● Paris – Visite de courtoisie auprès de M. DIARRA Souleymane | Président de l’association Amees (Mauritanie)

Une visite de courtoisie rendue à notre cher oncle et président de l’Association Mauritanienne pour l’Éradication de l’esclavage et ses Séquelles (Amees) , M. DIARRA SEDIFO communément appelé Diarra Souleymane. Séjournant présentement en région parisienne, M. Diarra (directeur d’école retraité) fut l’un des pionniers du militantisme associatif antiesclavagiste dans l’environnement soninké avec la fondation de l’association Amees dans les années 2000. À ses côtés le président de l’association Armepes-France Ganbanaaxu M. Abdoulaye Traore , M. Samba Fofana (membre bureau exécutif Armepes-France), M. Cheikhou Kanté (membre bureau exécutif Armepes-France) et votre serviteur (Koundou SOUMARE).

Une brève conclusion des échanges : l’expérience est un savoir sûr.

30 septembre 2025

KS pour le BLOG

● Mauritanie ~ Contribution | Droits Humains | M. Mamoudou Baidy Gaye : « Nous n’oublierons jamais »

Notre douleur ne peut être comprise par ceux qui ne l’ont pas vécue.
Nous vivons avec les souvenirs de nos proches assassinés ou déportés,
et avec cette angoisse constante de penser à ceux que nous avons perdus, sans sépulture, sans justice.

Dieu m’a épargné, et le Sénégal m’a tendu la main.
Il m’a accueilli avec mes blessures, m’offrant un refuge dans ses camps.
Je n’oublierai jamais Dagana, ma ville natale, ni Tekane, où reposent aujourd’hui mes parents.

C’est avec une profonde amertume que je m’exprime aujourd’hui.
On nous a incités à revenir en Mauritanie, en nous promettant une réintégration juste.
Mais ce retour n’a été qu’un leurre. Là où nous espérions retrouver notre terre et notre dignité,
nous avons trouvé l’exclusion, l’humiliation.
Nous sommes devenus des étrangers sur notre propre sol.

Je pense à ceux qui ont fait le choix de rester au Sénégal,
parce qu’au moins là-bas, ils avaient un lopin de terre, une vie possible.
Les retours organisés, eux, se sont souvent soldés par des échecs,
comme en témoigne tragiquement la situation à Boghé, abandonnée à son sort.

Depuis le régime d’Aziz, et encore aujourd’hui,
les veuves et les orphelins qui osent réclamer justice,
ou simplement demander où reposent leurs proches disparus,
sont considérés comme des ennemis de la République.

Et pourtant, l’État mauritanien a reconnu sa responsabilité dans les crimes et les déportations que nous avons subis.
Alors pourquoi ce silence ? Pourquoi cette indifférence face à nos souffrances toujours vives ?
Pourquoi laisser des milliers d’apatrides survivre au Sénégal dans une misère silencieuse ?

Je refuse de me taire.
Je parle pour ceux qui ne peuvent plus parler.
Je parle pour ceux qu’on a fait taire.

Notre espoir s’effrite. Et si rien ne change, ce sera le désespoir qui finira par tout engloutir.

Mamoudou Baidy Gaye dit Alia
– Une victime de la déportation mauritanienne.

● Réflexion ~ Société | La parole comme soin, la culture comme lien. Par M. Souleymane SIDIBÉ

La parole est la « chose puissante en soi ».
La culture est l’œuvre humaine qui s’adapte aux realités du temps sans s’effriter ; pourvu qu’elle humanise et ne déshumanise pas.

En ce sens, la culture (Culture avec une majuscule si l’on veut) ne doit pas être la présentation d’artefacts, d’objets anciens et qui n’ont plus de sens. Elle crée un espace de polarisation. Or, elle devrait être ce mélange de traditions humanisantes et inclusives liées à des valeurs globales.

À chaque fois que l’on parle de langue et de culture, on nous sort des objets qui ne reflètent en rien notre quotidien. Nos habitus, notre quotidien. C’est la « vénération de l’obsolescence ».

Ce réflexe de s’accrocher à des formes mortes de la culture, à des représentations vidées de leur vitalité, traduit une incapacité à reconnaître que la véritable culture devrait conjuguer tradition et valeurs universelles, mémoire et création, identité et ouverture. La culture doit être nourrie par le quotidien.

Je suis contre les représentations culturelles qui muséifient au lieu de vivifier. Je suis pour  une invitation à réinventer une culture qui fait soin, fait lien, fait sens.

Par ailleurs, on observe certain·e·s porter des habits dits traditionnels lors des cérémonies, en guise (-peut-être que je me trompe-) de solidarité avec la culture mise en avant. Mais cela reste de la poudre aux yeux, quand on sait que ces mêmes personnes sont adeptes de la langue de bois, voire du déni des injustices et des inégalités.

Souleymane Sidibé

● Paris – 25 septembre 2025 | Place Ganda Fadiga inaugurée dans le 18ème arrondissement.

Mali 🇲🇱 – Soninké – Évènement | Le nom du célèbre parolier malien issu de la communauté soninké M. Ganda Fadiga (décédé le 19-09-2009 – Paix à son âme) est attribué solennellement à une place du 18 ème arrondissement de Paris #France 🇲🇫. Une icône du gambere (instrument de musique griotte), le natif de maréna (Mali) a vécu durant une période de sa vie dans ce quartier à forte concentration d’immigration d’origine africaine dont des soninkés.

Lors de la constitution des matériaux de notre dernier livre  Brève initiation à la géopolitique pour un jeune Soninké: Repères et évènements historiques : SOUMARE, Koundou: Amazon.fr: Livres https://share.google/Hnik0EvRMnrSH5mj , j’avais illustré un constat en le citant concernant un descriptif qu’il donnait aux espaces géographiques : « …faisant référence à la zone de l’océan Pacifique… il disait que l’aéroport de Tokyo (Japon) serait le dernier avant les eaux maritimes et qu’au delà on se ferait dévorer par les poissons. »

Pour dire qu’il abordait dans ses dires au profit de ses mélomanes traditionnels, des bribes de connaissances sur les pays et environnements lointains qu’il a parcourus de nombreuses années durant auprès des diasporas soninké.

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Il disait :

«Un fuyard qui a eu l’esprit de se courber pour prendre ses chaussures avant s’y attendait sûrement »

«si tu as la nostalgie de ton créancier ce que tu as l’argent de son remboursement»

25 septembre 2025

–KS

● Note de lecture | « L’Afrique contre la démocratie » du journaliste Ousmane Ndiaye : témoigner sur les faits et démythifier les rengaines simplistes.


L’auteur, une ex figure connue de l’écosystème médiatique francophone notamment par ses contributions sur TV5 Afrique, ce livre nous ouvre un couloir médian dans le champ analytique concernant la donnée « Démocratie » dans la vie politique en Afrique. Un concept clé qu’il nomme le relativisme démocratique, est passé progressivement au scanner pour permettre une vision aérée et dépassionnée des évolutions politiques sur le continent dans son Histoire. Et ce, loin de la résurgence d’un panafricanisme fourre-tout instrumentalisé par certains acteurs sociaux de divers horizons qui font de l’impérialisme extérieur (occidental) une synonymie simpliste et mécanique de la démocratie . Une démocratie qui serait la cause guigne de tous les manquements qui accablent une certaine Afrique à la traîne du développement multidimensionnel.

Dans cet ouvrage, l’auteur rappelle avec sources solides, que l’expérience démocratique n’était pas méconnue dans les structures politiques en Afrique avant l’emprise coloniale définitive surgie de l’extérieur, par exemple chez les Lébous avec leur République proclamée en 1794. L’espace géographique de cet état était devenu la ville de Dakar, la capitale du Sénégal.

Le livre nous renseigne bien que le relativisme démocratique soit présent dans les confessions indiscrètes parmi une certaine élite politique au sein des institutions continentales, sur l’activisme véhément contre la démocratie qui est mené par 3 ensembles d’acteurs sociaux comme suit :

1 – les intellectuels : Théophile Obenga, Boubacar Boris Diop, Alain Foka, Aminata Traoré…et cie. Chacun à sa manière, ventile le narratif anti « démocratie » tout en traînant d’énormes contradictions voire de sourdes compromissions dans la foulée quand on décortique leurs trajectoires respectives.

2 – les influenceurs « dynamiteurs » des réseaux digitaux et médias : Kémi Seba, Nathalie Yamb, Alain Foka et cie. Également un forcing viral est mené par d’arguments simplistes enveloppés dans une certaine binarité attrayante pour une opinion publique à la butée d’un réel pourtant très complexe…

3 – les saboteurs des principes démocratiques, usurpateurs et militaires opportunistes : nombre d’acteurs politiques (civils ou militaires ou les 2 ensemble) ont profité de l’ordre démocratique notamment avec l’ouverture au multipartisme aux débuts des années 1990, pour instrumentaliser un habillage démocratique contre la Démocratie. Un électoralisme-outillage sévit pour s’accaparer du pouvoir et l’occuper le plus longtemps possible à coup de subterfuges dévoyant durement l’esprit démocratique.
Une actualité illustre ses observations : ces régimes militaires qui tiennent 4 pays ouest-africains qui sont le Burkina Faso, le Mali et le Niger composant l’AES (Alliance des Etats du Sahel) et également la Guinée du général Doumbouya.
Un néo-panafricanisme couplé à un ressassé anti-impérialisme devient cette locomotive qui carbure avec un narratif foncièrement orienté pour soutenir tous les autoritarismes et autres rétrécissements des espaces civiques et politiques. Ainsi, on charge injustement en réquisitoire la Démocratie qui n’a jamais ou peu été pratiquée sérieusement dans nombre de nos pays.

À recommander !

22 septembre 2025

KS

● Mauritanie Politique | Nos diasporas politisées et nos duplicités… en Europe !



Ce jour, le clash de Bruxelles entre militants pro régime et éléments opposants est une illustration bruyante de ce qu’on connaît de fractures et bizarreries en termes d’incohérences militantes parmi nous en interne en Europe. Le dernier cas qui m’avait particulièrement troublé fut l’émergence subite d’une structure politique qui s’est lancée au sein d’une certaine diaspora au profit de l’ancien président Ould Abdel Aziz. Ce dernier, qui, durant plus d’une décennie, bafouait nos droits avec un grand zèle. Et aussitôt coincé dans les embrouilles avec ses amis du système, il a tenté une mue politique avec cette diaspora qu’il avait tant méprisée. N’avait-il pas laissé entendre que les manifestants contre les conditions discriminatoires du très controversé enrôlement biométrique, ne sont pas de mauritaniens.
Nous sommes traversés par de nombreuses et insaisissables contradictions dans les positionnements politiques et militants, et les élections législatives de 2023 ont été d’un grand moment de clarification pour qui sait observer et décortiquer nos circulations positionnelles par rapport aux enjeux, aux acteurs et aux affinités (communautaires, familiales, amicales…).

Pour nous cerner et fixer véritablement nos convictions, il faut plus que jamais nous organiser dans des structures formalisées (partis, sections, entités…) avec adhésions obligatoires.

D’ailleurs lors de la dernière réunion de notre instance RAG France en présence du président Biram Dah Abeid, mon propos abordait cette nécessité d’un cadre organisationnel lisible et incarné avec une légitimité acquise par une assemblée générale ou tout autre procédé consensuel. Assez d’un système de soutien frans-clubiste d’un public épars. Au sein duquel… seule la personnalité de Biram Dah Abeid semble réunir et autour aucune culture politique ni de discipline militante ni d’obligations de conscience collective. Une telle carence en termes d’organisation lisible et de structuration fonctionnelle pourrait affecter négativement le leadership courageux et l’aura de la personnalité porteuse du lead politique. Le leader politique d’une opposition véritable sous nos cieux s’habitue déjà inévitablement à d’énormes sacrifices martyrisants et sans un cadre organisationnel valide, légitime et rationnel à l’appui, sa santé physique et mentale prendrait des coups bloquants à terme. Ainsi, une responsabilisation militante des espaces civiques et politiques (zones à zones) devient un impératif de premier ordre pour espérer un déploiement efficient d’un projet politique auprès des citoyens et des opinions publiques à l’intérieur et également à l’international.

Donc..vivement une respectable, cohérente et visionnaire composition organisationnelle à travers l’Europe et un mouvement d’ensemble encarté Opposition politique et droit-de-l’hommiste. Autrement les stratégies cavalier-seul et autres petits jokerismes isolés ne nous rendent pas service et vont faciliter à certains de militer Opposant à Paris et d’aller manifester anti Opposant à Bruxelles…, c’est un peu du « mauritanien » petit calculateur et dissimulé selon les cartes d’intérêt à gratter.

20 septembre 2025

KS pour le BLOG

● Mauritanie ~ Débats | Ce que les embrouilles discursives sur l’identité Haratinité ou « Hardanité » reflètent dans nos miroirs silencieux en milieux autres négro-mauritaniens !

▪︎▪︎▪︎▪︎ Je partirais du postulat d’une contribution publiée en janvier 2016 qui fut reprise par le site Cridem https://cridem.org/C_Info.php?article=679378. Titré En « mauritanien » chaque communauté a ses haratines finalement : Haratine, une fierté!, dans cet élément, j’y expose ce que je crois fermement de la substance « identité Haratine » à travers un prisme bien circonscrit comme suit : Si on raisonnait sur l’ordre purement politique et statutaire, un haratine n’est pas Arabo-berbère, ni Soninké, ni Peulh, ni Bambara et ni Wolof . Mais le statut de Haratine peut être trans-communautaire car chacune des différentes communautés dans leur fonctionnement traditionnel en vigueur, a ses haratines statutaires intra-communautaires qui subissent les mêmes régimes déterministes sur le matériel et l’immatériel.

Ces derniers temps, les intelligences et les poussées argumentatives de différentes palettes ont été convoquées par les uns pour délégitimer les aspirations d’une dynamique militante pour une composante haratine autonome (comme communauté) dans l’ensemble hassanophone et par les autres pour booster d’une manière décomplexée cette même dynamique. J’ose croire qu’une communauté vit son dynamisme par une certaine structuration politique en interne et avec son environnement exta-muros. Ce dynamisme souvent entre clans et segments dirigeants, tient les éléments « cadets sociaux » comme forces d’appoint exploitables assignées ou auto- assignées au service de différentes factions d’un ensemble communautaro-tribal. Ainsi, l’ensemble haratine au sens d’une composante anciennement esclavagisée n’a aucune marge de manœuvre comme libre acteur dans la compétition clanico-politique dans cet ensemble communautaro-tribal avec ses soubassements transversaux généralement esclavagistes. En revenant à la donnée « esclavage », l’horrible efficacité qu’il a pu avoir, est liée à la perturbation systémique de la société parallèle esclavagisée (familles et filiations éclatées ou désordonnées). Les idéologues esclavagistes ont été intraitables en la matière…: il faut en tout temps et en tout lieu, éviter le plus longtemps possible une personnalité réfléchie et consciencieuse de l’ensemble asservi en bas de l’échelle.
La rencontre entre l’entité collective esclavagiste et les personnes esclavagisées ne s’est pas tissée paisiblement sous une tente ou au bord d’un marigot avec des accords tribalo-ethniques par lesquels les secondes acquiescent librement leur servitude au service de la première toute chanceusement innocente. Non… elle fut brutalité couplée à une affreuse déshumanisation et ses conséquences qui forgent une singularité existentielle dans le temps et dans l’espace. Ici 2 anecdotes me surgissent à l’esprit :

a – En 2017 lors d’une conférence à Paris, le leader abolitionniste d’IRA-Mauritanie, M. Biram Dah Abeid avait raconté en substance ce qui suit : Lors d’une rencontre avec une communauté en Afrique de l’ouest, un homme qu’il avait interpellé par rapport l’esclavage lui dit « nous, nos esclaves, on les aime bien » et Biram dit lui avoir répliqué « c’est faux, vous ne les aimez pas, si c’était le cas ils ne vont pas être vos esclaves ».
L’entreprise esclavagiste conduit également une sorte d’évolutionnisme à tendance moralisatrice pour maintenir toujours un suprémacisme sociétal dans la relation post-esclavage entre les 2 univers. Seul un militantisme alerte comme l’a montré le président Biram, permet une réaction lucide afin de confondre subitement les velléités paternalistes.

b – Place Trocadéro à Paris (2015 ou 2016), lors d’une manifestation de la diaspora mauritanienne, j’avais eu un échange avec une jeune militante saharouie (marocaine) accompagnée d’une dame caucasienne d’un certain âge sur place pour leur militantisme pro indépendantiste. J’ai abordé la problématique de l’esclavage ou ses restes sur les noirs qui concernerait le Maghreb également comme chez nous. Elle me disait en toute confiance que c’était fini depuis longtemps et en précisant qu’ils (leurs anciens esclaves sans les nommer ainsi) sont comme une partie de sa famille. Moi… lui demandant : vous vous mariez ensemble vos familles…? Aussitôt j’ai senti la gêne poindre en elle, et elle dit timidement « Non, c’est compliqué sur ce point » . La tacite conclusion qui s’impose sans que cela ne soit verbalisé : « on ne fait pas une famille réellement avec nos anciens esclaves »

Par ces 2 cas, le construit social issu de la condition esclavagiste marque et relègue à vie les victimes dans un certain paternalisme normalisé et décomplexé. Ce passé originel va habiter leur réalité existentielle et le suprémacisme sociétal et politique du bloc anciennement esclavagiste y tient sa base.

Ce nœud originel déséquilibré va marquer toutes les phases du duo existentiel et la réparation relationnelle n’aura pas la même substance pour les 2 bords. Parce que naturellement l’entité collective esclavagiste va développer une suffisance débordante à l’endroit de ses subordonnés statutaires désormais après les fers de la condition esclavagiste desserrés.

On ne comprendra pas les motivations profondes des aspirations à l’autogestion sociale, identitaire et communautaire de l’ensemble anciennement asservi si on se laisse embourbé dans les traits brutes et copier-colleurs de la sociologie, de l’anthropologie et autres X-logie. Il faut savoir secouer son âme profondément et s’appliquer intimement une sereine dose d’empathie envers l’ensemble anciennement esclavagisé. S’imaginer leur passé du temps 0 de cette rencontre de la bascule, la dé-structuration familiale et sociale historique vécue, les humiliations encaissées et assignées en héritage depuis quelques générations…

Et de cette relation, l’univers social anciennement esclavagiste dans sa configuration collectiviste ne disposant pas de leviers efficients avec toute sa bonne volonté, une séparation réparatrice est une voie d’utilité publique. C’est une affaire de mentalités, chacune des parties doit se retrouver pour une mise à jour existentielle après la rupture d’une interdépendance qui ne pouvait pas se réformer. Lire : https://ecrit-ose.blog/2025/04/13/%e2%97%8f-reflexion-et-societe-la-relation-esclave-maitre-ne-se-reforme-pas-elle-doit-etre-separee-pour-une-commune-utilite-publique-par-ks/

Il faut y admettre que l’ensemble anciennement esclavagisé par son statut de subordonné donc pas craint, a une mémoire très lourde (par ce qui est entendu, dit et pratiqué ouvertement) de ce que le subconscient collectif de l’entité esclavagiste ou anciennement esclavagiste retient et exprime à son sujet. Inversement, l’assurance de la supériorité fonctionnelle fait que l’ensemble esclavagiste voit les subordonnés statutairement comme d’éternels incapables qui ne lisent et ne vivent le monde qu’à travers les possibles qu’il lui permet. Tout est dans la subordination…ici et là-bas… tout est par moi et sans moi… c’est le néant existentiel…pour l’ensemble anciennement asservi.

Cet ensemble anciennement esclavagisé est transversal à nos communautés bien sûr avec des variations certaines selon la charpente de chacune d’elles. Mais il existe un tronc commun de Haratinité ou Hardanité parmi les « cadets sociaux » de nos acteurs sociaux dans le schéma tradi-politico-clanique au sein de nos univers communautaires. La différence majeure entre les Haratines du côté hassanophone et ceux du côté de l’ensemble Négro-mauritanien (Soninké, Peulh…) se situe sur 6 points à notre avis :
1 – le nombre pèse énormément du côté hassanophone
2 – la différence de couleur de peau qui est une frontière visuelle dans l’ensemble hassanophone
3 – l’instruction et la dynamique d’éveil de longue date du côté hassanophone
4 – la politisation assumée avec une démarcation lobbyiste en optant pour l’aspiration à une communauté sociale, identitaire et politique. Un mécanisme de dé-tribalisation consciencieuse revendiquée de plus en plus en dehors de l’ancien univers « maître dominateur ».
5 – une terreur grise habite beaucoup de « cadets sociaux » et descendants d’esclavagisés dans l’univers négro-mauritanien.
6 – les complexes et les petites hontes devant l’opinion publique à découvert font raser les murs par beaucoup d’assignés sociaux dans les milieux négro-mauritaniens. On y subit en fatalistes.

Ainsi… à nous, négro-mauritaniens hors Haratines, ce que le débat actuel remue à propos de l’autonomisation sociale et politique de haratines anciennement esclavagisés dans l’ensemble hassanophone, sommes-nous prêts à en accepter les termes disruptifs similaires pour nos « cadets sociaux » intra-muros ?
Ou bien allons-nous continuer à végéter dans une gymnastique troublante avec nos frontières sociales tenues par un intellectualisme tourmenté d’affects à la carte et hors-sol ?
Un dicton célèbre dit : « le balayage doit commencer devant chez soi d’abord »

La communauté citoyenne qui est une aspiration tant espérée de tous ne peut advenir qu’avec des acteurs sociaux et politiques ayant mûrement intégré les valeurs d’égalité sociale et communautaire. Quant on entretient des systèmes porteurs d’un inégalitarisme comme fonctionnement intra-communautaire et inter-communautaire, des incohérences vont surgir et heurter les projets de l’application d’une égalité citoyenne à l’échelle nationale. Une évidence !

10 septembre 2025

–Koundou SOUMARE pour le BLOG

● La communication d’alerte du député et leader droit-de-l’hommiste mauritanien M. Biram Dah Abeid | Sur l’engrenage jihadiste dans la sous-région.

Tragédie du Sahel: Lettre ouverte aux Chefs d’Etat et de gouvernement

– du Mali

– ⁠de la Mauritanie 

– ⁠de l’Algérie

– ⁠de la Fédération de Russie

Aux dirigeants des instances internationales et sous-régionales :

Organisation des Nations unies (Onu)

Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao)

Organisation de la Conférence Islamique (Oci);

De la part de Biram Dah Abeid, député mauritanien, président de l’Ong Initiative de Résurgence Abolitionniste (Ira), lauréat des distinctions :

Prix des Nations Unies pour la Cause des Droits de l’Homme, Bassayire Alqourane, FrontLine Defenders pour la Protection des Défenseurs des Droits de l’Homme, de la ville de Weimar pour les Droits de l’Homme, TIP des Héros contre l’Esclavage et la traite des personnes du département américain, Tulipe des Droits de l’Homme du gouvernement hollandais, du Courage dans La Défense des Droits humains du Sommet de Genève pour la Démocratie et les Droits de l’Homme, Doctorat Honoris Causa de l’Université Belge de Louvain, retenu parmi les 100 personnes les plus influentes au monde, du Magazine Times. 

Distinguées personnalités physiques et morales

Je m’adresse à vous, en ce moment de péril collectif, au sud du Sahara.  L’insurrection jihadiste met en danger de faim et de mort, des villages, des villes et des populations non combattantes et dépourvues d’armes. 

En Mauritanie, et depuis quelques jours, une grande inquiétude et un état de consternation se sont emparés du peuple, dont je suis l’un des représentants. La ville pieuse de Nioro du Sahel, proche du flanc sud de la frontière, devient l’objet d’une stratégie de siège hautement préjudiciable à la survie de ses habitants. Des milliers de civils, à l’instar de leurs compatriotes au centre et à l’ouest du Mali, y courent désormais un risque grandissant de pénurie, de tuerie et d’assassinats ciblés. Le chef spirituel soufi, Cheikh Mohamedou Ould Cheikh Hamahoullah, sommité religieuse de la sous-région, se trouve sous la menace d’une prise d’otage ou, pire, d’une élimination physique.

En conséquence, nous vous demandons de faire diligence aux fins de déclencher les étapes de la riposte que requiert la gravité du présent appel :

– Une action rapide et concertée visant à desserrer l’étau sur les populations de Nioro ; 

– ⁠Une opération spécifique en vue d’assurer la garde rapprochée du Cheikh et des siens ;

– ⁠Une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’Onu, prélude à la convocation, dans les meilleurs délais, d’une conférence internationale, qui décidera, a minima, de l’aide humanitaire aux pays exposés à l’imminence d’un débordement par les déplacements massifs de réfugiés. 

Paris, le 5 septembre 2025

● De l’Empire du Ghana à la Diaspora : L’Odyssée Fracturée du Peuple Soninké. Par M. Mody Wassa



L’histoire du peuple Soninké est une fresque complexe, oscillant entre la grandeur passée d’un empire florissant et les défis contemporains d’une diaspora confrontée à la perte d’identité. Cet article explore les grandes étapes de cette épopée, depuis l’âge d’or du Ghana jusqu’aux réalités actuelles de l’exil.

• L’Apogée de l’Empire du Ghana : Un Phare en Afrique de l’Ouest

L’histoire des Soninkés débute au cœur de l’Afrique de l’Ouest, dès le IVe siècle, avec la fondation de l’Empire du Ghana, également connu sous le nom de Ouagadou. Les Soninkés, dotés d’une vision stratégique, ont su exploiter sa position centrale pour contrôler les routes vitales du commerce transsaharien. L’or, le sel et les ressources diverses affluaient vers Kumbi Sallé, sa capitale, qui est rapidement devenue un carrefour économique et culturel d’une ampleur sans précédent.
Au zénith de cette puissance, la famille royale des Cissé régnait. Le titre même de « Ghana » désignait le souverain, soulignant l’importance capitale de cette lignée qui incarnait la prospérité et l’organisation de l’empire. Sous leur règne, l’État atteignit son apogée, devenant un modèle de richesse et de stabilité en Afrique de l’Ouest.

• La Chute et la Fragmentation : Les Racines d’un Peuple Dispersé

Malheureusement, cet âge d’or n’était pas éternel. Le déclin commença par un affaiblissement interne du pouvoir des Cissé. Les conflits de succession et les tensions internes érodèrent l’autorité centrale, rendant l’empire vulnérable. Le coup de grâce fut porté par l’invasion des Almoravides, qui conquirent et détruisirent Kumbi Sallé en 1076. Cette chute marqua non seulement la fin d’un empire, mais aussi le début d’une longue période de chaos.
Le territoire autrefois unifié fut morcelé et les terres furent partagées entre de multiples clans guerriers rivaux. Des guerres généralisées éclatèrent, forçant de nombreux Soninkés à entreprendre un exode massif vers l’Est. Cet événement est considéré comme le point de départ de la longue tradition migratoire du peuple Soninké.
La désunion ne fut pas seulement politique ; elle fut également sociale. L’unité d’antan fut remplacée par un système clanique qui, de manière intentionnelle, créa des divisions. Pire encore, les savoirs ancestraux et les métiers traditionnels (comme le travail du cuir ou de la forge), autrefois valorisés, furent stigmatisés et dépréciés. Ces connaissances orales et techniques, qui constituaient une part essentielle de l’identité soninké, commencèrent alors à se perdre. La solidarité céda la place à une profonde défiance entre les clans, où les rivalités et les préjugés prirent le pas sur la cohésion.

• La Perversion de la Noblesse et la Fracture Identitaire

Avant la chute, la société soninké reposait sur des clans fondateurs (Wagué, Koussa, Kagoro, Karé), mais la noblesse n’était pas un statut hérité. Elle était une qualité personnelle, une noblesse de caractère acquise par les actions, la sagesse et l’intégrité de chaque individu.
Cependant, l’effondrement de l’empire et le chaos qui s’ensuivit pervertirent ce concept. La noblesse devint un statut social hérité par la naissance, s’éloignant de sa signification originelle de vertu. Cette nouvelle stratification sociale affaiblit davantage les liens entre les Soninkés et jeta les bases des divisions qui persistent encore aujourd’hui. Cette fracture identitaire, amorcée par la chute de l’empire, allait se renforcer au fil des siècles.

• La Diaspora Moderne : Entre Espoir et Dilemmes

L’histoire des migrations soninkés ne s’est pas arrêtée au Moyen Âge. À l’époque contemporaine, des vagues d’immigration massive ont eu lieu, en particulier vers la France. Poussés par la pauvreté et la recherche d’opportunités, des milliers de Soninkés ont émigré, laissant derrière eux leurs villages pour de nouvelles vies.
Aujourd’hui, la diaspora soninké est un pilier de développement pour leurs pays d’origine. Les envois de fonds (remises) sont une source de revenus vitale pour les familles restées au pays. Cependant, cette situation n’est pas sans ambiguïté. Les villages d’origine, autrefois centres agricoles dynamiques, se sont transformés en « villages dortoirs », où l’économie dépend désormais largement des fonds envoyés de l’étranger.
Cette aide, bien qu’essentielle, peut parfois glisser vers une forme d’assistanat, étouffant l’initiative locale et créant une dépendance. Un défi majeur se profile : la perte progressive de la langue soninké. Pour les jeunes générations nées loin de leur terre d’origine, la langue soninké s’efface au profit de celle du pays d’accueil, menaçant ainsi la disparition d’une part essentielle de leur identité culturelle.
Ces jeunes, souvent coupés de leurs racines, peinent à trouver leur place et se sentent tiraillés entre les attentes de leurs aînés (comme la reprise des responsabilités familiales et migratoires) et leur propre réalité. La diaspora soninké se trouve ainsi à un carrefour : comment préserver et transmettre un héritage si précieux lorsque les ponts culturels se fragilisent d’une génération à l’autre ?

• Conclusion

Le parcours du peuple Soninké est une illustration puissante de la manière dont les événements historiques, même lointains, peuvent continuer à façonner le présent. De la gloire passée de l’empire du Ghana à la réalité complexe de la diaspora, leur histoire est un récit de résilience, mais aussi de défis.

Mody WASSA
Écrivain-chercheur
wassamody@yahoo.fr