Le Grand Entretien du Blog (Le GEB) vous revient avec l’interview d’une avocate franco-mauritanienne Maître KONATE Assa, officiant au Barreau d’Orléans (Région Centre-Val de Loire). Issue du groupe sociolinguistique sooninké et originaire de Kinininkoumou (Guidimagha en Mauritanie) , elle nous brosse succinctement son parcours et ses analyses qui peuvent constituer une source d’inspiration pour la jeunesse issue de l’immigration. Découvrez ci-après l’intégralité de l’entretien :
✓Question 1 : Bonjour Madame KONATE Assa, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs, parcours académique et professionnel ?
Je suis Assa KONATE, avocate au Barreau d’Orleans depuis février 2022. Je suis d’origine mauritanienne, mes parents sont originaires de Kinininkoumou dans la région du GUIDIMAKHA. Je suis née en France à Orléans dans le Loiret. Après mon BAC ES, j’ai débuté mes études universitaires à l’Université Paris XIII de Villetaneuse ou j’ai obtenu un DUT Carrières Juridiques. J’ai décidé de rentrer à Orléans pour poursuivre mes études de droit. A ce moment-là, je n’avais pas encore envisagé de devenir avocate. Je souhaitais avant tout obtenir un bagage juridique solide avant d’entrer dans le monde professionnel. J’ai donc obtenu ma licence en droit général, un master 1 puis un master 2 en droit public.
✓Question 2 : Juriste de formation de base, vous êtes avocate depuis quelques mois, quelles sont les étapes importantes menant à cette fonction en France ? Et également pouvez-vous nous préciser votre champ d’exercice (spécialité) ?
J’ai toujours travaillé durant mes études. J’ai eu l’occasion de pouvoir occuper des postes en lien direct avec mes études de droit au sein de différents tribunaux et administrations publiques. C’est lors de mon expérience en tant que greffière au sein d’un tribunal que j’ai commencé à murir ce projet de devenir avocat. Pour plusieurs raisons, je me suis rendu compte que je ne connaissais pas bien ce métier. C’est en assistant aux différentes audiences et plaidoiries, en relisant les conclusions et sollicitations des avocats que j’ai manifesté un réel intérêt pour la profession. J’ai en quelque sorte découvert que l’avocat pouvait à son niveau faire bouger les choses… J’ai également été séduite par l’aspect libéral de la profession. Le fait de pouvoir être libre et indépendante correspondait beaucoup à mon état d’esprit et à mes aspirations. La profession d’avocat est une profession réglementée accessible aux titulaires du certificat d’aptitude à la profession d’avocat (CAPA). Ces certificats sont délivrés par les Centres Régionaux de Formation Professionnelle des Avocats. Pour y entrer, il est nécessaire de réussir un examen organisé par les IEJ (instituts d’études judiciaires). J’ai passé et obtenu le certificat d’examen d’accès au centre régional de formation professionnelle d’avocats (CRFPA) au sein de l’IEJ d’Orléans. Dans la foulée, je me suis inscrite à l’EFB (École de formation professionnelle des barreaux du ressort de la cour d’appel de Paris) pour suivre la formation initiale. Il s’agit d’une formation initiale obligatoire qui se déroule sur une période de 18 mois. Elle est sanctionnée par le CAPA qui comporte diverses épreuves orales et écrites. Après l’obtention de mon CAPA, j’ai demandé mon inscription au tableau de l’Ordre du barreau d’Orléans, après avoir prêté le serment nécessaire à l’exercice de la profession.
Je suis avocate généraliste.
Néanmoins, du fait de mon histoire personnelle, je savais que je voulais me diriger vers le droit des étrangers. Le droit des étrangers est l’ensemble des règles qui ont pour objet d’encadrer les questions liées à l’entrée, au séjour et à l’établissement des étrangers sur le territoire français. Les étrangers rencontrent bien souvent des difficultés dans le cadre de leurs démarches administratives leur permettant de se maintenir sur le territoire français. En effet, les processus administratifs sont souvent complexes et nécessitent la connaissance des normes et règlements en vigueur. De plus, la communication peut s’avérer difficile pour les étrangers, dans la mesure ou la langue française n’est pas toujours maîtrisée. Un avocat peut non seulement aider à comprendre le système administratif, mais aussi aider à résoudre des problèmes juridiques, à faire valoir des droits et à contester des décisions administratives. Ce domaine représente une grande partie de mon domaine d’activité. Je pratique également le droit de la famille, le droit administratif et le droit civil.
✓Question 3 : française et afro-musulmane, quelle analyse faites-vous sur le débat politico-médiatique récurrent autour de la question de l’islam en France ?
En tant que femme, noire et musulmane, on peut dire que je cumule toutes les tares de cette société ! La profession d’avocat reste encore très fermée même si elle demeure plus ouverte en région parisienne. En passant l’examen du barreau et en m’installant à Orléans, je savais que je me lançais dans un milieu qui peut paraitre assez fermé et assez homogène socialement parlant… cela ne m’a jamais freiné au contraire ! J’aime être là où l’on ne m’attend pas ! Je pense que pour faire avancer les choses, il faut que de plus en plus de jeunes issus de mon milieu ose ! On peut être femme, noire, française, musulmane et avocate !
✓Question 4 : De votre position occupant une fonction libérale intellectuellement fournie, qu’entendez-vous sous la notion du féminisme aujourd’hui ?
Il n’y a pas un féminisme mais plusieurs féminismes, chacun peut être féministe à sa manière. Comme il y a plusieurs façons d’exercer la profession, il y a plusieurs façons de vouloir défendre les droits des femmes.
Pour ma part, c’est de considérer que la femme est l’égal de l’homme et que cela doit se manifester dans tous les domaines de la société sans oublier les spécificités qui nous caractérisent. En tant que femme dite « racisée » nous avons nos propres revendications car nous subissons différentes formes d’oppression et de discriminations en plus du sexisme. L’afro-féminisme répond à cette double discrimination, que l’on appelle l’intersectionnalité : celle du sexisme et du racisme. Je souhaite que les femmes noires sachent qu’elles peuvent, elles aussi, accéder à des postes à responsabilité au même titre qu’un homme ou une femme blanche.
✓Question 5 : vous êtes issue du groupe sociolinguistique soninké, êtes-vous au courant des tensions sociales qui y couvent autour des problématiques liées à l’esclavage par ascendance ? Si oui , quel message avez-vous à l’endroit de la communauté et particulièrement aux associations engagée pour plus d’égalité sociale ?
Je ne me suis pas lancé dans la profession par hasard… Depuis ma tendre enfance, j’ai toujours eu une aversion pour l’injustice… j’ai toujours eu ce penchant systématique pour les opprimés…et donc manifestement l’esclavage par ascendance est une forme d’injustice qu’on ne peut pas nier… Je pense que cela s’explique en grande partie par l’ignorance et la non connaissance de ce qui relève des droits humains… je pense que si chacun connaissait ses droits en tant qu’être humain ce fléau n’existerait pas … j’encourage donc les membres de la communauté à s’engager et à sensibiliser… pour honorer les droits humain….
Natif de Kaedi, il dépose ses valises à Nouakchott en 1997 après l’obtention de son baccalauréat. Après sa formation académique, il fut d’abord Automaticien programmeur et professeur des mathématiques avant de se convertir en gestionnaire des projets de développement. De 2007 à 2010 il se vit confier plusieurs projets de développement dans l’ingénierie sociale, l’accès aux services essentiels et l’analyse des services public marchands par le GRET, la CUN, la SOMELEC, MEUH. Spécifiquement, on peut citer entre autres la conception et le pilotage de la mise en place d’un système de pré paiement d’électricité dans la commune d’El Mina ; projet NOUR (Novation urbaine ou « lumière »). L’objectif spécifique de ce projet est l’amélioration des conditions de vie des populations avec l’accès à l’énergie électrique de la Somelec de manière sûre et pérenne. Il a également travaillé 3 ans comme expert consultant en pré paiement d’électricité sous STS dans plusieurs pays d’Afrique. Depuis 2013, il est à TASIAST dans le département mobile maintenance.
2- Pourquoi le SLA ?
Il créa le Sebkha Leadership Actions (SLA) un mouvement qui a pour but principal d’inciter la population surtout les jeunes et les femmes de la commune de Sebkha à participer pleinement aux activités socio économique, politique et surtout d’utiliser leur droit de regard sur la gestion des projets pilotés par la commune. Des actions réalisées sans tambours ni trompettes, dans une totale discrétion sont enregistrées dans plusieurs domaines dont l’insertion des jeunes, l’éducation, la formation, et le sport.
3- Pourquoi la commune de Sebkha ?
Etant un habitant de la commune de Sebkha et très au parfum des réalités de ladite commune Tidiane Diarra ne ménage aucune force pour voir cette dernière si cher à son cœur émerger. « L’émergence de Sebkha, notre apostalat » est un slogan du projet PM2023.
4- Quelles sont les grands axes de votre programme ?
Voyant l’enseignement dans la dérive totale, il met l’accent sur l’éducation l’une de ses priorités en créant le programme ZEF (zéro échec fondamental). Aussi les 3 fléaux que connaissent les habitants de Sebkha, à savoir les inondations, l’assainissement et l’insécurité sont là ses préoccupations majeures. Les matrices du projet visant à apporter des solutions à ces couacs sont déjà disponibles et accessibles aux acteurs intéressés. D’ailleurs les feed-backs de ces acteurs sont plus que nécessaire car ces fléaux sont des priorités pour tout les habitants.
5- Pourquoi l’UDP ?
Après mûre réflexion aux enjeux politiques son choix se porte sur le parti UDP (Union pour la Démocratie et le Progrès). La trajectoire politique de ce parti, le support institutionnel qu’il apportera et l’engagement avoué de la haute direction a participé à l’amélioration des conditions de vie des populations de Nouakchott sont des facteurs catalysants notre choix pour UDP.
Cellule de communication. Nouakchott, le 07 Avril 2023.
ALAKHBAR (Nouakchott) – La troisième phase de la campagne nationale de sensibilisation des autorités chargées d’appliquer la loi sur le traitement judicaire des affaires de traite de personnes et des pratiques esclavagistes, a démarré, vendredi, au palais de justice de Nouakchott Nord.
L’étape vise à mettre l’accent sur les procédures et reflexes que les magistrats, greffiers, officiers de police judiciaire de la wilaya doivent avoir pour une application correcte des lois et règlements, indique un communiqué parvenu à Alakhbar.
Les participants auront à disséquer la loi n°031/2015 criminalisant l’esclavage et celle concernant la prévention et la répression de la traite de personnes et la protection des victimes, dans le but « d’améliorer la compréhension et la pratique ».
L’attention des participants sera également portée sur le rapport entre trafic de migrants et traite des personnes.
A noter que la campagne va se poursuivre tout au long du mois d’avril courant.
La Dépêche – Pour la première fois, après la fin de la bataille procédurale, l’ancien président, Mohamed Ould Abdelaziz, poursuivi pour plusieurs chefs d’accusation, a plaidé jeudi non coupable devant la juridiction spéciale chargée de le juger en même temps que plusieurs des coaccusés avec lui.
Selon nos confrères de Al Akhbar, l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz a rejeté « toutes les accusations portées contre lui » faisant le parallèle de la situation du pays à son départ et celle dans laquelle il se trouverait aujourd’hui.
Il a notamment mis en lumière la mauvaise gestion de l’Etat dont il a accusé, sans les nommer encore, des particuliers de sévir contre les intérêts du pays en s’adjugeant des bons du trésor à des taux intérêts élevés de l’ordre de 13%.
Il en aurait résulté 9 milliards de plus chaque année. Il a encore évoqué la cession de 80% de ces créances à des banques privées alors que sous son règne, la dette ne dépassait pas les 50 milliards que des entreprises publiques comme la SNIM, l’Air mauritanienne, le Port et autres, ont supporté à un taux d’intérêt variant entre 2 et 3%.
L’ancien président a encore souligné que l’un des pays créanciers, qu’il n’a pas cité, avait une dette de 3 milliards Usd et qu’elle a été ramenée sous son règne à 77 millions Usd seulement. L’ex-président a, sur ce registre, rappelé la cession, avant son accession au pouvoir, d’entreprises publiques à un ouguiya symbolique mais que cela n’avait pas suscité le même l’intérêt.
Pour lui le silence sur ces affaires relève de la corruption. L’ancien président a souligné qu’en 2009, toutes les banques ont déclaré avoir perdu 300 millions d’Ouguiyas pour échapper au fisc alors qu’elles ont déclaré en 2010 avoir gagné 3 milliards d’ouguiyas, ajoutant qu’avant lui, elles recevaient des dépôts de l’État qu’elles prêtaient avec intérêt aux institutions publiques. Un manège que l’ex-président dit avoir arrêté.
Concernant l’entreprise Somelec, “qui est dite corrompue”, Ould Abdel Aziz a indiqué que cette institution a coûté 15 milliards à l’Etat en 2015, dont 8 milliards de subventions et 7 milliards pour la fourniture du carburant. Il dira qu’il a quitté le pouvoir alors que l’entreprise payait régulièrement ses dettes auprès de créanciers étrangers.
« Il a ajouté qu’il y a un homme d’affaires à qui la Somelec devait 5,2 milliards d’ouguiyas », considérant que c’est ce genre de personnes qui l’ont ciblé et propagé des mensonges sur son compte. Il a également confirmé que durant deux mandats au pouvoir, aucun déficit budgétaire n’avait été enregistré, et qu’aucun ministre n’avait engagé des dépenses hors de son budget.
Sur les dettes intérieures, Ould Abdel Aziz a dit que les dettes intérieures s’élevaient à 225 milliards d’ouguiyas au premier coup d’Etat de 2005 et que lors de celui de 2008 elles n’étaient plus que de 25 milliards, indiquant que lors de ce deuxième règlement, tout s’est déroulé de manière équitable, claire et transparente.
L’ancien président a enfin conclu que c’était tout ce qu’il avait à dire sur des questions de généralités et qu’il se tenait disposé à répondre en détail à tout point soulevé.
Ba Aliou Coulibaly – Nous venons d’apprendre par le biais de la déclaration de Monsieur Krombaly Lehbib , conseiller du Ministre du Pétrole des mines et de l’énergie que l’un des opérateurs en exploitation dans le domaine des hydrocarbures a cédé une part importante de son capital à une entreprise Qatari.
Selon le conseiller cette opération est normale et se passe selon les règles de l’art. Il précise qu’il s’agit d’une opération qui intervient entre deux entreprises et que cela ne concerne pas la Mauritanie.
Certes le code minier est différent du code pétrolier mais sur la base des expériences vécues dans le domaine des cessions d’actifs et du benchmarking sur l’affaire de la cession de la mine de Tasiast par Redback Mining à Kinross nous venons interpeller notre collègue à deux niveaux.
D’abord nous pensons qu’il s’agit d’une opération de vente qui comme toute opération de vente doit être naturellement soumise au code général des impôts et surtout quand la transaction s’effectue sur une ressource naturelle dont l’état est le premier pour ne pas dire le seul propriétaire.
Deuxièmement, partant de l’affaire de Redback et sur la base de la jurisprudence, le code minier qui considère les licences comme des titres fonciers qui doivent obéir aux mêmes conditions en cas de cession ou de rétrocession, l’état serait donc amplement concerné et doit naturellement bénéficier dans cette transaction. Normalement, à ce jour, cette disposition devait été prise compte dans notre législation.
Si cette disposition qui prévoit que l’état propriétaire des ressources doit bénéficier d’un pourcentage dans toutes opération de transaction concernant la licence n’a jusque jusque-là pas été formalisée cela prouve que nous apprenons lentement de nos erreurs et ce au détriment du contribuable.
Pourtant d’autres mesures beaucoup plus contraignantes ont été entreprises par les pouvoirs publics.
La Coalition Mauritanienne PCQVP saisit cette tribune pour inviter le législateur Mauritanien à se pencher le plus rapidement possible sur cette question de cession de licences longtemps résolue dans beaucoup de pays et qui jusque la constitue un talon d’Achille de notre législation largement exploité par les spéculateurs de tout ordre.
A titre d’exemple, non loin de chez nous, pour ne pas le nommer, la cession des actifs de Timis Corporation à Kosmos Energy constitue un cas d’école qui fait encore couler beaucoup d’ancre.
Il est important de rappeler que la plupart des transactions illicites qui engrangent tranquillement des sommes astronomiques au détriment des pays se passent dans cette étape et non celle de la production proprement dite.
Ba Aliou Coulibaly, Président de la Coalition Mauritanienne PCQVP, Membre du Comité National ITIE
Je vais tenter de répondre en simple militant à certains questionnements ponctuels qui surgissent en coulisses et j’en ai été saisi par moments surtout par les temps électoraux qui courent. Moi, je dirais que comme le mouvement El-hor dans le passé et d’autres par la suite, le mouvement Gambanaxu (éveil social anti-féodal ou régime associatif) n’est aucunement une instance politique organique d’une telle ou telle obédience. En revanche, en citoyen.ne.s avertis et « wokés », les militant.e.s et sympathisant.e.s Gambanaaxu peuvent être politiques ou politicien.nes à toutes les échelles (communale, départementale, régionale ou nationale) à travers différentes structures politiques selon leurs convictions et leurs affinités programmatiques. Ainsi, je crois que toutes gesticulations et activisme initiés personnellement ou collectivement allant dans le sens d’une exploitation politicienne du mouvement, ne peuvent être fructueux ni hier ni aujourd’hui ni demain non plus.
Sans se tromper, je suis et reste convaincu que Gambanaaxu a une émanation dans le sillage des OSC (organisations de la société civile), les politiques ou politicien.nes peuvent s’approcher d’elles ou les consulter en toute transparence. Et le mouvement comme entité revendicative et droit-de-lhommiste, peut soumettre des doléances, saisir et interpeller des mouvements ou des personnalités politiques sur des problématiques particulières ou globales d’intérêt public.
Lors de la présidentielle de 2019 en Mauritanie, un mémorandum avait été formalisé et destiné aux différents candidats en lice, lire https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=2304865596404081&id=1473902619500387 S’il y aurait un électorat encarté Gambanaaxu à convoiter ici et là, ce serait aux partis politiques de le faire ou pas avec clarté et responsabilité , et aucun.e membre, cadre ou doyen Gambanaaxu ne doit aller « s’engraisser » en crédit ou en légitimité personnelle pour de velléités carrièristes de plus très hypothétiques. Nos partis politiques ou sympathies politiciennes sont des espaces ou des voix (voies) adéquats et aérés pour faire valoir nos ambitions politiques collectivement ou individuellement.
La Cause Ganbanaaxu et ses idéaux dépassent en terme de vision, nos petits agendas politiciens et d’autres suspectes motivations irruptives aux relents individualistes.
Voilà, ici mes brefs éléments de réponse, en mon propre nom de simple militant.
Cridem – En Mauritanie, les marchandises ne sont plus autorisées à entrer sur le marché local sans être accompagnées d’un certificat de conformité du Programme de Vérification de Conformité de la Mauritanie (PVCM), indique un communiqué du ministère du Commerce, de l’Industrie, de l’Artisanat et du Tourisme diffusé mardi 4 avril.
Le Ministère du Commerce, de l’Industrie, de l’Artisanat et du Tourisme rappelle dans son communiqué qu’avant toute démarche, il est impératif de contacter le Bureau Veritas qui est le prestataire mandaté pour la mise en œuvre du PVCM applicable aux marchandises exportées vers la Mauritanie.
L’objectif de cette mesure, explique le ministère, est de protéger les consommateurs contre les produits dangereux, de qualité inférieure ou contrefaits, améliorer la qualité des produits grâce au respect des normes et réglementations applicables, ou encore protéger l’industrie nationale de la concurrence déloyale des importations de mauvaise qualité.
Sont concernés par cette mesure : Produits alimentaires, Produits en contact avec les aliments, Produits de construction, Produits chimiques, Textiles, Chaussure, Machines et outils, Produits électriques et électroniques, Véhicules et pièces détachées automobiles, Meubles, Équipement médical, Produits de beauté, Produits pharmaceutiques et Jouets.
Refaire l’histoire du foot ball national constitue un véritable défi. L’évolution de ce sport chez nous se présente en véritables dents de scie. Comme quasiment, tous les autres sports, le foot ball en Mauritanie a eu ses hauts et ses bas. En cela, certains font erreur en pensant que la petite éclaircie enregistrée depuis quelques années est un fait inédit. Pour ceux qui savent encore se rappeler de quelque chose, certaines équipes nationales de foot ball du milieu des années 70 ont inscrit quelques pages de gloire et immortalisé des noms de grands footballeurs dont la renommée a dépassé les frontières nationales. En 1983, la prestation de l’équipe nationale au tournoi Amilcar Cabral organisé en Mauritanie est encore dans tous les esprits. Ces équipes-là rivalisaient avec les plus prestigieuses du continent malgré les moyens très limités que les ministères de l’époque leur allouaient. Evidemment qu’il y a eu aussi des moments beaucoup moins réjouissants pendant lesquels certaines de nos équipes nationales essuyaient des défaites cinglantes qui frisaient l’humiliation. Il va sans dire que le développement du foot ball est un processus dans lequel plusieurs facteurs sont à prendre en considération dont la qualité du championnat national, la promotion des académies de formation, la découverte des jeunes talents et autres institutionnalisation et professionnalisation des clubs ne sont certainement pas des moindres. Il est tout aussi évident que l’argent, le nerf de la guerre joue un rôle prépondérant dans cette tentative puisque sans infrastructures dignes de ce nom et sans motivations substantielles au profit des joueurs et des encadreurs, tous les efforts entrepris risquent de ne pas faire mouche. Aussi, seuls le travail sérieux et la bonne gouvernance payent. Les exemples en cela ne manquent pas. A côté de nous, le Sénégal est certainement le modèle le plus beau et le plus éloquent avec en prime trois trophées de coupe d’Afrique gagnés en à peine une année et une participation honorable à la dernière coupe du monde. Tout cela sans tambours ni trompettes malgré les très bons résultats et des lendemains tout encore prometteurs.
• Le jeu en vaut –il la chandelle ? Il est incontestable que la Mauritanie a fait quelques progrès. La participation à quelques phases finales de la coupe d’Afrique des nations (CAN et CHAN) et l’enregistrement de quelques résultats satisfaisants en constituent une preuve éclatante. Grâce aux efforts des uns et des autres, la Mauritanie revient dans le concert des trente nations africaines les plus footballistiques. Le mérite de ce blason redoré revient à des hommes, des femmes et des jeunes qui se sont investis pour booster le sport roi dont raffolent des millions de Mauritaniens. La tentative de vouloir exclusivement auréoler une personnalité de ce travail est tout simplement peu objective. L’œuvre de reconstruction de notre foot ball est commune. Chacun y a joué sa partition : du plus simple employé au plus haut perché des fonctionnaires de la fédération nationale de foot ball et du planton du ministère de la jeunesse et des sports au ministre ayant en charge la promotion et le développement des activités sportives. Sur plus d’une dizaine d’exercice, la fédération nationale de foot ball a engrangé des fonds considérables qui étaient normalement destinés à promouvoir le foot ball. Des choses ont été faites. Des choses restent à faire. Les avis sont mitigés sur le rapport entre les fonds claqués et les réalisations et succès enregistrés. Le jeu a-t-il valu la chandelle ? Sur cela, chacun y va de son interprétation. En tout cas, la bonne gouvernance du sport constitue aujourd’hui l’une des meilleures garanties de son développement. Les résultats qui y sont obtenus sont généralement proportionnels à la bonne ou à la mauvaise gestion des ressources qui lui sont allouées. Avec des moyens beaucoup moins substantiels, certains pays de la sous-région ont de loin surclassé la Mauritanie en termes d’acquisition de stades aux normes, de participation régulière aux rendez-vous africains et internationaux et en termes d’organisation de manifestations sportives importantes.
• Une mauvaise approche Quasiment tous les pays du monde ont fait recours à un moment ou à un autre au recrutement de joueurs binationaux dont l’ambition légitime était de jouer pour des pays plus développés en foot ball que leur pays d’origine. En cela, la Mauritanie ne fait pas exception à travers l’enrôlement en équipe nationale de certains joueurs comme Ladji Malle (équipe nationale olympique et joueur du club américain de Los Angelés) dont les dernières déclarations sur l’équipe nationale dans une interview qu’il aurait accordée sont tout simplement déplorables et malheureuses. L’histoire de ces warners ou mercenaires du foot pose un problème de fond. Y faire recours doit se faire avec beaucoup de vigilance et de méticulosité. Leur utilisation doit se faire avec modération et intelligence pour éviter de barrer la route à des dizaines de Mauritaniens dont la seule ambition est de jouer pour leur équipe nationale et d’atteindre à travers elle le haut niveau au sein de clubs internationaux de renom dont certains comme en France ou en Angleterre exigent des postulants d’avoir été sélectionnés au moins dix à quinze fois dans l’équipe nationale de leur pays. Au rythme ou le recours à ces warners se fait aujourd’hui chez nous, des rêves sont brisés et des ambitions complètement découragées de quelques talents nationaux dont les places sont injustement et irrégulièrement ravies conjoncturellement à l’occasion de quelques expéditions dont les résultats sont généralement peu satisfaisants. D’ailleurs au regard des derniers matchs de notre équipe nationale, les meilleures prestations ont été enregistrées grâce aux bonnes performances de joueurs mauritaniens bon chic bon genre formés dans des académies ou clubs nationaux comme ….auteur des deux buts marqués contre le RDC en aller et au retour. Le principe de l’engagement des binationaux n’est pas mauvais en soi tant qu’il ne nuit pas à l’ambition et au rêve des jeunes nationaux qui veulent shooter le foot ball mauritanien au sommet de la gloire grâce à un talent, une volonté et un nationalisme qui résistent à toutes les épreuves.
Senalioune – Le gouvernement accompagnera le processus électoral et mobilisera toutes les garanties pour assurer la transparence des scrutins d’une part et l’impartialité de l’administration, d’autre part.
C’est en ces termes d’assurance que le premier policier du pays s’est adressé aux présidents et délégués des partis de l’opposition, au cours d’une réunion tenue hier lundi 3 avril courant dans la soirée.
Le ministre de l’intérieur a mis également en exergue le souci du gouvernement d’adopter la tradition de concertation permanente avec les différents acteurs de la scène politique, tant de l’opposition que de la majorité, afin d’assurer le succès du processus électoral, a-t-il ajouté.
La transparence des élections est un objectif auquel le gouvernement tient fermement et qui ne souffrira d’aucun dysfonctionnement, a réitéré devant les invités, dont certains avaient bien leurs raisons de penser le contraire, Ould Mohamed Ahmed, indique-t-on dans les coulisses.
Toujours selon ces indiscrétions, les présidents des partis de l’opposition avaient exigé toutes les garanties de transparence électorale, soulignant l’importance de la mise en place d’un observatoire pour surveiller les scrutins d’une part et d’un financement des partis politiques, d’autre part, soient deux points sur lesquels le premier flic du pays s’était engagé de travailler auparavant, à travers une concertation tripartite entre le gouvernement, la CENI et les partis politiques.
Certains leaders de l’opposition ont salué ce qu’ils ont qualifié d’atmosphère positive pour la préparation des élections, et ont fait part de leur satisfaction du climat qui a caractérisé jusqu’à présent le processus électoral, ainsi que pour les facilités qui ont accompagnées le dépôt des candidatures des dossiers.
Les partis de l’opposition à cette réunion sont :
1. Le Rassemblement National pour la Réforme et le Développement « Tawassoul »,
2. L’Alliance Populaire Progressiste (APP),
3. Sawab,
4. Le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD),
5. L’Union des Forces du Progrès (UFP),
6. L’Alliance pour la Justice et la Démocratie / Mouvement du Renouveau (AJD/MR),
7. Ribat National pour les droits,
8. Le Front Républicain pour l’Unité et la Démocratie (FRUD)
Dans le contexte démocratique, une élection est un moment critique, un instant d’une rare gravité quant à la vie publique. L’enjeu est d’une telle tragédie que l’acte du vote, emblème populaire de l’occasion, en devient une formalité quelque puisse être fondamentale l’importance de son rôle dans la délibération. Ce qui doit occuper le devant de la scène publique, c’est bien un débat actif, libre et généralisé, qui puisse faire exprimer le peuple dans ses structures les plus touchées par l’action politique, de sorte à situer le plus clairement possible chaque candidat, chaque programme et chaque parti. Cette condition semble être nécessaire en ceci qu’elle aide à éclairer le chemin qui mène le citoyen à l’urne, mais aussi dans son aspect de lutte contre les tares électorales telles que l’achat de conscience ou, plus exactement, le détournement de conscience – qui, je le rappelle, est un autre type de détournement qui jouit d’une grande impunité. Ainsi, il n’est de meilleure occasion pour discuter des préoccupations du peuple ; non seulement de ses rapports avec le système gouvernant, ou de l’allocation et de la qualité des institutions et des services, mais aussi des inégalités et des injustices qui affectent sa vie quotidienne et la condition des citoyens. Dans cette contribution au débat, je me propose de faire une brève discussion de quelques sujets qui me paraissent intimement concernés. Je vais exposer donc trois dignités de base quotidiennement bafouées dans le pays : la dignité sociale, la dignité culturelle, la dignité humaine. • La dignité sociale : Elle est essentiellement la proie du système féodal et des réflexes patriarcaux multi-échelles. La caste est encore une réalité vive en Mauritanie dans la mesure où elle est prise en compte comme condition d’une transaction sociale fondamentale : le mariage. Le système social que nous avons hérité, et dont nous avons tant de difficultés à révolutionner vers un régime égalitaire, met en action une vie sociale dans laquelle une noblesse détient un pouvoir multiforme face à des castes assignées à des rôles subalternes et un groupe spécial voué à la servitude. Ce régime de vie sociale est un générateur permanent d’inégalités et d’injustices. Mais, contrairement à ce que l’on peut croire, ces inégalités ne portent pas que sur des paramètres symboliques, elles sont aussi économiques et politiques. Les terres héritées de l’ancien système sont, en général, détenues par les descendants de cette noblesse. Le pouvoir religieux est concentré dans des familles de la noblesse qui, par le biais des liens du mariage, assurent à la fois son partage et sa restriction au sein de la caste. Or, et le pouvoir religieux et la détention des terres constituent des facteurs économiques et politiques. Il est indéniable qu’ils participent, loin de tout système de mérite et de toute approche de redistribution, à alimenter les inégalités. Pour ce qui est des terres, le sens égalitariste peut remercier la course vers l’émigration, accentuée par l’avancée de la sécheresse, qui avait participé, à une mesure appréciable, à la libération de ceux qui, sans terres, étaient voués à de misérables conditions de dépendance. Malheureusement, comme l’on peut le comprendre sans peine, ce relâchement est de portée très limitée ; l’émigration, n’ayant pas de convictions politiques en soi, n’a été qu’une condition positive pour cette problématique, mais aucunement elle n’a été une mesure pour la résoudre. Les concernés trimbalent encore leurs lots de souffrance. Le phénomène abolitionniste, bien qu’ayant reçu le soutien et la sympathie de plusieurs figures dont celles issues de ladite noblesse, est cependant contré, et souvent avec violence, par le féodalisme. Donc le féodalisme, en tant que système, est réfractaire à l’idée de capituler même si quelques rares individus issus du milieu féodal actent contre ce système. On est là typiquement face à un phénomène, quasi-universel dans les luttes, où le comportement de quelques individus se retrouve à l’opposé de celui de la structure dans laquelle ils sont rattachés. Une subtilité souvent broyée sur le ring des luttes. Je le souligne parce que ces membres en question souffrent de leur achronie au sein des archaïsmes qui les entourent. Pour ceux parmi eux qui sont de caractère à aller au bout de leurs idées, la peine inévitable à essuyer est leur répudiation pure et simple par leur milieu social. Toujours est-il qu’il faut rappeler que la cellule unitaire qui fait la base de notre société est la famille, et qu’au noyau de celle-ci agit une interaction fondamentale qu’est le lien du mariage ; c’est ce dernier qui assure la liaison du sang et des fortes prérogatives qui y sont rattachées. Or ce lien est interdit entre castes ; nous sommes ainsi en droit de dire que nous vivons dans des apartheids sociaux qui ont toutes les clés pour ouvrir d’autres. L’autre figure sociale atteinte dans sa condition est la femme. Au moins pour ceux sédentaires parmi les anciens États, où la taille des cités faisait florir les marchés et des commerces de toutes sortes, les femmes avaient un pouvoir et une place qui ne demandaient qu’à s’étendre. La parité, quelque furent ses défauts notamment en politique, était de loin plus convaincante que ce qui est vécu aujourd’hui ; j’en veux pour preuve la place culturelle plutôt égalitaire dont les vestiges sont très éloquents et l’absence de contraintes vestimentaires et de déplacement pour n’en citer que celles-ci. Dans la transaction qui s’est opérée entre l’ancien et le nouveau cadre de vie, la place de la femme semble régresser dans plusieurs de ses aspects. Le système moderne implanté par des hommes à leur image (les administrateurs coloniaux étaient tous des hommes), calibré pour interagir avec de correspondants masculins, les systèmes postcoloniaux bâtis dans le mimétisme dans leur géniteur colonial… Tout ceci a concouru à établir une culture d’éloignement des femmes des positions de pouvoir, encore plus que ne le faisaient les anciens États précoloniaux où le pouvoir politique était englouti dans sa dimension militaire, et où l’administration et les institutions civiles n’avaient pas d’existence véritable, contribuant à retreindre le pouvoir effectif aux mains des combattants les plus belliqueux. Ceci explique le peu d’action qu’avait le pouvoir de l’époque sur la vie quotidienne des citoyens. Celle-ci était plus régie par l’organisation sociale et les pratiques culturelles que par une administration politique. Ainsi par le rôle qu’occupait la femme dans la chaine économique et dans le lieu culturel et social, sa place a été de plusieurs dimensions supérieure à celle qu’elle a dans un système où l’administration, de par sa construction, donne à l’homme la part essentielle tout en reléguant le champ traditionnel au second plan. Deux problématiques se posent notamment : 1) Les nouveaux chemins d’acquisition aux tuyaux économiques (salaires) sont ouverts aux sortants de la nouvelle école dans laquelle les femmes ont moultes difficultés à prospérer. Un conflit existe bel et bien entre les exigences sociales et les exigences de l’école. Ce conflit est plus contraignant pour la femme que pour l’homme, qui le subit aussi au fur et à mesure qu’il avance dans les études. Dans l’absence d’ingéniosité à transformer et l’école et la société pour l’avènement d’une formule salutaire qui résoudrait ce conflit, l’éducation moderne de la femme est globalement sacrifiée, son champ de perspectives d’épanouissement rétréci ;
2) Au niveau du droit, nous vivons dans un pays où la protection de la femme n’est pas assurée. La jeune femme victime de viol risque une sanction pénale, du fait de la loi contre le péché de la chair, en plus de ne jamais pouvoir échapper à la sanction sociale et au harcèlement généralisé. Elle est ainsi réduite au silence. Par ailleurs, la femme est de plus en plus assignée sous un ‘voile’ qui continue ronger expression publique. Un phénomène de harcèlement consistant à la ramener à «sa place » s’est accentuée avec l’avènement des réseaux sociaux où, à chaque altercation, elle voit sa vie privée, réelle ou fantasmée, profanée devant la foule.
• La dignité culturelle : La discrimination culturelle est un problème fondamental qui a surgi dès les premières heures de l’État mauritanien. Nous sommes là typiquement devant un fait d’État en cela que ce problème est purement le fruit d’une idéologie fondatrice de l’État et sur la base de laquelle s’érigent ses institutions, instruments de sa mise en œuvre. La Mauritanie est un pays multilingue, multiculturel. Et comme tout pays multiculturel, une question essentielle se pose quant à son affirmation identitaire : opte-t-elle pour l’affirmation de sa multiculturalité ? Et dans ce cas une gestion culturelle basée sur un principe égalitaire lui incombe. Ou choisit-elle de promouvoir une culture à développer au détriment des autres ? Dans ce cas, sous l’action de l’inégalité des moyens, les autres cultures verront leur présence décliner jusqu’au néant. Les deux types de modèles sont expérimentés dans le monde. Le premier est celui de la Suisse pour ne citer que ce pays, le second c’est celui de la France. Quant aux effets de chacun de ces modèles, le constat est simple : quand des langues comme le normand, le gascon, l’occitan, que rien ne semblait menacer, se sont retrouvés en voie de disparition en France jacobine sous l’action d’un français armé, une langue comme le romanche, que tout menaçait, s’est vue se maintenir et se développer sur les montagnes d’une Suisse multiculturelle. Pour ce qui est de la Mauritanie, de la constitution à l’administration, des canaux audiovisuels de l’État à l’école républicaine, le choix de l’unilinguisme ne fait pas de doute. Seulement, une fois que l’on dit que l’unilinguisme a été choisi, faudrait-il encore avoir la suite dans les idées à poursuivre la réflexion sur ce que cela implique, à court, moyen et long terme. Tous les exemples d’expérimentation d’une telle politique sont unanimes sur l’issue : la disparition des cultures non choisies. Là-dessus même les mécanismes par lesquels cette disparition procède sont bien compris. L’État mauritanien, dans une loi qui a fait couler beaucoup d’encre, a proposé en 2022 une réforme contenant un article qui traite de la politique linguistique. Un article qui rappelle dans sa substance le décret de 1979 sur l’expérimentation des langues pulaar, wolof et sooninke. Seulement, l’article ne laisse aucun doute sur le choix de l’arabe comme langue de la Mauritanie sur tous les plans. L’absence de décision juridique concernant l’usage des langues pulaar, sooninke et wolof, en particulier dans l’administration, qui donnerait ainsi des perspectives d’employabilité, met en lumière l’absence d’une politique égalitaire. Tout montre que le modèle proposé par cette loi est un modèle de transition vers l’unilinguisme arabisant plutôt qu’une étape vers le multilinguisme institutionnalisé. De plus, l’école, les médias, les espaces de pouvoirs et de services sont des lieux culturellement discriminants qui n’ont aucune autre exigence que le fait de parler l’arabe, ou disons le hassaniya.
La pulwolsooninkité n’apparait dans l’image officielle de la Mauritanie que dans de rares manifestations folkloriques, ou pour teindre les longues queues dans les centres d’État civil où la même frange de la population quémande une nationalité qui lui est pourtant due.
• La dignité humaine : Nous en avons déjà parlé dans le cadre social et culturel ; la dignité humaine est en effet atteinte dans l’oppression sociale et culturelle. Mais au-delà de ces deux processus identifiables et attribuables à des systèmes bien cernés, le peuple, dans sa globalité, souffre des conditions de vie dignes d’un autre temps. Un service de santé extrêmement défaillant, en particulier dans le monde rural. Les citoyens obligés de traverser les frontières pour trouver soins et soulagement à leurs souffrances. Ceux qui n’en ont pas les moyens sont impitoyablement abandonnés à leur sort. Des citoyens régulièrement réprimés pour avoir consommé un droit fondamental de manifester, d’autres tués à coup de bavures policières dans les cellules de commissariats. L’éducation périclite ; des collégiens qui ne savent ni lire ni écrire du fait du manque de rigueur d’un système idéologisé et négligé. Les diplômés qui s’entassent dans le chômage, en même temps que des milliers de milliards sont empochés des recettes de ressources vendues. Un pays où l’âge médian tourne autour de 20 ans (la moitié des mauritaniens a moins de 20 ans), muni des ressources aussi diversifiées que les mines, l’océan, un fleuve à la bordure duquel s’étendent de vastes terres cultivables, est incompatible avec le portrait de paupérisation continue qu’il ne cesse de renvoyer. Les deux supports de base d’une économie productive sont réunis. La corruption omniprésente est à combattre avec vigueur, elle constitue la plus grande embuche à la gestion rationnelle et intelligente des forces productives, des ressources naturelles et la mise en place des conditions matérielles d’un développement économique. Pour ne pas étirer la discussion, je conclus ce panorama de quelques problématiques parmi d’autres qui se posent à la Mauritanie. Je n’ai pas axé ma discussion sur les procédures défectueuses des institutions de l’État même si j’y fais allusion par endroit. J’ai privilégié m’appesantir, pour ce qui est de l’État, sur ses fondations inégalitaires. Par ailleurs, comme dans toutes mes analyses, le centre de mon référentiel est le peuple. Les concepts d’État, de république et de nation n’ont d’importance à mes yeux que dans la mesure où ils s’emploient au service du peuple. Car oui, ces conceptions, quelque pugnace que puisse être leur nature, resteront éphémères face à la longévité des peuples. Le génie du peuple c’est de savoir conserver son facteur humain tout en étant une si grande structure. La folie des États c’est de s’échiner à vouloir l’effacer au sein des cadres rigides qui n’ont jamais prévu la souplesse de s’infléchir pour amortir l’effet des vents de sa destruction. Dans un tel État, la sagesse millénaire des peuples, du fond de ses plus grandes trouvailles culturelles, doit s’exprimer. Et nous devons l’écouter. Nous devons refuser cette façon sournoise de tuer les débats par la fuite, cette façon d’envoyer une médiocre image de notre pays où tout se règle entre le boutiquier et le client, où tout s’achète et a un prix. Cette attitude n’est pas moins une corruption quand elle est usitée pour faire sauter une contravention que pour expier un crime. Elle est encore plus ignoble quand elle est employée comme procédure privilégiée d’adhésion électorale.
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