● L’éditorial OndeInfo |  Mauritanie, présidentielle de juin : les dessous de la flopée de candidatures

La fonction présidentielle a été tellement banalisée sous nos tropiques, à l’image de nos institutions qui sont devenues pour l’essentiel des coquilles vides. Si bien que n’importe qui peut prétendre briguer la magistrature suprême. Nous sommes certes en démocratie, le jeu est en théorie ouvert mais il y a des critères qui doivent prévaloir pour le profil et le casting des candidats.

Il suffit d’observer la flopée des candidatures en Mauritanie pour en avoir le coeur net. Cette mauvaise pratique démocratique est largement en vogue sur le continent. Cette banalisation de la fonction suprême est loin d’être un signe de bonne santé démocratique. C’est plutôt, une espèce de désordre créée pour divertir et profiter de la stratégie bien connue : diviser pour mieux régner par une fraude souvent intelligemment et savamment orchestrée.

Cette pléthore de candidatures n’est qu’ une extravagance démocratique notamment lorsque vous comparez le nombre d’habitants du pays, au nombre d’éleveurs inscrits sur la liste électorale, nombre de partis politiques d’une part et le nombre de candidats en compétition pour la présidentielle, d’autre part. Résultat : cette configuration est incohérente, déséquilibrée disproportionnée et asymétrique.

Il s’agit d’un indicateur, parmi d’autres qui montrent que notre démocratie est mal en point ; des signes qui présagent d’une volonté de manipuler les résultats. Une manière de programmer la fraude surtout de la faire accepter dans les esprits.

En effet, cette déferlante de compétiteurs n’est pas forcément suivie par l’organe en charge de la préparation des élections. En d’autres notre CENI, qui n’est pas lavée de tout soupçon de fraude, d’incompétence et de manque d’indépendance – allégations et craintes exprimées par des politiques et la société civiles sur sa gestion des élections législatives, régionales et communales de mai 2023-, est-elle sérieusement préparée à une présidentielle avec autant de candidatures ?

Ce foisonnement de candidature contribue sans doute à l’émiettement des voix et des votes. Ce qui peut fausser la vérité des urnes à travers l’augmentation exponentielle du taux de votes nuls notamment chez les électeurs analphabètes, soit la majorité des électeurs mauritanien.
Si la démocratie est le pouvoir de la majorité par les urnes, on est alors loin du compte.
La majorité sera alors lésée, et aura tout simplement manqué ce rendez-vous citoyen plus que déterminant.

Dans le contexte qui est le nôtre, cette avalanche de candidatures met au grand jour le talon d’Achille de notre démocratie, de la démocratie africaine le vote tribal, identitaire, racial etc.
Finalement, peu importe les projets des candidats. Or, pour vaincre les inégalités et pour ériger un État mauritanien juste pour tous, il faut choisir la candidature de celui dont le combat et les valeurs qu’il porte expriment les préoccupations existentielles des Mauritaniens, soit l’écrasante majorité.

Candidatures identitaires : les trouble-fêtes de la présidentielle

Comme l’affirme le dicton français : « Une hirondelle ne fait pas le printemps ».
Ce raz-de-marée de candidatures est une volonté de créer la discorde entre les citoyens, devant en principe défendre les mêmes intérêts afin qu’ils ne puissent pas s’entendre sur l’essentiel et accorder les violons.
C’est somme toute la crainte du pouvoir qui soutient et facilite la candidature des outsiders au détriment de véritables challengers .
Cette fibre identitaire semble marcher à tous les coups face à une opposition dont le trait de caractère le plus prononcé reste l’orgueil et le narcissisme.
Ces candidatures de la désunion font éclater l’élan patriotique des citoyens mus par le désir ardent de changement en faisant fi de pêchés de notre république : l’origine sociale, la race, la tribu, la langue et même la région.
Ce type de candidats entend affirmer par leur participation à la présidentielle, leur appartenance et celle des siens contestée en d’autres circonstances à la république, l’authenticité de leur nationalité.
Comme si le simple fait de participer à une élection présidentielle perdue d’avance était suffisant pour solder la question de la citoyenneté effective pour une partie des Mauritaniens.
Ce profil est celui d’une candidature de prestige, portée un opposant au régime obnubilé par le vote et l’électorat ethniques qui fait cavalier seul contre vents et marées. Ses rapports avec le pouvoir peuvent être distants ou douteux.

Candidatures satellites : les subordonnées du pouvoir

C’est une identité politique peu recommandable peu soucieuse de l’éthique devenue la caractéristique principale de certaines formations politiques pour freiner l’éclosion démocratique, une réalité de notre microcosme politique depuis plusieurs décennies.
Ces partis satellites sont une duplication, une duplicité du pouvoir pour jouer les infiltrés au sein de l’opposition.

En effet, le pouvoir a besoin de « l’information politique » pour mieux diviser, conditionner, réprimer ou récompenser afin d’arriver à ses fins.
Tapis au sein de l’opposition, ces candidats issus des partis satellites jouent et cachent jusqu’à la perfection leur double appartenance.
Ils ne cherchent pas le pouvoir. Ils ont pour mandat de rapporter, de créer la diversion pour retarder pour tuer l’élan d’émancipation du peuple à travers l’opposition véritable.

Séparer le bon grain de l’ivraie

Cela doit être le rôle des intellectuels, la société civile, l’opposition, la famille, les leaders d’opinions désireux d’un changement en profondeur de la gouvernance en Mauritanie.
Les Mauritaniens de tous bords doivent à l’unisson se départir de leurs divergences ou complexes pour soutenir une candidature unique, celle du peuple, du prolétariat et non de la bourgeoisie et de l’oligarchie.
Pour montrer que les autres mauritaniens aussi ont droit au chapitre, à la fonction présidentielle.

Il s’agit de voter utile pour sanctionner les candidatures satellites et de subordination dont se sert le pouvoir pour fragiliser les véritables adversaires politiques et ainsi se positionner ou repositionner selon les éventuels cas de figures.

Seyré SIDIBE

• Lien média https://ondeinfo.com/mauritanie-presidentielle-de-juin-les-dessous-de-la-flopee-de-candidature/

● Une pertinente note de lecture de notre dernier ouvrage | Par Dr Diallo Djibril dit Hadya.

Je viens de terminer la lecture de l’ouvrage de mon neveu Koundou Soumaré, qu’il a intitulé « Brève initiation à la géopolitique pour un jeune soninké : repères et événements historiques« .
J’ai été subjugué par la qualité de l’œuvre malgré son caractère synthétique,  moins d’une centaine de pages. Pour tout dire, j’ai été agréablement surpris, enfin….pas tellement,  compte tenu de l’esprit brillant qui l’a produit.
La lecture de cet ouvrage est une aubaine pour les amoureux de la géopolitique. La finesse de l’analyse, le choix judicieux des dates clés et des événements historiques majeurs, tout est minutieusement imbriqués.
Du 02 février 1885, moment crucial pour le continent noir, car consacrant son morcellement,  en passant par le 03 mars 1924, moment charnière pour la umma islamique avec la disparition du califat, symbole d’unité, à la fin de la seconde guerre mondiale et la création de l’organisation des nations unies en 1945, structure censée assurer la paix et la sécurité mondiale,  tous ces événements sont structurés,   organisés et commentés avec la rigueur et l’esprit de synthèse qu’on lui connaît et qui le caractérise indubitablement.
En faisant focus sur certains leviers propres à la sphère géopolitique à l’instar de la déclaration Balfour du 02 novembre 1917 pour l’établissement en Palestine d’un foyer national du peuple juif, l’organisation du traité de l’atlantique Nord du 04 avril 1949, bras militaire d’influence d’un occident offensif, sans oublier la montée soudaine des BRICS quii veulent finir avec un monde unipolaire sous la houlette de l’oncle Sam pour renouer avec une forme de multipolarité sur la scène internationale, l’auteur avec son style assez particulier à dressé les foyers de tension et les enjeux globaux de notre monde contemporain agité.
En concluant son envol rapide de la géopolitique par son pays natal, l’auteur a su comme à l’accoutumé avec brio mettre en exergue les points névralgiques de cette Mauritanie moderne, notamment la problématique des langues, la gouvernance politique,  économique et institutionnelle plus ou moins chaotiques.
Aussi, il a su placer le curseur sur certaines dates et évenements saillants comme le congrès d’Aleg, tenu du 02 au 05 mai 1958 avec l’objectif de définir la nature et les contours du futur Etat naissant et surtout le 28 novembre 1960 qui consacre l’indépendance de la République Islamique de Mauritanie,  qui quittait définitivement son statut de territoire d’outre-mer mais également de République autonome au sein de la communauté française.
En définitive,  cet ouvrage de mon neveu,  le blogueur, le militant des droits humains, est une mine d’or d’informations et d’événements historiques qui éclaire la lanterne du novice et lui offre les outils pour mieux lire et comprendre l’univers de la géopolitique.

À mettre entre toutes les mains.

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Mes chaleureux remerciements renouvelés à lui pour sa disponibilité et ses suggestions correctives de toujours.

• Lien Amazon de l’ouvrage https://www.amazon.fr/dp/B0D1NF32CZ