● MAURITANIE : LE TITRE DE SÉJOUR POUR LES SÉNÉGALAIS PASSE DE 50 000 À 5 000 FCFA

C’est un véritable soulagement pour la communauté sénégalaise vivant en Mauritanie. Le coût du titre de séjour, longtemps jugé trop élevé, a été fortement réduit : il passe désormais de 50 000 à seulement 5 000 FCFA.

C’est un véritable soulagement pour la communauté sénégalaise vivant en Mauritanie. Le coût du titre de séjour, longtemps jugé trop élevé, a été fortement réduit : il passe désormais de 50 000 à seulement 5 000 FCFA.

L’annonce a été faite par Serigne Khadim Bamba Fall, coordonnateur du Bureau d’accueil, d’orientation et de suivi des Sénégalais de l’extérieur (BAOS). Cette décision résulte d’un accord entre les autorités sénégalaises et mauritaniennes, visant à faciliter la régularisation administrative des Sénégalais vivant dans le pays voisin.

La mesure s’inscrit dans une dynamique plus large, portée par le gouvernement sénégalais, pour répondre aux préoccupations de la diaspora et promouvoir une mobilité digne et sécurisée.

Cette réduction intervient dans un contexte marqué par des expulsions fréquentes de migrants en situation irrégulière en Mauritanie, dont plusieurs Sénégalais. Ces expulsions, souvent critiquées par des ONG pour leurs conditions jugées inhumaines, ont suscité l’inquiétude au sein de la communauté sénégalaise.

Face à cette situation, le Sénégal a multiplié les démarches diplomatiques. En janvier 2025, le Premier ministre Ousmane Sonko s’est rendu à Nouakchott pour discuter de la régularisation des Sénégalais. À l’issue de cette visite, la Mauritanie avait accepté de baisser les frais du titre de séjour et d’assouplir les procédures.

En mars 2025, la ministre des Affaires étrangères Yassine Fall s’est également rendue en Mauritanie. Elle a été reçue par le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, à qui elle a remis une lettre du président sénégalais Bassirou Diomaye Faye. Cette visite a renforcé les relations bilatérales et permis de faire avancer le dossier.

Lors d’un échange public en avril, Yassine Fall avait déjà annoncé que “des discussions étaient en cours pour garantir des conditions de séjour plus sereines” aux Sénégalais en Mauritanie.

La baisse des frais du titre de séjour représente une victoire importante pour la diaspora sénégalaise, confrontée depuis des années à des démarches coûteuses et complexes. Elle devrait contribuer à améliorer leurs conditions de vie, tout en renforçant les liens d’amitié entre Dakar et Nouakchott.

• Lien média https://www.rts.sn/actualite/detail/a-la-une/mauritanie-le-titre-de-sejour-pour-les-senegalais-passe-de-50-000-a-5-000-fcfa

● Mauritanie : La population dépasse les 4,9 millions d’habitants selon le dernier recensement

La Dépêche – Le ministère de l’Économie et des Finances a dévoilé ce lundi les résultats finaux du cinquième Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH), mené en 2023 par l’Agence Nationale de la Statistique et de l’Analyse Démographique et Économique (ANSADE).

Selon les données présentées, la population mauritanienne s’élève désormais à 4.927.532 habitants, avec un taux de croissance annuel stable de 3,1 %. Le nombre de ménages ordinaires atteint 834.352, avec une taille moyenne de 5,9 personnes par foyer, indiquant un développement démographique jugé équilibré.

Le secrétaire général du ministère, Yacoub Ahmed Aicha, cité par nos confrères de l’AMI, a souligné que ce recensement s’inscrit dans le cadre du Plan Décennal National de Développement de la Statistique (2021-2030), visant à fournir des données fiables pour appuyer les politiques publiques de développement.

Il a précisé que les résultats serviront d’outil stratégique pour les institutions nationales et les partenaires au développement afin d’évaluer, ajuster et renforcer les programmes existants.

Par ailleurs, une base de données aléatoire représentant 10 % de l’ensemble des informations collectées a été constituée pour les besoins de la recherche. Conforme aux standards méthodologiques internationaux, elle permettra aux chercheurs et universitaires d’approfondir l’analyse des dynamiques démographiques, sociales et économiques du pays.

Présente à la cérémonie, la représentante du Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP), Mme Olga Sankara, a salué la performance technique de l’ANSADE, estimant que l’agence dispose désormais de l’expertise nécessaire pour accompagner d’autres pays dans leurs opérations de recensement. Elle a qualifié les données publiées de « trésor d’informations » qui marqueront un tournant dans la planification du développement national.

•Lien média https://share.google/ZFiUoJMai9ciWcuRe

● Mauritanie ~ Contribution | Les préparatifs d’un dialogue dit « national » et ses angles brumeux! Par KS.

Une échéance fait écho diversement dans l’opinion publique en Mauritanie depuis quelques mois. L’annonce d’un dialogue national, oui c’est bien l’adjectif « National » qu’on évoque, donc au-delà d’un conclave politique genre d’une tontine politicienne. Une vaste ambition qui nécessite beaucoup de préalables pour son organisation et sa réussite. Nous sommes en début d’été, toujours pas de chronogramme officiellement formalisé et affiché par M. Fall Moussa (le coordinateur du dialogue) et sa team. À travers diverses publications dans les médias digitaux, nous avons pu lire et voir différentes rencontres qu’il a entamées avec plusieurs délégations politiques, sociales et sectorielles. Des manœuvres de concertation qui apparaissent comme une dynamique préalable au dialogue tant attendu mais aux contours et à la substance restant à appréhender sérieusement.

À ce jour, le champ politique national subit les frictions issues de la dernière présidentielle de juin 2024. Le camp politique autour du candidat Biram Dah Abeid (arrivé deuxième lors des 3 élections présidentielles 2014, 2019 et 2024) ne semble pas être emballé par l’initiative confiée à M. Fall par le président de la république M. Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani . Pour cause, le pouvoir est peu avenant à une véritable pacification de l’atmosphère relationnelle avec le leader abolitionniste d’IRA-Mauritanie et ses partenaires politiques. Entre répressions sporadiques, arrestations et dossiers judiciaires à l’encontre des militants Iraouis, s’il y a objectif sincère d’un Dialogue national, l’espace socio-politique incarné par le député BDA doit être une portion conséquente du puzzle des assises discursives à venir. Une actualité récente nous indique que des tensions subsistent entre le camp du pouvoir (ou un camp du pouvoir) et le leader abolitionniste. En effet, lors de son retour d’un périple international auprès des diasporas (États-Unis et Europe occidentale), à Nouakchott (le 11 juin 2024) , son accueil a été étrangement perturbé par une mobilisation spéciale des forces de sécurité dès l’aéroport. Et les observateurs s’étonnent d’ailleurs d’un tel traitement injustifié au moment où l’arène médiatico politique fait focus autour des préparatifs d’un dialogue qui s’annonce inclusif selon le narratif officiel de son coordinateur. Ainsi dire, d’interrogations ne manquent pas à ce jour concernant les préparatifs qui doivent être bonnement inclusifs à tout le spectre socio-politique, professionnel et géographique.

Concernant l’aspect géographique, à quel niveau les diasporas sont concernées..? Légitime questionnement, après une brève googlisation, j’ai ramassé entre les liens, cet élément titré « La Mauritanie engage sa diaspora dans la construction d’un dialogue national inclusif »  https://share.google/pwPyZrf6FVXquouWo. Il fait mention en substance d’une rencontre virtuelle organisée le 18 mai dernier entre M. Fall et une quarantaine de représentants de la diaspora mauritanienne (zone Amérique du Nord et Europe). Concernant la Zone Europe, l’opinion publique serait heureuse de savoir qui étaient ces représentants ayant été désignés ou cooptés incognito pour participer au nom de la communauté diasporique à ce conclave virtuel ?

Cela devrait être une exigence de clarification et d’édification à l’endroit de nos concitoyens qui vivent dans cette zone. Selon la teneur de l’élément publié, cette rencontre virtuelle est actée comme une initiative de la contribution préalable de la diaspora au dialogue national. Serait-il une manœuvre partisane ou élitiste en catimini dans l’objectif d’un faire-valoirisme mesquin et politicard..?

À quel degré d’information, l’ensemble de la communauté mauritanienne de l’Espagne à l’Allemagne en passant par la France, la Belgique et le Pays-Bas… est au fait de cette rencontre virtuelle du 18 mai 2025 ?
Ont-ils confié un mandat quelconque à un groupe d’individus pour porter leurs contributions aux préparatifs du dialogue en gestation ?

Nous avons hâte de savoir les noms et les positions représentatives de ces types de porte-plumes invisibles qui nous doivent de précisions concernant leur légitimité dans cette manœuvre bien étrange.

23 juin 2025

KS pour le BLOG

● La présentation de l’association humanitaire Aziza Cœur Saint.

Présentation de l’association Aziza Cœur Saint
● Qui sommes-nous ?
Aziza Cœur Saint est une association humanitaire internationale engagée dans la protection et le soutien des femmes et enfants abandonnés à travers le monde.

● Notre mission :

Offrir des centres d’hébergement sécurisés pour accueillir les femmes en détresse et leurs enfants.

Mettre en place des programmes de formation professionnelle pour permettre aux mères abandonnées de retrouver une autonomie financière.

Créer des petits commerces de proximité afin de favoriser l’entrepreneuriat local et durable chez les femmes.

Lutter contre la pauvreté, la prostitution forcée et les migrations dangereuses, notamment la traversée de la Méditerranée par les jeunes en Afrique.

À travers nos actions, nous souhaitons offrir une seconde chance, restaurer la dignité humaine et construire un avenir plus juste pour les plus vulnérables.

● Lien de la cagnotte pour les contributions https://tribee.fr/participations/4APFYXPZZX97PB4K33H1Y1900F

● Mauritanie ~ Politique | Biram Dah Abeid : une voix incontournable pour la justice, la démocratie et l’unité en Mauritanie . Par M. Cheikh Sidati Hamadi



• Par Cheikh Sidati Hamadi (Expert senior en droits des CDWD, Analyste , Essayiste, chercheur associé)

Introduction

Le temps des choix historiques
La Mauritanie se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Entre la tentation de reproduire les systèmes d’exclusion et l’aspiration sincère à une société plus juste, inclusive et pleinement républicaine, le pays est confronté à un choix fondamental. Un choix qui engage la conscience collective, la paix sociale et l’avenir même de la nation.
Dans ce contexte, ignorer les véritables forces de changement, celles qui incarnent à la fois les douleurs du passé et les espoirs de demain, serait une erreur aux conséquences profondes. L’histoire, en effet, a ceci de tenace : elle revient frapper à la porte des peuples jusqu’à ce qu’ils y répondent. Et aujourd’hui, nul ne porte en Mauritanie la voix de la justice, du courage et de la cohérence avec autant de force que Biram Dah Abeid, leader de la Coalition antisystème.

Un leader de la majorité silencieuse

Issu d’une communauté longtemps marginalisée, Biram Dah Abeid s’est imposé comme la voix des sans-voix : les oubliés de la République, les exclus de la représentation politique, les victimes de l’esclavage et de l’ordre ethno-social.
Son combat transcende les seules causes des Haratines ou des communautés discriminées sur la base du travail et de l’ascendance (CDWD). Il a su fédérer une alliance politique large, la Coalition antisystème, regroupant des forces en rupture avec les logiques conservatrices et clientélistes.
À ce jour, il est le seul leader antisystème à avoir été classé deuxième à trois élections présidentielles consécutives (2014, 2019, 2024), rassemblant plus de 22 % des suffrages aux deux dernières. Et ce, sans parti reconnu, sans financement public, dans un environnement marqué par de sévères restrictions. Cette performance atteste d’une légitimité populaire profonde.

Un patriote pacifique

Contrairement aux caricatures véhiculées par certains cercles rétrogrades, Biram Dah Abeid est un patriote sincère, pacifiste dans l’âme malgré les lourdes conséquences qui peuvent en résulter.
Il croit en une Mauritanie unie, démocratique, où la justice ne dépend ni du nom, ni de la tribu, ni du statut. Il ne rejette pas la République : il la réclame pour tous.
Son combat est non violent, légal et républicain. Même face à l’emprisonnement, à la confiscation de ses victoires, à la censure ou à la répression, il répond par le droit, la parole et l’action civique. Il milite pour un dialogue sincère, où chaque voix compte, y compris celles qui dérangent.

Un charisme politique et moral

Biram Dah Abeid n’est ni un homme d’appareil, ni un politicien classique. Il ne doit son autorité ni à une ascendance influente, ni à la fortune, ni à un réseau de clientélisme. Son autorité repose sur la constance, la cohérence, le courage et l’engagement sans faille d’un homme debout.
Son charisme est naturel, moral et politique, nourri par sa proximité avec les plus humbles. Il ne promet pas des privilèges : il exige des droits. C’est cette posture éthique qui lui vaut une audience transversale dans toutes les composantes de la société mauritanienne.

Un ancrage national rare

Peu de figures politiques bénéficient en Mauritanie d’une reconnaissance véritablement transcommunautaire. Biram est respecté chez les Haratines, les Négro-Africains, les Maures ; dans les villes comme dans les campagnes. Sa voix porte chez les intellectuels, les jeunes diplômés, les chômeurs, la classe ouvrière, les femmes résilientes, les agriculteurs spoliés, les fonctionnaires marginalisés, les enseignants, les imams engagés, les commerçants de l’économie informelle et les humbles.
Cette transversalité sociale et communautaire est rare. Elle fait de lui un acteur central et incontournable pour toute solution politique durable.

Une légitimité forte au sein de la diaspora

Dans la diaspora mauritanienne, Biram Dah Abeid incarne l’espoir républicain. Ses visites à Paris, Bruxelles ou New York rassemblent des centaines de compatriotes, toutes origines confondues. Intellectuels, ouvriers, professionnels : tous saluent en lui un vecteur crédible de changement.
Son langage est inclusif, son discours structuré et sa vision claire : une Mauritanie de justice, de droits et d’inclusion.

Une reconnaissance internationale exceptionnelle

Son engagement lui a valu une reconnaissance mondiale. Parmi ses distinctions figurent :

Le Prix des Nations Unies pour les droits de l’homme (2013) ;

Le Prix Front Line Defenders (2011) ;

Une reconnaissance officielle du Congrès des États-Unis, à travers des auditions et soutiens directs ;

Le classement par Time Magazine parmi les 100 personnalités les plus influentes au monde (2017), une distinction rare pour un défenseur africain des droits humains.
Il est aussi intervenu dans des forums internationaux de haut niveau, dans des universités prestigieuses, et auprès de nombreuses institutions européennes.

Dialoguer sans Biram Dah Abeid, c’est monologuer

Manœuvrer pour exclure Biram Dah Abeid et la Coalition antisystème du dialogue national, c’est ignorer une réalité politique indéniable : celle d’un leader qui incarne l’espoir de milliers de Mauritaniens. C’est nier la voix de plus de 22 % de l’électorat. C’est réduire le dialogue à une mise en scène, comme les précédents, et perpétuer les exclusions passées.
Feindre l’ouverture tout en verrouillant le système, c’est parler seul. Or, on ne construit pas la paix en marginalisant ceux qui portent les revendications les plus légitimes.
Le véritable dialogue national commence par la reconnaissance de toutes les légitimités, y compris celles qui dérangent.

Conclusion

Le rendez-vous de l’Histoire approche
Un jour viendra  peut-être plus tôt qu’on ne le croit où les lignes figées de la politique mauritanienne se briseront sous la pression d’un peuple éveillé. Ce jour-là, nul ne pourra dire qu’il n’a pas vu venir l’homme qui, depuis des décennies, alerte, rassemble et incarne l’alternative.
Biram Dah Abeid n’est pas seulement une figure de l’opposition : il est déjà une figure de transition. Il personnifie ce basculement inévitable vers une République de justice, débarrassée de ses chaînes invisibles et de ses exclusions héréditaires.
L’histoire avance, souvent à pas feutrés, mais elle finit toujours par consacrer les justes. Si la Mauritanie veut éviter les convulsions d’un changement imposé par la rue ou par le chaos, elle devra tôt ou tard ouvrir les portes à ceux qui parlent au nom des humiliés.
En refusant d’écouter Biram Dah Abeid aujourd’hui, le pouvoir retarde une échéance qu’il ne pourra éviter demain. En l’intégrant pleinement, il choisit la voie de la réconciliation, de la stabilité durable et de la République refondée.
Ce choix appartient encore aux dirigeants actuels. Mais demain, il appartiendra au peuple  et l’histoire, elle, n’attendra pas.

● Le Grand Entretien du BLOG | Avec le député M. Tombé Amara Camara

Notre Blog vous propose l’interview ci-dessus accordée par l’honorable député du département de Ould Yengé (Guidimagha). Il s’agit de M. Tombé Amara CAMARA élu lors des dernières législatives (mai 2023) sous les couleurs du parti Udp (encarté dans la majorité présidentielle). Il a répondu aux questions de notre questionnaire d’interview soumis le 10 mai 2025 et nous lui adressons nos chaleureux remerciements pour la disponibilité manifestée. Bonne lecture !

● Question 1 : Bonjour l’honorable député M. CAMARA Tombé, merci d’avoir accepté notre interview. Pouvez-vous vous présenter sommairement à nos lecteurs ? (Parcours scolaire, académique et professionnel)

Tombé Amara CAMARA : Je m’appelle Tombé Amara Camara. Mon parcours éducatif est le reflet d’un double enracinement : celui de l’enseignement traditionnel reçu dans les Mahadras, et celui de l’enseignement moderne, que j’ai suivi tout au long de mon cheminement universitaire. J’ai entamé mes études supérieures en Mauritanie, avant de les poursuivre au Sénégal, puis dans d’autres pays africains. Soucieux de rester toujours à jour dans un monde en constante évolution, je continue aujourd’hui à me former à travers des programmes universitaires en ligne proposés par de grandes institutions internationales.

Ce parcours traduit mon profond attachement à nos valeurs culturelles et religieuses, tout en affirmant une ouverture assumée sur le monde, le savoir universel et la modernité.

Sur le plan professionnel, j’ai débuté ma carrière au Sénégal en tant que comptable dans une entreprise de BTP. De retour en Mauritanie, j’ai travaillé pendant cinq ans dans un cabinet d’expertise comptable et fiscale. Parallèlement à ces fonctions, j’ai également assuré des cours dans plusieurs universités mauritaniennes, avec la volonté de transmettre et de contribuer à la formation des jeunes générations.

Suite à mon élection en tant que député, j’ai choisi de me consacrer pleinement à l’exercice de mon mandat parlementaire, fidèle à mes engagements, à l’écoute de mes concitoyens, et animé par le sens du devoir et du service public.

● Question 2 : vous êtes député du département de Ould Yengé, pouvez-vous nous présenter globalement cette circonscription électorale ?

TAC : Le département de Ould Yengé, situé dans la région du Guidimakha, est une circonscription essentielle de notre nation. Il regroupe sept communes : Ould Yengé, Bouly, Bouanze, Lahraj, Tektake, Dafort et Aweiynatt, et compte une population estimée à près de 100 000 habitants. Par sa taille, il se positionne comme le deuxième département de la région, après celui de Khabou.

Ce territoire est riche de sa diversité culturelle et ethnique. Il abrite une population majoritairement soninké, aux côtés de communautés maures — blanches et noires — ainsi que peules. Cette mosaïque humaine témoigne de l’unité dans la diversité qui caractérise notre pays.

Cependant, force est de constater que le département de Ould Yengé, au même titre que celui de Mbout, figure malheureusement parmi les zones désignées par les autorités nationales comme faisant partie du « triangle de la pauvreté ». Cette classification, loin d’être une fatalité, doit nous interpeller et nous engager collectivement à mettre en œuvre des politiques de développement ciblées, solidaires et durables, afin de sortir cette région de la précarité et de garantir à ses habitants les conditions d’une vie digne, équitable et prospère.

● Question 3 : après 2 ans de mandat au sein du parlement, quelle expérience d’étape tirez-vous de cet exercice citoyen et politique ?

TAC : Exercer un mandat de député dans notre pays est un acte de foi républicaine. C’est accepter de représenter le peuple dans toute sa diversité, tout en assumant la complexité d’un rôle souvent méconnu. Dans notre système institutionnel, le député n’est ni un exécutant local, ni un maître d’ouvrage, mais un acteur central de la vie démocratique chargé de voter les lois, de contrôler l’action du gouvernement, et de porter la voix des citoyens au cœur de l’État.

Pourtant, sur le terrain, la réalité est toute autre. Les populations, dans leur soif légitime de progrès, attendent de nous des réalisations concrètes : routes, écoles, infrastructures, emplois. Elles confondent souvent notre mission avec celle des exécutifs locaux. Et cela est compréhensible, car l’État central, parfois défaillant, pousse les citoyens à se tourner vers leurs représentants les plus proches, en quête de solutions immédiates.

Dans ce contexte, ma responsabilité est double : répondre aux attentes de mes électeurs à travers un plaidoyer constant auprès des institutions, tout en assumant pleinement ma mission législative. Il ne suffit pas de voter des lois : il faut s’assurer qu’elles répondent aux réalités du terrain, qu’elles traduisent les besoins des populations oubliées, comme celles de mon département.

Je suis conscient que je serai jugé non seulement sur ma capacité à faire entendre la voix de mon peuple, mais aussi sur mon engagement à servir et non à me servir. C’est un choix éthique, un cap moral, et une ligne de conduite politique.

Mon combat, aujourd’hui, est aussi celui de la pédagogie républicaine : faire comprendre que le député n’est pas un gestionnaire de budgets communaux ou régionaux, mais un garant du lien entre le peuple et la loi. Il est urgent de renforcer la conscience citoyenne autour de nos institutions. Car une démocratie solide repose sur une compréhension claire des rôles de chacun.

Je resterai, jusqu’au dernier jour de mon mandat, fidèle à cette vision : un député utile, présent, engagé, au service du peuple, et fidèle à l’esprit de la République.


● Question 4 : Ces derniers mois les pouvoirs publics de notre pays mènent une campagne de refoulements contre des étrangers dits “illégaux” que d’aucuns qualifient de chasse aux subsahariens, quelle lecture faites-vous de cette problématique ? Et également concernant les nationaux non enrôlés qui subissent des harcèlements policiers dit-on…

TAC : En tant que député et membre actif du groupe parlementaire chargé de la question migratoire, j’ai participé récemment à une mission de terrain dans les centres de rétention accueillant les migrants en situation irrégulière, avant leur retour vers leurs pays d’origine. Cette visite, conduite dans un esprit de responsabilité et de respect de la dignité humaine, nous a permis d’échanger directement avec les autorités compétentes ainsi qu’avec les migrants eux-mêmes.

Je tiens à le dire avec clarté et fermeté : aucune anomalie, ni traitement injuste ou arbitraire n’a été constaté. Les procédures sont encadrées par la loi, appliquées avec discernement, et respectueuses des engagements internationaux de notre pays.

La Mauritanie est un État souverain, hospitalier, mais organisé. Elle a le droit – comme toute nation – de réguler l’entrée et le séjour sur son territoire. Les mesures de reconduite concernent exclusivement les personnes en situation irrégulière, sans distinction d’origine, de couleur ou de nationalité. Il n’y a pas – et il n’y aura jamais – de chasse ciblée contre une communauté en particulier. Parler de chasse aux Subsahariens est une contre-vérité dangereuse qui ne sert ni la vérité ni la stabilité sociale.

Sur la question de l’enrôlement, je salue les efforts de l’État qui, en 2023, a déployé plusieurs commissions d’enrôlement dans différentes régions, permettant à un grand nombre de citoyens d’obtenir leurs pièces d’identité. Néanmoins, nous avons conscience que des insuffisances ont été relevées, et que certains de nos concitoyens n’ont pas encore pu accéder à ce droit fondamental.

C’est pourquoi, au sein de notre groupe parlementaire, nous avons engagé un plaidoyer ferme et constant pour la réouverture des opérations d’enrôlement. L’accès à l’identité légale est un droit constitutionnel ; il ne saurait être compromis. Chaque citoyen doit pouvoir se faire identifier dignement et sans entrave.

Notre engagement est clair : défendre la souveraineté de l’État, préserver la cohésion sociale, garantir le respect des droits, et promouvoir un dialogue constructif autour des questions sensibles. La sécurité, la dignité et la justice ne sont pas opposées. Elles sont les fondements mêmes de la République.

● Question 5 : le phénomène migratoire est une problématique (notamment les départs massifs et périlleux via des embarcations vers l’Europe) qui touche particulièrement la communauté soninké, avez-vous quelques pistes de réflexion à l’endroit de la population concernée et des décideurs étatiques ?

TAC : La question de l’émigration clandestine, notamment celle de nos jeunes qui prennent la mer au péril de leur vie, interpelle notre conscience collective. Ce phénomène ne peut être réduit à un simple manque d’opportunités : il est devenu le reflet d’un malaise plus profond, d’une crise de repères et d’une influence culturelle déformée, véhiculée massivement par les réseaux sociaux.

Aujourd’hui, nous assistons à une transformation des motivations migratoires. Là où nos aînés quittaient leur terre pour nourrir leurs familles et répondre à des besoins vitaux, nombre de nos jeunes partent désormais, non par nécessité, mais séduits par l’illusion d’une vie de luxe et d’ostentation. Cette nouvelle forme d’exil ne repose plus sur la survie, mais sur le rêve d’un confort matérialiste, souvent inaccessible et artificiel.

Cette réalité nous oblige, en tant que responsables politiques, à agir avec lucidité et détermination. Il est de notre devoir de restaurer la confiance des jeunes dans leur propre pays, de leur montrer qu’il est possible de réussir ici, chez soi, avec dignité, travail et engagement. La réussite ne se mesure pas uniquement en termes de richesse, mais dans la contribution à sa communauté, dans le savoir-vivre et dans l’utilité sociale.

L’État doit assumer pleinement son rôle en créant un environnement propice à l’emploi, à l’éducation et à l’entrepreneuriat. La société civile, les familles, les leaders communautaires et religieux doivent aussi se mobiliser pour accompagner cette prise de conscience.

Nous ne pouvons rester indifférents face à la tragédie silencieuse qui se déroule sous nos yeux. Plus de 500 jeunes ont disparu en mer ces dernières années. Ces jeunes avaient des rêves, des talents, un avenir. Ils représentaient l’espoir de toute une génération. Leur perte est une blessure profonde pour notre pays.

Il est temps de bâtir une alternative crédible à l’exil. Une alternative fondée sur la justice sociale, l’équité territoriale et la promotion de nos valeurs. Car le véritable développement ne viendra pas d’ailleurs. Il viendra de nous.

● Question 6 : La communauté soninké est traversée par une crise sociale latente liée à ce qu’on appelle « l’esclavage par ascendance », quelles seraient selon vous, des pistes de réflexion nécessaires pour gérer et dépasser les frictions qui en découlent régulièrement dans nos localités ?

TAC : Sortir de la crise liée à ce qu’on appelle « l’esclavage par ascendance » n’est pas seulement un impératif moral : c’est un devoir politique majeur pour toute nation qui se veut juste, unie et résolument tournée vers l’avenir. Face à une pratique d’un autre âge, profondément attentatoire à la dignité humaine et incompatible avec les valeurs républicaines, notre engagement doit être total, sans ambiguïté ni compromis. Il est temps que l’État assume pleinement ses responsabilités, en affirmant son autorité, en protégeant les citoyens victimes de discriminations sociales héritées, et en sanctionnant fermement toute forme de régression coutumière ou communautaire contraire aux droits fondamentaux.

Nous appelons à une mobilisation nationale, structurée autour d’un cap clair : consolider l’unité nationale par l’égalité réelle entre les citoyens, quel que soit leur statut ou leur origine. Cela passe par le renforcement de l’État de droit, l’éducation des consciences, le soutien aux acteurs de la paix sociale, et la mise en œuvre de politiques de développement inclusives et équitables.

Il ne s’agit plus de tolérer le statu quo. Il s’agit d’agir, avec détermination, pour mettre fin à une injustice qui mine le tissu social et freine notre marche collective vers une société moderne, démocratique et souveraine. L’histoire nous regarde. Et la République doit répondre.

Le 12 juin 2025


● Réalisé par KS pour le BLOG

● Mauritanie | Youssef Ahizoune, l’homme qui va nettoyer Nouakchott [PORTRAIT]

Emergence Mauritanie – Le nouveau grand éboueur de Nouakchott s’appelle Youssef Ahizoune. À la tête d’Arma Holding, il vient de remporter un contrat clé : 7 milliards d’ouguiyas par an, renouvelable sur 10 ans, pour moderniser la gestion des déchets de la capitale mauritanienne.

Le feuilleton du marché de la propreté de Nouakchott a trouvé son épilogue. Après plusieurs suspensions et annulations, c’est finalement Arma Holding, groupe marocain spécialisé dans la gestion des déchets, qui a été officiellement désigné pour assurer la collecte et le transport des déchets solides de la capitale mauritanienne.

Le contrat est de taille : 7,06 milliards d’anciennes ouguiyas par an, sur une durée initiale de 10 ans, renouvelable. Il concerne l’ensemble de l’agglomération de Nouakchott, confrontée à des défis structurels en matière de gestion des déchets.

Un contrat clé, une concurrence rude

Le processus d’attribution n’a pas été linéaire. Le contrat, initialement remporté par SOS NDD, a été suspendu à trois reprises par l’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP) à la suite de recours.

Lors de la quatrième procédure, c’est finalement Arma Holding qui a été retenue, l’ARMP ayant levé les dernières suspensions début juin 2025. Une victoire importante pour le groupe, alors que ce marché est vu comme une vitrine régionale dans un secteur hautement concurrentiel.

Youssef Ahizoune, un héritier devenu entrepreneur

À la tête d’Arma Holding : Youssef Ahizoune, 38 ans. Fils de l’ancien président de Maroc Telecom, Abdeslam Ahizoune, Youssef a choisi de tracer sa propre voie dans l’univers des services urbains. Après des études à Paris-Dauphine et aux Ponts ParisTech, il débute chez le français Derichebourg, spécialisé dans la propreté urbaine. En 2014, il participe à la création de la filiale marocaine du groupe. En 2019, il en prend le contrôle total et fonde Arma Holding.

Le groupe est aujourd’hui contrôlé par la famille Ahizoune (Youssef, ses sœurs Zineb et Yasmine) et un associé, Alae Eddine Bentayeb. Sous leur direction, Arma s’est imposé comme un acteur clé du secteur au Maroc : présence dans 19 villes, plus de 7 000 collaborateurs, diversification vers l’éclairage public et le recyclage.

Une ambition régionale affirmée

Le contrat de Nouakchott s’inscrit dans une stratégie d’expansion régionale. Arma développe en parallèle des projets en Côte d’Ivoire (usine de recyclage à Abidjan) et au Sénégal, avec l’ambition de devenir un opérateur de référence du service urbain en Afrique francophone.

Classé 12ᵉ du Choiseul 100 Africa, classement qui distingue chaque année les 100 jeunes leaders économiques les plus influents du continent, Youssef Ahizoune incarne cette nouvelle génération de patrons urbains africains. Entrepreneurs industriels et gestionnaires aguerris, ces dirigeants ambitionnent d’accompagner la transformation des métropoles africaines en intégrant des standards de service plus élevés et des solutions innovantes. Le contrat de Nouakchott lui offre une nouvelle opportunité de démontrer cette vision sur le terrain.

Le défi de Nouakchott est immédiat : moderniser la collecte, déployer une nouvelle flotte, instaurer un service continu et fiable dans une ville où les attentes sont fortes. Pour Youssef Ahizoune, ce contrat représente à la fois une consolidation du positionnement panafricain d’Arma et un test grandeur nature sur un marché stratégique.

• Lien média https://cridem.org/C_Info.php?article=784640

● Contribution ~ Société | Un bref commentaire à propos de l’interview de notre grand frère M. Seydi Moussa Camara | Par KS

Nous avons visionné et écouté avec un grand intérêt l’échange (daté du 8 juin 2025) entre l’animateur de la chaîne YouTube Radio zam-zam et le journaliste mauritanien M. Camara Seydi Moussa. Une riche et instructive causerie en langue soninké au cours de laquelle le fondateur et éditorialiste du journal la Nouvelle Expression a exposé, clarifié, interpellé, conseillé et rappellé à l’endroit de l’opinion publique soninké d’une manière générale et en particulier aux milieux soninké du Guidimagha, sa région d’origine. Il est revenu sommairement sur son cheminement d’intellectuel-acteur sur différents chantiers socio-politiques en Mauritanie. Anti-esclavagiste et humaniste connu et reconnu pour son engagement droit-de-l’hommiste constant notamment par sa plume qui inspire et alerte dans l’arène médiatique notamment francophone dans notre pays. Dans l’interview citée, face aux questions incisives de l’animateur, il a su aborder les thématiques avec profondeur et pertinentes nuances sur la nature de son engagement politique, ses relations avec certains leaders politiques (le président Biram Dah Abeid ou le professeur Outma Soumare) et ses initiatives liées aux contextes de l’écosystème politique de nombreuses années durant. L’homme de presse originaire de Dafort se définit comme un accompagnant et compagnon des principes et valeurs portés par de leaders et réfute implicitement le statut d’un suiveur obtus de qui que ce soit. Son mot d’ordre militant invite le personnel politique du Guidimagha à plus d’engagement sérieux sur du concret et sans manipulations des populations pour répondre à leurs aspirations diverses en termes de développement multidimensionnel.

J’ai beaucoup apprécié sa dialectique servie d’une belle dose d’empathie concernant la problématique de l’esclavage dans la communauté soninké. Faisant référence à quelques anecdotes, il se distingue valeureusement de beaucoup d’autres personnes (n’étant pas issues d’une extraction sociale servile) en indexant objectivement le Mal que constitue le statut d’esclave accablant amèrement certains membres de la communauté. Son approche est très différente de celle chez certains qu’on peut entendre ici et là consistant à ne pas admettre d’emblée le mal intrinsèque de l’appellation « esclave » et ses dérivés sociétaux. Ces gens peuvent s’exprimer sur la problématique en laissant entendre qu’on devrait arrêter l’usage du langage esclavagiste parce que les personnes visées ne veulent plus et non pour le caractère nuisible et avilissant de la tare en question. Ils se disent en eux-mêmes « on va laisser l’affaire malgré nous » et à la moindre occasion dans les enclos sociaux, ils n’hésiterons pas à raviver leurs mentalités et rassurer leurs subordonnés statutaires dans un brumeux parasitisme coutumier et féodalo-esclavagiste. Ainsi à propos, l’approche discursive de M. Camara Seydi Moussa dégage une nette sincérité qu’on peut y adjoindre son appel à une nécessaire conscientisation auprès des populations sur l’arsenal juridique consacré à la lutte contre l’esclavage et son apologie.

En ce qui concerne le vocable Ganbanaaxu, il y insère en substance une notion d’entente et de faire-bien ensemble dans la communauté et pas forcément une structure « khabila » (composante d’identité sociale). Je lui concède à la marge cette définition et j’essaierai de m’expliquer en conséquence. En effet, ces dernières années l’engagement d’éveil abolitionniste en milieux soninkés à travers le monde est porté et connu sous le mouvement Ganbanaxu (être égaux en dignité et en droits). Dans nos communautés qui fonctionnent avec une charpente sociale faite d’hiérarchies hermétiques et d’un suprémacisme structurel, les éléments sociaux (familles et membres militants Ganbanaaxu) qui ont rejeté les coutumes féodalo-esclavagistes et de subordination ont subi systématiquement beaucoup de brimades et de graves atteintes à leurs droits légitimes. Par exemple dans notre propre village Dafort, nous avons connu des expropriations des terres et diverses autres représailles décidées en comité villageois dans le but de contraindre les familles antiesclavagistes à renoncer à leur émancipation sociale. Les velléités de museler et de bannir les militants Ganbanaaxu se sont transformées en une opportunité idoine pour eux afin de s’organiser socialement et se prendre en charge par une relative autogestion restant à consolider. Les anciennes entités clanico-politiques ne peuvent plus être de références d’identification statutaire pour les familles Ganbanaaxu mises en une sorte de quarantaine, elles se sont choisi logiquement un référent traditionnel. À propos, on pourrait convoquer valablement la citation de T. Sankara : « L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir. Seule la lutte libère… »

Mon grand frère Camara Seydi Moussa est bien au fait plus que moi en la matière, les entités clanico-politiques en pays soninké ne peuvent intégrer dignement les personnes anciennement esclavagisées que si elles acceptent un éternel héritage de subordonnés statutaires dans le temps et dans l’espace. Ainsi, là où on parle de subordination sociétale et coutumière liée à une ascendance servile dans nos communautés, on subit moults discriminations dans l’échelle de valorisation sociale dans le matériel et dans l’immatériel. Les symboles liés au droit d’aînesse, à la chefferie coutumière et à l’imamat, on n’y aspire qu’en rêve parce que le régime est intrinsèquement verrouillé sans codes ni clés de déverrouillage, par conséquent sans vision concrète de s’auto réformer utilement. Je mets ici une récente contribution en support de mon présent avis https://ecrit-ose.blog/2025/04/13/%e2%97%8f-reflexion-et-societe-la-relation-esclave-maitre-ne-se-reforme-pas-elle-doit-etre-separee-pour-une-commune-utilite-publique-par-ks/ .

Ganbanaaxu comme une assise sociale d’une certaine manière « khabila », on ne l’entend pas comme une entité clanico-politique fermée et sectaire, mais plutôt une communauté d’appartenance et d’ouverture au sein de laquelle certaines valeurs sont en application et alignées aux textes fondamentaux de notre pays. C’est une aspiration à une pleine émancipation sociale et citoyenne arrimée au credo suivant : Ni maîtres ni esclaves de qui que ce soit.

• L’élément de l’interview YouTube de la plateforme Zam-zam https://youtu.be/UN8iNR_Mr0Q?si=WyTMXvU5sOeES1TK

10 juin 2025

Koundou SOUMARE

● Le Grand Entretien du BLOG | Avec l’entrepreneure et fondatrice de l’ONG Sah’Elles, Mme COULIBALY Mariam.

La rubrique Le Grand Entretien du BLOG publie l’interview de Madame Coulibaly Mariam. L’entrepreneure et fondatrice de l’ONG Sah’Elles répond à nos questions ci-après. Nos vifs remerciements à elle pour la disponibilité.

● Question 1 : Bonjour madame Coulibaly Mariam, merci d’avoir accepté notre interview. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Mariam Coulibaly : Bonjour, je vous remercie pour cette invitation.
Je suis Coulibaly Mariam. J’ai eu la chance de faire mes études en France, où j’ai poursuivi un parcours académique atypique mais enrichissant. Après plusieurs expériences professionnelles, j’ai décidé de me réorienter vers l’entrepreneuriat, un domaine qui me passionne profondément.
Dans cette perspective, j’ai repris une formation professionnalisante et obtenu un Diplôme Universitaire en Entreprises, un cursus équivalent à un niveau cadre, qui m’a permis de consolider mes compétences en gestion, en leadership et en stratégie entrepreneuriale.

Aujourd’hui, je mets cette double expertise académique et entrepreneuriale au service de projets porteurs de sens, notamment en faveur du leadership féminin en Afrique. Mon engagement est d’accompagner les femmes à prendre leur place, à révéler leur potentiel et à devenir des actrices du changement dans leurs communautés.

● Question 2 : il y a quelques semaines, notre Blog a repris et diffusé un document de presse concernant l’ONG Sah’Elles que vous avez fondée, voir https://ecrit-ose.blog/2025/05/03/%e2%97%8f-note-de-presentation-de-long-sahelles-une-vision-puissante-pour-le-sahel/, pouvez-vous nous la présenter sommairement (sa genèse, ses objectifs, son actualité, ses partenariats et ses perspectives) ?

MC :  Merci beaucoup pour cette mise en lumière et pour l’intérêt que vous portez à Sah’Elles. Sah’Elles est une ONG que j’ai fondée avec la volonté de contribuer activement à la transformation sociale du Sahel en plaçant les femmes au cœur du changement. L’idée est née d’un constat personnel et partagé : malgré leur potentiel immense, les femmes de la région sahélienne restent encore trop souvent en marge des dynamiques de développement. C’est ce qui m’a poussée à créer une structure capable de les accompagner, de les former et de valoriser leurs initiatives.

L’ONG Sah’Elles œuvre principalement pour le leadership féminin, l’autonomisation économique des femmes et la valorisation des savoir-faire locaux. Nos actions se déclinent à travers des formations, des accompagnements personnalisés, des événements communautaires (communautés des femmes leaders), mais aussi des plaidoyers en faveur des droits des femmes et de l’équité sociale.

Nous intervenons actuellement dans plusieurs pays du Sahel, notamment le Mali, le Sénégal, la Mauritanie et la Guinée. Sah’Elles collabore avec différents partenaires institutionnels privés et  associatifs  qui partagent notre vision d’un Sahel plus inclusif, plus résilient et porté par ses femmes.
Parmi nos actualités récentes, j’ai effectué un déplacement au mois d’avril 2025 à Bamako et à Nouakchott pour la rencontre des femmes leadership, la société civile et les associations.
Cette visite de terrain m’a permise d’écrire un guide sur le leadership féminin en Afrique sahélienne, à destination des jeunes femmes engagées dans leur projet entrepreneurial qui sortira sous peu inchallah.
Nous développons également des partenariats avec des acteurs locaux et internationaux pour étendre notre impact sur le terrain. Quant à nos perspectives, elles sont claires : renforcer notre présence dans la sous-région, multiplier les synergies et accompagner toujours plus de femmes dans leur parcours d’émancipation et de leadership.

● Question 3 : ne craignez-vous pas que votre initiative Sah’Elles puisse être perçue comme un activisme féministe à tendance clivante auprès des populations cibles?

MC : C’est une question légitime, et je vous remercie de la poser. Non, je ne crains pas que l’initiative Sah’Elles soit perçue comme un activisme féministe clivant, car dès sa création, nous avons fait le choix d’un féminisme enraciné dans le contexte sahélien, respectueux des réalités culturelles, sociales et religieuses des femmes avec lesquelles nous travaillons.

Sah’Elles ne cherche pas à opposer les femmes aux hommes, ni à importer des modèles extérieurs qui pourraient être mal compris. Notre démarche repose au contraire sur le dialogue, l’inclusion et la co-construction. Nous travaillons avec les ONG locales, en impliquant aussi bien les femmes que les hommes, les leaders traditionnels, les jeunes, les associations et les décideurs.

Notre objectif n’est pas de créer une rupture, mais d’ouvrir des espaces d’opportunité pour les femmes, de renforcer leurs capacités, et de valoriser leur rôle essentiel dans le développement du Sahel. Il s’agit de permettre à chacune d’entre elles de trouver sa place, de faire entendre sa voix et de contribuer pleinement au progrès collectif.

En résumé, Sah’Elles porte un féminisme de terrain, humaniste de cœur et pragmatique d’actions, qui rassemble au lieu de diviser.

● Question 4 : La communauté soninké est diversement traversée par une crise sociale latente liée à ce qu’on appelle « l’esclavage par ascendance », quelles recommandations pourriez-vous émettre à l’endroit de la communauté pour régler les frictions sociales liées à certaines mentalités ?

MC : Effectivement, la question de « l’esclavage par ascendance » dans certaines communautés, y compris chez les Soninké, est une réalité complexe, douloureuse, et souvent tue, mais qui mérite d’être abordée avec lucidité et courage. En tant qu’actrice engagée pour la justice sociale et l’égalité des chances, je crois profondément que toute communauté a la capacité de se remettre en question, d’évoluer, de guérir et de soigner collectivement le passé. Cette crise sociale et sociétale n’est pas simplement une affaire d’individus, mais une question de valeurs, de dignité humaine et de vivre-ensemble.

Pour ma part, voici quelques recommandations pour en ce qui concerne cette sociale et sociétale:

1. Encourager une justice étatique équitable.
Il faut aussi privilégier les mécanismes traditionnels de règlement de conflits, pour qu’ils soient en cohérence avec les lois nationales et les conventions universelles des droits humains.
LA DIGNITÉ HUMAINE NE SE NÉGOCIE PAS…

2. Travailler avec les femmes comme vectrices de transformation sociale et éducative :
Elles ont un rôle central dans la transmission des valeurs et dans la pacification des tensions. En leur donnant la parole, on accélère les prises de conscience.

En somme, il ne s’agit pas d’accuser ou de pointer du doigt, mais plutôt de privilégier la justice, l’égalité et la cohésion sociale. Le changement est fort possible, mais il viendra des hommes et des femmes qui composent la société. Si il est  accompagné avec bienveillance, respect et conviction.

Je vous remercie…

Mariam COULIBALY
Entrepreneur à Paris
Présidente de l’ONG Sah’Elles en France.

Le 3 mai 2025

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