L’auteur, une ex figure connue de l’écosystème médiatique francophone notamment par ses contributions sur TV5 Afrique, ce livre nous ouvre un couloir médian dans le champ analytique concernant la donnée « Démocratie » dans la vie politique en Afrique. Un concept clé qu’il nomme le relativisme démocratique, est passé progressivement au scanner pour permettre une vision aérée et dépassionnée des évolutions politiques sur le continent dans son Histoire. Et ce, loin de la résurgence d’un panafricanisme fourre-tout instrumentalisé par certains acteurs sociaux de divers horizons qui font de l’impérialisme extérieur (occidental) une synonymie simpliste et mécanique de la démocratie . Une démocratie qui serait la cause guigne de tous les manquements qui accablent une certaine Afrique à la traîne du développement multidimensionnel.
Dans cet ouvrage, l’auteur rappelle avec sources solides, que l’expérience démocratique n’était pas méconnue dans les structures politiques en Afrique avant l’emprise coloniale définitive surgie de l’extérieur, par exemple chez les Lébous avec leur République proclamée en 1794. L’espace géographique de cet état était devenu la ville de Dakar, la capitale du Sénégal.
Le livre nous renseigne bien que le relativisme démocratique soit présent dans les confessions indiscrètes parmi une certaine élite politique au sein des institutions continentales, sur l’activisme véhément contre la démocratie qui est mené par 3 ensembles d’acteurs sociaux comme suit :
1 – les intellectuels : Théophile Obenga, Boubacar Boris Diop, Alain Foka, Aminata Traoré…et cie. Chacun à sa manière, ventile le narratif anti « démocratie » tout en traînant d’énormes contradictions voire de sourdes compromissions dans la foulée quand on décortique leurs trajectoires respectives.
2 – les influenceurs « dynamiteurs » des réseaux digitaux et médias : Kémi Seba, Nathalie Yamb, Alain Foka et cie. Également un forcing viral est mené par d’arguments simplistes enveloppés dans une certaine binarité attrayante pour une opinion publique à la butée d’un réel pourtant très complexe…
3 – les saboteurs des principes démocratiques, usurpateurs et militaires opportunistes : nombre d’acteurs politiques (civils ou militaires ou les 2 ensemble) ont profité de l’ordre démocratique notamment avec l’ouverture au multipartisme aux débuts des années 1990, pour instrumentaliser un habillage démocratique contre la Démocratie. Un électoralisme-outillage sévit pour s’accaparer du pouvoir et l’occuper le plus longtemps possible à coup de subterfuges dévoyant durement l’esprit démocratique. Une actualité illustre ses observations : ces régimes militaires qui tiennent 4 pays ouest-africains qui sont le Burkina Faso, le Mali et le Niger composant l’AES (Alliance des Etats du Sahel) et également la Guinée du général Doumbouya. Un néo-panafricanisme couplé à un ressassé anti-impérialisme devient cette locomotive qui carbure avec un narratif foncièrement orienté pour soutenir tous les autoritarismes et autres rétrécissements des espaces civiques et politiques. Ainsi, on charge injustement en réquisitoire la Démocratie qui n’a jamais ou peu été pratiquée sérieusement dans nombre de nos pays.
Je me rappelle d’une parole pertinente entendue dans l’interview accordée par le frère et grand promoteur de la lecture M. Marega Muhamad Marega dans le groupe whatsapp de l’Association « Askia Mohamed Touré » du frère Mohamed Boubakar Cissé et ses camarades. M. Marega avait expliqué en substance que la lecture fait voyager et permet de rencontres avec des personnalités qui n’ont pas vécu dans la même période que nous ni dans la même sphère géographique. Ainsi, j’ai compris qu’il a plaidé très justement la lecture qui est profitable et nécessaire pour notre construction intellectuelle multidimensionnelle. Ici, mon expérience personnelle avec cet auteur décédé récemment aux États-Unis, Dr Yahya Michot, m’a fait remémorer de la teneur de ce que M. Marega avait dit. J’ai découvert la personnalité intellectuelle de M. Michot via un élément vidéo dans lequel il abordait sommairement la vie et la pensée d’Ibn Taymiyya (1263 – 1328). Cheikh Al-islam Ibn Taymiyya qui fait l’objet de nombreuses exploitations plus ou moins controversées notamment sur l’extrémisme violent au nom de l’islam, a été étudié et commenté par Dr Yahya Michot dans plusieurs de ses productions livresques et audiovisuelles.
J’ai lu plusieurs de ses livres (quelques-uns en photo 📸) et visionné quelques vidéos également, j’ai accédé à une certaine familiarité avec ce Professeur à distance. Je ne l’ai jamais rencontré de visu ni de près ni de loin. Et pourtant à travers ses contenus lus et vus, j’ai l’impression de l’avoir côtoyé et connu réellement. Pédagogue et méticuleux avec beaucoup de finesse réservée aux contextes de textes commentés, l’universitaire belge converti à l’islam était d’une éminence intellectuelle qui marque. Il laisse derrière lui un grand patrimoine intellectuel qui continuera d’impacter positivement à coup sûr d’autres esprits qui feront sa rencontre comme ce fut mon cas.
Le lire encore et toujours est l’utile hommage à sa mémoire qu’on puisse se permettre… in sha Allah
Paix éternelle à son âme. inna lillahi wa inna ilayhi raji’un
Ce livre paru en l’an 2000, est un témoignage clé. Une décennie seulement après les événements, M. Sy victime et rescapé très chanceux nous fait visiter et vivre à travers son récit, une machine haineuse à tortures qui a broyé l’existence de nombreux compatriotes valeureux.
L’auteur confesse avec hauteur : « Mon souhait est de voir une Mauritanie unie dans la confiance où le Maure est libre de rester maure, le Haratine de rester haratine, le Peulh de rester peulh, le Soninké de rester soninké, le Wolof de rester wolof et le Bambara de rester bambara, mais tous des mauritaniens.» P 186
L’ouvrage de M. Mahamadou SY (ancien lieutenant de l’armée 🇲🇷) est une source-ressource essentielle pour disposer d’éléments de compréhension d’une période troublante de la vie politique de notre pays. Le puzzle de ce qu’on peut appeler une purge systémique dans les années 1986…1990 au sein de la grande muette, présente des données lisibles et circonstanciées. Contenu lourd qui sidère le bon sens et fend tout cœur humaniste nous interpelle en pensant à un seul mot : POURQUOI ?
On peut y lire à la page 160 : «L’histoire de tous les prisonniers est presque identique à la nôtre : arrestations sous prétexte de convocation, tortures et aveux arrachés.» , un bref narratif pouvant illustrer le « COMMENT » d’un régime d’horribles exactions extrajudiciaires.
Un civil exerçant le métier de pêcheur s’est retrouvé dans un camp d’emprisonnement militaire à Jreïda. Son cas est l’incarnation fantaisiste de ce qui a motivé en sourdine cette épuration aux relents ethno-raciaux : «Du statut de pêcheur, il passe à celui de comploteur contre la sûreté de l’Etat. Il faut admettre que ça aussi, c’est très fort.» pouvons lire à la page 164.
Page 167, après la terreur pratiquée avec zèle sur d’innocentes personnes, le dénommé capitaine Moctar vient informer les rescapés du changement imposé aux hautes autorités étatiques par l’éclatement médiatico-diplomatique de l’affaire des camps : « … Le Président de la République vous a pardonné. Le chef d’état-major me charge de vous dire d’oublier ce qui s’est passé et qu’en bons musulmans, vous devez mettre tout cela sur le compte de la fatalité.»
Contexte et ambiance :
1 – C’est sous la gouvernance militaire d’un certain CMSN (Conseil Militaire de Salut National) dirigé par un colonel moustachu répondant au nom de Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya (natif d’Atar dans l’Adrar mauritanien).
2 – Dans un régime militaire, l’alternance politique au sommet ne passe pas par une élection, donc, la campagne perpétuelle qui prévaut en interne, se fait par des complots, faux complots, trahisons, fausses trahisons, intrigues et manipulations…
3 – Saddam Hussein, l’ex dictateur irakien est parrain idéologique d’une certaine élite militaire (et civile) parmi l’ensemble communautaire maure, notamment à travers l’hydre politique du baathisme. Le colonel Taya se lie stratégiquement à l’international au leader irakien qui avait gazé les kurdes de son pays…ces années là. Une leçon d’une velléité génocidaire… qui a inspiré sans doute…
4 – La parution d’un manifeste d’alerte (sur la marginalisation croissante dans la structure étatique du pays) par les FLAM (Forces de Libération Africaines de Mauritanie)
5 – Le coup d’État capoté ou trahi d’octobre 1987 est dans l’arrière-fond psychologique des limiers du régime en place. Un coup fomenté par des éléments issus du groupe sociolinguistique poularophone.
6 – Les vives tensions entre la Mauritanie et le Sénégal au cours de l’année 1989 avec plusieurs négro-mauritaniens injustement déportés vers le Sénégal et le Mali.
Ces quelques points cités font partie d’un environnement politique et militaire de l’époque à mettre en perspective avec le recul pour se faire un relatif habillage de l’atmosphère qui sévit objectivement…
Ces passages dans les pages 177 – 178 sonnant comme une conclusion-plainte qui court toujours : « Deux cent cinquante prisonniers ont fait le trajet pour Inal au mois de novembre 90 mais seulement 96 d’entre eux feront le voyage retour. Le reste repose autour du fameux terrain de sport.» «Les victimes, nous savons ce qu’elles sont devenus. Mais les tortionnaires, qu’en est-il advenu ? J’ai entendu dire qu’ils ont été amnistiés.» « Qui peut se prévaloir du droit de pardonner, à ma place, mon caporal étrangleur ? »
En photo illustrative en plus de la couverture du livre, la photographie du visage angélique du jeune Lieutenant Anne Dahirou (paix à son âme). Les circonstances de sa mort symbolisent tristement l’engrenage cruel et criminel qui faucha injustement plusieurs belles âmes.
[« Renoncer à sa liberté c’est renoncer à sa qualité d’Homme, aux droits de l’humanité, à ses devoirs …Inégalité et domination sont inséparables comme égalité et liberté »] Bruno Bernardi « Si l’esclavage n’est pas mauvais, rien n’est mauvais » Abraham Lincoln « Mieux vaut mourir debout que vivre toute une vie à genoux » Emiliano Zapata (1910).
Je ne sais pas laquelle de ces citations choisir pour aborder le sujet des inégalités sociales. Avant tout propos prières aux âmes des personnes décédées, victimes de l’obscurantisme. Les inégalités existent sous différentes formes parmi lesquelles l’esclavage par ascendance qui est le thème du livre dont je m’en vais commenter. Le titre est : Les restes féodalo-esclavagistes intra- africains : ce qu’il faut comprendre pour s’en débarrasser ! Le cas soninké. L’auteur, Koundou SOUMARE, que j’ai connu il y’a plusieurs années déjà sur la toile et rencontré physiquement pour la première fois le 29 juin 2024, jour des élections présidentielles, devant le consulat de la Mauritanie à Paris. Koundou, militant de première heure pour les causes nobles depuis de nombreuses années. Un combattant contre les inégalités sociales qui gangrènent nos sociétés de façon générale et la société soninké en particulier. Il a toutes les vertus dont tout chaque homme rêverait d’avoir. Humble, courageux, à l’écoute et au service de sa communauté, Koundou est une perle rare. Il mérite tous les hommages. Concernant son livre, de prime à bord, l’aisance avec lequel il aborde son ouvrage nous montre qu’il n’est ni amateur ni capricieux sur le sujet. En effet, dès la première phrase on se rend compte que l’auteur est non seulement profondément attaché à la cause qu’il défend mais aussi et surtout qu’il maitrise tous les rouages et subterfuges utilisables par la communauté pour asseoir une domination des uns sur les autres. Dans son livre, il décortique point par point tous les prétextes utilisés aujourd’hui pour légitimer religieusement ou au nom d’un passé révolu cette pratique ignoble et inhumaine qui est l’esclavage. Je pense que le caractère statutaire, c’est-à-dire la transmission de génération en génération rend encore plus caduque cette organisation sociale. En effet, rien dans ce monde n’est figé, même pas le monde lui-même. De ce fait, que la société impose un statut immuable relève d’une très grande injustice. Nous conviendrons tous qu’un prisonnier doit au préalable commettre un acte repréhensible qui lui fait perdre sa liberté. Pouvons-nous concevoir qu’un homme ou une femme puisse perdre sa liberté à la naissance sans avoir commis aucun crime ou acte qui conduit à la privation de liberté ? La réponse est très certainement non. De ce fait, on se rend compte assez facilement du caractère ridicule de nos pratiques d’aujourd’hui. Comment concevoir que d’autres personnes puissent décider, à ta place, la vie que tu dois vivre avant même ta naissance ? On peut évoquer ici les pratiques dégradantes telles que les injustices à l’égard des femmes dans les sociétés conservatrices, les mutilations génitales, le mariage précoce/forcé et l’esclavage par héritage.
Pour revenir au livre, J’ai été frappé par l’ouverture d’esprit de l’auteur, à travers les questions soulevées et sa capacité à susciter la curiosité du lecteur pour le pousser à la réflexion. Il dénonce avec fermeté et rigueur tout en donnant un aperçu sur la société dont il rêve, pour ne pas dire la société dont tout homme sensé rêve. En somme, dans ce livre Koundou ne soulève pas seulement des problèmes mais ils proposent également des solutions.
Avant de parler de la forme, je voudrais faire un petit commentaire sur la fameuse phrase évoquée par l’auteur et source d’écueils : « Vos méthodes sont mauvaises mais la cause est juste ». Je voudrais juste souligner, en toute objectivité, que ces méthodes critiquées par les détracteurs n’appartiennent pas à Gambanaxu mais plutôt à la société dans laquelle cette organisation est née. Gambanaxu a peut-être permis l’expression et l’exposition au grand jour de certaines méthodes honteuses, témoins de certaines mauvaises valeurs inculquées par la société. De toute ma vie, je n’ai jamais imaginé un soninké éduqué dans le soninkaxu capable de commettre un meurtre, pourtant ce fut le cas à plusieurs reprises notamment les 4 martyrs de Diandiouné (Mali) le 01/09/2020 (Qu’Allah accueille tous les martyrs au paradis). Allons-nous continuer à faire porter la responsabilité à Gambannaxou ou plutôt sur le manque de valeurs morales dont font preuves très souvent certains réactionnaires ? Ne serait-ce pas une énième tentative de diabolisation ou de diversion de s’attarder sur les méthodes ? Alors que l’essentiel est ailleurs. Sur ce point, que ce soit les méthodes d’action ou de réaction, je pense que c’est d’abord une question individuelle liée aux valeurs, au moral, à la piété et à l’éducation reçue qui varient d’un individu à un autre. Ce serait lâche de dédouaner la société de sa responsabilité. En d’autres mots, ces méthodes se trouvent déjà sur place et ont l’air très ancrées chez certaines personnes indépendamment de son camp. D’ailleurs s’il y’a une chose que je reproche à Gambana ou plutôt certains militants c’est le manque criant de méthodes homogènes et d’actions globales et ciblées surtout en ce qui concerne certaines localités (cf. les sous-organisations locales). Comme s’il n’y avait pas de coordination centrale et que chaque membre serait libre de dire ou de faire comme bon lui semble. En tout cas, c’est mon impression. Pour conclure ce point, d’aucuns doivent comprendre que Renoncer au Soninkaxu (soninkara) n’est pas nécessairement un tribut à payer pour se sentir libre. On peut bien rester attaché aux bonnes valeurs du soninkaxu et tout en combattant les injustices et inégalités sociales imposées par la hiérarchisation à la naissance (système de castes) ou à l’égard des femmes, entre autres.
Revenons sur le livre, Dans la forme, pas besoin d’avoir bac+3 pour lire et comprendre ce livre qui est très facile à lire et à la portée de tous. Ce dont on a besoin pour lire ce livre est une infime dose de bonne foi et d’honnêteté et surtout une carence en « hypocrisine », l’hormone de l’hypocrisie (rire). Quant au style d’écriture, c’est décontracté avec une petite touche d’humour sur un sujet aussi sérieux. J’ai vraiment apprécié cela.
Si on me demande de faire une critique, je dirais d’abord le manque de distinction remarquable, c’est-à-dire parfois les obstacles peuvent se confondre avec les causes et ces derniers avec les conséquences. De plus, un chapitre plus étoffé sur les origines de ces pratiques aurait été la bienvenue. En effet, pour une personne peu ou pas avertie, on peut parfois perdre le fil conducteur.
Pour finir, mon message est : Dans un monde civilisé, tout combat doit être mené de façon civilisée ! Ne pas s’adonner à l’invective ni à la violence est l’un des plus grands secrets ! La dignité humaine n’a pas de prix ! Le combat continue !!!
Cet ouvrage paru en octobre 2024, essaie succinctement de donner une source-ressource historique et sociologique sur l’arrivée timide et l’évolution plus ou moins mouvementée de la dernière Révélation Divine parmi les peuples ouest-africains. L’auteur y effectue un traçage narratif avec une prudence intellectuelle soutenue en remontant sur plus de mille ans dans la frise chronologique du calendrier chrétien. L’histoire de la géopolitique sahara-sahélienne de son pan occidental, y est revisitée en trame de fond. Peuples berbères, berbères arabisés, arabes, soninkés, peulhs, mandingues, sossos, songhaïs, haoussas et bien d’autres ont vu et vécu diverses expressions et transformations sociales, politiques, religieuses et économiques par et autour de l’élément « Islam » arrivé conséquemment du Nord (l’actuel grand maghreb) aux environs courant 8ème…9ème siècle. Au départ, introduite en milieux élitistes chez certains dignitaires regnants du Wagadou (le célèbre empire soninké du Ghana ancien) ou (et) chez des dirigeants Tekrouriens, la religion musulmane constitue aujoud’hui une facette essentielle de l’identité confessionnelle de plusieurs millions d’individus ouest-africains. Par le passé, selon un instructif décryptage de cet ouvrage, différents cheminements de prosélytisme ont alterné d’une zone à une autre selon des réalités socio-politiques en vigueur. Certains empereurs mandingues, songhaïs et d’autres rois ou princes de différentes communautés l’ont adopté comme référent juridique de leur gouvernance politique d’une période à une autre. Une mention fournie a été faite concernant l’arrivée et le développement des ordres confrériques soufis (Qadriyya, Tijaniyya et Sanûsiya) dans un environnement social déjà nominalement ou profondément islamisé. L’activisme réformateur voire révolutionnaire a été enclenché courant 18ème – 19ème siècle, avec comme carburant idéologique, l’islam à revivifier ou l’imposition pour certains d’un hégémonisme politique aux relents clairement ethnicistes et communautaires.
Il y est rapporté que lors de l’apogée de l’empire songhaï, un neveu du chérif al-‘Abbâs (de la Mecque) s’est installé à Toumbouctou et y épousa des femmes noires. Et, un clan de descendants noirs du Prophète (psl) y était institué. Ce qui peut expliquer peut-être aujourd’hui certaines prétentions d’ascendance chérifiennes dans la sous-région.
L’ouvrage n’oublie pas en filigrane de noter le froissement intellectuel et culturel occasionné par un vif attrait pour l’activité éducative et instructive de haut niveau autour des sciences islamiques.
Lors de la colonisation européenne, les rapports peuvent se résumer plus ou moins entre conflictualités, compositions et exploitations mutuelles des uns et des autres en fonction des circonstances et des intérêts politico-confessionnels en jeu.
Un livre peu volumineux mais très utile pour acquérir et affiner quelques données historiques essentielles d’une longue et dense période de l’avènement de l’islam et son évolution dans notre zone.
Traversées Mauritanides – Écrire, c’est se mettre à nu. Laisser parler son encre, loin de ses horizons. S’exposer aux jugements aussi. Mais peu importe, si nous en avons fait le choix. Et cette édition des Traversées Mauritanides tient le fanal.
En 15 ans, de rendez-vous littéraires, nous avons libéré et reconstruit des paroles. Des auteurs ont partagé nos complicités, des lieux accueilli nos récits et confessions. Au nom de la littérature !
Nous avons appris de nos publics, contradicteurs et passionnés. Leurs interpellations sont, pour l’écrivain, une invitation à la profanation d’une pensée. Et une pensée qu’on profane s’enrichit : tout le mal qu’on peut offrir à son auteur.
C’est là le réconfort des Traversées, créant des cadres sans cesse renouvelés. La liberté de nos auteurs est notre signature.
Boubou BA, est docteur en droit de l’Université Paris-Nanterre et juriste au tribunal judiciaire de Pontoise-France. Titulaire d’un Master 2 en droit pénal et procédure pénale de l’Université Paris-Nanterre. Il obtient par la suite un Master 2 en Anthropologie du droit de l’Université Panthéon-Sorbonne Paris-1 et un DU (Diplôme Universitaire) des modes amiables de résolution des différends de l’Université Paris-Nanterre. En novembre 2022, il a soutenu sa thèse de doctorat avec succès consacrée sur : Les modes alternatifs de règlement des conflits en Mauritanie : regard anthropologique et juridique, sous la direction de Madame le professeur Soazick KERNEIS, de l’Université Paris-Nanterre et directrice du centre de recherche (CHAD). Cet ouvrage « offre d’une part, une analyse selon laquelle la justice en République islamique de Mauritanie est en faillite. Elle procède par un état des lieux de la justice et du droit en République islamique de Mauritanie depuis son accession à l’indépendance jusqu’à nos jours. Il en ressort que le système judiciaire mauritanien est le produit d’une interaction entre justice traditionnelle et justice moderne. Les structures judiciaires mises en place après les indépendances se situent entre droit positif français et droit autochtone. Le cadre global de ce système est marqué par une absence totale de volontés politiques de créer des institutions fortes . D’autre part, l’étude propose de soumettre à l’analyse l’idée selon laquelle les modes alternatifs de règlement des conflits sont une solution en partie à la crise de l’institution judiciaire. La nature pacificatrice de la justice traditionnelle en Mauritanie constitue un héritage culturel qui a facilité l’introduction récente des formes modernes de justice alternative. Une justice conçue comme une manifestation de la liberté contractuelle. L’approche contemporaine de la justice a permis au législateur mauritanien de marquer ces dernières années sa volonté de soutenir les MARC, qui constituent aujourd’hui un autre modèle de justice. Enfin, l’auteur propose des solutions de reformes adaptées aux problèmes identifiés en prenant en compte le contexte actuel de la Mauritanie ». Dr BA, a publié de nombreux articles scientifiques sur la Mauritanie dans des grandes revues de droit et participé à des ouvrages collectifs. Parmi ces publications nous pouvons citer entre autres : Les modes alternatifs de règlement des conflits dans le système juridictionnel mauritanien in faire justice dans les sociétés multiculturelles, revue, Les Cahiers de la justice/ENM Dalloz, 2021/1, PP. 37-50 ; La justice précoloniale en Mauritanie : entre coutume et charia islamique C. GAU-CABEE (dir), le métissage des droits en Afrique subsaharienne francophone. Regards croisés, CTHDIP, 2022, PP. 86-98 ; Pourquoi faut-il faire recours à l’arbitrage dans le règlement des litiges commerciaux en Mauritanie ? in revue trimestrielle de droit africain (penant) n°923, avril-juin 2023, PP.365-382. Aujourd’hui, il est membre associé au centre de recherche d’histoire et d’anthropologie du droit (CHAD) de l’université Paris10.
Moussa SOUMARE Directeur adjoint des relations avec la société civile au commissariat aux aux droits de l’homme, à l’action humanitaire et aux relations avec la société civile Nouakchott
Mohamed Camara, originaire de Guémou, au sud de la Mauritanie, a parcouru un cheminement académique remarquable et diversifié. Après avoir complété ses études primaires, secondaires et universitaires en Mauritanie, il a enrichi son parcours en poursuivant des études en France.
Titulaire de deux Masters, il obtient son premier diplôme en Gestion de l’Environnement, avec une spécialisation dans la gestion des activités extractives, de l’Université Gaston-Berger de Saint-Louis au Sénégal. Son deuxième Master, en Économie Appliquée, avec une option en économétrie financière, lui a été décerné par l’Université de Paris 8. Par ailleurs, il possède une licence en Administration Publique obtenue en Corse.
Mohamed Camara en publiant le livre intitulé La mondialisation appauvrit-elle l’Afrique?, pose une question majeure de notre temps. En effet l’Afrique, berceau de l’humanité, des premières civilisations a toujours été au cœur de relations avec le reste du monde.
De l’antiquité gréco-romaine en passant par les grandes explorations européennes à partir de l’ouverture atlantique au 15e siècle à la colonisation jusqu’à la globalisation actuelle, l’Afrique a eu son rôle à jouer. Toutefois avec l’esclavage transatlantique, la colonisation et aujourd’hui le néo-colonisation, la place réservée à l’Afrique dans la mondialisation suscite de nombreuses questions.
L’Afrique en participant à la mondialisation est-elle simplement reléguée au statut de pourvoyeuse de ressources humaines et naturelles destinées au monde capitalisme occidental et aux puissances dominantes? Sans trop rentré dans les considérations historiques, idéologiques et géopolitiques, l’auteur Mohamed Camara se limite à nous pousser à réfléchir sur la véritable place réservée à l’Afrique dans la mondialisation actuelle.
Son livre, très édifiant, met en exergue les enjeux réels et les véritables effets de la mondialisation en Afrique. Il expose les véritables acteurs du commerce international dominé par le monde occidental et les nouvelles puissances montantes. Mohamed Camara analyse et décortique la situation de l’Afrique, continent qui regorge certes de matières premières mais qui ne participe pas aux décisions concernant l’acquisition de ses matières premières par le monde dominant.
L’Afrique privée d’une industrie de transformation locale est en effet contrainte d’exporter ses matières premières qui lui reviendront en produits finis vendus très chers. En lisant le livre de Mohamed Camara, on réalise bien que la mondialisation suit une certaine évolution, une certaine logique qui malheureusement ne datent pas d’aujourd’hui.
Par ailleurs, les retombés du commerce international tel qu’il fonctionne aujourd’hui ne profitent pas non plus à l’Afrique. Avec des sources fiables, des arguments solides et des chiffres tirés d’études de spécialistes, Mohamed Camara s’attèle à montrer que la mondialisation telle qu’elle est conçue ne peut pas développer l’Afrique.
L’Afrique selon lui ne fait que le jeu de la mondialisation au bénéfice du monde dominant. Il regrette que le continent africain tarde à véritablement réfléchir et trouver une stratégie efficace pour occuper sa place et intégrer définitivement les échanges mondiaux.
Face à ce constat, Mohamed Camara rappelle que la mondialisation pourrait bien être une chance, une véritable opportunité de développement de l’Afrique à la condition unique que les pays africains se spécialisent chacun dans un domaine précis et en devienne le maître et le décideur. À travers ce livre, Mohamed Camara apporte des informations scientifiques et documentées et comble un vide historique sur un sujet majeur de notre temps.
Dr Amadou BA
Historien, politologue, chercheur et auteur.
Enseignant en histoire et en science politique à l’université Laurentienne Sudbury Ontario Canada
Je viens de terminer la lecture de l’ouvrage de mon neveu KoundouSoumaré, qu’il a intitulé « Brève initiation à la géopolitique pour un jeune soninké : repères et événements historiques« . J’ai été subjugué par la qualité de l’œuvre malgré son caractère synthétique, moins d’une centaine de pages. Pour tout dire, j’ai été agréablement surpris, enfin….pas tellement, compte tenu de l’esprit brillant qui l’a produit. La lecture de cet ouvrage est une aubaine pour les amoureux de la géopolitique. La finesse de l’analyse, le choix judicieux des dates clés et des événements historiques majeurs, tout est minutieusement imbriqués. Du 02 février 1885, moment crucial pour le continent noir, car consacrant son morcellement, en passant par le 03 mars 1924, moment charnière pour la umma islamique avec la disparition du califat, symbole d’unité, à la fin de la seconde guerre mondiale et la création de l’organisation des nations unies en 1945, structure censée assurer la paix et la sécurité mondiale, tous ces événements sont structurés, organisés et commentés avec la rigueur et l’esprit de synthèse qu’on lui connaît et qui le caractérise indubitablement. En faisant focus sur certains leviers propres à la sphère géopolitique à l’instar de la déclaration Balfour du 02 novembre 1917 pour l’établissement en Palestine d’un foyer national du peuple juif, l’organisation du traité de l’atlantique Nord du 04 avril 1949, bras militaire d’influence d’un occident offensif, sans oublier la montée soudaine des BRICS quii veulent finir avec un monde unipolaire sous la houlette de l’oncle Sam pour renouer avec une forme de multipolarité sur la scène internationale, l’auteur avec son style assez particulier à dressé les foyers de tension et les enjeux globaux de notre monde contemporain agité. En concluant son envol rapide de la géopolitique par son pays natal, l’auteur a su comme à l’accoutumé avec brio mettre en exergue les points névralgiques de cette Mauritanie moderne, notamment la problématique des langues, la gouvernance politique, économique et institutionnelle plus ou moins chaotiques. Aussi, il a su placer le curseur sur certaines dates et évenements saillants comme le congrès d’Aleg, tenu du 02 au 05 mai 1958 avec l’objectif de définir la nature et les contours du futur Etat naissant et surtout le 28 novembre 1960 qui consacre l’indépendance de la République Islamique de Mauritanie, qui quittait définitivement son statut de territoire d’outre-mer mais également de République autonome au sein de la communauté française. En définitive, cet ouvrage de mon neveu, le blogueur, le militant des droits humains, est une mine d’or d’informations et d’événements historiques qui éclaire la lanterne du novice et lui offre les outils pour mieux lire et comprendre l’univers de la géopolitique.
À mettre entre toutes les mains.
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Mes chaleureux remerciements renouvelés à lui pour sa disponibilité et ses suggestions correctives de toujours.
À propos du terme Géopolitique , j’avais consulté ce riche et volumineux travail « Le Grand Dictionnaire » de notre oncle Mody Bathily (paix à son âme 🤲🏾), il n’y figure pas. Ce dictionnaire mixte français-soninké paru courant 2017 est une des références disponibles pour faciliter la traduction de notre langue soninké. Le mot Politique y est traduit et défini. Ainsi dire, pour le terme Géopolitique (élément de titre de notre dernier ouvrage), nous espérons qu’il soit un concept familier et ouvert à notre bagage discursif et littéraire. Une définition sommaire est donnée en substance comme « Étude géographique des relations entre les États… » . Il a trait à la vie des relations internationales sous diverses dimensions et exerce des influences plus ou moins lointaines sur chaque habitant de notre globe 🌎 politique. Et sûrement ceux qui cultivent suffisamment les narratifs sur les réalités vivaces et les données conceptuelles du Monde tiennent par conséquent un certain avantage prégnant sur d’autres qui ne peuvent que subir. Il faut y remédier par une urgente et large émulation/stimulation intellectuelle de masse et pas seulement élitiste. Un citoyen averti en relations internationales et conscient des dynamiques extérieures entre les pays ou les ensembles géopolitiques (alliances, organisations…), peut être moins manipulable politiquement. Il aura une vision moins restreinte sur les tenants et les aboutissants sur l’intentionalité profonde de ses gouvernants dans leurs décisions intérieures et extérieures. Dans notre dernier livre https://amzn.eu/d/cfKLmI0, nous avons abordé le cas de notre pays, la Mauritanie qui a quitté la Cédéao en 2000 et qui reste membre de l’atone Uma (Union du maghreb Arabe). Cette décision est porteuse d’une charge géopolitique loin d’être banale en matière de politique intérieure.
Je reviens à la nécessité pour nous, d’enrichir nos langues… les politiser suffisamment par des mises à jour conceptuelles de notre temps géopolitique… Le gros travail revient prioritairement aux braves lettrés dans nos langues autochtones-maternelles, je pense à xaranmoxo M. Jaagu Renme Laasana Kamara .
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