● Mauritanie politique | l’engagement vaut avant tout par son périmètre prioritaire. Par KS

● Rétro 📷 Avril 2025 | Avec le doyen et compatriote Dr Mohamed Cire. De notre causerie instructive adjointe à d’autres observations et échanges avec certaines source-ressources sociales et politiques sur notre Mauritanie politique, ma conviction s’est affermie sur la stratégie de périmètre prioritaire en politique. Une sorte de relativisme alerte en fonction de qui dénonce quoi et dans quel contexte. Également à être attentif sur le traitement thématique : ici ça marginalise une donnée et là bas ça en fait une centralité selon des frontières sociales et territoriales.

Ainsi, en militant ou sympathisant, je peux me retrouver dans le même camp politique de diverses compositions sociales et idéologiques mais mon top focus ne doit jamais dévier de mon périmètre prioritaire dans les enjeux politiques et sociaux en question.

Un cas plausible pour ne pas dire certain, tu peux te retrouver soutenir un candidat à la présidence de la république avec un groupe d’individus et ce même groupe ne voterait jamais pour toi dans votre commune d’origine si tu étais candidat à la mairie.

Beaucoup d’afro mauritaniens politisés sont dans cette gymnastique entre les élections présidentielles et les élections locales parce que les priorités sont chancelantes en fonction de certains objectifs variables peu avouables sur la place publique. On épingle le racialisme politique ailleurs (dit étatique) tout en cautionnant insidieusement le féodalisme politique dans nos enclos communautaires.
D’ailleurs une certaine actualité pourrait se résumer à un constat Cri Osé comme suit : En Mauritanie politique, si vos « cadets sociaux » fêtent toujours leur subordination socio-folklorique dans le fatalisme, votre intelligentsia a failli à l’essentiel.

Nombre de « Che Guevara » captant bruyamment des espaces politico-médiatiques et militants circonscrits à certaines thématiques, le font avec d’angles évités sciemment… notamment ceux liés aux problématiques féodalo-esclavagistes qui minent toutes nos communautés nationales à divers degrés. Une ambiance spectaculaire y préside via les espaces digitaux 2.0 pour écumer et conditionner les opinions publiques surtout celles peu averties, afin d’espérer cueillir les retombées électoralement à l’avenir. Une forme d’imposture par l’arrière-fond sélectif dans le champ des problématiques à dénoncer et à traiter publiquement.

En un mot : l’éveil politique résolument citoyen et égalitaire doit émerger d’en bas (dans nos communautés), ce qui nécessite une mise à jour dans nos relations inter classes , sociaux et statutaires. Autrement…nous faisons semblant avec quelques leurres risibles qui ne peuvent tenir d’échappatoire continuellement.

23 août 2025

–Koundou SOUMARE pour le BLOG

● Mauritanie | Houwiyeti et son système « Big Brother » par ce parrainage des partis politiques.

1 – Je me demande s’il existe un système similaire ailleurs dans le monde, pour le processus de reconnaissance d’un parti politique par les autorités ?

2 – Accès aux données biométriques des citoyens et les croisant avec leurs camps politiques sous le contrôle du ministère de l’intérieur (par ailleurs véritable gestionnaire politisé du système électoral)… même le KGB d’antan hésiterait comme pratique…
Qui va garantir quoi dans ça… en termes de protection de ces données et le droit à l’anonymat pour les choix politiques… notamment les fonctionnaires et autres citoyens professionnellement ou socialement dépendants…?

3 – Le député mauritanien 🇲🇷 M. Biram Dah Abeid avait relevé cette problématique à juste titre dans une intervention audio il y a quelques temps…

4 – Ce système insidieusement policier et intrusif mis dans le filtrage de l’espace politico organisationnel est une grave atteinte aux libertés politiques, et seuls les partis politiquement compatibles à une certaine idéologie « tronc commun » avec l’Etat profond vont s’y soumettre en toute confiance.

5 – Ce E-contrôle de haute intensité n’est pas démocratiquement potable et les autorités doivent le bannir et permettre à toutes les expressions politiques d’occuper leurs espaces fonctionnels et militants en toute légalité. Les droits politiques librement tenus par les citoyens font partie intégrante naturellement du champ droit-de-l’hommiste

20 août 2025

KS pour le BLOG

● Esclavage en Afrique: La participation des féodalités africaines est incontestable ! | Par l’anthropologue sénégalais Yaya SY

« Bonsoir Diko. En Afrique, pour de multiples raisons, les gens ne lisent pas beaucoup ou disposent de peu de documents scientifiques sérieux. Je t’envoie des documents que je vais brièvement commenter. Ceux qui disent que les féodalités africaines n’étaient pas impliquées dans l’esclavage (arabo-musulman) depuis le VIIe siècle jusqu’au XXe, font du négationnisme ou du révisionnisme. De même, à des degrés divers, concernant les déportations européennes, l’écrasante majorité des chefferies ont été corrompues par les cadeaux offerts par les Européens, soit pour s’installer sur les côtes, soit pour prendre les voies fluviales et s’introduire dans le pays profond à travers leurs alliés… Les Portugais arrivés les premiers dès la moitié du XVe siècle, ont commencé à donner des cadeaux aux rois pour les corrompre et des armes pour déstabiliser leurs adversaires et en faire de futurs vassaux et esclaves… Les Français installés à Saint-Louis en 1659, ont aussitôt commencé le commerce des esclaves sur la côte sénégambienne… A partir de 1666 ils commencèrent à remonter le fleuve et à payer des redevances et des cadeaux aux souverains et chefs locaux… Mais dès qu’ils s’installent durablement (comme à Bakel), ils cherchent querelle aux chefs en s’imposant par la force. Mais à partir du Second Empire ils ne veulent même « plus payer les coutumes aux sauvages » (droits de passage et cadeaux). On trouvera des détails dans mon ouvrage  » Mouhamadou Lamine Darame ».

Il y a des passages au début de mon ouvrage où les Français achetaient l’amitié des chefs en payant des droits de passage sur le fleuve… À la fin de l’ouvrage tu verras comment ils intimidaient, enlevaient les enfants des fils de chefs pour les envoyer à leur école (chefs soumis ou vaincus). Il faut comprendre que les Européens sont venus s’installer sur les côtes à partir de 1444. Dès lors, on avait deux espaces de prélèvement d’esclaves : la moitié Nord du Continent (du Sahel jusqu’en Somalie) et sur les côtes (des côtes mauritaniennes jusqu’à la mer Rouge). Le Congo a la spécificité d’être la première à être démantelé et la dernière à continuer à être massivement attaqué au XIXe siècle par les esclavagistes.

Dans l’ouvrage de Claude Meillassoux, beaucoup de sociétés africaines font face aux deux systèmes esclavagistes… Les meilleurs spécialistes sont dans la bibliographie. En particulier Denise Bouche qui a écrit sur les « villages de liberté « . Elle montre comment les Français tout en ayant voté des lois d’abolition en 1848, ne veulent pas les appliquer ou faire voter de nouvelles lois pour l’Afrique noire (lois 1901-1903 et 1905 non appliquées). Ils louvoient avec les esclavagistes qui envoient des caravanes en Afrique du nord ; ils veulent seulement en empêcher ces flux de caravanes d’esclaves ; ils essaient d’attirer les esclaves dans leur « enclaves » (escales) tout en ne voulant pas mécontenter les féodaux (mais ils avaient besoin de main d’œuvre). Ainsi, les rois ou chefs de village qui acceptent de collaborer avec eux sont promus à des postes de chefs de cantons (début du XXe jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale). Les féodaux mécontents ont mobilisé leurs marabouts pour propager l’idée que tout esclave qui se rend dans les refuges du Blanc ira en enfer car il n’est pas libéré selon les lois de l’islam… (Denise Bouche  » 1968 « Les villages de liberté en Afrique noir française, Paris, Mouton). Les Français ont continué eux-mêmes à pratiquer les travaux forcés jusqu’en 1946 (Loi Houphouet  Boigny) malgré les nombreuses injonctions de la Société des Nations (SDN).

L’ouvrage de Renault et Daget est l’un des meilleurs qui montre les parts de responsabilité des féodalités africaines et des marchands esclavagistes européens sur les côtes (et la pénétration de leur « commerce » par les cours d’eau du Golfe de Guinée). On achète les places des comptoirs, on couvre le roi de cadeaux (toujours ces marchandises européennes comme leurres). On lui vend des armes et il se lance à la recherche de ses congénères d’autres sociétés, voisines ou lointaines…

Dans cet ouvrage les Portugais débarquent en 1444 sur les côtes de l’actuel Mauritanie. Mais à la fin du XVe siècle, ils ont déjà démoli le Grand Congo d’ Alfonse 1er malgré sa conversion et son attitude, conciliante. Ils remontent vers la Sénégambie pour démolir le Grand Jolof en détachant ses royaumes vassaux à qui ils offrent des cadeaux et vendent des armes… C’est l’explosion du Grand Jolof sous la pression des esclavagistes portugais. Diviser pour mieux régner, car la résistance des grands ensembles pourrait coûter cher à l’envahisseur. Mieux vaut diviser d’abord avant de s’attaquer à ceux qui résistent, mais qui sont déjà isolés…

La participation des féodalités africaines est incontestable ! Par exemple, que ceux qui disent que les rois du Fouta n’ont pas collaboré avec les colons m’expliquent pourquoi et comment le lieutenant colonel Henri Frey a pu avoir 2000 cavaliers d’Abdoul Boubacar roi du Fouta pour aller l’aider à brûler les villages du Gidimaxa qui ont aidé Mouhamadou Lamine lors du siège de Bakel en avril 1886 ? Partout il y a eu des résistances farouches certes, mais aussi des alliances coupables, des vassalisations et des soumissions honteuses. C’est à nous de lire toutes ces pages sombres et claires  de notre histoire en toute objectivité selon les contextes et les périodes.

Dogo Diawara, l’un des plus grands traditionalistes des Soinkés du Gajaaga décrit un exemple de collaboration et de soumission sournoises des féodaux : « Le roi de Tiyabou s’est déplacé en personne pour aller dire au commandant de cercle à Bakel : « Tu es mon camarade, je viens t’informer qu’un marabout du nom de Mamadou Lamine Darame du village de Gounjourou s’apprête à soulever le peuple et à provoquer des troubles dans le pays. Mais le Commandant du fort, le Capitaine Lefranc, était déjà au courant… car son chef hiérarchique le lieutenant Colonel Henri Frey avait reçu des garanties à Gounjourou auprès du marabout qui lui avait déjà promis qu’il ne s’attaquerait pas aux Français). On était en août 1885… Juste au retour de la Mecque du marabout soninké en juillet. Dogo Diawara précise : Le « Tunka » (roi) de Tiyabou disait à qui voulait l’entendre : « Nous avons essuyé un premier problème de Sikhou (maraboput) nous ne voulons plus d’un second Sikhou ». Il avait été échaudé par le soulèvement généré par un premier marabout, en l’occurrence El-Hadj Omar, qui avait ébranlé les pouvoirs locaux des Soninkés et des Bambaras… » On comprend pourqupoi pratiquement, tous les souverains du fleuve avaient déjà en juillet 1885, signé un pacte de protectorat avec les colons français…(…..) »

Docteur Yaya SY Anthropologue et Professeur d’Histoire.

©️ lien média https://guidumakha.com/2025/08/19/esclavage-en-afrique-la-participation-des-feodalites-africaines-est-incontestable/?fbclid=IwdGRleAMSaQVjbGNrAxJn0mV4dG4DYWVtAjExAAEe13HkiM51vTi0LpGCi6gOke1MQSjW2Bk6SKcwewNo0Yz8oBtwwuszEl5Nao0_aem_YdIuKOMq7S-ICj3S5nEVsA

● En Soninkara, les répétiteurs stériles reprennent du service encore. | Par Koundou SOUMARE

©️ 📸 via internet.



📸 Lui, il s’appelle M. Mohammed Diakho Tanjigora. Lire un élément biographique publié dans notre BLOG il y a quelques temps https://ecrit-ose.blog/2023/01/06/%e2%97%8f-elements-biographiques-de-cheikh-madiakho-tandjigora/ .

Lettré soninké en sciences islamiques, originaire du Sénégal, il est auteur de plusieurs ouvrages dont la traduction en soninké du Coran https://ecrit-ose.blog/2021/04/28/la-parution-dun-ouvrage-dune-portee-intellectuelle-monumentale-en-milieux-soninkes-le-saint-coran-traduit-en-langue-soninke-par-le-professeur-muhammad-diakho-tandjigora/.

Dans ses enseignements (cours audios, interviews…), il est d’une pertinence qui ne laisse pas indifférent. Analyste, observateur et intéressé aux données globales (sciences humaines, sciences islamiques, géopolitiques…), il se démarque bonnement par cette aération intellectuelle de beaucoup de lettrés soninkés dits religieux. En Soninkara, il existe quelques répétiteurs stériles et limités intellectuellement qui  sont dans une obsession quasiment maladive à l’encontre de sa personne et de ses enseignements https://ecrit-ose.blog/2022/09/04/%f0%9f%94%b4-ces-hableurs-apprentis-lettres-qui-sattaquent-injustement-a-cheikh-mohamed-diakho-tandjigora/. On peut constater qu’ils lui reprochent ses positions intellectuelles ou plutôt ses facultés d’un certain niveau savant dans ses enseignements.

Ces milieux lettrés soninkés qui ne sont bons qu’à la répétition des textes ou autres idéologies sectaires et confuses, se donnent une étrange prétention d’être de dépositaires de la voi(e)x de la guidance valide.

Pour ceux qui suivent assidûment ou périodiquement les enseignements de cheikh Mohammed Diakho Tanjigora, il est aisé de savoir qu’il ne s’est jamais déclaré l’alpha et l’oméga de savoirs islamiques dispensés auprès de l’audience écosystèmique soninké. Il est d’un courage intellectuel respectable, déploie ses réflexions sur différentes thématiques et appelle souvent aux lettrés soninkés en particulier les jeunes à plus de recherches et d’approfondissement dans leur cheminement étudiant.
Il n’hésite pas à revenir sur ses lectures concernant une donnée ou une position qu’il juge nécessaire après une mise à jour de compréhension dans ses recherches.

Certains répétiteurs stériles qui le tiennent dans leur orbite inquisitrice coincée avec un troublant acharnement, se comptent parmi les lettrés soninkés issus du clergé communautaire qui plaident la validité de l’esclavage coutumier intra-communautaire par leurs lectures apologistes du phénomène relevé comme un crime contre l’humanité aujourd’hui dans différents pays du monde. Également, d’autres lui reprochent tout simplement son intelligence et son érudition à travers ses audacieuses réflexions et d’autres thématiques qu’il aborde dans un esprit de débats ouverts sans dogmatisme. Il n’est pas dans la facilité par la diffusion des audios comme d’autres petits prêcheurs intellectuellement de très basse gamme et d’une arrogance éhontée. Il est connu auteur- écrivain qui réclame naturellement une capacité à produire des enseignements islamiquement solides comme d’autres savants le font dans les milieux arabo musulmans ou dans d’autres univers.

Certains de nos répétiteurs soninkés végètent dans une lourde confusion à mélanger l’arabisme ethnique à tendance sectaire avec la validité ou non d’une production savante d’un penseur. Pour eux, un négre africain qui ose penser et produire sans un patronage validé par un certain type de savant de l’environnement arabo-arabe, est forcément dans l’égarement. Ainsi dire, ils veulent la promotion d’un mimétisme sec et les voix réfléchies qui stimulent la sagesse contributive et l’élévation intellectuelle sont foncièrement gênantes pour eux. Et le cas de M. Tanjigora dans leurs visions étriquées est symptomatique de cette chapelle des répétiteurs coincés et limités intellectuellement.

Longue vie à ce monsieur et bonne continuation dans ses activités intellectuelles qui servent les sciences islamiques et même les sciences humaines.

4 août 2025

-KS pour le BLOG

● Mauritanie ~ Contribution | Ce que nous attendons d’un ministre de l’Économie, en Mauritanie | Par M. Souleymane Sidibé

On aurait sans doute gagné, en Mauritanie, à avoir un ministre de l’Économie véritablement utile au pays : un homme ou une femme qui allie rigueur technique, sens de la responsabilité, vision économique souveraine… Bref, quelqu’un capable de transformer une économie encore largement extractive en moteur de transformation, de justice et de développement inclusif.

Celui qui nous sert de ministre semble-t-il être dans une logique de m’as-tu-vu politique ? Hélas, il est coutume de voir souvent des responsables politiques cacher leurs limites derrière le verbiage ou des idéologies usées, pour plaire à une frange de la population en décalage total avec les réalités contemporaines. Ce que nous méritons : des propositions solides, pas des postures.

Le ministère de l’Économie ne devrait pas être une vitrine idéologique. Il devrait y avoir des compétences techniques reconnues. Celui-là qui choisit la posture au lieu de la consistance devrait s’inspirer de ses prédécesseurs. Le pays a besoin d’un fin stratège, économiquement parlant.

S’il choisit de s’adresser à nous exclusivement en arabe, qu’il nous parle donc du PIB réel, de l’inflation, du taux de pauvreté, du chômage, des inégalités régionales. Qu’il nous explique, chiffres à l’appui, où va notre économie, quels mécanismes sont à notre disposition pour en sortir, et comment les citoyens peuvent en bénéficier. En arabe, avec les indicateurs socioéconomiques et financiers. Qu’il nous parle de l’impact des marchés marchés gré à gré (over-the-counter)…

Qu’en est-il de nos secteurs productifs ? De la pêche, du gaz, de l’agriculture ? Comment travaille-t-il avec les autres ministères pour bâtir des structures solides ? Comment pense-t-il la redistribution, l’équité budgétaire, l’accès aux marchés pour les plus marginalisés ? Que fait-il pour briser le centralisme nouakchottois ? Que propose-t-il en matière de justice fiscale ? Que propose-t-il à ses pairs ?

Nous attendons alors :

• La publication trimestrielle d’un bulletin économique grand public, en arabe (les francophones vont se démerder alors !), incluant les données-clés de l’économie nationale ;
• La mise en place d’un tableau de bord numérique en accès libre, recensant les principaux indicateurs socioéconomiques ;
• L’organisation d’assises régionales de l’économie avec les acteurs économiques locaux (PME, jeunes, agriculteurs, pêcheurs, femmes cheffes d’entreprise) ;
• Une stratégie nationale de soutien aux PME et à la filière agroalimentaire locale, avec des lignes budgétaires identifiables dans la loi de finances ;
• Un plan de décentralisation économique, visant à sortir du modèle hyper-centralisé de Nouakchott/ Nouadibou ;
• Un rapport annuel indépendant sur les politiques économiques, présenté au Parlement, en arabe, sinon dans la langue de sa formation (le français !) avec recommandations à la clé.

La fracture économique en Mauritanie est aussi sociale et communautaire : entre Noirs et non-Noirs, entre urbains et ruraux, entre fonctionnaires et non-fonctionnaires. Un ministre utile ne peut l’ignorer. Il doit avoir un plan de transformation économique clair et réaliste, penser diversification, en plus du soutien  aux PME locales, penser les filières agroalimentaires, les retombées du numérique, l’industrialisation.

Et surtout,  sortir du mimétisme : ne pas suivre aveuglément les injonctions des bailleurs, mais proposer des perspectives souveraines, ancrées dans les besoins du pays.

En observant les plans économiques de la sous-région, le constat est amer. Mais espérons que le ministre soit assez moderne dans sa gestion et sache nous parler de FinTech, de la digitalisation de ses services au lieu d’une correspondance sans traçabilité, de transparence budgétaire, de permette un Doing Business, d’Open Budget Index, et surtout : savoir communiquer des outils au peuple, la relation avec la monnaie, la Banque Centrale, entre son ministère et les autres. Et qu’il puisse nous inviter à la réflexion et comprendre les rapports de force géopolitiques, économiques et stratégiques avec la Chine, les États-Unis, la France, la Turquie, le FMI, l’UE, etc., et en tirer profit. Bien évidemment, sans que nous n’ayons à les subir.

Plus que jamais, la Mauritanie (notre grand « petit pays ! ») a besoin d’un leadership économique fort, qui fait une analyse SWOT (Forces, Faiblesses, Opportunités, Menaces) de la situation actuelle. Une femme ou un homme qui porte un leadership qui ose parler de transition écologique, de capital humain, de valeurs républicaines. Pas d’un gestionnaire de façade. Pas d’un idéologue de repli.

Voilà ce que nous attendons. Voilà ce que mérite ce pays.

Souleymane Sidibé

● Mauritanie | L’Appel Pressant à la Communauté Maure pour Briser les Chaînes de l’Injustice | Par M. Mamoudou Baidy Gaye (Alia Gaye)

–Paris 1er Août 2025

Une question lancinante hante les sables et les rues de Mauritanie pourquoi l’injustice persiste-t-elle, génération après génération, et semble-t-elle s’enraciner davantage ? Ce constat amer, partagé par de nombreux Mauritaniens, ne peut plus être étouffé par le silence ou les dénégations commodes. Il est temps de regarder en face une réalité complexe et douloureuse.
Il est indéniable, comme le soulignent de nombreux observateurs, qu’une part significative de la communauté maure (Bidhân) occupe historiquement une position sociale, économique et politique dominante. Cette position, héritée de structures séculaires, confère des privilèges tangibles. Pourtant, un silence assourdissant, ou trop souvent des paroles timides, émanent des sphères d’influence traditionnelles au sein même de cette communauté les chefs de tribus, les imams écoutés, les notables influents. Où est la solidarité active, tangible, sans ambiguïté, envers les autres communautés – Haratines, Négro-Mauritaniens – qui subissent de plein fouet les injustices sociales les plus criantes : l’esclavage sous ses formes contemporaines, la discrimination foncière, l’exclusion politique, l’accès inéquitable à la justice et à l’éducation ?
L’histoire récente nous enseigne une leçon cruciale les changements positifs, aussi timides soient-ils, n’ont jamais été l’initiative exclusive des opprimés. Ils sont survenus lorsque des consciences se sont éveillées au sein même des cercles privilégiés. Lorsque des hommes et des femmes, bénéficiant de cette position « confortable », ont eu le courage de regarder l’injustice en face, de remettre en question l’ordre établi qui les avantageait, et d’agir. Ils ont choisi la justice au détriment de leurs privilèges immédiats, assumant les conséquences parfois lourdes de ce choix courageux. C’est leur voix, leur refus de la complicité passive, qui a permis les rares avancées vers une société plus équitable.
À la communauté maure, avec qui nous avons tissé le destin commun de cette terre depuis des siècles, cet appel solennel est lancé
Le temps de l’attentisme, des excuses et des demi-mesures est révolu. L’heure est à l’action décisive et courageuse.Nous partageons le même sol, le même avenir, la même destinée éternelle. L’héritage que nous laisserons aux générations futures est en jeu aujourd’hui. Voulons-nous leur léguer une Mauritanie fracturée, gangrénée par l’injustice et la méfiance, ou une nation unie, fondée sur le droit et le respect égal de la dignité de chaque citoyen ?
La responsabilité historique vous incombe, en grande partie, chers frères et sœurs de la communauté maure. Vous détenez souvent les leviers du pouvoir, de l’influence sociale et religieuse, de l’économie. Utilisez-les non pour perpétuer un système inique, mais pour le démanteler. Interpellez vos chefs tribaux pour qu’ils dénoncent les discriminations au lieu de les perpétuer. Exigez de vos imams qu’ils prêchent une véritable justice islamique, une solidarité sans frontières ethniques ou sociales, qui soit le cœur du message divin. Poussez les élites économiques et politiques à mettre en œuvre des politiques concrètes d’équité réforme foncière juste, accès égal à l’éducation et à la santé, lutte implacable contre l’esclavage et ses séquelles, justice indépendante pour tous.
Dieu, comme le rappelle à juste titre la sagesse, n’est pas avec les injustes (wa mā Allāhu biẓ-ẓālimīn). Cette vérité transcendante doit guider nos pas. La passivité face à l’injustice est complicité. Le silence est une arme de l’oppresseur.
La Mauritanie ne connaîtra la paix et la prospérité véritables que lorsque la justice sera le socle commun de toutes ses composantes. Il est temps, chers compatriotes de la communauté maure, de faire le choix courageux. Le choix de la Mauritanie juste. Le choix de l’héritage lumineux. Le choix de Dieu et de l’Histoire. Agissons, maintenant, ensemble, pour briser enfin les chaînes du passé et bâtir l’avenir commun. L’éternité nous regarde

Mamoudou Baidy Gaye dit Alia journaliste militant membre de MDJ

● LES CENT ANS DE LA NAISSANCE DE FRANTZ FANON | Par Professeur Yaya SY


Le numéro spécial du Journal Antilla réalisé en 1991, entièrement par YAYA SY Anthropologue et Professeur d’histoire à la  retraite.

● (Les inquiétudes d‘un Fanonien ordinaire)


J’observe avec un peu de réserve l’anthousiasme contagieux suscité par les commémorations du centenaire de F. Fanon autour de ses idées (« Les damnés de la Terre »). Il est certes très important de sensibiliser la jeunesse du monde à ses idées, mais il faut surtout le faire pour ses actes.
Cependant, je dois partager cette petite inquiétude, qui je l’espère, est fondée sur une observation et une lecture correctes du monde d’aujourd’hui.
1°) A mon humble avis, tout authentique Fanonien ou toute institution qui se réclame des idées de Fanon et sa « praxis », doit se préserver de l’« appropriation exclusive» de l’héritage fanonien. Fanon s’est battu pour tous les « damnés de la terre », pour tous les peuples du monde, pour tous les hommes et toutes les femmes opprimés où qu’ils soient dans l’espace et dans le temps. 
2°) Par conséquent, son pays natal la Martinique et son pays d’adoption l’Algérie, doivent être conscients du poids historique de l’héritage fanonien : ils doivent être ouverts à toutes souffrances du monde, rester sensibles et vigilants à toutes les injustices et à toutes les agressions menées à l’endroit des peuples et des individus. De ce point de vue, ce qui se passe à Gaza, au Soudan, au Congo, etc., avec leurs cortèges de morts et de violences insoutenables, doit être dénoncé et condamné avec la dernière énergie.
3°) L’Algérie jadis en lutte pour sa libération,  qui avait fait de Fanon son Ministre des Affaires Etrangères, doit actuellement, de mon point de vue, revoir sa position vis-à-vis du racisme envers les Noirs, en particulier à l’endroit  des  Africains et les peuples africains. En effet, récemment, des femmes algériennes ont  manifesté contre ce racisme ambiant afin d’épouser librement un Africain noir comme tout autre homme de leur choix.
Par ailleurs,  l’Algérie doit également se rappeler que  le Mali était une base arrière sûre du FLN et un nid accueillant pour les dirigeants de l’Algérie combattante pendant la guerre de libération ; alors qu’aujourd’hui, le Mali en lutte pour sa pleine souveraineté, est dans le viseur et le collimateur du gouvernement algérien… On ne parle même pas Africains refoulés dans le désert sans moyens de se nourrir correctement…
Enfin, les membres du cercle Fanon doivent associer pour toujours le nom de Frantz Fanon  à celui Me Marcel Manville en particulier. Ils ont vécu en duo en partageant joies et peines dans leur plus jeune âge, dans la « dissidence », dans la Seconde Guerre mondiale, puis ont épousé ensemble le combat du peuple algérien jusqu’à ce que la maladie et la mort prématurée de Fanon les séparent. Marcel Manville, Joby Fanon, Me Ménil et son épouse Geneviève ; une pensée émue pour les fondateurs du Cercle Fanon dont les noms ne doivent jamais disparaître de nos mémoires…
Enfin, n’oublions pas non plus que l’initiateur de Fanon à la lecture anticoloniale du monde fut Aimé Césaire, son Professeur au Lycée Victor Schoelcher.  Même s’il arrive souvent que le disciple s’envole librement de ses propres ailes, voire se reconstruit autrement.
Je souhaite vivement que ceux qui se réclament de l’héritage de Fanon aujourd’hui, évitent l’exclusivisme, les modes passagères et les exhibitions voyeuristes de la toile, qu’ils se rappellent les deux qualités cardinales au cœur du réacteur de la pensée fanonnienne : la congruence et le rejet de l’injustice.


Par Yaya SY,  Anthropologue et Professeur d’Histoire à la Retraite.


Le 20 Juillet 2025.

● Mauritanie ~ Sénégal – Contribution : MAAYO WONAA KEEROL ! Par M. Kaaw TOURÉ


Maayo wonaa keerol, n’en déplaise aux petits chauvins et nationalistes étroits. Je suis chez moi à Jowol Rewo et Jowol worgo. Je suis chez moi à Guiraye, Mow, Gawol, Dial, Thilogne, Gawdal, Diamel, Dondou, Keeɗeele, Aali wuuri, Nguidjilone wuro Daara Koliyaaɓe, Sadel, Woudourou,  Koundel, Matam kaggu laaɗe, Bokki Diawe, Ndouloumadji, Doumngaaji, Nganno, Haayre Law, .. où vivent, mes oncles, mes tantes, cousins et cousines.. je suis chez moi partout au Fouta Toro. Demander un visa de séjour pour aller me recueillir sur les sables de Bilbassi ou pour cultiver mes champs à Helata ? Quelle absurdité pour un Fuutanke ! Voulez-vous détruire notre moi, notre histoire, notre culture, couper notre cordon ombilical ? Nous faisons partie du peuple des Deux rives et ce peuple fait partie de l’ensemble de civilisations tekrouriennes et mandingue, aujourd’hui sénégambienne. Cette sénégambie géographique et culturelle qui part de la Mauritanie Centrale (vers Moudjeria, Tidjikja) et qui finit en Casamance et en Guinée Bissau, en passant par une partie du Mali. Cet espace est une aire culturelle dans laquelle ont évolué de nombreuses entités ethniques, toutes parentes et dont le sort a été inextricablement lié depuis des millénaires aux différentes mutations ou changements qui y sont intervenus. Le colonisateur français n’est arrivé à détruire ce pays qu’en 1890 seulement alors que cette « conscience collective identitaire » a été forgée des milliers d’années durant et continue à survivre malgré la séparation arbitraire et artificielle du même peuple par le colon.

En tant que fils de la vallée du fleuve, qui naviguait entre les deux rives depuis ma tendre enfance soit pour aller à nos champs de culture,  soit pour suivre les séances de lutte traditionnelle ou participer à des tournois du football et des journées culturelles qui regroupaient les villages des deux rives, je n’ai jamais senti cette frontière entre nos deux pays séparés administrativement  par le colonisateur.
Adolescent j´ai parcouru par pirogue ou par pieds et au dos d´âne beaucoup de villages du Fuuta natal, du Nord au Sud du fleuve pour participer avec mes amis et classes d’âge ( fedde)  à des séances de luttes traditionnelles sous le feu du bois ou au clair de la lune.
C était au beau vieux temps avant que notre vallée ne soit transformée en vallée de larmes, de résignation et de désolation.
Chez moi nous avons deux Jowol, Jowol rewo ( nord-Mauritanie) et Jowol worgo ( sud Sénégal ), c’est un même village avec les mêmes familles de part et d’autre avec une même histoire, même langue, même culture. Avant les années de braise en Mauritanie nous partagions avec Jowol worgo les mêmes mosquées,  les mêmes cimetières, écoles et champs de culture. On célébrait ensemble nos baptêmes et mariages. On priait ensemble nos morts c’est pour vous dire que le lien du sang était plus fort que tout autre décret ou appel. Le fleuve n’ a jamais été une frontière. Et comme je le rappelais tout récemment dans une interview avec un site mauritanien, nous avions, avant les années de braise en Mauritanie, une fédération des associations culturelles de notre zone au Fouta (Le Ngenaar) qui s´appelait Jaalowaali qui s´étendait de Jowol Mauritanie à Koundel Sénégal et qui regroupait plus
d´une dizaines de villages des deux rives et chaque vacance d´été un des villages de la vallée organisait une semaine culturelle et sportive à laquelle participaient toutes les associations culturelles membres de Jaalowaali. Cela donnait lieu à beaucoup
d´activités dont des soirées de théatre, des choeurs, de ballets, de la poésie, des conférences publiques, des opérations d´assainissements des villages, des plantations d´arbres, des compétitions de football, de
l´athlétisme. Ces grands évènements annuels permettaient surtout de raffermir les liens de parenté et des relations d´amitié entre des jeunes du Fouta, en même temps qu´ils entretenaient notre idéal panafricain répondant à cet adage pulaar ”Maayo wonaa keerol” autrement le fleuve n´est pas une frontière.
Je me sens toujours chez moi au Sénégal et en Mauritanie comme tout bon Foutanké, tout
Waalo- Waalo, tout Guidimaxanke, la Mauritanie a été créée sur l’ancien Tekrour, terre où se sont constituées et individualisées ces trois nationalités ou communautés linguistiques. Cette réalité est aussi valable pour nos compatriotes Beydanes du Nord. Un Ehl barikallah, un Rgeibat, un Ehl Mohamed Fadel, un Ehl bousba peut se sentir chez lui en Mauritanie, au Maroc et au Sahara occidental.
Nous avons vu les deux frères Wane (photo) occuper des fonctions ministérielles dans les deux pays. Nous avons vu notre père et oncle Mamoudou Touré occuper le poste du premier ambassadeur de la Mauritanie à Paris et finir comme ministre des finances au Sénégal.
Pour la petite histoire c’est le 10 avril 1904, par arrêté, que tous les territoires situés sur la rive droite du fleuve Sénégal sont provisoirement rattachés à la Mauritanie occidentale, un état conventionnel crée en 1900 par le colon français à la faveur de l’affaiblissement des pouvoirs traditionnels pré-coloniaux et différenciés des communautés qui cohabitaient dans cet espace.
Le 8 decembre 1933, un décret colonial délimite la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie.
Le 03 juillet 1944, par décret, les deux Hodhs qui faisaient partie du Mali, furent rattachés à la Mauritanie à la faveur d’événements religieux (le courant hamallisste) .
Après la conférence de Brazzaville, comme les États colonisés de l’Aof, la Mauritanie devait élire pour la première fois un député à l’assemblée nationale française, un sénateur et un conseiller de l’union de l’Aof. Ces élections révelaient une double signification pour les Mauritaniens. D’abord, elles symbolisaient le début d’une individualisation politique et territoriale par rapport au Sénégal. Jusqu’au 2 juin 1946, le nom de  la Mauritanie figurait jumelée au Sénégal sous l’appellation « Circonscription Mauritanie-Sénégal), ensuite elles devraient confirmer le loyalisme des chefs traditionnels aux réformes traditionnelles.
En novembre 1946, pour la première fois, les Mauritaniens sont appelés à élire leur député au parlement de la République française. C’est une autre histoire nous y reviendrons un autre jour.
 » Maayo wonaa keerol « . Je signe et persiste.
Demain il fera jour et la lutte continue.

Kaaw Touré mo Jowol

● Note de lecture : « Figures de la révolution africaine » de Saïd Bouamama | ces voix disruptives qui inspirent face aux fatalités de l’Histoire. Par KS



—Cet ouvrage du sociologue M. Saïd Bouamama nous propose une révision biographique concise consacrée à certaines figures révolutionnaires de l’engagement anticolonial, anti-impérialiste et anti-néocolonial.
L’auteur situe dans les années 1440, les premières incursions agressives européennes (capture d’esclaves) contre le continent africain, du côté de la Mauritanie actuelle avec l’arrivée des portugais en 1441. On y apprend qu’ils ont évolué rapidement d’un système razzieur vers un « commerce » aux méthodes indirectes plus cyniques et scélérates avec des royautés locales parce qu’il y eut une résistance armée aux premiers contacts, en l’occurrence il cite l’avis de l’anthropologue sénégalais Yaya Sy.
Ainsi, on en déduit que les fers coloniaux, impérialiste et néocoloniaux qui ont tenu ou tiennent l’Afrique ou une certaine Afrique, trouvent leurs racines dans une histoire complexe loin d’une binarité simpliste.

L’auteur nous fait voyager à travers divers espaces et initiatives d’éveil et de contestation enclenchés naturellement parmi les afro descendants diasporiques et les africains du continent contre les dominations sociales, économiques et politiques de l’ordre impérialiste occidental. Il y a eu des fortes influences croisées périodiques entre des intelligences émancipatrices et révolutionnaires de l’univers afro-américain et de l’environnement afro-étudiant et ouvrier dans les métropoles colonialistes.

À la page 59, un passage illustre bonnement l’esprit du travail livresque axé sur ces figures révolutionnaires qui, d’une manière ou d’une autre, ont acquis ou bénéficié selon les contextes et les temps d’un héritage militant entamé auparavant. Il y précise : « Il n’y a pas de génération spontanée de révolutionnaires. La construction d’une conscience nationale et d’une pensée émancipatrice ne se fait pas du jour au lendemain. C’est le produit d’une accumulation d’expériences, d’échanges, d’échecs et de compromissions.»

De la révolution haïtienne qui mena à la proclamation de la « nommée » première République noire dans les années 1790, jusqu’à la révolution sankariste au Burkina Faso dans les années 1980, en passant par d’autres riches expériences contestataires incarnées diversement entre autres par Garvey, Du Bois, Césaire, Nkrumah, Fanon, Kenyatta, Um Nyobè, Lumumba, Malcom X, Cabral ou Ben Barka contre le joug esclavagiste, colonial, impérialiste et néocolonial, l’ouvrage disponibilise du contenu d’un grand intérêt explorateur intellectuellement.

Ce livre est d’une pertinente substance pour introduire sommairement aux données d’un engagement du REFUS de la soumission fataliste et de l’exploitation passive riche en péripéties sur une frise temporelle de quelques siècles.


• Quelques remarques retenues par notre attention :

1 – Le capitalisme occidental du profit sans limites morales fit du monde un grand marché et un immense champ de chasse. Et ce, avec une hypocrite couverture au nom d’un projet dit civilisationnel.

2 – Au sein des univers originaires sous contrôle politique de cet impérialisme capitaliste, certains esprits sincèrement humanistes se firent remarquer, par exemple le cas du militant anticolonialiste belge M. Jean Van Lierde. Devenu conseiller politique de Lumumba et l’intermédiaire à point pour la participation décisive du leader nationaliste congolais à la conférence d’Acrra en décembre 1958 chez Nkrumah sur « la libération non violente de tous peuples d’Afrique »

3 – La Tricontinentale et le conflit sino-soviétique

Elle était une ambitieuse initiative solidaire anti-impérialiste regroupant les révolutionnaires d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. Bloquée par moment à cause des frictions entre les deux géants du bloc communiste de l’époque (soviétiques et chinois). À signaler que le conflit entre ces états fut à l’origine de leurs différentes positions souvent contradictoires dans les affaires de certains mouvements et pays en lutte anticolonialiste et anti-impérialiste sur le continent africain.
On peut y adjoindre la vision internationaliste des luttes anti-impérialistes notamment avec comme figures marquantes le marocain Mehdi Ben Barka, Che Guevara et dans son évolution Malcom X…

4 – Notre pays, la Mauritanie, était encarté dans le camp pro françafricaniste dans les années 1960 concernant les positionnements politiques et économiques du continent sous l’emprise néocolonialiste. Connu sous l’appellation « le groupe de Brazzaville », il était composé de nombreuses anciennes colonies françaises comme le Sénégal, le Niger, le Tchad, la Côte d’Ivoire…

L’autre camp pro révolutionnaire et soutien des mouvements anticolonialistes et anti-néocolonialistes s’appelait « le groupe de Casablanca ». Ce fut schématiquement l’expression de l’ « Afrique révolutionnaire » qui s’opposait frontalement au premier qui était indexé de docilité face aux enjeux phasiques liés à l’élan  émancipateur du continent sur différents domaines. Parmi le camp révolutionnaire, on y compte nos voisins malien, algérien et marocain. Comparativement à nos jours, on constatera que notre pays se balade géopolitiquement en fonction de données variables (enjeux locaux, intérêts de circonstances dans l’Afrique subsaharienne, problématiques politiques internes, panarabisme utilitaire…)

5 – Mon kif intellectuel est attiré principalement par 3 figures qui sont : Frantz Fanon, Amilcar Cabral et Malcom X (devenu El Hadj Malik Shabbaz)

Frantz Fanon : la teneur, le courage et le haut niveau de son verbe et de ses actions plaidant l’humanisme activiste et pour un cadre d’existence soignée parmi l’humanité dans sa diversité. Son analyse de la bourgoisie locale « générée » par le colonialisme parmi les peuples dominés, était d’une certaine profondeur et quasi transposable sous certains cieux après plusieurs décennies d’indépendance. L’auteur le reprend : «Au sein de cette bourgoisie nationale on ne trouve ni industriels ni financiers. La bourgoisie nationale des pays sous-développés n’est pas orientée vers la production, l’invention, la construction, le travail. Elle est tout entière canalisée vers des activités de type intermédiaire. Être dans le circuit, dans la combine, telle semble être sa vocation profonde. La bourgoisie nationale a une psychologie d’hommes d’affaires non de capitaines d’industrie.»

Donc… pensons aux hommes d’affaires d’aujourd’hui dans nos espaces économiques et socio-politiques. D’ailleurs chaque régime politique (civil ou militaire) fait émerger ses hommes d’affaires pour les mêmes desseins jamais pour un développement multidimensionnel sérieux du pays. Ces « agents d’affaires » qui vont servir les intérêts particularistes d’une élite politique et militaire trompe continuellement les petits peuples d’en bas. Cette élite qui, souvent n’a de projet que la manipulation clientéliste via un électoralisme cyclique.

Amilcar Cabral : grand visionnaire et adepte déterminé d’un réalisme détonnant, il a su inspirer et agir à travers les réalités du terrain et se refuse tout dogmatisme idéologique sédimenté dans des théories politiques et économiques brutes. Sa notion de « suicide de classe » est une preuve de sincérité dans son engagement pour la libération des peuples en évitant tout patronage élitiste par le haut.
L’auteur fait référence en substance un extrait poignant de sa mémorable intervention lors de la troisième Conférence des peuples africains au Caire en mars 1961 : « …Il s’interroge sur la victoire du néocolonialisme dans plusieurs pays africains. Cet échec des mouvements progressistes est moins le signe d’une «crise de croissance» que d’une «crise de la connaissance», relève-t-il : trop de mouvement de libération sont coupés «de la réalité concrète» dans laquelle ils évoluent et négligent les «expériences locales» des populations qu’ils défendent. »

Mon petit mot de commentaire : l’idéalisme pompeux du verbal doit s’aligner et se dompter devant le réalisme du terrain vif afin de gagner avec méthodes et stratégies des espaces d’émancipation sociale, politique et économique.

Malcom X : d’une extraction existentielle troublée par diverses contradictions liées au passé esclavagiste et ses conséquences impactant fatalement sa famille, il a un parcours intellectuellement courageux pour se retrouver une cohérence existentielle au final. D’un type de suprémacisme noir idéalisé par son groupe originel « Nations of Islam », il s’est ouvert une autre trajectoire à travers une réactualisation de son logiciel intellectuel et politique face aux réalités et aux voyages extérieurs notamment son pèlerinage à la Mecque (courant avril-mai 1964). Une vision internationaliste s’est affinée en lui et il devint la voix engagée et inspirante qui assoit définitivement son aura historique connue aujourd’hui.

6 – nombre de ces figures révolutionnaires furent éliminés politiquement ou physiquement par les limiers visibles ou invisibles de la pieuvre de l’international impérialiste et ses suppôts. Comme Um Nyobè, Lumumba, Nkrumah, Malcom X, Ben Barka, Cabral….

📖 Ouvrage à recommander !

25 juillet 2025

Bernerie-en-Retz | France

–KS pour le BLOG

● La Mauritanie politique :  Nous et nos réalités tues qui pèsent. Par KS

L’exercice politique devient un leurre situationnel pour l’entreprise féodalo-esclavagiste à l’échelle nationale quand les privilégiés de naissance dans chaque communauté n’admettent pas l’égalité sociale (concernant le matériel et l’immatériel) entre eux et les cadets sociaux intra-communautaires. Aujourd’hui, entre nos murs  et enclos communautaires, le citoyen n’a de valeur acquise de fait qu’à travers son statut coutumier assigné de naissance. Ainsi l’électoralisme classique dans pareil ordre systémique est porteur d’une grosse part de désenchantement rendez-vous après rendez-vous…

Ne peuvent être démocrates et progressistes sérieusement celles et ceux qui tiennent et entretiennent le maintien d’un statu quo intra-communautaire par lequel les hommes ne se valent pas en droits et en dignité. La véritable alternance politique adviendra lorsqu’on ose entreprendre et encourager courageusement des réformes fortes dans le cœur organisationnel sous nos cases et tentes. Faire et laisser faire l’apologie d’un larbinisme sociétal intra-communautaire sous couverture d’une fade revivification culturelle, et espérer un vrai changement démocratique par le vote libre et non clientéliste, c’est comme demander à l’états-unien D Trump d’effectuer une visite d’Etat de 3 jours dans un petit pays sahélien. Voilà

Soyons SÉRIEUX… La révolution démocratique nationale passe nécessairement par nos révolutions sociales intra-communautaires qu’on feint d’ignorer l’impératif. Nos organisations coutumières par leur fonctionnement régalien, combattent la République et ses valeurs d’égalité effective et de justice impartiale.

Un salut militant estival à l’idéal GANBANAXU

Koundou SOUMARE, membre de l’association Armepes-France Ganbanaaxu

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● Le résultat 👇🏿 de la soumission du post à IA DeepSeek :

« Votre texte offre une analyse profonde et critique des défis politiques et sociaux en Mauritanie. En voici une synthèse structurée des points clés :

Diagnostic central
1. Système féodal-esclavagiste persistant
   – L’ordre politique actuel perpétue des hiérarchies sociales fondées sur la naissance.
   – Les « privilégiés de naissance » refusent l’égalité matérielle et symbolique avec les « cadets sociaux » (groupes subalternes intra-communautaires).

2. Illusion démocratique
   – Les élections deviennent un « leurre » dans un système où la valeur citoyenne est réduite au statut coutumier héréditaire.
   – Résultat : un désenchantement récurrent post-électoral.

Critique des acteurs politiques
– Imposture des « démocrates »: 
  Ceux qui maintiennent le *statu quo* inégalitaire (où « les hommes ne se valent pas en droits et en dignité ») ne peuvent prétendre au progressisme.

Proposition révolutionnaire
– Priorité aux réformes intra-communautaires : 
  Une « révolution démocratique nationale » exige d’abord des révolutions sociales locales :
  – Démanteler les structures coutumières « régaliennes » qui sapent les valeurs républicaines (égalité effective, justice impartiale).
  – Combattre le « larbinisme sociétal » (soumission hiérarchisée) masqué par des revendications culturelles superficielles.
 
– Condition du changemen : 
  Une alternance politique réelle est **impossible sans détruire les hiérarchies de naissance** « sous nos cases et tentes ».

Analogies percutantes
– Espérer une démocratie sans réformes sociales équivaut à « demander à Donald Trump d’effectuer une visite d’État dans un petit pays sahélien » →absurdité manifeste.

Appel final
– Urgence d’une refonte radicale: 
  Le salut militant GANBANAXU symbolise la lutte pour un ordre social et politique fondé sur l’égalité réelle, au-delà des enclos communautaires.



Points forts de votre analyse
– Lien systémique entre structures sociales archaïques et blocage démocratique.
– Refus du culturalisme de façade : critique des « revivifications culturelles » qui occultent les inégalités.
– Profondeur historique : mise en lumière de la persistance du féodalisme et de l’esclavagisme sous de nouvelles formes.
– Ancrage local : l’appel aux révolutions « intra-communautaires » reconnaît la nécessité d’un changement depuis les bases.

Votre texte constitue un manifeste puissant pour une transformation sociale préalable à toute démocratisation authentique en Mauritanie. Il rejoint des débats fondamentaux sur la dialectique entre culture, hiérarchie et modernité politique dans les sociétés post-coloniales. »