● Le Grand Entretien du BLOG | Avec Dr SAO Ousmane (Mauritanie)

–Le Grand Entretien du BLOG accueille le mauritanien Dr SAO Ousmane. Acteur social et politique de la diaspora mauritanienne en France, monsieur SAO fait partie depuis quelques années du personnel présentant la Mauritanie à l’Unesco. Ci-après notre interview avec lui et nous le remercions pour la disponibilité manifestée. Bonne lecture.


● Question 1 : Bonjour monsieur SAO Ousmane, merci d’avoir accepté notre interview. Pouvez-vous vous présenter sommairement à nos lecteurs ? (Parcours scolaire, académique et professionnel)

SAO Ousmane : Merci de m’avoir invité dans votre site.
Je m’appelle Ousmane Sao, de nationalité mauritanienne, passionné depuis toujours par les questions liées à la terre, à l’histoire humaine et aux sociétés, j’ai orienté mon parcours autour de la recherche scientifique, de la préservation du patrimoine et du dialogue interculturel.
Titulaire de deux doctorats : le premier en géologie du Quaternaire, spécialisé en géologie de la préhistoire et en reconstitution des paléoenvironnements, mes travaux portent sur la compréhension des climats anciens et la valorisation du patrimoine culturel mauritanien (historique, géologique et environnemental.).
En parallèle, j’ai obtenu un second doctorat en sociologie politique et relations internationales, consacré à l’organisation sociopolitique, culturelle et juridique des populations mauritaniennes. Ces recherches croisent les sciences de la Terre et les sciences humaines, dans une approche pluridisciplinaire visant à relier environnement, société et culture.
Je suis également titulaire de deux masters recherche, en environnement marin et en anthropologie, ainsi que de plusieurs diplômes complémentaires en développement durable et coopération internationale.
Mon parcours universitaire a débuté à l’Université de Nouakchott, avant de se poursuivre en France, où j’ai développé mes projets de recherche et mes engagements associatifs.



Sur le plan associatif, je suis membre actif de l’association Fedde Hirnangue Bossoya en France, qui regroupe plusieurs villages autour de Kaédi et agit pour le développement local, la solidarité, la promotion de l’éducation et la préservation culturelle.
Je participe également à d’autres initiatives sociales, culturelles et humanitaires en Europe et en Afrique, visant à renforcer les liens entre la diaspora mauritanienne et son pays d’origine.
Aujourd’hui, j’ai l’honneur de présider le Cadre de Concertation et de Dialogue des Mauritaniens de la Diaspora (CCDMD), une structure qui œuvre pour la valorisation et la promotion de la culture mauritanienne en France et en Europe. Le CCDMD encourage le dialogue, la solidarité et la coopération entre les Mauritaniens établis à l’étranger, tout en promouvant une image positive et unie de la Mauritanie à travers le monde.

● Question 2 : vous avez été l’une des figures militantes dans la diaspora contre les conditions de l’enrôlement biométrique entamé dans les années 2010, pourriez-vous revenir brièvement sur cette expérience et un mot sur la situation socio-politique actuelle de notre pays ?

OS : Je continue toujours à jouer mon rôle de membre actif de la diaspora mauritanienne.
Pour répondre exactement à votre question, en effet j’ai été l’une des figures militantes de la diaspora mauritanienne dans les années 2010 contre les conditions de l’enrôlement biométrique mis en place à cette époque. À cette époque-là, les conditions exigées des mauritaniens résidants en France et en Europe me semblaient inappropriées. En effet, la commission en charge de l’enrôlement exigeait que le candidat citoyen soit en possession d’une carte de séjour délivrée par les autorités françaises. Or, nous estimons qu’un citoyen muni d’un passeport, d’une pièce d’identité ou même d’une copie intégrale valablement établie par les autorités mauritaniennes compétentes devrait pouvoir se faire recenser, d’autant plus que cette procédure se déroule à l’intérieur de l’ambassade de Mauritanie qui représente une portion du territoire mauritanien.

J’étais profondément affecté par le fait de devoir présenter ma carte de séjour pour obtenir mes papiers mauritaniens en entrant dans notre propre ambassade, alors que c’est cette même carte de séjour qui attestait que j’étais un étranger en France. Je me sentais donc étranger… deux fois… Le patriote que je suis est mal à l’aise avec ça…j’étais touché dans mon orgueil…

Cet orgueil m’a accompagné jusqu’à dire ce que cette carte ne devrait être pas une condition pour se recenser car animé par l’amour profond que je porte à mon pays, à ses richesses culturelles et humaines.
Être Mauritanien est pour moi un engagement sincère envers ses valeurs et son avenir, une question d’honneur surtout quand on vit à l’extérieur. Cette fierté est restée ancrée en moi, malgré le temps, les épreuves et les obstacles …on garde espoir chevillé au corps, sinon à quoi bon ?

En ce qui concerne la situation sociopolitique du pays, la Mauritanie, pays charnière entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne, traverse actuellement une période de transition marquée à la fois par des avancées notables et par des défis persistants. Le pays bénéficie d’une stabilité politique relative, soutenue par une majorité parlementaire solide et une continuité institutionnelle qui favorisent la mise en œuvre de certaines réformes. Sur le plan économique et social, des efforts sont entrepris, notamment dans le domaine de la protection sociale, avec l’appui de partenaires internationaux.

Tout d’abord, la Mauritanie bénéficie d’une croissance économique soutenue, estimée à environ 5 % en 2024, portée par les secteurs miniers, halieutique et gazier. Cette croissance s’accompagne de réformes sociales, notamment dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la protection sociale, visant à améliorer les conditions de vie des populations vulnérables.
Cependant, ces progrès demeurent insuffisants face aux enjeux structurels qui freinent encore le développement national. La gouvernance reste perfectible, la participation citoyenne limitée et les inégalités socio-économiques importantes. L’économie, trop dépendante des ressources extractives, peine à se diversifier durablement, tandis que le chômage des jeunes et les disparités régionales continuent de peser sur la cohésion sociale. Par ailleurs, la question de la justice sociale nécessite un engagement plus ferme pour consolider l’État de droit et renforcer la confiance entre les institutions et la population.
Sur le plan politique, le pays reste stable comparé à ses voisins du Sahel, et les institutions démocratiques continuent de fonctionner et des initiatives de dialogue ont été lancées pour renforcer la cohésion nationale. De plus, la modernisation de certains secteurs, comme le numérique, montre une volonté d’adaptation aux enjeux contemporains.
Cependant, derrière ces progrès, la Mauritanie reste confrontée à quelques problèmes socio-politiques. Les inégalités sociales et économiques restent à améliorer. L’accès inégal aux services de base (santé, éducation, emploi) renforce un sentiment d’exclusion, notamment chez les jeunes et dans les zones rurales ou périphériques et il faut apporter des solutions structurelles à cela pour le bien-être de tous.

En somme, la Mauritanie se trouve à un carrefour : entre progrès réels et fragilités persistantes. Si la stabilité politique et les efforts économiques sont à saluer, il reste indispensable d’approfondir les réformes. Ce n’est qu’en plaçant l’humain, dans toute sa diversité, au cœur des politiques publiques que la Mauritanie pourra construire un avenir équitable, prospère et durable pour tous ses citoyens. Ainsi, si la Mauritanie avance sur la voie de la stabilité et des réformes, elle doit encore transformer cette stabilité en un développement inclusif, équitable et durable, fondé sur la transparence, la bonne gouvernance et la participation de tous les citoyens.

Question 3 : Vous avez apporté votre soutien au candidat Ghazouani lors des élections présidentielles de 2019 et 2024. Pourquoi ce choix ?

SO : Oui effectivement, j’ai été et je suis encore un soutien du Président Mohamed Ould Cheikh Ghazouani durant les élections présidentielles de 2019 et 2024. Tout d’abord en 2019 je me suis moi-même rendu en Mauritanie, mon pays, pour soutenir le candidat Ghazouani. Pendant cette période électorale, j’ai intégré son équipe de campagne comme conseiller chargé de communication auprès du Directeur National de Campagne. Une mission que j’ai prise avec sérieux et honneur d’autant plus que j’ai pu rencontrer par la même occasion des hommes et des femmes d’état de valeurs investis-es pleinement pour la réussite du candidat et de son programme. En 2024, en France durant la campagne présidentielle j’ai intégré le Bureau Politique avec d’autres compatriotes.

Mon choix s’est basé sur plusieurs éléments.

D’abord, j’ai perçu chez lui une volonté sincère de stabilité, de continuité institutionnelle et d’ouverture au dialogue, dans un pays où la cohésion sociale reste un enjeu majeur. Son profil d’homme d’état ouvert, son expérience en matière de sécurité et sa posture apaisée ont également rassuré une partie importante de la population, y compris dans la diaspora.
Ensuite, son programme de campagne mettait en avant des priorités qui rejoignent mes propres engagements, notamment la promotion de la justice sociale, le développement régional, la valorisation du patrimoine culturel et la prise en compte de la diversité nationale.

Enfin, mon engagement n’était pas un soutien aveugle, mais une volonté d’accompagner, en tant que citoyen engagé et membre de la diaspora, une dynamique de réforme que je jugeais nécessaire pour la Mauritanie. Mon rôle aussi minime qu’il soit est aussi d’être une force de proposition, dans une posture constructive, mais vigilante…

● Question 4 : En tant que mauritanien et fier de l’être comme vous dites, pourquoi le gouvernement ne vous a pas sollicité pour servir dans l’un de vos domaines d’expertise ?


OS : C’est une très bonne question que vous me posez là, je vous rappelle que je ne suis pas le seul cadre à ne pas être sollicité par les responsables du gouvernement, par contre je suis disponible pour servir pleinement mon pays…je vous invite à poser cette question au gouvernement qui détient la réponse.

● Question 5 : Notre sous-région a connu divers bouleversements géopolitiques ces dernières années, par exemple la création de la fédération des États de l’AES (Burkina Faso, Mali et Niger), quelles analyses et prospectives faites-vous autour de ces réalités en termes de démocratie, de sécurité et de développement multidimensionnel ?

OS : La création de la fédération des États de l’AES en 2023., réunissant le Burkina Faso, le Mali et le Niger, répond aux multiples défis sécuritaires, politiques et économiques auxquels la sous-région sahélienne est confrontée. Pour les Etats de l’AES, cette initiative visait à mutualiser les efforts pour combattre l’insécurité grandissante liée aux groupes armés, tout en cherchant à stabiliser la gouvernance face aux crises politiques répétées. Toutefois, cette fédération soulève des interrogations sur l’état de la démocratie dans ces pays, marqués par des coups d’État et des fragilités institutionnelles.
Cette posture, que l’on peut qualifier d’isolationniste, se justifie également par le fait que ces trois pays sont dirigés par des juntes militaires en rupture avec la vision libérale de la CEDEAO et des partenaires occidentaux présents dans la région. L’échec des opérations militaires anti djihadistes occidentales dans la zone, ainsi que la hausse de la violence et de l’insécurité qui en suivirent, renforcent le sentiment anti-occidental de ces trois pays et accentuent leur rapprochement avec la Russie, qui envoie des mercenaires afin de sécuriser la région.
L’apparition de la Confédération des États du Sahel pourrait en conséquence bouleverser l’équilibre historique des influences dans la région en faveur des puissances émergentes. Alors que la Russie salue la création de l’AES en annonçant de coopérer économiquement et militairement avec elle, la CEDEAO craint pour sa part une « désintégration » induite par sa création. La crainte de désintégration émise par la Communauté économique repose sur son inquiétude de voir l’émergence d’une nouvelle division en son sein. En plus des divisions entre les pays anglophones et francophones, la CEDEAO est à risque de connaître un nouveau point de fracture entre les pays prorusses et anti-occidentaux et ceux tournés vers l’Occident. Cela pourrait en conséquence détourner certains États de la CEDEAO au profit de la CES. La CEDEAO est également affectée par une fragilisation de sa crédibilité sur la scène internationale, et ce, en raison de son incapacité à être parvenue à éviter cet éclatement interne. Elle était jusqu’alors la seule organisation sous-régionale reconnue internationalement comme étant en mesure d’intervenir rapidement et efficacement dans les enjeux de la région, et cette situation risque de mener à une perte de cette reconnaissance Selon certains, la création de cette organisation, de pair avec la récente expansion des BRICS le 1er janvier 2024, semble témoigner d’un déclin progressif de l’hégémonie occidentale dans le monde, au profit de l’affirmation des identités nationales et des particularités géographiques.
Le succès de cette union dépendra largement de la capacité des États membres à renforcer la gouvernance démocratique et à assurer la participation des populations. Par ailleurs, sur le plan économique et social, la fédération offre une opportunité de développement intégré, grâce à la mise en commun des ressources et la promotion de projets communs. Néanmoins, pour transformer ce projet en moteur durable de progrès, il est essentiel d’adopter une approche transparente, inclusive et adaptée aux défis environnementaux et sociaux de la région.
En résumé pour que la fédération des États de l’AES devienne un moteur durable de progrès, il faut garantir la transparence pour éviter la corruption, assurer l’inclusion de tous les groupes sociaux afin de préserver la paix et la cohésion, et prendre en compte les défis environnementaux et sociaux spécifiques à la région pour un développement réel et durable. Sans ces conditions, le projet risque d’échouer ou de ne pas répondre aux besoins des populations.
Quel message voulez-vous envoyer à nos compatriotes

Un message d’espoir et de vérité en même temps :
Aujourd’hui plus que jamais, notre pays a besoin de l’engagement, de la solidarité et de la détermination de chacun de ses enfants. Nous avons hérité d’une terre riche en sous-sol, en histoire, en culture et en potentiel humain, un héritage précieux que nous devons honorer, protéger et faire prospérer.
Face aux défis, nous devons opposer l’unité. Face aux incertitudes, nous devons avancer avec espoir. Et face aux injustices, nous devons répondre par la justice, la vérité et le travail. Aller de l’avant, c’est refuser le fatalisme. C’est croire que chaque mauritanien, quelle que soit son origine, sa langue ou sa condition, a une place égale et un rôle à jouer dans la construction de notre avenir commun.
Investissons dans l’éducation, soutenons nos jeunes, valorisons le travail de nos femmes et protégeons notre environnement. Refusons la division et semons les graines de la paix, de la transparence et du progrès durable.
L’exclusion, quelle que soit sa forme sociale, économique, ethnique ou politique est un poison silencieux. Elle affaiblit notre cohésion, elle freine notre développement, elle trahit nos valeurs profondes de justice et d’égalité. Il est temps de la rejeter fermement, non par la division, mais par la main tendue, par le dialogue, par l’écoute et la reconnaissance mutuelle.
La Mauritanie de demain se construit aujourd’hui ensemble, dans la dignité, la responsabilité et la confiance.
L’avenir de notre nation repose sur notre capacité à marcher ensemble, unis dans notre diversité, solidaires dans nos différences. Nous venons de différentes communautés, de différentes langues, de différentes traditions, mais nous partageons une même terre, une même histoire, une même religion, bref un même destin. Construisons une Mauritanie où chaque citoyen compte. Une Mauritanie où l’on ne juge pas un homme par son origine, mais par son engagement, son travail, sa dignité. Une Mauritanie où les droits sont les mêmes pour tous, et où les rêves de chacun peuvent devenir réalité. Le progrès ne peut venir que par l’unité. L’unité ne peut naître que du respect. Et le respect commence par reconnaître l’autre comme un frère, une sœur, un égal. Comme disait l’autre « Sans progrès, il n’y a pas de paix possible. Sans paix, il n’y a pas de progrès possible. »

Merci Dr SAO pour vos réponses.

OS : c’est moi qui vous remercie.

Le 11 novembre 2025

• Réalisé par KS pour le BLOG

● Mali Politique : Le cas « imam Dicko » dans l’équation politico-sécuritaire

Mali | l’imam malien Mahmoud Dicko en exil forcé en Algérie depuis quelques années porte-t-il en sa figure politique et symbolique une sorte de Khomeini sahélien à venir ?



Sur le terrain vif, l’équipe militaire au pouvoir à Bamako fait face à un groupe dit jihadiste (Jnim) de plus en plus politisé et entreprenant par diverses facilités d’agir sur de larges portions territoriales.
Assimi Goita et ses camarades sont plus dans la réaction que l’initiative face aux problématiques sécuritaires : le cas de la pénurie de carburant à cause d’un blocus orchestré par les groupes enturbannés sur les routes, est un exemple pas de moindre parmi d’autres difficultés. La fermeture temporaire des établissements scolaires pour manque des produits énergétiques est symptomatique d’une situation gravissime. Ces dernières heures, différents témoignages audios remontent de certaines localités soninké dans la région de Kayes, faisant écho de la présence agressive d’éléments dits jihadistes. Une note vocale enregistrée d’un échange téléphonique entre 2 locuteurs soninkés, rapporte que de gens armés débarquent et appliquent un supposé décompte chariatique (aumône légale sur la fortune) du cheptel et se servent d’une part (bovins ou caprins) par force.  On y apprend une référence nominale au village de Selifély situé à quelques kilomètres de la ville d’Ould Yengé dans le Guidimagha mauritanien. L’emprise d’un banditisme dit jihadiste semble gagner du terrain dans ces endroits profitant d’un étonnant désert sécuritaire loin de Bamako mais à quelques dizaines de kilomètres de Kayes, la ville principale de la région.

L’imam Dicko est un leader religieux très futé et stratège politiquement par son expérience et son influence populaire parmi une frange critique de la population malienne politisée. Pour rappel, la chute du régime d’IBK (Ibrahim Boubacar Keïta) en août 2020 fut advenu pour beaucoup avec l’activisme contestataire de l’imam Dicko et ses partenaires politiques et sociaux.

À suivre….

À lire notre note de lecture du livre biographique que l’écrivain malien Mallé Ib Soukouna lui a consacré https://ecrit-ose.blog/2023/10/16/%e2%97%8f-note-de-lecture-elements-biographiques-de-limam-dicko-du-mali-par-lecrivain-malle-ib-soukouna/

• KS pour le BLOG

● Le Grand Entretien du BLOG | Avec l’ingénieur et l’entrepreneur mauritanien M. Cheikhou GANDEGA

Le Grand Entretien du BLOG (le GEB) vous propose l’interview ci-après accordée par l’entrepreneur et spécialiste en Mentorat M. Cheikhou GANDEGA. Natif de la localité de Baydiam dans le Guidimagha mauritanien, l’ingénieur expert en QHSE et CEO de la société GMS PARTNERS a répondu à nos questions avec bienveillance dans ce numéro du 30 octobre 2025 de la rubrique le GEB. Le week-end dernier (25 octobre 2025), il a été décoré Médaille du Mérite lors de la Semaine de l’Afrique des Solutions tenue à la Mairie du 16e arrondissement de Paris. Une énième consécration de haut rang pour notre compatriote saluant son parcours et ses accomplissements. Félicitations et bonne continuation à lui.

Ici l’expression de notre fraternelle et citoyenne reconnaissance à son égard pour la disponibilité. Bonne lecture à tous.

Question 1 : Bonjour monsieur Gandéga Cheikhou, merci d’avoir accepté notre interview. Pouvez-vous vous présenter sommairement à nos lecteurs ? (Parcours scolaire, académique et professionnel)

Cheikhou GANDEGA : Je m’appelle Cheikhou GANDEGA, expert en QHSE, RSE et Lean management avec plus de 12 ans d’expérience en France et à l’international.

Arrivé en France, j’ai orienté mon parcours vers le management et la performance des organisations. J’y ai obtenu une Licence en Gestion de Projets, puis un Master 1 en Management des Projets et des Organisations au Pôle Européen d’Économie et de Gestion de Strasbourg, avant de compléter mon cursus par un Master Spécialisé labellisé Grandes Écoles en management QHSE et performance industrielle à l’école d’ingénieurs CESI Campus d’Angoulême.
Fort de 12 années d’expérience au sein de grands groupes européens dans les secteurs de l’industrie, de l’énergie et des services, j’ai décidé de revenir aux sources pour mettre mon expertise au service du continent africain.

C’est ainsi qu’en 2023, j’ai fondé en Mauritanie GMS PARTNERS, un cabinet de conseil et d’ingénierie de formation présent dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre.
Pour découvrir nos expertises, consultez notre site internet :
https://gms-partners.fr
Notre mission : accompagner les entreprises et les institutions vers une performance durable, en alliant qualité, innovation et impact social.
Parallèlement, je m’engage activement dans des programmes d’employabilité et d’entrepreneuriat destinés aux jeunes et aux femmes africains, afin de favoriser leur autonomie, leur insertion professionnelle et leur contribution au développement du continent.

Question 2 : De votre riche et inspirante expérience, quelles recettes clés en termes de détermination et de résilience pouvez-vous recommander aux jeunes apprenant.e.s (écoliers, étudiants…) et aux aspirant.e.s à l’entrepreneuriat ?

CG : Aux jeunes, je dirais ceci : Osez rêver grand, mais surtout osez croire en votre différence.
Car c’est souvent ce qui vous rend unique qui deviendra votre plus grande force.
Moi aussi, je suis parti de loin. Né sous un baobab, j’ai appris très tôt que la vie ne te donne rien gratuitement. Mais j’ai compris une chose essentielle : la chance n’existe pas.
Ce qu’on appelle la chance, c’est l’opportunité qui rencontre la préparation. Alors préparez-vous. Formez-vous. Étudiez. Apprenez un métier. Car l’éducation est la clé qui ouvre toutes les portes, même celles qu’on croyait verrouillées à double tour.
Fixez-vous des objectifs clairs. Ne laissez personne vous dire que vous rêvez trop grand. Les grands rêves ne sont pas faits pour les autres — ils sont faits pour ceux qui ont le courage d’y croire.
Entourez-vous de personnes meilleures que vous, de mentors, de modèles, de gens qui vous élèvent. Parce qu’on ne construit rien de solide seul.
La détermination, ce n’est pas la force d’un instant. C’est la constance dans l’effort, jour après jour, même quand personne ne vous regarde.
N’ayez pas peur d’échouer : l’échec, c’est l’école de la réussite. Chaque chute vous rapproche de la victoire.
Et surtout, gardez cette flamme en vous : celle de vouloir laisser une trace, d’apporter quelque chose d’utile au monde.
Rêver grand, ce n’est pas un luxe, c’est un devoir envers vous-même et envers ceux qui viendront après vous.
Croyez, travaillez, persévérez, et le monde finira par s’incliner devant vos efforts.
Parce que tout est possible, à celui ou celle qui s’en donne les moyens.

● Question 3 : Après vos études et une solide expérience professionnelle en France, vous êtes revenu investir en Mauritanie et en Afrique, que donneriez-vous comme conseils cruciaux pour une meilleure réinstallation socio-professionnelle ?


CG : Je dirais qu’une réinstallation réussie en Afrique ne s’improvise pas : elle se prépare, s’adapte et s’ancre dans la réalité locale.


1️-D’abord, comprendre avant d’agir.

Trop souvent, ceux qui reviennent veulent appliquer directement les modèles européens.
Or, chaque pays, chaque territoire a ses spécificités. Il faut écouter, observer, comprendre les besoins réels et les codes locaux avant de proposer des solutions. C’est cette phase d’humilité et d’apprentissage qui fait toute la différence.


2️-Ensuite, construire des partenariats solides.

La réussite ne se fait jamais seul. En Afrique, le réseau est un levier essentiel : il faut s’entourer d’acteurs de confiance, qu’ils soient institutionnels, entrepreneurs ou associatifs. La collaboration ouvre des portes et sécurise les projets.


3️– Enfin, cultiver la patience et la résilience.

Les réalités du terrain peuvent être déroutantes : lenteurs administratives, infrastructures limitées, résistances au changement… Mais c’est précisément dans ces défis que se trouvent les plus belles opportunités. Il faut garder le cap, s’adapter et persévérer.
Mon conseil ultime : revenez avec vos compétences, mais surtout avec un état d’esprit de bâtisseur.

● Question 4 : le phénomène migratoire est une problématique (notamment les départs massifs et périlleux via des embarcations vers l’Europe) qui touche particulièrement la communauté soninké, avez-vous quelques pistes de réflexion à l’endroit de la population concernée et des décideurs étatiques ?

CG : Trop de familles ont pleuré des fils, des filles, des frères, partis avec l’espoir dans les yeux, et que la Méditerranée a engloutis dans le silence.
Je veux dire à la jeunesse, en particulier à celle de la vallée et du Guidimakha : l’avenir ne se trouve pas forcément ailleurs, il peut se construit ici, pas à pas, avec courage et engagement.
Nous avons trop longtemps cru que la réussite passait uniquement par l’exil. Mais aujourd’hui, le vrai courage, c’est de rester, d’apprendre, d’innover et de bâtir chez soi. Chaque village, chaque région regorge de ressources inexploitées, de talents endormis et d’opportunités à révéler. Il suffit d’y croire, de se former et de s’impliquer.
Formez-vous, cultivez la connaissance comme une arme contre la pauvreté et la résignation.
L’éducation est le passeport le plus sûr vers la liberté et l’autonomie, et au-delà des études, intéressez-vous aux initiatives locales : coopératives agricoles, startups sociales, projets environnementaux, associations communautaires… C’est souvent dans ces actions de proximité que naissent les plus grandes transformations.

C’est en croyant en notre terre, en nos idées et en nos compétences que nous ferons de l’Afrique non pas un continent à quitter, mais un continent à construire.

L’État ne peut pas simplement “sensibiliser” ou “réprimer” : il doit redonner confiance.
Cela passe par des politiques structurantes et non symboliques.
Créer des zones d’opportunités locales
Investir dans l’agriculture moderne, la transformation agroalimentaire, les énergies renouvelables, les métiers verts.
Favoriser des zones d’emploi rural avec un accompagnement entrepreneurial et des formations adaptées.
Décentraliser les investissements pour éviter la concentration urbaine du développement.
Repenser la formation professionnelle
Aligner la formation sur les besoins réels du marché local (BTP, maintenance, TIC, agriculture intelligente, artisanat moderne).
Créer des centres de compétences régionales, accessibles, connectés, et valorisant les métiers manuels.
Impliquer la diaspora
Instaurer des fonds d’investissement de la diaspora avec garanties publiques, pour soutenir des projets créateurs d’emplois.
Faciliter le retour des compétences (programmes d’échange, mentorat, partenariats).
Lutter contre la résignation sociale
Mettre en place des campagnes nationales de valorisation du “rêve africain”, à travers les médias, les écoles, les leaders religieux et communautaires.
Encourager les projets culturels et éducatifs qui redonnent confiance à la jeunesse en son identité et son territoire.


● Question 5 : La communauté soninké connaît une crise latente liée à ce qu’on appelle « l’esclavage par ascendance » et ses manifestations, quelles seraient vos recommandations susceptibles d’apporter une certaine cohésion dans l’organisation sociale sans ces tares ?


CG : Parler de « l’esclavage par ascendance » exige d’abord humilité et lucidité, car il s’agit d’une blessure ancienne, profonde, qui continue malheureusement de diviser.
Je crois sincèrement que la première étape vers la cohésion, c’est la vérité. Il faut oser regarder ce passé en face, sans haine ni déni, pour en comprendre les racines et en tirer les leçons.
Tant que ce sujet restera tabou, il nourrira la méfiance et freinera l’unité au sein de nos communautés.
Ensuite, il est essentiel de reconstruire les liens sur la base du respect, de la dignité et de l’égalité. Personne ne doit être défini par son origine, son nom ou son ascendance. La valeur d’un être humain se mesure à sa conduite, à son savoir et à sa contribution à la société, pas à l’histoire de ses ancêtres.
Aux leaders communautaires, religieux et politiques, je recommande de jouer un rôle d’apaisement et d’exemplarité. Nous devons ensemble promouvoir un discours de justice sociale, de fraternité et de vivre-ensemble, et encourager le dialogue intergénérationnel pour guérir ces blessures.
En somme, il ne s’agit pas d’effacer le passé, mais de le transcender, pour bâtir une société plus juste, plus apaisée et profondément humaine. C’est ensemble, dans le respect mutuel et la reconnaissance de notre humanité commune, que nous écrirons la plus belle page de l’histoire soninké.


Le 29 Octobre 2025

● Réalisé par KS pour le BLOG https://ecrit-ose.blog/

● Mauritanie ~ Droits humains | Lettre ouverte d’un citoyen militant. Par M. Diabé MAGASSA alias Thomas Mag

Pour une Mauritanie libérée de la corruption, de la gabegie et du mépris

À ceux qui gouvernent,

À ceux qui prétendent représenter le peuple,

À ceux qui détiennent les leviers de l’État,

Je vous écris sans détour, sans langue de bois, sans peur. Car le silence est complice, et l’heure est trop grave pour se taire.

Je suis un citoyen mauritanien. Un militant. Un opposant. Mais avant tout, un homme libre qui refuse de voir son pays sombrer dans le chaos, la misère et l’humiliation. Ce que nous vivons n’est pas une crise passagère. C’est une décomposition lente, méthodique, orchestrée par un système qui a fait de la corruption sa colonne vertébrale.

Un État pris en otage

La Mauritanie est devenue un laboratoire de la prédation. Les marchés publics sont distribués comme des butins de guerre. Les institutions de contrôle sont muselées. Les corrompus sont promus. Les clans se partagent les richesses, pendant que le peuple crie famine.

La corruption tue

Elle tue nos enfants, privés de soins. Elle tue nos femmes abandonnées dans les maternités. Elle tue nos jeunes, condamnés à l’exil ou au désespoir. Elle tue nos écoles, nos hôpitaux, nos rêves.
Et pendant ce temps, les fonctionnaires s’enrichissent à vue d’œil, planquent leur fortune à l’étranger. Ils rivalisent avec les hommes d’affaires, bâtissent des empires sur les ruines de notre République.

Un appel à la conscience

Je m’adresse à vous, gouvernants : Vous n’avez plus le luxe de l’aveuglement. Vous ne pouvez plus prétendre ignorer. Vous êtes comptables devant l’histoire, devant le peuple, devant Allah.

Je m’adresse à vous, députés : Exigez une commission d’enquête permanente sur les marchés publics. Interpellez les ministres. Défendez les citoyens.

Je m’adresse à vous, journalistes, blogueurs, lanceurs d’alerte : Enquêtez. Dénoncez. Résistez. Votre plume est une arme contre l’impunité.

Je m’adresse à vous, citoyens : Ne vous résignez pas. La peur est l’alliée des tyrans. La colère est légitime. L’action est nécessaire.
Pour éviter le pire

Ce que vous pensez impossible, est bien possible. La situation pourrait vite tourner au drame et devenir incontrôlable.  Si rien ne change, le chaos nous attend : instabilité politique, révolte sociale, effondrement économique. Mais il est encore temps. Il est encore possible de sauver la Mauritanie. À condition de briser le cercle de l’impunité. À condition de refonder l’État sur la justice, la transparence et le mérite.

Je ne suis pas un ennemi de la Mauritanie. Je suis son fils. Et je me battrai, avec mes mots, mes idées, ma voix, pour qu’elle ne meure pas.

La Mauritanie mérite mieux. Le peuple mérite mieux. L’histoire nous regarde.

Respectueusement mais fermement, Un citoyen militant et opposant Pour une Mauritanie debout.

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● Mauritanie Politique | Nos diasporas politisées et nos duplicités… en Europe !



Ce jour, le clash de Bruxelles entre militants pro régime et éléments opposants est une illustration bruyante de ce qu’on connaît de fractures et bizarreries en termes d’incohérences militantes parmi nous en interne en Europe. Le dernier cas qui m’avait particulièrement troublé fut l’émergence subite d’une structure politique qui s’est lancée au sein d’une certaine diaspora au profit de l’ancien président Ould Abdel Aziz. Ce dernier, qui, durant plus d’une décennie, bafouait nos droits avec un grand zèle. Et aussitôt coincé dans les embrouilles avec ses amis du système, il a tenté une mue politique avec cette diaspora qu’il avait tant méprisée. N’avait-il pas laissé entendre que les manifestants contre les conditions discriminatoires du très controversé enrôlement biométrique, ne sont pas de mauritaniens.
Nous sommes traversés par de nombreuses et insaisissables contradictions dans les positionnements politiques et militants, et les élections législatives de 2023 ont été d’un grand moment de clarification pour qui sait observer et décortiquer nos circulations positionnelles par rapport aux enjeux, aux acteurs et aux affinités (communautaires, familiales, amicales…).

Pour nous cerner et fixer véritablement nos convictions, il faut plus que jamais nous organiser dans des structures formalisées (partis, sections, entités…) avec adhésions obligatoires.

D’ailleurs lors de la dernière réunion de notre instance RAG France en présence du président Biram Dah Abeid, mon propos abordait cette nécessité d’un cadre organisationnel lisible et incarné avec une légitimité acquise par une assemblée générale ou tout autre procédé consensuel. Assez d’un système de soutien frans-clubiste d’un public épars. Au sein duquel… seule la personnalité de Biram Dah Abeid semble réunir et autour aucune culture politique ni de discipline militante ni d’obligations de conscience collective. Une telle carence en termes d’organisation lisible et de structuration fonctionnelle pourrait affecter négativement le leadership courageux et l’aura de la personnalité porteuse du lead politique. Le leader politique d’une opposition véritable sous nos cieux s’habitue déjà inévitablement à d’énormes sacrifices martyrisants et sans un cadre organisationnel valide, légitime et rationnel à l’appui, sa santé physique et mentale prendrait des coups bloquants à terme. Ainsi, une responsabilisation militante des espaces civiques et politiques (zones à zones) devient un impératif de premier ordre pour espérer un déploiement efficient d’un projet politique auprès des citoyens et des opinions publiques à l’intérieur et également à l’international.

Donc..vivement une respectable, cohérente et visionnaire composition organisationnelle à travers l’Europe et un mouvement d’ensemble encarté Opposition politique et droit-de-l’hommiste. Autrement les stratégies cavalier-seul et autres petits jokerismes isolés ne nous rendent pas service et vont faciliter à certains de militer Opposant à Paris et d’aller manifester anti Opposant à Bruxelles…, c’est un peu du « mauritanien » petit calculateur et dissimulé selon les cartes d’intérêt à gratter.

20 septembre 2025

KS pour le BLOG

● Mauritanie ~ Débats | Ce que les embrouilles discursives sur l’identité Haratinité ou « Hardanité » reflètent dans nos miroirs silencieux en milieux autres négro-mauritaniens !

▪︎▪︎▪︎▪︎ Je partirais du postulat d’une contribution publiée en janvier 2016 qui fut reprise par le site Cridem https://cridem.org/C_Info.php?article=679378. Titré En « mauritanien » chaque communauté a ses haratines finalement : Haratine, une fierté!, dans cet élément, j’y expose ce que je crois fermement de la substance « identité Haratine » à travers un prisme bien circonscrit comme suit : Si on raisonnait sur l’ordre purement politique et statutaire, un haratine n’est pas Arabo-berbère, ni Soninké, ni Peulh, ni Bambara et ni Wolof . Mais le statut de Haratine peut être trans-communautaire car chacune des différentes communautés dans leur fonctionnement traditionnel en vigueur, a ses haratines statutaires intra-communautaires qui subissent les mêmes régimes déterministes sur le matériel et l’immatériel.

Ces derniers temps, les intelligences et les poussées argumentatives de différentes palettes ont été convoquées par les uns pour délégitimer les aspirations d’une dynamique militante pour une composante haratine autonome (comme communauté) dans l’ensemble hassanophone et par les autres pour booster d’une manière décomplexée cette même dynamique. J’ose croire qu’une communauté vit son dynamisme par une certaine structuration politique en interne et avec son environnement exta-muros. Ce dynamisme souvent entre clans et segments dirigeants, tient les éléments « cadets sociaux » comme forces d’appoint exploitables assignées ou auto- assignées au service de différentes factions d’un ensemble communautaro-tribal. Ainsi, l’ensemble haratine au sens d’une composante anciennement esclavagisée n’a aucune marge de manœuvre comme libre acteur dans la compétition clanico-politique dans cet ensemble communautaro-tribal avec ses soubassements transversaux généralement esclavagistes. En revenant à la donnée « esclavage », l’horrible efficacité qu’il a pu avoir, est liée à la perturbation systémique de la société parallèle esclavagisée (familles et filiations éclatées ou désordonnées). Les idéologues esclavagistes ont été intraitables en la matière…: il faut en tout temps et en tout lieu, éviter le plus longtemps possible une personnalité réfléchie et consciencieuse de l’ensemble asservi en bas de l’échelle.
La rencontre entre l’entité collective esclavagiste et les personnes esclavagisées ne s’est pas tissée paisiblement sous une tente ou au bord d’un marigot avec des accords tribalo-ethniques par lesquels les secondes acquiescent librement leur servitude au service de la première toute chanceusement innocente. Non… elle fut brutalité couplée à une affreuse déshumanisation et ses conséquences qui forgent une singularité existentielle dans le temps et dans l’espace. Ici 2 anecdotes me surgissent à l’esprit :

a – En 2017 lors d’une conférence à Paris, le leader abolitionniste d’IRA-Mauritanie, M. Biram Dah Abeid avait raconté en substance ce qui suit : Lors d’une rencontre avec une communauté en Afrique de l’ouest, un homme qu’il avait interpellé par rapport l’esclavage lui dit « nous, nos esclaves, on les aime bien » et Biram dit lui avoir répliqué « c’est faux, vous ne les aimez pas, si c’était le cas ils ne vont pas être vos esclaves ».
L’entreprise esclavagiste conduit également une sorte d’évolutionnisme à tendance moralisatrice pour maintenir toujours un suprémacisme sociétal dans la relation post-esclavage entre les 2 univers. Seul un militantisme alerte comme l’a montré le président Biram, permet une réaction lucide afin de confondre subitement les velléités paternalistes.

b – Place Trocadéro à Paris (2015 ou 2016), lors d’une manifestation de la diaspora mauritanienne, j’avais eu un échange avec une jeune militante saharouie (marocaine) accompagnée d’une dame caucasienne d’un certain âge sur place pour leur militantisme pro indépendantiste. J’ai abordé la problématique de l’esclavage ou ses restes sur les noirs qui concernerait le Maghreb également comme chez nous. Elle me disait en toute confiance que c’était fini depuis longtemps et en précisant qu’ils (leurs anciens esclaves sans les nommer ainsi) sont comme une partie de sa famille. Moi… lui demandant : vous vous mariez ensemble vos familles…? Aussitôt j’ai senti la gêne poindre en elle, et elle dit timidement « Non, c’est compliqué sur ce point » . La tacite conclusion qui s’impose sans que cela ne soit verbalisé : « on ne fait pas une famille réellement avec nos anciens esclaves »

Par ces 2 cas, le construit social issu de la condition esclavagiste marque et relègue à vie les victimes dans un certain paternalisme normalisé et décomplexé. Ce passé originel va habiter leur réalité existentielle et le suprémacisme sociétal et politique du bloc anciennement esclavagiste y tient sa base.

Ce nœud originel déséquilibré va marquer toutes les phases du duo existentiel et la réparation relationnelle n’aura pas la même substance pour les 2 bords. Parce que naturellement l’entité collective esclavagiste va développer une suffisance débordante à l’endroit de ses subordonnés statutaires désormais après les fers de la condition esclavagiste desserrés.

On ne comprendra pas les motivations profondes des aspirations à l’autogestion sociale, identitaire et communautaire de l’ensemble anciennement asservi si on se laisse embourbé dans les traits brutes et copier-colleurs de la sociologie, de l’anthropologie et autres X-logie. Il faut savoir secouer son âme profondément et s’appliquer intimement une sereine dose d’empathie envers l’ensemble anciennement esclavagisé. S’imaginer leur passé du temps 0 de cette rencontre de la bascule, la dé-structuration familiale et sociale historique vécue, les humiliations encaissées et assignées en héritage depuis quelques générations…

Et de cette relation, l’univers social anciennement esclavagiste dans sa configuration collectiviste ne disposant pas de leviers efficients avec toute sa bonne volonté, une séparation réparatrice est une voie d’utilité publique. C’est une affaire de mentalités, chacune des parties doit se retrouver pour une mise à jour existentielle après la rupture d’une interdépendance qui ne pouvait pas se réformer. Lire : https://ecrit-ose.blog/2025/04/13/%e2%97%8f-reflexion-et-societe-la-relation-esclave-maitre-ne-se-reforme-pas-elle-doit-etre-separee-pour-une-commune-utilite-publique-par-ks/

Il faut y admettre que l’ensemble anciennement esclavagisé par son statut de subordonné donc pas craint, a une mémoire très lourde (par ce qui est entendu, dit et pratiqué ouvertement) de ce que le subconscient collectif de l’entité esclavagiste ou anciennement esclavagiste retient et exprime à son sujet. Inversement, l’assurance de la supériorité fonctionnelle fait que l’ensemble esclavagiste voit les subordonnés statutairement comme d’éternels incapables qui ne lisent et ne vivent le monde qu’à travers les possibles qu’il lui permet. Tout est dans la subordination…ici et là-bas… tout est par moi et sans moi… c’est le néant existentiel…pour l’ensemble anciennement asservi.

Cet ensemble anciennement esclavagisé est transversal à nos communautés bien sûr avec des variations certaines selon la charpente de chacune d’elles. Mais il existe un tronc commun de Haratinité ou Hardanité parmi les « cadets sociaux » de nos acteurs sociaux dans le schéma tradi-politico-clanique au sein de nos univers communautaires. La différence majeure entre les Haratines du côté hassanophone et ceux du côté de l’ensemble Négro-mauritanien (Soninké, Peulh…) se situe sur 6 points à notre avis :
1 – le nombre pèse énormément du côté hassanophone
2 – la différence de couleur de peau qui est une frontière visuelle dans l’ensemble hassanophone
3 – l’instruction et la dynamique d’éveil de longue date du côté hassanophone
4 – la politisation assumée avec une démarcation lobbyiste en optant pour l’aspiration à une communauté sociale, identitaire et politique. Un mécanisme de dé-tribalisation consciencieuse revendiquée de plus en plus en dehors de l’ancien univers « maître dominateur ».
5 – une terreur grise habite beaucoup de « cadets sociaux » et descendants d’esclavagisés dans l’univers négro-mauritanien.
6 – les complexes et les petites hontes devant l’opinion publique à découvert font raser les murs par beaucoup d’assignés sociaux dans les milieux négro-mauritaniens. On y subit en fatalistes.

Ainsi… à nous, négro-mauritaniens hors Haratines, ce que le débat actuel remue à propos de l’autonomisation sociale et politique de haratines anciennement esclavagisés dans l’ensemble hassanophone, sommes-nous prêts à en accepter les termes disruptifs similaires pour nos « cadets sociaux » intra-muros ?
Ou bien allons-nous continuer à végéter dans une gymnastique troublante avec nos frontières sociales tenues par un intellectualisme tourmenté d’affects à la carte et hors-sol ?
Un dicton célèbre dit : « le balayage doit commencer devant chez soi d’abord »

La communauté citoyenne qui est une aspiration tant espérée de tous ne peut advenir qu’avec des acteurs sociaux et politiques ayant mûrement intégré les valeurs d’égalité sociale et communautaire. Quant on entretient des systèmes porteurs d’un inégalitarisme comme fonctionnement intra-communautaire et inter-communautaire, des incohérences vont surgir et heurter les projets de l’application d’une égalité citoyenne à l’échelle nationale. Une évidence !

10 septembre 2025

–Koundou SOUMARE pour le BLOG

● Mauritanie – Guidimagha politique | Ce grand théâtre soninké à scène ouverte ! Par KS

À une époque de notre jeune conscientisation politique, il était d’usage d’entendre comme référence de positionnements politiques dans le camp du pouvoir principalement 2 noms. Il s’agissait de M. Yaya KANE et M. Diéremouna SOUMARE (paix éternelle à leurs âmes). Ces personnalités étaient identifiées dans une certaine littérature politique régionale sous les appellations « tendance Yaya KANE » et « tendance Diéremouna SOUMARE« . Ainsi la vie politique du giron pouvoir-état était animée par les clivages, les influences et les commerces politiques entre ces 2 camps auprès des autorités centrales de Nouakchott. Les 2 courants plutôt clanico-politiques que tenants d’idéologies programmatiques, étaient (sont) arrimés aux anciens régimes dans les différentes communautés en termes d’appartenance sociale et de représentativité. D’affichage transcommunauraires, mais selon les précisions d’un doyen consulté récemment, me donnent schématiquement comme suit : la tendance Diéremouna SOUMARE regroupait principalement les soninkés et la tendance Yaya KANE était mixte peulhs, maures et quelques soninkés. Ce parallélisme en terme d’ancrage politique par ces identités socio-claniques prendrait ses origines du temps du premier Président mauritanien M. Moctar Ould Daddah et son parti unique (Parti du peuple mauritanien) . Ainsi, c’est dans le sillage historique de cette réalité politique régionale qu’il faut observer et décortiquer les diverses déclinaisons évolutives dans le champ politique pro toutes-majorités-présidentielles (de Daddah à Ghazouani) du Guidimagha. Les régimes se succèdent au palais ocre à Nouakchott et ces tendances mettent à jour leurs commerces politiques en lobbying du terrain régional pour être toujours dans « les petits papiers » du pouvoir en place. Le principe est simple : fidéliser une clientèle électorale en résultats localement et revenir à Nouakchott pour réclamer la récompense en termes de placements et de nominations à des postes au sein de l’administration. Ainsi fonctionnait (fonctionne) ce commerce politique qui intègrait (intègre) dans ses clauses secrètes du côté soninké, la prise en compte ségrégationniste des patronymes de personnes à nommer par exemple comme ministres. Les compétences et les qualités morales passent en rang moindre par rapport au nom de famille porté lié à l’extraction sociale.

Et c’est ainsi de nombreuses années durant au détriment d’une véritable et exigeante vie citoyenne auprès des populations notamment pour leurs besoins en terme de développement multidimensionnel. Du « cheptel » votant… sollicité électoralement période à période… et ça continuait… ça continue !

Par les temps qui courent, depuis quelques années d’ailleurs, les logiques de tendances se sont décentrées de l’ancien schéma « héritage Yaya vs héritage Diéremouna » vers une affaire des dissenssions intestines intra tendance « Diéremouna SOUMARE » dite des soninkés. L’avènement des réseaux digitaux notamment whatsapp et l’accès massif et sans filtres aux discours politiques, un certain éveil s’est amorcé auprès de l’électorat. Les élections législatives, régionales et municipales de 2023 au Guidimagha ont provoqué un certain chamboulement avec les performances électorales du parti Udp (encarté majorité présidentielle) qui rafla 4 députés sur les 8 de la region, plusieurs mairies et la vice-présidence du Conseil régional dans la foulée. Le principal parti au pouvoir Insaf a été mis en grande difficulté et par conséquent ses ambassadeurs historiques en légitimité dans la région au nom de la tendance ont vu leurs certitudes bousculées sèchement. Ces ambassadeurs mi-politiciens mi-représentants des ordres féodo-traditionalistes voient comme une menace existentielle l’émergence d’une jeune garde (qui leur est apparentée en partie par ailleurs) très ambitieuse à leur goût. On peut citer dans ce registre, l’activisme terrain de M. Waly Diawara (dynamique vice-président du CR) et ses partenaires. Les pôles constitués selon diverses opinions intra-communautaires dans cet affrontement frôlant l’amusement parfois, sont les suivants : le camp de M. Sidney Sokhna (vice-président de l’assemblée nationale) et ses ouailles et le giron mené par le duo dirigeant le Conseil régional , M. Issa Coulibaly (président) et M. Waly Diawara qui en est le premier vice-président.
Nombre de relais sociaux dans la communauté et dans la région sont en mouvements pour soutenir ici et-ou commercer politiquement pas que dans l’avenir là-bas. Certains élus (députés et maires) subissent ou participent à cet engrenage clanico-politique et social et sont rattrapés par ces réalités politiciennes de basse classe. Dans laquelle on y ourdit diverses manipulations et intrigues, sourde délation et sabotages mutuels. C’est sur ce terrain étrange de lutte d’influence et de commerce politique et social qu’on trouvera des illettrés notoires et des personnages d’une médiocre tenue intellectuelle s’accaparer du gouvernail organisationnel et missionnaire et des diplômés bien instruits avec une certaine aération intellectuelle réduits dans la loge de suiveurs lambda. À propos, un adage soninké volontairement caricatural peut être convoqué : « les bovins buveraient par leurs queue désormais »

Il y a quelques temps, nous avons constaté l’activisme douteux d’un regroupement d’une certaine configuration s’auto-proclamant représentatif du Guidimagha, s’incruster dans cette arène de lutte de positionnements légitimistes pour sauvegarder (héritage Diéremouna SOUMARE) chez les uns ou pour remplacer (asseoir une nouvelle légitimité) chez les autres auprès du pouvoir central de Nouakchott. À noter que ce regroupement espérant faire sa mue en une coordination politicienne viendrait de l’émanation des tenants réactionnaires qui se sont opposés et s’opposent par différents canaux au militantisme antiesclavagiste et anti-féodal porté par le mouvement citoyen, social et droit-de-l’hommiste Ganbanaaxu Fedde amorcé dans les milieux soninkés il y a 9 ans. L’illustration à point pour démontrer qu’il y a beaucoup d’ingrédients malaxés sous l’angle analytique purement soninké dans cette lutte clanico-politique intra tendance.

Et les masses populaires sont diversement et discriminatoirement traitées et concernées dans les enjeux globaux de ce fourre-tout très variable selon de quelle extraction sociale que l’on en vient. Les couches socialement privilégiées par les anciens régimes coutumiers vont essayer d’influencer les politiciens pour garder leurs positions intactes mêmes anti-républicaines dans les localités et les politiciens en retour vont les instrumentaliser à chaud en clientèle électorale avec des faux espoirs peu jouables à long terme. Les autres couches sociales faites d’un grand mixte entre « cadets sociaux » relégués, éléments intermédiaires subordonnés statutairement parlant et forces indépendantes progressistes, doivent se trouver une voi(e)x en positionnements politiques et en stratégies d’approche en parallèle dans l’arène sociale et politique.

J’ose croire que l’une des clés de déverrouillage de ce système clanico-politique imposé d’en haut et alimenté d’en bas, passe par l’émergence d’une dynamique citoyenne de sensibilisation auprès des opinions sociales et de créer une synergie pragmatique avec un langage de vérité. Une nécessité de politiser valablement les couches historiquement reléguées dans la société et qu’elles s’autorisent des voi(es)x et moyens en accédant en lobbying direct aux hautes autorités politiques du pays (oppositions ou le camp du pouvoir selon les choix des uns et des autres).

27 août 2025

–Koundou SOUMARE pour le BLOG

● Mali Politique ~ Contribution | Mali : L’inéluctable recomposition du paysage politique. Par M. Brehima Sidibe


Cela fait cinq bonnes années que le Mali vit sous un régime de transition. En effet, depuis le renversement du régime d’Ibrahim Boubacar KEÏTA en août 2020, le pays est dirigé par un collège de militaires. Longtemps associés à la gestion de la chose publique, notamment depuis mars 1991 avec la chute du Général Moussa Traoré, les acteurs politiques semblent désormais être dans une longue traversée du désert. Cet état de fait changera inéluctablement le paysage politique. Ce que nous tenterons de démontrer dans cet article à travers trois facteurs.

1. Un narratif défavorable

S’il y a un élément qui participe à la recomposition du paysage politique, c’est bien le narratif utilisé pour qualifier le bilan de trente ans de démocratie. A tort ou à raison, dans les hautes sphères du pouvoir, nombreux sont ceux qui estiment que la déliquescence de l’armée, de l’école plus globalement de l’Etat est liée à la gestion faite par les acteurs politiques au cours des trentes dernières années. D’où l’apparition du vocable “Mali Kura” qui signifie “le Nouveau Mali”. Entendre par là que le temps de ces acteurs politiques est désormais révolu. Et le hic est que ce narratif a surtout été vehiculé par un certain Choguel Maiga, alors premier ministre et responsable politique de premier plan. S’il est vrai que ce dernier n’est pas de la même obédience politique que les acteurs du mouvement démocratique—en ce sens qu’il se réclame de Moussa Traoré—il faut dire qu’il fut ministre dans les gouvernements des présidents Amadou Toumani Touré et d’IBK. Il aura donc contribué, peut-être sans le savoir, à sa propre mort politique ainsi que celle de ses camarades. En effet, Choguel qualifie les militaires ayant pris le pouvoir comme étant des “monai bo denw” en d’autres termes “les dignes fils ou encore ceux qui agissent véritablement pour le pays”. En appliquant le principe de présupposition en analyse du discours, cela contraste avec les acteurs politiques. Au-delà des hauts responsables, ce narratif défavorable est repris par bon nombre des maliens qui pensent que les politiciens ont une grande responsabilité dans la tragédie que le Mali a connue. Plus qu’un narratif, cela aura des conséquences politiques.

● L’abrogation de la charte des partis politiques de 2005

Fort du narratif défavorable aux hommes politiques, les autorités de transition vont engager le processus de refondation de l’Etat. Cela commence par les “Assises Nationales de la Refondation de l’Etat” (ANR) en décembre 2021. Une des recommandations phare sera de réduire le nombre de partis politiques,de durcir les conditions de création d’une formation politique et de couper le financement public. Il est important de souligner que bon nombre d’acteurs politiques étaient en phase avec cette recommandation. Mais la rupture entre les autorités de transition et la classe politique interviendra à l’issue de nouvelles consultations en avril et mai 2025. A l’issue de ces consultations–boycottées par par la classe qui s’était réuni au sein de “l’Initiative des partis politiques pour la charte” et dirigée par Me Mountaga TALL, le décret sur la dissolution des partis politiques sera signé par le Général d’armée Assimi Goita après son adoption par le Conseil National de la Transition, l’organe législatif. Au moment où nous rédigeons cet article, ce décret d’abrogation est attaqué en justice par un pool d’avocats avec à sa tête Me Mountaga TALL. Il appartient désormais à la cour constitutionnelle de trancher. Mais le temps de la justice n’est pas forcément le temps politique.

● L’usure du temps

Le dernier facteur qui explique la recomposition à venir du paysage politique malien est l’usure du temps. En effet, comme nous l’avons évoqué plus haut, depuis la chute du régime de Moussa Traoré en 1991, une nouvelle génération est apparue sur la scène politique.Cette génération est appelée le mouvement démocratique. Pendant trente ans de démocratie pluraliste, ces acteurs ont partagé le pouvoir. Ce serait de la malhonnêteté intellectuelle d’affirmer que ce bilan est totalement négatif. Comme tous les pouvoirs, il y a eu des hauts et des bas mais le mouvement démovcratique a un bilan qui est tout à fait défendable à bien des égards. Cependant, l’usure du temps s’accompagne de l’usure du pouvoir. Les populations ont souvent eul’impression de devoir choisir à chaque consultation électorale entre les mêmes acteurs. En effet, certains noms ont marqué cette période, que l’on songe à Soumaïla Cissé, IBK, Soumeylou Boubèye Maiga, Mountaga Tall, Tiébilé Dramé… On remarquera d’ailleurs que parmi les noms cités, seul Mountaga Tall est en vie. C’est également cela l’usure du temps.

En définitive, nous affirmons que les cinq dernières années auront été le temps de la recomposition du paysage politique malien à travers les trois facteurs que nous venons de développer. Toutefois, il serait naïf de penser qu’on peut diriger un pays sans acteurs politiques. D’ailleurs les autorités de transition ont elles même souligné qu’une nouvelle charte des partis politiques sera mise en place conformément au texte et à l’esprit de la constitution du 22 juillet 2023 qui, comme celle de 1992, garantit le multipartisme. Nous allons donc assister à une nouvelle génération d’hommes et de femmes politiques qui pour réussir devra tenir compte des erreurs commises par le passé. Pour finir, en paraphrasant Frantz Fanon : “Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, la remplir ou la trahir.”

Brehima SIDIBE, Doctorant en Analyse du discours politique

● Mauritanie politique | l’engagement vaut avant tout par son périmètre prioritaire. Par KS

● Rétro 📷 Avril 2025 | Avec le doyen et compatriote Dr Mohamed Cire. De notre causerie instructive adjointe à d’autres observations et échanges avec certaines source-ressources sociales et politiques sur notre Mauritanie politique, ma conviction s’est affermie sur la stratégie de périmètre prioritaire en politique. Une sorte de relativisme alerte en fonction de qui dénonce quoi et dans quel contexte. Également à être attentif sur le traitement thématique : ici ça marginalise une donnée et là bas ça en fait une centralité selon des frontières sociales et territoriales.

Ainsi, en militant ou sympathisant, je peux me retrouver dans le même camp politique de diverses compositions sociales et idéologiques mais mon top focus ne doit jamais dévier de mon périmètre prioritaire dans les enjeux politiques et sociaux en question.

Un cas plausible pour ne pas dire certain, tu peux te retrouver soutenir un candidat à la présidence de la république avec un groupe d’individus et ce même groupe ne voterait jamais pour toi dans votre commune d’origine si tu étais candidat à la mairie.

Beaucoup d’afro mauritaniens politisés sont dans cette gymnastique entre les élections présidentielles et les élections locales parce que les priorités sont chancelantes en fonction de certains objectifs variables peu avouables sur la place publique. On épingle le racialisme politique ailleurs (dit étatique) tout en cautionnant insidieusement le féodalisme politique dans nos enclos communautaires.
D’ailleurs une certaine actualité pourrait se résumer à un constat Cri Osé comme suit : En Mauritanie politique, si vos « cadets sociaux » fêtent toujours leur subordination socio-folklorique dans le fatalisme, votre intelligentsia a failli à l’essentiel.

Nombre de « Che Guevara » captant bruyamment des espaces politico-médiatiques et militants circonscrits à certaines thématiques, le font avec d’angles évités sciemment… notamment ceux liés aux problématiques féodalo-esclavagistes qui minent toutes nos communautés nationales à divers degrés. Une ambiance spectaculaire y préside via les espaces digitaux 2.0 pour écumer et conditionner les opinions publiques surtout celles peu averties, afin d’espérer cueillir les retombées électoralement à l’avenir. Une forme d’imposture par l’arrière-fond sélectif dans le champ des problématiques à dénoncer et à traiter publiquement.

En un mot : l’éveil politique résolument citoyen et égalitaire doit émerger d’en bas (dans nos communautés), ce qui nécessite une mise à jour dans nos relations inter classes , sociaux et statutaires. Autrement…nous faisons semblant avec quelques leurres risibles qui ne peuvent tenir d’échappatoire continuellement.

23 août 2025

–Koundou SOUMARE pour le BLOG

● En Soninkara, les répétiteurs stériles reprennent du service encore. | Par Koundou SOUMARE

©️ 📸 via internet.



📸 Lui, il s’appelle M. Mohammed Diakho Tanjigora. Lire un élément biographique publié dans notre BLOG il y a quelques temps https://ecrit-ose.blog/2023/01/06/%e2%97%8f-elements-biographiques-de-cheikh-madiakho-tandjigora/ .

Lettré soninké en sciences islamiques, originaire du Sénégal, il est auteur de plusieurs ouvrages dont la traduction en soninké du Coran https://ecrit-ose.blog/2021/04/28/la-parution-dun-ouvrage-dune-portee-intellectuelle-monumentale-en-milieux-soninkes-le-saint-coran-traduit-en-langue-soninke-par-le-professeur-muhammad-diakho-tandjigora/.

Dans ses enseignements (cours audios, interviews…), il est d’une pertinence qui ne laisse pas indifférent. Analyste, observateur et intéressé aux données globales (sciences humaines, sciences islamiques, géopolitiques…), il se démarque bonnement par cette aération intellectuelle de beaucoup de lettrés soninkés dits religieux. En Soninkara, il existe quelques répétiteurs stériles et limités intellectuellement qui  sont dans une obsession quasiment maladive à l’encontre de sa personne et de ses enseignements https://ecrit-ose.blog/2022/09/04/%f0%9f%94%b4-ces-hableurs-apprentis-lettres-qui-sattaquent-injustement-a-cheikh-mohamed-diakho-tandjigora/. On peut constater qu’ils lui reprochent ses positions intellectuelles ou plutôt ses facultés d’un certain niveau savant dans ses enseignements.

Ces milieux lettrés soninkés qui ne sont bons qu’à la répétition des textes ou autres idéologies sectaires et confuses, se donnent une étrange prétention d’être de dépositaires de la voi(e)x de la guidance valide.

Pour ceux qui suivent assidûment ou périodiquement les enseignements de cheikh Mohammed Diakho Tanjigora, il est aisé de savoir qu’il ne s’est jamais déclaré l’alpha et l’oméga de savoirs islamiques dispensés auprès de l’audience écosystèmique soninké. Il est d’un courage intellectuel respectable, déploie ses réflexions sur différentes thématiques et appelle souvent aux lettrés soninkés en particulier les jeunes à plus de recherches et d’approfondissement dans leur cheminement étudiant.
Il n’hésite pas à revenir sur ses lectures concernant une donnée ou une position qu’il juge nécessaire après une mise à jour de compréhension dans ses recherches.

Certains répétiteurs stériles qui le tiennent dans leur orbite inquisitrice coincée avec un troublant acharnement, se comptent parmi les lettrés soninkés issus du clergé communautaire qui plaident la validité de l’esclavage coutumier intra-communautaire par leurs lectures apologistes du phénomène relevé comme un crime contre l’humanité aujourd’hui dans différents pays du monde. Également, d’autres lui reprochent tout simplement son intelligence et son érudition à travers ses audacieuses réflexions et d’autres thématiques qu’il aborde dans un esprit de débats ouverts sans dogmatisme. Il n’est pas dans la facilité par la diffusion des audios comme d’autres petits prêcheurs intellectuellement de très basse gamme et d’une arrogance éhontée. Il est connu auteur- écrivain qui réclame naturellement une capacité à produire des enseignements islamiquement solides comme d’autres savants le font dans les milieux arabo musulmans ou dans d’autres univers.

Certains de nos répétiteurs soninkés végètent dans une lourde confusion à mélanger l’arabisme ethnique à tendance sectaire avec la validité ou non d’une production savante d’un penseur. Pour eux, un négre africain qui ose penser et produire sans un patronage validé par un certain type de savant de l’environnement arabo-arabe, est forcément dans l’égarement. Ainsi dire, ils veulent la promotion d’un mimétisme sec et les voix réfléchies qui stimulent la sagesse contributive et l’élévation intellectuelle sont foncièrement gênantes pour eux. Et le cas de M. Tanjigora dans leurs visions étriquées est symptomatique de cette chapelle des répétiteurs coincés et limités intellectuellement.

Longue vie à ce monsieur et bonne continuation dans ses activités intellectuelles qui servent les sciences islamiques et même les sciences humaines.

4 août 2025

-KS pour le BLOG