● L’interview du journal Shems Maarif avec le député mauritanien Biram Dah Abeid.

Le journal électronique Shems Maarif
Interview avec le Deputé Biram Dah Abeid, président de l’ONG IRA; par Yedali Fall.

1- Shems Maarif : Monsieur le député bonjour. Vous revenez d’une tournée qui vous a conduit hors du pays. Quel en était l’objectif ?


Biram Dah Abeid: Mon voyage en Europe (France, Belgique et Suisse) visait trois objectifs : reprendre contact et s’organiser nos sections en Europe et la diaspora mauritanienne, pour les batailles présentes et futures, dans le domaine des droits humains et du projet d’alternance, faire l’état des lieux avec les partenaires d’IRA, européens et onusiens, de la situation du pays depuis que le régime du président Ghazouani a renié la ligne d’ouverture enclenchée, au début de son mandat, en direction de la mouvance citoyenne; le troisième objectif de ce voyage était consacré à mes contrôles de santé.


2/ Shems Maarif : Quelle lecture faites-vous de la scène politique nationale six mois après les élections du 13 mai 2023 ?

BDA : La scène et ses acteurs résultent d’une ligne de séparation racialiste et de classe, orchestrée par le régime en place, comme ses prédécesseurs issus du même bloc dominant que caractérisent le monolinguisme et le désir de la toute-puissance. Ces lignes discriminatoires et de fracture croissante se matérialise dans le refus catégorique, par le pouvoir et ses lois, d’autoriser l’activité des forces issus des milieux majoritaires : il faut, désormais, considérer que l’intimidation des autochtones d’ascendance subsaharienne, devient une finalité de l’Etat et des segments réactionnaires dont il tire sa légitimité. Victimes d’une gouvernance de marginalisation et d’impunité depuis plusieurs décennies, ces groupes subissent, aussi, l’interdiction de fonder de nouveaux partis, à l’ombre de la légalité. Du début du siècle jusqu’à nos jours le constat ne varie : Action pour le changement (Ac) et Convention pour le changement (Cc) ont été abrogés successivement ; de 2013 à 2014, la mesure d’éviction frappe Refondation pour une action globale (Rag) et Forces progressistes pour le changement (Fpc). Les Ong Touche pas à ma nationalité(Tpmn), l’organisation pour la promotion et l’officialisation des langues nationales(Olan), les associations des rescapés des vagues d’épuration ethniques, des veuves, des orphelins, sont privées de reconnaissance de jure ou/et de fait, un peu à l’image d’IRA, tolérée du bout des lèvres mais interdites de toute participation aux travaux de son interlocuteur officiel, en l’occurrence le Commissariat aux droits de l’Homme, à la lutte contre la pauvreté et à l’insertion. Les actes de représailles visent toute entité privée qui n’obéit pas aux limites du discours, de la pensée et des gestes assignés, par le pouvoir, aux acteurs de la société civile ; ici, les cas de dissidence, de liberté de ton et de lanceur d’alerte suscitent, de la part du gouvernement, une batterie de mesures de rétorsions. La plus immédiate consiste à exclure, les associations, du bénéfice des financements extérieurs, comme celui de la France, en Mauritanie. Donc l’état des lieux, au surlendemain des élections générales, se résume à un tableau d’apartheid politique exécuté au profit d’une communauté de citoyens de premier ordre au détriment de l’humanité périphérique, celle du nombre et de la misère où bouillonne la révolte des parias, la communauté de citoyens secondaires. Les Hratin, représentant, selon les approximations de la Banque mondiale (Bm)et d’autres institutions indépendantes, plus ou moins la moitié de la population ; ils ont droit à 10 sièges de député dans une assemblée qui en compte 176. Les communautés autochtones d’ascendance subsaharienne, même locutrices de l’arabe dialectal local, le hassaniya, n’ont pu bénéficier d’un traitement à la hauteur de leur domestication mentale, d’ailleurs achevée sous les auspices du sacré. L’Apartheid arabo-musulman prive, ces mauritaniens, de papiers d’état civil, donc du vote, en vue de reproduire une majorité artificielle dans les urnes et perpétuer, ainsi, la domination et la jouissance de ses fruits. La Commission nationale électorale indépendante (Céni) que le passé de son président expose à la défiance, est une boîte d’agents et d’hommes de mains du ministre de l’Intérieur, ainsi que de figurants de formations triées selon le triple critère de l’impuissance, de la connivence et de l’allégeance. Les anciens putschistes, usurpateurs et détourneurs des institutions civiles, ont mis en place un mécanisme trompeur de démocratie :  des partis vassalisés, d’autres alimentaires compulsifs, sans oublier la cohorte alignée dans le rang du ralliement, voici de quoi fabriquer des plébiscites discount. De facto, une seule communauté possède la faculté réelle d’écarter des concurrents, d’acheter des électeurs et de neutraliser la justice. Il n’est pas étonnant qu’elle gagne les élections, n’en déplaise aux enseignants d’arithmétique et de logique. Grace à ce procédé, en sus des coup d’Etat électoraux, comme la présidentielle de 2019, la majorité du peuple va continuer à souffrir jusqu’à l’éclatement d’une révolution violente à l’image des tristes et regrettables événements de l’île de Zanzibar, au milieu des années 60…


3/ Shems Maarif : Au vu du constat que vous venez de dresser êtes-vous candidat à l’élection présidentielle prochaine ?


BDA : Cette question doit être posée au régime en place, l’actuel chef de l’Etat et à son gouvernement ; sont-ils prêts admettre les conditions et le verdict d’une compétition équitable et impartiale ? Sont-ils prêts à accepter qu’un courant politique présidentiel comme le Rag, cesse d’être hors-la-loi ? Sont-ils prêts à accepter qu’un mouvement social anticonformiste, allergique aux œillères comme le Fpc, participe au marché ouvert de la persuasion, argument contre argument ? Sont-ils prêts à lever les obstructions énormes et infranchissables à l’enrôlement des Mauritaniens autochtones ? Sont-ils prêts à accepter une Céni, un Conseil constitutionnel (Cc), des fichier et code électoraux, transparents et consensuels ? Sont-ils prêts à accepter la candidature de Biram Dah Abeid, supporteraient-ils la participation d’un candidat qui aurait dû battre Ghazouani en 2019 et pourrait y parvenir 5 ans après ? Le président Ghazouani va-t-il accepter de courir le risque de valider une candidature qui lui imposerait un deuxième tour en 2024 et l’obligerait de recourir, une seconde fois, à l’armée et à la répression pour imposer sa victoire ? Ne serait-il plus en sécurité en éliminant la candidature d’un adversaire aguerri, notoire et dangereux, au profit de candidature faibles et convenues ? Je pense qu’il revient au pouvoir de clarifier sa prédisposition à réaliser une élection vraie ; c’est à lui de dire quelle catégorie de candidat autoriserait- il dans sa démocratie très contrôlée.


4/Shems Maarif : Quels rapports entretenez-vous avec les partis de l’opposition notamment l’UFP, le RFD qui ont engagé un dialogue avec le pouvoir ?

     
BDA : Nous en tant que courant de l’opposition, comme toutes les fractions qui l’animent, gardions des relations de concertation et de coordination avec ces deux partis, au titre de de notre rejet commun du dernier scrutin au suffrage universel mais, à notre grande surprise, nos alliés sont brusquement revenus, d’une pêche nocturne avec, au fond du filet, un accord de connivence générale, entre le gouvernement et eux, sur le fondement de mots d’ordre et d’intention forts louables; aujourd’hui, les voici partenaires de l’Insaf, donc, membres de la majorité, c’est-à-dire comptables de son bilan et de ses erreurs. 


5/Shems Maarif : Le président du parti SAWAB sous les couleurs duquel vous êtes élus à l’Assemblée nationale pour la seconde fois a écrit sur sa page FACEBOOK un commentaire très critique à l’égard des propos du président GHAZOUANI concernant la France partagez-vous ces propos ?  Vous engagent-ils ?

BDA : De prime abord, il est de notoriété publique que les liens du parti de mes compagnons de Rag à ceux de Sawab, concernent plutôt les élections. Les membres du Rag n’ont pas intégré le parti Sawab et Sawab réciproquement. Certaines personnalités du Sawab, ne cachent pas leurs hostilité et allergie à davantage de rapprochement avec le Rag. En vérité, l’idéologie des uns et des autres ainsi que leurs choix et priorités divergent, quant au fond et de manière décisive.  
C’est pourquoi, en vertu d’une certaine forme de coordination électorale, le Rag hors-la-loi ne pouvait se présenter au vote que sous le label, le couvert d’une entité reconnue ; alors, d’entente commune, sans drame ni épanchement, les deux partis développent chacun sa stratégie, ses positions et ses discours, en toute autonomie. Par exemple, le Rag s’est retiré, en mai 2022, du dialogue concocté par le président Ghazouani lorsque nous avons été trahis ; or, Sawab est resté siéger avec d’autres partis jusqu’à ce que le président Ghazouani mette un terme à l’expérience, sans consulter ses partenaires du moment. Lorsque le Chef de l’Etat et son ministre de l’Intérieur initiaient un autre dialogue à la veille des dernières élections locales et législatives anticipées, ils avaient pris le soin préalable de le restreindre à un format excluant les courants d’opinion non-autorisés ; Sawab, en toute indépendance et liberté, participa au rendez-vous. Concernant le libellé de votre question, nous assumons nos critiques à l’endroit du président Ghazouani et le parti Sawab formule les siennes propres, ceci n’est pas un problème et c’est un fait connu de tous. Par ailleurs, nous sommes entièrement d’accord avec le ministre de l’Economie, Abdessalam Mohamed Saleh, quand il rappelle que le Français est une langue d’innovation scientifique, qui fait désormais partie de nos patrimoine et personnalité culturelle ; avec l’Arabe, le Français reste notre langue de travail et d’ouverture sur le monde et d’acquisition des sciences. Je pense, pour ma part, que le véritable impérialisme qui nous a défiguré sur le plan culturel et religieux et mis en danger, à long terme notre sécurité physique et culturelle, c’est l’hégémonie wahabite ; nous dénonçons son emprise sur la vulnérabilité sociale, ses projets de domination du monde, d’occultation perpétuelle des femmes et  l’inclination de ses disciples à appliquer, le droit musulman de l’esclavage ; à cause du pétrodollar et du délire arabiste, nous avons été déracinés de chez nous, notre Islam tolérant a cédé la place aux pratiques rigoristes, ô combien étrangères à notre mémoire; le radicalisme et l’extrémisme violent nous ont infiltré, cassé notre mode de vie, la dénomination de nos paysages et lieux-dits et notre toponymie ; même les prénoms de nos enfants sont maintenant importés de la chanson de variété et du cinéma de l’Orient sémite. L’hégémonie culturelle en Mauritanie vient de l’Orient ; à l’image des relations entre nos élites tribales et quelques puissants personnages du Golfe et du Bosphore, elle prend un visage si familier et banal que l’on finit par l’ignorer, comme une évidence. De mon point de vue, la France ne représente aucun danger culturel en Mauritanie. Nous pensons aussi, que dans le monde actuel, devenu un village unique, avec des défis très grands, multiples et variés, tous les pays du monde, et surtout le nôtre, ont besoin de la proximité de grandes nations, dont certaines valeurs cardinales fondent notre lutte et la marqueront toujours ; je pense, ici, à la liberté et à l’égalité. La France et les Français en font partie.


6/ Shems Maarif : Un commentaire sur le procès de l’ancien président Mohamed OULD ABDEL AZIZ.


BDB : Nous pensons que ce procès pouvait être une énorme opportunité pour la Mauritanie, n’eussent était la flagrance d’une procédure ciblée, l’arrangement de l’impunité et la poursuite de la corruption, de la gabegie et du pillage, sous l’ère de son successeur. Je qualifierait, ce procès, de « gâchis »…


7/ Shems Maarif : Vous avez eu un entretien avec l’ambassadeur de l’Union européenne, quel était l’objet de cette rencontre ?


BDA : J’étais reçu par son Excellence l’ambassadeur de l’Union européenne (Ue) à Nouakchott, en compagnie des présidents des Fpc, Samba Thiam et du président du Rag, Oumar Yali; l’entretient s’est articulé autour d’échanges sur les questions de l’État de droits et des droits humains.


8/ Shems Maarif : Mr Samba Thiam président des FPC était présent lors de cet entretien, il était également à vos côtés lors de la visite de Mr Andres Morana directeur du bureau chargé de la Mauritanie au Département d’Etat américain peut-on parler d’un rapprochement entre vous ?


BDA : Franchement parlé, et vous pouvez remonter le fil de notre existence, dès la naissance d’IRA et de Rag, nous avons toujours été engagés jusqu’au bout, en discours et actes, dans la promotion des causes justes. Samba Thiam est parmi les portes flambeau légitimes de la plupart de ces causes. Nous nous n’avons jamais été loin ni des victimes de l’injustice ni des porteurs de leur revendication. 


9/ Shems Maarif : Un mot pour la Palestine
BDA : Si l’Occident ne se ressaisit pas de la pente glissante et dangereuse où l’entraîne le fasciste Netanyahu et sa bande de tueurs, le monde dit libéral et libre va devoir entamer son déclin mortel que le glas conclut. Vive le Peuple de Palestine, Vive la solution à deux États !
Merci

• Lien média https://shemsmaarif.info/?p=3750

● L’événement EMiFo à la SOAS Université de Londres – 24/10/2023 | Le Mot du Blog [Vidéo et Photos]

La contribution du blogueur Koundou Soumare

À l’université de Londres, une conférence publique s’est tenue sous le thème « l’activisme anti-esclavagiste en Afrique de l’ouest » du 23 au 24 octobre 2023. Une activité organisée par le programme EMiFo https://www.slaveryforcedmigration.org/ sous la direction de Dr Marie Rodet de l’université SOAS et ses partenaires.

La soirée du 24 octobre a été consacrée à une communication de votre « serviteur » blogueur Koundou Soumaré, une projection d’un film de Dr Lotte Pelckmans (Universitaire à Copenhague) et du visionnage d’un film de dessin animé de Dr Marie Rodet. Les contenus diffusés et commentés sont axés sur la dynamique militante anti-esclavagiste (contre l’esclavage par ascendance) en Afrique de l’ouest. Le mouvement d’éveil abolitionniste Ganbanaaxun Fedde a fait l’objet d’un cas illustratif dans les différents échanges. Il faut noter la présence des représentants de l’association Donkosira du Mali et d’un militant abolitionniste soninké de Mauritanie vivant à Londres, M. Samba Diallo.

• Ci-dessous un photo-reportage :

Londres 25 octobre 2023

KS pour le BLOG

● Communiqué de presse du mouvement Ganbanaaxun Fedde (Collectif) sur le rapport onusien sur la Mauritanie

À l’occasion de la publication et de la présentation des travaux du Rapporteur spécial sur les formes contemporaines d’esclavage au Conseil des droits de l’homme, nous avons pris connaissance avec beaucoup d’attention la teneur du rapport concernant la Mauritanie. Ainsi, la visite effectuée par monsieur Tomoya Obokata a été pertinemment détaillée au cours de la Cinquante-quatrième session du Conseil (11 septembre – 6 octobre 2023), point 3 de l’ordre du jour : « Promotion et protection de tous les droits de l’homme, civils, politiques, économiques, sociaux et culturels, y compris le droit au développement »

Nous saluons la pertinence du diagnostic établi sur la situation générale de notre pays et les recommandations d’une grande importance que nous espérons, seront prises en compte fermement par nos hautes autorités avec beaucoup de célérité.

Dans ce rapport très fourni, les points 29 et 30 nous exposent les réalités de l’esclavage sous toutes ses manifestations assimilées au sein de nos communautés nationales. Lire comme suit leur substance :


« ● 29. L’esclavage existe au sein des communautés arabophones (Maures) et négro-mauritaniennes (Soninké, Wolof et Peuls). La communauté maure se compose de deux groupes, les Beydanes, groupe dominant d’origine arabo-berbère, et les Haratines, descendants d’esclaves originaires des communautés noires du sud de la Mauritanie, qui partagent une culture commune avec les Beydanes. Les Haratines sont soumis à l’esclavage traditionnel depuis toujours, bien que cette pratique soit peut-être moins répandue aujourd’hui que par le passé. Même en l’absence de liens formels de « propriété », de nombreux Haratines restent économiquement, socialement et culturellement dépendants des personnes qui les ont longtemps réduits en esclavage, car ils n’ont pas d’autres solutions économiques viables et sont victimes de discriminations multiples.

● 30. Dans les communautés négro-mauritaniennes, le système de castes maintient les descendants d’esclaves dans une situation de dépendance économique, sociale et culturelle vis-à-vis des membres des castes dominantes, comme on le voit par exemple chez les Soninké. Le Rapporteur spécial a rencontré des membres de castes opprimées qui lui ont dit qu’ils étaient toujours dépendants des castes dominantes pour accéder à la terre et aux infrastructures collectives essentielles, comme les points d’eau et les marchés, se heurtaient à la ségrégation dans les lieux de culte et étaient exclus de toute participation aux décisions d’intérêt collectif. D’après les témoignages reçus par le Rapporteur spécial, cette discrimination est exacerbée lorsque les membres des castes opprimées rejettent l’identité d’esclave que leur imposent les castes dominantes. Lorsqu’ils tentent de dénoncer la discrimination illégale dont ils font l’objet auprès des autorités et des instances locales, au mieux, rien ne se passe, au pire, ils sont victimes de menaces, de harcèlement et de violence. Dans bien des cas, il existe clairement une situation de contrôle, de coercition et de dépendance. »

Le propros est plein de justesse en nommant les violations graves des droits humains liées à l’esclavage par ascendance dans nos communautés, notamment dans la société soninké. Ainsi relevé par l’émissaire onusien lors de sa visite et dans sa présente communication, l’esclavage par ascendance doit être pris sérieusement en compte dans les décisions et initiatives étatiques pour l’abolir définitivement avec l’adaptation de l’arsenal juridique aux réalités en questions. Le système de castes porte le noyau toxique et discriminatoire de ces réalités sociales qui sévissent avec une certaine impunité quasi complice.

Nous réitérons notre appel aux hautes autorités, aux institutions para étatiques (CNDH, Commissariat aux droits de l’homme…) et à l’ensemble de la société civile militante, pour qu’un débat public s’ouvre sur cet esclavage par ascendance et le système discriminatoire de castes. Ces phénomènes nuisent foncièrement aux liens sociaux et communautaires et portent atteinte gravement à la cohésion nationale.

En lien le rapport complet : https://reliefweb.int/report/mauritania/visite-en-mauritanie-rapport-du-rapporteur-special-sur-les-formes-contemporaines-desclavage-y-compris-leurs-causes-et-leurs-consequences-tomoya-obokata-ahrc5430add2

17 octobre 2023

Ganbanaaxu Fedde Mauritanie, Armepes-France et partenaires

● Mauritanie : cet esclavage qu’on ne saurait voir [IRA-Mauritanie]

Initiative de Résurgence Abolitionniste(IRA)
Communiqué :

Mauritanie : cet esclavage qu’on ne saurait voir
https://reliefweb.int/report/mauritania/visite-en-mauritanie-rapport-du-rapporteur-special-sur-les-formes-contemporaines-desclavage-y-compris-leurs-causes-et-leurs-consequences-tomoya-obokata-ahrc5430add2
Nous le dénonçons tous les jours et faisons, de son éradication, le combat de notre vie : l’esclavage en Mauritanie existe, malgré les dénégations des auteurs et de leurs complices. La posture de la fermeté implique notre diabolisation par le pouvoir d’Etat et l’assise conservatrice dont il tire sa force dans la société. L’acharnement sans précédent contre le mouvement abolitionniste et citoyen revêt plusieurs formes et ainsi se renouvelle, non sans adopter, à titre de constance, la mauvaise foi et la diversion.
Pourtant, le Président de la République, Mohamed Cheikh Ghazouani, avançait avec nous sur le plan du dialogue et de l’apaisement entre le gouvernement et la société civile indépendante et active. Or, brusquement, son camp et lui se braquèrent lorsque l’Initiative de résurgence abolitionniste en Mauritanie (Ira) rencontra le Rapporteur spécial des Nations-Unies sur les formes contemporaines d’esclavage ; durant l’entretien, notre association exposa, fidèlement, selon ses habitude et vocation, l’actualité des inégalités de naissance et leur fondement religieux-racialiste. L’audience de mai 2022, portait sur l’esclavage, le système de castes, les formes de dépendance assimilées et l’impunité globale qui vise, d’abord, les descendants d’africains subsahariens.
L’aile dure, suprématiste et obscurantiste du pouvoir a convaincu, le Chef de l’Etat, de rompre le dialogue, avec Ira, s’agissant du défi de défense et de promotion des droits humains en Mauritanie. La rupture unilatérale entraîna une régression, qui désormais se présente en retour au point de départ, avec son lot de harcèlement, de soupçon et de brutalité policière. Le ministre de l’Intérieur, représentant de la réaction au sein du régime, porte la responsabilité de la dégradation en cours. Voici quelques conséquences :
1. Nos manifestations, autorisées ou non autorisées – c’est le cas le plus souvent – sont violemment réprimées ;
2. Notre Ong Ira est exclue des activités officielles tant qu’elles traitent de la dignité de la personne ; quand notre vigueur initiale outrepasse le seuil de pensée et d’action arbitrairement défini par les maitres d’hier, ceux-là nous réputent extrémistes, voire racistes. N’est-ce pas ironique ?!
3. Nos militants et sympathisants sont traqués, surveillés, espionnés en Mauritanie et à l’étranger, y compris le député Biram Dah Abeid.
Confirmation de la légitimité de notre combat par les instances Onusiennes
En dépit d’un tel luxe d’obstruction et de malveillance, le Conseil des droits de l’homme des Nations-Unies, lors de sa 54ème session consacrée à la promotion et à la protection de tous les droits de l’homme, civils, politiques, économiques, sociaux et culturels – y compris au développement – a relevé, sans ambigüité, que l’esclavage persiste dans les communautés arabophones (Maures) et négro-mauritaniennes (Soninké, Wolof et Peuls). D’ailleurs, le rapport sacrifie au détail : « La communauté maure se compose de deux groupes, les Beydanes, groupe dominant d’origine arabo-berbère, et les Haratines, descendants d’esclaves originaires des communautés noires de la Mauritanie, qui partagent une culture commune avec les Beydanes. Les Haratines sont soumis à l’esclavage traditionnel depuis toujours, bien que cette pratique soit peut-être moins répandue aujourd’hui que par le passé. Même en l’absence de liens formels de « propriété », de nombreux Haratines restent économiquement, socialement et culturellement dépendants des personnes qui les ont longtemps réduits en esclavage, car ils n’ont pas d’autres solutions économiques viables et sont victimes de discriminations multiples »
Parlant de la même réalité à l’intérieur des communautés négro-mauritaniennes, le rapport Onusien souligne : « Le système de castes maintient les descendants d’esclaves dans une situation de dépendance économique, sociale et culturelle vis-à-vis des membres des castes dominantes, comme on le voit par exemple chez les Soninké ».
Le document précise, également « qu’on observe de nombreuses formes contemporaines d’esclavage en Mauritanie, notamment le travail forcé, l’exploitation par le travail et la servitude domestique. Ces formes d’esclavage concernent les Mauritaniens, quelle que soit leur origine, ainsi que les migrants ».
La teneur du texte Onusien conforte notre lutte car il reconnaît, explicitement, l’existence de l’esclavage en Mauritanie. Hélas, la dénonciation des abus nous a valu la haine, l’humiliation, la prison et même l’exil, pour certains. Il est grand temps que les autorités Mauritaniennes arrêtent d’occulter l’évidence.
La supercherie de la lutte contre l’esclavage
Tous les régimes qui se sont succédé à la tête du pays jouent l’identique stratagème de l’hypocrisie, face aux organisations internationales. En effet, voilà un Etat qui nie l’existence de la servitude de caste et, dans le même temps, mène un combat inique contre les activistes de l’égalité, tout en votant des stipulations de répression de l’esclavage ! Les autorités poussent le cynisme jusqu’à créer des chambres spéciales en charge d’appliquer les lois en question….
Aux fins de tromper les instances internationales des droits de l’homme, la Mauritanie fabrique une panoplie d’institutions de l’enfumage : commission nationale des droits de l’homme, commissariat aux droits de l’homme, mécanisme national de prévention de la torture, instance nationale de lutte contre la traite des personnes et le trafic illicite des migrants, médiateur de la République et bien d’autres sinécures dont la distraction du public constitue l’unique finalité. L’ensemble des paravents précités tombe aux mains de personnes connues par leur acclimatation biberonnée à l’emploi fictif, source de confort et d’immunité. En contrepartie des privilèges indus, chacune se charge de remplir sa part du faux, du dénigrement et de l’esquive. Il s’agit de coquilles vides à l’adresse de diplomates et de membres d’institutions internationales que leur bonne foi prédispose à la crédulité. Néanmoins, la déclaration du rapporteur onusien, publiée à Genève pendant le Conseil des droits de l’homme des Nations-Unies, lors de sa 54ème session, de surcroît en présence d’une délégation officielle de la Mauritanie, est venue, dans ses grandes lignes, tarir la source du mensonge, du moins l’instant d’une sidération, avant le réveil des contrefacteurs.
Au scandale soigneusement tu par la presse du système, s’ajoute le constat de procès bien ciblés ou les accusés, certes justiciables de « crimes contre l’humanité », comparaissent libres ou in absentia. Au terme du jugement, instruction est donnée, à toutes les forces de police et de sécurité, de ne jamais arrêter ni même signaler le prévenu. Cependant, la sentence destinée à envoûter la communauté internationale est largement diffusée. Quand l’énoncé de la peine atteint 10 années de réclusion criminelle, le condamné sort de prison, 2 à 3 mois plus tard, après que le gouvernement a exploité la médiatisation de la sentence. L’étranger floué l’ignore, l’opinion locale s’installe dans l’indifférence et le tour est joué !
Le projet de loi karama, autre épisode de la dissimulation
Le 6 octobre 2023, un groupe d’expertes de l’ONU critiquait, pendant une conférence de presse à Nouakchott, le «déni» des violences du genre, en Mauritanie. Mme Meskerem Geset Techane, présidente adjointe du groupe de Travail des Nations unies sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles, l’a qualifié de problème le plus grave. Non sans courage, malgré les insultes et les menaces de pseudo-journalistes pro gouvernement et d’inspiration daeshienne, elle trouva les mots justes, sans surenchère ni complaisance.
Des parlementaires et des « érudits », souvent proches du pouvoir, montèrent au créneau pour dénoncer le texte qu’ils jugent contraire à la loi islamique et à la Constitution. Avec l’aval d’une aile conservatrice du gouvernement et des affidés de l’Etat profond, des manifestations pullulaient, partout sur le territoire, afin d’intimider les associations des droits de l’homme et d’étouffer la voix de l’émancipation.
Nous dénonçons, ici, la très forte probabilité d’un complot visant à dire, aux partenaires onusiens et du monde libre, « exonérez-nous de cette norme encombrante sinon, en l’adoptant, nous nous exposons aux foudres de Daesh et d’Alqaida » ! D’ailleurs, le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, au cours du dernier conseil des ministres, vint rassurer le bloc historique, en affirmant que «rien ne sera fait qui soit contraire à la charia » ; il évoque la même charia de Mauritanie dont les livres codifient l’esclavage, la minorité de la femme et sa chosification.
Dans le domaine des droits humains et de gouvernance vertueuse, la sincérité du gouvernement reste à prouver. Il navigue toujours au fond des eaux troubles de l’ambivalence et de la quête de financements, loin de consentir la moindre contrepartie, en termes de réalisation. Aux amis et alliés stratégiques de la Mauritanie d’en tirer l’amère leçon : dans ce pays, le sérieux est pénurie ; derrière quasiment tout ce qui s’y affiche, sous les oripeaux de la solennité, avance une menterie masquée…


Nouakchott, 16 octobre 2023

● Foncier en Mauritanie : la Fondation Sahel Explique la loi 83-127 portant réforme agraire aux ayants-droits

Madar – La Fondation Sahel, en partenariat avec le projet Voice a organisé samedi 14 octobre une formation au profit des ayants droit sur la loi 83-127 portant réforme agraire en Mauritanie.

« Elle a pour but de doter les victimes de l’esclavage foncier spoliées leurs terre des outils de lutte et d’accès à leurs droits », a indiqué le Président de la Fondation Sahel M. Brahim Bilal Ramdhane. Une conférence a été présentée par Dr Ali Ould Douh qui a expliqué le cadre réglementaire, ainsi que le suivi des litiges immobiliers et les procédures procédurales suivies sur le terrain.

Professeur aux universités de Noaukchott et d’Aioune, Dr. Douh a abordé les problèmes les plus importants posés par les litiges fonciers. Il a exposé les moyens pour les résoudre.

Selon lui le rôle du pouvoir judiciaire et de l’administration dans leur résolution de ces litiges ainsi que la sagesse doivent être mis en avant dans la gestion des conflits avec pour but de d’établir les droits et expliquer les décisions rendues concernant les litiges fonciers.

Pour sa part, le Président de la Fondation Sahel, Brahim Bilal Ramdhane, a cité quelques exemples de litiges fonciers et des dossiers pendants devant la justice et les autorités compétentes.

Il a conseillé aux titulaires de droits la nécessité de les doter d’une culture juridique dans le domaine et de solliciter l’assistance de spécialistes. Il a recommandé notamment le recours à des juristes et avocats afin de régler les problèmes liés aux litiges fonciers, en particulier ceux liés à l’exploitation des terres agricoles.

Destinée aux ayants-droits, cette formation a permis à la Fondation Sahel de leur expliquer la loi et de leur faire comprendre les moyens de la faire appliquer. Il a été notamment question de mieux expliciter les procédures d’obtention des terres cultivables.

● Source en lien https://cridem.org/C_Info.php?article=769175

● Notre Blog à la soutenance de notre compatriote Cheikh Tijani Gueye | À Paris – Nanterre

Mercredi 11 octobre 2023 à l’Université Paris – Nanterre, vers 14H15 les riches échanges ont commencé par le mot introductif de la directrice de Thèse, Mme Soazick Kerneis.

L’intitulé de la thèse est : Le Processus inabouti de l’Abolitionnisme en Mauritanie. Inventaire des droits humains à travers le Droit et l’Histoire.

Notre frère et compatriote a, avec un calme de référence, brossé les circonstances et le fond sommaire de ses travaux aujourd’hui exposés publiquement à l’appréciation du jury. Par la suite, les échanges avec les membres de ce dernier, ont été l’occasion d’une brillante communication de l’impétrant sur sa production universitaire reunie durant ses recherches. Très informative et exploratrice selon les dires de certains membres du jury, la thématique de la thèse suscite un grand intérêt socio politico-juridique. Un travail « très intelligent et courageux » comme l’a remarqué un membre du Jury, fait un pertinent décryptage sourcé sur les problématiques identitaires et politiques, et l’histoire de l’engagement abolitionniste liées à la l’ensemble communautaire haratine de Mauritanie.

Après l’exposé et les recommandations d’usage du jury, le public est demandé à se retirer. Au retour, la délibération acte et valide la qualité de Docteur à notre compatriote. Ici je tiens à lui renouveler mes fraternelles et amicales félicitations. Lui souhaitant une excellente continuation dans ses projets professionnels. C’est encore l’expression de la riche substance intellectuelle mauritanienne notamment de la diaspora qui fait honneur par ce louable apport académique.

Ci-dessous quelques photos lors de l’événement comme vous y étiez :

KS pour le BLOG

● Communiqué de presse Hommage à la présidente Fatimata Mbaye – [IRA-Mauritanie]

Initiative de Résurgence Abolitionniste(IRA)

Communiqué de presse
Hommage à la présidente Fatimata Mbaye

Initiative de Résurgence Abolitionniste (IRA) se félicite et félicite les organisations et activistes des droits de l’Homme en Mauritanie à l’occasion de la nomination de la présidente Fatimata Mbaye à l’occasion de sa nomination par le secrétaire général des Nations-Unies comme membre du Conseil d’administration du fonds des contributions volontaires des Nations-Unies sur les formes contemporaines d’esclavage. IRA souhaite beaucoup de succès à maître Fatimata Mbaye, défenseuse déterminée, pleine de constance et d’abnégation contre des différentes et multiples violations des droits et dignité de personnes en Mauritanie. La présidente de l’AMDH (Association Mauritanienne des Droits de l’Homme) a été non sans courage et désintéressement total, avec toutes les victimes dont les nombreuses vagues de détenus d’opinion parmi les rangs de l’ONG IRA au fil des années.
Nous remercions vivement les différentes instances des Nations-Unies dont le secrétaire général, de cette reconnaissance très largement méritée.

Nouakchott, 10 octobre 2023

La commission de la communication

● Flash info | L’avocate mauritanienne Fatimata Mbaye nommée dans une instance onusienne sur l’esclavage

L’information est parue ce 9 octobre 2023 dans la page Facebook UN Human rights – Mauritanie https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=703348801827093&id=100064559387578 . La célèbre avocate mauritanienne très avisée sur les questions liées à l’esclavage et ses manifestations, Maître Fatimata Mbaye est nommée par le SG des Nations unies « comme membre du conseil d’administration du fonds des contributions volontaires sur les formes contemporaines d’esclavage » selon la teneur de la publication.

Une promotion bien méritée pour une pertinente et constante porte-voix des causes justes en Mauritanie. Elle est largement félicitée par la sphère 2.0 de l’opinion publique mauritanienne pour cette nomination.

Nous lui souhaitons un très bon mandat avec plein de succès dans ses missions dédiées.

Ci-dessous l’intégralité du post Facebook : « Félicitations à Maître Fatimata Mbaye pour sa nomination par le Secrétaire General des Nations Unie comme membre du conseil d’administration du fonds des contributions volontaires des Nations Unies sur les formes contemporaines d’esclavage. Son mandat de trois ans a débuté le premier octobre 2023. Nous lui souhaitons beaucoup de succès dans ses fonctions et ce role très important.

Grâce à ses subventions accordées aux organisations de la société civile, le Fonds permet à des milliers de femmes, d’hommes et d’enfants victimes de l’esclavage dans le monde de bénéficier entre autres d’une assistance humanitaire, psychologique, sociale, juridique, médicale et financière. »

KS pour le BLOG

● Mauritanie : Discriminations, obscurantisme, duplicité

Le CalameA. Saad Bouh ould Tourad, 35 ans, marié 4 enfants

Arrêté depuis le 12 juillet 2023 par la police d’Atar (centre nord de la Mauritanie), il sera jugé et condamné, le 11 septembre 2023, à 3 ans de privation de liberté, devant le tribunal de première instance de la ville où il purgeait sa détention préventive.

Les charges retenues contre lui sont « atteinte à la prière de vendredi, aux salutations sur le Prophète et non-respect des symboles islamiques » ; la dernière mention désigne la mosquée. Saad Bouh est incarcéré, à la prison civile du chef-lieu de la région de l’Adrar, en compagnie des délinquants. Un moment fermé, son site touristique, parmi les plus appréciés, accueille, de nouveau, la clientèle.

Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, le futur prévenu plaisantait, avec ses amis, quand ils l’invitaient à l’exercice de la dévotion hebdomadaire. Il déclarait : « j’y vais pour faire plaisir à cette délégation venue me voir ; je veux savoir ce qu’il m’arrivera de nouveau mais à la condition de ne pas m’acquitter de plus de deux prosternations ».

A la remarque de son compagnon qui authentifie le chiffre cité, il réplique, sur le ton de la taquinerie : « ah, j’ai peur que ce soit 6 ou 7 ». Saad Bouh n’a pas nié les faits à lui reprochés mais conteste leur pénalisation…

B. Marieh mint Cheikh ould Awbed, 19 ans, célibataire, sans progéniture

Enlevée, du domicile de ses parents à Atar, le 18/07/2023 à 14h 17mn, par des éléments de la brigade de gendarmerie, elle est déférée, à Nouakchott, dès après 19h. Les griefs retenus à ses dépens s’intitulent « atteinte à l’intégrité morale du prophète », autre qualification du blasphème. Le lieu de détention demeure indéterminé et elle ne dispose d’avocat, pas même commis d’office. Un enseignant chargé de la correction des épreuves du baccalauréat technique, lui avait imputée une copie de dissertation insultante envers le Messager de l’Islam.

De son propre chef, le témoin diffuse la copie du texte manuscrit, sur l’application Facebook et déclenche, ainsi, une campagne de haine et d’appels au meurtre, réclamant l’exécution de la susdite. Quelques jours plus tard, le dénonciateur se retrouve lui aussi aux arrêts, pour avoir propagé un écrit anti-religieux. Marieh, réputée élève autiste, réfute l’accusation et revient sur les aveux extorqués sous la pression des enquêteurs, en l’absence d’assistance judiciaire. Elle attend son procès et encourt la liquidation physique.

C. Youba Siby ould El Ghoth, 49 ans, marié, 4 enfants

Il fut interpellé, le 15 septembre, par la police du Sénégal, dont il est citoyen ; l’activiste, auteur d’envolées radicales contre les survivances de l’esclavage et la supériorité envers les africains subsahariens de Mauritanie, est aussitôt livré, aux autorités de son pays d’origine.

Depuis, sans possibilité de communiquer avec sa famille ou d’un éventuel conseil, il séjourne, à l’isolement, dans les locaux de la Direction générale de la sûreté nationale (Dgsn), au centre de la capitale, Nouakchott. Il est reproché à Youba Siby, des audio sur les groupes de discussion WhatsApp où il s’en prend, nommément, à des personnalités de l’Etat et à leurs familles.

Son inculpation est imminente, en vertu de la loi n° 2018-023 du 21 juin 2018 portant incrimination de la discrimination. Selon nombre d’associations de défense de la dignité humaine, le texte assimile, la contestation de l’ordre établi, aux discours de stigmatisation et d’appel à la violence.

Il importe de le préciser, la facilité avec laquelle le gouvernement du Sénégal livre l’un des ressortissants à un Etat tiers, relève, semble-t-il, de la réciprocité ; ainsi, le 5 août 2023, la Mauritanie, à la demande du parquet de Dakar, extradait Maître Juan Branco, avocat de l’opposant Ousmane Sonko. Dans les deux cas, il a été constaté l’usage des menottes, pendant le voyage, jusqu’à destination.

Observations :

1. Les trois justiciables sont des Hratine, le groupe des descendants d’esclaves, sans doute le plus important, du point de vue de la démographie. Située au plus bas de la stratification de caste, bien en dessous de divers cadets sociaux tels les tributaires, les forgerons-artisans et les griots, la main d’œuvre servile aspire à sa pleine émancipation, d’où la récurrence de son frottement conflictuel au statu quo. Cependant, en comparaison des multiples composantes de la société, les Hratine demeurent vulnérables à l’application du droit. L’ensemble des statistiques disponibles témoigne de leur surreprésentation au sein de l’espace carcéral. De surcroît, les pratiques de l’esclavage traditionnel ayant été validées et perpétuées, durant les siècles, à partir de la doxa sunnite de rite malékite, la contestation d’une telle source entraîne la remise en cause, par les victimes, de l’usage du sacré au service de leur relégation.

2. A la différence du Sénégalais Youba Siby, Saad Bouh et Marieh, citoyens mauritaniens, sont poursuivis selon les prescriptions de l’article 306 du code pénal 1. Tel que révisée puis adoptée, le 27 avril 2018, au terme du vote des députés, la norme « prévoit que tout musulman coupable d’apostasie ou de blasphème sera condamné à mort dès son arrestation sans possibilité de formuler une demande de clémence fondée sur le repentir 2 ». D’ailleurs, des aliénas sanctionnent, d’un châtiment identique, le refus de prier ou l’atteinte à la réputation des anges (sic).

3. La Mauritanie, alliée du Monde libre, destinataire de son aide au développement et îlot de stabilité en Afrique, reste, pourtant, l’une des dernières aires d’Afrique et du monde arabe où les inégalités de naissance et leur legs de différences statutaires imprègnent la sociabilité de tous les jours. Singularité supplémentaire, ce membre de la coalition antiterroriste G5 Sahel, – dont le territoire abrite le Secrétariat exécutif et le collège de formation – s’est doté des mêmes lois que les franchises sahéliennes d’Alqaïda et de l’Etat islamique. Si l’une des deux y prenait le pouvoir, elle s’abstiendrait, certainement, de durcir l’arsenal juridique. A Nouakchott, le droit et les tribunaux sont prêts à accueillir l’avènement du Califat.

Liens connexes

https://www.hrw.org/fr/news/2020/10/19/mauritanie-liberer-des-activistes….

https://www.lefigaro.fr/flash-actu/mauritanie-l-ex-condamne-a-mort-pour-

https://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/11/17/mauritanie-le-blasphem…

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1 « « Toute personne qui aura commis un outrage public à la pudeur et aux mœurs islamiques ou a violé les lieux sacrés ou aidé à les violer, si cette action ne figure pas dans les crimes emportant la Ghissass ou la Diya, sera punie d’une peine correctionnelle de trois mois à deux ans d’emprisonnement et d’une amende de 50.000 à 600.000 ouguiya (soit 1428 euros, ndt). Chaque musulman, homme ou femme, qui se moque ou outrage Allah ou Son Messager (Mahomet) – Paix et Salut sur Lui – ses anges, ses livres ou l’un de ses Prophètes est passible de la peine de mort, sans être appelé à se repentir. Il encourt la peine capitale même en cas de repentir. Tout musulman coupable du crime d’apostasie, soit par parole, soit par action de façon apparente ou évidente, sera invité à se repentir dans un délai de trois jours. S’il ne se repent pas dans ce délai, il est condamné à mort en tant qu’apostat, et ses biens seront confisqués au profit du Trésor. Toute personne coupable du crime d’apostasie (Zendagha) sera, à moins qu’elle ne se repente au préalable, punie de la peine de mort. Tout musulman majeur qui refuse de prier tout en reconnaissant l’obligation de la prière sera invité à s’en acquitter jusqu’à la limite du temps prescrit pour l’accomplissement de la prière obligatoire concernée. S’il persiste dans son refus jusqu’à la fin de ce délai, il sera puni de la peine de mort. S’il ne reconnaît pas l’obligation de la prière, il sera puni de la peine pour apostasie et ses biens confisqués au profit du Trésor public. Il ne bénéficiera pas de l’office consacré par le rite musulman ».

2 Communiqué de presse des Nations unies, « Peine de mort : des experts de l’ONU exhortent la Mauritanie à abroger la loi anti-blasphème », New York-Genève, 7 juin 2018

©️ Source en lien https://cridem.org/C_Info.php?article=768856

● Portrait « cash » du Blog | Monsieur Seyré SIDIBE, une plume journalistique au service de l’humanisme


En matière de contenu journalistique dans l’arène médiatique francophone en Mauritanie, le Directeur de publication du site Web OndeInfo fait partie de plumes percutantes et portées dans une dynamique généraliste et surtout droit-de-l’hommiste.

Le natif de Selibaby dans la région du Guidimagha (Sud mauritanien), M. SIDIBÉ est une voix humaniste qui éveille et interpelle l’opinion publique à propos de diverses thématiques sociales et politiques.

Habitué intrépide à un langage juste et futé sur les problématiques liées aux injustices sociales dans le pays et en particulier au sein de son groupe sociolinguistique, les soninké, il est un journaliste engagé qui œuvre résolument pour la promotion des valeurs citoyennes, d’égalité et pour un réel changement des mentalités.

Il dénonce inlassablement l’esclavage chez les Soninké que d’aucuns appellent féodalité ou système de caste, somme toute une légitimation de l’injustice et la discrimination dans un pays où en théorie les pratiques esclavagistes sont criminalisées.

Un tel engagement est mal vu et même combattu par les suprematistes et théoriciens de l’inégalité des hommes à la naissance. On est tenté de dire que ses prises de positions lui ont causé de torts professionnellement.

Nous lui consacrons cette modeste contribution retraçant un portrait sommaire de son poids intellectuel conséquent pour l’avènement d’une cohésion nationale et communautaire sur de références de justice et d’égalité.

Nos vifs encouragements à lui pour cet investissement droit-de-l’hommiste très louable. À lire ici jointes quelques-unes de ses publications :

https://ondeinfo.com/racisme-et-feodalite-laddition-est-trop-salee/

https://ondeinfo.com/la-lutte-contre-lesclavage-une-nouvelle-variable-electorale-et-democratique/


https://ondeinfo.com/entretien-avec-gaye-traorepresident-de-ganbanaxu-feddeentretien-avec-gaye-traore/

https://kassataya.com/2022/05/29/lapologie-feinte-de-lesclavage-par-lalibi-culturel-par-seyre-sidibe/


https://ecrit-ose.blog/2023/09/06/%e2%97%8f-le-prochain-dictateur-est-parmi-nous-par-le-journaliste-seyre-sidibe/

https://ecrit-ose.blog/2023/09/20/%e2%97%8f-le-panafricanisme-devoye-par-le-journaliste-seyre-sidibe-ondeinfo/


https://ondeinfo.com/la-primaute-de-la-condition-sociale-sur-la-langue/

https://www.chezvlane.com/De-la-linguistique-pour-expliquer-l-existence-ou-la-persistance-de-l-esclavage-coutumier-chez-les-Soninkes-du-Guidimakha_a24321.html

✍️🏿KS pour le BLOG