
Avant toute chose, précisons que cet article n’a pas vocation à juger si les pratiques sont “normales” ou “injustes”.
Il n’est pas question de défendre qui que ce soit, mais uniquement d’expliquer les logiques diplomatiques, économiques et stratégiques derrière certains comportements d’État.
Beaucoup réagissent avec émotion ou fanatisme, sans comprendre les réalités froides du fonctionnement entre pays. Il est temps d’être lucide.
1. Libre circulation et accords bilatéraux : pourquoi les Ivoiriens ont-ils un traitement particulier ?
En Mauritanie, certains ressortissants ivoiriens bénéficient d’une facilité d’accès à la carte de séjour, grâce à un accord bilatéral entre Nouakchott et Abidjan.
• Comment cela fonctionne-t-il ?
• Les Ivoiriens s’inscrivent auprès d’une entité officielle ivoirienne installée à Nouakchott.
• Cette entité transmet leurs informations au ministère mauritanien des Affaires étrangères.
• En retour, ces Ivoiriens obtiennent gratuitement leur carte de séjour.
Pourquoi cet avantage ?
Parce que la Mauritanie et la Côte d’Ivoire ont des intérêts croisés forts :
• Des milliers de commerçants mauritaniens vivent et prospèrent en Côte d’Ivoire (boutiques, import-export, gros commerce, etc.).
• La Mauritanie a donc tout intérêt à ménager la diaspora ivoirienne chez elle pour protéger ses propres ressortissants en Côte d’Ivoire.
Exemple concret :
Si demain la Côte d’Ivoire expulse massivement des commerçants mauritaniens, cela entraînerait un désastre économique pour des milliers de familles mauritaniennes.
2. Pourquoi cette situation n’est-elle pas la même avec le Sénégal ou le Mali ?
Il est vrai que la Mauritanie a aussi des commerçants au Sénégal et au Mali. Mais :
• Le volume est beaucoup plus faible qu’en Côte d’Ivoire.
• L’activité est différente : au Sénégal, par exemple, de nombreux Mauritaniens sont liés au commerce de proximité ou viennent se soigner ou étudier, mais ils ne dépendent pas massivement du marché sénégalais ou malien.
• Le transfert est possible : si un jour un conflit éclatait, un commerçant mauritanien au Sénégal pourrait facilement s’installer en Gambie ou en Guinée-Bissau. Les risques économiques sont donc limités.
En revanche, pour la Mauritanie, perdre l’accès au marché ivoirien serait un coup stratégique majeur.
Conclusion simple : là où il y a plus d’intérêt, il y a plus d’efforts diplomatiques pour ménager l’autre partie.
3. La vraie mécanique des relations Nord-Sud
Quand deux pays collaborent, ce n’est jamais par amour ou par simple voisinage.
C’est toujours une question de :
• Qui dépend de qui ?
• Qui perdrait quoi en cas de crise ?
• Quels sont les leviers de pression disponibles ?
Exemples simples pour comprendre :
• Licences de pêche : La Mauritanie octroie chaque année des permis de pêche aux Sénégalais. Si tension il y a, ces licences peuvent être suspendues, créant une crise pour des milliers de pêcheurs sénégalais.
• Diaspora active : Il y a beaucoup plus de Sénégalais vivant et travaillant en Mauritanie que l’inverse. Donc, Nouakchott a un levier de pression plus fort.
• Flux financiers : Plus d’argent sort de Mauritanie pour aller au Sénégal et au Mali que l’inverse. Cela crée un déséquilibre économique que Nouakchott peut utiliser.
4. La Gambie, un autre exemple de “statut privilégié”
La Gambie est un autre pays où la relation est particulière :
• Beaucoup de commerçants mauritaniens sont établis en Gambie.
• La majorité des Gambiens en Mauritanie sont des étudiants venus pour des études islamiques.
• Résultat : Même s’ils paient leur carte de séjour, les Gambiens bénéficient d’une certaine tolérance.
La raison est toujours la même : protéger ses propres ressortissants à l’étranger.
5. Exemple frappant : le Mali et les représailles sur les commerçants
Quand la Mauritanie a expulsé des Maliens récemment, des jeunes à Bamako ont voulu fermer les boutiques mauritaniennes.
Réaction rapide des autorités maliennes : les jeunes ont été arrêtés et le Mali a réagi pour protéger ses autres intérêts en Mauritanie.
Cela montre que les États négocient selon leurs intérêts stratégiques réels, pas selon les sentiments populaires.
Comprendre sans fanatisme
Chers amis, il faut arrêter d’analyser ces questions avec des lunettes de colère ou de fanatisme.
Les relations internationales, surtout entre pays africains, fonctionnent selon des règles pragmatiques : intérêts économiques, équilibre de pouvoir, dépendances mutuelles.
Celui qui domine économiquement négocie mieux. Celui qui a plus à perdre plie.
Ne vous laissez pas tromper par des discours émotionnels : il ne s’agit pas d’amour, de fraternité ou autre , mais bien d’intérêt froid et calculé.
Comprendre cela, c’est grandir et éviter de se ridiculiser en confondant nationalisme de café et réalités géopolitiques.
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