● Le Grand Entretien du BLOG | Avec l’entrepreneure et fondatrice de l’ONG Sah’Elles, Mme COULIBALY Mariam.

La rubrique Le Grand Entretien du BLOG publie l’interview de Madame Coulibaly Mariam. L’entrepreneure et fondatrice de l’ONG Sah’Elles répond à nos questions ci-après. Nos vifs remerciements à elle pour la disponibilité.

● Question 1 : Bonjour madame Coulibaly Mariam, merci d’avoir accepté notre interview. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Mariam Coulibaly : Bonjour, je vous remercie pour cette invitation.
Je suis Coulibaly Mariam. J’ai eu la chance de faire mes études en France, où j’ai poursuivi un parcours académique atypique mais enrichissant. Après plusieurs expériences professionnelles, j’ai décidé de me réorienter vers l’entrepreneuriat, un domaine qui me passionne profondément.
Dans cette perspective, j’ai repris une formation professionnalisante et obtenu un Diplôme Universitaire en Entreprises, un cursus équivalent à un niveau cadre, qui m’a permis de consolider mes compétences en gestion, en leadership et en stratégie entrepreneuriale.

Aujourd’hui, je mets cette double expertise académique et entrepreneuriale au service de projets porteurs de sens, notamment en faveur du leadership féminin en Afrique. Mon engagement est d’accompagner les femmes à prendre leur place, à révéler leur potentiel et à devenir des actrices du changement dans leurs communautés.

● Question 2 : il y a quelques semaines, notre Blog a repris et diffusé un document de presse concernant l’ONG Sah’Elles que vous avez fondée, voir https://ecrit-ose.blog/2025/05/03/%e2%97%8f-note-de-presentation-de-long-sahelles-une-vision-puissante-pour-le-sahel/, pouvez-vous nous la présenter sommairement (sa genèse, ses objectifs, son actualité, ses partenariats et ses perspectives) ?

MC :  Merci beaucoup pour cette mise en lumière et pour l’intérêt que vous portez à Sah’Elles. Sah’Elles est une ONG que j’ai fondée avec la volonté de contribuer activement à la transformation sociale du Sahel en plaçant les femmes au cœur du changement. L’idée est née d’un constat personnel et partagé : malgré leur potentiel immense, les femmes de la région sahélienne restent encore trop souvent en marge des dynamiques de développement. C’est ce qui m’a poussée à créer une structure capable de les accompagner, de les former et de valoriser leurs initiatives.

L’ONG Sah’Elles œuvre principalement pour le leadership féminin, l’autonomisation économique des femmes et la valorisation des savoir-faire locaux. Nos actions se déclinent à travers des formations, des accompagnements personnalisés, des événements communautaires (communautés des femmes leaders), mais aussi des plaidoyers en faveur des droits des femmes et de l’équité sociale.

Nous intervenons actuellement dans plusieurs pays du Sahel, notamment le Mali, le Sénégal, la Mauritanie et la Guinée. Sah’Elles collabore avec différents partenaires institutionnels privés et  associatifs  qui partagent notre vision d’un Sahel plus inclusif, plus résilient et porté par ses femmes.
Parmi nos actualités récentes, j’ai effectué un déplacement au mois d’avril 2025 à Bamako et à Nouakchott pour la rencontre des femmes leadership, la société civile et les associations.
Cette visite de terrain m’a permise d’écrire un guide sur le leadership féminin en Afrique sahélienne, à destination des jeunes femmes engagées dans leur projet entrepreneurial qui sortira sous peu inchallah.
Nous développons également des partenariats avec des acteurs locaux et internationaux pour étendre notre impact sur le terrain. Quant à nos perspectives, elles sont claires : renforcer notre présence dans la sous-région, multiplier les synergies et accompagner toujours plus de femmes dans leur parcours d’émancipation et de leadership.

● Question 3 : ne craignez-vous pas que votre initiative Sah’Elles puisse être perçue comme un activisme féministe à tendance clivante auprès des populations cibles?

MC : C’est une question légitime, et je vous remercie de la poser. Non, je ne crains pas que l’initiative Sah’Elles soit perçue comme un activisme féministe clivant, car dès sa création, nous avons fait le choix d’un féminisme enraciné dans le contexte sahélien, respectueux des réalités culturelles, sociales et religieuses des femmes avec lesquelles nous travaillons.

Sah’Elles ne cherche pas à opposer les femmes aux hommes, ni à importer des modèles extérieurs qui pourraient être mal compris. Notre démarche repose au contraire sur le dialogue, l’inclusion et la co-construction. Nous travaillons avec les ONG locales, en impliquant aussi bien les femmes que les hommes, les leaders traditionnels, les jeunes, les associations et les décideurs.

Notre objectif n’est pas de créer une rupture, mais d’ouvrir des espaces d’opportunité pour les femmes, de renforcer leurs capacités, et de valoriser leur rôle essentiel dans le développement du Sahel. Il s’agit de permettre à chacune d’entre elles de trouver sa place, de faire entendre sa voix et de contribuer pleinement au progrès collectif.

En résumé, Sah’Elles porte un féminisme de terrain, humaniste de cœur et pragmatique d’actions, qui rassemble au lieu de diviser.

● Question 4 : La communauté soninké est diversement traversée par une crise sociale latente liée à ce qu’on appelle « l’esclavage par ascendance », quelles recommandations pourriez-vous émettre à l’endroit de la communauté pour régler les frictions sociales liées à certaines mentalités ?

MC : Effectivement, la question de « l’esclavage par ascendance » dans certaines communautés, y compris chez les Soninké, est une réalité complexe, douloureuse, et souvent tue, mais qui mérite d’être abordée avec lucidité et courage. En tant qu’actrice engagée pour la justice sociale et l’égalité des chances, je crois profondément que toute communauté a la capacité de se remettre en question, d’évoluer, de guérir et de soigner collectivement le passé. Cette crise sociale et sociétale n’est pas simplement une affaire d’individus, mais une question de valeurs, de dignité humaine et de vivre-ensemble.

Pour ma part, voici quelques recommandations pour en ce qui concerne cette sociale et sociétale:

1. Encourager une justice étatique équitable.
Il faut aussi privilégier les mécanismes traditionnels de règlement de conflits, pour qu’ils soient en cohérence avec les lois nationales et les conventions universelles des droits humains.
LA DIGNITÉ HUMAINE NE SE NÉGOCIE PAS…

2. Travailler avec les femmes comme vectrices de transformation sociale et éducative :
Elles ont un rôle central dans la transmission des valeurs et dans la pacification des tensions. En leur donnant la parole, on accélère les prises de conscience.

En somme, il ne s’agit pas d’accuser ou de pointer du doigt, mais plutôt de privilégier la justice, l’égalité et la cohésion sociale. Le changement est fort possible, mais il viendra des hommes et des femmes qui composent la société. Si il est  accompagné avec bienveillance, respect et conviction.

Je vous remercie…

Mariam COULIBALY
Entrepreneur à Paris
Présidente de l’ONG Sah’Elles en France.

Le 3 mai 2025

● Réalisé par KS pour le BLOG

● Mali/Politique | Contribution | Dissolution des partis politiques : comment en est-on arrivé là? Par M. Brehima Sidibe

C’est le débat qui domine l’espace médiatique malien. Dans un décret pris en conseil de ministres extraordinaire le 13 mai 2025, le gouvernement de transition a dissous tous les partis politiques ainsi que les organisations à caractère politique sur toute l’étendue du territoire malien. Le débat a fait couler beaucoup d’encre et de salives sur le plan juridique. Dans cette chronique, nous allons plutôt nous pencher sur les causes de cette dissolution en amont  et ses conséquences en aval.

• Chronique d’une dissolution annoncée

C’est un euphémisme de dire que depuis l’avènement de la transition en août 2020, les acteurs politiques n’ont pas le vent en poupe. En effet, à tort ou à raison, les hommes politiques sont accusés d’être responsables de tous les maux qui minent notre société. Il faut dire que ce discrédit trouve un écho favorable au sein d’une bonne partie de l’opinion publique. Et le hic, dans cette situation, est que l’ancien premier ministre Choguel Kokalla Maïga, issu de la classe politique, a largement contribué à affaiblir ses camarades politiques. Se réclament des idéaux du Général Moussa Traoré, et donc aux antipodes du mouvement démocratique, il s’attaquait régulièrement aux acteurs de mars 1991. Croyant que ses diatribes pouvaient lui prévaloir les grâces des cinq généraux, il aura participé, sans le savoir, à sa propre mort politique ainsi que celle de ses camarades. Dans un article publié en avril 2024, nous qualifions Choguel de “dernier homme politique”. En effet, son rôle en tant que premier ministre était assimilable à celui d’un bouclier pour contrer les attaques venant de la classe politique notamment. Et après avoir affaibli les acteurs politiques, il n’y avait plus de menaces. Puisqu’il n’y a plus de menaces, le bouclier n’est plus nécessaire. Choguel est donc remercié en novembre 2024. Devenant ainsi le dernier homme politique à occuper de hautes fonctions sous la transition.

• L’harmonisation des agendas politique au sein de l’AES

L’autre principale raison qui explique la dissolution des partis politiques au Mali est d’ordre exogène. En effet, depuis le 16 septembre 2023, notre pays est membre de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) regroupant le Burkina Faso et le Niger. Cette nouvelle organisation confédérale n’est pas sans conséquence sur la politique intérieure de chacun des pays. Dans cette perspective, le Burkina Faso a été le premier à accorder un “mandat de 5 ans” au capitaine Ibrahim Traoré qui change de titre en devenant “Président du Faso”. Aussi, toutes les activités des partis politiques sont interdites au pays des hommes intègres depuis plus de deux ans. Ensuite, ce fut le tour du Niger d’élever le général Tiani en tant que “Président de la République” avec un “mandat de 5 ans renouvelables”. Plus qu’une suspension des activités, toutes les formations politiques nigériennes ont été dissoutes à l’issue des assises nationales tenues en février dernier.

Jamais deux sans trois, le Mali emboîte le pas quelques mois plus tard. S’il est vrai que l’avenir des partis politiques a occupé le débat public au Mali depuis les Assises Nationales de la Refondation (ANR) en décembre 2021,leur dissolution pure et simple ne faisait pas partie des options envisagées. Difficile donc de ne pas y voir une corrélation avec ce qui se passe dans les autres pays de l’AES. 

• Les partis dissous et maintenant ?

Si la mise au banc des formations politiques au Burkina et au Niger s’est passée sans encombre, cela n’a pas été le cas au Mali. En effet, voyant leur mort politique venir, les acteurs politiques au Mali sont vite montés au créneau pour dénoncer une mesure qualifiée d’anti démocratique. Cette différence peut s’expliquer de deux manières. D’une part, l’avènement de la démocratie et du multipartisme au Mali s’est fait au prix du sang suite aux événements de mars 1991. Par conséquent, l’opinion publique malienne attache un prix au pluralisme politique. Aussi, pendant trentes ans, des élections sont régulièrement organisées au Mali au point que ce pays était un moment vu comme un modèle démocratique. D’autre part, la classe politique et les organisations de la société civile au Mali semblent être mieux organisées et structurées qu’au Burkina et au Niger.

A présent, deux visions s’affrontent dans l’opinion publique. Il y a d’un côté ceux qui estiment que cette mesure de dissolution permettra d’assainir l’espace politique en réduisant considérablement le nombre de partis et en revitalisant l’action politique. Au contraire, d’aucuns estiment qu’il s’agit d’une mesure qui porte atteinte aux acquis démocratiques et sape la mémoire de celles et ceux qui ont lutté pour l’avènement du multipartisme. Sous un autre angle, à l’heure où une nouvelle prolongation de la transition est envisagée, certains estiment que c’est une manière pour les autorités de transition de se débarrasser de potentiels contestataires que sont les hommes politiques.

En tout état de cause, il est important de souligner qu’un Etat ne saurait être dirigé sans politique. S’il est  nécessaire d’assainir l’espace politique, il faudra se garder de jeter l’eau du bain avec le bébé! L’absence totale de partis  pourrait pousser certains acteurs politiques à entrer dans la clandestinité. Loin d’être un handicap, la multiplications d’opinions est l’occasion pour les décideurs de faire la somme de meilleures idées au bénéfice du pays. Quoi qu’il arrive, cette dissolution va inéluctablement modifier le paysage politique malien. En bien ou en mal ?, l’avenir nous le dira !

Brehima SIDIBE, Doctorant en Analyse du discours politique.

● Les pays de l’AES | On y déracine le pluralisme politique par la force des armes.


On y est presque ce besoin de souverainisme fourre-tout qui risque de virer en une domestication « godillot » sans freins des espaces politiques dans ces 3 pays (Le Burkina Faso, Le Mali et le Niger). Des professionnels de l’armée qui soient valablement patriotes politisés sont d’une grande utilité nationale pour tout État sérieux. Les complications rédhibitoires agissent quand la force armée se sert de faux drapeaux en s’accaparant exclusivement du champ politique. Ces faux drapeaux se manifestent par l’arrivage collusif d’une clique d’opportunistes et la fabrique d’une opinion publique hysterisée. L’opportunisme issu d’une cooptation peu lisible pour composer des organes institutionnels domptés (CNT, assises sous contrôle, associations et clubs « amis », clanismes…) et l’hystérisation d’une masse populaire qui préfère les passions excessives à la place d’une activité mesurée du cérébral. Ainsi, on préjuge par carences de lucidité sur les données à court, à moyen et à long terme. Par effet contradictoire, les esprits qui évitent l’ambiance des cris « singés » compulsifs et appellent à un jugement réflexif en dissociant les contextes et les textes s’il le faut ou en les associant s’il le faut également.
Non… ce sont ceux qui disposent du support du prince du moment qui semblent gagner les manches phasiques en cours. Au Burkina Faso, le jeune capitaine Ibrahim Traoré laisse son volontarisme attirant débordé par un élan systémique arrogant qui tend à exclure les autres expressions politiques, https://lobservateur.info/article/111245/afrique/burkina-faso-traore-obtient-un-mandat-supplementaire . Au Niger, le désormais général d’armée A. Tiani est plébiscité lors d’une structuration politicienne générée sous ses ordres et s’offre sans consultation électorale un mandat de 5 ans renouvelable, https://www.aa.com.tr/fr/afrique/niger-abdourahamane-tiani-investi-pr%C3%A9sident-de-la-r%C3%A9publique-pour-un-mandat-de-5-ans-renouvelable/3520505. Et le troisième pays de l’AES, le Mali sous un autre « new » général A. Goïta et ses camarades après quelques timides hésitations, rejoint le club militariste avec la dissolution expresse des partis politiques et des associations à caractère politique, https://www.bbc.com/afrique/articles/c057pym5npno. La coupe est pleine en termes de rétrécissement du champ politique dans ces 3 pays qui composent l’Alliance des Etats du Sahel. L’alibi « sécurité » vaut et tient beaucoup dans le narratif vendu et servi à une certaine opinion suiviste. Une certaine binarité s’installe accablant les milieux politiques classiques (civils) qui animaient la vie démocratique et érigeant les militaires et leurs suiveurs et officines civils comme une émanation messianique d’une voie exclusive de salvation.

On y va à coups de révisionnisme obtus en trame de fond et l’ennemi essentialisé est tout trouvé : le multipartisme et la diversité des opinions. Au Mali,  on compte abattre l’héritage héroïque du mouvement démocratique (Étudiants et Syndicats) qui provoqua la chute du général dictateur Moussa Traoré et son parti unique d’antan l’Union démocratique du peuple malien (UDPM) en mars 1991.

Les logiques visionnaires avec l’institution de l’AES sous un régime confédéral au ton panafricain dans cet espace déstabilisé par l’hydre nébuleuse de l’extrémisme violent dit jihadiste, sont à saluer et à encourager. Un jugement de valeur et d’espoir qui ne doit empêcher aucunement une prise de recul par rapport aux rigidités unilatérales et clanistes en gestation autour et dans les pouvoirs militaires en place actuellement.

L’avenir rassurant passe nécessairement par une dynamique d’élévation commune par les intelligences partagées et les expressions inclusives.

15 mai 2025

KS pour le BLOG.

● Le Grand Entretien du BLOG | Avec le président de l’association NGC, M. Boubacar DIAKITE

Le GEB ( Grand Entretien du BLOG) vous revient cette semaine avec une interview accordée par une figure consciencieuse du milieu associatif mauritanien en France. En la personne de M. Boubacar DIAKITE, ancien cadre de l’association l’EED et président fondateur de l’association Nouvelle Génération de Coumbandao (NGC). Il nous a brossé ses vues sur différentes thématiques ouvertes par nos questions. Nos vifs remerciements à son endroit pour la disponibilité et lui souhaitons une fructueuse continuation dans ses projets. Ci-après l’entretien :

● Question 1 : Bonjour monsieur DIAKITE Boubacar, merci d’avoir accepté notre interview. Pouvez-vous vous présenter sommairement à nos lecteurs ? (Parcours scolaire, académique et professionnel)

Boubacar DIAKITE : J’ai intégré l’école de Coumba Ndao quand j’avais 7 ans.
Je suis en scolarité primaire jusqu’à la sixième année. J’ai passé l’examen d’entrée au collège en 1998. J’ai obtenu la deuxième position au niveau de toute la Mauritanie avec une moyenne de 145 sur 150 points.

J’ai commencé mes études au collège à Sélibaby également en 1998. Jusqu’à ma quatrième année, j’ai séjourné à Nouakchott en 2002. Commencer mes études dans le lycée national, puis poursuivre à Diokhmadiya. J’ai passé le baccalauréat en 2007, mais je ne l’ai pas réussi.

Peu après l’échec de mon baccalauréat, je me suis lancé dans une aventure en Espagne en 2007. Arrivé en Espagne, je me suis inscrit à l’Université d’Almería, dans le département de français, pour suivre des cours en diplomatie internationale. Présent en France depuis 2009, je poursuis un CAP au sein de l’établissement sanitaire et social. J’ai axé ma spécialisation sur le développement durable. Je suis présentement gestionnaire de résidence au sein d’un organisme HLM. Président fondateur de l’ONG NGC.

● Question 2 : vous avez été remarqué avec l’équipe de l’association l’EED (Ensemble pour l’Espoir et le Développement) par le passé, aujourd’hui vous dirigez l’association NGC (Nouvelle Génération de Coumba Ndao), que pouvez-vous nous dire sur son expérience d’acteur associatif ?

BD : Effectivement, c’est en 2016, aux premières heures de L’eed, que j’ai rencontré Waly Diawara, le président fondateur dont vous avez sûrement entendu parler. J’ai déjà occupé le poste de président de l’association NGC, que je préside actuellement. Il m’a persuadé de participer au projet communautaire pour tout le Guidimagha, donc je suis très impliqué dans le développement de cette région. Le projet m’a captivé, je me suis investi pleinement. J’ai occupé le rôle de porte-parole et de président du pôle international jusqu’en 2020, année où j’ai remis ma démission.
Le concept était bon, mais hélas, c’est la gestion finale qui posait des difficultés. Je dirais néanmoins que c’était une expérience enrichissante. Malgré la brièveté de mon séjour au sein de l’eed, nous avons réussi à être bénéfiques pour la communauté en général.

● Question 3 : pouvez-vous nous présenter l’association Nouvelle Génération de Coumba Ndao (NGC) et ses activités phares ?

BD : Notre association NGC (nouvelle génération de Coumba Ndao) créée le 06/09/20210 a pour ambition d’œuvrer activement dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’environnement etc. il a pour but de rapprocher les jeunes de Coumba Ndao, afin de travailler ensemble pour récolter des fonds et participer au développement du village. C’est-à-dire, contribuer à fournir des matériels agricoles, scolaires, sanitaires et favoriser l’aide au développement sur le plan culturel, sportif, économique et éducatif de Coumba Ndao.
Durant ces derniers mois, nos différentes actions ont permis de mesurer l’importance de notre présence au sein de la commune Diogountouro (Mauritanie) comme l’aide médiale YONKI (LA VIE) à Coumba Ndao.
Depuis le 3 octobre 2022 nous avons donné une carte santé à 100 personnes les plus vulnérables dans le village de Coumba N’dao (Mauritanie), leurs frais de santé sont désormais pris en charges à 100% par L’ANGC, 38 personnes en situations de handicap 62 personnes, hommes et femmes seul (es) sans aucune ressource. La prise en charges des frais d’accouchements de toutes les femmes dudit village qui a rencontré un vif succès.
Dans la suite de notre projet « YONKI » (la vie) nous avons souhaité mettre en avant la prévention et la sensibilisation de la population afin d’adopter les bons comportements pour minimiser certains problèmes de santé courants.
Du 26 au 29 décembre 2024, nous avons tenu une caravane médicale qui nous a permis de consulter 1457 personnes.
En 2025, une machine d’échographie a été mise en place, accompagnée de l’électrification du poste de santé.
Un réservoir d’eau a été consolidé afin de garantir un approvisionnement constant en eau pour le village. Des poteaux solaires ont été mis en place à des endroits clés du village.
Ces réalisations font partie du projet Yonki mené par l’ONG NGC.

● Question 4 : le phénomène migratoire est une problématique (notamment les départs massifs et périlleux via des embarcations vers l’Europe) qui touche particulièrement la communauté soninké, avez-vous quelques pistes de réflexion à l’endroit de la population concernée et des décideurs étatiques ?

BD : Nous devons porter une attention spéciale à la question de l’immigration, notamment celle qui est illégale, qui constitue un véritable fléau. Surtout nous, les immigrants, avons notre part de responsabilité : non seulement nous sponsorisons leur départ, mais en même temps nous ne révélons pas la vraie nature de ce que nous vivons ici.
Récemment, le Guidimakha traverse une période de deuil à la suite du décès d’un grand nombre de ses membres. En ma qualité d’acteur de la société civile, j’avais suggéré au député de la diaspora de s’occuper d’une salle pour organiser une conférence dédiée à la sensibilisation, hélas.

Par exemple, en France : Selon la loi, un immigrant sans papiers (clandestin) n’a pas le droit de demeurer sur le sol français.
Cependant, il peut être trouvé en format cachette en France. Si jamais il a la possibilité de rester ici quelques années, il lui faudra entre 5 et 10 ans pour obtenir une carte de résident.

Nous parlons d’adultes, donc de ceux qui arrivent en France, et qui sont souvent âgés de plus de 30 ans. Que fais-tu dans les dix ans précédant ton arrivée ? Dix années gaspillées.
Et c’est à l’âge de 40 ans que tu vas entamer ta carrière professionnelle.
Il est indéniable que beaucoup n’ont jamais vécu de circonstances similaires, c’est pourquoi il serait erroné de blâmer l’immigration. Cependant, je reste convaincu que l’immigration ne représente pas une solution viable ! Il s’agit plutôt de l’immigration illégale, tentant de traverser la mer pour rejoindre l’Europe à tout prix en espérant trouver une existence plus favorable que celle que tu as déjà connue. Cela est souvent loin d’être le cas.
En Afrique, certains continuent d’ignorer que l’Europe n’est plus le paradis qu’elle était. Ils voient leurs proches, frères, sœurs, cousins, etc., arriver avec de l’argent, bien habillés et propres, menant une vie qui semble enviable. Cependant, ils ne partagent pas les défis et les souffrances qu’ils ont traversés pour parvenir à cette existence « belle ».
Combattre l’immigration illégale, il ne suffit pas de parvenir à des accords entre pays ou entre institution et entité, etc. On doit d’abord s’attaquer à la source. Il faut d’abord comprendre pourquoi ces personnes mettent leur vie en péril. En dépit de nombreux décès, cela n’a pas découragé les potentiels candidats. Il y a un souci.

L’éducation devrait être la priorité dans les pays d’origine. Il est indispensable que les écoles soient systématiquement accompagnées de centres de formation pour offrir aux jeunes une perspective et leur faire prendre conscience qu’ils peuvent réussir sur place. Tant qu’il n’y a pas d’espoir ni d’aventure pour la jeunesse. Ils n’ont d’autre choix que de recourir à l’immigration pour aspirer à une vie meilleure qui n’est cependant pas de tout repos.

En ce qui concerne l’aspect économique, un investissement conjoint de la diaspora dans les zones où l’immigration clandestine est la plus probable serait bénéfique. La contribution de la diaspora est considérable si celle-ci se rassemble pour des initiatives communes en vue de créer des postes de travail dans les villages eux-mêmes En matière de placement dans l’agriculture, il est nécessaire d’utiliser des équipements appropriés. L’automatisation de l’agriculture pour créer des emplois respectables et améliorer les conditions de vie. Nous avons une obligation de transparence et de vérité envers nous-mêmes et envers autrui en révélant la réalité. Je me demande, est-ce que ça vaut vraiment le coup de mettre sa vie en péril dans la mer pour se retrouver à galérer encore plus en Europe ? La réponse est non.

Voyagez lorsque c’est nécessaire, explorez le monde, mais pas en cachette.
NON À L’IMMIGRATION ILLÉGALE PAR VOIE MARITIME. J’ai écrit un récit donc le titre «Trajectoire d’un immigrant en situation irrégulière».

● Question 5 : La communauté soninké est traversée par une crise sociale latente liée à ce qu’on appelle « l’esclavage par ascendance », quelles seraient selon vous, des pistes de réflexion nécessaires pour gérer et dépasser les frictions qui peuvent en découler ?

BD : Selon eux, l’esclavage héréditaire au sein de la communauté Soninké était une mesure instituée pour assurer une gouvernance efficace de leur communauté à cette époque.
Qui n’était pas lié à l’esclavage, conformément aux préceptes de l’Islam. Le temps a changé, les consciences se sont éveillées. Ce système de gouvernance s’est transformé en un moyen de classification sociale, communément appelé classes sociales, qui peuvent être assimilées à des castes, supérieures et inférieures.
Il est impératif que chaque individu ne se considère ni inférieur, ni supérieur à autrui. Il faut surtout préciser que nous connaissons les textes sacrés, nous croyons en eux et nous les mettons en pratique, puisque nous faisons références à ces textes. Jusqu’à l’émergence du mouvement ganbanaxu, qui favorise la prise de conscience et la réconciliation entre les êtres vivants, sans se considérer supérieur ou inférieur à autrui. Il nous faut rester unis afin de mettre en œuvre ce qui nous unit et laisser de côté ce qui crée des divisions ou des obstacles entre nous.
Un autre courant émerge pour s’opposer au mouvement ganbanaxu, nommée démocratie, avec l’apparition de WhatsApp qui est arrivé à point nommé et a été utilisé par les gens pour engendrer une animosité sans précédent entre des individus cohabitant malgré leurs différences dans le respect.
Un conflit a surgi. Une fois qu’un conflit éclate, on peut dire que les esprits sont échauffés. À ce stade, on ne pourrait pas envisager une réconciliation. Cependant, à mon avis, garder le silence serait la meilleure option.
Actuellement, on peut envisager une réconciliation à travers un dialogue empreint de respect. Le mouvement ganbanaxu, dont le nom signifie que nous sommes tous semblables, doit être à l’origine de ce débat. Il démontre non seulement que leur mouvement n’est pas destiné à créer des divisions, mais plutôt à promouvoir la communication et l’absence de vengeance.
Pour une concordance Il faut faire un compromis. D’après le mouvement ganbanaxu, leurs trois principales revendications sont les suivantes. Il faut savoir que : La chefferie, L’imamat Et l’union entre différentes castes.
Comme nous le savons tous, ces pratiques ont existé dans notre vie en société à l’époque. Tout le monde a peut-être été d’accord, soit par ignorance, soit par tolérance, ou même par nécessité. Cependant, dans le contexte actuel, il n’est plus envisageable de persister dans ces pratiques. Le changement est indispensable, mais doit se faire avec douceur, sans violence, rancœur ou haine. Engageons une discussion respectueuse avec des concessions mutuelles pour trouver une solution et sortir notre communauté de cette situation qui nuit à tous.

Dans mon livre « l’aventure inimaginable » j’ai détaillé l’origine de cet esclavage dans le milieu soninké.

6 mai 2025

● Réalisé par KS pour le BLOG

● Un champ militant sans frontières | cohérence intellectuelle et aise sociale.

Affaire « esclavage » afro vs afro gêne énormément beaucoup de monde intello Noir. Le narratif habituel charge sans filtres les traites extérieures (transatlantique et timidement trans-saharienne). Un certain antiracisme subit relativement ce même process par lequel les xénophobies ethno-raciales entre Noirs sont mises en sourdine avec beaucoup de mauvaise foi et un focus échappatoire va s’intéresser sur la binarité « Blancs méchants contre Noirs victimes« .

Parfois le cas mauritanien est tellement parlant : l’activisme « Che Guevara » de certains à Nouakchott est très loin de leur ancrage sociologiquement suprémaciste et féodalo-esclavagiste dans leurs communautés et dans leurs villages d’origine. Nos compatriotes et frères arabo-berbères sont très renseignés de ces réalités qui nous traversent. Et également… nos frères haratines engagés le savent bien, un leader haratine de dimension politique nationale qui conteste le système avec véhémence sait très bien la représentation qui est faite insidieusement de « l’individu haratine » dans les imaginaires chez les communautés négro-mauritaniennes (hors haratines). Par opportunisme et petits calculs dans l’arène politique, on essaie de faire abstraction provisoirement de ces prismes et on prêche dans l’intra-communautaire un raidissement de positions identitaires foncièrement communautaristes peu avouables publiquement.

Chaque communauté ou milieu n’accepte une révolution pour des droits socialement universels qu’en dehors de ses frontières ethno-raciales. Dans la problématique en termes de carences d’état de droit et d’égalité sociale en Mauritanie, nous y cachons beaucoup de sous- problèmes qui s’avèrent bloquants pour une cohérence militante transversale et intersectionnelle. Ainsi dire, nos militantismes doivent être évalués entre autres par ce qu’on ose revendiquer et proposer de potablement progressiste et juste à l’échelle nationale et d’en faire pareillement dans notre enclos communautaire d’abord. C’est une Mission essentielle. C’est inacceptable la culture d’une hiérarchisation entre les régimes oppressifs, qu’ils soient du fait étatique ou intra-communautaire.

Bonne fin de week-end à vous

KS

● Armepes-France et moi | J’y suis désormais un militant simple comme par le passé.

Un exercice remémorant peut tenir lieu d’un utile témoignage pour notre communauté militante d’appartenance ainsi qu’à l’endroit de l’opinion publique. L’Association des Ressortissants Mauritaniens pour l’Eradication de la Pratique de l’Esclavage ses Séquelles (ARMEPES-France) a compté amplement dans mon cheminement militant pour la défense des droits humains. J’avais assisté courant 2011-2012 pour la première fois à une réunion d’information et de sensibilisation de l’association au sein d’un foyer parisien (Rue de la Fontaine au roi ou rue desargues). Impératif professionnel oblige, je n’avais pas pu rester jusqu’à la fin, mais ce jour et les échanges observés et entendus entre les responsables initiateurs et l’assistance m’ont touché à fond. J’y avais détecté un matching idéologique idoine (une correspondance) avec des idéaux enfouis en moi depuis ma jeunesse. Les hommes présents âgés pour beaucoup de plus de 45 ans, très motivés, prêchaient pour l’égalité sociale et une prise de conscience collective à l’endroit de la communauté soninké. L’objectif clé :  il faut oser aborder nos tares sociales et les éradiquer. Ainsi, un tabou était brisé publiquement et surtout collectivement pour un monde des tabous (soninkara) au sein duquel les pratiques et les comportements doivent être imités, mimés, suivis et surtout transmis pour perpétuer une structure sociale globale qui allie insidieusement interdépendance, fonctionnalité et subordination. En résumé, un conditionnement bien tenu qui a un génie coriace d’être même voyageur avec les éléments sociaux. Les Hommes ne se valent pas au village et ici dans les foyers à Paris ou à Barcelone… on y tâche de reproduire les mêmes schémas. Donc… la révolte ou l’élan révolutionnaire était attendue le temps passant, l’initiative associative avec la création d’Armepes-France en 2010 fut le déclic collectif qui allait marquer à jamais la communauté soninké…notamment avec la massification militante enclenchée par le Forum-mouvement Ganbanaaxun Fedde (créé le 5 octobre 2016 par M. Gaye Tene Traoré, à l’époque SG d’Armepes-France).

Et, avant cette occasion pionnière pour moi, un grand-frère et compatriote originaire du Guidimagha, M. Moussa Traoré m’avait parlé brièvement de cette association lors d’un événement militant de la diaspora à Paris (une manifestation ou un sit-in). Je tiens à manifester ma fraternelle reconnaissance à lui et à d’autres frères et camarades connus dans le sillage de cet engagement humaniste. Dans ce réseau social Facebook, notre contribution s’était inscrite courageusement dans une dynamique de communication et de sensibilisation pour un changement de mentalités dans nos communautés. Avant 2016, je ne tenais aucune position attitrée dans l’instance dirigeante de l’association Armepes, mes activités étaient logées dans le registre d’un militantisme électron-libre et passionné par la chose ou la sauce médiatique. Notre première contribution diffusée en septembre 2013 avait été signée avec la mention membre de l’Armepes-France… lire http://www.soninkara.com/societe/organisation-sociale/contribution-la-fierte-soninkaxu-en-questions.html. Un élément qui avait été repris en format papier dans « La Nouvelle Expression » (Numéro 190 du 30 septembre 2013) du journaliste mauritanien M. Seydi Moussa Camara qui se distingue par une plume engagée et progressiste.

Par la suite l’option d’un Blog https://ecrit-ose.blog/ s’est opérée très naturellement courant 2014. Une plateforme d’apprentissage qui m’était devenue nécessaire et dédiée à communiquer et à faire passer avec nos moyens (qui restent perfectibles) les contenus d’un plaidoyer militant à l’opinion publique la plus large possible.

Mon intégration à l’instance exécutive de l’association a débuté en novembre 2016 parmi l’équipe chargée de la communication, et mon interview en 2020 chez RMI-info.com https://rmi-info.com/entretien-de-rmi-avec-koundou-soumare-de-ganbanaaxun-fedde/, est un élément de référence liée à la fonction occupée.
De 2016 à 2024, j’ai apprécié et beaucoup appris humainement et intellectuellement au sein d’une belle équipe dirigeante dynamique et motivée avec nos facilités et nos limites pour une grande et laborieuse Mission. Cette Cause humaniste pour l’égalité sociale et citoyenne au sein de nos communautés et par extension dans nos pays. La vedette étant et restant la CAUSE, mon approche est la suivante : tâchons d’accepter en toute modestie notre ancrage comme un maillon d’une frise temporelle d’un cheminement militant. Sans le Tout dans sa globalité et aussi dans sa complexité, l’élémentaire devient dérisoire et peu porteur au final.

Le 8 décembre dernier, nous avons choisi un nouveau président, mon frère et camarade M. Aboulaye Traoré, voir https://ecrit-ose.blog/2024/12/08/%e2%97%8f-lassemblee-generale-darmepes-france-lelection-dun-nouveau-president/. Ce samedi 26 avril 2025, lors d’une assemblée générale, la nouvelle équipe exécutive a été dévoilée et j’attendais cette étape importante franchie pour diffuser la présente communication en guise d’un testament militant d’étape. Mon choix de prise de recul et de recentrage sur sur d’autres champs, avait été compris par notre nouveau président. À qui et à sa nouvelle équipe, je leur souhaite un fructueux mandat pour la poursuite et la réalisation de nos objectifs visionnaires d’utilité sociale et communautaire pour l’avenir d’un vivre-ensemble soninké autre qu’un suprémacisme social foncièrement nuisible, intégriste et conflictogène.

Et, militant, je le suis… je le resterai désormais en simple élément parmi la vaillante communauté militante.
Je m’autorise un brin d’humour en annexe, à ces personnes qui ont l’habitude d’exploiter les contenus du Blog et nos noms in texto auprès des services de l’asile, elles doivent faire gaffe….parce que nous changeons également. Les confessions et les indiscrétions ne manquent pas venant de ce milieu à services en coulisses. Comme ce ressortissant soninké du Guidimagha me disant, grand « j’ai cité ton nom lors de mon entretien à l’Opfra« . Et ces services administratifs passent occasionnellement faire quelques courses dans nos données en ligne.

Le BLOG https://ecrit-ose.blog/, notre Blog reste ouvert comme un portail communicationnel avec responsabilité et crédibilité au besoin de la CAUSE.

Ci-joint, l’entretien avec le président M. Aboulaye Traoré https://ecrit-ose.blog/2025/02/18/%e2%97%8f-le-grand-entretien-du-blog-avec-le-president-de-lassociation-armepes-france-m-aboulaye-traore/


27 avril 2025

Koundou SOUMARE, militant d’Armepes-France.

● Pourquoi les immigrés ivoiriens en Mauritanie semblent mieux traités : explication méthodique | Par le journaliste Souleymane Djigo.

Avant toute chose, précisons que cet article n’a pas vocation à juger si les pratiques sont “normales” ou “injustes”.

Il n’est pas question de défendre qui que ce soit, mais uniquement d’expliquer les logiques diplomatiques, économiques et stratégiques derrière certains comportements d’État.

Beaucoup réagissent avec émotion ou fanatisme, sans comprendre les réalités froides du fonctionnement entre pays. Il est temps d’être lucide.

1. Libre circulation et accords bilatéraux : pourquoi les Ivoiriens ont-ils un traitement particulier ?

En Mauritanie, certains ressortissants ivoiriens bénéficient d’une facilité d’accès à la carte de séjour, grâce à un accord bilatéral entre Nouakchott et Abidjan.

Comment cela fonctionne-t-il ?

• Les Ivoiriens s’inscrivent auprès d’une entité officielle ivoirienne installée à Nouakchott.
• Cette entité transmet leurs informations au ministère mauritanien des Affaires étrangères.
• En retour, ces Ivoiriens obtiennent gratuitement leur carte de séjour.

Pourquoi cet avantage ?

Parce que la Mauritanie et la Côte d’Ivoire ont des intérêts croisés forts :
• Des milliers de commerçants mauritaniens vivent et prospèrent en Côte d’Ivoire (boutiques, import-export, gros commerce, etc.).
• La Mauritanie a donc tout intérêt à ménager la diaspora ivoirienne chez elle pour protéger ses propres ressortissants en Côte d’Ivoire.

Exemple concret :

Si demain la Côte d’Ivoire expulse massivement des commerçants mauritaniens, cela entraînerait un désastre économique pour des milliers de familles mauritaniennes.

2. Pourquoi cette situation n’est-elle pas la même avec le Sénégal ou le Mali ?

Il est vrai que la Mauritanie a aussi des commerçants au Sénégal et au Mali. Mais :
• Le volume est beaucoup plus faible qu’en Côte d’Ivoire.
• L’activité est différente : au Sénégal, par exemple, de nombreux Mauritaniens sont liés au commerce de proximité ou viennent se soigner ou étudier, mais ils ne dépendent pas massivement du marché sénégalais ou malien.
• Le transfert est possible : si un jour un conflit éclatait, un commerçant mauritanien au Sénégal pourrait facilement s’installer en Gambie ou en Guinée-Bissau. Les risques économiques sont donc limités.

En revanche, pour la Mauritanie, perdre l’accès au marché ivoirien serait un coup stratégique majeur.
Conclusion simple : là où il y a plus d’intérêt, il y a plus d’efforts diplomatiques pour ménager l’autre partie.

3. La vraie mécanique des relations Nord-Sud

Quand deux pays collaborent, ce n’est jamais par amour ou par simple voisinage.
C’est toujours une question de :
• Qui dépend de qui ?
• Qui perdrait quoi en cas de crise ?
• Quels sont les leviers de pression disponibles ?

Exemples simples pour comprendre :

• Licences de pêche : La Mauritanie octroie chaque année des permis de pêche aux Sénégalais. Si tension il y a, ces licences peuvent être suspendues, créant une crise pour des milliers de pêcheurs sénégalais.

• Diaspora active : Il y a beaucoup plus de Sénégalais vivant et travaillant en Mauritanie que l’inverse. Donc, Nouakchott a un levier de pression plus fort.
• Flux financiers : Plus d’argent sort de Mauritanie pour aller au Sénégal et au Mali que l’inverse. Cela crée un déséquilibre économique que Nouakchott peut utiliser.

4. La Gambie, un autre exemple de “statut privilégié”

La Gambie est un autre pays où la relation est particulière :
• Beaucoup de commerçants mauritaniens sont établis en Gambie.
• La majorité des Gambiens en Mauritanie sont des étudiants venus pour des études islamiques.
• Résultat : Même s’ils paient leur carte de séjour, les Gambiens bénéficient d’une certaine tolérance.

La raison est toujours la même : protéger ses propres ressortissants à l’étranger.

5. Exemple frappant : le Mali et les représailles sur les commerçants

Quand la Mauritanie a expulsé des Maliens récemment, des jeunes à Bamako ont voulu fermer les boutiques mauritaniennes.

Réaction rapide des autorités maliennes : les jeunes ont été arrêtés et le Mali a réagi pour protéger ses autres intérêts en Mauritanie.

Cela montre que les États négocient selon leurs intérêts stratégiques réels, pas selon les sentiments populaires.

Comprendre sans fanatisme

Chers amis, il faut arrêter d’analyser ces questions avec des lunettes de colère ou de fanatisme.

Les relations internationales, surtout entre pays africains, fonctionnent selon des règles pragmatiques : intérêts économiques, équilibre de pouvoir, dépendances mutuelles.

Celui qui domine économiquement négocie mieux. Celui qui a plus à perdre plie.

Ne vous laissez pas tromper par des discours émotionnels : il ne s’agit pas d’amour, de fraternité ou autre , mais bien d’intérêt froid et calculé.

Comprendre cela, c’est grandir et éviter de se ridiculiser en confondant nationalisme de café et réalités géopolitiques.

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● Mauritanie | Pour un dépassement des lectures raciales | Par M. Mohamed El Mounir

Le Calame — Notre pays va mal. Très très mal. Nous sommes plus que jamais prisonniers d’un prisme racial aveuglant, avec une référence systématique et obsessionnelle à la couleur de la peau ou à une supposée « communauté ». Une clef de lecture devenue hégémonique, à travers laquelle nous avons tendance à appréhender tous les phénomènes sociaux et politiques.

N’importe quel acte administratif et n’importe quelle décision politique ne peuvent échapper à cette logique réductrice. Une implacable lecture raciale qui parasite le débat et compromet les chances de trouver des solutions viables aux différentes polarisations porteuses d’incertitudes.

Malgré des perspectives prometteuses de développement accéléré, grâce notamment à la croissance économique et l’exploitation des hydrocarbures, nous continuons de traîner des fragilités structurelles qui pourraient, si l’on n’y prend garde, miner la stabilité et la cohésion nationale (chômage massif des jeunes, migration régulière, menaces régionales).

Mais le plus grave demeure tous ces désaccords qui nourrissent des cristallisations identitaires et alimentent régulièrement des crises politiques et sociales, de nature à remettre en cause la stabilité et l’unité nationale.

Fragilités structurelles

Nous avions mis en garde contre le discours décomplexé de surenchère, véhiculé par des hérauts de la séparation raciale, dont la conséquence est aujourd’hui cet enfermement communautaire et ce repli identitaire frileux, avec des grilles d’analyse simplistes et manichéennes qui transforment n’importe quel acte individuel en une discrimination institutionnelle puis en responsabilité collective.

En classant les Mauritaniens en fonction de leur appartenance ethnique, raciale ou de leur couleur de peau, en réduisant les contradictions sociales à une supposée lutte raciale, en faisant la promotion de solidarités mécaniques, au détriment du sentiment d’appartenance nationale, ce discours anti-démocratique alimente le feu de la discorde. Il finit par dresser les Mauritaniens, les uns contre les autres, favorisant ainsi une logique d’affrontement porteuse de luttes fratricides, susceptible de précipiter le pays vers le chaos.

Cette tendance à tout ramener aux discriminations institutionnelles verse largement dans la dimension symbolique, en simplifiant les problèmes, forcément complexes et en les réduisant à des dimensions épidermiques ou d’appartenances ethniques, au lieu d’essayer de comprendre et d’analyser les défis structurels, les dysfonctionnements et les problèmes auxquels sont confrontés tel ou tel secteur pour proposer des solutions.

D’où cette propension à se situer dans la dénonciation systématique, dénuée de nuance et à tout expliquer par le prisme de la discrimination, faute d’avoir quelque chose à dire sur le reste. Comme si aucune rationalité ne pourrait exister en dehors d’une telle posture. Pourtant, tout ne se résume pas dans notre pays à une dimension discriminatoire.

De manière plus prosaïque, en quoi la cooptation de ministres ou de directeurs supplémentaires, issus de la communauté négro-africaine va-t-elle contribuer à régler les problèmes prosaïques des populations pauvres dans la vallée? En quoi la promotion de généraux Maures au sein de l’armée a-t-elle amélioré les conditions de vie des populations bidhanes démunies au fin fond des Hodh ou dans le Trarza ? Et en quoi la désignation de premiers ministres et de plusieurs ministres haratines a comme impact sur la vie des adwabas ?

Un obstacle au dialogue

En réalité, ces lectures dichotomiques qui prolifèrent notamment sur les réseaux sociaux sont un obstacle à tout dialogue constructif. Dans ces conditions, nous devons tous nous opposer à ce terrorisme intellectuel qui voudrait imposer une lecture raciale des problèmes de la Mauritanie. Nous devons inscrire notre action davantage sur un registre de revendication des droits et de promotion d’une citoyenneté fondée sur l’égalité de tous devant la loi et qui renforce l’appartenance à l’Etat, au détriment des communautés.

Quant au gouvernement, il devrait agir avec des politiques ambitieuses, volontaristes et avec l’ampleur requise, en s’en donnant les moyens, pour renforcer l’État de droit, réduire les inégalités sociales et garantir une redistribution plus juste des richesses. Il doit lutter contre la corruption et la pauvreté, combattre l’exclusion, l’injustice, l’arbitraire et les discriminations sous toutes leurs formes…et qui touchent de manière indifférenciée une majorité de Mauritaniens, quelle que soit leur appartenance communautaire.

Enfin, le dialogue qui s’annonce pourrait aider au dépassement des lectures raciales, non par leur négation mais par des solutions créatives et consensuelles. Il pourrait permettre de traiter les causes immédiates et structurelles des désaccords, afin d’identifier des propositions de réforme permettant d’y répondre.

Il pourrait aider à normaliser la vie politique nationale, en favorisant un consensus national sur les règles du jeu politique et les moyens de résoudre les contentieux pendants (tels que le passif humanitaire, l’esclavage…). L’objectif n’est pas forcément de résoudre tous les défis dans l’immédiat mais de mettre en place des mécanismes pour les traiter, dans le cadre d’une approche consensuelle favorisant la réconciliation nationale.

Mohamed El Mounir
Docteur en science politique
Expert international en développement
Ancien fonctionnaire des Nations Unies

• Lien média https://cridem.org/C_Info.php?article=783167&fbclid=IwY2xjawJ4gitleHRuA2FlbQIxMQABHk_aWr_o9Xno6T2s97_jjNHjdsu9hiCY1Yd-os4RbL9iEuTVLrFuYtGIuc5q_aem_MYIk9_rADqgrRb-juSC_mg

● Mauritanie | Dialogue national : le contexte n’est pas rassurant ~ Par M.Seyré SIDIBE

Ce dialogue en perspective est voué à l’échec comme les précédents, faute d’une réelle volonté, par manque de sincérité, paradoxalement de ceux qui appellent de leurs vœux au dialogue.

Les signes ne trompent pas. Ils présagent d’un dialogue orienté, calculé, des concertations dont les conclusions sont déjà écrites.

En effet, les actes que posent les initiateurs du dialogue ne rassurent personne. Quand on appelle au dialogue, on est conscient d’une crise, d’un malentendu, d’un dysfonctionnement…

Conséquence d’un regret se traduisant par une volonté de rupture, de mieux faire, de changer au besoin de paradigme, d’être plus attentif et inclusif.
Appeler au dialogue, suppose qu’on est conscient du malaise, qu’on a identifié les écueils, les difficultés et les préoccupations de son interlocuteur, de ses interlocuteurs.

Mais alors, pourquoi lancer un dialogue juste pour faire de la communication politique ? Pourquoi un dialogue alors qu’on persiste et signe dans la même logique ?

Au moment où les autorités appellent au dialogue, on voit qu’elles continuent sans sourciller, à multiplier des actes sources de désunion, de crise politique et sociale, pouvant conduire à la fracture de la république.

Parmi ceux-ci, la décision de levée de l’immunité parlementaire à deux députés, de l’opposition évidemment, et la vraie opposition. Même si les autorités se réservent de révéler l’identité de ces représentants du peuple. Un secret de polichinelle : tout le monde sait de qui il s’agit. Dans un contexte de dialogue, on prône la désescalade, on fait profil bas, on calme le jeu et on cesse la provocation.

L’autre fait qui corrobore la thèse selon laquelle, ce dialogue en gestation n’en est pas un. C’est la rafle au faciès, qui cible officiellement les étrangers subsahariens dans sa mise en œuvre. Chaque Etat a ses lois.

Chaque Etat est souverain. Cependant, dans un pays où l’on n’arrive toujours pas à régler, à évacuer, à dépasser, à solder le passif humanitaire que d’aucuns appellent génocide, on doit se démarquer de tout ce qui peut rappeler, une telle tragédie.

Ma mère aime répéter ce proverbe Soninké: « Lorsque quelque chose de rouge a emporté ( tué) ton père , à chaque apparition du soleil, tu prends peur en disant il arrive « . Traumatisés par les évènements des années 90, les Noirs Mauritaniens, sans être complaisants avec les étrangers, sans vouloir les soutenir, craignent pour eux-mêmes : le retour des vieux démons. Est-ce qu’ils ont tort ? Mais non, la façon dont se comportent les forces de l’ordre ne peut rassurer aucun Mauritanien de peau noire, surtout lorsqu’il ne parle pas Hassaniya.

Ainsi, il revient aux autorités, une fois de plus de comprendre que leurs compatriotes, n’ont pas fini de refouler les années de braises, en les épargnant des méthodes de brutalité, de violence dont ils font l’objet dans leur interpellation, à chaque fois qu’ils sont confondus aux étrangers. l’État peut être ferme sans être « inhumain ». Il peut appliquer la loi sans piétiner, insulter, traumatiser ses propres citoyens sous prétexte d’une lutte contre l’émigration clandestine.

Que dire alors de ces compatriotes « sans identités » arrêtés, des sans-papiers créés par notre propre état civil ?

Les envoyer vers d’autres pays ? Je m’en voudrais à vie, si un jour, il m’arrivait de faire du mal à un compatriote surtout lorsque je suis dépositaire d’une portion de l’autorité publique.

Quel sadisme ! Sans mauvaise volonté, sans un agenda caché, la chasse aux clandestins ne peut emporter des Mauritaniens.

Aucun Mauritanien Blanc ou Noir n’est tombé du ciel. Nous avons tous des attaches quelque part: une famille, une tribu, un quartier, un village, une région, des amis d’enfance etc.Interroger ces éléments sociaux, géographiques, historiques, si vous avez un doute sur la nationalité d’un Mauritanien devenu apatride par la seule volonté de notre système d’enrôlement, la réponse ne saurait tarder.

Nous sommes un petit pays. On se connait tous. Nous sommes très imbriqués, même si nous œuvrons avec la bénédiction des politiques à nous détester, à nous séparer, à nous diviser etc.

Voilà des faits concrets, des méthodes, des agissements, des comportements de nos autorités, qui attestent que le dialogue qu’elles mijotent n’est qu’un écran de fumée.

Celui qui est conscient de la nécessité du dialogue, ( de dialoguer), s’inscrit dans une dynamique de remise en cause, d’apaisement, d’accommodation, de renoncement, de concession, d’arrangement. Il fera tout pour éviter la confrontation, le conflit, la provocation, le cafouillage, le camouflage et le double langage, qui sont vecteurs de crises, de déstabilisation et de chaos.

Par M. Seyre Sidibe

● Mauritanie | L’éditorial de La Nouvelle Expression : Moussa Fall face à l’histoire… mais son histoire

L’actualité du pays ces derniers temps est comme ce temps qui nous rattrape ou cet autre archaïsme qui nous définit. De l’aberration et de l’abjection vis-à-vis de ce qui pourrait et devrait être un pays. Oui un pays avec tous ces attributs. La Mauritanie souffre réellement de nos turpitudes. Ici et là dans ce pays, il était vrai qu’on magnifie le voleur. Le tricheur est applaudi et le menteur héroïsé.  Et pour cela rien n’a changé. C’est réellement l’identité qui nous sied encore mieux. 
Mais nous le savons aussi qu’il est mauritaniennement admis que l’intègre fils de ce pays soit qualifié comme un fou, un bon à rien qui ne veut rien et même considéré comme l’ennemi du « pays, le pays du système ». Il est, coûte que coûte, l’homme à abattre. Voici comment ce pays est pris en otage où les sangsues décident de notre devenir et l’hypocrisie gouverne notre quotidien. Voilà pourquoi, malgré les bonnes intentions d’une certaine élite qui veut se dédouaner et chercher à requinquer un passé récent peu reluisant, nous ne décollons pas. Et nous ne décollerons pas de sitôt sans un réel sursaut, une véritable et profonde rupture, tellement la vermine s’est véritablement incrustée.
Alors tout s’explique, comme ces derniers événements qui nous sont jetés en pâture. La bêtise humaine de Sélibabi. Petits, nos parents racontaient que les chiens déterraient les morts. Ainsi, la surveillance des cimetières s’accentue après chaque deuil au village. A Sélibabi, ce n’était pas des chiens mais des personnes qui ont déterré un corps qui, selon eux, est impur et n’est pas au bon endroit… violation de sépulture ne peut être bien, c’est le summum de la cruauté bestiale… humaine je veux dire.  Fiodor Dostoeievski disait : « On parle parfois de la cruauté bestiale de l’homme, mais c’est terriblement injuste et offensant pour les bêtes, aucun animal ne pourra jamais être aussi cruel qu’un homme, si habilement, si artistiquement cruel ». A Sélibabi, ce qui s’est passé là-bas, résonnera longtemps dans notre rétroviseur collectif. Sur ce sujet, je ne peux dire plus après lecture de la magnifique plume de Pr Ely Moustapha, qu’Allah swt le garde longtemps.
Alors mon propos est, comme annoncé par le titre, s’oriente vers une tentative de décryptage sommaire de l’homme en charge du dialogue. Je me définis comme un méfiant (comme cet aveugle dont les parties intimes avaient été piétinées et qui s’affaire à écouter tout bruit de pas) contrairement à ceux qui me qualifient de polémiste. Voilà pourquoi je suis grandement partisan de questionnements ne se laissant jamais dominer par la curiosité du public mais plutôt par l’intérêt public. Alors, qui est Moussa Fall dans l’histoire politique de ce pays ? Que peut-on attendre de cet homme ? Un personnage énigmatique, profond et trop complexe ? S’il est le premier à s’occuper durant l’époque de feu Président Sidi la résolution d’une partie du passif humanitaire, notamment le retour et l’insertion de certains rapatriés mauritaniens qui étaient au Sénégal, on n’oubliera pas qu’il a été aussi du groupe politique transfuge de l’UFD/Ere Nouvelle pour le PRDS de Maaouya ? Qu’est-il devenu depuis ?
Avant mes réponses à ces questions, l’actualité m’autorise à donner mon opinion sur l’histoire du député Khaly Diallo, l’affaire opposant la jeune Warda à Khatri Ould Dié et la demande de pardon de Biram.
Je pense que Khaly a été la surprise des laudateurs du système en reprenant dans l’hémicycle ce que les militants d’une Mauritanie juste clament depuis plus de 30 ans. Rien de nouveau qu’une réaction aux faits et gestes continus de ce système de mépris et d’exclusion. Et Rien de nouveau si ce n’est un certain Khatri Ould Dié du journal Maghreb-Hebdo qui vient insulter notre conscience en traitant quasiment le député Khaly de sous-homme et que le même puissant Khatri envoie une jeune dame en prison au prétexte que celle-ci l’aurait humilié. Ainsi, des hommes défilent chez lui pour qu’il retire sa plainte et, parfois, en le suppliant. Voici pourquoi nous ne décollons pas. Un applaudisseur de tous les pouvoirs, un produit du système qui a trituré, nargue ce qu’il y a d’institution de ce pays depuis Maouya à nos jours, en voulant coûte que coûte humilier une jeune dame par la prison. La Mauritanie, quant à elle, humiliée, pillée, saccagée et qui porte plainte contre notre conscience de citoyen de devoir ne fait pas larmoyer. C’est dans cette atmosphère qu’intervient une demande de pardon qui occupe les réseaux sociaux, une demande venue de Biram, patron du mouvement IRA. Une demande de pardon qui s’inscrit dans un registre que seul Biram sait la valeur.
Mais comme on le dit, nos hommes politiques ne pensent pas comme nous et n’analysent pas comme nous et surtout ils le font quand nous dormons. Et on ne peut que constater notre méconnaissance de jour en jour de la source de décisions ou positions voire positionnement de nos politiques sur les questions d’actualité et de leur priorisation. Le peuple subit sans comprendre et, tellement ahuri, pense toujours se tromper, voulant garder leurs héros politiques…
Alors, le Président Ghazouani, en nommant Moussa Fall Coordinateur du dialogue, veut par cet acte institutionnalisé… le dialogue. Le dialogue est une dimension de maturité politique de nature à ressasser les points de blocage de la vie et de l’existence d’un pays. Il est l’attrait d’une grandeur politique pour que les acteurs de la vie active d’un pays se parlent en vue de résoudre les problèmes du peuple. Par le passé, les Mauritaniens se sont parlés dans le format classique. Des résolutions ont été prises, considérées comme des remèdes à notre situation. Mais comme nos magnifiques textes juridiques et/ou lois n’ont pas connu de terrain d’expression. Et les soutiens du système, sans sourciller, défendent que tout va bien au moment où le patron de l’Exécutif appelle au dialogue. On appelle ça danser plus que le son du tamtam.
N’ayant pas pu empêcher le coup d’état contre SIDIOCA, Moussa Fall va-t-il réussir à déjouer ce possible coup contre l’espoir d’un peuple désappointé vu les résultats des dialogues passés ? J’aimerais me tromper si la profondeur et l’expérience de l’homme peuvent le laisser croire mais son parcours politique jette un petit bémol. Pour l’histoire, MF pourrait et devrait surprendre les sceptiques. Le transfuge de la plus grande formation politique de l’histoire de l’opposition a beaucoup à faire pour requinquer son image et celle du pays. Il pourrait être le mieux indiqué car connaissant les détenteurs des leviers qui empêchent ce pays de se repenser pour être admis dans les rangs des nations civilisées et développées. Cela demande courage et détermination pour le bien-être de ce projet de pays jusque-là mal pensé. Le courage de MF nous renvoie à sa posture après le coup d’Etat contre Sidi. Est-ce suffisant pour mener à bien cette mission avec des hommes et des femmes qui disent tout va bien dans ce pays pourtant presque à terre ?
Ce sont ces hommes et femmes qui feignent ignorer la souffrance de l’exclu, de l’orphelin des années de braise, du rapatrié mais aussi de l’apatride et qui cautionnent la communautarisation de notre marche commune. Ils disent tout va bien car ils réfléchissent par et pour la tribu. La mission de MF si, elle n’est pas impossible, est incommensurablement immense car la vérité irrite les tenants du pouvoir qui ont transformé une grande partie des opposants en plaisantins et certains d’entre nous autres (la presse) en griots béats… le griot du voleur.
Ce sont ces hommes et femmes qui narguent le bien-être commun pour leurs intérêts individuels. La Mauritanie ne les préoccupe pas car elle est pour eux comme une vache laitière qu’il faut traire pour investir ailleurs. Ce sont ceux-là sans vergogne qui mangent dans toute les sauces, l’intérêt pour eux est que le pain soit mouillé. Ils sont aussi experts dans l’amalgame pour retarder le rayonnement de notre devenir. MF le sait. Mais sait-il comment les contraindre pour redorer leurs blasons pour la Mauritanie de nous tous ?
Pour l’histoire de la marche du pays et son histoire à lui, Moussa Fall, bien qu’armé, doit davantage s’armer pour l’écriture positive de cette page combien essentielle pour notre devenir. Le devenir d’un pays réellement en faillite.

Par Seydi Moussa Camara