● Activité de plaidoyer à Nouakchott | Le discours du président Abdoulaye Sidi Traoré de l’association Ganbanaaxu Fedde Mauritanie

Monsieur le Président de la République Mohamed Cheikh Ould Ghazwani,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Monsieur Le commissaire Des Droits de L’homme, à l’action humanitaire et aux relations avec la société civile,
Monsieur Le Directeur De L’Instance Nationale De La Lutte Contre La Traite Des Personnes Et Le Trafic Des Migrants,
Mesdames et Messieurs des organisations Internationales,
Mesdames et Messieurs Les Elus,
Messieurs les présidents des associations,
Messieurs les Membres de GANBANAXUN FEDDE MAURITANIE,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,

Permettez-moi tout d’abord de vous remercier pour cette opportunité de vous adresser la parole aujourd’hui. C’est un honneur pour nous d’être réunis ici afin de discuter d’un sujet qui touche le cœur de notre société : l’esclavage et ses séquelles en Mauritanie. Ce fléau, bien que officiellement aboli, continue de hanter notre nation, laissant des traces profondes et douloureuses sur les individus et les communautés.

L’urgence d’un partenariat fort

Il est aujourd’hui plus que jamais nécessaire de conjuguer nos efforts pour éradiquer définitivement l’esclavage et pour réparer les séquelles qui subsistent. Ce partenariat que nous souhaitons construire avec l’État mauritanien doit être basé sur une collaboration franche et déterminée, guidée par une volonté commune de justice sociale et de respect des droits humains.

Nous reconnaissons les efforts déjà entrepris par le gouvernement mauritanien pour criminaliser l’esclavage et soutenir les victimes. Toutefois, nous sommes tous

Conscients que des défis subsistent : les barrières culturelles, le manque de mise en œuvre effective des lois, et la nécessité de ressources pour accompagner les victimes dans leur réintégration.

Notre engagement pour un partenariat concret

En tant que partenaires, notre rôle sera d’accompagner l’État mauritanien dans la mise en œuvre de ses engagements en matière de lutte contre l’esclavage. Nous mettons à disposition notre expertise, nos ressources, et notre engagement total pour :

Renforcer les capacités institutionnelles : Nous travaillerons ensemble pour former et sensibiliser les acteurs clés, tels que les forces de l’ordre, les juges, et les responsables communautaires, afin d’assurer une application stricte des lois anti-esclavagistes.

Soutenir les initiatives de sensibilisation et d’éducation : La lutte contre l’esclavage commence par une prise de conscience. Nous voulons travailler aux côtés du gouvernement pour sensibiliser la population sur les droits humains, l’égalité et la dignité de chaque citoyen mauritanien, peu importe son origine.

Accompagner les victimes dans leur réintégration : Nous proposons de développer des programmes spécifiques pour soutenir les victimes de l’esclave à travers l’éducation, la formation professionnelle et l’autonomisation économique, afin qu’ils puissent reconstruire leur vie et s’intégrer pleinement dans la société.

Promouvoir la justice et l’égalité : Ensemble, nous devons garantir que chaque victime d’esclavage puisse accéder à la justice. Cela nécessite des procédures transparentes, accessibles et soutenues par une volonté politique forte pour punir les responsables et protéger les victimes.

Encourager la recherche et la collecte de données : Une meilleure compréhension de l’ampleur et des formes de l’esclavage est essentielle pour agir efficacement. En soutenant des études et des enquêtes, nous pourrons adapter nos interventions aux besoins réels des communautés affectées.

Un appel à l’action collective

Le chemin pour éradiquer l’esclavage est long et complexe, mais il n’est pas insurmontable. En combinant nos forces, en mutualisant nos compétences, et en agissant de manière concertée, nous pourrons changer le cours de l’histoire pour des milliers de Mauritaniens. Nous appelons aujourd’hui le gouvernement, les institutions étatiques, la société civile, et chaque citoyen à s’engager dans cette lutte commune.

L’esclavage n’a pas sa place dans notre société. En œuvrant ensemble, nous enverrons un message fort : celui d’une Mauritanie qui ne tolère plus l’injustice, qui respecte et valorise la dignité humaine, et qui aspire à un avenir où chacun peut vivre libre et égal.

Je vous remercie pour votre attention et pour votre engagement à nos côtés dans cette noble cause. Travaillons ensemble pour un avenir meilleur, pour une Mauritanie libérée des chaînes du passé.

Merci.

● Annexe : Photo-reportage

À noter la présence des représentants étatiques, plusieurs élus, cadres et acteurs de la société civile :


Sid Ahmed, Directeur Adjoint du Commissariat des droits de l’homme, à l’action humanitaire et aux Relations avec la Société civile.


Ball Mohamed El Moustapha, Chef de service protection et Assistance aux victimes de la traite des personnes et le trafic des migrants.

Baliou Mamayary Coulibaly, conférencier et militant des droits humains


Tombé Hamara Camara, Député de ould yenge


Waly Boubou Diawara, vice-président du conseil régional de Guidimakha


Sydney Sokhona, député de Selibaby


Diarra Idrissa, ancien ministre 

Aly Soumaré, secrétaire général


Harouna Traoré, conseiller à la présidence

● Assez de lois contre l’esclavage ! | Par Seyré SIDIBE

En Mauritanie,  l’esclavage et ses » dérivées », sont des  réalités évidentes, mais peu assumées ou  souvent niées, minimisée ou abordées avec beaucoup de mauvaise volonté. En vérité, sans être juriste, j’estime que la convocation des députés en session extraordinaire, le 04 septembre prochain pour discuter de plusieurs projets de lois, dont la création de tribunaux spécialisés de lutte contre l’esclavage, la traite des personnes et le trafic de migrants, n’a pas sa raison d’être. 

Les tribunaux chargés de juger les crimes d’esclavage existent déjà depuis 2016, l’ère Ould Abdel Aziz :  le décret 2016-002 du 1er janvier 2016, fixe le siège et le ressort territorial des cours criminelles spéciales en matière de lutte contre l’esclavage. Les observateurs s’interrogent, sur la pertinence et l’opportunité de  ces juridictions  d’autant plus qu’ elles ont  jusqu’ ici brillé par inaction et inefficacité. 

En effet, la lutte contre les injustices et les discriminations sociales est d’abord une question de volonté politique. Ce qui suppose l’exemplarité, comme dans le combat contre la corruption et autres comportements sulfureux .

Point besoin de nouveaux textes sur la question de l’esclavage, un fléau déjà élevé au rang de crime. C’est déjà le summum. Trop de lois tuent la loi. Il suffit juste  d’appliquer les lois déjà existantes. Nous sommes dans une République, comme modèle politique et de gouvernement, il est évident que ce choix sous-entend :  citoyens et de citoyenneté.

Dès lors, il suffit que nos dirigeants soient sincères pour s’attaquer aux stratifications sociales héritées, qui n’ont pas de place dans une république, et de surcroît islamique :  » Tous les humains sont issus d’Adam qui a été créé d’argile. Il n’y a pas de différence entre un Arabe et un non Arabe, si ce n’est par la piété ».  « Le plus honorable des hommes auprès d’Allah est le plus pieux ».

Faut-il le rappeler que dans  une république, il ne peut y avoir de citoyens et de sous-citoyens. La citoyenneté, c’est d’abord l’égale dignité entre les populations ( les citoyens ), au-delà des origines et appartenances sociales, linguistiques etc., différentes et diverses. Ce qui importe est l’appartenance à une même nation (nationalité ).

L’esclavage se nourrit de l’impunité, de la pauvreté et de l’ignorance.  L’Etat est à la fois garant de la justice, de la protection des personnes et de leurs biens et l’épanouissement de tous et de chacun, il dispose de tous les moyens pour faire respecter la loi. Comme, il sait le  faire  pour disperser les manifestations, et au besoin utiliser la force .

Les députés doivent comprendre que l’esclavage est plus facile à identifier et à  combattre que ses « dérivées » : le féodalisme. Encore une fois, le débat stérile qui consiste à  soutenir que l’esclavage est plus grave que le féodalisme n’a pas sa raison d’être. On ne compare pas deux maux, on les combat.

Le féodalisme est beaucoup plus subtile et perfide, du fait qu’ il s’exprime  sous le manteau de la culture. Ce qui peut rendre complexe sa qualification juridique. Cependant avec la volonté  tout est possible. Des juges professionnels, compétents et indépendants peuvent décoder, décrypter les agissements, comportements et expressions féodales dissimulées. C’est une question de dignité, de droit humain pour redorer l’image de la Mauritanie, et consolider la cohésion sociale. 

Seyré SIDIBE

● Décret présidentiel convoquant l’Assemblée nationale en session extraordinaire, le 4 septembre 2024 [AMI.MR]

La Présidence de la République, communique que, par décret en date du lundi 26 août 2024, le Parlement est convoqué en session extraordinaire à compter du mercredi 4 septembre 2024.

Voici le texte intégral de ce décret :

‘’ LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE ,

Sur Rapport du Premier Ministre,

VU, l’Article 53 de la Constitution.

DECRETE :

Article premier : Le Parlement est convoqué en session extraordinaire à compter du mercredi 04 septembre 2024.

Article 2 : L’ordre du jour de cette session comprendra :

1. La Présentation de la Déclaration de la Politique Générale du Gouvernement,

2. Projet de loi portant création du tribunal spécialisé de lutte contre l’esclavage, la traite des personnes et le trafic de migrants.

3. Projet de loi modifiant certaines dispositions de la loi numéro 65-046 du 23 février 1965 portant dispositions pénales relatives au régime de l’immigration.

4. Projet de loi portant code de l’hydrogène vert.

Article 3 : le Premier Ministre est chargé de l’exécution du présent décret qui sera publié suivant la procédure d’urgence au journal Officiel de la République Islamique de Mauritanie’’

Mohamed OULD CHEIKH EL GHAZOUANI

• Lien média https://ami.mr/fr/archives/252881

● Réponse à la sortie médiatico-politique de Baliou Mamayary Coulibaly | Par M. Souleymane Sidibé

Je souhaite exprimer mon profond désaccord avec les récentes déclarations de Baliou Coulibaly. Elles semblent davantage motivées par des louanges politiques infondées et des calculs stratégiques que par une analyse factuelle et objective. Certes, la campagne présidentielle est un moment d’euphorie, mais il est crucial de garder raison dans son soutien et dans les lauriers que l’on décerne à son candidat.

Il est nécessaire d’apporter des clarifications afin d’éviter toute confusion :

Primo, en ce qui concerne le soutien de Biram Dah Abeid, il est impératif de rectifier les faits. Contrairement aux affirmations de Baliou Coulibaly, dont je pense que l’engagement détaché serait plus utile que cette sortie, Biram Dah Abeid ne l’a pas soutenu lorsqu’il était confronté aux défenseurs du statut quo social inique. En réalité, Biram l’a confronté à l’un des éléments pouvant lui rapporter un électorat, démontrant ainsi l’absence de soutien mutuel dans cette situation.

Deuxio, lors de la première réunion non officielle de l’ARMEPES, l’IRA n’était pas encore fondée. Les insinuations selon lesquelles le courage en milieu sooninké en matière de lutte contre l’esclavage est né avec l’apparition de son « messie » sont non seulement erronées, mais également trompeuses et historiquement inexactes.

Tertio, affirmer que c’est grâce à Biram Dah Abeid que la dénonciation de l’esclavage en milieu sooninké a commencé est une contre-vérité flagrante. De nombreux militants ont travaillé ardemment bien avant l’émergence de figures médiatiques comme Biram, et leurs efforts ne doivent pas être ignorés ou minimisés. Des mouvements comme El Hor ont eu un impact significatif. Dans les milieux où l’on dénonce encore les réflexes de subordination et où des centaines de familles refusent depuis les années 70 le bouclier de protection des tares qu’est le laadalenmaxu, des mouvements comme AMEES ont posé des actions concrètes.

De ce fait, la lutte contre l’esclavage et les injustices sociales mérite une approche rigoureuse et honnête. Les tentatives de récupération politique ne font que diviser et désinformer, trahissant ainsi les efforts de nombreux activistes dévoués.
Pourquoi ne pas miser sur le bon cheval ? Cette question mérite une réponse. À défaut de savoir pourquoi attribuer une « paternité » dans la lutte contre les inégalités sociales à un candidat dont on connaît les mérites, malgré les divergences, et qui n’a pas besoin de cela, voici ma réponse :

Pour nous, la politique est un moyen de discuter des destinées dans un contexte géopolitique et géostratégique. Nous ne soutenons pas un candidat médiocre. Ce sont d’abord le discours et le parcours qui comptent. À cela s’ajoutent le respect et la bienveillance, qualités essentielles pour un leader.

Nous misons sur le bon profil, les compétences et le sérieux. Nous ne sommes pas du genre à nous limiter aux désidératas d’un homme politique. Pour moi, le bon profil c’est quelqu’un qui vit de son savoir, de ses compétences et qui ne se perd pas dans les manœuvres politiques mesquines. La politique est un art, et je veux un leader exemplaire, sans casseroles à traîner. Mon soutien est personnel. Ceux qui sont convaincus continueront avec ceux qui font des calculs stratégiques, et ceux qui ne le sont plus, s’en iront. Notre véritable adversaire, c’est le régime en place.

Je reste engagé à soutenir une cause juste et à collaborer avec tous ceux qui partagent cet engagement, sans opportunisme ni manipulations.

Souleymane Sidibé 
Bordeaux, le 24 juin 2024.

● Boubacar Ould Messaoud reçoit le prix Aichana Mint Abeid des droits de l’Homme [Élément Cridem]

EN BREF | Cridem – L’emblématique président de SOS Esclaves, Boubacar Ould Messaoud, a reçu, mercredi 19 juin 2024, à Nouakchott, le Prix Aichana Mint Abeid des droits de l’Homme décerné par Abolition Institute. Le prix lui a été remis par Bakari Tandia.

« Mon combat pour la promotion et la défense des droits de l’Homme a commencé depuis l’enfance. SOS Esclaves créée en 1995 par des mauritaniens de toutes les communautés avait pour objectif de combattre toutes les formes d’injustice et de violations des droits humains perpétrés à l’encontre de toute personne sans distinction aucune », a déclaré Ould Boubacar, après avoir reçu la distinction.

« SOS Esclaves n’est pas l’apanage d’aucune communauté. C’est une organisation qui combat l’injustice et promeut le droit et la dignité auxquels tout être a droit. Nous devrions tous faire front contre les préjugés et les anachronismes qui prévalent encore dans notre société afin de les déconstruire et de les extraire définitivement de la tête des maitres et des esclaves », a-t-il ajouté.

Le président de SOS Esclaves a aussi rappelé que les défis sont encore très nombreux pour éradiquer l’esclavage dont souffre encore des citoyens mauritaniens au sein de toutes les communautés nationales.

« La responsabilité de s’en débarrasser complètement incombe à tous », a insisté Boubacar Ould Messaoud.

Plusieurs figures du militantisme et de la politique en Mauritanie ont pris la parole pour témoigner sur la personne du président de SOS Esclaves, à l’image d’Aminétou Mint El Moktar, présidente de l’Association des Femmes Cheffes de Femmes (AFCF), de Samba Thiam, président des Forces Progressistes du Changement (FPC)…

Le gouvernement mauritanien était représenté par Sidi Mohamed Ould Limam, directeur des Droits de l’Homme, au Commissariat aux Droits de l’Homme, à l’Action Humanitaire et aux Relations avec la Société Civile.

• Lien média https://cridem.org/C_Info.php?article=775788

● Mauritanie : une députée anti-esclavagiste en prison | Notice d’alerte

1. Le 12 mai 2024 en fin d’après-midi, Mariem Cheikh Samba Dieng, députée de la coalition d’opposition Rag-Sawab, est mise aux arrêts sous la contrainte d’agents de l’autorité publique et conduite dans un cachot de la direction régionale de la police à Nouakchott-Sud.

Mariem est une militante anti-esclavagiste de la première heure dont l’engagement remonte à la naissance de l’Initiative de résurgence abolitionniste en Mauritanie (ira). Son parcours de blogueuse puis d’élue témoigne d’une certaine familiarité avec les privations de liberté, la maltraitance corporelle et les procès en dissidence.

Déjà, le 24 janvier 2024, à l’intérieur du Parlement, elle avait été molestée, avant son expulsion de l’hémicycle par la sécurité du Président de l’Assemblée nationale, un général à la retraite qu’une loi d’amnistie soustrait aux griefs de torture et d’assassinat en relation avec une entreprise de purification ethnique, de 1986 à 1991.

2. L’arrestation de Mariem Cheikh fait suite à la plainte d’une dignitaire de l’Insaf, la formation au pouvoir, en l’occurrence madame Rabi Aidara. A l’instar de la plupart des notables affiliés à l’Etat profond et en prévision du scrutin présidentiel du 29 juin 2024, la susdite, supervisait une opération d’achat de conscience à l’endroit de compatriotes que leur vulnérabilité expose aux pièges du clientélisme alimentaire.

Ainsi, elle s’acharnait, depuis plusieurs jours, à enrôler des citoyens, dans un bureau de la Commission nationale électorale indépendante (Céni), à Arafat, l’une des communes en périphérie de la capitale. A cette fin, Madame Aidara, ex-maire, épouse d’un général à la retraite et parlementaire du parti de l’Etat, distribuait, ouvertement, des bons de nourriture délivrés par la Délégation générale à la solidarité nationale et à la lutte contre l’exclusion (Taazour, en Arabe). En contrepartie, elle récupérait les reçus d’inscription, préalable au retrait de la carte d’électeur.

3. Les voies de fait contre Mariem Cheikh n’ont épargné, non plus, son frère présent à l’altercation les ayant opposés aux militants zélés de l’Insaf et des membres de la Céni, d’ailleurs complices de la fraude que l’élue dénonçait, en direct, lors d’une diffusion sur sa page Facebook. Les deux se retrouvent en détention préventive, au même titre que deux femmes et un homme, du groupe des agresseurs. Rabi Aidara – il fallait s’y attendre dans la république islamique de l’impunité – continue à jouir d’une entière liberté d’agir auprès de la Céni.

4. Mariem Cheikh ne dispose du minimum de commodité, d’habits de rechange ni d’une nourriture convenable. Comme d’accoutumée tragique (Affaires Soufi Soumaré et Oumar Diop), la police en charge de l’enquête s’apprête à lui imputer, par des témoignages frauduleux et une attestation de médecine légale, la responsabilité de l’incident. L’immunité d’un édile du peuple est ici violée au motif d’un délit d’opinion lié à l’exercice de son devoir civique. De la pression exercée aux dépens de la prisonnière, résulte un risque crédible d’atteinte à son intégrité, d’où la présente alerte.

Nouakchott, le 17 mai 2024

Lien connexe : https://www.frontlinedefenders.org/fr/case/judicial-harassment-woman-human-rights-defender-mariem-cheikh

• Lien média https://cridem.org/C_Info.php?article=774941

● L’esclavage par ascendance au Mali : Les affrontements à Nematoulaye font un mort.

Il s’appelle Oumar KONATE originaire de la localité soninké Nematoumaye (Zone de Nioro, kingui). Militant anti-esclavagiste soninké affilié à l’association RMFP Gambana-Mali, il a succombé à ses blessures dans la nuit du 10 au 11 mai 2024 à Bamako. Paix éternelle à son âme. Nos fraternelles condoléances à ses proches.

Il était parmi les blessés lors d’un violent affrontement dans la nuit du 5 au 6 mai dernier aux environs de cette localité au sujet d’une occupation d’un endroit pour paître du cheptel. Selon le témoignage reçu d’un activiste abolitionniste soninké basé à Bamako, les affreusements passés tirent leur origine d’un mépris social lié aux assignations féodalo-esclavagistes.

L’engagement militant anti-esclavagiste gambana a été reproché au défunt Oumar KONATE de la part d’éléments issus du camp réactionnaire. Ces derniers ne voulaient pas laisser monsieur KONATE construire son gîte pour surveiller ses animaux domestiques. Ainsi se serait déclenchée bagarre violente avec fusillade et armes blanches blessés , le défunt était atteint à la tête avec une hache et il finit par succomber à ses blessures. Il faut noter que des blessés sont à déplorer également parmi les assaillants réactionnaires, selon une source ayant suivi les événements depuis Bamako. La source laisse entendre que 7 suspects seraient aux arrêts à la suite des affrontements.

Encore une fois, les autorités maliennes si promptes à un regain revendicatif d’une digne souveraineté à recouvrer, tardent à contenir sérieusement les comportements criminels liés à l’esclavage coutumier qui sévissent dans certaines zones rurales notamment chez les milieux soninkés.

Depuis 2020, Oumar KONATE est la septième victime en milieux soninkés à perdre la vie à cause des violences perpétrées liées à l’esclavage par ascendance. Il faut le rappeler, Diandioumé (5 morts, Mountagha Diarriso,  Hamet Sissoko, Youssou Sissoko, Gossi Sissoko et Sokhna Diakhité) , Lany (1, Diogou Sidibé) et aujourd’hui Nematoumaye (Oumar KONATE). On peut ajouter les milliers de personnes déplacées ou chassées de leurs villages pour refus de ses sinistres coutumes esclavagistes.

Trop, c’est trop.

KS pour le BLOG

🔴Remous frontaliers Mauritanie 🇲🇷/Mali 🇲🇱 | Sur TikTok, arrogance et haine mal placées de certains utilisateurs !

Il faut le rappeler d’emblée, un voisinage paisible entre 2 pays partageant un tracé frontalier de plus de 2 mille kilomètres est une louable situation à sauvegarder et consolider impérativement par/pour les 2 parties. Les rivages de cette frontière sont habités par quasiment les mêmes groupes sociolinguistiques (par exemple pour les soninkés dans la région de kayes accolée au Guidimagha mauritanien…). Lors de l’embargo Cédéao contre le pouvoir malien, la Mauritanie s’est clairement positionnée en gardant intacts ses liens politiques et commerciaux sans aucune influence extérieure, à lire davantage https://futureafrique.net/node/17113. Les données politiques et sécuritaires du Mali sont marquées par d’innombrables turbulences (rébellions, terrorisme, coups d’État…) depuis plus d’une décennie, et un pays qui y est très proche territorialement comme le nôtre ne peut aucunement se réjouir d’une telle instabilité étatique tout près. Ainsi dire, les derniers remous frontaliers du flanc Est doivent être traités avec responsabilité  et retenue de part et d’autre par les autorités respectives. Ce qui semble être le cas ces derniers temps avec une navette croisée des hauts représentants étatiques mauritaniens et maliens pour discuter et clarifier selon les bonnes pratiques diplomatiques entre peuples frères.
Notre modeste plaidoyer par ce billet s’inscrit dans cette donne . Par conséquent, toutes les provocations belliqueuses porteuses d’une sinistre dose haineuse qui est distillée par certains hâbleurs dans les réseaux sociaux, sont à dénoncer vigoureusement. Ces dernières heures, j’ai été brièvement témoin d’un Live TikTok autour d’un débat titré sous ces mots « Mauritanie, dernier bastion de l’esclavage », et en voulant contribuer avec mes réserves sur l’hystérie discursive à sens unique de certains intervenants (maliens principalement selon la teneur de leurs dires..  et soninkés pour certains), la mission m’a été rude. Certains propos fourre-tout indexant la Mauritanie sur la problématique de l’esclavage ont été d’une orientation malhonnêtement exagérée et gravement biaisée. Sans relativisme aucun, ils entendent racialiser la problématique de l’esclavage, en substance pour certains « des arabes seraient (ultra-minoritaire) les méchants esclavagistes sur la majorité composée des populations noires ». Et que les pouvoirs publics ne feraient rien pour changer cette situation, et en essayant de leur expliquer que la problématique est trans-communautaire comme au Mali (en citant des affaires liées à la question dans la région de Kayes, notamment dans la communauté soninké), j’ai été assailli par leurs excitations acerbes. Pour eux, le débat concerne la Mauritanie, et je serais hors sujet par mon angle d’intervention. J’ai pu répondre dans un brouhaha que la Mauritanie a des lois contre l’esclavage et que la pratique du phénomène est relevée comme un crime contre l’humanité. En précisant que l’application de l’arsenal juridique en vigueur n’est pas encore effective. J’espérais continuer en vain pour notifier qu’au Mali une loi anti-esclavagiste proprement dite est en souffrance depuis de nombreuses années.
En sourdine, il est évident qu’ils sont motivés par une vision raciale voire raciste par rapport aux événements frontaliers entre les 2 pays. À mon sens, Il s’y prennent abusivement par ce biais bien manipulable et manipulé. Notre pays traîne des problématiques politiques liées à la gouvernance et à la cohabitation entre les composantes nationales, mais en faire une exploitation simpliste par un mélange haineux de ce genre, est inacceptable. Toutes proportions gardées, les chroniques secousses politico sécuritaires du Nord Mali ne peuvent être mis au crédit d’une nuisibilité qui viendrait du territoire mauritanien. Toute la Mauritanie politique et sociale n’a pas à être stigmatisée par une fâcheuse et bouffonne imposture analytique.

Que nos hautes autorités (maliennes et mauritaniennes) retrouvent la voi(e)x de la sagesse et de la sérénité afin d’éviter tout débordement conflictuel qui ne ferait que des perdants à coup sûr.

Vive LA PAIX!

KS pour le BLOG


📷 photo 2 avec un militant abolitionniste malien de l’ONG Temedt rencontré à Bamako en octobre 2021.

● L’apologie de l’esclavage en Mauritanie ? | Par l’activiste droit-de-l’hommiste Ba Tijane

Une vidéo devenue virale montre un homme noir (hartani) faisant un massage à un maure (supposé être son maître).
Avec un ton déconcertant, l’on voit ce dernier faire l’apologie de l’esclavage et se glorifier d’en posséder aujourd’hui encore et en jouir à sa guise.
Cette scène qui a suscité beaucoup d’indignation (même si certains internautes prétendent qu’il s’agit simplement d’humour) illustre en réalité, un fait gravissime qui prévaut toujours en Mauritanie.
En effet, l’esclavage en Mauritanie est une réalité persistante. Bien que la pratique soit officiellement abolie, elle continue de persister de manière clandestine dans le pays.
Compte tenu de cette réalité inhumaine et indigne qui touche des milliers de personnes en Mauritanie, il est inacceptable même sur un ton humoristique, de banaliser ce fait. 
D’autant que les différentes lois promulguées ne sont quasiment jamais bien appliquées dans ce pays. Malgré la mobilisation des défenseurs des droits humains et l’arsenal juridique, peu d’esclavagistes sont en réalité inquiétés en Mauritanie. S’il ne sont pas inquiets, c’est justement à cause d’une idéologie mortifère reposant sur des croyances historiques, culturelles et religieuses qui justifient et perpétuent la pratique de l’esclavage. Ces croyances incluent des idées selon lesquelles certaines personnes sont destinées à être des esclaves en raison de leur origine ethnique, de leur statut social ou de leur ascendance.
C’est pour cette raison que cette personne mise en cause doit être arrêtée pour l’apologie de l’esclavage et être sévèrement punie comme le prévoit le code pénal mauritanien.

● Le liens de la vidéo virale :

https://www.tiktok.com/@alassane_n/video/7361425716581305633?_t=8luTJrWktw8&_r=1

● Appel à proposition / Par l’instance nationale de lutte contre la traite des personnes et le trafic des migrants

L’instance nationale de lutte contre la traite des personnes et le trafic des migrants, lance le présent appel à proposition au profit des ONG de défense des victimes de la traite des personnes en Mauritanie.

Dans ce cadre, il est demandé aux ONG désireuses de bénéficier des subventions du fonds d’aide et d’assistance aux victimes de la traite des personnes de soumettre leurs projets dans un délai de 15 jours, à compter de la publication du présent appel.

1. Nature-des projets-soumis

Les projets soumis doivent concerner la prise en charge des victimes de

– L’esclavage ou les formes analogues à l’esclavage ;

– Le travail forcé ;

– L’exploitation sexuelle ;

– La mendicité forcée.

2. Conditions d’éligibilité

Les ONG candidates doivent remplir les conditions suivantes :

– Être légalement reconnue comme organisation non gouvernementale de droit mauritanien exerçant dans le domaine de la lutte contre l’esclavage ou l’une des autres formes de la traite des personnes telles que définies à l’article 2 de la loi no 2020/017 relative à la prévention et à la répression de la traite des personnes et la protection des victimes ;

– Avoir une expérience d’au moins de cinq (5) années dans le domaine de la lutte contre la traite des personnes ;

– Disposer d’un siège, de personnels et de rapports d’activités et de rapports financiers ;

– Assurer la prise en charge de victimes de la traite des personnes qui répondent aux critères d’éligibilité au ronds d’aide et d’assistance aux victimes de la traite des personnes.

Les dossiers de candidatures doivent être déposés auprès du secrétariat central de l’instance dont le siège est situé à l’adresse suivante : Ilot C, lot no 54 (Tel 36 65 26 28), au plus tard, le vendredi 26 avril 2024 à 17h00.

Nouakchott, le 26 mars 2024

Le Directeur de l’Instance Nationale de Lutte contre La Traite des personnes et le Trafic des Migrants

Cheikh Tourad ABDEL MALICK

• Lien média https://cridem.org/C_Info.php?article=774170