage social, soit une étiquette à vie et pour toujours. L’esclave est celui qui est nuisible, celui qui est ignorant et fait montre de bassesse par son comportement etc. On est donc loin du déterminisme social. Rien n’est acquis d’avance et rien n’est perdu d’avance.
Les belles âmes et vertueuses seront les gardiennes du temple de cette nouvelle noblesse ; une espèce de Panthéon.
Si bien qu’on sera loin du schéma actuel, où certains sont » déclarés » appartenir à la noblesse, alors même qu’ ils ne savent même pas comment s’y prendre. D’autres sont classés « esclaves » pendant qu’ils excellent en toute chose, et n’ont jamais compris pourquoi la société leur réserve une place aussi déshonorante et abjecte.
Le meilleur modèle social, c’est celui qui accorde une place de choix à l’humain. Or, l’humain est indissociable de la dignité. Ainsi, la dignité est un trait intrinsèquement humain, par delà les origines sociales, géographiques, raciales, tribales, ethniques et linguistiques etc., elle ne peut être la propriété de quelques « privilégiés ».
Un travail de déconstruction est nécessaire pour expliquer que l’honneur revient à cet homme qui a été abusé, déshonoré, déshumanisé, vendu et traité comme un bien meuble par son semblable.
Quel honneur, quelle royauté, quelle éminence pour celui qui a esclavagisé son propre « frère » ? Même les puissances impérialistes, ont aujourd’hui honte des actes barbares qu’elles ont posés autrefois en Afrique et ailleurs.
Si la grandeur d’une puissance colonisatrice se mesurait au nombre de colonies dont elle disposait, donc de populations indigènes et de territoires; de nos jours la puissance est avant tout économique, culturelle, démocratique, politique, militaire et diplomatique etc.
La grille de lecture a bien changé. La noblesse est du côté de la victime, qui n’a rien fait de mal si ce n’est être faible, pauvre ou vulnérable.
Une situation qui peut arriver à chacun; si l’on admet que la vie est faite de haut et de bas.
Or, l’indignité caractérise bien les agissements de celui qui profite de la faiblesse de son » frère » pour l’exploiter psychologiquement, culturellement, économiquement, politiquement, socialement etc. Et plus grave encore, sans aucun remords, il entend perpétuer sa domination par la transmission des « codes » à sa « lignée » pour que le mal perdure.
Comment s’enorgueillir d’un passé où ses aieux avaient des esclaves ?
Quandon sait que l’esclavage, même pratiqué sous le manteau de la culture (tradition) n’est pas sans rappeler: abomination, crime. En effet, il rime avec criauté, brutalité, violence, viol et toutes sortes de tragédies humaines.
Seyré SIDIBE


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