● De M. Biram Dah Abeid | ️Lettre ouverte aux champions du réveil Africain, dirigeants du Sénégal



Par Biram Ould Dah Ould Abeid, Député Mauritanien, Président de la Coalition de l’Opposition Anti-Système et de l’Initiative de Résurgence Abolitionniste (IRA), Prix des Droits de l’Homme des Nations-Unies (2013).

Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye, chers guides et frères, après plusieurs nuits de stress et d’insomnie, à Bruxelles, capitale de l’Europe, je me résous à vous écrire, espérant que vous lisiez mon message, malgré la priorité des impératifs que vous dicte l’exercice du pouvoir d’Etat.
L’Afrique est nostalgique des pionniers de ses luttes pour la dignité, la vraie, presque tous partis en martyrs, sans avoir assisté à votre exploit. Le recouvrement de leur rêve de leaders bâtisseurs vous échoit.  Il vous appartient de confirmer la revanche, sur la malédiction du sort et la nuisance des forces rétrogrades, soient-elles endogènes ou d’appoint aux appétits extérieurs. Des générations d’Africains n’ont cessé, depuis des décennies, de scruter l’horizon – obstinément vide – du lendemain qui répare et rassure. Avant vous, les multitudes vivaient l’espérance, quasi messianique d’une relève, sur la voie du redressement moral, pour qu’enfin prenne corps, la promesse de l’émancipation. Patrice Lumumba, Ruben Um Nyobè, Ahmed Ben Bella, Mehdi Ben Barka, Alioune Blondin Diop et bien d’autres, attendent, avec la patience du monde des esprits, que nous exhaussions leurs vœux par le parachèvement de l’entreprise de libération du Continent. 
Vous avez jeté les jalons du Pastef, en tête de pont de renaissance et de reconquête d’une destinée trop longtemps tenue sous l’éteignoir de la corruption, de la brutalité et des égoïsmes. En arrachant les instruments de la légitimité populaire, grâce aux atouts exclusifs de la persuasion, vous avez érigé un modèle de vertu, là où la plupart de vos prédécesseurs échouaient, sans répit. Croyez-en un aîné, vous n’avez droit à l’erreur.  Après tant de sacrifices, la négligence ne vous est permise. 
Or, les informations et échos de votre dissensus nous parviennent du Sénégal. La rumeur nous afflige et nous plonge dans une anxiété qu’agitent l’appréhension de l’échec et la crainte d’un cinglant désaveu par l’histoire dont nous ne saurions nous relever, de sitôt.
Pourtant, en Afrique, les populations vulnérables, les jeunes, les patriotes et surtout les cadets sociaux, au-delà de votre pays, commençaient à entrevoir la délivrance car vos victoires, réitérées dans les urnes, validaient leur aspiration à vaincre la fatalité. Un tel affranchissement ne peut devenir objet d’aventure. C’est un bien précieux et sa perte, ô combien onéreuse, déclencherait l’onde de choc de la régression et baliserait la pente de l’impuissance.
Aussi, vous invitons-nous au sursaut de la lucidité, afin d’éviter que se rompt l’élan de la locomotive salutaire.  Pastef- Sénégal, porte notre foi commune en l’avenir d’une Afrique des peuples, de la démocratie et de la souveraineté restaurée. Vous n’êtes pas seuls.



BDA

Bruxelles, 18 novembre 2025

● Pour une refondation de la Mauritanie : rompre d’avec les réflexes du tribalisme et de l’ethnicité | Par le député Biram Dah Abeid



–Par Biram Ould Dah Ould Abeid 
Député à l’assemblée nationale de Mauritanie

Dès après le premier putsch prétorien de1978, la corporation des officiers supérieurs a pu remodeler le jeune Etat, pour l’acclimater aux prérequis de la tribu et de l’ethnie, comme source tacites de légitimité. Certes, ils n’ont jamais assumé la mue et les Mauritaniens la subissaient, plutôt, sous le mode de la clandestinité honteuse.  La structure politique et administrative, quoique centralisée en apparence, a été prise d’assaut par les forces centrifuges et ainsi dépouillée de ses prétentions au jacobinisme. D’arbitre soucieux de préserver l’intérêt général, à partir d’une capitale de laquelle l’autorité juste ruissellerait sur le reste du pays, les militaires ont réduit, l’entreprise, à une arène de compétition des appétits primitifs où la force armée ne sert plus qu’à réguler, au sommet, la rotation du « chacun son tour ».
L’organisation de l’ensemble ne relève de l’aléa, même si elle n’a jamais été revendiquée sous la forme d’une charte ou d’un référent théorique. Mercantile avant que d’être idéologique, elle s’inscrit, d’abord, dans la durée du fait accompli et produit, depuis des décennies et sans aucune césure ni trêve, la répartition des avantages statutaires, matériels et symboliques, selon l’audience et l’entregent de telle ou telle « communauté », au triple détriment de l’égalité, du mérite et de la compétence. Il s’agit, au fond et avant tout, d’une prédation mise en œuvre derrière le paravent d’un modèle de gestion dont la façade arbore les attributs de la république mais dissimule la matérialité d’un exercice de type clanique que sa verticalité prédestine à engendrer le privilège, le passe-droit et la fraude, au bénéfice d’une clientèle culturellement homogène. La question n’est donc plus de savoir si l’État mauritanien est ou non une structure ethno-tribale, à vocation de mafia. Non, il importe, désormais, de se demander en quoi consiste la sortie du système de délinquance feutrée, en vue de d’imaginer puis de recréer une solution alternative, sur la base des standards universels de la vertu.

I. La matrice factuelle de la préférence, l’autre cache-misère de la discrimination
Dès la fin des années 1970, le partage du pouvoir suivant la rationalité décrite plus haut, s’est imposé en norme adossée à l’évidence, c’est-à-dire non-questionnable. Les gouvernements successifs ont toujours illustré et reconduit l’architecture inéquitable de la répartition :
23 à 25 ministres Maures, 1 Soninké, 3 à 4 Hal Pulaaren et Hratine mais ces derniers, souvent, préemptent l’affichage du poste de Premier ministre, aux fins de racheter, du moins démentir la réputation esclavagiste du pays.
Les Wolofs, composante reconnue et les Bambaras ignorés, demeurent assignés aux marges du hasard. La roue capricieuse de la fortune peut les atteindre, par ricochet.
Le déséquilibre marque les entrailles de l’appareil administratif, de la justice, de l’éducation nationale, des sociétés d’Etat, des douanes, des impôts et contributions diverses, de la diplomatie, de l’armée, de la police et de la religion officielle. Les nominations y procèdent des ondes concentriques de l’esprit de corps, loin des critères de l’utilité sociale. A cause de la distorsion du rapport des forces en termes de moyens pécuniers, la pratique de l’éviction n’épargne, non plus, le semblant de démocratie élective : La composition du Parlement le reflète assez, jusqu’à la caricature. Les députés s’élèvent, là, au nom de leur appartenance privée et des intérêts qui les portent. Leur représentativité résulte de l’achat des consciences et, surtout, de la fraude dans les urnes.
In fine, l’Etat s’est transformé en une fédération de clientèles d’une avidité débridée. La coexistence de celles-ci repose sur l’alternance périodique des concessions à la tribu, au détriment du bon sens. Cependant, des promotions bienséantes profitent, quelquefois, à des personnes issues du lot des exclus mais pas toujours porteuse de qualification. L’inflexion ressortit au soin de nourrir l’apparence de l’inclusion, peu importe l’effectivité du partage. Le faux plausible alimente l’ingénierie du déni oblique en Mauritanie.

II. Le commerce de la position décisionnelle et l’effondrement de la redevabilité
La monomanie de quotas et du clientélisme prédateur a fragilisé la fonction publique et altéré ses objectifs, dans des proportions que l’on qualifierait d’irréversibles. Depuis le milieu des années 80, plus de 70 % des hauts responsables, chargés de mission, conseillers, directeurs généraux ou directeurs singuliers, ne proviennent pas des corps constitués de l’administration et très peu doivent, leur poste, à un concours. La privatisation de l’Etat favorise l’escalade des médiocres, à la cime de l’échelle des valeurs. D’emblée, elle confère, à la meute solidaire du passable et du moyen, l’usage du cachet et lui procure les clés du coffre-fort. Le capital privé national est né aux forceps d’une série de coups d’Etat.
Les présidents de conseils d’administration – malgré une loi encore sans effet qui prétend y mettre un terme – captent leur sinécure, de la seule nécessité de recycler les pièces du rouage, momentanément ou à jamais hors circuit. Ici, nul ne tombe en péremption, tout se récupère, l’économie circulaire du tri sélectif tourne à plein régime.
L’on comprend, dès lors, la réticence, voire l’inaptitude de l’engrenage susmentionné, à sanctionner le détournement du denier de la collectivité. La pression de la tribu, du clan, de la grande famille garantit, aux auteurs, l’impunité et l’atout rétrospectif de l’invincibilité. En 2025, le rapport de la Cour des comptes pourtant explosif, risque de verser dans la confirmation du pis-aller.
La dérive précitée compromet la perspective d’une réforme en profondeur qui irait à contresens du clientélisme proto-eugénique. Néanmoins, la révision est possible, de l’intérieur, à condition que le système consente à son suicide, pour le bien commun. Hélas, en politique, les exemples d’un altruisme aussi extrême n’encombrent le cours de l’histoire.

III. Les revers du discours et l’’avarie du verbe autopromu
À maintes reprises, le Chef de l’Etat Mohamed Ould Ghazouani a exprimé son intention de transformer la société et de rétablir le droit des gens. Ses envolées à Ouadane, Néma et Djéwol ont suscité l’espoir d’une thérapie de choc, d’un nouveau départ, empreint d’inventivité et de reconquête de l’éthique. Cependant, les promesses ne dépassent, encore, le stade de la déclamation saisonnière : En termes, d’évaluation, de projection de long terme et de plan d’action, l’horizon trahit l’insondable vacuité d’une gouvernance d’au jour le jour.
L’agence Taazour, créée en 2019 pour combattre la pauvreté et l’exclusion, témoigne du décalage entre la parole et l’acte. Ses interventions ponctuelles n’ont produit qu’un impact folklorique et des avalanches de commentaires sur les réseaux sociaux.
Le dernier laïus du Président à Nbeiket Lahwach, au début de novembre 2025, appelle à interdire la participation des fonctionnaires à la théâtralité des tribus. Le propos, d’ailleurs éloquent, va dans le bon sens mais l’intention prospère au cœur d’un paradoxe confondant : La tournée du Chef de l’Etat, a été supervisée et exécutée par des fonctionnaires dans un cadre strictement tribal, lui-même financé sur l’argent du contribuable. Des ministres, secrétaires généraux, ambassadeurs et autres meneurs de la machine de l’Etat s’en sont même vantés, à visage découvert. Le Président devrait parler un peu moins et sévir beaucoup plus. S’il le fait, l’opinion, y compris ses adversaires, s’exprimera pour lui.

IV. Réparer l’Etat
L’ambition suppose une rupture claire d’avec les anachronismes et la volonté de tenir, fermement, l’anse de l’équité. La réparation doit s’articuler autour de mesures précises :
1. Abolir les quotas et dosages tribaux, ethniques ou communautaires, lors du choix des agents du service public et privilégier le mérite professionnel, la compétence, l’intégrité et l’expérience.
2. Abroger, avec effet rétroactif, le recrutement des non-fonctionnaires. Un audit complet des nominations durant les deux dernières décennies permettra de réévaluer les ressources humaines, réduire les coûts de fonctionnement et corriger l’injustice flagrante de certaines préséances.
3. Approuver et appliquer, sans délai, le projet de décret relatif au personnel de la fonction publique, texte bloqué depuis des années dans un tiroir du ministère éponyme.
4. Traduire, en gestes forts, le vœu de lutter contre la corruption et les fraudes, notamment, la contrefaction des diplômes et la falsification des habilitations professionnelles. Les poursuites judiciaires, audits et transparence des rapports de la Cour des Comptes et de l’inspection Générale de l’Etat constituent les instruments désignés de la riposte.
En guise de conclusion
La Mauritanie se trouve à la croisée des chemins. Le Chef de l’État, à présent au milieu de son second et dernier mandat, détient la totalité des cartes. Il peut entrer dans l’Histoire s’il consent à réhabiliter l’Etat, grâce à la moralisation des comportements et au choix avisé des femmes et hommes en charge de conduire le relèvement. S’il se résout à éradiquer l’anarchie, l’insuffisance et la faveur héritée, il reprendra le chantier désaffecté de la République, là où les militaires l’ont arrêté en 1978. 
Nous voulons croire au sursaut et y concourir, pleinement, dans l’espoir de voir renaître, enfin, l’idée d’une Mauritanie de la justice, de la méritocratie et de l’unité qu’irrigue l’exigence de l’égalité, définitivement à l’abri des distinctions de naissance.

Bruxelles, Royaume de Belgique
14 novembre 2025

● L’essentiel de la conférence de presse du député mauritanien Biram Dah Abeid en France

Ce samedi 18 octobre 2025, en région parisienne, le député mauritanien M. Biram Dah Abeid a aminé un point de presse dont la thématique phare est « PHÉNOMÈNE DE LA CORRUPTION, GABEGIE ET BLANCHIMENT EN MAURITANIE ». Au menu, il est revenu largement sur le dernier Rapport de la Cour des comptes. En saluant le travail de fond mené à propos du rapport tout en précisant que c’était fait pour la consommation extérieure (les partenaires financiers du pays). Ainsi il déclare que le régime actuel ne pourrait pas combattre sérieusement un système transversal de corruption endémique qui dilapide les deniers publics. À nos 2 questions  portées sur 1 – le rôle du parlement sur les gros manquements révélés dans le rapport et 2 – sur la gestation du dialogue national, il assure que l’assemblée nationale se doit de mener une résistance pour clarifier et suivre cette affaire et qu’à propos du dialogue, il le raille en disant que son dialogue à lui concerne désormais les 450 milliars de manquement épinglés dans le rapport.

Ci-après le texte intégral de sa communication à l’attention de l’opinion publique nationale et internationale :

Conférence de presse du président et député Mauritanien Biram Dah Abeid :

PHÉNOMÈNE DE LA CORRUPTION, GABEGIE ET BLANCHIMENT EN MAURITANIE
Paris, France.

I. PROPOS INTRODUCTIFS

– La Mauritanie est un pays menacé par plusieurs périls – intérieur et extérieur – néanmoins la corruption et la gestion dysfonctionnelle demeurent le principal danger qui mine et hypothèque l’existence de cet Etat Sahelien, comme entité susceptible de prétendre à la souveraineté. Les deux facettes de la faillite de la gouvernance constituent le principal facteur d’instabilité et de désordre parce qu’ils alimentent la montée des frustrations et nourrissent, ainsi, le feu de la discorde. Leur potentiel de dévastation de la vie des gens explique la pauvreté dans laquelle la majorité des Mauritaniens survivent. A terme proche, le contexte présent conduit à la déliquescence d’un Etat déjà gangrené par le népotisme et le clientélisme.
– Certes, le constat ne date pas d’aujourd’hui. Il s’enracine dans la décennie du Président Mohamed ould Abdel Aziz dont son successeur et ami assurait la cogestion solidaire. Les mêmes pratiques de brigandage ont prospéré sous le pouvoir prédateur du moment, avec la multiplication des marchés de gré-à-gré, le trafic d’influence, les surfacturations et le maintien de présumés corrompus à de hauts postes de responsabilité. Les prétendants à moraliser la conduite des affaires publiques sont les mêmes co-auteurs de la banqueroute en cours. Aussi, nul d’entre eux n’a été, jusque-là, démis de ses fonctions, encore moins condamné ou détenu en vertu des griefs précités. Ils se soutiennent, par réflexe professionnel et esprit de corps. La corporation des trafiquants est, à la fois, juge et partie de son destin. Le droit ne l’atteint.

– Les quelques fonctionnaires épinglés par les rapports de l’Inspection générale de l’Etat (Ige) ou de la Cour des comptes (Cc), au motif de détournement, n’ont jamais été inquiétés. La plupart, passée une brève période d’éviction de façade, se retrouvent, recyclés, en somme nommés à de grandes fonctions. Certains ont bénéficié d’aménagement de remboursement progressif, d’une petite partie du montant dû à la collectivité. D’autres sont maintenus à leurs postes, voire parachutés à des charges parfois plus élevées, au niveau protocolaire. La prime à l’impunité est ainsi démontrée. Elle comporte, de facto, un encouragement à continuer de sévir, impunément. L’ensemble du système, à très peu d’exception, tire sa reproduction quotidienne, de tours de passe-passe, à caractère rotatif, où les clans et les tribus se répartissent, chacun son tour, le bénéfice de la prédation.

– Parmi les citoyens naïfs ou de bonne foi, nombreux, au gré des changements à la tête de l’Etat, forment le vœu, d’un arrêt – du moins une trêve- dans le du cycle blanchiment. Alors, ils se mettent à renouveler leur abonnement mécanique à l’espérance d’un lendemain meilleur. Or, le démantèlement attendu n’arrive jamais. Ceux qui escomptent l’activation d’un dispositif de veille et de mécanismes de répression et de dissuasion, par la sanction, la récompense et la diligence de leur mise en œuvre, déchantent, toujours. Le train des nominations de personnes liées à des lobbys confirme la permanence d’une règle cardinale : En Mauritanie, la rectitude morale n’est pas un critère qui entre en ligne de compte au choix des dirigeants. La propension à redistribuer le bien mal acquis recèle, en revanche, un atout recherché. On l’aura compris, pour sa propre pérennité et la satisfaction de son assise clientéliste, le régime des militaires en civil a besoin de protéger et de renouveler les circuits de la corruption. Il s’agit d’une nécessité vitale.

– L’enrichissement spectaculaire et sans cause d’agents de l’Etat se vérifie au travers de leurs acquisitions immobilières au Maroc, à Dubai, en Espagne et Turquie. Comme s’ils pressentaient l’effondrement sans préavis de leur fabrique de faveurs, ils s’emploient, avec une frénésie empreinte de discrétion, à planquer le butin, loin, sous les latitudes de la complaisance financière. Nous sommes l’un des rares pays au monde où des fonctionnaires rivalisent de fortune avec les hommes d’affaires. Nombreux de ces derniers, convient-il de le souligner, doivent leur prospérité, à l’essor d’un capital privé national dont l’origine politico-administrative remonte aux débuts du régime des prétoriens, entre 1986 et 2005. Il suffit, pour s’en convaincre, de se souvenir du charcutage des banques publiques, des fonds de développement et des sociétés d’Etat, à l’avantage exclusif d’une coterie de capitaines d’industrie recrutés à l’intérieur du même groupe ethnique. Par l’effet d’une corrélation facilement démontrable, l’appauvrissement de la masse en résulte. 

II. QUELQUES EXEMPLES DE GRANDE CORRUPTION

1. ADDAX : Les contrats d’approvisionnement en produits pétroliers avec ADDAX qui bénéficie d’un monopole exclusif est plus que suspect. Les appels d’offres dans ce domaine auraient dû être conclus pour plusieurs années, afin de bénéficier de conditions optimales, au lieu d’être sur une base annuelle, ce qui ouvre la voie à des rétrocommissions. En tout cas, ils ont porté un grave préjudice à l’Etat, se traduisant par un manque à gagner important pour l’État et les entreprises publiques, telles que la SNIM et la SOMELEC. Celles-ci ont subi des dégâts significatifs en raison de la mauvaise qualité des hydrocarbures fournies et dû, entre autres, renoncer à des pénalités importantes pour violation par le fournisseur de ses obligations contractuelles. Par ailleurs, les intermédiaires empêchent le pays de se doter d’une capacité de stockage des hydrocarbures, indispensables pour approvisionner le marché et éviter de subir les aléas des prix. Le manque à gagner pour le pays peut atteindre 200 millions de dollars par an alors que construire des capacités de stockage coûterait entre 130 et 160 millions de dollars. Cet acte est en soi une trahison. S’y ajoute une augmentation exponentielle des commissions versées aux intermédiaires, désormais sur une base annuelle.
– Plus grave encore, l’appel d’offre préparé par l’ancien ministre Abdesselam Ould Mohamed Saleh pour doter le pays de capacité de stockage partiel financé a été confié à ADDAX malgré qu’elle s’y connait dans le domaine de la construction des réserves d’hydrocarbures. Comme le chantier est en retard, il a été décidé de reconduire le contrat d’approvisionnement avec ADDAX sous forme de gré à gré, coûtant au pays 200 millions de dollars de pertes sèches.
– Toutes les sociétés de trading dans le monde soumissionnent dans les appels d’offre, même dans les pays enclavés qui n’ont pas de ports, comme le Mali, à l’exception de la Mauritanie, à cause de l’absence de capacité de stockage, mais aussi de la certitude de l’absence de transparence et qu’inéluctablement le marché sera attribué à ADDAX.  En effet, ce monopole de fait d’ADDAX est encouragé par les facilités obtenues par ADDAX grâce à ses réseaux au cœur du pouvoir

2. Le port de Ndjago : la convention de financement est-elle légale puisqu’ elle n’a pas été ratifiée par le parlement ? Elle est signée par l’actuel PM et l’actuel président. Le port n’est toujours pas opérationnel et coûte beaucoup d’argent à la Mauritanie.

3. Le secteur des Mines : le code minier et les procédures ne sont plus respectés. Les investisseurs sont contraints de ne travailler qu’avec des personnes proches du pouvoir, sinon ils sont bloqués. Le cadastre minier (réalisé par Isshagh Ould Rajel) qui était une référence en Afrique est aujourd’hui complètement délabré et on y enregistre que les entreprises proches du pouvoir.

4. Le secteur de la pêche : Des armateurs turcs en connivence avec certains milieux proches du pouvoir pillent les ressources du pays en toute impunité, allant même jusqu’à pêcher dans les zones interdites de reproduction des espèces maritimes.


III. APPEL POUR SAUVER LE PAYS

Je lance en appel à mes collègues députés, s’ils sont animés de la volonté de se mobiliser pour imposer la lutte contre la corruption en principal sujet de leurs interventions. Il y va de l’avenir existentiel de la Mauritanie. Nous devons exiger le mandat perpétuel d’une commission d’enquête parlementaire, sur l’attribution des marchés publics, depuis la fausse alternance de 2019. Nous interpelle, avec autant d’insistance, cette myriade de banques, créées sans préavis rationnel. Il nous revient de réclamer, des partenaires extérieurs, davantage d’attention à leur éventuel arrimage aux réseaux de la criminalité mondiale.  La suspicion légitime d’ententes illicite et de délit d’initié vise, également, les entreprises sans expertise ni expérience qui parviennent à rafler les appels d’offre, au détriment d’honnêtes entrepreneurs.

J’invite les média d’investigation, journalistes, lanceurs d’alerte et blogueurs à mener des enquêtes sérieuses – quoique difficiles à réaliser compte tenu du caractère secret de la corruption – aux fins de détecter puis de dévoiler les cas d’impéritie, les affaires suspectes et le blanchiment d’argent sale.


Je demande, aux organisations de la société civile, de se tourner, sans complexe ni faux scrupule de patriotisme, vers les cabinets internationaux de veille contre le crime en col blanc, afin d’attirer leur attention sur l’ampleur du pillage multidimensionnel que la Mauritanie abrite.  Il n’est pas seulement question de l’orpaillage ou de la pêche mais de l’entretien d’une caste d’incompétents et de paresseux au sein de la haute administration, en vue d’y perpétuer la logique des privilèges indus. L’importance et l’urgence de la démarche procèdent du lien causal entre mauvaise gouvernance, dégradation des services universels de base, désertification, difficulté d’accès à une alimentation décente, délitement de l’éducation et des structures de santé, mortalité infantile, émigration massive et hausse de l’insécurité dans les villes. Oui, la corruption tue. En Mauritanie, elle tue la majorité à petit feu tandis qu’elle engraisse la minorité des parvenus. 

Taux de Mortalité infantile, maternelle, très élevé, par rapport aux budgets énormes ; indicateurs onusiens
Relations entre la corruption et le développement : tous les problèmes du pays ont à leurs bases la corruption : il faut que citoyen le sache

18 Octobre 2025

● Mauritanie | Message solennel du député M. Biram Dah Abeid à l’attention de l’opinion publique 


Dans une intervention publique composée de 8 notes vocales, ce mardi 8 avril 2025, l’ancien candidat aux présidentielles en Mauritanie brosse avec beaucoup de détails la substance politique de l’actualité et ses positions concernant le dialogue en gestation. Il est revenu sur son passif relationnel avec l’actuel locataire du palais ocre, le président Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani, lors de son premier quinquennat (2019 à 2024).  Le candidat de la Coalition antisystème reconnaît avoir été berné par les premiers signaux du Raïs pour régler et normaliser l’atmosphère politique notamment la reconnaissance des partis politiques sans exclusive. M. Dah Abeid explique que d’autres tentatives de dialogue ont échoué parce que des pans du pouvoir ne sont pas disposés à une véritable normalisation de l’arène politique. Il a fait référence au pacte républicain entre le système et les partis politiques ufp et rfd qui n’a pas eu d’effet avant la présidentielle de 2024. Par la suite, il réitère que l’actuelle gestation pour un dialogue politique nécessite des préalables clairs (traitement du dossier des tueries, problématiques liées au passif humanitaire, la question des langues, l’esclavage et ses corollaires, les garanties du système démocratique…) pour son camp politique qui sont loin d’être envisagés du côté du pouvoir. Ainsi, selon lui, ses partenaires politiques et ses militants n’iront pas à un dialogue de faire-valoir sans prise en compte globale de grandes et lourdes thématiques de la vie nationale. Par ailleurs, il se dit résolu ainsi que ses partisans à mener l’engagement face aux provocations ourdies par des officines à la solde du système en place. Il demande plus de vigilance et de résilience pour résister et patienter jusqu’à la victoire de la vérité au bout du bout.

8 avril 2025

Substance transcrite par KS pour le BLOG

● Réponse à la sortie médiatico-politique de Baliou Mamayary Coulibaly | Par M. Souleymane Sidibé

Je souhaite exprimer mon profond désaccord avec les récentes déclarations de Baliou Coulibaly. Elles semblent davantage motivées par des louanges politiques infondées et des calculs stratégiques que par une analyse factuelle et objective. Certes, la campagne présidentielle est un moment d’euphorie, mais il est crucial de garder raison dans son soutien et dans les lauriers que l’on décerne à son candidat.

Il est nécessaire d’apporter des clarifications afin d’éviter toute confusion :

Primo, en ce qui concerne le soutien de Biram Dah Abeid, il est impératif de rectifier les faits. Contrairement aux affirmations de Baliou Coulibaly, dont je pense que l’engagement détaché serait plus utile que cette sortie, Biram Dah Abeid ne l’a pas soutenu lorsqu’il était confronté aux défenseurs du statut quo social inique. En réalité, Biram l’a confronté à l’un des éléments pouvant lui rapporter un électorat, démontrant ainsi l’absence de soutien mutuel dans cette situation.

Deuxio, lors de la première réunion non officielle de l’ARMEPES, l’IRA n’était pas encore fondée. Les insinuations selon lesquelles le courage en milieu sooninké en matière de lutte contre l’esclavage est né avec l’apparition de son « messie » sont non seulement erronées, mais également trompeuses et historiquement inexactes.

Tertio, affirmer que c’est grâce à Biram Dah Abeid que la dénonciation de l’esclavage en milieu sooninké a commencé est une contre-vérité flagrante. De nombreux militants ont travaillé ardemment bien avant l’émergence de figures médiatiques comme Biram, et leurs efforts ne doivent pas être ignorés ou minimisés. Des mouvements comme El Hor ont eu un impact significatif. Dans les milieux où l’on dénonce encore les réflexes de subordination et où des centaines de familles refusent depuis les années 70 le bouclier de protection des tares qu’est le laadalenmaxu, des mouvements comme AMEES ont posé des actions concrètes.

De ce fait, la lutte contre l’esclavage et les injustices sociales mérite une approche rigoureuse et honnête. Les tentatives de récupération politique ne font que diviser et désinformer, trahissant ainsi les efforts de nombreux activistes dévoués.
Pourquoi ne pas miser sur le bon cheval ? Cette question mérite une réponse. À défaut de savoir pourquoi attribuer une « paternité » dans la lutte contre les inégalités sociales à un candidat dont on connaît les mérites, malgré les divergences, et qui n’a pas besoin de cela, voici ma réponse :

Pour nous, la politique est un moyen de discuter des destinées dans un contexte géopolitique et géostratégique. Nous ne soutenons pas un candidat médiocre. Ce sont d’abord le discours et le parcours qui comptent. À cela s’ajoutent le respect et la bienveillance, qualités essentielles pour un leader.

Nous misons sur le bon profil, les compétences et le sérieux. Nous ne sommes pas du genre à nous limiter aux désidératas d’un homme politique. Pour moi, le bon profil c’est quelqu’un qui vit de son savoir, de ses compétences et qui ne se perd pas dans les manœuvres politiques mesquines. La politique est un art, et je veux un leader exemplaire, sans casseroles à traîner. Mon soutien est personnel. Ceux qui sont convaincus continueront avec ceux qui font des calculs stratégiques, et ceux qui ne le sont plus, s’en iront. Notre véritable adversaire, c’est le régime en place.

Je reste engagé à soutenir une cause juste et à collaborer avec tous ceux qui partagent cet engagement, sans opportunisme ni manipulations.

Souleymane Sidibé 
Bordeaux, le 24 juin 2024.

● Mauritanie : une députée anti-esclavagiste en prison | Notice d’alerte

1. Le 12 mai 2024 en fin d’après-midi, Mariem Cheikh Samba Dieng, députée de la coalition d’opposition Rag-Sawab, est mise aux arrêts sous la contrainte d’agents de l’autorité publique et conduite dans un cachot de la direction régionale de la police à Nouakchott-Sud.

Mariem est une militante anti-esclavagiste de la première heure dont l’engagement remonte à la naissance de l’Initiative de résurgence abolitionniste en Mauritanie (ira). Son parcours de blogueuse puis d’élue témoigne d’une certaine familiarité avec les privations de liberté, la maltraitance corporelle et les procès en dissidence.

Déjà, le 24 janvier 2024, à l’intérieur du Parlement, elle avait été molestée, avant son expulsion de l’hémicycle par la sécurité du Président de l’Assemblée nationale, un général à la retraite qu’une loi d’amnistie soustrait aux griefs de torture et d’assassinat en relation avec une entreprise de purification ethnique, de 1986 à 1991.

2. L’arrestation de Mariem Cheikh fait suite à la plainte d’une dignitaire de l’Insaf, la formation au pouvoir, en l’occurrence madame Rabi Aidara. A l’instar de la plupart des notables affiliés à l’Etat profond et en prévision du scrutin présidentiel du 29 juin 2024, la susdite, supervisait une opération d’achat de conscience à l’endroit de compatriotes que leur vulnérabilité expose aux pièges du clientélisme alimentaire.

Ainsi, elle s’acharnait, depuis plusieurs jours, à enrôler des citoyens, dans un bureau de la Commission nationale électorale indépendante (Céni), à Arafat, l’une des communes en périphérie de la capitale. A cette fin, Madame Aidara, ex-maire, épouse d’un général à la retraite et parlementaire du parti de l’Etat, distribuait, ouvertement, des bons de nourriture délivrés par la Délégation générale à la solidarité nationale et à la lutte contre l’exclusion (Taazour, en Arabe). En contrepartie, elle récupérait les reçus d’inscription, préalable au retrait de la carte d’électeur.

3. Les voies de fait contre Mariem Cheikh n’ont épargné, non plus, son frère présent à l’altercation les ayant opposés aux militants zélés de l’Insaf et des membres de la Céni, d’ailleurs complices de la fraude que l’élue dénonçait, en direct, lors d’une diffusion sur sa page Facebook. Les deux se retrouvent en détention préventive, au même titre que deux femmes et un homme, du groupe des agresseurs. Rabi Aidara – il fallait s’y attendre dans la république islamique de l’impunité – continue à jouir d’une entière liberté d’agir auprès de la Céni.

4. Mariem Cheikh ne dispose du minimum de commodité, d’habits de rechange ni d’une nourriture convenable. Comme d’accoutumée tragique (Affaires Soufi Soumaré et Oumar Diop), la police en charge de l’enquête s’apprête à lui imputer, par des témoignages frauduleux et une attestation de médecine légale, la responsabilité de l’incident. L’immunité d’un édile du peuple est ici violée au motif d’un délit d’opinion lié à l’exercice de son devoir civique. De la pression exercée aux dépens de la prisonnière, résulte un risque crédible d’atteinte à son intégrité, d’où la présente alerte.

Nouakchott, le 17 mai 2024

Lien connexe : https://www.frontlinedefenders.org/fr/case/judicial-harassment-woman-human-rights-defender-mariem-cheikh

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● Birame Dah Abeid, «j’annoncerai officiellement le 21 avril prochain ma candidature à la présidentielle de juin 2024» [L’Authentique]

Au cours d’une conférence de presse qu’il a animée lundi 15 avril 2024 au siège de son mouvement à l’Ilot K de Nouakchott, Birame Dah Abeid, deux fois dauphin aux présidentielles de 2014 et 2019, a exprimé son intention de briguer la magistrature suprême lors de la présidentielle prévue en juin 2024. L’annonce officielle sera faite le 21 avril prochain au Stade Cheikha Boidya où il a promis de présenter son programme politique.

Le système électoral mauritanien et la tactique de l’opposition pour conquérir le pouvoir, mais aussi l’apologie de sa candidature comme la seule capable d’installer l’alternance politique en Mauritanie, ont été au centre de la conférence de presse que Birame Dah Abeid, antiesclavagiste et opposant principal au régime de Mohamed Cheikh Ghazouani, a animé le 15 avril 2024 à Nouakchott.

Gare à ceux qui ont des biens à préserver

D’emblée, Birame Dah Abeid a déclaré que cette conférence de presse est adressée au peuple mauritanien et aux tenants du pouvoir. Aussi bien ce peuple opprimé et ostracisé que ceux qui jouissent des privilèges de la puissance de l’Etat et qui ont des biens ainsi qu’une position à protéger. Selon lui, seuls la sécurité et la stabilité à travers une justice équitable peuvent assurer cette paix sociale que tout le monde recherche. Pour cela, il faudrait, d’après Birame, que le citoyen lambda soit protégé contre toute forme d’injustice par la puissance de la loi et d’un appareil judiciaire équitable, qu’il peut offrir à son enfant une bonne éducation et qu’une fois diplômé, cet enfant peut accéder à un emploi et gravir les échelons par ses seules compétences. Un citoyen convaincu qu’il a accès à de bons services de santé et qu’il peut satisfaire ses besoins essentiels.

Selon Birame, la gouvernance actuelle basée sur l’épuisement de toutes les ressources sans aucune vision pour l’avenir et les générations futures est une gouvernance prédatrice.

Il affirme qu’il ne brigue pas la présidentielle par soif de pouvoir mais pour extirper la Mauritanie et la population mauritanienne des entrailles de la faillite étatique dont les voyants rouges se sont déjà allumés.

« Si j’avais voulu participer à la vendetta actuelle, bénéficier des privilèges liés aux nominations et ses avantages, je l’aurai obtenu, mais cela est contraire à mes convictions et à mon rêve de voir émerger une autre Mauritanie que celle que nous vivons aujourd’hui » a-t-il souligné.

Quel fonds de commerce ?

Il a aussi répondu à ceux qui soutiennent qu’il fait des Harratines et de la lutte contre l’esclavage un fonds de commerce. Il leur répond que seul l’Etat mauritanien est preneur de ce genre de marchandises. Et ceux qui ont bénéficié de ce commerce sont connus, a-t-il ajouté en substance, demandant à ses détracteurs de dévoiler les contreparties qu’il a tirées de ce business. « Par contre, ceux qui ont véritablement mené ce genre de commerce, la contrepartie qu’ils ont reçue est bien visible à travers leurs biens fonciers et leurs comptes bancaires » a-t-il illustré.

Du compromis et autres manœuvres politiques

Abordant le sujet relatif aux manœuvres politiques, il a déploré l’ignorance des Mauritaniens à ce sujet, d’où les railleries dont il fut l’objet durant l’apaisement politique entre lui et le régime de Ghazouani. Il donne l’exemple de l’opposant sénégalais Abdoulaye Wade et la manière dont il amadoua l’ancien président Senghor dans les années 70, à l’époque du parti unique. Il raconte que lorsque Abdoulaye Wade a demandé à Senghor de lui autoriser un parti, Senghor lui a répondu qu’il ne donne pas d’autorisation aux partis d’opposition. Abdoulaye Wade de lui répondre qu’il ne s’agit pas d’un parti d’opposition, mais d’un parti de contribution.

Contribution à quoi ? lui demanda Senghor. Contribution pour l’expérience démocratique et le progrès du Sénégal, lui répond Wade. C’est ainsi qu’est né le PDS plus tard. Ce qui n’empêcha pas Wade de maintenir de bonnes relations avec Senghor. Faisant le parallèle avec son cas, Birame de déclarer c’est exactement comme moi lorsque j’ai dit que j’ai trouvé mon ami. Une tournure mal interprétée par ceux qui ignorent les méandres cachés des manœuvres politiques.

Pourtant dit-il, la démocratie sénégalaise que tout le monde applaudit a progressé à l’ombre de ces compromis entre tenants du pouvoir et opposants, car après Wade qui entra dans le gouvernement de Abdou Diouf qu’il battit plus tard à la présidentielle, Macky Sall qui a grandi à l’ombre de Wade qu’il servit dans son pouvoir, a fini par se démarquer de lui en le battant à la présidentielle de 2012. 

Du combat armé de Kagamé et Mandela au pacifisme de Birame

Autre mythe renversé durant cette conférence de presse, cette ignorance mauritanienne par rapport au combat politique de Paul Kagamé de Rwanda et de Nelson Mandela d’Afrique du Sud brandis comme des exemples de chantre de la paix, alors que lui Birame et ses compagnons sont taxés de violents. Là également, le candidat à la future présidentielle a révélé que Paul Kagamé fut commandant du groupe rebelle, le Front Patriotique rwandais, qui a remporté la guerre civile au Rwandais et mis fin au génocide de 1994. De même que Mandela a dirigé l’aile militaire de l’ANC avant d’être arrêté et condamné à vie, avant de devenir après 27 ans de prison, président de l’Afrique du Sud. Pour Birame, le parcours de ces deux hommes s’est inscrit dans la lutte armée, alors que le mouvement IRA qu’il dirige et lui-même n’ont jamais usé de violences même sous les assauts sanglants des forces de l’ordre et de sécurité.

Qui parmi les candidats a subi le martyr pour le peuple

Birame Dah Abeid se décrit comme l’homme politique le plus persécuté en Mauritanie, celui qui a subi les pires exactions, en termes d’emprisonnement dans plusieurs pénitenciers du pays, le plus diabolisé et le plus violenté. Bref, celui qui a le plus souffert dans la défense des opprimés et pour la défense des intérêts des Mauritaniens. Quid pour les autres candidats déjà déclarés ?

La fraude est déjà programmée

Birame a cité des sources proches du pouvoir parmi ceux avec lesquels il entretient de bonnes relations qui lui ont révélé que les scores sont déjà fixés. Selon eux, il y a plus de 50% des voix qui seront réservées à Ghazouani et que le reste des voix seront dispatchées selon le gabarit électoral des autres candidats. Bref, des élections taillées sur mesure et qui seront de pures formes. Une réalité bien connue aussi bien du peuple que des partenaires internationaux conscients que la Mauritanie n’a nullement l’intention d’organiser des élections libres et transparentes. Des élections où les fonctionnaires et travailleurs du secteur privé et public ainsi que les forces armées et de sécurités seront soumis à toutes sortes de menaces, y compris le licenciement, s’ils ne votent pas pour le candidat du pouvoir. Sans compter les bureaux de vote tribaux et claniques dérobés aux regards des observateurs.

Selon lui, cette situation va perdurer tant que c’est le Ministère de l’Intérieur qui supervise les élections, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) n’étant qu’un de ses appendices à côté des Walis et des Hakems ainsi que des présidents de bureaux triés sur le volet.

Selon lui, une telle perspective prévoit des lendemains sombres pour l’Etat car le peuple acculé sur ses derniers retranchements risque d’avoir des réactions inattendues.

Une opposition mal partie

Birame soutient qu’il était favorable, à défaut d’un candidat unique pour l’opposition, à trois candidats, un candidat fort de Tawassoul issu des régions Est du pays et un candidat également charismatique des régions du Nord. Seulement, souligne-t-il, ces candidatures ne sont plus efficaces à quelques jours du scrutin présidentiel, déclarant qu’ils devaient être préparés depuis trois ou quatre ans, le temps d’être connus par le grand public.

Néanmoins, il a invité les autres candidats de l’opposition à unir leurs efforts pour se battre contre la fraude électorale par des protestations auprès des responsables de l’organisation du scrutin, puis par la protestation populaire et si cela ne suffisait pas, par un boycott concerté des échéances. Aussi, a-t-il invité les Mauritaniens à ne pas céder au désespoir et au pessimisme et de se battre pour défendre leurs voix et forcer des élections réellement libres et transparentes.

Enfin, Birame a déclaré qu’il va annoncer le 21 avril prochain au Stade Cheikha Boidya (provisoirement) sa candidature à la présidentielle de juin 2024. Lors de cette manifestation, il va étaler l’ambitieux projet politique qu’il compte soumettre au peuple mauritanien.

Cheikh Aïdara

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● Birame Dah Abeid : « voilà pourquoi je ne peux pas annoncer ma candidature » | Par Cheikh Aidara

Au cours d’une conférence de presse animée lundi 4 mars 2024 à l’ilot K de Nouakchott, siège du mouvement abolitionniste IRA qu’il préside, le député Birame Dah Abeid est revenu sur plusieurs points d’actualité, notamment la réunion d’une délégation du FMI avec l’opposition qui a eu lieu le même jour, mais aussi la présidentielle de 2024, l’enrôlement biométrique et des sujets divers.

Plusieurs sujets d’actualité ont été abordés par le député et président du mouvement IRA, Birame Dah Abeid au cours d’une conférence de presse le 4 mars 2024 à Nouakchott. Devant un parterre de journalistes, il a fait le point sur la rencontre entre quelques représentants de l’opposition, un émissaire du FMI venu de Washington et la représentante de l’institution monétaire internationale en Mauritanie, Anta NDoye. Il a aussi parlé de la présidentielle en vue, de l’état-civil et d’autres sujets soulevés par les journalistes. Etaient présents à ses côtés, Oumar Ould Yali, président du parti RAG (non reconnu), l’aile politique d’IRA, et la député Marième Cheikh Dieng.

Rencontre avec le FMI

Faisant l’économie de la rencontre avec le FMI, Birame Dah Abeid a expliqué que l’objectif de la rencontre entre la mission du FMI et les leaders politiques invités, tels que présentée par l’émissaire de Washington, est de recueillir l’avis de la classe politique par rapport aux interventions en Mauritanie de l’institution monétaire et le bilan qu’ils en font, ainsi que ses répercussions sur les conditions de vie de la population. Cette pratique entrerait, selon lui, dans la routine du FMI au niveau des pays membres, à la veille de chaque élection présidentielle.

Selon Birame, l’opposition aurait déclaré que les interventions du FMI en Mauritanie n’ont aucune incidence sur la vie des population. Ils auraient mis en exergue la dégradation de l’éducation marquée par les faibles résultats du baccalauréat, la falsification des diplômes, le népotisme et la corruption. Idem sur le plan de la santé, avec la prolifération des médicaments falsifiés, le faible niveau de l’offre médical, le chômage des médecins sortants et des autres diplômés de la santé.

Les partis présents à la rencontre auraient également cité la hausse vertigineuse des prix du fait d’une politique usurière pratiquée par l’Etat à travers la forte taxation des produits de première nécessité, la fraude fiscale pratiquée par les grosses fortunes, la mal gouvernance financière, l’enrichissement illicite des cercles proches du pouvoir, la création par l’Etat d’une clientèle de nouveaux riches au sein des cellules qui lui sont affiliées. En d’autres termes, les responsables de l’opposition auraient mis en exergue la forte discrimination en termes de partage de la richesse nationale, ce qui met en rade une importante partie de la population sur une base ethnique et raciale.

A été également évoquée la question du chômage, surtout celui des jeunes, mais aussi la pauvreté dont les taux augmentent au lieu de baisser.

L’enrôlement et Taazour

Selon Birame, la mission du FMI a déclaré l’importance qu’elle attache à l’enrôlement de tous les citoyens mauritaniens ainsi qu’aux actions de l’Agence de Solidarité Taazour pour son rôle en matière de bien-être social des populations, notamment les plus démunies.

Sur ce point, l’opposition aurait relevé le fait paradoxal en Mauritanie où les citoyens sont à la recherche de leur nationalité comme des étrangers, alors qu’il s’agit d’un droit constitutionnel.  En attestent, selon elle, les longs rangs devant les centres d’état-civil, donnant au visiteur étranger l’impression que ces longues files sont constitués de demandeurs d’asile venus d’ailleurs, alors qu’il s‘agit de Mauritaniens. Selon Birame, c’est comme si l’Etat, à travers le recensement biométrique, chercherait à faire des ciblages dans l’attribution de la nationalité selon l’ethnie et la race. Une discrimination qu’il qualifie de dangereuse.

Quant à Taazour, à travers le registre social établi par le Ministère des Finances, elle ne serait, selon Birame, qu’un instrument politique aux mains du parti au pouvoir pour faire pression en période électorale sur les populations bénéficiaires des aides sociales accordées par l’Etat.

Revenant sur la question de l’enrôlement qu’elle prend en charge en compagnie de deux autres députés, Ghamou Achour et Aminata, Marième Cheikh Dieng a affirmé avoir constaté sur le terrain une volonté politique du pouvoir de refuser l’enrôlement de plusieurs milliers de citoyens mauritaniens, notamment les négro-mauritaniens et les harratines, devenus depuis le 17 février 2024 des apatrides dans leur propre pays. A l’inverse, des Arabes, des Sahraouis et des Touarègues ont été recensés, selon elle.

Clash entre Birame et Ould Maouloud

Birame Dah Abeid est revenu sur le clash qui a eu lieu entre lui et le président de l’UFP, Mohamed Ould Maouloud, au cours de la rencontre des partis d’opposition avec la mission du FMI à Nouakchott. Sur ce point, nous vous livrons la version des deux parties sur l’incident.

Version de Birame

Selon Birame, Ould Maouloud a débarqué à l’improviste alors qu’il n’était pas invité, n’étant ni député ni président d’un parti représenté au Parlement. Etaient présents lors de son arrivée, selon lui, les deux fonctionnaires du FMI, en plus de Diop Amadou Tijane, président du FRUD et lui-même. Ils seront rejoints plus tard, probablement après l’incident, par les présidents des partis Sawab et Tawassoul.

Selon Birame, Ould Maouloud aurait salué tout le monde sauf lui, puis prit place. Il se serait ravisé par la suite et lui tendit la main, en lui lançant : « on se salue quand même, même si on va aller en procès ».  Birame aurait refusé de le saluer, arguant qu’il pouvait garder sa main, puis qu’il ne l’a pas salué à son arrivée.

Birame ajoute que Ould Maouloud, s’adressant au chef de mission du FMI et de la représentante de l’institution en Mauritanie, aurait lancé : « celui qui est en face de vous prétend être un défenseur des droits de l’homme, mais en réalité c’est un fauteur de trouble qui cherche à semer la zizanie et la discorde dans le pays ».

Furieux, Birame dit avoir répliqué en le traitant de menteur, ajoutant que Ould Maouloud est en mission commandé par le ministre de l’Intérieur pour le provoquer et créer une bagarre. Et d’ajouter que Ould Maouloud aurait demandé que Birame soit expulsé de la salle, sinon lui il va quitter. Ce à quoi, les responsables du FMI lui aurait répondu qu’ils souhaiteraient bien qu’il reste pour participer aux échanges mais qu’ils ne pouvaient expulser personne, précisant que ce problème est un problème personnel entre lui et Birame et que leur mission est d’écouter leurs avis sur l’objectif de la rencontre. Sur ce, Ould Maouloud serait parti, d’après Birame.

Version de Mohamed Ould Maouloud

Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, le président de l’UFP a livré sa version du clash qui l’a opposé à Birame. Selon lui, il a reçu une invitation du Ministère de l’Intérieur pour assister à une réunion convoquée par le FMI adressée à quatre présidents de partis politiques, à savoir l’UFP, Tawassoul, Sawab et FRUD.

A son arrivée dans la salle de réunion qui s’est tenue à la Banque centrale, il trouva les deux représentants du FMI, puis Diop Amadou Tijane et Birame. Il salua tout le monde, y compris Birame. Mais ce dernier aurait refusé sa main tendue, puis lui adressa une volée d’insultes et de diatribes, ne lui laissant aucune possibilité de réplique. Ould Maouloud affirma avoir été profondément gêné par cette attaque agressive d’autant que la scène se déroulait en présence d’une mission étrangère.

Il affirme s’être excusé auprès de la mission du FMI, arguant qu’il ne pouvait pas participer à une rencontre où tant de violences s’est manifestée. Puis, il soutient avoir quitté la salle, suivie par les deux fonctionnaires du FMI, visiblement désolés de ce qui venait de se passer. Ould Maouloud affirme n’avoir à aucun moment demandé que Birame soit expulsé de la salle.

Cet incident, quoiqu’on ne puisse savoir lequel entre Birame et Ould Maouloud est l’agresseur ou l’agressé, a fait le chou gras des réseaux sociaux mauritaniens, où les partisans des deux leaders se sont livrés à des passe-d ’armes truffées d’invectives à travers la toile.

Il faut noter que le torchon brûle entre les deux hommes depuis que Ould Maouloud a porté plainte contre Birame pour diffamation.

Convocation des partis candidats à la reconnaissance

La réunion convoquée par le Ministre de l’Intérieur adressée à tous les partis en quête de reconnaissance officielle a eu lieu lundi 4 mars 2024. Oumar Ould Yali, président du parti RAG dont la demande de reconnaissance bute depuis des années sur le refus des autorités, est revenu sur cette réunion. Selon lui, cette subite envie du Ministre de l’Intérieur de rencontrer les partis en gestation en plus de ceux déjà dissous, est une mascarade et une insulte aux lois de la République. D’après Omar Ould Yali, le régime actuel et celui qui le précède ont gelé depuis des années la loi sur les partis, se substituant à l’Assemblée nationale seul organe de législation, pour suspendre des dispositions légales. En témoigne, cette volonté du Ministre de l’Intérieur de vouloir ressusciter des partis politiques dissous par la force de la loi. En définitive, Oumar Yali trouve dans cette initiative du Ministre de l’Intérieur une intention inavouée de faire reconnaître de nouveaux partis proches de son sérail politique en cherchant à se camoufler derrière la reconnaissance de partis honnis comme le RAG. La réunion à laquelle il avait délégué un membre du parti se serait achevé, selon lui, sur des salamalecks en attendant la prochaine réunion.

De l’élection présidentielle en vue

Birame trouve que c’est la première fois dans l’histoire politique du pays où l’on voit apparaître au sein du pouvoir une puissante aile dont l’objectif est d’empêcher les partis politiques de l’opposition d’être représentés au sein des instances municipales, régionales et législatives. C’est également la première fois, selon lui, qu’une aile puissante émerge au sein du pouvoir pour empêcher que l’opposition puisse aligner aux élections présidentielles des candidats naturellement connus sur la scène politique. Il donne l’exemple des élections générales qui ont eu lieu en 2023 où le ministre de l’Intérieur aurait convoqué certaines personnalités en quête de reconnaissance pour leurs partis en leur disant qu’il ne pouvait pas leur donner un parti car cela l’obligerait à faire de même pour le parti RAG de Birame, ce qu’il ne compte pas faire. C’est ainsi que le Ministre de l’Intérieur aurait dispatché ces personnalités qui ne cherchaient qu’un strapontin pour accéder à un poste électif vers des partis déjà reconnus, certains de la majorité et d’autres de partis soi-disant de l’opposition. 

Birame considère que ces machinations sont une trahison de la volonté populaire et une manière de vider la démocratie et ses institutions de leur substance. Cette même machination serait déclenché ces temps-ci selon lui en prélude à la prochaine présidentielle de 2024. Et cela en connivence avec d’autres forces politiques pour détourner une nouvelle fois la volonté politique en brisant l’élan de la vraie opposition.

C’est cette sourde machination qui l’empêcherait lui Birame d’annoncer sa candidature à la présidentielle de 2024 sachant que l’aile extrémiste du pouvoir cherche à l’écarter de la course à travers le président de l’UFP Mohamed Ould Maouloud et sa plainte pour diffamation.

C’est pourquoi, a-t-il ajouté en substance, l’opposition doit préparer un plan B en s’accordant sur une candidature unique ou tout au moins, autour de trois solides candidats.

Questions diverses

Parmi les autres points abordés, le cas du jeune président du mouvement Kavana, Yacoub Mohamed Lemarabott, objet selon Birame d’une cabale, à travers la publication d’une carte qui attesterait de son statut d’agent des services de renseignement. Selon lui, il considère que ce jeune fait l’objet d’une campagne de dénigrement visant à le porter atteinte à sa crédibilité à cause de son combat contre le système politique dominant et contre ses injustices.

Birame a aussi parlé de la convention entre l’Union européenne et la Mauritanie sur la migration, soulignant qu’il suit de près ce dossier et qu’il dénoncera toute tentative de rétention et d’emprisonnement de migrants dans des camps conçus à cet effet ou dans les geôles du pays. La migration selon lui n’est pas un crime et le devoir de la Mauritanie est d’expulser ceux parmi les migrants qu’elle ne désire pas accueillir, mais que nul n’a le droit de torturer ou d’enfermer un migrant.

Cheikh Aïdara

• Lien de source média https://aidara.mondoblog.org/2024/03/06/birame-dah-abeid-je-nai-pas-encore-annonce-ma-candidature-en-attendant-de-savoir/

● Avatars de l’esclavage et du racisme en Mauritanie [IRA-Mauritanie]

مـــــــــبـــــــادرة انـــــبعـــــاث الحــــركـــــــة الإعـــــــــــــــــــــتاقـــــيـــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــة
INITIATIVE DE RESURGENCE DU MOUVEMENTABOLITIONNISTE (IRA)
RÉCÉPISSÉ N° FA 010000102912202100001

Avatars de l’esclavage et du racisme en Mauritanie

Chronique d’une liquidation préméditée

Ce qui suit est une mise au point, à l’attention des partenaires stratégiques de la Mauritanie.

1. Dès le mois de mai 2022, l’Etat a entamé une dynamique de harcèlement aux dépens du député de l’alternance, Biram Dah Abeid, candidat à l’élection du Président de la République en juin 2024. Aux campagnes mécaniques de diabolisation se substituent, assez vite, les menaces de mort et la volonté de l’exclure de la compétition. Le déclenchement de la stratégie de l’isolement revenait aux sécurocrates du renseignement et de la police politique. Le secrétaire général adjoint du gouvernement, Ishagh Elkenti et une pléthore de sous-fifres à lui affiliés inaugurèrent une inquisition que ne désavouerait le tribunal du Saint office, au Moyen-âge de l’Europe du sud. Chacun y est allé -et revenu – de sa séquence vidéo, pour alerter l’opinion hassanophone, quant à la nuisance de Biram Dah Abeid. Aux yeux des zélateurs et émules nombreux parmi la caste des anciens maîtres, le récipiendaire des prix internationaux de promotion des droits humains, de la démocratie et de la non-violence exécute l’agenda des juifs et des chrétiens, ennemis présumés de la Mauritanie, de son arabité et de sa religion. Nos compatriotes qui gardent un minimum de lucidité mémorielle établiront, ici, la comparaison avec les délires du nationalisme précurseur de la tentative d’épuration ethnique, de 1986 à 1991. A chaque moment décisif de la répression des noirs subsahariens dans notre pays, il s’avère d’usage récurrent de convoquer, ensemble, au banc des méchants perpétuels, l’Occident, les juifs, l’impérialisme et la progéniture de Satan. Ces menus reproches, où la perfidie enfle à souhait, mobilisent la facilité et le sens du raccourci en guise de fil conducteur à la propagande.

2. Equivalent dilué des émissions de haine sur les ondes de Radio mille collines durant le génocide des Tutsis au Rwanda, les séquences vidéo et audio de dénigrement tendent, à créditer, auprès de l’opinion hassanophone, la certitude que la revendication d’égalité selon l’Initiative de résurgence abolitionniste (Ira), secoue les équilibres fondateurs de la domination, dont la suprématie des tribus arabo-berbères et la continuité de leurs privilèges, bien à rebours de la loi et de l’éthique républicaine.

3. D’ailleurs, comble d’arrogance et de confiance en son impunité, un parent et partisan zélé de l’éminence grise du pouvoir, n’hésitera, à préciser, devant témoins, les termes de la dissuasion. Ainsi, le 11 mai 2022, en marge d’une visite de Biram Dah Abeid à Akjoujt, il déclarait : « mon cousin et le président Ghazouani, ne fonctionnent pas comme l’ancien président Mohamed Abdel Aziz; lui t’arrête et te libère en fin de compte mais le ministre de l’intérieur et le président actuel, vont te tuer si continues ton activisme malsain et moi qui te parle je pèse mes mots et te mets en garde ».

4. Le lendemain, à Atar, lors d’un congrès de Refondation pour action globale (Rag), alors interdit mais toléré au titre de l’ouverture et de l’apaisement initiés par le Chef de l’Etat, une unité de la police anti-émeutes investit la salle et déchire les banderoles, face à un public stupéfait d’une telle outrecuidance. L’aile dirigeante du mouvement d’émancipation assiste à l’effondrement de ses chances de reconnaissance formelle. Aussitôt, son leader, Oumar Ould Yali décide de suspendre sa participation au projet de dialogue inclusif.

5. A la suite du retrait, les meneurs de l’Union des forces de progrès (Ufp), Mohamed Ould Maouloud et maître Lô Gourmo, critiquent Rag et l’accusent d’avoir entraîné l’échec de la concertation avec la Majorité. Dès lors, attaques et dénigrement envers Biram Dah Abeid deviendront le point de convergence entre la formation et ses nouveaux alliés au sein du Pacte républicain. Le bricolage d’entente résulte, en 2023, de la défaite de l’opposition traditionnelle, aux élections des députés, conseillers de mairie et de région. L’Ufp, réduite à un score inférieur à 2% des suffrages perdait de son aura. En guise d’assurance-vie, il lui fallait s’accrocher à la remorque déjà surchargée de l’Insaf, le rassemblement des acteurs de la conservation et de l’opportunisme, héritier du Parti républicain démocratique et social (Prds), pendant la dictature du Colonel Ould Taya.

6. Pire, depuis le début de février, date de la révolte des paysans victimes de l’esclavage foncier à Rkiz, l’Ufp ne cesse d’imputer, au courant abolitionniste, les préparatifs d’une guerre civile, voire d’un projet « nazi » d’extermination des arabo-berbères. Grâce à quel armement, s’interrogerait un esprit rationnel et de bonne foi !? A l’appui d’une assertion tant fantaisiste, les détracteurs de Biram Dah Abeid, évoquent le moment historique où il procéda, en 2012, à l’incinération des livres de droit musulman qui légalisent et organisent l’infériorité du serviteur noir, à proximité de son propriétaire noble. Le discours de la panique et du takfir s’adresse, comme d’habitude, aux officines gardiennes du statu quo, en l’occurrence l’orgueil des clans et l’obscurantisme salafi, deux obédiences hier hostiles l’une à l’autre, avant leur union sous la bannière de la résistance à la demande massive d’égalité et de répartition équitable des ressources.

7. Alors, dernier épisode du processus de marginalisation en cours, Mohamed Ould Mouloud, porta plainte, contre Biram Dah Abeid, au grief diffamation. Aussi, le 20/02/2024, sacrifiant à une célérité exceptionnelle, le Bureau du Parlement, vota la levée de l’immunité du député, ultime acte sur le chemin de son éviction de l’échéance présidentielle. Non content de prendre le risque de le priver de parrainages, le pouvoir du moment vient de privilégier l’instrumentalisation de la justice, afin d’obtenir le même résultat, par un procédé moins brutal.

8. Voici pourquoi et comment la lutte n’en est qu’à ses prémisses. Nous la mènerons, à son terme, sans jamais tomber dans le piège de la diversion ni renoncer aux moyens pacifiques de notre relèvement.



Nouakchott, Commission de la communication, 23 février 2024

● Communiqué de IRA-Belgique sur la levée de l’immunité parlementaire du député Biram Dah Abeid


23 février 2024

L’Etat mauritanien retire l’immunité parlementaire du député Biram Dah Abeid

Le 20 février, à 4 mois de l’élection présidentielle en Mauritanie, le bureau de l’Assemblée nationale lève l’immunité du député Biram Dah Abeid, figure de proue de l’opposition.

En cause : la plainte déposée par le chef du parti de l’Union des Forces du Progrès (UFP), Mohamed Mouloud, contre Biram Dah Abeid pour diffamation et abus. Dans un clip vidéo, Biram Dah Abeid dénonçait le soutien financier dont avait bénéficié  ce candidat de la part de l’homme d’affaires Mohamed Bouamatou lors de l’élection présidentielle de 2019.

L’élection présidentielle de juin 2024 attise les tensions entre le pouvoir et l’opposition largement représentée par le député Biram Dah Abeid au sein du parti Sawab. Tous les moyens sont bons pour discréditer les forces démocratiques qui  de plus en plus sapent les fondements du pouvoir en place. La levée de l’immunité parlementaire d’un député dérangeant est la première étape. Quelle sera la suite ?

Fidèle à ses convictions de démocrate, Biram Dah Abeid avait signalé, il y a quelques jours, qu’il ne se portait pas candidat à l’élection présidentielle de juin mais qu’il attendait la décision collégiale des partis d’opposition pour désigner celui ou celle qui mènerait le combat. Preuve s’il le fallait encore que, contrairement à ce que ses détracteurs affirment, Biram Dah Abeid œuvre pour l’accession de son pays à une réelle démocratie et non pas pour satisfaire des souhaits individuels.

Mi-février, il se rendait à Rkiz, à 50 kms de Rosso, pour soutenir les Haratines spoliés de leurs terres par leurs maîtres avec la connivence des autorités. Depuis des générations ces populations d’esclaves affranchis travaillaient les terres de Maures blancs de la tribu Tajakant. Dans le cadre du projet d’aménagement de cette région et du lac Rkiz, la répartition des terres a démontré que l’Etat a pris le parti de la féodalité arabo-berbère.
Malgré leurs revendications et l’emprisonnement des protestataires, sur les 106 hectares à répartir, les Haratines n’en ont reçu que 26.

Sur tous les fronts, l’engagement de Biram Dah Abeid est celui d’un pacifiste, convaincu de ses droits, de ses positions. Ce qui lui vaut parfois le surnom de Mandela mauritanien.

Réagissant à sa levée d’immunité parlementaire, Biram Dah Abeid a déclaré :
« Je promets au peuple mauritanien que je vais défendre le libre jeu démocratique en train d’être attaqué par un système qui n’a pas confiance en lui. Maintenant la confrontation c’est entre nous et le pouvoir. C’est une bataille pour l’alternance en Mauritanie, pour l’effectivité de la démocratie ». Et d’indiquer que la lutte sera menée devant les tribunaux et jusque dans les fins fonds des prisons.

A 4 mois de l’élection présidentielle en Mauritanie, pouvoir et opposition commencent à fourbir leurs armes.


Contact : Jeddou Abdel Wahab, Président de l’IRA Belgique.
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