Le 27 septembre 2011, à Maghama, la gendarmerie a ouvert le feu sur des manifestants pacifiques de Touche pas à ma nationalité qui ne demandaient rien d’autre que la citoyenneté pleine et entière pour tous les Mauritaniens au delà de leur appartenance raciale, ethnique ou tribale.
Le bilan est particulièrement lourd : Lamine Mangane, adolescent de seize ans est tué sur le coup, tandis que 8 autres enfants sont grièvement blessés et marqués à vie. Treize ans après cette tragédie, aucune enquête n’a été diligentée pour situer les responsabilités et les coupables courent toujours, s’ils n’ont été promus pour leur forfait.
Une plainte a pourtant bien été introduite par la famille du jeune homme assassiné, mais elle n’a été suivie d’aucun effet, bloquée par une justice aux ordres d’un système étatique fondé sur le racisme et l’esclavagisme.
La tragédie de Maghama est en effet une suite logique du permis de tuer du noir délivré aux représentants les plus zélés du système raciste et esclavagiste à travers la promulgation de la loi d’amnistie protégeant les auteurs des crimes contre la communauté noire pendant les années de braise.
Touche pas à ma nationalité ose espérer que vous vous ressaisirez, après un premier mandat qui n’a fait que creuser davantage le fossé entre les Mauritaniens, et que vous aurez le courage d’affronter les vrais problèmes qui minent l’existence de notre pays. Nous vous rappelons que l’unité nationale ne peut se construire sur le déni de justice et exigeons :
– L’ouverture d’une enquête interne visant à situer les responsabilités de la tragédie de Maghama
– L’indemnisation de l’ensemble des victimes
– La levée des obstructions empêchant le traitement de la plainte introduite par la famille Mangane ;
– L’abrogation de la loi d’amnistie de 1993, cadre légal de toutes les exactions à l’endroit des Noirs de Mauritanie.
En espérant que vous mettrez les intérêts de la Mauritanie au-dessus de toutes les autres considérations, nous vous prions d’agréer l’expression de nos salutations distinguées.
~~~Notre Rubrique Le GEB vous revient avec l’interview de Madame Sarafina KANE, une franco-mauritanienne. Elle a répondu à nos questions, au menu, ses expériences de militante associative et d’entrepreneure. Également, d’autres thématiques ont été abordées comme l’engagement de la diaspora, la politique en Mauritanie et le panafricanisme. Nos remerciements à elle pour sa disponibilité.
Ci-dessous l’intégralité de l’interview :
● Question 1 : Bonjour Madame Kane, merci d’avoir accepté notre interview. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Sarafina KANE : Bonjour Monsieur Soumaré, je tenais avant tout à vous remercier de l’intérêt porté à ma personne. Je suis mauritanienne vivant en Europe depuis de nombreuses années, arrivée en France à l’âge de 6 ans. Je me définis en tant qu’humaniste engagée en faveur de la justice sociale et des droits de tout citoyen avoir une vie digne et meilleure Je suis la fondatrice du premier incubateur féminin en Mauritanie Rendo women entrepreneurship. Et Présentatrice de « ESPRIT EBENE » au sein d’ADN (Africa Diaspora News) depuis 2015, une émission qui valorise le rôle de la femme de la DIASPORA
● Question 2 : Dans quel domaine particulier aviez-vous investi comme entrepreneure et militante associative ?
SK : Je milite dans le monde associatif depuis plus de 10 ans. En 2007 j’ai dirigé l’association des étudiants mauritaniens de Rouen, nous avons avec les étudiants internationaux de Normandie co-fondé le COLLASUR (Le collectif des étudiants internationaux). Également j’ai été élue au Conseil d’Administration de L’université de Rouen et du Forim qui est une plateforme nationale qui réunit des réseaux, des fédérations et des regroupements d’Organisations de Solidarité Internationale issues des migrations. Avant de fonder DIASPORA RIM (Réseau des Jeunes Mauritaniens de la Diaspora). Dix ans plus tard je crée la première plateforme dédiée exclusivement aux femmes en Mauritanie, RENDO Women Entrepreneurship. Elle avait pour but l’accompagnement à l’insertion socio-professionnelle par une activité économique. La même année j’ai organisé un événement à l’IFM (institut français de Mauritanie) intitulé « entreprendre au Féminin » réunissant plus de 300 personnes parmi lesquelles des femmes de la société civile mauritanienne, politiques, entrepreneures et le collectif des femmes migrantes. Le but de cette activité était la promotion l’entrepreneuriat féminin, la découverte des parcours semés d’embuches de certaines femmes, la réflexion sur l’autonomisation de la femme et les différents modes de financements. À la suite de cette aventure, je me suis lancée le défi de créer le premier concours d’entrepreneuriat féminin sans budget, sans financement privés et sans subventions. La réalisation de ce projet n’aura pas été possible sans l’aide de personnes de bonne volonté : L’hôtel monotel m’a offert gracieusement le lieu, l’association des anciens étudiants de la diaspora ont cotisé pour me soutenir et l’agence Butterfly. Cette action a permis la découverte des jeunes femmes de Talent comme Kadio Niang de Solar ecobar et Marieme Sall avec son projet de « Farine enrichie bio » pour lutter contre la malnutrition. Cet événement a été un succès et le premier vers de nouveaux projets : comme la création d’une épicerie sociale et solidaire à PK. Cette épicerie s’est inspirée des restos du cœur, elle avait pour objet de vendre des produits à bas prix à un public plus vulnérables, la promotion de la production locale et enfin la mise à disposition d’une boutique solidaire permettant aux commerçantes d’y exposer leurs produits à la vente. Nous avons également organisé des ateliers de coutures en partenariat avec le collectif des femmes elbeuviennes, le partenariat avec l’association Solidarités actions valeurs Environnement pour la mise en place du projet d’insertion par la couture de 10 femmes dans les quartiers QPV par la confection des produits hygiéniques bio et réutilisables afin de les distribuer aux femmes et aux jeunes filles aux revenus modestes. Nous avons distribué des serviettes hygiéniques aux femmes détenues au centre pénitenciers de Nouakchott en Mauritanie. RENDO a également organisé des ateliers d’initiation en informatique, des ateliers CV et recherche d’emploi et des formations à destination des professionnels de l’action sociale et des bénévoles dispensées par le GRDR. En 2020, j’ai malheureusement fermé l’épicerie solidaire à cause d’une mauvaise gestion et de manque de moyens financiers. Par la même occasion j’ai décidé de dissoudre RENDO en tant qu’association. Vous savez pendant plusieurs années j’ai dénoncé et condamné la personnalisation des associations ou des mouvements. On constate en Mauritanie des associations ou mouvements politiques qui sont dirigés par des président.e.s à vie, aucune alternance ni aucun renouvellement. Lorsqu’on parlait de Rendo, on pensait automatiquement à ma personne, alors qu’une équipe était aussi derrière le succès de nos évènements. J’ai fini par devenir les personnes que je critiquais et je suis tombée dans le piège tendu par l’environnement mauritanien. D’autres parts, il est difficile de gérer une association ou une entreprise lorsque vous êtes une militante de l’opposition. Lorsque vos ennemis voudront vous atteindre e ils passeront par votre structure, d’ailleurs c’est ce qui m’est arrivé. Rendo n’a jamais bénéficié de subventions publiques mauritaniennes et pourtant j’ai fait l’objet d’accusations de la part de personnes malveillantes ou pro Actuel président Ould Gazouani, que Rendo aurait reçu des financements pour critiquer le président actuel. N’ayant jamais rencontré l’ancien Président Ould Abdel Aziz ni le Président actuel, ces accusations étaient d’une lâche offense à notre réputation. Le monde associatif reste pour moi pire que le monde de l’entreprise car nous faisons souvent face à des individus qui ont des ambitions cachées soit politiques ou financières. Pour le moment RENDO est en sommeil, je me recentre et concentre sur la gestion de mes projets personnels et professionnels.
● Question 3 : De par votre expérience, quels sont vos constats et analyses sur les diasporas mauritaniennes en France et leurs activités associatives et professionnelles ? Atouts et manquements à combler ?
SK : La Diaspora crée souvent des espaces de réflexion, de pression de l’extérieur et de débats tels que les conférences mais aussi des actions de contestation comme les manifestations devant les instances dirigeantes (ambassades, services consulaires). Cependant malgré le fait que la diaspora Mauritanienne soit organisée en association ou en mouvements politiques, elle reste néanmoins dispersée, désorganisée et peu solidaire. La diaspora mauritanienne a joué et continue de jouer un rôle important dans les efforts du développement en Mauritanie. On associe souvent la diaspora à une mission uniquement économique à travers le transfert d’argent à leurs familles, mais elle est également à l’origine de transfert de compétences, ainsi qu’à des innovations sociales et culturelles importantes. Elle essaie de s’impliquer à distance dans les initiatives locales, en politique malgré l’instabilité politique. Mais peut-on dire que la diaspora Mauritanienne est unie ? Ma réponse est non. Nous sommes non seulement disséminés mais la confiance au sein même de nos organisations est aux abonnés absents. Les associations et mouvements politique s’essoufflent, souvent dirigés par nos ainés ou des personnalités qui s’estiment avoir plus de légitimité d’agir que d’autres ou que la jeunesse du fait de leur histoire ou de leur vécu. Cet état de fait crée une stagnation voire une disparition de ces mouvements. Nous faisons face également à une répétition des actions, pas de renouveau, pas d’innovations et pas d’actions conséquentes ni pérennes. Nous sommes tous conscients que la solution aux difficultés que rencontrent les mauritaniens ne viendra pas de l’Etat mauritanien, pour y remédier nos seuls moyens de pression sont les contestations par les manifestations, les articles de presses, les tweets sur les réseaux sociaux. Mais le constat est général, toutes ces actions ont à long terme aucun effet sur les problématiques que nous rencontrons. Nous ne disposons pas de fonds propres de financement des initiatives de la diaspora, de plateforme commune de réflexions, d’actions sociales et concrètes à destination de nos localités et villages respectifs. La diaspora doit se réorganiser et se rendre compte de la situation grave dans laquelle nous vivons. Nous devons avoir davantage une conscience politique et citoyenne.
● Question 4 : quelles analyses faites-vous de la situation politique mauritanienne actuelle notamment après l’épisode mouvementé de l’élection présidentielle du 29 juin dernier ?
SK : Il y a une grande déception vis-à-vis de l’état mais aussi du camp de l’opposition mauritanienne. Pendant des décennies l’opposition mauritanienne est tombée dans le piège tendu par le système mauritanien. J’aimerais mettre en évidence plusieurs éléments : Les responsables politiques des mouvements étaient conscients que les élections du 29 juin ne respectaient pas le jeu de la démocratie. Certains membres de la diaspora se sont vus privés du droit de vote en raison de l’absence des bureaux de vote dans leurs pays de résidence. Des personnes se sont déplacées au bureau de vote et se sont vues refuser de voter car d’autres personnes auraient voté à leurs places. Pourtant l’opposition était consciente de cela avant même de participer à cette mascarade électorale. Nous avons également vu des « leaders politiques » abandonner leurs partis et mouvements respectifs pour soutenir des candidats soi-disant de l’opposition mais qui avaient des ambitions à peine cachées à la solde du système mauritanien et dont le rôle n’était ni plus ni moins que de disperser les voies de la véritable opposition. D’ailleurs leurs comportements après l’élection ont donné raison aux rumeurs car certains n’ont pas hésité à s’aligner expressément vers le Président sortant réélu. Mais l’élément le plus marquant reste ces graves incidents post-électoraux. Certains membres de l’opposition ont joué la carte de la manipulation politique en contestant les élections sans apporter aucune preuve mais surtout aucune action concrète de contestation n’a été mise en œuvre Des individus irresponsables ont appelé des jeunes à manifester et contester les résultats. Les conséquences de ces actions ont causé la mort des jeunes innocents, tués par des policiers ou des gendarmes. Pour moi ces individus sont tout aussi responsables de la mort de ces jeunes que l’appareil de l’état qui s’est transformé en milice, n’hésitant pas à tirer sur sa propre jeunesse. On ne peut mener une lutte ou des combats par « procuration ». Aujourd’hui ces jeunes sont morts « pour rien », à part demander aux gens de changer leurs photos de profil et faire des débats inutiles sur les réseaux sociaux, aucune action concrète n’est sortie de ces évènements. Nous ne tirons pas des leçons de notre passé. Depuis des décennies des jeunes sont menés à l’abattoir pendant que d’autres « milices du clavier » et perroquets du net continuent de les mener au front à leur place. Ce que je dis ne plaira certes pas, mais j’ai encore la liberté de penser et d’écrire ce que je pense. Quant à l’appareil de l’Etat rien de nouveau à l’horizon, nous faisons face à une continuité de la politique de notre ancien Président. L’ancien président Ould Abel Aziz est actuellement emprisonné pour détournement de biens publics, mais le Président recycle les mêmes individus qui ont travaillé et collaboré avec l’ancien président, où est la logique ? L’appareil de l’Etat est dans la continuité de la politique menée depuis de nombreuses années qui est celle de la manipulation, de l’abrutissement et de l’appauvrissement d’une partie de la population du pays. En 2024 plus de 20000 jeunes mauritaniens ont quitté le pays pour rechercher un avenir meilleur aux USA via le Nicaragua, cet événement démontre de la situation alarmante et d’un avenir sombre de notre pays. Aucune volonté politique d’amélioration des conditions de vie du peuple qui fait face à des difficultés d’accès à l’eau. Ce qui est quand même un minimum vital, à l’accès à l’emploi et à l’accès à une bonne éducation. Nous constatons la baisse du pouvoir d’achat des familles, une recrudescence de la délinquance et de la criminalité et une détérioration continue du système éducatif (moins de 8% d’admis au baccalauréat depuis plusieurs années).
● Question 5 : Ces dernières années, un regain panafricaniste s’est manifesté sur notre continent (L’Afrique), quelles analyses faites-vous d’éventuelles retombées à court et long terme ?
SK : Pendant des décennies l’Afrique a rêvé du panafricanisme sans pouvoir atteindre cette « utopie ». L’idée quasi morte refait surface depuis ces dernières années et redonne à l’Afrique l’espoir d’une unification du continent autour de projets communs. Beaucoup d’intellectuel africains aspirent à une monnaie commune ou d’un passeport africain comme pour faciliter le commerce intra régional et la libre circulation des biens et des personnes. Nous avons déjà des initiatives qui sont nées comme « le passeport cémac » qui a eu pour conséquence la suppression des visas pour 6 états africains. Ou encore la décision de l’État Rwandais de supprimer les visas pour les pays africains et la création de confédération entre différents pays afin de faciliter la réussite individuelle et collective des Etats membres. A long terme toutes ces initiatives vont créer des effets de contagion des autres pays africains qui sont de plus en plus conscients de l’importance de la création d’un Etat fédéral de l’Afrique.
Nous sommes à une époque où, par cynisme, on se plaît à braquer les projecteurs sur les choses de l’ordre du sensationnel, du superficiel et même du frivole. Nous sommes dans un monde des paradoxes, où l’exemplarité est peu médiatisée alors que les « bouffonneries », font le buzz, soutenues et encouragées.
Cela est d’autant plus que vrai, quand on observe les productions journalistiques, populaires et orales, communicationnelles en tous genres, en milieu Soninké ; toute une déferlante de supports (sons, images et écrits) autour de la commémoration, du 25 septembre 2024, correspondant au premier anniversaire de la reconnaissance de la langue Soninké par l’UNESCO, on remarque curieusement, le black-out autour de la marraine de l’évènement au siège de l’UNESCO à Paris. Cela ne m’a pas échappé.
La marraine de l’évènement est un évènement à part
Soukeyna DIABIRA, mérite d’être davantage connue et le combat pour la résolution du conflit intra-soninké de cette femme d’exception mis en exergue. C’est l’exception qui nous intéresse, nous autres, la routine est une répétition soporifique. Et ce qui nous amène à parler de cette grande dame.
Cependant, je connais peu de choses sur cette Soninké exceptionnelle à tous égards. Disons, je la connais bien, mais sur un autre aspect(familial), parce que je suis très lié à la famille de son époux. Mais, cette partie relève de la vie privée et ne semble intéresser personne.
Soukeyna Boubou DIABIRA est active dans plusieurs domaines : la société civile, l’éducation, le développement etc.
C’est une femme battante et entreprenante, qui laisse des marques là où peu d’hommes osent s’y aventurer. Soutenir, que ce n’est pas pour rien, qu’elle a été choisie marraine de la cérémonie de commémoration de la langue Soninké, au siège de l’UNESCO à Paris, ce n’est pas de la complaisance. Je ne suis pas dans le secret des dieux. Cependant, une chose est sûre, ce que ce choix est mérité et amplement mérité. En effet, Soukeyna est présidente de l’Association Sironde do kaffo (Réconciliation sociale), qui ose parler de RÉCONCILIATION entre les Soninkés, soit une manière de reconnaître qu’il existe bel et bien une crise socio-politique intra-soninké plombant la cohésion sociale et le développement de tous les « territoires Soninké » de la Mauritanie, au Mali, en Gambie, au Sénégal etc., et même dans la diaspora.
Le sujet est évité par la plupart des intellectuels, de communicateurs, des leaders d’opinions. Le sujet est devenu tabou, gênant, source de honte et crainte. Chacun a peur d’être « démoli par des insulteurs publics » payés par je ne sais qui ?
La crise intra-soninké, pour résumer en quelques mots pour « les autres », est un conflit socio-politique opposant depuis plus de six ans maintenant, partisans de la reproduction et la continuation de l’ordre social traditionnel et hérité à ceux de « la mise à mort » immédiate des aspects socio-culturels, faisant référence à leurs ascendances serviles. La crise, personne ne peut la nier, elle est visible au point de « crever l’œil », même si elle est volontairement évitée dans les manifestations officielles Soninkés, qui ont propension à délecter d’autres sujets.
La société Soninké étant connue pour sa pudeur, veut cacher cette plaie qui est la manifestation d’une maladie honteuse. Or, elle oublie que la parole est thérapeutique, elle peut être pathogène notamment dans un usage indécent et irresponsable. Le silence, comme stratégie adoptée sur les dignitaires et leaders Soninkés est mortifère ou létal. « Au commencement était la parole ! »
Éviter d’aborder la crise inter-soninké, c’est contribuer à son exacerbation ; même s’il est vrai qu’il vaut mieux se taire lorsqu’on n’est pas porteur d’un discours de paix. La paix, c’est aussi oser dire la vérité, situer les responsabilités avec les mots justes.
En dépit de cette situation est délétère, voire irrespirable où même les hommes se méfient de s’afficher, Soukeyna s’est fait distinguer par son courage, à travers des conférences et plusieurs tentatives de résolution de la « crise Soninkara », en sillonnant différents « pays Soninké » pour rapprocher les positions. Certains ont même dit, quelle prétentieuse ! Là où les hommes ont échoué, ce n’est pas une femme qui va réussir. Le malheur, c’est de n’avoir pas essayé.
Je garde encore l’invitation que je n’ai pu honorer, qui m’a été adressée par son association, « Association Sironde do kaffo », pour assister à une manifestation, les 1, 14 et 15 décembre 2022, au Mali, au siège de Guidimakha Danka à Kayes. La rencontre, faut-il le rappeler, était audacieusement intitulée : Conférence sur la crise sociopolitique de la société Soninké.
Et dans le premier paragraphe de cette correspondance pouvait-on lire : « La conférence abordera les défis les plus importants auxquels la société Soninké est confrontée, de la crise socio-politique, les conflits internes et les provocations systématiques entre les individus jusqu’à ce que le sang soit versé et que des centaines soient déplacées de leurs maisons et de leurs villages » .
Au lendemain des crimes d’esclaves dans la région de Kayes, dans un contexte explosif, Soukeyna avait fait le déplacement pour présenter ses condoléances aux familles des victimes.
Ce parcours héroïque mérite d’être connu, et doit inspirer chacun d’entre nous. Qu’il est agréable, facile et inspirant de parler d’un titre mérité !
En décrétant, chaque 25 septembre, journée Internationale de la langue Soninké, l’UNESCO envoie un message fort aux Soninké. Message que beaucoup d’entre nous ne cherchent pas à décrypter, à en comprendre la signification et l’implication profondes, pas à cause de la ferveur et l’enthousiasme que suscite l’événement.
Il est tout à fait normal de jubiler, de célébrer cette journée exceptionnelle et historique, qui honore une communauté, un peuple, une culture, un patrimoine et une langue. Et dans cette commémoration, il faut associer tous ceux qui parlent Soninké sans être Soninké culturellement, tous les Africains et tous ceux qui aiment les langues du monde. Cette reconnaissance est une satisfaction pour tout ce monde, chacun y trouve sa part de bonheur.
Il y a maintenant, le non dit de cette distinction accordée à la langue Soninké
Cette consécration de la langue Soninké par l’UNESCO, est une invite à la recherche sur notre langue, notre culture etc., en vue de mieux la « vulgariser », mieux l’étudier, la comprendre et la développer. Par cette reconnaissance, l’UNESCO lance un message aux Soninké que la langue Soninké, comme toutes les langues du monde, ne sont pas figées. Idem pour la culture. Ceci étant, l’UNESCO dit de manière à peine voilée aux partisans de l’immobilisme social que rien n’est statique.
La langue et la culture sont par essence dynamiques. Les changements tant redoutés par certains dans le Soninkara, sont consubstantiels à la culture. La culture fonctionne un peu comme, certains animaux qui font des mues, non pas par fantaisie ou par simple plaisir : cela s’appelle de l’adaptabilité ou de la résilience.
En clair, toute culture qui ne peut s’adapter, en intégrant la dynamique endogène et exogène est appelée à mourir. Laissez la culture et la langue Soninké s’exprimer librement, ne lui imposez pas votre diktat ou primes passéistes. Elles sont suffisamment mûres, intelligentes et capables de se défendre.
Cela dit, quelque part, l’UNESCO encourage et met au défi les Soninké à accepter que la dynamique est un critère de vitalité, de créativité et même d’ingéniosité d’une langue. En effet, la langue est comme un fleuve qui charrie la culture ( les cultures), pour lui (leur) permettre de se développer, de prospérer, et de s’affirmer. L’immobilisme social est donc l’ennemi mortel de la langue et partant de la culture. Laissez-nous vivre, nous épanouir et être en phase avec la philosophie de notre époque, sans bien sûr nous compromettre. C’est possible !
L’autre message sous-entendu de l’UNESCO, le Soninké en tant que langue devient un patrimoine pour tous les hommes (l’humanité). Il cesse d’être la seule propriété de ses locuteurs natifs. Aussi, cette reconnaissance par l’UNESCO nous oblige-t-elle à changer notre regard sur la langue Soninké, qui cesse d’être réduite à une simple fonction vernaculaire.
Dès lors, les Soninké sont invités à accepter l’ouverture, vaincre notre autarcie habituelle, méfiance ou condescendance vis-à-vis des autres, pour favoriser le dialogue des cultures et des langues : le métissage.
Célébration de la 1ère édition de la Journée mondiale de la langue Soninké sous le patronage de son Excellence Adama BARROW, Président de la République de Gambie, se tiendra le 25 septembre au siège de l’UNESCO à Paris. Le thème retenu pour cette célébration est « Le Soninké à l’ère du numérique ».
La Présidence de cette journée est assurée par la délégation permanente de la République de Gambie.
L’événement a été officiellement acté lors de la 217e session du Conseil exécutif de l’UNESCO en octobre 2023, marquant un moment historique pour la langue soninké. Parlée par des milliers de personnes en Afrique de l’Ouest, la langue soninké devient ainsi la deuxième langue africaine à bénéficier d’une journée mondiale adoptée par l’UNESCO.
Les moments forts de la journée :
Cérémonie d’ouverture : Dès 9h, la journée commencera avec des déclarations institutionnelles de personnalités influentes, donnant le ton d’une journée de célébration et de réflexion.
Musique et Exposition : Plongée immédiate dans la culture soninké avec des performances musicales et le vernissage d’une exposition qui mettra en avant des photographies, des œuvres d’artisanat et des écrits d’auteurs soninkés. Une immersion sensorielle dans l’âme de la culture soninké.
Déjeuner animé au son du Djembé : Un déjeuner festif rythmé par des percussions de djembé, offrant un moment de convivialité et de partage autour des saveurs de la culture soninké.
Panels de discussions :
Panel 1 : Langue et culture soninké : Un débat sur l’importance de préserver et de promouvoir la langue et la culture soninké, tout en explorant les défis et opportunités de l’ère numérique.
Panel 2 : L’éducation en langue soninké : Discussions sur l’intégration de la langue soninké dans le système éducatif et les initiatives pour son développement.
Gala de clôture : La journée se terminera par un gala, célébrant la culture soninké à travers des performances artistiques, des discours inspirants et des moments de partage inoubliables.
Le 25 septembre, promet d’être une célébration mémorable et enrichissante, marquée par des échanges culturels, des découvertes, et une véritable immersion dans le patrimoine linguistique et culturel soninké.
● ÉVÈNEMENT : Journée internationale de la langue soninké 25 septembre 2024 – 10:00 am – 25 septembre 2024 – 9:30 pm Location : UNESCO Headquarters, Paris, France Rooms : Room II Arrangement type : In-Person Language(s) : Français Anglais
L’attaque spectaculaire (bipeurs et talkie-walkie explosés) que subit le hezbollah libanais ces derniers jours, nous montre la fragilité de certains milieux dans ce monde cybernétique. Si hier une certaine hégémonie technique a joué un rôle pour assoir la domination coloniale, aujourd’hui certaines nations disposent d’une haute technologie cybernétique pouvant leur permettre de déshabiller à distance un État dépendant et faiblard en technologie de pointe. À imaginer qu’on puisse faire exploser à distance tous les équipements informatiques militaires et civils d’un clic… et le bazar organisationnel et la panique générale qui vont en être provoqués. Un dénuement matériel propice à une autre domination…coloniale ou de grande dépendance. Il faut avoir les moyens matériels de sa souveraineté politique et militaire… sinon on se la joue avec moins d’arrogance.
L’Authentique – La toile s’affole depuis quelques jours face à l’ampleur du trafic de drogue en Mauritanie que d’aucuns qualifient déjà de plaque tournante de stupéfiants et de paradis pour le blanchiment de l’argent sale au Sahel.
Si l’impunité semble couvrir les cartels qui se sont développés d’une manière spectaculaire ces dernières années, le couperet des autorités s’abat souvent sur les lanceurs d’alerte, journalistes, blogueurs et activistes des réseaux sociaux qui dénoncent l’ampleur du mal plutôt que sur les barons.
Depuis quelques jours, il n’est question que du journaliste, blogueur et lanceur d’alerte, Abderrahmane Ould Wedadi. Au cours d’un live sur les réseaux sociaux, largement partagés et suivis par près d’un million de followers, il a fait une analyse jugée pertinente sur l’origine de la fortune soudaine et suspecte d’une famille soufiste.
Il s’agit d’une famille, dépositaire d’un ordre religieux dont les adeptes à travers l’Afrique de l’Ouest se comptent par millions.
On musèle les lanceurs d’alerte
Abderrahmane Ould Wedadi n’est certes pas le seul à se poser des questions sur cette soudaine émergence de cette famille qui en l’espace de deux ou trois ans est devenue la plus riche en Mauritanie. Ce sont des milliards d’ouguiyas qui ont été en effet dilapidés par cette famille en dépenses de privilèges au cours de cette courte période. Des centaines de voitures de haute marque, des dizaines de villas, des cadeaux à coups de millions, ont été en effet distribués comme de petits bonbons à des artistes, des journalistes, des troubadours, des poètes courtisans, des hommes politiques, à leurs épouses et à leurs progénitures.
Mieux, et contrairement à la tradition puritaine de cette respectable famille religieuse, la famille dont il est question a brisé un tabou en s’impliquant avec force dans le jeu politique, à coups de centaines de millions, voir un milliard versé lors de la dernière campagne présidentielle.
D’aucuns, dont Abderrahmane Ould Wedadi, soutiennent que cette générosité excessive envers les tenants du pouvoir n’a pour objet que l’achat du silence des autorités.
En aucun moment en effet, les autorités mauritaniennes n’ont levé le plus petit doigt pour s’interroger sur ces milliards subitement sortis du néant, bien que ces fonds colossaux transitent pour la plupart par la Banque centrale et effeuillent le marché noir des devises.
C’est pour avoir lié l’origine de la fortune colossale et subite de la famille religieuse au trafic de cocaïne, qu’Abderrahmane Wedadi a été interpellé par la gendarmerie le samedi 14 août 2024 sur une plainte déposée contre lui par l’un des fils de la famille.
L’impunité face aux milliards de la drogue
Il faut dire que l’histoire de la drogue en Mauritanie défraie la chronique depuis plusieurs années, sans que le sort des dizaines de tonnes de stupéfiants saisis n’ait jamais été élucidé, et sans que les nombreux suspects soient restés longtemps en prison ou inquiétés. Entre des coups d’éclats entourant les saisies de quantités énormes de stupéfiants et les centaines d’arrestations opérées par la police ou la gendarmerie et l’impunité des auteurs qui s’en suivent, la question de la drogue en Mauritanie se perd entre des procès sans issus, des évasions spectaculaires de présumés auteurs et des libérations suivis de classement des dossiers sans raison juridique valable.
La Mauritanie n’est pas certes le seul pays au monde où la maffia de la drogue tisse ses toiles, inondant de ses tentacules le monde politique, celui des affaires et de la haute finance.
Quelqu’un a affirmé que certaines grandes familles mafieuses mauritaniennes ont leurs propres banques pour faire circuler leur argent, pour le blanchir er le réinvestir dans l’économie. Il suffit de voir comment les villas et les hôtels poussent comme des champignons dans les grandes villes, comme à Sahraoui à Nouakchott ou le quartier Dubaï à Nouadhibou. Combien fleurissent les usines frigos dans la zone industrielle de la Baie de Repos, les banques sur l’Avenue Médian et sur l’Avenue Mokhtar Ould Daddah. Maintenant, les cartels de la drogue mauritaniens investissent dans l’immobilier aux Iles Canaries, au Maroc, en France, etc. Il suffit juste de se promener sur l’Avenue Mesa Y Lopez en Espagne pour voir où est passé l’argent de la drogue. La lutte contre l’argent du crime organisé en Mauritanie ne peut se faire tant que certains responsables continuent de faire le jeu des gros barons de la drogue.
Une longue histoire entre la Mauritanie et la drogue
Le 12 août 2024. La police arrête 5 personnes dont 3 étrangers pour détention de cocaïne et plus de 6 tonnes d’alcool. Un officier de police connu pour son engagement, parmi ceux qui ont été à l’origine de cette saisie, est interpellé pour avoir dénoncé dans une vidéo l’implication de policiers dans la protection des trafiquants.
Le 10 octobre 2023. Une importante quantité de drogue, 15,5 kilogrammes de drogue, est saisie par la police à Bababé dans la Wilaya du Brakna.
14 août 2023. Le chef du bureau national chargé de la lutte contre le trafic de drogue et les produits psychotropes, l’officier El Hacen Ould Samba a déclaré au cours d’un entretien avec l’Agence mauritanienne d’information (AMI), que l’approche sécuritaire mise en place a permis, au cours des 6 premiers mois de cette année, à démanteler quatre cellules de vente de drogue et l’élaboration de 101 procès-verbaux pour le déferment devant la justice de 156 suspects dont 133 mauritaniens, la saisie de 12.023 grammes de haschisch et 7089,48 g de résine de cannabis.
23 juin 2023. Le procureur de la République de Nouakchott-Ouest, M.Ahmed Abdallahi El Moustapha, a annoncé que la marine nationale a pu, après des opérations de repérage, de suivi et de surveillance de quelques jours, détecter, intercepter et arrêter un navire dans les eaux territoriales mauritaniennes transportant une cargaison de drogues à haut risque de 1 218 kilogrammes de cocaïne.
12 avril 2020. L’armée mauritanienne annonce avoir intercepté une bande de trafiquants d’armes et de drogue qui se déplaçait sur la frontière avec le Mali. L’opération avait permis la destruction de deux voitures Toyota Land Cruiser, l’arrestation de sept trafiquants, la confiscation d’une Toyota Land Cruiser, d’une arme Kalachnikov, de quatre chargeurs Kalachnikov munis de munitions, un Téléphone Thuraya, trois téléphones portables et 700 kg de drogue.
1er avril 2019. Les enquêteurs de l’Office central de lutte contre la grande délinquance financière (OCRGDF) avaient démantelé à Paris, un nouveau réseau de collecteurs, maliens et mauritaniens, qui blanchissait l’argent de la drogue en écoulant des médicaments en Mauritanie.
25 février 2016. Alakhbar rapporte que durant la période 2014-2015, des Mauritaniens et un Vénézuélien ont été arrêtés en Mauritanie. Le réseau disposait de bateaux, de pirogues et d’avions pour transporter la drogue de la Colombie ou du Venezuela, en Amérique latine, vers la Mauritanie, la Guinée Bissau et le Nord du Mali, en Afrique de l’Ouest. Carlos, un vénézuélien de 72 ans, interpelé en Mauritanie à la veille de la célébration de l’indépendance du pays, serait l’une des principales figures du réseau. Il avait déjà effectué un premier séjour de deux mois en Mauritanie, en mars 2014, sur invitation d’un membre du réseau, un Mauritanien du nom de Maloum Ould Ahmed. Ce dernier se rendait en Colombie pour préparer des cargaisons de drogue à acheminer vers la Mauritanie. Carlos, ce pilote vénézuélien à la retraite coordonnait l’acheminement de la drogue de la Colombie vers la Mauritanie et touchait jusqu’à 200 Mille Euros de commission. Parmi les autres figures du réseau on note, Amar Al-Azwadi, accusé par Sidi Mohamed Ould Haidalla de vouloir l’impliquer dans la récente affaire de trafic de drogue dont l’éclatement a abouti à une dizaine d’arrestations. Il y avait aussi, parmi les membres du réseau, Mohamed Yedali, Mohamed Bouya Ould Ledhem, et un deuxième Vénézuélien du nom de Lotcher. Et on compte dans le réseau Barkall Ould Ikrimeckh qui a été gracié, en 2011, par le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz.
28 décembre 2016. La Sûreté régionale du Brakna démantèle un réseau menant des opérations d’infiltration et de trafic de drogue auprès des populations carcérales au niveau de Nouadhibou et du Brakna. Neuf personnes sont arrêtées à Bogué et à Nouakchott.
16 septembre 2011. Le président de la Cour d’appel de Nouakchott a été radié et quatre magistrats ont été sanctionnés, après avoir fait libérer des personnes condamnées pour un très important trafic de cocaïne. La Cour suprême a annulé cette décision et ordonné la remise en prison de prévenus. Mais entretemps, trois d’entre eux ont fui : deux Mauritaniens, l’homme d’affaires Mini Ould Soudani et le commissaire de police Sid’Ahmed Ould Taya, ancien correspondant d’Interpol en Mauritanie et un franco-africain, Eric Walter Amegan, au parcours pour le moins surprenant. Ces personnes ont été arrêtées après la découverte d’un minibus contenant 760 Kilos de cocaïne en août 2007. Pourtant, à l’issue de leur procès en 2010, Eric Walter écope de 15 ans de prison puis est acquitté en juillet 2011 par la Chambre criminelle de la Cour d’Appel de Nouakchott.
Janvier 2009. La brigade maritime de gendarmerie de Nouadhibou trouve à bord d’un bateau de pêche 9,6 kilos de cocaïne destinée à une personne résidant en Espagne.
Le 31 mai 2007. Saisie de 630 kilos de cocaïne d’une valeur de 20 millions de dollars dans la nuit du 1er au 2 mai 2007 déchargés d’un avion de tourisme en provenance de Venezuela sur le tarmac de l’aéroport de Nouadhibou. L’équipage est parvenu à s’enfuir délaissant leur marchandise qui devait être stocké dans une villa à Nouadhibou avant son transbordement vers l’Europe. Sept personnes, des Mauritaniens, deux Français et un Marocain avaient été arrêtés mais pas le cerveau du groupe, Mohamed Ould Haidalla qui a été mis en cause par les enquêteurs, dont des membres d’Interpol. Dans cette affaire, un éminent homme politique avait été longtemps interrogé puis relâché, tandis qu’on évoquait l’implication du président du patronat mauritanien de l’époque. Un directeur de journal qui avait parlé de l’affaire a été poursuivi pour diffamation.
19 mai 2007. Les autorités judiciaires ont annoncé le démantèlement d’un réseau de trafic de drogue et la saisie de 1,5 tonne de stupéfiants. La quantité saisie est du chanvre indien, introduite en Mauritanie à l’aide d’une pirogue, depuis l’Océan Atlantique. Ont été arrêtées 6 personnes, y compris le cerveau du réseau, de nationalité étrangère.
En 2006, un groupe de jeunes Mauritaniens a détourné en pleine mer un cargo colombien contenant plus de huit tonnes de cocaïne. Personne n’a jamais été condamné dans ces affaires.
En 2002, partie de Nouadhibou, son port d’attache, une puissante vedette était interceptée par une patrouille franco-espagnole, alors qu’elle s’apprêtait à récupérer deux tonnes de cocaïne d’un navire en provenance d’Amérique latine.
En 1996, signalé par Interpol, un navire danois transportant près de 7 tonnes d’héroïne, pour un montant de 500 millions de dollars, avait été arraisonné dans le port de Nouakchott, la capitale.
La police de la ville de Selibabi, la capitale du Guidimagha a mis aux arrêts le directeur et le comptable de l’agence de Société Générale en service au niveau de la wilaya.
Une interpellation qui intervient à la suite de la disparition de près de 30 millions du compte de l’un des clients, ont rapporté des sources concordantes.
Ayant constaté que son compte a été débité à son insu d’une aussi importante somme, le client a immédiatement informé la police, laquelle, a arrêté sur le champ les deux responsables avant d’ouvrir une enquête sur le « braquage » sans intervention physique ni d’armes.
Jusque-là, la plupart des travaux de recherche sur la société Soninké – nous ne sommes pas les seuls -, ont pour vocation d’affirmer la richesse et la grandeur historique, patrimoniale, linguistique, morale et sociale de notre société. Une espèce de littérature dithyrambique ou « griotique » de grande facture intellectuelle, certes mais péchant par un narcissisme culturel. Ces ouvrages sont surtout descriptifs, monographiques, comparatifs, archéologiques et s’évertuent à une affirmation culturelle de la personnalité et d’identité Soninké.
La grande Histoire du peuple Soninké, magnifiée et symbolisée par l’empire du Wagadu, chevauchant entre histoire, légende et mythe est irréfutable. Nous y avions lancé toutes nos forces, et continuons d’y investir. Cependant à trop vouloir regarder derrière, en idéalisant le passé, nous risquons de perdre le présent et l’avenir. Le passé doit nous servir à aller de l’avant et non pas à nous diviser, ou couper le souffle.
A titre d’exemple, la solidarité légendaire, l’hospitalité, le dévouement au travail, la fidélité à toute épreuve, sont autant de valeurs Soninké, qui méritent d’être entretenues, perpétuées, mais améliorées et ajustées pour être en cohérence avec les nouvelles réalités de notre époque. D’ailleurs, ces différentes valeurs connaissent de nos jours quelques petits « grincements », à cause des nouveaux enjeux et dynamiques que connaît la société.
La rupture, c’est intégrer la critique
Une rupture méthodologique serait intéressante, et audacieuse afin de changer de paradigme, en orientant les travaux de recherche scientifique Soninké sur les tares de la société Soninké. Le temps est venu d’accorder plus d’intérêt aux problèmes, aux défis et aux écueils de notre société. C’est une saignée curative, qui fait mal mais elle est nécessaire pour éviter l’éternelle autoglorification : immodestie sans fin.
Il n’y a point de progrès social et économique en dehors de la critique. La critique est toujours constructive, tout dépend de la perception qu’on en fait. Un Soninké qui met à nu les pratiques sociales et mentalités rétrogrades fait œuvre utile, comme un médecin qui soigne un corps malade. La critique est une thérapie. Une éducation à la critique est nécessaire dans la plupart de nos sociétés, où on se plaît à critiquer l’autre, alors que l’autocritique, la critique des siens, est perçue comme une traîtrise, voire un crime de lèse-majesté.
Et pourtant, le dramaturge, Moussa Diagana, dans La légende du Wagadu vue par Sia Yatabere, a donné le ton, en ouvrant la voie à une compréhension, à une analyse philosophique et critique de la légende, en s’affranchissant de la légende racontée dans sa version populaire. Le dramaturge et sociologue n’a décidément pas été compris, en opposant à la version officielle et politique de la Légende du Wagadu, celle de la victime, Siya yatabaré.
Les intellectuels Soninké doivent vaincre la peur d’être jugé par la société, en orientant leurs travaux de recherche sur des sujets et questions existentiels, touchant les fondements de la société Soninké, en rapport avec les réalités de l’heure, le vécu etc. Désormais, l’intérêt doit être accordé, entre autres aux rapport entre traditions Soninké et citoyenneté ; traditions Soninké et droits de l’homme, droit des femmes, droit de l’enfant, des personnes vivant avec un handicap ; Islam et traditions Soninké : l’esclavage coutumier est-il encore défendable, soutenable ?
S’y ajoutent : les problématiques liées à l’émigration clandestine, à l’émigration, au désintérêt grandissant de la jeunesse Soninké pour les études, la formation professionnelle et à l’entrepreneuriat, les Soninké face à la désertification, la destruction progressive de la cellule familiale Soninké, les mariages endogamiques, la jeunesse et les substances psychotropes etc.
Autant de sujets qui touchent directement notre vécu. Cependant, cette nouvelle orientation épistémologique exige un regard critique, une prise de distance pour mieux analyser, diagnostiquer, voire une indépendance d’esprit des intellectuels par rapport à eux-mêmes, à la société et aux autres pesanteurs socio-culturelles et politiques.
Ce Grand Oral du militant droit-de-l’hommiste et abolitionniste M. Baliou Mamayary Coulibaly à l’occasion de l’événement de l’association Ganbanaaxu fedde mauritanie (8 septembre 2024 à Nouakchott) peut donner pertinente substance au législateur mauritanien afin de caractériser et de nommer juridiquement l’esclavage par ascendance dans le pays. Le narratif fourre-tout « esclavage », « lutte contre l’esclavage » ou « séquelles d’esclavage » est souvent très trompeur. Les dires sur la problématique permettent beaucoup de confusion qui bénéficie aux mentalités esclavagistes et féodales dans nos milieux. Ainsi, le législateur doit intégrer courageusement une nette distinction sémantique pour embrasser efficacement les réalités visées. L’esclavage par ascendance est une tare insérée et « entretenue » dans les structures segmentaires de nos différentes communautés toutes confondues malheureusement. Une juridiction spécialisée contre l’esclavage aura du mal à objectiver et traiter des faits liés à l’esclavage coutumier ou par ascendance, et les mentalités féodalo-esclavagistes sont bien conscientes de cette donnée et on peut supposer même que c’est une belle couverture pour leur survie. On ne peut pas défaire ou extirper l’esclavage par ascendance par la loi sans le nommer et le différencier dans le puzzle sociétal de nos communautés sociolinguistiques. Par exemple du côté malien, depuis quelques années les autorités tiennent un langage beaucoup plus pertinent pour nommer les réalités observées. En Mauritanie, les lois sont nombreuses mais elles esquivent les réalités dans bien des cas, et donc pas d’efficacité pour résoudre les problèmes qui en découlent. Soyons honnêtes avec notre conscience, l’esclavage par ascendance est généré par une certaine norme coutumière (social, politique et religieux) qui sévit par le système de castes dans nos différentes sociétés. L’égalité citoyenne clamée et réclamée n’aura de contenu réel sans passer par une véritable réforme au cœur de nos communautés d’abord. Nous avons un régime des cadets sociaux coincé dans nos réalités sociales et communautaires, et seule une sérieuse émancipation sociale et politique intra-communautaire encouragée et accompagnée enclenchera le changement tant prôné. Le législateur mauritanien doit aller plus loin en nommant les maux et adapter les textes en conséquence. C’est une problématique trans-communautaire, et ici un élément médiatique illustratif https://fb.watch/pdjZrdHx7N/
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