● Passif humanitaire : Ould Diay admet l’inadéquation des précédentes tentatives de règlement

Le Calame – Le dossier épineux du passif humanitaire s’est invité de nouveau au parlement, lors de la plénière consacrée aux questions adressées au premier ministre, après sa déclaration de politique générale.

Les députés sont revenus sur la nécessité d’un règlement définitif sur des bases claires et saines de la question des exactions extra-judiciaires, des déportations massives au Sénégal et au Mali, lors des années de braises.

Ils ont rappelé l’échec des tentatives non fondées sur des principes de justice avec l’absence d’enquêtes, de reconnaissance des exactions par l’Etat et les bourreaux, de leurs poursuites.

Face aux tonnerres de questions, Mokhtar Ould Diay s’est démarqué de ses prédécesseurs. En guise de réponse, le chef du gouvernement a indiqué que « le pays est passé par des étapes qui ne sont pas tolérées par la loi, et que ce gouvernement, sous les instructions de Son Excellence le Président de la République, est plus que jamais prêt à régler cette question en satisfaisant toutes les parties concernées, loin de la complexité du dossier ».

• Lien média https://cridem.org/C_Info.php?article=777209

● La parution de l’ouvrage de Dr Boubou BA sur la justice en  Mauritanie aux éditions L’Harmattan le 19 septembre 2024 à Paris

Boubou BA, est docteur en  droit de l’Université Paris-Nanterre et juriste au tribunal judiciaire de Pontoise-France. Titulaire d’un Master 2 en droit pénal et procédure pénale de l’Université Paris-Nanterre. Il obtient par la suite un Master 2 en Anthropologie du droit de l’Université Panthéon-Sorbonne Paris-1 et un DU (Diplôme Universitaire) des modes amiables de résolution des différends de l’Université Paris-Nanterre. En novembre 2022, il a soutenu sa thèse de doctorat avec succès consacrée sur : Les modes alternatifs de règlement des conflits en Mauritanie : regard anthropologique et juridique, sous la direction de Madame le professeur Soazick KERNEIS, de l’Université Paris-Nanterre et directrice du centre de recherche (CHAD).
Cet ouvrage  « offre d’une part, une analyse selon laquelle la justice en République islamique de Mauritanie est en faillite. Elle procède par un état des lieux de la justice et du droit en République islamique de Mauritanie depuis son accession à l’indépendance jusqu’à nos jours. Il en ressort que le système judiciaire mauritanien est le produit d’une interaction entre justice traditionnelle et justice moderne. Les structures judiciaires mises en place après les indépendances se situent entre droit positif français et droit autochtone. Le cadre global de ce système est marqué par une absence totale de volontés politiques de créer des institutions fortes .  D’autre part, l’étude propose de soumettre à l’analyse l’idée selon laquelle les modes alternatifs de règlement des conflits sont une solution en partie à la crise de l’institution judiciaire. La nature pacificatrice de la justice traditionnelle en Mauritanie constitue un héritage culturel qui a facilité l’introduction récente des formes modernes de justice alternative. Une justice conçue comme une manifestation de la liberté contractuelle. L’approche contemporaine de la justice a permis au législateur mauritanien de marquer ces dernières années sa volonté de soutenir les MARC, qui constituent aujourd’hui un autre modèle de justice. Enfin, l’auteur propose des solutions de reformes adaptées aux problèmes identifiés en prenant en compte le contexte actuel de la Mauritanie ».
Dr BA, a publié de nombreux articles scientifiques sur la Mauritanie dans des grandes revues de droit et participé à des ouvrages collectifs. Parmi ces publications nous pouvons citer entre autres : Les modes alternatifs de règlement des conflits dans le système juridictionnel mauritanien in faire justice dans les sociétés multiculturelles, revue, Les Cahiers de la justice/ENM Dalloz, 2021/1, PP. 37-50 ; La justice précoloniale en Mauritanie : entre coutume et charia islamique C. GAU-CABEE (dir), le métissage des droits en Afrique subsaharienne francophone. Regards croisés, CTHDIP, 2022, PP. 86-98 ; Pourquoi faut-il faire recours à l’arbitrage dans le règlement des litiges commerciaux en Mauritanie ? in revue trimestrielle de droit africain (penant) n°923, avril-juin 2023, PP.365-382.
Aujourd’hui, il est membre associé au centre de recherche d’histoire et d’anthropologie du droit (CHAD) de l’université Paris10.

Moussa  SOUMARE
Directeur adjoint des relations avec la société civile
au commissariat aux  aux droits de l’homme, à l’action humanitaire et
aux relations avec la société civile
Nouakchott

● Activité de plaidoyer à Nouakchott | Le discours du président Abdoulaye Sidi Traoré de l’association Ganbanaaxu Fedde Mauritanie

Monsieur le Président de la République Mohamed Cheikh Ould Ghazwani,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Monsieur Le commissaire Des Droits de L’homme, à l’action humanitaire et aux relations avec la société civile,
Monsieur Le Directeur De L’Instance Nationale De La Lutte Contre La Traite Des Personnes Et Le Trafic Des Migrants,
Mesdames et Messieurs des organisations Internationales,
Mesdames et Messieurs Les Elus,
Messieurs les présidents des associations,
Messieurs les Membres de GANBANAXUN FEDDE MAURITANIE,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,

Permettez-moi tout d’abord de vous remercier pour cette opportunité de vous adresser la parole aujourd’hui. C’est un honneur pour nous d’être réunis ici afin de discuter d’un sujet qui touche le cœur de notre société : l’esclavage et ses séquelles en Mauritanie. Ce fléau, bien que officiellement aboli, continue de hanter notre nation, laissant des traces profondes et douloureuses sur les individus et les communautés.

L’urgence d’un partenariat fort

Il est aujourd’hui plus que jamais nécessaire de conjuguer nos efforts pour éradiquer définitivement l’esclavage et pour réparer les séquelles qui subsistent. Ce partenariat que nous souhaitons construire avec l’État mauritanien doit être basé sur une collaboration franche et déterminée, guidée par une volonté commune de justice sociale et de respect des droits humains.

Nous reconnaissons les efforts déjà entrepris par le gouvernement mauritanien pour criminaliser l’esclavage et soutenir les victimes. Toutefois, nous sommes tous

Conscients que des défis subsistent : les barrières culturelles, le manque de mise en œuvre effective des lois, et la nécessité de ressources pour accompagner les victimes dans leur réintégration.

Notre engagement pour un partenariat concret

En tant que partenaires, notre rôle sera d’accompagner l’État mauritanien dans la mise en œuvre de ses engagements en matière de lutte contre l’esclavage. Nous mettons à disposition notre expertise, nos ressources, et notre engagement total pour :

Renforcer les capacités institutionnelles : Nous travaillerons ensemble pour former et sensibiliser les acteurs clés, tels que les forces de l’ordre, les juges, et les responsables communautaires, afin d’assurer une application stricte des lois anti-esclavagistes.

Soutenir les initiatives de sensibilisation et d’éducation : La lutte contre l’esclavage commence par une prise de conscience. Nous voulons travailler aux côtés du gouvernement pour sensibiliser la population sur les droits humains, l’égalité et la dignité de chaque citoyen mauritanien, peu importe son origine.

Accompagner les victimes dans leur réintégration : Nous proposons de développer des programmes spécifiques pour soutenir les victimes de l’esclave à travers l’éducation, la formation professionnelle et l’autonomisation économique, afin qu’ils puissent reconstruire leur vie et s’intégrer pleinement dans la société.

Promouvoir la justice et l’égalité : Ensemble, nous devons garantir que chaque victime d’esclavage puisse accéder à la justice. Cela nécessite des procédures transparentes, accessibles et soutenues par une volonté politique forte pour punir les responsables et protéger les victimes.

Encourager la recherche et la collecte de données : Une meilleure compréhension de l’ampleur et des formes de l’esclavage est essentielle pour agir efficacement. En soutenant des études et des enquêtes, nous pourrons adapter nos interventions aux besoins réels des communautés affectées.

Un appel à l’action collective

Le chemin pour éradiquer l’esclavage est long et complexe, mais il n’est pas insurmontable. En combinant nos forces, en mutualisant nos compétences, et en agissant de manière concertée, nous pourrons changer le cours de l’histoire pour des milliers de Mauritaniens. Nous appelons aujourd’hui le gouvernement, les institutions étatiques, la société civile, et chaque citoyen à s’engager dans cette lutte commune.

L’esclavage n’a pas sa place dans notre société. En œuvrant ensemble, nous enverrons un message fort : celui d’une Mauritanie qui ne tolère plus l’injustice, qui respecte et valorise la dignité humaine, et qui aspire à un avenir où chacun peut vivre libre et égal.

Je vous remercie pour votre attention et pour votre engagement à nos côtés dans cette noble cause. Travaillons ensemble pour un avenir meilleur, pour une Mauritanie libérée des chaînes du passé.

Merci.

● Annexe : Photo-reportage

À noter la présence des représentants étatiques, plusieurs élus, cadres et acteurs de la société civile :


Sid Ahmed, Directeur Adjoint du Commissariat des droits de l’homme, à l’action humanitaire et aux Relations avec la Société civile.


Ball Mohamed El Moustapha, Chef de service protection et Assistance aux victimes de la traite des personnes et le trafic des migrants.

Baliou Mamayary Coulibaly, conférencier et militant des droits humains


Tombé Hamara Camara, Député de ould yenge


Waly Boubou Diawara, vice-président du conseil régional de Guidimakha


Sydney Sokhona, député de Selibaby


Diarra Idrissa, ancien ministre 

Aly Soumaré, secrétaire général


Harouna Traoré, conseiller à la présidence

● Le Grand Entretien du BLOG | Avec le doctorant M. Brehima SIDIBE

La rubrique le Grand Entretien du BLOG vous revient avec un invité d’origine malienne, le doctorant Brehim SIDIBE. Également formateur en communication politique et acteur influent en France au sein de la diaspora du pays de Modibo Keita, M. SIDIBE nous expose pertinemment ses analyses en acceptant gentiment de répondre à l’intégralité de nos questions. Nos vifs remerciements à lui, et lui souhaitons une fructueuse continuation dans ses recherches doctorales ainsi que dans sa carrière professionnelle.


Ci-après l’entretien :

● Question 1 : Bonjour monsieur Sidibe, merci d’avoir accepté notre interview. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Je suis Brehima SIDIBE, je viens du Mali. Je prépare une thèse de Doctorat en Analyse du discours politique à CY Cergy Paris Université. Mes travaux de recherche portent sur l’analyse linguistique des discours politiques au Mali entre 2012 et 2022. Je pars d’une acception du discours politique qui inclut tout discours dont le contenu aborde le sujet de politique. Aussi,  j’enseigne la communication politique à l’École politique africaine.
En parallèle, je suis également actif dans le milieu associatif auprès de la communauté malienne de France. J’ai été président de l’Association des étudiants maliens d’Ile de France (AEMIF) entre 2020 et 2022. Après mon mandat à l’AEMIF, j’ai créé, avec d’autres camarades, le mouvement Forces Citoyennes pour la Jeunesse (FCJ). Il s’agit d’un mouvement qui regroupe les jeunes maliens et franco-maliens à travers différentes villes de  France. Ce mouvement porte ma candidature à la présidence du Conseil National de la Jeunesse Malienne de France (CNJMF).

● Question 2 : Étant issu de la communauté soninké qui est très attirée par l’environnement migratoire à travers le monde notamment en France, quel est votre diagnostic sur la situation actuelle de ce phénomène ? (Avantages et inconvénients)

BS : En effet, la communauté Soninké est fortement présente ici France et cela depuis belle lurette. Nous en sommes à la troisième génération selon certains sociologues spécialistes des questions migratoires. On peut voir cette migration de différentes manières. D’abord, il faut dire que la volonté de quitter les pays d’origine (Mali, Sénégal, Mauritanie, Gambie…) résulte d’un constat commun à ces pays, et bien au-delà d’ailleurs, c’est le manque de perspectives pour les jeunes.  En effet, qu’ils soient diplômés ou non, nombreux sont ceux qui sont “contraints” de partir dans l’espoir de retrouver une vie meilleure. Les avantages de la migration au sein de la communauté Soninké sont qu’il existe une réelle solidarité entre ceux qui partent à l’étranger en l’occurrence la France et ceux qui sont restés au pays. Reconnus pour leur sérieux, leur rigueur dans le travail, les soninkés se préoccupent toujours de la famille (au sens africain du terme) dans leurs pays d’origine. Dans de nombreuses contrées, les “parisiens” (surnom donné à ceux qui vivent en France qu’ils habitent à Paris ou non) se substituent même aux gouvernements en ce sens qu’ils construisent des châteaux d’eau ; des écoles ; des hôpitaux… Vu sous cet angle, on peut dire que l’immigration a des réels avantages.
Toutefois, on ne peut s’empêcher de souligner les risques liés à cette immigration. En effet, on obtient de plus en plus difficilement le visa pour se rendre en France. Et pour corollaire, beaucoup choisissent d’affronter la méditerranée via des embarcations de fortune.  S’ensuit donc de nombreuses pertes en vies humaines. Ce qui est fortement déplorable. Ainsi, il serait judicieux pour la communauté vivant en France d’opter davantage pour des investissements qui favorisent la création d’emplois dans les pays d’origine. Cela pourrait créer plus d’opportunités d’emplois et à terme permettre aux jeunes de rester sur place et travailler.

● Question 3 : Nous vous suivons régulièrement sur les supports virtuels RP Médias comme analyste, pouvez-vous nous exposer quelques points clés sur la situation politique et géopolitico-sécuritaire de votre pays (le Mali) et de la sous-région actuellement ?

BS : En effet, j’interviens assez régulièrement sur RP Médias. Il y a beaucoup de choses à dire sur la situation politique et géopolitique du Mali et de la sous-région mais je vais essayer d’être concis. D’abord il faut dire que nous assistons à un changement de paradigme au Mali depuis la “rectification de la trajectoire de la transition” intervenue après le renversement du président Bah Ndaw en mai 2021. Au plan politique, ce changement de paradigme se manifeste par l’abandon du calendrier électoral qui prévoyait initialement d’organiser les élections en février 2022. Plusieurs autres reports s’en sont suivis et à l’heure où je vous parle, aucune date n’est prévue pour les élections. Entre- temps, la classe politique a disparu des radars. Soit par faute de crédit au sein de l’opinion; soit par les mesures de restrictions prises par les autorités de Transition. Soulignons également l’adoption d’une nouvelle constitution en juillet 2023, instituant la IVe République. Mais l’opinion publique nationale et internationale aura surtout noté les changements sur les plans sécuritaire et géopolitique. En effet, les forces françaises qui étaient présentes au Mali depuis 2013 ont été sommées de quitter le territoire en 2022 et un an plus tard c’était au tour des casques bleus de la mission des Nations Unies de plier bagages. Ces décisions s’inscrivent dans la nouvelle doctrine des autorités maliennes, à savoir l’affirmation de la souveraineté. Un nouveau partenariat renforcé avec la Russie est établi. Alors que les pays occidentaux accusent le Mali de coopérer avec des mercenaires, les autorités maliennes affirment travailler avec des instructeurs russes.
Ainsi, sur le plan sécuritaire, on constate une réelle accalmie. Les forces armées maliennes sont passées d’un mode opératoire défensif à un mode opératoire offensif. Les massacres de villages entiers ont cessé. Les terroristes ne s’attaquent plus directement aux camps militaires. Le point culminant de cette situation est la reprise de la ville de Kidal contrôlée depuis 2014 par les groupes indépendantistes de la CMA. Des équipements militaires adéquats sont mis à la disposition des FAMAs. S’il y a un point où tous les maliens semblent saluer l’action de la transition, c’est bien sur le plan sécuritaire. Néanmoins, la lutte contre le terrorisme étant une guerre asymétrique, beacoup restent à faire et la vigilance doit être de mise. 
Sur le plan géopolitique, les lignes ont fortement bougé ces derniers temps. Suite aux multiples reports du calendrier électoral évoqués plus haut, les relations entre le Mali et la CEDEAO se sont fortement dégradées. On se souvient des sanctions sévères  prises à l’encontre du Mali en janvier 2022. Sanctions qui dureront huit mois. Dès lors, on semble franchir un point de non retour. Pour cause, en septembre 2023, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont créé l’Alliance des Etats du Sahel, AES.

● Question 4 : Pouvez-vous nous éclairer sur l’aspect institutionnel de l’AES (Alliance des États du Sahel) qu’on l’entend évoluer vers une confédération et ses frictions avec la Cédéao ?

BS : D’abord il faut dire que l’AES est une alliance de circonstances. Les trois pays qui la composent connaissent des situations similaires : des militaires à la tête du pays ; menace terroriste; bras de fer avec la CEDEAO. Cette situation a favorisé la création de l’AES en vue d’une mutualisation des efforts. La première version de la charte du Liptako-Gourma, qui a institué l’AES, met l’accent sur les volets sécuritaire et de défense. Cependant, quelques mois plus tard, d’autres aspects ont été ajoutés notamment la diplomatie et le développement. C’était à la faveur du sommet tenu à Niamey, au Niger, le 6 juillet 2024 et où l’annonce de la création d’une confédération a été faite. La confédération vise à donner une existence institutionnelle à l’AES tout en conservant la souveraineté des Etats. Sans surprise, la présidence tournante a été confiée à Assimi Goita du Mali, pays considéré comme la locomotive de l’AES. Quant aux sessions parlementaires, elles se tiendront au pays des hommes intègres. La confédération devrait aboutir à la fédération mais cela nécessite une réelle volonté politique des autorités des trois pays sans oublier  la sensibilisation de l’opinion publique dans les trois Etats. Dans ce sens, on peut déjà voir quelques prémices à travers les journaux télévisés de 20h de ORTM,  RTB,  et  RTN où une page AES est ouverte à chaque JT et qui couvre l’actualité des trois pays. Cependant, cette dynamique est subordonnée au maintien des trois présidents de transition. Rien ne garantit que la même dynamique va se poursuivre si l’un des trois chefs d’Etat devait quitter le pouvoir dans les deux ou trois prochaines années.
Il va sans dire que la CEDEAO ne voit pas d’un bon œil la création de l’AES. En effet, le retrait annoncé en janvier 2024 devrait être effectif en janvier prochain. La CEDEAO perdrait alors un vaste territoire de plus de 2 millions de KM2. Et au vu de la dynamique actuelle, il faut dire que l’on se dirige vers cela. Malgré le changement de cap de la CEDEAO vis-à-vis des pays de l’AES, les autorités de ces pays ne semblent pas fléchir. Ce sera un véritable camouflet pour la CEDEAO qui fêtera ses 5O ans d’existence en 2025.

● Question 5 : La communauté soninké connaît une crise sociale latente liée à ce qu’on appelle « l’esclavage par ascendance », quelles seraient selon vous, des précautions efficientes pour recouvrer une certaine sérénité communautaire sans cette tare ?

BS : C’est une situation fortement déplorable. Voir qu’au 21è siècle une telle pratique humiliante et déshumanisante existe encore sous nos cieux est lamentable. Dans l’histoire de l’humanité, l’Homme noir est celui qui a tant soufert par l’esclavage. Des luttes ont été menées au long des siècles pour aboutir à l’abolition, comment comprendre qu’un homme noir puisse considérer son semblable comme esclave, fusse par ascendance? Dans la constitution des pays où l’on retrouve la communauté Soninké, la liberté de chaque individu est reconnue et nul ne doit être soumis à l’esclavage. Mais je pense qu’il faut renforcer davantage la législation. On a comme l’impression d’un silence coupable des autorités politiques et judiciaires parfois pour des calculs politiques. Les personnes reconnues par une telle pratique doivent être sévèrement punies. Pour cela, il faudra inclure même les incriminations verbales parmi les chefs d’accusation. La pédagogie et la sensibilisation ne sont pas des moyens de dissuasion à mon avis. Force doit rester à la loi.

● Question 6 : Ces dernières années, un regain panafricaniste s’est manifesté sur notre continent, quelles analyses faites-vous d’éventuelles retombées à court et long terme ?

BS : A la faveur des changements de régimes intervenus dans certains pays à travers l’Afrique, on assiste en effet au retour des discours au relent panafricaniste et souverainiste. Ces types de discours visent à affirmer l’indépendance totale de l’Afrique vis-à-vis des grandes puissances autrefois colonisatrices. Au-delà des autorités gouvernementales, certains activistes s’inscrivent également dans ce registre. Je pense notamment à Kémi SEBA. Cette affirmation panafricaniste est en soi une bonne chose. Mais il faut aller au-delà du discours. Le véritable panafricanisme doit d’abord permettre l’intégration des peuples africains, c’est-à-dire la libre circulation des personnes et des biens. Et le chantier prioritaire dans ce sens doit être la mise en œuvre effective de la ZLECAF. A long terme, cela pourrait avoir de réelles retombées économiques.
Et pour terminer, à mon avis,  le panafricanisme ne doit pas être compris comme une forme de rupture avec le reste du monde mais plutôt le respect et l’affirmation de l’Afrique au concert des nations.

Merci pour votre disponibilité.

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6 août 2024

● DPG : le Premier Ministre Mokhtar ould Diay devant l’Assemblée Nationale

Le Rénovateur Quotidien – Pour son premier baptême de feu le.chef du gouvernement était ce mercredi 4 septembre 2024 à l’hémicycle pour dérouler les grandes ambitions contenues dans la DPG du gouvernement, devant les députés à l’occasion de la rentrée parlementaire.

Dans son discours, le Premier Ministre a d’emblée campé les contours d’un programme assez ambitieux qui tient compte des acquis réalisés durant le premier quinquennat, des performances à renforcer ainsi que l’accélération des chantiers en cours et le lancement de nouvelles infrastructures de développement durable.

Après avoir passé en revue les réalisations phares durant le premier mandat du président Mohamed ould Cheikh El-Ghazouani le Premier ministre a contextualisé l’environnement économique , social , politique et institutionnel du pays tout en annonçant les défis qui attendent le nouveau gouvernement dans les domaines prioritaires:

Etat de droit dans toutes ses déclinaisons, répartitions équitable des richesses, système éducatif, services de base, lutte contre la corruption , promotion d’un état moderne dans le respect des valeurs morales et sociale ,ancrage de la culture démocratique, renforcement de l’unité nationale, sécurité et souveraineté nationale entre autres priorités que le premier ministre a évoquées dans son discours où se dégage une volonté de rattraper bien des retards accumulés pendant plusieurs décennies faute d’optimisation des richesses du pays, d’un système de gouvernance politique à la hauteur des défis multiples de la refondation d’un état de droit … autant de chantiers qui constituent des engagements forts du président Mohamed ould Cheikh El-Ghazouani qui se sont traduits en grande partie dans les faits, a martelé le PM.

Cependant, a-t-il souligné, « toutes ces grandes réalisations, visibles et palpables, n’ont pas occulté aux yeux de Son Excellence le Président de la République l’envergure des défis qui restent à relever, du fait de sa haute ambition pour le pays, de sa conscience de l’ampleur des aspirations légitimes de notre peuple, de sa connaissance de notre relation très récente, en tant que société, avec l’État moderne, de sa profonde compréhension des défis complexes et interdépendants imposés par l’environnement mondial et régional au niveau sécuritaire, géopolitique, économique et environnemental, ainsi que de sa pleine compréhension des dysfonctionnements structurels profonds que nous avons accumulés sur des décennies. »

Et Moktar ould diay de préciser : que « Nous sommes un pays dont on dit souvent qu’ « il est riche par ses ressources naturelles. »

Cependant, on ne mentionne que rarement, dans le même temps, que la richesse des nations et des peuples se mesure par leur aptitude à exploiter de manière durable leurs ressources naturelles et leurs capacités créatives, bien plus que par l’abondance des ressources elles-mêmes.

Or nous ne pourrons améliorer notre capacité à exploiter nos ressources et nos énergies créatrices qu’en relevant les défis auxquels fait face notre pays, et que Son Excellence a ramené, dans son programme « Mon ambition pour la Patrie », à cinq défis principaux :

Le premier défi se rapporte au degré d’ancrage de l’État, des Institutions et à la Gouvernance.

Notre expérience récente de l’État moderne et les conditions entourant sa naissance chez nous ralentissent lourdement la transformation de nos mentalités et de nos comportements dans le sens d’une meilleure assimilation des exigences de l’État de droit et des institutions, en termes d’organisation et de procédures, particulièrement celles en rapport avec l’idée ancrée dans notre conscience collective, que l’État est une entité étrangère, ennemie, à laquelle il est permis légitimement et moralement de porter toutes les atteintes possibles.

Le second défi est lié à la faiblesse structurelle de notre économie.

À ce niveau, le principal problème pour notre pays réside dans le fait que nos parcours de croissance n’ont jamais atteint un niveau permettant un réel décollage économique. Cela est dû, notamment, aux insuffisances dans la diversification des sources de croissance, à la faiblesse des infrastructures de soutien, et au déficit criant dans la mise en valeur des secteurs où nous avons un avantage comparatif, ainsi que les insuffisances évidentes dans l’exploitation efficace des opportunités offertes par nos potentialités, la faiblesse structurelle de notre secteur privé dans son ensemble et la taille réduite de notre marché intérieur. Ces éléments constituent les obstacles majeurs à ce niveau.

Le troisième défi concerne nos ressources humaines.

À ce niveau le problème principal demeure la prédominance de mentalités et de comportements contraires à la culture du travail, à la valorisation des métiers dans leur diversité, et à la reconnaissance de l’honneur attaché au travail et aux travailleurs. Ces mentalités affaiblissent les volontés, délitent la force de l’engagement et inhibent les énergies et les capacités créatives.

Le quatrième défi est celui de la consolidation de notre unité et notre cohésion sociale. Nous sommes un peuple uni par une même foi religieuse intégrative, une histoire partagée un devenir commun et un avenir prometteur. Cependant, les mentalités rétrogrades, les stéréotypes erronés et les stratifications sociales sans fondement réel continuent à fragiliser cette cohésion sociale.

Ces néfastes résidus du passé se nourrissent de l’exacerbation du sectarisme et du tribalisme, des inégalités économiques flagrantes et de la précarité qui les accompagne. Ils sont également alimentés sociale.

Ces néfastes résidus du passé se nourrissent de l’exacerbation du sectarisme et du tribalisme, des inégalités économiques rageantes et de la précarité qui les accompagne. Ils sont également alimentés par une répartition inéquitable des richesses et des opportunités, affectant souvent les couches sociales historiquement victimes d’injustice et de marginalisation. Le cinquième défi, lui, est sécuritaire et géopolitique.

L’interconnexion entre les différents pays, du fait de la mondialisation, et la force par laquelle ils s’impactent les uns les autres, impose parfois aux pays, pris individuellement, des dé)s qui sont à la base internationaux ou régionaux.

Les effets dévastateurs de la violence, du terrorisme et des guerres qui sévissent au niveau international ont fortement impacté notre continent, en particulier la région du Sahel, qui a connu une forte propagation de l’extrémisme, de la violence et des groupes terroristes, compromettant les fondements de la sécurité et de la stabilité.

Bien que nous ayons pu préserver notre sécurité et notre stabilité dans cet environnement très perturbé, par la grâce d’Allah, l’efficacité de notre stratégie sécuritaire intégrée et multidimensionnelle et la vigilance de nos vaillantes forces armées et de sécurité, il reste, cependant, que le dé) persiste, le danger demeure et la vigilance est toujours requis.

Des vastes chantiers structurants

Dans la DPG, le Premier Ministre a égrené la liste de grands chantiers auxquels son gouvernement s’attèle à mettre en œuvre conformément aux priorités accordées par le Président de la République Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani parmi lesquels :

-Un État de droit et des institutions fortes, avec une bonne gouvernance moderne,

– Une économie performante, résiliente et éco-durable,

– Un capital humain bien formé et qualifié, en particulier chez les jeunes,

– Une unité nationale solide et une intégration sociale inclusive.

– Une sécurité et une stabilité bien assises, et un rôle international et régional efficace.

Il s’agit également d’engager de vastes réformes pour booster l’économie nationale pour accélérer la croissance, tout en maîtrisant l’inflation et en stabilisant les prix sur le marché national notamment le cours des importations. Le gouvernement veillera à améliorer le niveau de vie des populations tout en répondant aux attentes sociales.

Le développement des infrastructures de base est au menu de la déclaration de politique gouvernementale qui s’inscrit dans un vaste champ de promotion d’un développement durable. Le PM n’a pas manqué d’adosser les ambitions du gouvernement sur de stratégies et des actions qui faciliteront l’exécution d’un programme ambitieux à cours, moyen et long terme.

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