En ce moment crucial de notre histoire, le Mali a besoin d’une parole forte, d’une parole de vérité, et d’une parole de responsabilité.
Notre nation affronte des défis économiques, sociopolitiques et sécuritaires d’une gravité exceptionnelle. Mais à ces défis s’ajoute un autre combat essentiel : celui des droits humains. Aucun progrès durable, aucune stabilité réelle, aucune paix solide ne peut naître là où la dignité humaine est ignorée ou sacrifiée.
C’est pourquoi nous devons dire les choses avec clarté : les autorités ont la responsabilité de regarder en face la réalité du pays. Les indicateurs économiques sont fragiles.
Le tissu social est mis à l’épreuve. Les libertés publiques, la justice, la sécurité des citoyens et la lutte contre les violences doivent redevenir des priorités absolues. Ce n’est pas de la contestation : c’est une exigence de démocratie, de vérité et d’humanisme.
Le Mali n’a plus besoin de slogans.
Le Mali n’a plus besoin de propagande. Le Mali a besoin d’un discours franc, d’une parole qui ne cache pas les difficultés mais qui propose des réponses courageuses et crédibles.
La confiance ne se décrète pas : elle se construit par la transparence, par l’intégrité et par le respect scrupuleux des droits humains.
Et au-delà du présent, il nous faut déjà préparer l’avenir. Car après le temps du pouvoir militaire comme après tout système politique nous devrons être capables de nous regarder dans les yeux, sans haine, sans vengeance, sans esprit de revanche. C’est à cette condition que la réconciliation sera possible. C’est à cette condition que la dignité sera restaurée. C’est à cette condition que le Mali pourra se relever.
Semons dès maintenant cette culture de respect, de justice et de vérité. Défendons les droits humains comme un socle inébranlable, non pas contre l’État, mais pour l’État, pour le peuple, pour la paix. Car un pays qui protège la dignité de chaque citoyen se protège lui-même.
Le Mali est notre héritage commun. Il est notre devoir, notre responsabilité et notre honneur de le défendre sans haine, mais avec fermeté ; sans peur, mais avec lucidité ; sans mensonge, mais avec courage.
Et c’est ensemble unis, dignes et résolus que nous construirons un Mali où chaque enfant, chaque femme, chaque homme pourra vivre libre, en paix, et respecté dans sa pleine humanité.
Au cours de la lecture de l’ouvrage « Le Contrat racial » du philosophe Charles W. Mills, des passages d’une belle critique faite de certaines références philosophiques de la substance épistémique du monde encarté occidental, ont suscité intimement une stimulante curiosité en moi. Ici notre note de lecture https://ecrit-ose.blog/2023/07/11/%e2%97%8f-note-de-lecture-dun-ouvrage-marquant-le-contrat-racial-de-charles-wade-mills/. Notamment certaines notions qui appuient une sophistication « savante » d’un nombre de préjugements qui font source déterministe, essentialiste et fataliste de sciences sociales et politiques. Ce qui a donné corps et (donne corps) à un postulat racialiste d’un certain rationnalisme laissant comprendre que les Hommes (comprendre les races selon cet entendement) ne pourraient pas se valoir par leurs actes (vertueux ou pas) parce qu’une élection naturelle (d’ordre divin) les ségrégue et assigne fatalement par l’essence d’une supposée grâce fatidique. Ainsi, de cette donnée apprise par mon approche de passable « apprenti philosophe » free-lanceur, j’y ai articulé un concept entendu régulièrement dans les interventions médiatiques et conférences (principalement sur YouTube) de l’historien français Johann Chapoutot, le darwinisme social. M. Chapoutot qui est écrivain et historien du nazisme, disséque avec beaucoup d’entrain les univers mentaux du terreau sociologique, idéologique et politique du monde occidental qui a vu poindre le sinistre phénomène nazi. Il laisse entendre que le darwinisme social couvait et occupait l’arrière-fond socio-politique et religieux d’un certain ordre civilisationnel en fonctionnant sous une certaine binarité comme suit : le Centre-essence dans l’histoire (l’entité blanche occidentale) et les marges-relégués dans l’histoire (autres peuples biologiquement d’ailleurs). Le nazisme hilterien s’était aligné horriblement avec un zèle particulièrement violent et totalitaire en s’inspirant ou en profitant des circonstances et des facilités structurelles au sein de l’environnement sociologique germanique. Un darwinisme social racialisé et militarisé « brun » pour épurer l’espace biotope germain et imposer un suprémacisme ethno-racial aux marges non germaniques qui doivent subir écrasements et dévastations multiformes. Donc… le darwinisme social porte intrinsèquement les germes d’un suprémacisme identitaire par lequel une sorte de divinité-peuple ethnique qui s’accorderait une élection naturelle pour dominer les autres peuples qui seraient inférieurs par fatalité de nature. Au temps de l’Afrique du Sud sous l’apartheid, les pontes religieux parmi le monde Afrikaner étaient gavés idéologiquement en la matière pour « moralisée » les comportements sociaux et politiques du système foncièrement racialiste, raciste et suprémaciste.
Le darwinisme, la définition du Larousse nous renseigne : « Théorie de Darwin d’après laquelle les espèces évoluent selon les lois de la sélection naturelle. »
Et de ce qui peut exister d’un semblable darwinisme social dans certains de nos enclos communautaires et ethno-raciaux en Afrique :
« Darwinisme social » comme ideologie d’où végéte un certain suprémacisme ethno-racial, a ses versions grises très actives dans beaucoup de nos communautés africaines. Le droit du sang et l’intégrisme communautaire en constituent une substance de nature. Merci encore à l’histoirien Johann Chapoutot pour ses réflexions pertinemment énoncées à propos de cette matrice historique du phénomène nazi, en l’écoutant attentivement écho et parallélisme nous bipent sans cesse…
Écho et Parallélisme par un certain essentialisme identitaire qu’on retrouve dans les idéologies sociales intra-communautaires et transcommunauraires. Le système de castes en est une certaine illustration de ce darwinisme social gris. La caste dans l’ensemble communautaire devient un sceau identitaire d’essence dans le temps et dans l’espace. Un certain ordre endogamique assurant la continuité, l’individu est né « étant » assigné socialement donc tout projet de « devenant » est lié et circonscrit à cet étant dans son couloir collectif (sa caste). C’est un schéma d’une hermétique prédestination qui constitue l’arrière-fond philosophique de l’affaire. On dira que le destin se serait chargé naturellement du tirage au sort entre les assiettes identitaires et le sang (la biologie du coup) fait le statut et le rang en toute fatalité. Cette dernière fait substance à ce darwinisme social gris sous l’ordre d’un intégrisme communautaire qui peut se manifester par un narratif apologétique d’un noyau « identité originelle » adossée à une sorte de divinité ethnique. La sélection naturelle est du fait de la croyance à ce dogme peu avouable nominalement consacré à cette divinité ethnique qu’on peut qualifier de divinité-peuple. Une culture d’un fatalisme écrasant qui ne supporte que difficilement tout mouvement de changement structurel. Les inégalités sociales et politiques internes, il faut les accepter et les faire accepter parce que l’assiette sociale qui détient la suprématie s’érige comme l’incarnation absolue de la lieutenanance de la divinité ethnique ou la divinité-peuple. Les subordonnés statutaires se doivent une acceptation que le sort leur fut défavorable une fois pour toutes et leurs éventuelles volontés d’agir pour un changement de condition ou de statut seraient accusées de blasphèmatoires à l’encontre de l’ordre divin ethno-racial. Par exemple en Mauritanie : un esprit suprémaciste et féodalo-esclavagiste qu’il soit arabo-berbère, soninké ou poular verrait toujours de « l’extrémisme » et de la « haine » chez les « cadets sociaux » qui osent réclamer effectivement l’égalité sociale et politique au sein de leurs communautés respectives. C’est gravissime… on ne met pas en cause la sélection naturelle d’une élection socialement validée par la divinité ethnique.
Ainsi, on comprendrait peu de choses de sourds fascismes gris intra-communautaires et intercommunautaires dans nos espaces et l’aversion qu’ils peuvent déployer à l’endroit de toute idée d’égale dignité (concernant les avoirs matériels et immatériels et les symboles), si on ne s’autorise pas une mise en perspective centrée sur ce versant du darwinisme social.
En Mauritanie, la corruption ne se limite pas aux hautes sphères de l’État ; elle s’est installée dans nos mentalités, dans nos rapports avec l’administration et la chose publique. Elle est devenue si banale qu’elle en paraît presque normale.
La corruption, ce n’est pas seulement ces millions, voire milliards d’ouguiyas détournés au sommet. C’est aussi le petit geste corrupteur, celui qui se répète, se banalise et finit par contaminer toute la société. Car s’il y a des corrompus, il y a aussi des corrupteurs. Chez nous, ne pas “arranger” un dossier en glissant quelques billets est parfois perçu comme une naïveté.
Nous sommes tous tentés, un jour ou l’autre, de corrompre : pour accélérer une procédure, contourner une règle ou dissimuler une faute. C’est une spirale terrible.
Lorsqu’un ministre, un wali ou un préfet est nommé, on se précipite pour lui offrir des présents- liasses d’argent, dromadaires, bœufs, parfois même de l’or- dans l’espoir de se “placer”. Ces gestes, loin d’être anodins, nourrissent une culture de favoritisme et de passe-droits.
Et pourtant, notre religion nous enseigne chaque jour que l’islam combat la corruption, l’injustice, le vol et l’enrichissement illicite. Le Coran nous rappelle que la richesse n’est pas une fin en soi : elle est une responsabilité, et son origine sera toujours questionnée.
Pour espérer éradiquer la corruption, il nous faut d’abord changer nos mentalités, notre rapport à nous-mêmes, à l’État et à la loi.
Le policier qui raquette dans un carrefour, l’infirmier qui fait payer plus qu’il ne faut, profitant de l’ignorance des populations, le journaliste qui pratique le chantage, le ministre ou le directeur d’une société publique qui monnaye sa signature : tous reflètent notre propre société.
Pire encore, nous avons fini par institutionnaliser la corruption en créant une catégorie qu’on appelle ironiquement les « Samsara » des intermédiaires sans foi ni loi, parfois analphabètes, mais signataires de contrats publics faramineux. Ces individus n’existeraient pas si la société ne les avait pas tolérés, valorisés, voire imités.
Aujourd’hui, la corruption en Mauritanie est endémique. Elle est partout : dans l’air que nous respirons, dans le poisson de nos assiettes, dans la viande du boucher et bientôt, si ce n’est déjà le cas, dans nos mosquées et nos mahadras.
Tant que nous ne changerons pas collectivement, aucune loi, aucun discours, aucune réforme ne pourra la déraciner.
Lors de sa dernière conférence de presse, le président de l’UFP, Mohamed Ould Maouloud, a répondu aux attentes sur la plupart des sujets, à l’exception de la question haratine, sur laquelle il s’est longuement attardé pour mettre en garde contre ce qu’il perçoit comme un danger : les appels récurrents, relayés sur les réseaux sociaux par certaines voix haratines, en faveur d’une autonomie politique de ces derniers. Selon lui, au-delà du caractère utopique d’une telle aspiration, et la futilité du débat qu’elle suscite, au regard d’un idéal de citoyenneté loin d’être acquis, le président Mohamed Ould Maouloud estime que l’évolution de la question haratine — passée d’une revendication sociale à une ambition politique — en complique la résolution et fait peser le risque de dérives conflictuelles, à l’image des tragédies qu’a connues le Rwanda. Et de terminer en miroirant que l’unanimité politique sur la nécessité de dépassement de la question haratine et le dialogue politique en vue, doivent être saisis comme des opportunités à positiver. Ainsi, avec un argumentaire qui frise le mépris, il a entrepris de discréditer une évolution pourtant logique, légitime et naturelle à tout point de vue, en la réduisant à une lecture alarmiste et réductrice, sans autre perspective que celle de vœux pieux dépourvus de portée concrète. Si je ne doute nullement de l’attachement sincère du président Mohamed Ould Maouloud à l’idéal d’unité nationale, il demeure néanmoins surprenant que l’éminent docteur en Histoire et figure emblématique de la gauche mauritanienne n’appréhende pas avec la profondeur requise les dynamiques historiques et sociales de l’évolution de la communauté haratine — communauté héritière d’un passé esclavagiste, d’un poids démographique désormais déterminant dans le devenir national, mais toujours en proie à une discrimination, sociale, économique et politique aujourd’hui arrivée à son paroxysme. Mais là où l’on peine véritablement à situer l’animal politique qu’est le président Mohamed Ould Maouloud, c’est lorsqu’il en vient, en filigrane, à conseiller aux activistes haratines d’éviter l’isolement, au motif de leur supposée vulnérabilité et fragilité, en cantonnant leur combat à une simple revendication sociale. On aurait pourtant pu croire que leurs aspirations politiques, plus audacieuses et plus assumées, trouveraient un écho naturel dans ses propres inspirations progressistes, voire révolutionnaires. Que l’on comprenne la prudence, la sagesse et le pragmatisme que dicte le contexte politique, soit. Mais comment accepter qu’il accable à ce point, qu’il diabolise tant, caricature et dénature ainsi une dynamique pourtant essentielle à la désarticulation de nos entraves sociales et politiques les plus rétrogrades ? À l’entendre mettre en garde contre la politisation de la question haratine — qu’il estime devoir rester cantonnée au domaine social —, on ne peut qu’être saisi par une interrogation essentielle : que signifie, au juste, l’aspect social d’une question s’il n’est pas, en amont, porté par une volonté politique ?
Et si cette volonté politique fait défaut, que reste-t-il d’autre à entreprendre, sinon la politique elle-même — pour l’impulser, l’imposer, ou, à défaut, l’assumer et agir ? Monsieur le president sait pertinemment que si la pratique de l’esclavage relève du droit, que certaines de ses séquelles peuvent être classifiées comme des questions sociales, la discrimination des Haratines, leur marginalisation et leur privation par tous les systèmes politiques, sont des faillites éminemment politiques. Et puisque toutes ses questions sont structurellement liées le combat englobant pour leur éradication ne peut-être que politique. En somme, on se doit d’interpeller le président Mohamed Ould Maouloud sur le fait que la conscience haratine a franchi un seuil : elle rejette désormais cette lecture sociale infantile de leur cause — une lecture réductrice qui vise à la dépolitiser pour mieux la contenir. C’est précisément contre cette infantilisation, entre autres, que s’affirme aujourd’hui leur volonté d’autonomie politique. Quant à cette volonté d’autonomie politique que le président Mohamed Ould Maouloud prophétise comme une manoeuvre satanique et apocalyptique, elle s’exprime déjà sous des formes diverses, dans le paysage politique national, certes avec des sensibilités qui lui sont inhérentes, mais de manière on ne peut plus pacifique. D’une part, elle se manifeste de manière explicite, structurée et symbolique à travers l’action de partis et d’organisations tels que l’APP, l’IRA ou SOS Esclaves. S’agissant du second aspect des velléités d’autonomisation, il procède d’un mouvement plus diffus : tacite, spontané, parfois désordonné, mais néanmoins réel et désormais pris en compte. Dépourvu de stratégie cohérente et de cadre structuré, ce mouvement émane d’un élan subjectif, nourri par un sentiment de singularité militante et par une quête persistante de reconnaissance et de visibilité. Autrement dit, les appréhensions du doyen Mohamed Maouloud paraissent largement exagérées. Elles semblent surtout viser à exploiter la crainte d’une évolution sociale pourtant inévitable dans une société qui peine encore à se défaire de ses pratiques néo-esclavagistes, tout en cherchant à discréditer une dynamique politique concurrente, porteuse d’une transition sociale et politique désormais inscrite dans l’ordre naturel du temps. Les exemples les plus significatifs et les plus symboliques, susceptibles d’édifier le président Mohamed Ould Maouloud, demeurent sans nul doute l’élection d’un hartani, d’abord comme député de la moughataa de Tidjikja lors de la précédente législature, puis à la tête de la mairie de cette même ville. Deux événements qui ne sauraient être interprétés autrement que comme une réponse à cet impératif de visibilité, que ne saurait dissimuler un pragmatisme et un réalisme politiques, certes salutaires, mais révélateurs d’une aspiration plus profonde à l’affirmation et à la reconnaissance. Lire la question haratine à travers le seul prisme des turpitudes du système et de la classe politiques actuels relève d’une approche simpliste et à courte vue. En historien averti, le président Mohamed Ould Maouloud sait pourtant que les Haratines, à l’instar des affranchis de toutes les époques et de toutes les latitudes, portent naturellement en eux la vocation de se libérer et de s’émanciper du système de domination néo-esclavagiste, quelles qu’aient été les formes de leur asservissement. La dimension conflictuelle de ce processus tient, le plus souvent, à la résistance du système de domination et aux rapports de force qui en découlent. Il appartient dès lors à tous les Mauritaniens, sans distinction, de relever le défi de cette transformation pour réussir la transition qu’impose l’évolution de notre société et pour consolider un État de droit, citoyen et véritablement démocratique. Cela exige, de toute évidence, un traitement politique lucide et responsable de la question haratine.
Mauritanie ~ Nous et nos réalités | Sur les affaires liées à l’esclavage et au féodalo-esclavagisme qui sont portées aux autorités administratives et judiciaires, j’ai l’habitude de dire auprès de militants : le personnel de l’autorité civile ou sécuritaire issu forcément de nos différentes communautés nationales, est difficilement dans une posture professionnelle neutre. Dès qu’on commence à exposer les faits et les différends, les agents (soninké, arabo-berbère, peul, haratine ou wolof) savent et saisissent par réflexe sociologique certains contours des affaires. Parce que nos communautés ont beaucoup de similarités de fonctionnement sur cette problématique et chaque cas litigieux met en tensions entre l’autorité étatique et les velléités de domination féodalo-esclavagiste des régimes coutumiers. Très souvent, le personnel étatique jauge et se renseigne sur le capital social et politique pas que (on peut y adjoindre l’aspect pécuniaire à gratter éventuellement chez les 2 camps) , en coulisses derrière chacune des parties en conflit, et le traitement du dossier en dépend pour beaucoup finalement avec un étouffement pur et simple ou une exploitation perpétuelle à l’usure du temps pour casser toute expression claire du Droit. Il va de même concernant ces affaires quand elles sont médiatisées notamment dans les réseaux digitaux, toute neutralité est une imposture sonnante car chacun d’entre nous… se voit sociologiquement dans la marmite sous diverses enseignes. On répond ou se tait de quelque part… parce que nous sommes les produits de ces systèmes qui sont élastiques et voyageurs…ainsi pas seulement une affaire de village ou de Capitale non plus de l’étranger.
KS, blogueur et militant des droits humains
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● La production faite par l’IA DeepSeek à la suite de la soumission du post ci-dessus :
Analyse du texte de Koundou Soumaré :
Ce texte est un témoignage fort et une analyse critique de la persistance des structures féodales et esclavagistes en Mauritanie contemporaine, vue à travers le prisme de l’administration de la justice.
Voici les points clés de son argumentation :
1. Le constat d’un système persistant : L’auteur affirme d’emblée qu’en 2025,le « féodalo-esclavagisme » reste une réalité en Mauritanie. Ce terme hybride souligne l’enracinement de pratiques esclavagistes dans un système social de type féodal.
2. La partialité systémique des autorités :
· Réflexe sociologique : Selon Soumaré, le personnel de l’État (civil et sécuritaire), quelle que soit son appartenance communautaire (Soninké, Arabo-berbère, Peul, Haratine, Wolof), n’est pas neutre. Ils comprennent immédiatement les implications sociales des affaires liées à l’esclavage car toutes ces communautés partagent des « similarités de fonctionnement » sur cette question. · Conflit de légitimité : Il y a une tension fondamentale entre l’autorité de l’État (et ses lois) et la persistance des « régimes coutumiers » qui cherchent à perpétuer leur domination.
3. La corruption et le calcul des intérêts : L’auteur décrit un processus où les agents étatiques évaluent le »capital social et politique » (voire financier, en exploitant les deux parties) des plaignants et des accusés. Le traitement de l’affaire n’est donc pas basé sur le droit, mais sur ce calcul :
· Étouffement pur et simple : Les affaires sont classées sans suite. · Exploitation et usure : Les dossiers sont délibérément traînés en longueur pour épuiser et décourager les victimes, « casser toute expression claire du Droit ».
4. L’absence de neutralité dans l’espace public (y compris digital) : Soumaré étend cette analyse à la couverture médiatique,notamment sur les réseaux sociaux. Il est catégorique : « toute neutralité est une imposture ». Chaque Mauritanien, quel que soit son camp, est le « produit de ces systèmes » et ne peut s’en extraire. On est donc obligé de prendre position ou de se taire en fonction de sa propre situation sociale et de son héritage.
5. Un problème national et non localisé : Enfin,il rejette l’idée que ce soit un problème limité aux villages reculés. C’est un mal systémique qui affecte la capitale et même la diaspora (« l’étranger »). Les systèmes féodaux-esclavagistes sont « élastiques et voyageurs », s’adaptant et se perpétuant où que soient les Mauritaniens.
En résumé :
Koundou Soumaré peint un tableau sombre d’un État dont les institutions sont infiltrées et corrompues par des logiques sociales archaïques. Le droit et la justice sont systématiquement sabotés au profit de la perpétuation d’un ordre social inégalitaire. Son texte est un acte d’accusation contre un système qui, selon lui, nie la possibilité même d’une neutralité ou d’une justice aveugle, car chaque individu est déjà situé socialement dans ce conflit. C’est une critique de la structure même de la société mauritanienne.
Pour une Mauritanie libérée de la corruption, de la gabegie et du mépris
À ceux qui gouvernent,
À ceux qui prétendent représenter le peuple,
À ceux qui détiennent les leviers de l’État,
Je vous écris sans détour, sans langue de bois, sans peur. Car le silence est complice, et l’heure est trop grave pour se taire.
Je suis un citoyen mauritanien. Un militant. Un opposant. Mais avant tout, un homme libre qui refuse de voir son pays sombrer dans le chaos, la misère et l’humiliation. Ce que nous vivons n’est pas une crise passagère. C’est une décomposition lente, méthodique, orchestrée par un système qui a fait de la corruption sa colonne vertébrale.
Un État pris en otage
La Mauritanie est devenue un laboratoire de la prédation. Les marchés publics sont distribués comme des butins de guerre. Les institutions de contrôle sont muselées. Les corrompus sont promus. Les clans se partagent les richesses, pendant que le peuple crie famine.
La corruption tue
Elle tue nos enfants, privés de soins. Elle tue nos femmes abandonnées dans les maternités. Elle tue nos jeunes, condamnés à l’exil ou au désespoir. Elle tue nos écoles, nos hôpitaux, nos rêves. Et pendant ce temps, les fonctionnaires s’enrichissent à vue d’œil, planquent leur fortune à l’étranger. Ils rivalisent avec les hommes d’affaires, bâtissent des empires sur les ruines de notre République.
Un appel à la conscience
Je m’adresse à vous, gouvernants : Vous n’avez plus le luxe de l’aveuglement. Vous ne pouvez plus prétendre ignorer. Vous êtes comptables devant l’histoire, devant le peuple, devant Allah.
Je m’adresse à vous, députés : Exigez une commission d’enquête permanente sur les marchés publics. Interpellez les ministres. Défendez les citoyens.
Je m’adresse à vous, journalistes, blogueurs, lanceurs d’alerte : Enquêtez. Dénoncez. Résistez. Votre plume est une arme contre l’impunité.
Je m’adresse à vous, citoyens : Ne vous résignez pas. La peur est l’alliée des tyrans. La colère est légitime. L’action est nécessaire. Pour éviter le pire
Ce que vous pensez impossible, est bien possible. La situation pourrait vite tourner au drame et devenir incontrôlable. Si rien ne change, le chaos nous attend : instabilité politique, révolte sociale, effondrement économique. Mais il est encore temps. Il est encore possible de sauver la Mauritanie. À condition de briser le cercle de l’impunité. À condition de refonder l’État sur la justice, la transparence et le mérite.
Je ne suis pas un ennemi de la Mauritanie. Je suis son fils. Et je me battrai, avec mes mots, mes idées, ma voix, pour qu’elle ne meure pas.
La Mauritanie mérite mieux. Le peuple mérite mieux. L’histoire nous regarde.
Respectueusement mais fermement, Un citoyen militant et opposant Pour une Mauritanie debout.
À tous ceux qui prétendent parler en notre nom, Aux autorités mauritaniennes, Aux organisations nationales et internationales concernées,
Je m’adresse à vous aujourd’hui, non pas en tant que simple citoyen, mais en tant que victime directe des événements tragiques de 1989, en tant que témoin d’une époque marquée par l’injustice, l’humiliation, la perte et l’exil.
Je constate avec amertume qu’un accord semble aujourd’hui se dessiner entre certaines victimes et le gouvernement mauritanien, se limitant uniquement à une indemnisation financière. Si une majorité accepte aujourd’hui cette solution, alors une question cruciale se pose : pourquoi avoir attendu toutes ces années ? Pourquoi avoir laissé le temps et la douleur s’étirer pendant plus de trois décennies pour en arriver à une transaction qui, au fond, ne règle rien de l’essentiel ?
Car s’il ne s’agit que d’argent, alors n’évoquez plus jamais la mémoire, la justice, ou la réconciliation. On ne peut pas réclamer un « devoir de mémoire » tout en réduisant le drame à une simple compensation financière. Ce serait une insulte à la souffrance, une trahison de l’histoire et une négation de la dignité humaine.
Je le dis avec gravité : ceux qui, aujourd’hui, cautionnent ce règlement sans exigence de vérité, sans reconnaissance réelle des crimes, sans justice pour nos morts, trahissent non seulement notre cause, mais aussi leur propre conscience.
Moi, Mamadou Baidy Gaye, je refuse de pardonner cette trahison. Je ne pardonnerai jamais que la vie de nos disparus soit soldée par de l’argent. Je ne pardonnerai jamais que leurs sacrifices soient effacés sans justice ni mémoire.
Nos morts ne sont pas des chiffres sur un chèque. Ils sont des visages, des voix, des vies arrachées. Ils méritent la vérité, la justice, et la reconnaissance nationale et internationale.
Il est encore temps d’agir avec honneur. Mais si le silence et l’oubli deviennent la norme, alors n’attendez plus rien de ceux qui, comme moi, ont décidé de ne pas se taire.
Mamadou Baidy Gaye Victime des événements de 1989 le 19 /10/2025
Ce samedi 18 octobre 2025, en région parisienne, le député mauritanien M. Biram Dah Abeid a aminé un point de presse dont la thématique phare est « PHÉNOMÈNE DE LA CORRUPTION, GABEGIE ET BLANCHIMENT EN MAURITANIE ». Au menu, il est revenu largement sur le dernier Rapport de la Cour des comptes. En saluant le travail de fond mené à propos du rapport tout en précisant que c’était fait pour la consommation extérieure (les partenaires financiers du pays). Ainsi il déclare que le régime actuel ne pourrait pas combattre sérieusement un système transversal de corruption endémique qui dilapide les deniers publics. À nos 2 questions portées sur 1 – le rôle du parlement sur les gros manquements révélés dans le rapport et 2 – sur la gestation du dialogue national, il assure que l’assemblée nationale se doit de mener une résistance pour clarifier et suivre cette affaire et qu’à propos du dialogue, il le raille en disant que son dialogue à lui concerne désormais les 450 milliars de manquement épinglés dans le rapport.
Ci-après le texte intégral de sa communication à l’attention de l’opinion publique nationale et internationale :
● Conférence de presse du président et député Mauritanien Biram Dah Abeid :
PHÉNOMÈNE DE LA CORRUPTION, GABEGIE ET BLANCHIMENT EN MAURITANIE Paris, France.
I. PROPOS INTRODUCTIFS
– La Mauritanie est un pays menacé par plusieurs périls – intérieur et extérieur – néanmoins la corruption et la gestion dysfonctionnelle demeurent le principal danger qui mine et hypothèque l’existence de cet Etat Sahelien, comme entité susceptible de prétendre à la souveraineté. Les deux facettes de la faillite de la gouvernance constituent le principal facteur d’instabilité et de désordre parce qu’ils alimentent la montée des frustrations et nourrissent, ainsi, le feu de la discorde. Leur potentiel de dévastation de la vie des gens explique la pauvreté dans laquelle la majorité des Mauritaniens survivent. A terme proche, le contexte présent conduit à la déliquescence d’un Etat déjà gangrené par le népotisme et le clientélisme. – Certes, le constat ne date pas d’aujourd’hui. Il s’enracine dans la décennie du Président Mohamed ould Abdel Aziz dont son successeur et ami assurait la cogestion solidaire. Les mêmes pratiques de brigandage ont prospéré sous le pouvoir prédateur du moment, avec la multiplication des marchés de gré-à-gré, le trafic d’influence, les surfacturations et le maintien de présumés corrompus à de hauts postes de responsabilité. Les prétendants à moraliser la conduite des affaires publiques sont les mêmes co-auteurs de la banqueroute en cours. Aussi, nul d’entre eux n’a été, jusque-là, démis de ses fonctions, encore moins condamné ou détenu en vertu des griefs précités. Ils se soutiennent, par réflexe professionnel et esprit de corps. La corporation des trafiquants est, à la fois, juge et partie de son destin. Le droit ne l’atteint.
– Les quelques fonctionnaires épinglés par les rapports de l’Inspection générale de l’Etat (Ige) ou de la Cour des comptes (Cc), au motif de détournement, n’ont jamais été inquiétés. La plupart, passée une brève période d’éviction de façade, se retrouvent, recyclés, en somme nommés à de grandes fonctions. Certains ont bénéficié d’aménagement de remboursement progressif, d’une petite partie du montant dû à la collectivité. D’autres sont maintenus à leurs postes, voire parachutés à des charges parfois plus élevées, au niveau protocolaire. La prime à l’impunité est ainsi démontrée. Elle comporte, de facto, un encouragement à continuer de sévir, impunément. L’ensemble du système, à très peu d’exception, tire sa reproduction quotidienne, de tours de passe-passe, à caractère rotatif, où les clans et les tribus se répartissent, chacun son tour, le bénéfice de la prédation.
– Parmi les citoyens naïfs ou de bonne foi, nombreux, au gré des changements à la tête de l’Etat, forment le vœu, d’un arrêt – du moins une trêve- dans le du cycle blanchiment. Alors, ils se mettent à renouveler leur abonnement mécanique à l’espérance d’un lendemain meilleur. Or, le démantèlement attendu n’arrive jamais. Ceux qui escomptent l’activation d’un dispositif de veille et de mécanismes de répression et de dissuasion, par la sanction, la récompense et la diligence de leur mise en œuvre, déchantent, toujours. Le train des nominations de personnes liées à des lobbys confirme la permanence d’une règle cardinale : En Mauritanie, la rectitude morale n’est pas un critère qui entre en ligne de compte au choix des dirigeants. La propension à redistribuer le bien mal acquis recèle, en revanche, un atout recherché. On l’aura compris, pour sa propre pérennité et la satisfaction de son assise clientéliste, le régime des militaires en civil a besoin de protéger et de renouveler les circuits de la corruption. Il s’agit d’une nécessité vitale.
– L’enrichissement spectaculaire et sans cause d’agents de l’Etat se vérifie au travers de leurs acquisitions immobilières au Maroc, à Dubai, en Espagne et Turquie. Comme s’ils pressentaient l’effondrement sans préavis de leur fabrique de faveurs, ils s’emploient, avec une frénésie empreinte de discrétion, à planquer le butin, loin, sous les latitudes de la complaisance financière. Nous sommes l’un des rares pays au monde où des fonctionnaires rivalisent de fortune avec les hommes d’affaires. Nombreux de ces derniers, convient-il de le souligner, doivent leur prospérité, à l’essor d’un capital privé national dont l’origine politico-administrative remonte aux débuts du régime des prétoriens, entre 1986 et 2005. Il suffit, pour s’en convaincre, de se souvenir du charcutage des banques publiques, des fonds de développement et des sociétés d’Etat, à l’avantage exclusif d’une coterie de capitaines d’industrie recrutés à l’intérieur du même groupe ethnique. Par l’effet d’une corrélation facilement démontrable, l’appauvrissement de la masse en résulte.
II. QUELQUES EXEMPLES DE GRANDE CORRUPTION
– 1. ADDAX : Les contrats d’approvisionnement en produits pétroliers avec ADDAX qui bénéficie d’un monopole exclusif est plus que suspect. Les appels d’offres dans ce domaine auraient dû être conclus pour plusieurs années, afin de bénéficier de conditions optimales, au lieu d’être sur une base annuelle, ce qui ouvre la voie à des rétrocommissions. En tout cas, ils ont porté un grave préjudice à l’Etat, se traduisant par un manque à gagner important pour l’État et les entreprises publiques, telles que la SNIM et la SOMELEC. Celles-ci ont subi des dégâts significatifs en raison de la mauvaise qualité des hydrocarbures fournies et dû, entre autres, renoncer à des pénalités importantes pour violation par le fournisseur de ses obligations contractuelles. Par ailleurs, les intermédiaires empêchent le pays de se doter d’une capacité de stockage des hydrocarbures, indispensables pour approvisionner le marché et éviter de subir les aléas des prix. Le manque à gagner pour le pays peut atteindre 200 millions de dollars par an alors que construire des capacités de stockage coûterait entre 130 et 160 millions de dollars. Cet acte est en soi une trahison. S’y ajoute une augmentation exponentielle des commissions versées aux intermédiaires, désormais sur une base annuelle. – Plus grave encore, l’appel d’offre préparé par l’ancien ministre Abdesselam Ould Mohamed Saleh pour doter le pays de capacité de stockage partiel financé a été confié à ADDAX malgré qu’elle s’y connait dans le domaine de la construction des réserves d’hydrocarbures. Comme le chantier est en retard, il a été décidé de reconduire le contrat d’approvisionnement avec ADDAX sous forme de gré à gré, coûtant au pays 200 millions de dollars de pertes sèches. – Toutes les sociétés de trading dans le monde soumissionnent dans les appels d’offre, même dans les pays enclavés qui n’ont pas de ports, comme le Mali, à l’exception de la Mauritanie, à cause de l’absence de capacité de stockage, mais aussi de la certitude de l’absence de transparence et qu’inéluctablement le marché sera attribué à ADDAX. En effet, ce monopole de fait d’ADDAX est encouragé par les facilités obtenues par ADDAX grâce à ses réseaux au cœur du pouvoir
2. Le port de Ndjago : la convention de financement est-elle légale puisqu’ elle n’a pas été ratifiée par le parlement ? Elle est signée par l’actuel PM et l’actuel président. Le port n’est toujours pas opérationnel et coûte beaucoup d’argent à la Mauritanie.
3. Le secteur des Mines : le code minier et les procédures ne sont plus respectés. Les investisseurs sont contraints de ne travailler qu’avec des personnes proches du pouvoir, sinon ils sont bloqués. Le cadastre minier (réalisé par Isshagh Ould Rajel) qui était une référence en Afrique est aujourd’hui complètement délabré et on y enregistre que les entreprises proches du pouvoir.
4. Le secteur de la pêche : Des armateurs turcs en connivence avec certains milieux proches du pouvoir pillent les ressources du pays en toute impunité, allant même jusqu’à pêcher dans les zones interdites de reproduction des espèces maritimes.
III. APPEL POUR SAUVER LE PAYS
Je lance en appel à mes collègues députés, s’ils sont animés de la volonté de se mobiliser pour imposer la lutte contre la corruption en principal sujet de leurs interventions. Il y va de l’avenir existentiel de la Mauritanie. Nous devons exiger le mandat perpétuel d’une commission d’enquête parlementaire, sur l’attribution des marchés publics, depuis la fausse alternance de 2019. Nous interpelle, avec autant d’insistance, cette myriade de banques, créées sans préavis rationnel. Il nous revient de réclamer, des partenaires extérieurs, davantage d’attention à leur éventuel arrimage aux réseaux de la criminalité mondiale. La suspicion légitime d’ententes illicite et de délit d’initié vise, également, les entreprises sans expertise ni expérience qui parviennent à rafler les appels d’offre, au détriment d’honnêtes entrepreneurs.
J’invite les média d’investigation, journalistes, lanceurs d’alerte et blogueurs à mener des enquêtes sérieuses – quoique difficiles à réaliser compte tenu du caractère secret de la corruption – aux fins de détecter puis de dévoiler les cas d’impéritie, les affaires suspectes et le blanchiment d’argent sale.
Je demande, aux organisations de la société civile, de se tourner, sans complexe ni faux scrupule de patriotisme, vers les cabinets internationaux de veille contre le crime en col blanc, afin d’attirer leur attention sur l’ampleur du pillage multidimensionnel que la Mauritanie abrite. Il n’est pas seulement question de l’orpaillage ou de la pêche mais de l’entretien d’une caste d’incompétents et de paresseux au sein de la haute administration, en vue d’y perpétuer la logique des privilèges indus. L’importance et l’urgence de la démarche procèdent du lien causal entre mauvaise gouvernance, dégradation des services universels de base, désertification, difficulté d’accès à une alimentation décente, délitement de l’éducation et des structures de santé, mortalité infantile, émigration massive et hausse de l’insécurité dans les villes. Oui, la corruption tue. En Mauritanie, elle tue la majorité à petit feu tandis qu’elle engraisse la minorité des parvenus.
Taux de Mortalité infantile, maternelle, très élevé, par rapport aux budgets énormes ; indicateurs onusiens Relations entre la corruption et le développement : tous les problèmes du pays ont à leurs bases la corruption : il faut que citoyen le sache
Ici avec 2 oncles et partenaires dans la militance droit-de-l’hommiste et anti-féodalo-esclavagiste au sein du mouvement abolitionniste GanbanaaxuFedde. Il s’agit de messieurs AbdoulayeTraoré (au centre) et Ibrahima Cissokho originaires respectivement de Testayé et de Coumbadaw (dans le Guidimagha mauritanien). Ils furent parmi les personnalités pionnières qui mirent en place les bases et les premières activités d’éveil abolitionniste de l’association Armepes-France Ganbanaaxu dans les années 2010. Pour rappel, l’association Armepes-France a été à l’initiative de la création du forum whatsapp Ganbanaaxu Fedde en date du 5 octobre 2016 notamment par son secrétaire général à l’époque M. GayeTene Traoré. Je n’avais pas eu la chance d’assister à la première conférence de l’association animée en 2011 par l’enseignant et cheikh Abdoulaye Traoré à Paris, j’étais à celle de 2013 à Aubervilliers. Et, il s’est distingué toujours par un engagement constant de haute facture contre les coutumes féodalo-esclavagistes et autres pratiques et mentalités surannées qui minent foncièrement l’ensemble communautaire soninké. Ce 11 octobre 2025, il a été invité comme conférencier principal par la section Ganbanaaxu Lyon et à l’occasion, lui et ses co-intervenants ont brillamment animé cet événement de sensibilisation à l’endroit de la communauté militante et de soninkara dans son ensemble. Le vivre-ensemble communautaire passe par une égale Dignité d’essence Humaine et une sereine culture citoyenne dans le temps et dans l’espace.
Ainsi, je tiens à leur rendre Hommage à travers ces courtes lignes qui ne sauraient englober la vaillante substance de leur militantisme humaniste. Le Temps-mémoire retiendra qu’ils ont opté pour la VOI(E)X AUDACIEUSE de l’éveil et de la dignité. Et en disant Niet au fatalisme social..!
En Mauritanie, la question haratine demeure un non-dit structurant de l’ordre social et politique, une faille béante dans l’édifice de la citoyenneté et de la cohésion nationale. Depuis l’abolition officielle de l’esclavage, les Haratines sont théoriquement libres et intégrés dans le corps politique de la nation. Pourtant, derrière cette reconnaissance de façade, subsistent des pratiques, des mentalités et des structures qui prolongent de manière insidieuse l’ancien ordre esclavagiste. La dépendance sociale, la sujétion économique, l’aliénation symbolique et la confiscation politique demeurent des réalités vécues au quotidien.
C’est dans ce contexte que se pose aujourd’hui, avec une acuité nouvelle, la nécessité d’une clarification politique majeure : celle de l’autonomie politique, consciente, assumée et stratégique des Haratines vis-à-vis de l’ordre établi par l’héritage néo-esclavagiste. Cette autonomie ne relève ni du repli communautaire, ni de la rupture avec l’idéal d’unité nationale, mais d’un impératif historique et moral visant à restaurer une dignité collective confisquée. Elle est une condition essentielle pour construire une société réellement inclusive, juste et stable.
L’objectif de ce document est de démontrer que cette autonomie politique assumée – est non seulement légitime, mais indispensable. Elle s’impose face à la permanence des conformismes issus de l’ordre esclavagiste, qui enferment les Haratines dans une logique d’exploitation, de dépendance et d’instrumentalisation à tous les niveaux. Par ailleurs, dans un monde en pleine mutation, où les sociétés se redéfinissent à l’aune de la mondialisation, des revendications identitaires et des exigences de justice, les Haratines eux-mêmes connaissent une transformation interne profonde. Une nouvelle génération, plus instruite, connectée, décomplexée, émerge avec des aspirations claires : être acteur de son destin, non plus objet d’un système qui parle en son nom sans la représenter. Ce mouvement intérieur impose de redéfinir la place politique des Haratines au sein de la nation. Dans ce moment charnière, alors que la Mauritanie est confrontée à de multiples tensions sociales et identitaires, la clarification du statut politique des Haratines devient un enjeu national. Loin de constituer un facteur de division, elle doit être positivée en un levier de refondation démocratique, de stabilisation sociale et d’équilibre stratégique.
Ce document développe cette thèse en quatre parties. Il revient d’abord sur l’héritage néo-esclavagiste et ses effets persistants, aborde la dimension identitaire et citoyenne de cette autonomisation, explore les fondements de l’autonomie politique comme impératif, et en conlusion, démystifier la levée de boucliers visant à dénaturer les objectifs et la portée de cette dynamique.
II Héritages pesants — la continuité du néo-esclavagisme
L’abolition formelle de l’esclavage en Mauritanie, proclamée à plusieurs reprises depuis 1981, puis criminalisée en 2007, n’a pas suffi à déraciner les structures profondes de la domination héritée. Si l’esclavage comme système juridique n’a plus cours, ses formes sociales, culturelles et politiques persistent sous des aspects plus diffus, mais tout aussi oppressants. Cette survivance prend la forme d’un néo-esclavagisme, un ordre invisible mais agissant, qui continue à modeler les rapports entre les Haratines et les anciens groupes maîtres et les systèmes politiques tout aussi imbus de la mentalité esclavagiste.
Cette réalité se manifeste d’abord par une proximité sociale non remise en question : nombre de Haratines continuent de vivre dans une forme de dépendance symbolique ou matérielle vis-à-vis des descendants de leurs anciens maîtres. Cette proximité, souvent travestie en “solidarité traditionnelle” ou en “lien communautaire”, n’est en vérité qu’une reconduction des hiérarchies sociales anciennes. Elle maintient les Haratines dans un statut informel de subalternité, limitant leur capacité à se projeter comme sujets politiques autonomes.
À cela s’ajoute une instrumentalisation politique systémique. Les Haratines sont souvent mobilisés comme réservoirs électoraux, encadrés par des notables issus de l’ordre ancien, utilisés pour renforcer des équilibres de pouvoir qui les excluent de toute participation réelle. Cette stratégie d’encadrement repose sur une double logique : d’un côté, la culpabilisation des velléités d’autonomie, perçues comme ingratitude ou division ; de l’autre, la cooptation de figures haratines dociles, chargées de légitimer le statu quo en prétendant parler au nom de tous.
Sur le plan culturel et identitaire, le paternalisme post-esclavagiste continue de dominer les représentations. L’identité haratine est niée, diluée ou ramenée à une simple “composante” subordonnée d’une culture dominante qui ne laisse aucune place à une parole propre, à une mémoire reconnue, à une histoire assumée. Les tentatives de structuration culturelle autonome sont fréquemment disqualifiées comme communautaristes ou subversives.
Enfin, ce néo-esclavagisme se traduit par une précarité socio-économique structurelle. L’accès à l’éducation, à l’emploi, à la terre, aux fonctions publiques reste marqué par des barrières systémiques qui perpétuent l’exclusion des Haratines. L’indigence économique, souvent naturalisée, est en réalité le fruit d’un empêchement politique : l’autonomisation économique réelle est bloquée par le refus de reconnaître aux Haratines une pleine citoyenneté active et équitable.
Ces différents mécanismes convergent vers une seule conclusion : le passé ne passe pas. L’ordre esclavagiste, loin d’avoir été aboli dans les faits, s’est transformé en un système de domination plus subtil, plus difficile à identifier, mais tout aussi efficace. Il constitue un frein fondamental à la dignité et à l’autodétermination des Haratines
En somme, la fracture sociale qui traverse aujourd’hui la Mauritanie — profonde, clivante et structurellement accablante — condense l’ensemble des privations subies, des discriminations systémiques, de la paupérisation organisée, de l’indifférence institutionnelle et des logiques de domination persistantes. Elle témoigne, de manière éclatante, que si une identité commune s’est construite autour du passif esclavagiste, c’est au prix du sacrifice des Haratines, et souvent par une instrumentalisation politique de leur condition. Dès lors, il devient impératif pour ces derniers de se libérer de ce carcan identitaire imposé, pour reconquérir une subjectivité politique propre, affranchie des assignations héritées. C’est ce que propose le concept d’autonomie politique, non pas comme une rupture avec la nation, mais comme un repositionnement lucide des Haratines dans l’espace national.
III Identité haratine et citoyenneté : vers une intégration réelle
La question de l’identité haratine — ou, plus précisément, celle de leur volonté d’autonomie politique — soulève une controverse aussi vive que révélatrice de son enjeu stratégique dans l’équilibre des composantes nationales. L’irruption de cette nouvelle dynamique sur la scène politique nationale, et la sensibilité des réactions qu’elle suscite, semblent à la fois surprendre et inquiéter, tant cette perspective était jusqu’ici inconcevable. Et pour cause : l’édifice national mauritanien s’est historiquement construit sur une assimilation implicite de l’héritage esclavagiste, érigé en norme sociale, politique et identitaire.
Ce conformisme néo-esclavagiste, longtemps tenu pour acquis, se voit aujourd’hui ébranlé par l’éveil progressif de la conscience collective haratine. Une conscience qui, fidèle à la logique même de sa trajectoire de libération, appelle désormais à un parachèvement de l’émancipation : par l’affirmation d’une autonomie politique, par la reconnaissance d’une identité propre, et par une refondation des rapports au sein de la nation. L’identité haratine ne constitue ni une revendication identitaire figée, ni une fin en soi. Elle n’est pas une identité « prête à porter », comme certains le caricaturent pour en faire un facteur de blocage. Elle n’est pas davantage le fondement premier de la volonté de d’autonomie politique ; elle doit en être plutôt, l’aboutissement naturel, l’expression ultime d’un long processus de lutte pour la dignité, l’égalité et la souveraineté.
Loin de signifier un rejet des langues ou des cultures acquises au fil de l’histoire – souvent imposées par la violence de l’esclavage – cette identité vise à les réinterpréter à travers le prisme de la libération. Elle signifie le refus de continuer à assumer un héritage culturel dans les conditions de la servitude ; elle affirme au contraire la volonté de ne l’habiter qu’en homme libre, dans une posture d’autonomie et de réappropriation.
Cette identité se construit autour de repères nouveaux : une lecture spécifique de l’histoire, une mémoire collective longtemps refoulée, une revalorisation du patrimoine linguistique et culturel, et surtout une vision souveraine et consciente de la Mauritanie, portée par une volonté d’inclusion équitable. Car les Haratines ne sont ni Arabes comme l’autre composante hassanophone, ni négro-mauritaniens selon les constructions classiques de l’identité ethnique, malgré une proximité de couleur. Leur histoire ne s’inscrit pas dans la fierté de lignées impériales, royales, féodales ou aristocratiques, mais dans la douleur d’une mémoire servile, qui les distingue profondément de tous les autres groupes. Dès lors, leur singularité ne peut être niée : s’identifier, c’est nécessairement se différencier. Aussi, même si cette identité haratine échappe encore aux classifications formelles de l’anthropologie ou de l’ethnologie, elle existe de fait : à l’image de leur haratinité de fait, de leur arabité de fait, de leur statut de fait, de la fracture sociale qui les clive. En somme, elle existe de fait par leur singularité, leur spécificité en tout. Elle existe comme réalité vécue, comme conscience émergente, comme volonté de se définir librement. C’est cette affirmation identitaire, non excluante mais fondatrice, qui constitue l’un des piliers de leur citoyenneté en devenir. Reconnaître et valoriser cette identité ne signifie pas s’enfermer dans un particularisme excluant, mais au contraire enrichir le tissu national par une diversité assumée. La singularité haratine devient ainsi un vecteur d’intégration dans la mesure où elle permet de dépasser les logiques d’assimilation forcée ou d’effacement culturel. Cette double dynamique — identité affirmée et citoyenneté active — est la clé pour dépasser les fractures et construire une société plus juste et inclusive. Elle suppose un cadre politique qui reconnaisse et garantisse les droits collectifs et individuels, ainsi qu’une participation effective à la vie nationale. Dans ce cadre, l’autonomie politique des Haratines, loin d’être un facteur de division, devient un levier puissant de cohésion nationale, garantissant la pérennité et la stabilité de la Mauritanie.
IV L’autonomie politique comme impératif
Dans le contexte complexe de la société mauritanienne, l’autonomie politique des Haratines ne peut plus être perçue comme une option secondaire ou un simple enjeu communautaire. Elle s’impose aujourd’hui comme un impératif historique, moral et stratégique pour briser définitivement les chaînes invisibles du néo-esclavagisme et restaurer la dignité collective. Mais que recouvre précisément cette autonomie politique, et pourquoi est-elle indispensable ? L’autonomie politique des Haratines peut se définir comme l’expression de l’évolution de leur combat pour faire face à deux impératifs cruciaux que connaît leur communauté : 1– L’impératif d’une nouvelle étape stratégique de leur lutte historique qui s’annonce comme un ressaisissement conscient et assumé de ce combat, porté par la volonté de se constituer autour d’un vécu à la fois commun et singulier, enraciné dans leur propre expérience historique, leur mémoire collective et leurs aspirations spécifiques — dans le but de reprendre en main leur destin. Elle exprime un impératif de rupture, pleinement justifié et légitimé par les leçons de notre courte histoire politique : l’invisibilité des Haratines lors de la fondation de l’État mauritanien, l’occultation de la question de l’esclavage durant les premières décennies de l’indépendance, leur instrumentalisation systémique à travers l’ère démocratique, puis le désespoir et la désillusion face à la consécration d’un néo-esclavage, nourri par les dérives discriminatoires qui minent le pays aujourd’hui. C’est donc, une affirmation positive pour la conquête d’un espace politique propre, qui permet aux Haratines de sortir du rôle passif et assigné qu’on leur impose depuis toujours L’autonomie politique se définit dès lors comme la capacité des Haratines en tant que tels en pleine conscience, à organiser, représenter et décider eux-mêmes de leurs intérêts, de leurs stratégies et de leur avenir collectif, sans dépendre d’aucune tutelle politique ou sociale dictée par le conformisme néo-esclavagiste. 2– La nécessité d’une approche plus politique, plus rationnelle, plus ambitieuse, repondant aux aspirations émergentes d’une nouvelle conscience haratine, portée par une jeunesse de plus en plus réfractaire aux conformismes néo-esclavagistes. Une approche qui incarne aujourd’hui une quête de repères sociaux clairs, de reconnaissance institutionnelle, de visibilité politique, et d’affirmation constitutionnelle. Cette dynamique affirme une singularité socio-économique des Haratines, désormais incontournable, qui s’impose comme un défi existentiel majeur pour la société tout entière. En effet, il est manifeste qu’aujourd’hui, une transformation profonde s’opère au sein de la communauté haratine. Cette évolution, alimentée par plusieurs facteurs convergents, engendre une prise de conscience collective sans précédent et nourrit un désir légitime d’autonomie et de dignité politique.
L’un des moteurs essentiels de ce changement est la jeunesse haratine. Mieux éduquée, plus connectée au monde extérieur, cette génération refuse l’aliénation héritée et les conditionnements anciens. Elle s’insurge contre les injustices répétées, la discrimination, et les barrières invisibles qui continuent de brider son épanouissement. Plus que jamais, elle revendique une place pleine et entière dans la société mauritanienne, non pas comme un supplément d’âme subordonné, mais comme un acteur politique à part entière.
Cette jeunesse est aussi porteuse d’une culture de contestation pacifique et d’une aspiration à des formes de participation politique nouvelles, plus inclusives et égalitaires. Elle utilise les outils modernes – réseaux sociaux, associations, mobilisations citoyennes – pour faire entendre sa voix, sensibiliser l’opinion, et bâtir des solidarités transversales. Parallèlement, une prise de conscience historique s’affirme. Les Haratines revendiquent leur histoire propre, loin du regard paternaliste ou dévalorisant. Cette reconnaissance du passé, avec ses blessures mais aussi ses résistances, permet de forger une identité collective renouvelée, source de fierté et de cohésion. Cette autonomie dépasse la simple revendication d’émancipation, qui évoque une libération encore inachevée et souvent subie. Elle implique, en amont, une refondation profonde de l’État mauritanien, condition sine qua non à toute transformation structurelle durable. En effet, il serait déraisonnable d’espérer voir émerger une véritable autonomie politique dans le cadre figé du système politique actuel, dominé par des logiques de reproduction des hiérarchies sociales, de clientélisme et d’exclusion. La Mauritanie a plus que jamais besoin de renouveler son contrat social, et cela passe nécessairement par l’élaboration d’une nouvelle constitution, inclusive, conséquente, réaliste, prévoyante et authentique.
Cette constitution doit reconnaître la composante haratine comme un pilier à part entière de la nation, en lui garantissant une inclusion politique et institutionnelle claire, afin de les sortir de l’invisibilité historique dans laquelle ils ont été confinés. Elle devra également inscrire explicitement leurs droits à la réparation, à la réhabilitation, à l’émancipation et à l’insertion, comme principes constitutionnels fondamentaux.
L’esprit d’une telle constitution ne doit pas se limiter à rétablir des équilibres juridiques : il doit porter une vocation réparatrice, mémorielle et émancipatrice. Il s’agit d’assumer collectivement le passé, de regretter institutionnellement l’héritage esclavagiste, et de libérer la conscience collective nationale des séquelles morales, culturelles et politiques de ce passé accablant. Car la société mauritanienne dans son ensemble ne saurait dépasser ses tares, ses anachronismes et ses dérives politiques contemporaines tant que le conformisme néo-esclavagiste continue de servir de socle à des mentalités rétrogrades. Suprémacisme, féodalité, népotisme et incivisme de tout genre forment un système de reproduction des inégalités, consolidé par l’absence de rupture politique réelle.
Or, il n’existe pas de levier plus puissant pour déstructurer cet héritage tenace et empêcher sa pérennisation que l’autonomie politique assumée des Haratines. En ce sens, l’autonomie politique ne constitue pas une menace pour l’unité nationale : elle en est, au contraire, une condition de possibilité. Elle doit être comprise comme une transition historique nécessaire vers une citoyenneté effective, non seulement pour les Haratines, mais pour l’ensemble du peuple mauritanien — car en libérant une partie importante de la nation de ses entraves, c’est la nation toute entière qui s’élève vers une forme plus accomplie d’elle-même. Elle a, objectivement, vocation à constituer le socle indispensable d’un avenir partagé — affranchi des hiérarchies héritées — et apte à projeter la Mauritanie vers une modernité inclusive, équitable et souveraine. Pourtant, l’autonomie politique émergente des Haratines, loin de susciter l’adhésion, semble paradoxalement faire l’objet d’une diabolisation persistante, y compris de la part de ceux-là mêmes qui se réclament du progressisme. Un progressisme de rebours, incapable de saisir dans cette dynamique une opportunité historique de relancer la lutte pour la refondation du système et la transformation de l’ordre social établi. Cette levée de boucliers, contre nature et éminemment politicienne, mérite d’être exposée, questionnée, et fermement démystifiée.
V – Une levée de boucliers injustifiée et lâche.
Les Haratines n’ont ni vocation, ni désir de s’identifier à un passé esclavagiste qui les a déshumanisés. Ce passé ne les honore pas. La haratinité qu’ils revendiquent aujourd’hui n’est pas un étendard communautariste, mais le cri d’une douleur sociale persistante. Elle exprime l’abandon, la relégation, l’absence d’horizon — en somme, une détresse. S’ils s’y raccrochent, c’est par un réflexe de solidarité, profondément humain, face à une adversité commune. Il faudrait les plaindre, les comprendre, les soutenir — non les accabler.
Ceux qui les accusent de diviser sont souvent les gardiens d’un ordre injuste. Ils appartiennent, pour beaucoup, à deux catégories : — des conservateurs, des chavins, des suppremacistes irréductibles, des renégats de tous bords, qui s’accommodent très bien du système d’exclusion et de hiérarchie sociale hérité du passé ; — ou des « progressistes de rebours », qui, à court de crédit politique et de popularité, préfèrent s’attaquer à plus vulnérables qu’eux pour plaire au pouvoir, espérant ainsi en tirer quelques miettes de survie politique. Plutôt que d’affronter un pouvoir contesté jusqu’en son propre sein, ils choisissent la voie la plus facile : s’en prendre à ceux qui réclament dignité et justice.
On accuse également ces activistes de tenir des discours de haine. Il est vrai que l’on ne peut que regretter des propos vulgaires et excessifs qui apparaissent de temps en temps dans les réseaux sociaux. Cela doit être reconnu et corrigé. Mais il ne s’agit là que de mots — quand nombre de leurs détracteurs, eux, ont pris les armes, ont pactisé avec des puissances étrangères, ont participé à des conflits armés, avant de se redécouvrir aujourd’hui des vertus de « civisme » et d’« unité nationale ». Quelle hypocrisie. L’histoire politique du pays témoigne du pacifisme des mouvements politiques haratines quel que soit leur discours. Ce pacifisme est d’ailleurs une séquelle de l’esclavage enraciné par la résilience esclavagiste. Enfin, on les traite d’opportunistes, qui exploiteraient la souffrance des leurs pour gravir les échelons. Mais dans un système profondément corrompu, discriminatoire et fondé sur le népotisme, qui peut prétendre à la pureté ? Qui, dans ce champ politique verrouillé, ne cherche pas à survivre ? Ceux qui accusent oublient un peu vite que c’est ce système même qui oblige chacun à composer, à négocier, à parfois se compromettre. En réalité, le danger est ailleurs. Il réside dans ce système verrouillé, qui, d’une main de fer, condamne une partie de la population à subir, dans le silence et la passivité, les dérives d’une gouvernance chaotique, profondément discriminatoire, et totalement imperméable à toute alternative salutaire.
Il est temps d’avoir le courage de le dire, sans complaisance ni faux-semblants. Il est temps de dépasser les procès d’intention faits aux militants haratines, et de voir dans leur volonté d’autonomie non une menace, mais une opportunité : celle d’un sursaut politique, d’une refondation démocratique, inclusive et équitable. Faut-il encore rappeler que ni l’identité haratine, ni la haratinité, ni même la revendication d’une autonomie politique ne constituent en soi des idéaux politiques ? Ce ne sont ni des fins, ni des projets de rupture. Mais il est tout aussi évident qu’ils s’imposent aujourd’hui comme des déterminants essentiels dans la transition, désormais incontournable, vers une citoyenneté pleine et entière.
Tenter d’étouffer cette dynamique de conscience collective — portée notamment par une jeunesse haratine de plus en plus éveillée — serait une erreur grave. Car cette prise de conscience n’est pas un phénomène isolé : elle s’inscrit dans un mouvement mondial de réaffirmation des droits, des identités et des appartenances. Elle renforce ainsi la légitimité de la démarche haratine et la place au cœur des enjeux démocratiques de notre temps. C’est cette jeunesse éveillée, ce peuple en marche vers la justice et la reconnaissance, qui incarne le véritable levier d’une transformation politique durable. La Mauritanie se doit d’accompagner la dynamique des Haratines, non par condescendance, mais comme une condition essentielle à son propre avenir démocratique et à sa cohésion nationale.
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