● Postures contradictoires sur la problématique de l’esclavage : Entre le discours de la libération et l’asservissement de la réalité | Par M. Kodore Fodie Sanghare

Dans une société où patrimoine et identité s’entremêlent, une question qui résume les contradictions de la réalité mauritanienne fait surface : Comment se fait-il que des intellectuels appellent à la libération historique des hommes de l’esclavage, tout en refusant de reconnaître sa persistance dans le présent ? Comment se fait-il que le discours anti-esclavagiste devienne un slogan séduisant dans les forums, mais se transforme en tabou lorsqu’il s’agit de le démanteler sur le terrain ?
L’esclavage : Non pas un souvenir passé, mais une plaie saignante. L’esclavage en Mauritanie n’est pas un simple chapitre de l’histoire, mais un système social et culturel profondément enraciné qui s’est transmis de génération en génération par des mécanismes insidieux. La hiérarchie des « maîtres » et des « esclaves » est encore pratiquée sous des formes diverses dans les sociétés bezan, soninké et pulaar, même si elle est parfois revêtue d’habits modernes. Empêcher un groupe de construire des mosquées comme les autres ou de prier pour ses morts à la mosquée n’est que la partie émergée de l’iceberg des inégalités justifiées au nom de « coutumes » ou d’interprétations religieuses déformées. 

La contradiction est flagrante : Les intellectuels condamnent l’esclavage dans leurs discours et évoquent les tragédies du passé, mais brandissent le glaive de la critique contre quiconque s’élève contre sa persistance aujourd’hui. Le militant antiesclavagiste devient un « traître » accusé de ternir l’image de la société, tandis que ces intellectuels ferment les yeux sur la déformation de la réalité elle-même. 

Pourquoi les intellectuels attaquent-ils ceux qui luttent contre l’esclavage ?
– La peur de la responsabilité sociale : Reconnaître l’existence de l’esclavage aujourd’hui reviendrait à déstabiliser un ordre social en place depuis des siècles. Beaucoup craignent de perdre les privilèges moraux ou matériels liés à leur position dans cette hiérarchie, même s’ils prétendent être contre l’injustice. 
– Echapper à la stigmatisation morale : La lutte contre l’esclavage oblige la société à se confronter à elle-même, ce qui soulève des sensibilités profondes. La marginalisation des militants devient un mécanisme de défense de l' »honneur » imaginaire de la communauté, plutôt que de reconnaître sa véritable honte. 
– Le décalage entre la rhétorique et la pratique : Certains intellectuels adoptent un discours émancipateur pour améliorer leur image, mais refusent de payer le prix de ce discours dans le tissu social. 

L’esclavage n’est pas une « particularité culturelle » mais un crime contre l’humanité : tenter de lier l’esclavage à la culture ou à la religion, c’est travestir les faits. L’Islam, qui est la référence principale de la société mauritanienne, interdit l’esclavage, combat la discrimination et fait de l’égalité le fondement de la dignité humaine. La culture n’est pas une prison sacrée, mais une entité évolutive qui doit se débarrasser de tout ce qui viole les droits de l’homme. 

L’esclavage n’est pas « mauvais pour les Bezaan et bon pour les Soninke », ni une question étroitement ethnique ou constitutive. Il s’agit d’un crime qui porte atteinte à l’humanité, quelle que soit l’identité de l’auteur ou de la victime. Distinguer ses formes en fonction de l’appartenance à une communauté est une continuation de la culture de justification qui alimente l’esclavage. 

L’esclavage ne peut être éradiqué que par une alliance sociétale qui dépasse les frontières ethniques et régionales : Les Haratine, qui ont souffert de siècles de discrimination, ne doivent pas rester seuls dans la bataille. Les Beidhaan, dont beaucoup rejettent aujourd’hui les anciennes hiérarchies, doivent prendre la responsabilité de briser le silence interne. Les Swaninke et les Pulaar, où l’esclavage se cache sous d’autres noms, doivent porter un regard critique sur leur héritage. 

Conclusion : Lorsqu’un intellectuel passe du statut de voix de la liberté à celui de gardien des tabous, il perd la légitimité de représenter la conscience collective. La lutte contre l’esclavage n’est pas un luxe intellectuel, mais une responsabilité morale indivisible. Une société qui a peur d’affronter ses contradictions restera prisonnière des illusions du passé, tandis que ceux qui refusent d’enterrer les vivants dans des tombes de la honte écriront une nouvelle histoire digne de survivre. 

En conclusion, la liberté n’est pas donnée, elle se mérite. L’esclavage ne disparaîtra que lorsque nous refuserons d’être les partenaires de sa perpétuation, que ce soit par le silence ou la justification.


Source en arabe https://www.facebook.com/share/p/1BfkiuG8jB/

Par M. Kodore Fodie Sanghare

● Réflexion et Société | La relation « esclave-maître » ne se réforme pas, elle doit être séparée pour une commune utilité publique. | Par KS

L’origine de la relation « esclave-maître » ne s’est rarement tissée par un accord volontaire et équilibré en termes de position politique et d’habillage social dans le temps et dans l’espace. Ainsi, pour corriger valablement et moralement une société à relation esclavagiste, il faut savoir bien séparer le destin organisationnel (Honneurs et Avoirs) de 2 univers (réalité maîtresse et réalité esclavagisée) au moins sur 2 à  3 générations. Et qu’une autre entité régalienne exogène notamment l’État moderne devienne la référence impartiale à tous coûte que coûte à coup de plaidoyer visionnaire et patient et d’activisme résolument réfléchi. À chaud du présent et du court terme, toute tentative de réconciliation de 2 univers en frictions, se heurtera sèchement à la résurgence inévitable des velléités de subordination sociale et politique liée à l’origine. Dans les annales de l’histoire, même les prophètes et les grands sages n’ont pas réussi à « soigner » effectivement sur un temps court les âmes évoluant collectivement dans ces 2 univers interdépendants mais foncièrement déséquilibrés. Par exemple le cas historique du grand Prophète Moussa (psl) et les enfants d’Israël sous l’asservissement en Égypte pharaonique. La Mission de libération que Dieu lui a assignée fut justement une séparation organique nettement actée entre les 2 univers (l’ordre dominant et les dominés). La grande épreuve pour un ordre social ou politique suprémaciste serait d’accepter de faire corps social égalitaire dans le matériel et l’immatériel avec les éléments subalternisés historiquement dans son environnement. Et également, les éléments dominés et relégués statutairement dans l’environnement doivent se libérer de tous les complexes d’infériorité développés et « socialisés » en eux tout au long du processus de domination dont ils furent victimes. Par ailleurs, une nécessité de reconstruction existentielle doit s’amorcer pour eux dans une nouvelle trajectoire dans le temps et dans l’espace avec une vision réfléchie et une structuration sociale innovante. Surtout ne pas reproduire les marqueurs problématiques et conflictogènes subis ailleurs dans l’ancien univers.

KS pour le Blog https://ecrit-ose.blog/

● Rendons-nous HOMMAGE VIVANT | Notre Seyre « national » : une plume humaniste qui alerte et inspire !

📸-Paris, il y a quelques années, autour de lui, une équipe de l’ancien BE d’Armepes-France

Il s’appelle M. Seyre SIDIBE, une pointure de l’arène journalistique mauritanienne. Natif de Sélibaby et issu de l’ensemble communautaire soninké de la capitale régionale du Guidimagha. Professeur de français de formation de base, il est valablement imprégné en analyste avisé de la vie sociale et politique intra-communautaire soninké et sur les données à l’échelle nationale de son pays, la Mauritanie. Ses différentes contributions sont d’une grande pertinence (fond et forme) et s’inscrivent dans un engagement intellectuel proactif très louable. Le Top responsable du site internet d’information https://ondeinfo.com/, ne cesse d’alerter, d’interpeller, d’interroger et de secouer un magma politico-sociétal qui régit hermétiquement une certaine vie communautaire soninké aujourd’hui. Son plaidoyer est constant et plein de sagesse discursive pour l’avènement d’une société débarrassée de vielles recettes indigestes moralement et socialement de nos jours. Il appelle à une dynamique reformatrice pour consolider et asseoir une véritable cohésion sociale sur la base de la dignité humaine et de l’égalité citoyenne. L’ensemble communautaire a besoin d’une mue pour s’adapter et larguer à un ailleurs loin ses tares foncièrement nuisibles au vivre-ensemble.

Également, concernant la vie publique nationale, il nous sert régulièrement ses analyses riches et interpellatives à l’endroit des décideurs étatiques et autres acteurs sociaux. Les thématiques et les problématiques n’échappent que rarement à son diagnostic lumineux doublé d’une batterie de propositions émises et comprises en filigrane par une habileté textuelle d’une facture proverbiale.

Il incarne la position historique et visionnaire de tant d’intellectuels par le passé qui ont su habiter publiquement cette qualité par de la substance avérée et téméraire. Point d’idéalisme rêveur ni d’encrage prétentieux à partir d’un trône de condescendance d’un lettré incohérent et complexé, M. Sidibe est une source-ressource sociale et intellectuelle qui peut contribuer à l’émergence d’un ordre social et politique JUSTE à l’intérieur de son groupe sociolinguistique ainsi que dans son pays.

Je tiens à lui consacrer ce modeste élément qui ne prétend aucunement de faire intégralement son portrait d’acteur social et intellectuel qui compte positivement dans les débats publics. Par ses sorties médiatiques que notre Blog https://ecrit-ose.blog/ a eu l’honneur de reprendre régulièrement, j’estime qu’il représente une figure inspirante pour les univers mentaux et les engagés investis dans notre écosystème social, politique, éducatif et culturel.

👉🏿Ici un lien de publication choisie arbitrairement parmi ses perspicaces contributions https://ondeinfo.com/quelle-est-la-pigmentation-de-la-mauritanie/

3 mars 2025

KS pour le BLOG https://ecrit-ose.blog/

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● Faut-il sortir des tares (endoctrinement social) pour embrasser l’endoctrinement religieux ? Que faire ? | Par M. Souleymane Sidibé

Dans nos contrées soninkées, une forme « d’extrémisation religieuse » s’installe, non pas par la violence, mais par un enfermement doctrinal rigoriste ou rigide. On voit des dévots et des dévotes, des habits qui rappellent le soleil ardent de l’Arabie, des qamis, des miswaks (cure-dents), des appellations… La foi, qui devrait être une relation intime entre l’individu et son Créateur, devient un marqueur social où l’apparence prime sur l’engagement réel. Cet enfermement réduit la religion à une série d’interdits et d’obligations visibles, oubliant l’essence même de la spiritualité et du vivre-ensemble.

Au moment où on assiste à une citoyenneté de façade, où l’affirmation identitaire l’emporte sur la participation active à la société, il est urgent de se saisir de ce phénomène pour alerter face à cette mode. Pourtant, se couvrir la tête ou porter une barbe ne saurait remplacer l’éducation, la réflexion et l’épanouissement intellectuel. Pendant que certains s’enferment dans des codes religieux, d’autres risquent leur vie en mer, en quête d’un avenir ailleurs. Cette fracture illustre une crise profonde : l’incapacité à proposer des perspectives solides à une jeunesse tiraillée entre traditions figées et aspirations modernes.

Sortir des tares traditionnelles pour tomber dans l’isolement religieux n’est pas un progrès, mais une nouvelle forme d’aliénation. Les vrais combats de société – l’éducation, l’égalité, le développement économique et la lutte contre les discriminations – doivent se mener loin des dogmatismes. La foi peut être un moteur de dépassement de soi, mais elle ne doit ni freiner le progrès ni diviser.

L’urgence est de redonner du sens à l’engagement citoyen et social, de replacer le savoir et l’ouverture d’esprit au cœur de la société. La religion ne doit pas être un instrument de repli identitaire, mais une force d’élévation, au service de l’humain et de son épanouissement. Seule une vision éclairée et inclusive pourra préserver le Soninkara de l’isolement et lui offrir un avenir harmonieux, où spiritualité et progrès avancent ensemble.

Le terrain religieux est souvent utilisé pour justifier des pratiques oppressives à l’égard des femmes, ancrant des inégalités sous couvert de spiritualité. L’excision, bien qu’absente des textes sacrés, continue d’être perpétuée au nom d’une prétendue norme religieuse, privant des millions de femmes de leur intégrité physique et psychologique. De même, le mariage forcé enferme de jeunes filles dans une dépendance totale, sous prétexte de devoir religieux.

L’endoctrinement se manifeste aussi par l’imposition du voile dès l’enfance ou la restriction de l’accès des femmes à l’éducation et à la vie publique, les cantonnant à des rôles domestiques. Pourtant, l’histoire montre que foi et émancipation féminine ne sont pas incompatibles. Nana Asma’u, érudite du XIXe siècle, a œuvré pour l’éducation des femmes en Afrique de l’Ouest. Fatima al-Fihri, au IXe siècle, a fondé l’université Al Quaraouiyine, prouvant que les femmes ont toujours été des bâtisseuses du savoir. Aisha bint Abi Bakr, épouse du prophète Mohamed (SWS), était une autorité en jurisprudence et en théologie.

Voici là des contre-arguments face à cette « soudanisation » du Soninkara. Il est urgent de déconstruire ces discours et de réaffirmer la place des femmes comme actrices libres et éclairées de leur destin. La religion ne doit pas être un instrument de domination, mais une force d’élévation et de justice. Le travail et la transformation doivent guider nos pas.

Souleymane Sidibé

● Mauritanie | Éléments de Portrait de M. Wolo Coulibaly | Nouveau DG de l’Institut National d’Hépato-Virologie.

Il est natif de la localité de Diadjibiné en 1970 dans le Gorgol. Il y a effectué sa scolarité en primaire avant de passer par différents établissements aux niveaux collège et lycée (Mbout, Sélibaby, Kaédi et Nouakchott). En 1992, il décroche son baccalauréat Série D et entame ses études universitaires en Médecine au Niger (1992-2001) et en Côte d’Ivoire (2007-2013) avec une spécialisation en Endocrinologie-Métabolisme et Nutrition . Il est titulaire d’un Doctorat d’État en Médecine obtenu à la Faculté de Médecine à Niamey au Niger en 2001. Docteur Coulibaly dispose d’une expérience de 6 ans  de praticien en Médecine générale comme médecin-chef dans différents départements à travers le territoire national.
À Nouakchott, il a exercé durant 12 ans en Endocrinologie-Métabolisme et Nutrition au Centre Hospitalier National – Service Médecine interne et également praticien vacataire dans d’autres hôpitaux de la Capitale. Au CHN, il y fut Médecin-chef du service de Médecine interne à partir de juin 2021.

Côté social, il a souvent participé à des caravanes médicales de santé avec différentes initiatives de solidarité et de prise en charge gratuite à l’intérieur du pays. Disponible, serviable et attentionné, il est doté d’un louable crédit social auprès de gens qui l’ont côtoyé et d’autres qui sont passés pour des soins sous sa responsabilité.

Il est membre de la Société africaine d’endocrinologie, métabolisme et Nutrition (SAEMN) ainsi que de la Société francophone d’endocrinologie et Diabetologie (SFED).

Au mois de mai 2024, il avait été promu chargé de mission au sein du Ministère de la Santé (Cabinet du ministre) .

Aujourd’hui, sa nomination comme Directeur général de l’Institut National d’Hépato-Virologie, suit la trajectoire très riche en mérites d’un praticien compétent et expérimenté dans son domaine. Nous lui souhaitons un grand succès dans ses nouvelles fonctions au sein de cet établissement avec efficacité sanitaire au bénéfice de la patientèle et un agréable cadre fonctionnel pour le personnel soignant.

20 mars 2025

KS pour le BLOG https://ecrit-ose.blog/

● Souffrances et repli sur la communauté soninké en France et les non dits. | Par M. Boulaye Diakite.

Les problématiques soulevées dans cet écrit datant de 2015 sont toujours d’actualité. Un travail sociologique issu de plusieurs entretiens auprès des migrants dans les foyers et des habitants des quelques villages dans le Guidimakha.

L’émigration Soninké est un choix dû a une conjoncture particulière. L’agrégation de ces processus constitue une réalité collective qui grâce a un mensonge collectif se perpétue et se développe. Abdelmalek Sayad aborde les multiples contradictions dans les conditions de vie des immigrés. Sayad montre « la double absence » des immigrés : absent de son pays, absent dans sa famille, son village, mais absent aussi dans la société d’accueil qui le rejette et le considère comme une force de travail .

Au foyer, les migrants Soninkés sont confrontés à divers difficultés (papiers, faire un cv, recherche d’emploi, etc.) et vivent dans des conditions très difficiles en France.

Encouragés par leur groupe, les membres de leur communauté… L’immigré peut rester pendant 5 ans, 10 ans ou même plus dans une situation administrative irrégulière, souvent sans travail ou travailler illégalement. Cet immigré ne cesse de vanter son pays de pays riche. Il ne sait même pas pourquoi il a quitté son pays. L’immigré en situation irrégulière même avec un billet gratuit avec les forces administratives du pays d’accueil résiste à tout retour à son pays. Régularisé, il est pressé de retourner pour voir les siens.

La question de retour n’est jamais soulevée en situation irrégulière. L’histoire d’un immigré, régularisé après 14 ans. Il dit avoir deux femmes et une fille qui l’attendaient au pays, 14 années d’absence. Il dit n’avoir jamais pensé au retour. Régularisé après 14 ans. Un autre immigré suite à ma question : combien de temps êtes-vous en France ? Il répond : je suis France mais ça ne fait pas longtemps. Mais combien temps. Il m’a répondu 5 ans. Etes-vous régularisé ? Non. Cinq années d’absence ici et là bas pour l’immigré, ce temps perdu est court. Cinq ans ! Il répond oui, cinq ans ce n’est rien. Cinq ans perdu, sans rien, l’immigré soninké trouve toujours la France meilleure le seul fait qu’il est en France, il est le francinké. Chez les soninkés dire il est francinké (de France) ou les francinkos, ces appellations donnent un sentiment de joie, de bonheur, d’honneur et la fierté de l’immigré.

L’immigré soninké quelque soit sa condition de vie en France pense qu’il n’y a pas d’autres alternative. L’immigration Soninké croit en la France comme un eldorado. L’immigré sans papiers, sans travail et sans logement pense que cette vie est meilleure à celle de son pays.

Pour Sayad, immigration ici et émigration là sont les deux faces indissociables d’une même réalité, elles ne peuvent s’expliquer l’une sans l’autre . L’émigration en France avait pour fonction première de donner aux communautés paysannes, incapables de se suffire à elles-mêmes par leurs activités agricoles, les moyens de se perpétuer en tant que telles.

L’immigré Soninké souffre de sa situation sans s’en rendre compte. Il n’est pas présent dans la société d’accueil et absent de son village d’origine. Il continue de se replier sur lui-même – en cumulant, arrivée du pays : petit boulots, débrouilles et galères. Après un ou deux mois d’aide de la communauté les nouveaux arrivants doivent eux mêmes contribuer à la bonne marche du foyer, souvent il partage une chambre avec un migrant plus ancien parfois issus de sa famille. Plusieurs solutions s’offrent à lui : petits boulots, débrouilles, et galères, petit commerçant, etc.

Le foyer est un quelque sorte un village pour l’immigré soninké. Il considère le foyer comme un village, le lieu le plus sûr. A la différence du village au pays, le village-foyer, il y a des absents (les enfants, les femmes, les vieux, etc.).

L’immigration soninké est une immigration majoritairement patriarcale. Les femmes ne sont pas sollicitées pour l’immigration. Les immigrés pensent qu’il est préférable que les enfants naissent et grandissent au pays. Cela permettrait la continuité de leur mode de vie, qu’ils pensent le meilleur.

Les nouveaux arrivants en France doivent habiter au foyer quelque soit les opportunités qui s’offrent à eux. Le foyer a une fonction essentielle pour les Soninkés. Il permet pour les migrants de garder les attaches avec la famille au pays et leur sociabilité. Plusieurs activités se passent au foyer (cérémonie mariage, recherche d’emploi, démarche pour les papiers, baptême, organisation des soirées, etc.).

Au village, on ne parle que de l’immigré comme un homme heureux. Il est celui qui apporte la joie, à manger. Son nom est scandé partout de places publiques, à la maison, etc. Il s’agit ici d’un discours qui socialise les plus jeunes à l’immigration. L’immigré, il est bon, meilleur, beau et riche. Les caprices de l’immigré sont reçus comme un cadeau auprès des siens et une joie par la famille. La colère de l’immigré à côté des siens, cette colère est comme un cadeau même s’il a tort parce que c’est l’immigré, la source des revenus. Il a toujours raison. Il peut fait mal mais ce n’est pas grave.

L’immigré ayant réussi au pays d’accueil, cette réussite est endossé le plus souvent parce qu’il est tel rang social, statut social, ce pourquoi il a réussi. Même s’il n’y a aucune vérité ; il y croit qu’à même.

Pourtant toute autre forme de réussite si on n’est pas immigré, ne pas une réussite en milieu soninké. La pression sociale ne laisse personne indifférent. Les gens sont forcés à partir à cause de la contrainte sociale qui veut qu’on devient immigré.

Le non immigré est inutile, fatiguant, rien de ce qu’il peut dire n’est audible, non travailleur, fainéant. Il faut partir loin du pays, du continent ; voilà il faut partir pour les soninkés. Il est parti égale ; il a réussi pour les soninkés.

Mais avoir un diplôme, être ministre, docteur ; je ne sais quoi d’autre n’intéresse personne chez les soninkés. Il faut être immigré. Le diplômé arrive dans son village, il est content. Au village, Il est à peine félicité. Voilà, il va se sentir inutile. Il oublie qu’il a étudié ; qu’il a des diplômes et se lance à l’aventure. Quelques exceptions restent et même s’ils ont réussi, ne sont pas considérées dans la conscience collective des villageois.

L’immigré peut échouer mais il a plus considération aux yeux des soninkés qu’une personne non immigré, même s’il a réussi ; on ne le voit pas ; on ne veut pas de sa réussite, il faut qu’il part.

La conscience collective adopte l’immigration comme la réussite. La place de l’immigré est particulière dans la conscience collective. L’immigré arrive en vacance au village ; il peut être endetté sauf que les villageois ne savent pas. Les éloges des villageois, l’immigré est prêt à tout. Il ne cesse de s’en orgueillir auprès des siens et faire tout pour masquer sa propre souffrance. A cause de ce mensonge collective, il a fini par croire qu’il est riche.

il va continuer à s’endetter durant son séjour et augmente ses souffrances parce qu’au retour, il doit payer ses créanciers. La vie de l’immigré est une vie toujours au point de départ.

Boulaye Diakhité, Socio-anthropologue

• Lien média https://ondeinfo.com/souffrances-et-repli-sur-la-communaute-soninke-en-france-et-les-non-dits/?fbclid=IwY2xjawI71G9leHRuA2FlbQIxMQABHYORthEVn280nwd8K5gx6Cw_pLqiuEn92AnyL86XX7C1folKtxgFJxVEBg_aem_FKClbzWYXTXvx_iTMVqMaQ

● La journée nationale de lutte contre l’esclavage est passée inaperçue ? | M. Seyré SIDIBE.

Alors que la journée nationale de lutte contre l’esclavage, le 06 Mars, de chaque année vient de passer inaperçue en Mauritanie, tant du côté des autorités que du côté de la société civile, la dernière réunion hebdomadaire du Gouvernement vient d’instituer, une autre journée nationale, commémorant cette fois-ci la diversité culturelle et de la cohésion nationale. C’est en soi une bonne initiative dans un contexte marqué par la montée de propos racistes proférés ou soutenus, sans gêne par les partisans d’une Mauritanie exclusivement Arabe ou blanche.

La reconnaissance d’une journée, consacrée à la diversité culturelle et de la cohésion nationale sonne comme revers pour ce camp, qui fait semblant d’oublier que la Constitution nationale reconnaît, quatre langues nationales représentatives de quatre communautés nationales (Arabe ou Hassaniya, le Pulaar), le Soninké et le Wolof). Le caractère multiethnique, multiracial et culturel de la Mauritanie, n’est pas une invention et n’est pas tombé du ciel. C’est cela son identité : une identité plurielle reflet de sa géographie, de sa genèse et de son histoire. Une journée de plus ! En effet, l’agenda national est déjà trop saturé de journées nationales sans impact.

Pourquoi alors instituer une journée nationale contre l’esclavage ?

Si l’esclavage est vécu comme un mal qui ronge d’abord les victimes, parce que source de stigmatisation, d’exploitation et de déshumanisation, il l’est aussi pour les États où sévit encore cette pratique d’un autre âge. En effet, pendant longtemps la Mauritanie avait opté pour le déni à chaque fois qu’elle avait été interpellée par les partenaires au développement (les instances internationales).

La réponse officielle était : il n’y a point d’esclaves en Mauritanie.

Acculée pendant des années, en plus des preuves qui ne cessent de s’amonceler contre Nouakchott, grâce au travail titanesque et courageux de certaines Organisations de la société civile (ONGs), (le plus souvent combattues et mal vues en Mauritanie mais bien appréciées à l’étranger), les autorités mauritaniennes ont été contraintes d’évoluer dans leur position. Ainsi, elles passent du déni à la reconnaissance non pas de l’esclavage en tant que fléau, elles arrivent à inventer une formule ingénieuse, qui admet la persistance des séquelles du mal. Une manière sans doute de minorer, d’atténuer : une reconnaissance au bout des lèvres. C’est déjà bien !

Comme toujours au Sud du Sahara pour justifier l’injustifiable, l’ignominie, le déshonneur, toutes choses abjectes, on peut compter sur des « intellectuels » ripoux et malhonnêtes » brillants dans la voie satanique et diabolique.

Ces derniers ne manquent jamais de mots, d’arguments, de thèses pour enfumer, manipuler mais surtout impressionner et endormir la société pour faire prévaloir leurs théories, même lorsqu’ elles sont loin de la vérité. Les exemples ne manquent : le tripatouillage des Constitutions, la légitimation des coups d’États, la défense des dictatures et autres régimes corrompus etc.

La journée du 06 mars ?

Loin des joutes politiques et politiciennes, instituer une journée nationale contre l’esclavage, est sans doute une manière de reconnaitre de l’existence de l’esclavage dans notre société.  Les sociétés humaines étant dynamiques, nécessairement la pratique de l’esclavage s’adapte aux nouvelles réalités, en changeant de formes et de manifestations. Mais en réalité, la substance même de la pratique basée par l’exploitation psychologique, sociale, communautaire, mentale, culturelle, religieuse, économique, politique est toujours présente ; même si la stratégie du maître change de formes et d’enjeux. Et en face, la victime aussi n’est plus la même, sa mentalité, ses intérêts et rapports avec le maître ou l’ancien maître, le contexte etc. ont évolué.

Mauvaise lecture de l’esclavage en Mauritanie : la société maure stigmatisée

Jusqu’à une époque récente, parler de l’esclavage en Mauritanie revenait à pointer du doigt la situation des haratins, et à incriminer les bidhanes (maures blancs). Or, la société maure n’est pas la seule esclavagiste en Mauritanie. Les Noirs aussi pratiquent l’esclavage sous une forme plus subtile, mêlée à la culture : un mélange de féodalisme et esclavagisme. Pour s’en défendre, ils sont prompts à brandir l’argumentaire du respect des us et coutumes. 

Dans une république démocratique, de surcroît un État de droit, la promotion culturelle doit impérativement être en harmonie avec les valeurs et principes de la république. Certains débats dans l’espace public ou sur la toile montrent jusqu’où la lutte contre l’esclavage manque de sincérité en Mauritanie. En effet, au lieu d’une tolérance zéro à l’encontre des apologistes esclavagistes, beaucoup préfèrent se contenter de nier ou de comparer les formes de pratiques observées chez les différentes communautés nationales.

On se rend compte d’une contradiction fragrante entre le caractère coercitif dans sa formulation contre l’esclavage et pratiques assimilées d’une part et l’impunité dont se vante les esclavagistes. Les victimes n’ont jamais compris, la mollesse et l’indifférence avec lesquelles les autorités judiciaires, policières et administratives traitent, les dossiers sur l’esclavage, une pratique criminalisée par la loi.

Ce qui est ahurissant, c’est de voir de grands responsables ou des soi-disant intellectuels s’adonner à cœur joie, sans état d’âme à comparer l’esclavage dans nos différentes communautés nationales ; en cherchant à minimiser les pratiques en vigueur chez les Noirs, comparées à ce qui se passent entre bidhanes et haratins. On ne compare pas deux maux.  On les combat.  Ma mère m’a appris que deux grains de sel ont la même saveur, (goût) : la seule différence possible entre eux, c’est à la pesée (le poids).

A l’occasion de cette journée commémorative, de lutte contre ce fléau, il est essentiel de rappeler qu’un combat sérieux contre l’esclavage nécessite un traitement plus pointu, prenant en charge les différentes formes de manifestations du fléau dans nos différentes communautés nationales. 

Où trouve-t-on l’esclavage dans ses différentes manifestations ?

Il est dans les rapports sociaux, il est exprimé dans les mots, dans la façon de nommer, de désigner, d’interpeller etc. Il se nourrit des manifestations populaires et culturelles où il prend la forme de l’expression d’une identité culturelle. Il est présent dans la division sociale du travail, dans la gouvernance des lieux de culte (mosquées), dans les mariages entre les différentes familles. Sur le champ politique, l’esclavage se manifeste aussi dans les nominations, la désignation aux postes politiques ou électifs.

Bien évidemment, la forme visible saute aux yeux du fait qu’elle est pratiquée à ciel ouvert. La loi n’a de sens que lorsqu’elle protège les victimes ; et lorsque toute une administration est chargée d’accompagner les victimes, les protéger, les rassurer, les sensibiliser pour vaincre la peur, les intimidations et autres entraves de nature à compromettre l’accès à une justice. 

Légiférer sur l’esclavage par ascendance

Il est temps que les Autorités mauritaniennes légifèrent sur l’esclavage par ascendance, une particularité des communautés négro-mauritaniennes et négro-africaines. Une loi n’a de sens que lorsqu’elle est appliquée, où quand elle prend les stratégies utilisées par les contrevenants pour la contourner. En effet, l’esclavage par ascendance reste une forme insidieuse qui échappe à la vigilance du législateur et des Autorités, qui ne font pas assez pour en finir avec cette abomination.

Seyré SIDIBE

● Éléments de visite en Mauritanie Janvier  – Février 2025 | Faits et Vus du Blog

Toute expérience écrite et circonstanciée fera bonnement source-ressource d’une référence exploitable dans le temps et dans l’espace. Ainsi dire, notre Blog vous retrace quelques photos de notre dernier séjour de vacancier en Mauritanie. De Dafort, notre cité natale à Nouakchott, la capitale politique et administrative du pays.

Notre photo-reportage :

Visite chez les bergers (bovins et caprins)
Journée cueillette Haricots (Dafort)
Ici après une réunion de consultations sur les affaires sociales de la communauté Dafort Ganbanaaxu
Capture 📸 vue partielle de la grande mosquée de Dafort.
Capture 📸 lever de soleil à Dafort
Capture 📸 devant le marché Capitale de Nouakchott
La tribune d’accueil dans la place publique de Dafort
Capture 📸 du bâtiment de la Mairie de Dafort
Capture 📸 partielle dans l’école fondamentale de la ville de Dafort.
Avec la Team organisatrice du tournoi foot UVDS Ganbanaaxu à Nouakchott.
Avec l’équipe foot de Dafort Ganbanaaxu au tournoi UVDS édition 2025
Ici M. Mohamed Gassama,militant droit-de-l’hommiste et coordinateur général de l’association UVDS-Ganbanaxu
Capture 📸 pépinières de Nouakchott Jardins de Sebkha
Fraternellement avec l’ami, Dr Zakaria Demba Soumare, professeur à l’Institut Supérieur Professionnel de Langues, de Traduction et d »Interpretariat (à Nouadhibou)
Avec un cousin à la gentillesse proverbiale et 3ème adjoint maire de Dafort, M. Bakary Aly Sidibe (opticien à Nouakchott)
Avec l’inspirant frère M. Cheikhou Gandéga, ingénieur en performance industrielle et entrepreneur aux idées innovantes.
Avec une équipe de l’instance exécutive de l’association Ganbanaaxu fedde mauritanie présidée par M. Aboulaye Sidi Traore (à gauche)
Avec les valeureux frères Gueye
Avec l’universitaire mauritanien M. Ndiaye Kane Sarr
Avec le généreux cousin M. Boubou Ndiaye dit Thalès, professionnel dans l’éducation
Avec le neveu M. Salihina Moussa, un grand inspiré dans la substance poétique .
Avec un frère et camarade militant droit-de-l’hommiste M. Oumar Cheikh (un grand soutien du président Biram Dah Abeid)
Avec les frères Gueye (Mohamed et Aliou) de Kaedi et Dr Zakaria Soumare
Ici le professeur Zakaria Soumare lors de la rencontre consacrée à son œuvre littéraire à l’IFM – Nouakchott. À côté de l’universitaire M Ndiaye Kane Sarr (modérateur)

• KS pour le BLOG

● Ndieo, dans le Guidimakha : un patrimoine culturel à l’abandon. | Par M. Seyré SIDIBE

Jamais un désintérêt pour le patrimoine n’a atteint un tel niveau. Un paradoxe qui mérite d’être souligné. Un deux poids, deux mesures. Autant, les autorités sont engagées pour la réhabilitation du patrimoine historique et culturel des cités anciennes (Chinguitti, Ouadane, Tichitt et Oualata) à travers l’institutionnalisation du festival annuel des Cités du patrimoine, autant elles ne font rien pour la promotion d’autres patrimoines culturels et historiques non moins importants.

Le patrimoine de Ndiéo, concentré autour de la montagne mythique de ce village Soninké, dans la moughtaa de Ould Yengé, est justement victime de cette politique, qui peine à traiter de manière juste et équitable toutes nos cultures. Alors que le caractère multi-ethnique et multi-raciale de la Mauritanie est bien inscrit dans le marbre de la Constitution de la République Islamique de Mauritanie. 

La montagne de Ndiéo et ses peintures rupestres, ces pierres taillées, ses sépultures qui selon certaines sources, sont les témoignages d’un village appelé autrefois, GANGARA. Tous ces vestiges qu’on ne trouve nulle part, sont des trésors qui surprennent et fascinent plus d’un visiteur.

La source de Ndiéo est également un autre miracle. Elle est révélatrice du poème de Beaudelaire,  » *Correspondance*  » où il dit : _ »La Nature est un temple où de vivants piliers. Laissent parfois sortir de confuses paroles ; L’homme y passe à travers des forêts de symboles_ ». Le site est féerique, extraordinaire : tout y est symbole, ésotérisme et signification.

Des animaux rares dans cette partie du pays, parmi lesquels des primates, une végétation en voie de disparition cohabitent dans ce lieu de grande curiosité patrimoniale.

Lorsque vous êtes sur le site, vous êtes apostrophé, hélé, interpellé de toute part, par des voix profondes et mystérieuses, suscitant curiosité et admiration. Ce sont des cris de détresse d’un pan de notre patrimoine historique et culturel délaissé, assurément se plaignant de sa condition et du sort qu’on lui a réservé. 

Et pourtant, ce site est une mine de secrets, de vérités et d’histoires inépuisables. Il suffit que les autorités s’y intéressent, décident de le promouvoir pour qu’il nous livre tous ses trésors cachés.

Il n’est jamais trop tard. Les autorités peuvent se ressaisir pour faire connaître le patrimoine de Ndiéo et l’inscrire au patrimoine culturel national. Une reconnaissance symbolique, qui constitue une étape importante dans la réconciliation avec une partie de notre histoire. 

Elles doivent également faire de sorte que historiens, archéologues, chercheurs et universitaires nationaux et étrangers s’intéressent à cette partie de patrimoine ; en accordant des facilités de toutes natures à tous ceux qui s’intéressent à la culture, et en particulier à ce site patrimonial.

Le ministère de la Culture, doit encourager la presse à aller à la découverte du site, en y consacrant toutes sortes de productions journalistiques ; à travers (reportages, interviews, émissions etc.), avec des personnes ressources locales et nationales.

A long terme, il s’agira de sortir Ndiéo de son enclavement pour le relier aux capitales régionales Selibaby et Kiffa par une route goudronnée. Ensuite, œuvrer pour que le tourisme y soit développé en raison de son potentiel touristique extraordinaire. Ce qui ne peut se faire qu’avec une volonté politique réelle des autorités : en effet l’industrie touristique exige de moyens énormes, de la planification et de l’investissement notamment pour réaliser des  infrastructures touristiques et hôtelières.

Par M. Seyré SIDIBE

● Contribution | ️Changer de grille de lecture : de quel côté se trouve la dignité ? | Par M. Seyré SIDIBE


Nous avions souvent abordé, la question de l’esclavage en milieu Soninké, avec beaucoup de sérieux et de passion. On ne pouvait faire autrement !  C’est un impératif moral, et une compassion pour les victimes, tant le sujet est loin d’être léger ou drôle. Cependant, trop de sérieux, n’est pas sérieux.  Et si l’on y mettait un peu d’humour. 

La noblesse « horaxo » devrait être un idéal Soninké, soit une personnalité Soninké achevée et parfaite, l’incarnation de la sagesse de « l’homme Soninké » : un idéal à  éteindre.

La Noblesse, sous ce rapport, est une attitude, un comportement, une exemplarité morale et éthique, spirituelle voire existentielle.

Tous les membres de la communauté peuvent, en théorie, accéder à  la Noblesse, mais à condition d’être éligible. Ainsi, elle cessera d’être héréditaire, transmise par la naissance, une classe fermée et cloisonnée, qui croient être supérieure aux autres; en faisant de la noblesse sa  » propriété privée » .
Un titre donc contestable par son mode d’acquisition, de transmission ; tel un seigneur sans honneur, arrivé au trône par usurpation et sans en avoir le charisme et la prestance.

Ainsi, la Noblesse devient le combat de chaque Soninké (hommes, femmes, jeunes et vieux ) pour y accéder.
La recherche d’une  échelle sociale, jamais acquise définitivement et à vie, conduira certainement à la promotion d’une société plus saine, plus juste où l’excellence est une valeur, un défi de tous les jours.

Dans cette nouvelle architecture, la noblesse sera ouverte à  tous. Mais attention, on peut la perdre comme un permis à points .
En effet, on y prévoit, la déchéance du titre de la Noblesse pour ceux qui poseront des actes répréhensibles et blâmables : elle repose sur l’exemplarité, la probité, mais surtout votre apport à la communauté, à la société.

Dans cette vision, l’Esclave n’est pas un nom de famille, un statut social, un héritage social, soit  une étiquette à  vie et pour toujours. L’esclave est celui qui est nuisible, celui qui est ignorant et  fait montre de bassesse par son comportement etc. On est donc loin du déterminisme social. Rien n’est acquis d’avance et rien n’est perdu d’avance.

Les belles âmes et vertueuses seront les gardiennes du temple de cette nouvelle  noblesse ; une espèce de Panthéon.
Si bien qu’on sera loin du schéma actuel, où certains sont  » déclarés  » appartenir  à la noblesse, alors même qu’ ils ne savent même pas comment s’y prendre. D’autres sont classés  « esclaves » pendant qu’ils excellent en toute chose, et n’ont jamais compris pourquoi la société leur réserve une place aussi déshonorante et abjecte. 

Le meilleur modèle social, c’est celui qui accorde une place de choix à  l’humain. Or, l’humain est indissociable de la dignité. Ainsi, la dignité est un trait intrinsèquement humain, par delà  les origines sociales, géographiques, raciales, tribales, ethniques et linguistiques  etc., elle ne peut être la propriété de quelques « privilégiés ».

Un travail de déconstruction est nécessaire pour expliquer que l’honneur revient à  cet homme qui a été abusé, déshonoré, déshumanisé, vendu et traité comme un bien meuble par son semblable.
Quel honneur, quelle royauté, quelle éminence pour celui qui a esclavagisé son propre « frère » ?  Même les puissances impérialistes, ont aujourd’hui honte des actes  barbares qu’elles ont posés autrefois en Afrique et ailleurs. 

Si la grandeur d’une puissance colonisatrice se mesurait au  nombre de colonies dont elle disposait, donc de populations indigènes et de territoires; de nos jours la puissance est avant tout économique, culturelle,  démocratique, politique, militaire et diplomatique etc.

La grille de lecture a bien changé. La noblesse est du côté de la victime, qui n’a rien fait de mal si ce n’est être faible, pauvre ou vulnérable.
Une situation qui peut arriver à  chacun; si l’on admet que la vie est faite de haut et de bas.

Or, l’indignité caractérise bien les agissements de  celui qui profite de la faiblesse de son » frère » pour l’exploiter psychologiquement, culturellement, économiquement, politiquement, socialement etc. Et plus grave encore, sans aucun remords, il entend perpétuer sa domination par la transmission des « codes »  à  sa « lignée  »  pour que le mal perdure.
Comment s’enorgueillir d’un passé où ses aieux  avaient des esclaves ?
Quandon sait que l’esclavage, même pratiqué sous le manteau de la culture (tradition) n’est pas sans rappeler:  abomination, crime. En effet, il rime avec criauté, brutalité, violence, viol et toutes sortes de tragédies humaines.  

Seyré SIDIBE