● Kaédi : Le ministre de l’Intérieur ouvre un atelier de formation au profit des autorités administratives et municipales des wilayas du Gorgol, du Guidimagha et du Brakna – [AMI]

—Le ministre de l’Intérieur, de la Décentralisation et du Développement local, M. Mohamed Ahmed Ould Mohamed Lemine, a ouvert samedi matin à Kaédi un atelier de formation et d’orientation destiné aux autorités administratives et municipales des wilayas du Gorgol, du Guidimagha et du Brakna.

Dans son allocution, le ministre a souligné que la réforme de l’administration publique, conformément au programme de Son Excellence le Président de la République, M. Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, repose sur la mise en place d’une administration professionnelle, moderne et efficace.

Ceci permettra la mise en œuvre effective des projets de développement et des programmes gouvernementaux et contribuera à la réalisation des transformations politiques, économiques et sociales nécessaires au progrès et à la prospérité du pays.

Il a expliqué que la modernisation de l’administration et le renforcement de ses capacités de gestion des ressources disponibles consolideront les valeurs de citoyenneté et dynamiseront le développement local.

Il a souligné que cela exige une formation continue et une meilleure compréhension des enjeux liés à la gestion administrative et au développement local.

Dans ce contexte, le ministre a indiqué que le ministère de l’Intérieur, de la Décentralisation et du Développement local a lancé un programme de formation intensif qui constitue un cadre pratique pour la mise en œuvre de la vision réformatrice du Président de la République dans le domaine de l’administration et du développement local.

Il a précisé que ce forum, dédié aux wilayas du Gorgol, du Guidimagha et du Brakna, comprend des exposés portant sur les domaines d’intervention des autorités administratives et municipales, notamment la police municipale, le contrôle de la légalité, l’aménagement du territoire, le cadre juridique de la collecte et du traitement des informations, les mécanismes de gestion des frontières, les questions environnementales et la prévention des incendies, le suivi des projets, le système d’enseignement public et l’immigration clandestine.

Le ministre a souligné que la citoyenneté et l’égalité des droits et des devoirs constituent l’essence même de l’État moderne, rappelant les déclarations répétées du Président quant à la nécessité de renforcer et de consolider les valeurs de la citoyenneté, facteur fondamental de l’unité nationale et de la cohésion sociale.

Dans ce contexte, il a appelé à l’égalité de traitement de tous les citoyens, à la lutte contre toute forme de comportement fondé sur le tribalisme, le sectarisme ou le racisme, et à œuvrer pour la réussite du système d’enseignement public, compte tenu de son rôle essentiel dans l’acquisition des valeurs de la citoyenneté et le renforcement de la cohésion sociale dès le plus jeune âge.

Le ministre a insisté sur le fait que la transparence et la lutte contre la gabegie administrative et financière sont des conditions préalables indispensables à toute réforme et à tout développement, soulignant que sans cela il ne saurait y avoir de réforme ni de développement.

Concernant les questions foncières, le ministre a réaffirmé son rejet de toute tentative d’entraver l’accès aux ressources locales et le développement par l’instrumentalisation de conflits fonciers à caractère tribal, réaffirmant que la terre appartient à l’État et que la propriété ne peut être établie pour les personnes physiques ou morales que conformément aux dispositions légales applicables.

Il a ajouté que les villages et les villes sont des communautés de citoyens qui jouissent de droits égaux et ont des devoirs égaux, et ne peuvent être considérés comme la propriété d’une tribu, d’une classe ou d’une race particulière.

En conclusion, Son Excellence le Ministre de l’Intérieur, de la Décentralisation et du Développement Local a officiellement ouvert l’atelier de formation, souhaitant aux participants plein succès et espérant qu’ils tireront profit des thèmes et du contenu abordés.

Le Président de la Région de Gorgol, M. Ba Amadou Abou, a également pris la parole à cette occasion, exprimant sa profonde gratitude à Son Excellence le Président de la République, M. Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, pour l’attention particulière qu’il porte aux wilayas et pour les progrès accomplis en matière de renforcement de la décentralisation et de soutien au développement local.

Il a affirmé que la Région de Gorgol bénéficie actuellement d’importants programmes et projets de développement qui ont contribué à améliorer les conditions de vie de ses populations et à renforcer les infrastructures et les services de base.

Il a souligné l’engagement de la région à maintenir ce rythme de développement et à collaborer avec les autorités administratives et les élus locaux pour atteindre les objectifs de développement durable et servir la population locale.

Le maire de Kaédi, M. Demba Ndiaye, a souligné dans son discours qu’il saisit cette occasion pour exprimer ses sincères remerciements et sa profonde gratitude à Son Excellence le Président de la République, M. Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, pour sa vision éclairée et ses efforts considérables en faveur de la consolidation de la décentralisation et de la réalisation d’un développement équilibré et inclusif sur l’ensemble du territoire national.

Il a ajouté que la Mauritanie est devenue un véritable laboratoire d’idées, progressant résolument vers la prospérité grâce aux grands projets d’infrastructures ambitieux qui ont été menés à bien, témoignant ainsi d’une forte volonté politique d’associer chacun au processus de développement global.

Le lancement de l’atelier a réuni des walis, des présidents de région, des hakems, des maires, des membres des comités de gestion des frontières et des responsables de la sécurité des wilayas du Gorgol, du Brakna et du Guidimagha.

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● Dr. Issa Coulibaly, président du Conseil Régional du Guidimakha : «Je m’investis contre la manipulation et pour la défense de la vérité républicaine» [Le Calame]



Le Calame — Le budget régional vient d’être rejeté. À qui incombe la responsabilité ?

Dr. Issa Coulibaly: Aucune faute budgétaire n’est en cause. Le rejet n’a strictement rien à voir avec le contenu du budget. Il résulte d’une manœuvre de pression menée par quelques élus déterminés à obtenir le rétablissement d’indemnités suspendues conformément à la loi.

Le budget 2026 a été construit dans la transparence la plus totale : cinq commissions ont été saisies dès octobre 2025 ; trois ont travaillé, deux n’ont produit aucun rapport — pas une note, pas une recommandation — notamment les commissions dirigées par Mme Gangué et M. Abderrahmane. Ces mêmes élus prétendent pourtant “défendre la Région”.

En séance, aucun élément technique n’a été soulevé. Aucun amendement n’a été proposé. Le débat n’a porté que sur leurs indemnités. Les faits sont têtus.

– Une crise institutionnelle serait en cours au Guidimakha. Que se passe-t-il réellement ?

Il n’existe aucune crise institutionnelle. Ce qui circule sur les réseaux sociaux relève d’une construction délibérée, organisée par un groupuscule d’élus pour travestir la réalité. La Région fonctionne, les services travaillent, les projets avancent.

Ce que certains présentent comme une crise n’est en réalité qu’une tentative de manipulation initiée par deux vice-présidents — M. Cheikh Mohamedou Abderrahmane et Mme Diouma Amadou Gangué — qui, depuis leur installation, n’ont jamais exercé de manière effective les fonctions que la loi leur confie.

M. Cheikh n’a jamais travaillé un seul jour dans la Région, tout en percevant 18 mois d’indemnités.

Mme Gangué, après quelques mois de présence, s’est installée entre Nouakchott et la France, rendant toute participation régulière impossible.

Lorsque j’ai rappelé l’application stricte de l’arrêté 156/2019 — qui conditionne les indemnités à l’exercice effectif — leur agitation a commencé. Non par désaccord politique, mais par défense d’intérêts personnels.

La suite est connue : fabrication de récits mensongers, diffusion de vidéos approximatives, instrumentalisation de la diaspora et mobilisation d’influenceurs extérieurs. Tout cela pour masquer un simple fait : ils refusent l’application de la loi.

-Vous parlez de responsabilités individuelles. Lesquelles ?

-Depuis juin 2023, les deux vice-présidents cités — M. Abderrahmane (AND) et Mme Gangué (UDP) — n’ont jamais assuré une présence conforme à leurs obligations. Pendant plus d’un an, j’ai privilégié le dialogue : réunions, médiations avec le Secrétaire général, compromis sur une présence minimale de dix jours par mois. Engagements verbaux jamais respectés.

Face à cette persistance, j’ai pris une décision républicaine : appliquer la loi et suspendre les indemnités. Leur fronde a commencé immédiatement.

– N’auraient-ils pas bénéficié de l’appui de certains acteurs politiques locaux ?

-Non. Ils ont rallié quelques alliés en quête d’indemnités, souvent absents du territoire — certains résidant même en France — et revendiquant des indemnités de session alors qu’ils votent par procuration.

Des alliés complaisants : Néfé Gandega (INSAF), Sidaty Ba (UDP) – installé en France – et Moussa Soumaré (SAWAB). Leur point commun ? Défendre l’idée qu’un conseiller absent, qui vote par procuration depuis la France, devrait toucher les indemnités de session de 6 000 MRU. Une théorie absurde, contraire à la loi. Aujourd’hui encore, les trois cités sont en France. Ils ont voté par procuration et exigent leur indemnité.

Le droit est clair : une indemnité de session compense la présence physique, pas l’absence. Aucune disposition ne permet de payer quelqu’un qui n’est pas sur place. Aucune.

-Quels étaient les axes majeurs du budget ?

-Un budget clair, équilibré, rigoureux. Les priorités étaient les suivantes :

-Sécurisation du parc d’équipements (17 tracteurs, camions, chargeur, accessoires) par la construction d’un hangar et d’un bloc administratif. Un patrimoine à forte valeur, indispensable à l’économie locale.

-Réhabilitation urgente du siège du Conseil, aujourd’hui dégradé, pour garantir sécurité, dignité administrative et accueil du public.

-Création d’un site institutionnel afin de renforcer la transparence, la communication publique et l’attractivité du territoire.

-Hydraulique villageoise : forages, réseaux, châteaux d’eau, énergie solaire — répondant à des demandes directes des populations.

-Périmètres agricoles pour les jeunes, équipés et modernes, pour réduire l’exode et renforcer l’autonomie alimentaire.

-Appui économique aux femmes productrices, essentiel pour la stabilité sociale et la résilience économique.

-Acquisition d’une pelleteuse-chargeur, pour renforcer nos capacités d’intervention sur les ouvrages hydrauliques et les terres dégradées.

Le trésorier régional a validé toutes les procédures. Aucune irrégularité.

Ce budget a été rejeté uniquement pour des raisons politiques et personnelles, jamais pour des raisons techniques.

-Que s’est-il passé concrètement le jour du vote ?

Ce fut un moment révélateur. Les frondeurs ne sont pas venus débattre : ils n’avaient qu’un objectif : faire pression pour recouvrer leurs indemnités.

Pas une critique technique, pas une demande d’amendement, pas une ligne discutée. Ils ont simplement constitué une coalition conjoncturelle, sans cohérence politique, dont le seul dénominateur commun était le chantage institutionnel.

Et après le vote, aucun n’a pu citer une ligne du budget qui poserait problème. Preuve supplémentaire que le budget n’était qu’un prétexte.

-Certains conseillers affirment pouvoir contrôler directement votre gestion. Que dit la loi à ce sujet?

La loi organique 2018-010 est explicite :

Le Conseil délibère ;

Le Président exécute.

La gestion n’est pas collégiale. Elle est légale, ordonnancée, encadrée.

Le contrôle de la gestion publique relève exclusivement :

_de la Trésorerie régionale,

_de l’Inspection Générale de l’État,

_de la Cour des Comptes,

_de l’Administration de tutelle.

Aucun conseiller n’a mandat pour intervenir dans l’exécution : recrutements, marchés, engagements financiers. Certains veulent transformer cette architecture en leur faveur. Je le dis clairement : c’est contraire au droit et contraire à l’esprit républicain.

-Que représente le programme d’urgence gouvernemental pour votre région?

-Une avancée historique : 20,3 milliards d’anciennes ouguiyas investis en 30 mois pour écoles, santé, hydraulique, routes, électricité, jeunesse, agriculture et pastoralisme.

Jamais le Guidimakha n’avait bénéficié d’un tel niveau d’investissement. Pendant que l’État travaille, certains cherchent à bloquer. Le contraste est clair.

-Et la coopération avec le Mali et le Sénégal dont votre région est limitrophe?

Elle est dynamique, structurante et essentielle. Le Guidimakha est un carrefour vital. Mais cette coopération ne peut fonctionner que si la Région est forte, stable, respectée. Chaque tentative interne de déstabilisation affaiblit non seulement la Région, mais aussi la position de la Mauritanie.

Qui aurait intérêt à contrarier?

-Des acteurs identifiés, installés dans les hautes sphères, utilisent leur influence pour saboter l’action régionale. Ce n’est pas de l’opposition : c’est une entreprise de déstabilisation.…pourquoi ? Parce que la Région avance. Parce que les projets sortent de terre. Parce que la population voit la différence. Leur stratégie est simple : générer du vacarme pour masquer le progrès.

Mais la population n’est pas dupée. L’histoire retiendra ceux qui construisent, non ceux qui entravent.

-Un mot de la fin?

-Le Guidimakha n’est pas en crise : il est victime d’une agitation fabriquée par ceux qui refusent l’application de la loi.

Je demeurerai fidèle à ma mission, fidèle à la République, fidèle au mandat confié par nos populations. Je ne céderai ni aux pressions, ni aux manipulations. Tant que j’exercerai cette responsabilité, aucune manœuvre ne détournera notre Région de sa trajectoire : la vérité, la loi, le développement et l’ordre républicain.

Propos recueillis par Dalay Lam

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● Mauritanie Alerte Citoyenne | APPEL CONTRE LA CRIMINALISATION DES LANCEURS D’ALERTE ET LA NORMALISATION DE L’IMPUNITÉ EN MAURITANIE .

APPEL CONTRE LA CRIMINALISATION DES LANCEURS D’ALERTE ET LA NORMALISATION DE L’IMPUNITÉ EN MAURITANIE .

En Mauritanie, l’arbitraire et l’impunité ne se cachent plus : ils s’affichent s’assument et s’inscrivent dans l’institutionnel.
Alors que les prisonniers d’hier portent toujours, à l’échine et sur les muqueuses, les traces de la torture du Jaguar et les sévices du piment, ultimes outils de l’humiliation d’État, leurs camarades et enfants, héritiers de la lutte ou passeurs, se retrouvent devant les tribunaux, au grief d’avoir dénoncé la brutalité et le mépris, reçus, en héritage.
Ainsi, à titre d’illustration, nous citons l’emprisonnement récent de Dieynaba N’diom, Baalal Sall, Moctar Keita, Mariame Bocar Sy, Moctar Diaw, Abdallah Ould Mohamed Mahmoud, Moussa Thiam, Kaaw Lô, Jemila Ahmed,  Hawa Diallo,  Moussa Soumaré,  Moctar Gourmo N’diaye (Bayal), Boudalaye Diouma Sy…Arrêtés puis relâchés, certains d’entre eux sont mis sous contrôle judiciaire et d’autres à la disposition des magistrats. Pour leur part, Demba Sall et Docteur Ba furent placés en détention préventive et expédiés, sans forme procès, à la prison d´Aleg. Les activistes passionnés de la dignité de la personne, Youssouph Kamara et Mohamed Lemine Seck, dont retenus, depuis des mois, à Nouakchott. Tous expient, ainsi, le triple « crime » de donner une voix à la vérité, refuser l’effacement de la mémoire et rappeler que les droits universels de l’individu ne relèvent pas du champ de la faveur. A ce titre, ils ne sauraient se prêter à une transaction ponctuelle où les victimes s’en tiennent aux réquisitions du statu quo, qui devient, alors, l’expression figée de l’injustice.

Hier et aujourd’hui, les tortionnaires profitent de la liberté que confère le sentiment de la toute-puissance, bien au-dessus des usages tolérables. Par-delà le principe de l’équivalence des vies dont la dignité de l’espèce humaine tire sa substance au fil des siècles, eux bénéficient d’une exception et d’une immunité en totale rupture d’avec l’attachement affiché à la République islamique.
D’aucuns vont à la retraite, sous les honneurs de la patrie reconnaissante. D’autres occupent encore des postes dans les forces de défense et de sécurité, l’administration, s’ils ne parviennent à se faire élire députés. Nombreux envahissent les cérémonies officielles et prisent les insignes. Ils sont décorés, protégés, célébrés, comme si l’affliction par eux advenue mérite la récompense d’un service rendu à la communauté de destin.

Cette logique d’impunité s’étend également à l’immense misère, faites aux femmes, de siècle en siècle. A défaut de lois pertinentes, les auteurs de viols, d’agressions sexuelles et de violences liée au genre échappent majoritairement à la sanction d’une société très patriarcale et plutôt viriliste. Le silence imposé à leurs ardentes revendications d’autonomie établit, de facto, comme norme tacite, le silence sur les souffrances infligées à la moitié de la population.
Nous rejetons la logique perverse de l’inversion des valeurs et n’admettons que l’Etat mauritanien transforme les victimes en suspects. Oui, une société qui soustrait ses tortionnaires au devoir de rendre des comptes, se condamne elle-même à répéter l’horreur.
Nous l’affirmons, haut et fort, la quête de vérité n’est pas une infraction, mais davantage un impératif moral. En revanche, sa pénalisation expose, l’ensemble des Mauritaniens, au risque mortel d’un asservissement générateur d’acrimonie puis carburant inflammable de la révolte.

Aussi, soutenons-nous pleinement les militants persécutés et exigeons leur libération, sans délai ni condition.
Nous adressons, à l’opinion publique, y compris ses segments communautaires, une exhortation à ne pas céder au découragement ni entériner la lassitude. Nous appelons toutes les forces démocratiques, les organisations de promotion des droits humains, les rescapés, les familles endeuillées et les citoyens épris de justice à se mobiliser et congédier la peur, documenter, témoigner, publier, manifester, dire leur indignation, en public, aussi bien sur le plan national qu’international et tendre la main à la solidarité de l’Étranger.

Un pays qui protège ses tortionnaires se condamne à revivre l´horreur. Un pays qui écoute ses lanceurs
d´alerte, ses fils et filles dignes et justes, ouvre enfin la voie à la vérité et à la réconciliation.
La Mauritanie ne pourra jamais se reconstruire selon le pari de l’oubli et la spéculation sur l’épuisement des Justes. À défaut d’équité et de transparence, sa réconciliation ne dépasserait, dès lors, le stade du faux-semblant, exutoire à la culpabilité honteuse, derrière quoi prospère le ressentiment et bout l’impatience légitime. Rebâtir une Mauritanie réconciliée, sûre et confiante en son avenir exige du courage moral, de la vigilance citoyenne et beaucoup de participation à l’entreprise du relèvement. Il n’y aura d’unité durable et de paix solide, sans vérité, égalité et engagement à consacrer l’inviolabilité du corps et la sacralité de la vie.

Le 10  décembre 2025 .

Les signataires :

1-Daouda Moussa Dia- Historien-chercheur- Liège-Belgique.

2-Biram Dah Abeid-Député-Nouakchott-Mauritanie.

3- Abdel Nasser Ould Ethmane Elyessa-Juriste-Paris-France.

4-Khally Mamadou Diallo-Député- Nouakchott-Mauritanie.

5-Mariem Cheikh Samba Dieng-Députée – Nouakchott-Mauritanie.

6- Balla Touré -Député- Député- Nouakchott-Mauritanie.

7- Ciré Ba -Historien-chercheur- Paris-France.

8- Ibrahima Mifo Sow-Professeur et homme politique -Cincinnati-USA.

9- Kaaw Touré -Ingénieur en planification économique et homme politique-Stockholm-Suède.

10- Mamadou Sidi Ba -Technicien supérieur en Santé et homme politique -Jackssonville-FLorida-USA.

11-Pr Oumar Moussa Ba-Professeur -Rouen-France.

12- Fara Ba-Professeur et président du collectif des rescapés, amnistiés, détenus politiques civils torturés (Cradpocit)

13- Bakary Tandia- Co-Founder, The Abolition Institute- New York city- USA.

14- Djeynaba N’diom -Sociologue et féministe- Nouakchott-Mauritanie.

15- Ousmane Abdoul Sarr -Président de l’Avomm -Militant des droits de l´homme, Mantes la ville, France.

16- Dr Alassane Dia-professeur d’université et président de Tpmn- Nouakchott-Mauritanie.

17- Dr Mamadou Kalidou Ba-professeur d’université -Essayiste, Écrivain-Nouakchott-Mauritanie.

18- Dr Cheikhna Wagué-Maitre de Conférence Titulaire en Histoire Moderne et Contemporaine et Coordinateur du Master en Sciences Historiques à l’Université Assane de Ziguinchor-Sénégal.

19- Aissata Niang dite Thilo- Collectif des veuves -New York city- USA.

20- Dr Mamadou Moussa Diaw -Médecin et Écrivain-Activiste des droits de l´homme -Thiès-Sénégal.

21- BABE Moulaye El Hassene- Activiste pour les droits de l´homme-Bordeaux-France.

22- Abdel Nasser Ould Beibe -Doctorant, activiste opposant et blogueur.

23- Adama Amadou Sow -Lead financial crimes investigator, MBA en finances, activiste des droits de l´homme -Pickerington- Ohio-USA.

24- Ibrahima Diallo dit Babayel- Enseignant, Rambouillet, France.

25- Mariame Kane- Activiste des droits humains- Paris-France.

26- Sy Boubacar – Mediateur social-Médiathèque- Paris-France.

27- Koundou Soumaré -Blogueur et militant des droits humains- Paris-France.

28- Boulaye Diakité – Socioanthropologue- Sartrouville- France.

29- Abass Diagana- Militant des droits humains- Nouakchott-Mauritanie.

30- Salka Hmeida- Activiste des droits de l´homme- Nouakchott-Mauritanie.

31- Houraye  Boye dite Souzy–  Activiste des droits humains- Paris-France..

32- Houleye Thiam-Activiste des droits humains- Columbus-Ohio- USA

33- Aissata Sidiki Ba- Activiste des droits humains- La Courneuve, France.

34- Cheikh Ahmadou Tidiane Dieng- Militant des FPC- Villeneuve le roi- France.

35- Ibrahima Wélé- Activiste des droits humains- Paris-France.

36- Sy Mamadou – Activiste des droits humains et blogueur- Paris-France.

37-Dr Hamdou Rabbi Sy-Philosophe- Paris-France.

38- Macky Ball- Activiste des droits humains- Nouakchott-Mauritanie.

39- Abou Hamidou Sy- Militant politique- Tampa-Florida- USA

40- Mohamed Abdoul Sow- Militant politique- Paris- France.

41- Dr Karim Gueye-Docteur en recherche et exploitation minière, spécialisé dans la levée géologique, recherche et exploitation- Département de l´insertion des migrants dans la région de Basse Normandie- Caen- France.

42- Amadou Ba- Militant des droits humains- Nouakchott-Mauritanie.

43- Mamoudou Baidy Gaye-Journaliste- militant des droits de l´homme, membre de l’association de la maison des journalistes, Paris- France.

44- Abdoul Aziz Dem- Journaliste- Observateur politique engagé pour la transparence et l’inclusion- Rouen-France.

45- Seidou Deme-Militant des droits de l’homme- Childress Lane Charlotte NC-USA.

46- Hamada Ould Cheikh -Activiste des droits de l’homme- Nouakchott- Mauritanie.

48- Bocar Oumar BA – Anthropologue Sociologue et homme politique- Strasbourg- France.

49- Mahamadou Sy-Écrivain (l´auteur de l’Enfer d’Inal) – Paris- France.

50- Colonel Sidi Bilal Sidi -Militant des droits humains et abolitionniste-Nouakchott-Mauritanie.

51- Abou Sarr collectif Inal- Militant des droits humains- Paris-France.

52- Kane Alhousseinou-Activiste des droits de l’homme- La Courneuve-France.

53- Saidou Abdoulaye Ba -Écrivain – Nouakchott- Mauritanie.

54- Amadou Seck -Homme de médias- Nouakchott- Mauritanie.

55- Abdoul Aziz Kane- Activiste des droits de
l´homme- Nouakchott-Mauritanie.

56- Hashim Diacko- Activiste des droits de l´homme- Nouakchott-Mauritanie.

57- Djibril Tène Youssouf Gueye- Administrateur de régie financière- Nouakchott- Mauritanie.

58- Pr Sow Abdoulaye Doro dit Samba- Sociologue – Activiste des droits de l´homme Nouakchott – Mauritanie.

59- Ndiaye Saidou Amadou dit Gelongal Fouta -Écrivain -poète et chercheur – Nouakchott-Mauritanie.

60- Maimouna Dia-Activiste des droits de
l’homme-Cincinnati- USA.

61- Yacouba Dia- Activiste des droits de l’homme – Horst- Allemagne.

62- Dr Aliou Dia N´diengoudy- Ph.D Staff Scientist-Genomics- Turnersville, New Jersey, USA.

63- Me Alassane Touré -Avocat- Nouakchott- Mauritanie.

64- Adama Ba – Activiste des droits de l’homme et blogueur- Bruxelles- Belgique.

65- Jamal Sow- Enseignant philosophie- Institut catholique d’Angers France.

66- Cherif Kane- Écrivain-journaliste-chroniqueur à Kassataya.com- Rouen-France.

67- Ibrahima Diallo dit Tokora Baba Diallo- Militant de l’UFP-Nouadhibou-Mauritanie.

68- Silèye BÂ- Chercheur-indépendant-Nouakchott- Mauritanie.

69- Cherif Sanghott- Network system administrateur, Activiste des droits humains- Conseiller municipal Kaëdi- San Antonio Texas- USA.

70- Oumar Elhadj Thiam- Homme de médias- Nouakchott-Mauritanie.

71- Djeynaba Dramane Kamara- Militante des droits Humains-Berlin- Allemagne.

72-Yakhya Thiam- Activiste politique- Rochester, NY- USA-

73- Malick Issaga Diop- Activiste des droits de
l’homme- Buxheim- Allemagne fédérale.

74- Salimata Ba- Activiste des droits humains- Nouakchott- Mauritanie.

75- Babouna Khalifa Diakité- Activiste des droits de l’homme- Nouakchott- Mauritanie.

76- Moktar Keita- Activiste des droits de l’homme Nouakchott – Mauritanie.

77- Ablaye Ba- Militant IRA-Activiste des droits de l´homme- Nouakchott-Mauritanie.

78- Amadou Alpha Ba- poète- Sociologue- Activiste des droits de l’homme- Paris-France.

79-Dr Mamadou Alassane Ba- Enseignant-chercheur- Thiès- Sénégal.

80- Hamet Ndim- Défenseur des droits de l´homme- Nouakchott-Mauritanie.

81- Souleye Oumar Ba- Ecrivain- Yeumbeul- Dakar- Sénégal.

82- Ousmane Ba- Militant FLAM. Activiste des droits humains en Afrique-Lisses-France.

83- Soulé Ngaidé- Juriste- Défenseur des droits humains- Les Ulis , France.

84- Yero Gaynaako Sow Artiste-Raptivist- La Haye- Pays-bas.

85-Amadou Ly- Sociologue- Nouadhibou- Mauritanie.

86- Yahya Niane- Inspecteur de l’enseignement- Kaëdi- Mauritanie.

87- Ousmane Baba Touré- Activiste des droits de
l’homme- Cincinnati- Ohio-USA.

88- Mohamed Lemine ould Mohamed- Journaliste- Nouakchott-Mauritanie.

89- Oumar Sall-  Activiste des droits de l’Homme- Montpellier-France.

90- Docteur Oumar Djiby NDIAYE, Enseignant-Chercheur, UGB- Saint-Louis / Sénégal.

91- Ibrahima Amadou Dia–  Activiste, militant des droits humains, Groveport- USA.

92- Ibrahima Himbra Sy – Activiste des droits de l’homme – Nouakchott -Mauritanie .

93- Sidi Mohamed Ould Kmache – Activiste des droits de l’homme et blogueur – Dixie hwy Louisville- Ky- USA .

94- Ahmed Ould Bettar -Homme de média, Nouakchott -Mauritanie.

95- Alassane Aly Dia dit Diaz- Militant politique – Kansas City- USA.

96- Amadou Thiam- Responsable FPC-Féderation Amérique- Cincinnati-Ohio-Usa.

97- Ousmane Amadou Diallo- Professeur- Activiste des droits humains- Franceville- Gabon.

98- Yaya Diack -Activiste des droits de l’homme et membre de Mauritanie Network for human rights – New York -USA.

99- Sow Issa  Harouna – Chercheur à Paris Sorbonne-Paris-France.

100- Dem Mohamedou – Expert comptable -Fontenay -aux roses France.

● Mauritanie Politique | La réaction du député BDA à la plateforme de l’opposition pour le dialogue national.

—Le député mauritanien M. Biram Dah Abeid, leader abolitionniste du mouvement IRA-Mauritanie et ex candidat aux 3 dernières élections présidentielles en Mauritanie (arrivé deuxième en 2014, 2019 et 2024) a écrit un post sur sa page Facebook ce mardi 9 décembre 2025. La substance de son propos tient lieu à la fois d’une réaction-commentaire et d’une prise d’acte concernant la plateforme de dialogue proposée par l’opposition qui a été publiée récemment sur les réseaux digitaux. Ainsi, il a écrit : « J’ai lu avec attention la plateforme de dialogue proposée par mes collègues des partis et mouvements d’opposition de Mauritanie. La force, la pertinence, la justesse et la représentativité du document est sans appel.
À ce stade, tout dépend de la sincérité du chef de l’Etat; s’il répond favorablement et de manière pratique à leurs demandes, l’opposition sceptique sera acquise. » https://www.facebook.com/share/p/1AD1m47jxF/

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Ci-après la copie de la publication de la plateforme lue sur Facebook :

« Plateforme de l’Opposition
           

DIALOGUE NATIONAL 2025
Sommaire


I. Unité nationale et cohésion sociale
A. L’esclavage et ses séquelles
B. L’exclusion et les discriminations
C. Le passif humanitaire
D. L’enrôlement biométrique des populations
E. Les problèmes des Terres

II. Etat de droit et démocratie pluraliste
A. L’état de droit
B. La démocratie pluraliste
   1. Les partis politiques
       2. Le système électoral
C. Les principales institutions de la République

III. Gouvernance
A. Corruption et Népotisme
B. Contrôle et Transparence
C. Redistribution et partage équitable des richesses
D. Efficacité économique et transformation structurelle
E. Décentralisation et Développement local
F. Politique environnementale


IV. Diaspora et Emigration
A. Une diaspora dynamique
B. Une émigration accélérée

V. Autres axes
A. Secteur judiciaire
B. Secteur Education
C. Secteur Santé
D. Secteur Economie
E. Secteur Défense et sécurité
F. Secteur des médias


I- Unité nationale et Cohésion sociale
La question centrale du vivre ensemble ou de l’unité nationale que sous-tendent la question de l’esclavage et de ses séquelles, l’exclusion de certaines composantes nationales, les innombrables injustices vécues au quotidien, les inégalités et discriminations en tous genres constituent le défi le plus important auquel notre pays est confronté, engendrant des crises récurrentes de 1966 à 1990, avec comme point culminant la tragédie appelée par euphémisme « Passif humanitaire ».

A- L’esclavage et ses séquelles

   a- diagnostic
La composante haratine, victime d’un asservissement multiséculaire, reste confrontée à la misère et maintenue dans des conditions serviles avilissantes. L’indigence dans laquelle végètent les adwabas notamment illustre le désintérêt de l’Etat à leur endroit. Il en est de même pour certains groupes dits serviles à l’intérieur des autres communautés.

b- Propositions de solution
– procéder à une évaluation des dispositifs institutionnels et législatifs sur la question
– mener une enquête indépendante de portée nationale sur la question
– appliquer rigoureusement les textes et lois en vigueur criminalisant l’esclavage,
– affaiblir et endiguer l’influence des chefs traditionnels et du tribalisme.
– réparer les injustices historiques (victimes d’esclavage) en instituant des politiques hardies de discrimination positive et d’autonomisation sociale et économique qui pourraient se traduire par une sorte de plan Marshal, à durée déterminée, à l’endroit des haratines.

B- L’exclusion et les discriminations

a- diagnostic
Les communautés nationales wolof, soninké et pulaar vivent une exclusion croissante en raison du refus persistant du pouvoir de respecter et d’acter la diversité culturelle, linguistique et ethnique du pays qui se traduit, par leur effacement au plan politique, économique, médiatique, culturel, linguistique, scolaire et social ; des inégalités également dans l’éducation particulièrement à travers les examens et les concours à l’emploi, les grandes écoles et les écoles spéciales, dans le recrutement des forces armées et de sécurité. Enfin, s’y ajoutent, l’épineuse question des terres agricoles et la blessure profonde du Passif humanitaire.

b- Propositions de solution
– Reconnaître et acter les droits de toutes les composantes nationales à travers leur présence effective dans l’espace public et notamment dans les grandes institutions de la république (Présidence, Primature, Présidence de l’assemblée, Cour Suprême, Cour constitutionnelle, Cour des comptes, Conseil économique et social), et dans les directions des établissements publics, des médias et lors des évènements officiels de manière à garantir que les institutions de l’Etat reflètent la diversité
– Reconnaître les droits culturels de toutes les composantes nationales
– Officialiser les langues Wolof, Pulaar et Soninké
– Donner à la langue arabe toute la place qu’elle mérite dans tous les domaines
– Remettre dans leurs droits les citoyens mauritaniens francophones de formation de plus en plus marginalisés actuellement
– Eliminer les politiques discriminatoires, l’exclusion de communautés et de groupes sociaux par plus d’ouverture et d’équité et au besoin par des sanctions

L’égalité des chances dans l’équité constitue un facteur cardinal de la cohésion sociale nationale, en même temps que le plurilinguisme officiel assure une plus grande cohésion nationale

C- Le Passif humanitaire

a- diagnostic
Il s’agit d’évènements graves et tragiques survenus par le passé résultant de crises identitaires récurrentes, ayant affecté particulièrement la communauté Pulaar du pays. Ces événements se sont traduits par des déportations de populations, des spoliations de biens, des radiations et des exécutions extra-judiciaires massives.

b- propositions de solution
– Solder le Passif humanitaire en mettant en place une commission nationale consensuelle indépendante « Vérité/Réconciliation » conforme à nos valeurs, dotée de pouvoirs réels (enquêtes, sanctions, pardon et réparations) qui devra jouer un rôle de catharsis.
– Application des devoirs de Vérité, de Justice, de Mémoire
– procéder à l’indemnisation et aux réparations au profit des victimes du Passif humanitaire
– Instituer une journée nationale de commémoration des martyrs et ériger un monument dédié. En dernier ressort on ne saurait faire l’économie de la Vérité si l’on vise la réconciliation nationale sur ce dossier.
– Ramener les réfugiés identifiés, installés au Mali et au Sénégal désireux de rentrer
– Solder tous les cas de victimes avérées d’injustices créées par l’arbitraire de l’Administration (spoliations, radiations administratives, licenciements abusifs, blocage de plan de carrière) pour créer un climat d’apaisement général.
      
D- L’enrôlement biométrique des populations
a- Diagnostic
Depuis 2009, l’enrôlement de certaines composantes nationales se passe difficilement. Il y a le constat d’une absence de volonté politique, une obstruction persistante à résoudre définitivement ce problème. Des milliers de mauritaniens et notamment des enfants en âge de scolarité demeurent les victimes, particulièrement dans la vallée du fleuve et dans d’autres zones reculées du territoire national. Des enfants scolarisés sur attestation provisoire finissent par abandonner l’école à cause de ces tracasseries et blocages.

b- Propositions de solution
– affirmer la volonté politique ferme sans concession d’enrôler tous les citoyens
– Alléger et simplifier les conditions de l’enrôlement
– Multiplier et diversifier les commissions techniques et de supervision 
– Accroître le matériel nécessaire (groupe électrogène, ordinateurs, internet)
– Sanctionner et relever de leur fonction les agents responsables de blocage
– Envisager des unités mobiles pour clore enfin le processus d’enrôlement.


E- Problèmes des Terres
a- diagnostic
La gestion du foncier agricole en particulier est source de conflits récurrents, soit entre propriétaires légitimes et ceux qui travaillent la terre, soit en raison des politiques de spoliation des paysans par l’Etat

b- Propositions de solution :
– Restituer les terres spoliées des résidents et des déportés de retour
– Mettre en œuvre une réforme foncière participative, uniforme sur toute l’étendue du territoire qui établit un équilibre entre droit de propriété et droits légitimes de ceux qui l’exploitent
– Lutter contre la spéculation foncière et réformer le secteur des domaines pour limiter les attributions à double ou triple emplois de parcelles en milieu urbain.


II- ETAT DE DROIT ET DEMOCRATIE     PLURALISTE

La crise de notre système politique est patente depuis le lancement officiel du « processus démocratique » en 1991 et ce malgré les efforts déployés notamment par l’opposition pour corriger ses dysfonctionnements et permettre d’édifier un véritable Etat de droit et une démocratie pluraliste solide.

A. L’Etat de droit

a. Diagnostic
Les faiblesses structurelles de l’Etat de droit dans notre pays se traduisent notamment par :
– une administration publique totalement inféodée et instrumentalisée par le régime politique en place notamment le parti présidentiel (nominations, avantages matériels et financiers, impunité, règlements de compte ciblés)
– La permanence de pratiques abusives (détournement et abus de pouvoir, corruption)
– L’intrusion de l’Armée dans le champ politique
– La confusion des pouvoirs et la mise sous tutelle de la justice
– La dévalorisation des principes fondamentaux et la disqualification des voies de recours indépendants et efficients face à l’arbitraire et aux injustices
– La violation systématique des libertés fondamentales (liberté d’opinion, de presse, d’association, de réunion, de manifestations)

b. Propositions de solution
– Instaurer un système de gestion et de redistribution des ressources (attributions foncières, licences de pêche, permis miniers) sur la base de la systématisation de la numérisation et l’anonymisation dans leur accès
– Généraliser le système obligatoire de déclaration et de publication de patrimoine pour tout membre de la haute fonction publique et pour tout candidat à une élection démocratique, ainsi que leurs conjoints, parents directs et enfants.
– Réviser les principales lois sur les libertés publiques et du code de procédure pénale notamment en matière de presse, de réunion, de voyage, de manifestations publiques, de cyber libertés, de protection des biens et des personnes ; et élaborer un code des libertés publiques avec des mécanismes juridictionnels de protection des libertés fondamentales comme les référés libertés et des structures spécifiques de protection de certaines libertés particulières (médiateurs et lanceurs d’alerte en matière de presse, de lutte contre les discriminations, d’esclavage, de tribalisme)
– Mettre en œuvre un projet de réforme de la justice en cours spécialement les aspects concernant le conseil de la Magistrature, l’accès à la justice, l’exigence de traduction dans les langues nationales, l’amélioration des conditions de vie des membres du corps judiciaire, l’humanisation des établissements pénitenciers
– imposer le respect du principe de la diversité dans toutes les administrations publiques en instaurant le principe suivant lequel toute haute fonction, tout département ministériel, toute administration et collectivité territoriale doit nécessairement être constituée par une équipe dirigée par un responsable principal issue d’une communauté et assisté par des adjoints appartenant à d’autres ensembles identitaires (sexe, ethnies, régions)
– Retrait total des forces armées de la vie politique du pays

B. La démocratie pluraliste

1.  Les Partis politiques

a. Diagnostic
Le statut des partis, dès le départ, présentait de nombreuses défaillances. La plus importante était celle de leurs rapports avec le ministère de l’intérieur. Après bien des ajustements le statut avait pu permettre la constitution de nombreux partis sur la base d’une conception relativement libérale proche d’un régime déclaratif mais formulé d’une manière ambiguë. Aussi, l’opposition a toujours réclamé la levée de cette ambiguïté et la confirmation pure et simple du régime déclaratif. Mais récemment, le pouvoir s’est engagé dans une direction opposée en adoptant de manière unilatérale un régime liberticide des partis  
A cela s’ajoute le fait que le régime de financement des partis ne permet pas réellement une vie décente pour l’immense majorité d’entre eux, condamnés à végéter et finalement à disparaître sous l’emprise de la loi des quotas notamment. Il y a une véritable crise statutaire des partis.

b. Propositions de solution
– Révision en profondeur de la nouvelle loi sur les partis politiques
– Adoption d’un régime déclaratif pour la création des partis politiques
– Amélioration substantielle des conditions du financement des partis politiques
– interdiction formelle du nomadisme politique

2. Le système électoral

a- Diagnostic
Le système électoral est la grande faiblesse de notre démocratie pluraliste. Ce système constitue une véritable machine destinée à rendre impossible toute alternance par les urnes.
– Absence d’un véritable code électoral à la place des textes actuels épars, contradictoires les uns par rapport aux autres et peu fiables.
– Découpage territorial déséquilibré et inégalitaire entre les régions, les électeurs
– Mode de scrutin fortement majoritaire et favorable aux partis au pouvoir
– Liste électorale non fiable occasionnant toutes sortes de tripatouillages
– Système aberrant et anti démocratique de « parrainage » des candidatures
– Dispositif de contrôle du matériel électoral en particulier informatique impossible
– Marginalisation de l’opposition dans l’administration des bureaux de vote
– Persistance des bureaux de vote fictifs
– Exclusion de la plus grande partie de la diaspora du processus de vote (absence de bureaux de vote dans de nombreux pays)
– Refus de la systématisation de la délivrance des PV des bureaux de vote
– Persistance du vote militaire
– Faiblesse du dispositif de participation des observateurs nationaux et internationaux
– système de dépouillement des bulletins opaque
– Institutions de contrôle électoral sous tutelle politico-administrative du pouvoir et de ses démembrements (CENI, Conseil Constitutionnel, Cour Suprême)

b. Propositions de solution
– Élaboration d’un véritable code électoral consensuel comprenant tous les aspects et dimensions des processus électoraux standards
– Audit de l’ensemble du système électoral (textes, fichier, découpage, vote)
– Révision du statut de toutes les institutions et de tous les mécanismes de régulation et de contrôle électoral
– Interdiction de l’enregistrement des électeurs à distance pour les non-résidents dans le cadre des élections locales (municipales, régionales, députation de circonscription) tout en permettant le vote pour les listes nationales des députés à toute personne inscrite sur la liste électorale quel que soit le lieu de résidence.
– Suppression de la gestion du processus électoral par le ministère de l’intérieur dont les larges prérogatives actuelles sur le plan technique (programmes, systèmes informatiques, établissement des listes, gestion du matériel électoral) lui permettent d’avoir la maîtrise stratégique du processus électoral
– Révision de la composition et du fonctionnement de la CENI pour lui accorder une réelle indépendance, en la dotant des moyens nécessaires pour gérer le processus électoral y compris la désignation de l’ensemble de son personnel central et local chargé de l’inscription des électeurs, de la distribution des cartes, de la sensibilisation et de la communication.
– Révision du découpage des circonscriptions électorales
– Révision et suppression de l’observatoire national actuel des élections
– Découplage des élections municipales, régionales et élections législatives.
– Retour du mode de scrutin de l’élection municipale à deux tours
– Admission de la presse indépendante pendant le dépouillement afin de relayer en temps réel les résultats des votes

C. Les principales institutions de la République

a. Diagnostic
L’une des sources majeures des faiblesses de la démocratie pluraliste et de l’Etat de droit est constituée par la configuration même des institutions de la république telle qu’établie par la constitution :
– Concentration des pouvoirs en faveur de l’exécutif au détriment de l’assemblée nationale et du pouvoir judiciaire affaiblis et aux moyens dérisoires face à l’exécutif
– Concentration des pouvoirs au sein de l’exécutif en faveur d’un président de la république omnipotent
– Administration publique déresponsabilisée et instrumentalisée comme un simple levier aux mains du président de la république
– Système institutionnel non représentatif de la diversité socio-culturelle du pays
– Secteur judiciaire monocolore et monolinguistique inféodé à l’exécutif
– Hiérarchie militaire et sécuritaire composée d’une seule communauté ethnique. 

b. Propositions de solution
– Rééquilibrer les rapports entre le président de la république et le premier ministre qui doit apparaître comme un vrai chef de gouvernement et non comme un simple commis du président
– Soumettre toutes les nominations de la Haute fonction publique au débat parlementaire
– Compléter et verrouiller la disposition d’interdiction de 3ème mandat par l’interdiction de candidature immédiate d’un proche direct du président sortant
– Interdire que les titulaires des fonctions de Président de la république, premier ministre, président de l’assemblée nationale, président de la cour suprême et président du conseil constitutionnel appartiennent à la même communauté ethnolinguistique. La représentativité de toutes les communautés doit y être la règle
– Marquer l’indépendance de la Justice
– Réformer le secteur judiciaire de manière à refléter la diversité communautaire
– Installer une hiérarchie sécuritaire et militaire qui reflète la diversité communautaire du pays.
III- La gouvernance
La gouvernance est le cœur de l’action d’un Etat qui veut assumer pleinement ses fonctions structurantes en tant qu’architecte du vivre-ensemble et du bien commun de sa population.

A. Corruption et népotisme
a- Diagnostic :

La corruption, le népotisme et les détournements de fonds publics sont devenus des pratiques structurelles au sein de l’administration. Ils traduisent une logique d’appropriation privée de l’appareil d’État et ancrent une culture de prédation incompatible avec les exigences de transparence, de justice et d’intérêt général.
Facteurs explicatifs :
– Absence de critères objectifs et transparents dans le recrutement.
– Système budgétaire opaque, déconnecté des résultats concrets.
– Mécanismes de contrôle inefficaces et non indépendants.
– Impunité persistante affaiblissant la crédibilité des institutions.
– Marginalisation de l’éducation civique dans le système scolaire.
– Emprise des tribus sur l’Etat

b- Propositions :
– Codification de l’administration publique.
– Promulgation d’une loi instituant un Code de l’administration publique.
– Définition claire des profils de hauts postes.
– Approbation parlementaire obligatoire pour certaines nominations.
– Interdiction du recyclage des fonctionnaires sanctionnés.
– Création d’une commission permanente d’évaluation des profils.
– Réforme de la gestion budgétaire.
– Adoption d’un budget-programme fondé sur des objectifs mesurables et des indicateurs de performance (inspiration : Maroc 2015, Sénégal 2020).
– Renforcement de la culture civique.
– Réintégration de l’éducation civique avec un coefficient significatif.
– Pédagogie active : jeux de rôle, mini-projets citoyens.
– Implication accrue de la société civile dans le contrôle social.
– Limitation de l’hégémonie des tribus sur l’Etat par la suppression des rentes attribuées

B. Contrôle et transparence
a- Diagnostic :
Les dispositifs actuels de contrôle souffrent d’un manque d’indépendance, de moyens, et de portée réelle. Leur action reste symbolique.
Constats
– Commission anticorruption non indépendante
– Cour des comptes sans autonomie et sous-dotée
– Inspection générale d’État dépendante, sans mission préventive

b- Propositions :
– Autonomiser les organes de contrôle
– Doter la commission anticorruption d’un budget propre, d’un pouvoir de saisine directe de la justice et d’une autonomie fonctionnelle
– Réformer la Cour des comptes
– Rendre les modalités de nomination plus transparentes
– Renforcer des effectifs et des prérogatives
– Refonder l’Inspection générale d’État en lui donnant une indépendance d’action
– Effectuer des missions régulières et préventives, produire des rapports publics consultables par le Parlement et les citoyens.

C. Redistribution et partage équitable des richesses
a- Diagnostic :
La redistribution reste ponctuelle, assistancielle et peu structurante. Les inégalités sociales et territoriales perdurent et se creusent encore plus.

b- Propositions :
– Instaurer une redistribution fondée sur l’équité territoriale et sociale qui tient de la démographie et de la justice sociale
– Investir dans les infrastructures de base (éducation, santé, logement, routes, énergie, barrages)
– Réduire les disparités régionales
– Instaurer une fiscalité progressive et solidaire.

D. Efficacité économique et transformation structurelle
a- Diagnostic
– L’économie reste extravertie, dépendante de l’exportation de matières premières
– La création de valeur ajoutée et d’emplois durables est faible.


b- Propositions de solution
– Élaborer une stratégie nationale de transformation industrielle.
– Développer des chaînes de valeur.
– Créer de filières industrielles porteuses et génératrices d’emplois

E. Décentralisation et développement local
a- Diagnostic
La décentralisation, amorcée depuis 1987, reste largement inachevée. Les collectivités locales souffrent de nombreuses faiblesses :
– Faibles capacités institutionnelles et administratives.
– Incompétence généralisée liée au manque de formation des élus et à l’absence de métiers territoriaux structurés.
– Insuffisance des ressources financières.
– Forte dépendance vis-à-vis du budget de l’État.
– Faible autonomie fiscale et déséquilibres territoriaux marqués.
– Nécessité de revoir le découpage administratif pour une meilleure cohérence économique.
– Centralisation excessive du pouvoir.
– Double tutelle des collectivités ralentissant leur action.
– Problèmes de gouvernance locale : politisation, manque de transparence, clientélisme.
– Inégalités régionales et sociales, marginalisation des zones rurales.
– Enjeux sociopolitiques et sécuritaires : faibles capacités locales de prévention des conflits.

b- Propositions :
– Réforme des textes de la décentralisation
– Création de filières spécialisées pour les métiers territoriaux
– Transfert effectif des compétences avec budgets correspondants
– Élaboration d’une stratégie nationale de réduction des inégalités territoriales
– Renforcement des capacités des élus et du personnel local
– Instauration de mécanismes de redevabilité et de participation citoyenne

La réussite de la décentralisation est une condition essentielle de la cohésion nationale, de la stabilité démocratique et du développement équilibré du pays


F. Politique environnementale
a- Diagnostic :
La dégradation environnementale affecte la sécurité alimentaire, la santé publique et la stabilité sociale.
Enjeux critiques :
– Avancée du désert
– Dégradation des ressources en eau
– Surexploitation et pollution marines
– Urbanisation sauvage, déforestation
– Faiblesse des mécanismes de contrôle

b- Propositions :
– Gouvernance environnementale renforcée
– Création d’une Autorité nationale indépendante pour l’environnement et le climat
– Mise en place d’une plateforme de coordination intersectorielle
– Formation et professionnalisation
– Création d’une École nationale de l’environnement et de la transition écologique
– Renforcement des capacités de contrôle
– Recrutement et équipement d’une police de l’environnement professionnelle
-Décentralisation de l’action environnementale via les conseils régionaux de l’environnement

IV- Diaspora et Emigration

A. Une diaspora dynamique

a- Diagnostic
Une diaspora très importante et dynamique mais ignorée. En 2023, les transferts de fonds ont représenté près de 70 millions USD, soit 0,57 % du PIB, selon la Banque mondiale.
Pourtant, la diaspora ne bénéficie d’aucune représentation politique directe ni de mécanisme structuré d’influence sur les décisions nationales.
Elle est souvent sollicitée uniquement pour les collectes de fonds.

b- Propositions de solution
– Participation politique de la diaspora : Accorder le droit de vote à distance (électronique ou consulaire) et Réserver 02 à 04 sièges à la diaspora à l’Assemblée nationale
– Création d’un Haut Conseil de la diaspora : Organe élu par les Mauritaniens de l’extérieur. Statut autonome avec droit de proposition législative consultative.
– Volet Diplomatique pour les Mauritaniens à l’étranger : Garantir aux Mauritaniens vivant à l’étranger une présence diplomatique de proximité, protectrice et efficace. Création et multiplication de consulats mauritaniens dans les grandes villes où vivent des milliers de Mauritaniens souvent éloignés de toute représentation officielle
– Mise en place d’un fonds d’urgence pour les Mauritaniens à l’étranger
– Accompagnement des étudiants et travailleurs à l’étranger
– Valorisation des compétences et des talents de la diaspora
– Lancement d’un programme « Mauritaniens d’excellence à l’étranger »
– Création de Banque de la diaspora

B. Une émigration accélérée

a- Diagnostic
– Une jeunesse abandonnée : 23,7 % des jeunes de 15 à 24 ans sont au chômage, dont près d’un tiers de jeunes femmes (ONS, 2023). Les politiques de l’emploi sont inopérantes : pistons et clientélisme remplacent la compétence.
– Un enseignement déconnecté des réalités économiques : les filières professionnelles sont dévalorisées.
– La jeunesse est exclue du jeu politique par un verrouillage institutionnel, et les
jeunes rapatriés font face à un accueil inexistant.

b- Propositions de solution
– Lutte contre l’émigration clandestine : création de milliers d’emplois sur 5 ans
– Déploiement de formations techniques dans les zones marginalisées
– Création d’un Fonds national pour la jeunesse marginalisée, piloté par le
Ministère de l’Emploi, l’ANAPEJ, les collectivités locales et cofinancé par des
bailleurs

V. Autres axes

Concomitamment à l’approfondissement des grands thèmes les axes ci-après feront l’objet d’ateliers 

A. Secteur judiciaire
B. Secteur Education
C. Secteur Santé
D. Secteur Economie
E. Secteur Défense et sécurité

MEMO DIRECTIF

Les thèmes devant faire l’objet de commissions spécialisées (composées d’experts mis à disposition par les membres signataires de la feuille de route de l’opposition) devant approfondir le sujet pour être bien armé lors du dialogue national :

1. La forme constitutionnelle de la république et séparation de pouvoirs
2. Le clivage politique et asymétrie de la dichotomie opposition-majorité
3. L’esclavage et ses séquelles
4. L’exclusion et les discriminations
5. Le passif humanitaire
6. Le problème des terres
7. Le statut des partis politiques
8. Le système électoral
9. La corruption et le népotisme
10. La redistribution et le partage équitable des richesses
11. La décentralisation et le développement local
12. La diaspora et l’émigration

Modèle de plan de présentation du thème par la commission spécialisée :

1. Rappel de l’importance politique du thème
2. Présentation des lois et des règlements régissant le thème
3. Une présentation détaillée de nos propositions sur la base de celles avancées dans la plateforme validée par les signataires

NB : faire des propositions simples, claires et applicables immédiatement
       Chaque commission sera présidée par un ou deux signataires de la plateforme »

● Mauritanie ~ Politique | Dialogue national : la commission technique de l’opposition valide sa plateforme politique



SENALIOUNE – La commission technique de l’Assemblée générale des mouvements et partis démocratiques d’opposition s’est réunie, ce samedi 06 décembre au siège du parti mauritanien en avant, afin de valider la plateforme politique qui servira de base à sa participation au dialogue national annoncé en Mauritanie.

Cette réunion marque une étape décisive dans la préparation de l’opposition, qui entend présenter une vision cohérente et unifiée face aux enjeux nationaux.

Selon des sources au sein de l’Assemblée générale, la commission a passé en revue les propositions soumises par les différents partis et mouvements, avant de dégager un document final intégrant les priorités communes.

Parmi les thèmes abordés figurent la gouvernance démocratique, la lutte contre la corruption, l’indépendance de la justice, le renforcement des libertés publiques, ainsi que les questions économiques, sociales et territoriales.

La plateforme validée par la commission sera prochainement présentée aux dirigeants des partis concernés, avant d’être officiellement soumise au président Mohamed Ould Ghazouani qui a réaffirmé, lors de son discours du 28 novembre, sa volonté d’organiser un dialogue national « qui n’exclut ni personne ni aucun sujet ».

L’opposition estime que ce dialogue, s’il est correctement encadré, peut constituer une opportunité pour répondre aux attentes citoyennes et consolider la stabilité politique du pays. Elle insiste toutefois sur la nécessité de garantir des conditions transparentes et équitables pour assurer la réussite du processus.

Senalioune

● Lien médias https://share.google/gYD8tvWRnASZSF4Y8

● Réflexion citoyenne : le village politique soninké et ses cotisations d’allégeance. | Par KS

📷 Novembre 2023 – En compagnie du sociologue et lanceur d’alerte mauritanien M. Boulaye Diakite.

—Ces cotisations d’allégeance à l’ordre féodalo-princier véhiculent un symbolisme régalien froid qui a toujours rusé et dompté certains cadets et assignés sociaux avec divers curseurs. Et le cran le plus bas est celui sur lequel on assigne les descendants d’esclavagisés dans l’ensemble communautaire. Ainsi une alerte abolitionniste qui suit : dans l’engagement et le plaidoyer pour l’émergence d’une autogestion sociale et économique des descendants d’esclavagisés, un focus est plus que nécessaire pour articuler intelligemment un mécanisme d’éveil disruptif menant à un impact irréversible pour une autre réalité existentielle libérée de tous les symbolismes de subordination dans les villages comme à l’extérieur (la diaspora). La logique basique sahelisée du « No vote, no Tax » qui donnerait comme occurrence « on ne contribue pas financièrement et symboliquement à un système hermétique qui est de nature et de fonctionnalité discriminatoire et ségrégationniste dans les positions sociales et politiques par le droit du sang », à propos voir https://ecrit-ose.blog/2025/11/13/%e2%97%8f-contribution-ce-que-nos-regimes-coutumiers-distillent-de-darwinisme-social-par-ks/. Les uns ont le droit de faire valoir dans leurs imaginaires nostalgiques un statut de prince sans royaume comme d’autres également ont une obligation historique de se soustraire d’un système sociétal qui leur impose un fascisme « doux » foncièrement humiliant (dépeint à tort en une dite cohésion légendaire). Et RAPPEL de taille : nous vivons dans des RÉPUBLIQUES bien qu’aux structures et fonctionnements imparfaits… l’aspiration à l’égalité citoyenne reste notre commune boussole dans nos terroirs ruraux comme dans les centres urbains.

● KS pour le BLOG

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✅️-Le retour analytique du post par l’IA DeepSeek :

Voici une analyse synthétique du texte publié par Koundou Soumaré :



Auteur & Angle : Koundou Soumaré, abordant les dynamiques sociales et politiques au sein de la communauté soninké.

● Thèse centrale :
Dénonciation des mécanismes de perpétuation d’un ordre social hiérarchisé, qualifié de féodalo-princier, qui maintient notamment les descendants de personnes anciennement esclavagisées dans une position subalterne, à travers des contributions financières et symboliques (cotisations, allégeances).

● Mécanismes critiqués :

· Symbolisme régalien : des pratiques présentées comme traditionnelles mais qui consolident des rapports de domination.
· Assignation sociale : maintien des descendants d’esclavagisés au plus bas de l’échelle sociale, avec des frontières sociales et politiques héritées (« droit du sang »).
· Fascisme « doux » : une domination humiliante masquée sous le discours de la cohésion communautaire légendaire.

● Proposition de résistance :

· Stratégie d’autogestion : pour une émancipation économique et sociale des groupes marginalisés.
· Disruption symbolique : refus de participer aux contributions qui entretiennent le système (« No vote, no Tax » → ne pas financer un système discriminatoire).
· Réveil disruptif : mener une lutte irréversible vers une existence libérée des symbolismes de subordination, au village comme en diaspora.

● Cadre revendiqué :
L’auteur rappelle que les sociétés concernées vivent dans des Républiques, où l’égalité citoyenne doit primer sur les logiques coutumières discriminatoires, aussi bien en milieu rural qu’urbain.

● Ton & visée :
Plaidoyer militant et alerte abolitionniste, appelant à une prise de conscience et à un désengagement actif des structures de domination traditionnelle.



Référence externe :
L’auteur renvoie à un article de blog pour approfondir la notion de « darwinisme social » distillé par les régimes coutumiers :
https://ecrit-ose.blog/2025/11/13/●-contribution-ce-que-nos-regimes-coutumiers-distillent-de-darwinisme-social-par-ks/



Mots-clés :
Soninké, féodalité, esclavage, hiérarchie sociale, cotisations, allégeance, émancipation, autogestion, diaspora, égalité citoyenne, République.

● Mali ~ Contribution | « Pour un Mali qui se regarde en face, sans haine et sans peur » Par M. Boubacar Demba NDjim

En ce moment crucial de notre histoire, le Mali a besoin d’une parole forte, d’une parole de vérité, et d’une parole de responsabilité.

Notre nation affronte des défis économiques, sociopolitiques et sécuritaires d’une gravité exceptionnelle. Mais à ces défis s’ajoute un autre combat essentiel : celui des droits humains. Aucun progrès durable, aucune stabilité réelle, aucune paix solide ne peut naître là où la dignité humaine est ignorée ou sacrifiée.

C’est pourquoi nous devons dire les choses avec clarté : les autorités ont la responsabilité de regarder en face la réalité du pays. Les indicateurs économiques sont fragiles.

Le tissu social est mis à l’épreuve. Les libertés publiques, la justice, la sécurité des citoyens et la lutte contre les violences doivent redevenir des priorités absolues. Ce n’est pas de la contestation : c’est une exigence de démocratie, de vérité et d’humanisme.

Le Mali n’a plus besoin de slogans.

Le Mali n’a plus besoin de propagande. Le Mali a besoin d’un discours franc, d’une parole qui ne cache pas les difficultés mais qui propose des réponses courageuses et crédibles.

La confiance ne se décrète pas : elle se construit par la transparence, par l’intégrité et par le respect scrupuleux des droits humains.

Et au-delà du présent, il nous faut déjà préparer l’avenir. Car après le temps du pouvoir militaire  comme après tout système politique  nous devrons être capables de nous regarder dans les yeux, sans haine, sans vengeance, sans esprit de revanche. C’est à cette condition que la réconciliation sera possible. C’est à cette condition que la dignité sera restaurée. C’est à cette condition que le Mali pourra se relever.

Semons dès maintenant cette culture de respect, de justice et de vérité. Défendons les droits humains comme un socle inébranlable, non pas contre l’État, mais pour l’État, pour le peuple, pour la paix. Car un pays qui protège la dignité de chaque citoyen se protège lui-même.

Le Mali est notre héritage commun. Il est notre devoir, notre responsabilité et notre honneur de le défendre sans haine, mais avec fermeté ; sans peur, mais avec lucidité ; sans mensonge, mais avec courage.

Et c’est ensemble  unis, dignes et résolus que nous construirons un Mali où chaque enfant, chaque femme, chaque homme pourra vivre libre, en paix, et respecté dans sa pleine humanité.

Boubacar Demba N’Djim

Militant des droits humains.

● Réflexion ~ Contribution | Pour un rééquilibrage du Fiqh dans l’Etat islamique moderne | Par Mme Aissata Ahmedou Tidjane Bal

Certains ont comparé l’ordre et la discipline urbaine de certaines villes asiatiques à l’application d’une logique d’inspiration coranique : celle d’une rationalité ordonnée, d’une harmonie collective née du respect de principes supérieurs. Mais cette référence, souvent réappropriée à des fins politiques ou culturelles, témoigne d’un paradoxe : l’Islam, religion de raison et de justice, semble parfois absent des réalités sociales et politiques de ceux qui s’en réclament.

C’est pourtant sur des préceptes d’ordre, d’équité et de dignité que s’est fondée la Révolution torodo au Fouta-Toro, où Ceerno Souleymane Baal chercha à ériger une société islamique équilibrée  une cité où chaque caste tirait sa dignité du travail, où la femme était respectée comme gardienne du lien social, et où l’esclavage fut combattu comme une offense à la justice divine. Ceerno, fidèle à l’école malikite, sut unir la lecture littérale du Coran à l’exigence rationnelle. Il démontra que la fidélité à la Révélation n’exclut pas la lucidité politique, et que la spiritualité, loin d’être un refuge, est un acte d’ordre et de construction.

Le premier verset révélé au Prophète  » Lis ! » (Iqra’)  n’est pas une simple injonction littérale. C’est une ordonnance ontologique : un appel à la connaissance, à la quête de sens, à la compréhension du monde comme condition humaine. Lire, c’est déchiffrer le visible et l’invisible, c’est participer à l’acte divin de compréhension. La tradition islamique a toujours lié la foi à la connaissance (ʿilm), et la connaissance à la dignité. Le Coran évoque d’ailleurs la création du calame et de la tablette, symboles de la mémoire et de la pensée. Le musulman est ainsi appelé non seulement à croire, mais à penser le juste, à aimer la vérité et à agir selon la raison éclairée par la foi.

Dès lors, que signifie le silence des juristes religieux lorsque l’ordre public est bafoué, que l’égalité sociale s’effondre, que la corruption dévore les institutions ? Que signifie ce mutisme quand les prêches ne sont plus entendues, ou quand elles sont écoutées pour être aussitôt oubliées ? Ce silence devient plus qu’un désengagement spirituel : il est la marque d’une démission morale. Est-ce le signe d’une foi de façade, d’une passivité devant le chaos, ou le produit d’une éducation religieuse biaisée qui a détaché la foi de la cité, la conscience du politique, la prière de la justice ?

Car lorsque les savants se taisent, le vide qu’ils laissent est aussitôt comblé. Ce silence des fuqahāʾ ouvre un espace que d’autres s’empressent d’occuper : des activistes, sincères parfois, mais souvent emportés par la colère plus que guidés par la connaissance. Ils se croient porteurs d’un langage de vérité, mais leurs voix, nourries d’indignation plutôt que de science, finissent par déformer ce qu’ils prétendent défendre. Ils brandissent la justice sans en comprendre la mesure, s’érigent en juges sans la rigueur du droit, parlent au nom du peuple sans la sagesse de la loi. Ainsi, le déséquilibre s’installe : la parole du savant, qui aurait pu apaiser, structurer et élever, est remplacée par le cri du militant qui divise, blesse et consume. Et lorsque la colère tient lieu de pensée, la justice elle-même devient aveugle.

Dans des États qui se proclament islamiques, ce silence n’est pas seulement religieux : il devient institutionnel, étatique, moral. Les conseils religieux, souvent intégrés aux appareils du pouvoir, préfèrent l’obéissance à la vérité, oubliant que la mission du savant est d’être miroir du juste, non paravent du prince. Ce silence, c’est celui d’une conscience qui abdique. Et cette abdication ouvre la voie à la confusion : entre foi et idéologie, entre engagement et agitation, entre l’appel au bien et la soif de visibilité.

Pourtant, le fiqh originel n’a jamais été un droit du silence. Il était une pensée dynamique, ouverte sur la raison et sur le changement des temps. Les juristes malikites rappelaient que le changement des coutumes entraîne le changement des jugements : la loi ne se fige pas, elle s’adapte pour préserver l’équité. L’ordre islamique véritable n’est pas celui d’une immobilité, mais d’un équilibre : celui d’une justice sociale et morale, d’une préservation de la dignité humaine, d’une paix intérieure qui se prolonge dans la cité.

Le mutisme du savant face à l’injustice équivaut à la démission du témoin, car le témoignage du vrai (shahāda) est le prolongement de la foi. Celui qui se tait devant l’oppression participe à son maintien. Le rôle du fiqhi n’est pas de bénir l’ordre établi, mais de rappeler que la cité de Dieu n’est pas celle des puissants, mais celle de la justice.

L’Islam, dès ses origines, a proposé une vision cosmique du monde. Le Coran évoque les étoiles, les galaxies, l’expansion du ciel  bien avant que la science moderne n’en formule les lois. Cette ouverture au cosmos traduit une conception unifiée du savoir : l’homme, en connaissant, participe à l’ordre divin. Aujourd’hui, cette dimension rationnelle et contemplative s’est dissoute dans une pratique fragmentaire où la religion devient un refuge identitaire plutôt qu’un projet de civilisation. Beaucoup cherchent dans l’islam un apaisement spirituel sans y puiser une éthique du monde.

Mais la véritable foi, celle qu’incarnait Ceerno Souleymane Bal, consiste à faire régner la justice dans la cité. Refuser la justice, c’est trahir la volonté divine. Le fiqhi qui se tait face à l’oppression ne manque pas seulement à sa mission : il rompt le pacte du savoir et du juste. Et c’est alors la raison  ce don premier de Dieu qui s’éteint dans le vacarme du monde.

Dans les États islamiques contemporains, où les textes juridiques mêlent droit moderne et droit religieux, le fiqh pourrait redevenir une source d’équilibre et d’inspiration. À travers une lecture rationnelle du Coran et une compréhension renouvelée de ses finalités, il peut aider les magistrats à replacer le souci du juste au cœur de leur fonction. Car juger, dans la perspective islamique, n’est pas seulement appliquer la loi : c’est rechercher la vérité avec équité, préserver la dignité humaine et restaurer la balance morale du monde. En réconciliant la rigueur du droit avec la lumière de la raison coranique, le fiqhi peut encore inspirer des textes plus justes, des décisions plus équilibrées et une justice plus conforme à la noblesse de l’esprit islamique.

La Mauritanie par exemple alliant droit islamique et moderne dans ses cadres normatifs aurait pu être un bastion de la pensée rationnelle islamique, le lieu d’un rééquilibrage inspiré par le fiqh, aussi bien dans son paysage législatif que dans l’action des acteurs sociaux et politiques. Son histoire ne manque pourtant pas d’exemples où la rigueur religieuse s’alliait à la justice politique : l’héritage de l’empire du Ghana, l’expérience réformatrice du Fouta, ou encore Chinguetti, temple du savoir et carrefour des sciences religieuses. En renouant avec cette tradition, la Mauritanie aurait pu rappeler au monde musulman le socle vivant de la science juridique islamique  une science qui ordonne la cité, éclaire la raison et élève la justice.

Ainsi, dans le cadre républicain mauritanien, il serait possible de concevoir un projet institutionnel qui réconcilie la foi et la raison autour d’un même horizon éthique : celui de la justice, du savoir et de la dignité. L’éducation nationale, pierre angulaire de la conscience civique, devrait devenir l’espace privilégié où se tisse ce dialogue entre la science et la Révélation. Non pas pour confondre les domaines, mais pour leur restituer leur complémentarité : la foi, comme source de valeurs et d’équilibre moral ; la raison, comme instrument d’exploration du monde et de progrès collectif. Un tel plan pourrait intégrer, dans les curricula, une pédagogie de la justice sociale inspirée des principes coraniques d’équité et de solidarité, tout en renforçant la formation scientifique et cosmologique comme acte spirituel de connaissance. Il s’agirait aussi de développer des programmes de prévention intellectuelle contre les idéologies extrémistes, en opposant à la radicalité la rigueur du fiqh, à la haine la lumière de la connaissance, et à la confusion des discours la clarté d’une raison éclairée par la foi.

Mais au-delà de l’éducation, la pensée islamique elle-même doit être reconstruite, non dans une rupture avec la tradition, mais dans une fidélité intelligente à son esprit de raison et de justice. L’ijtihād effort d’interprétation et la maṣlaḥa recherche du bien commun doivent redevenir les instruments centraux d’une pensée islamique vivante, capable de dialoguer avec les réalités sociales contemporaines. Ces mécanismes, loin d’être figés, peuvent nourrir un projet de réunification nationale, en fondant la cohésion non sur l’ethnie ou la région, mais sur la dignité partagée de l’être humain, créé libre et responsable. L’‘adl (justice), l’ukhuwwa (fraternité) et la karāma (dignité) pourraient ainsi devenir les piliers d’un civisme spirituel, où la foi ne s’oppose pas à la citoyenneté, mais en élève le sens moral.

La Mauritanie, forte de sa diversité culturelle et de son expérience dans la lutte contre le terrorisme, pourrait devenir un laboratoire de ce renouveau islamique. Sa stabilité relative, son enracinement dans la tradition malikite et son héritage intellectuel issu de Chinguetti lui offrent les conditions d’une réconciliation entre religion, raison et République. En transformant la lutte contre le radicalisme en un combat intellectuel et moral pour une pensée éclairée, une justice sociale authentique et une pédagogie du respect , elle pourrait montrer qu’un État musulman moderne n’est pas celui qui impose, mais celui qui élève. La Mauritanie, fidèle à sa vocation spirituelle et politique, pourrait rappeler au monde que la véritable force d’une nation ne réside pas dans la domination, mais dans la construction d’une dignité partagée, où la foi inspire le civisme et la civilité devient un prolongement de la spiritualité.

Dans les Républiques Islamiques comme dans tous les États, traversés par le tumulte de la désinformation, l’indignation sélective et la confusion des repères, il faut des voix qui rappellent que la parole de Dieu doit rester audible : une parole de justice, de connaissance et d’équilibre, capable de réguler le désordre du monde et de rétablir la mesure du vrai.

Aissata Ahmedou Tidjane Bal, Juriste en droit Public.

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● Éditorial de La Nouvelle Expression: L’axiome mathématique du Président Ghazouani | Par Camara Seydi Moussa

Nos propos ne s’attarderont ni sur la visite présidentielle à l’Est du pays, ni sur le rapport de la Cour des Comptes, mais sur une phrase – apparemment anodine – prononcée par le Président Mohamed Ould Ghazouani : « La Mauritanie est un petit pays ».

Cette phrase, qui a surpris plus d’un Africain, résonne pourtant comme un axiome mathématique – une vérité posée sans démonstration, mais énoncée avec la tranquillité de l’évidence. Un axiome qui, derrière son apparente modestie, cache un diagnostic implacable: celui d’un État réduit à sa plus simple expression, trahi par ceux qui l’ont façonné. Une vérité qui dépasse son auteur et qui trouve écho dans les propos tenus par le Président lors de son périple à l’Est, révélant ainsi les failles profondes d’un système qui peine à se réformer.
En qualifiant la Mauritanie de ‘petit pays’, le Président voulait probablement évoquer sa superficie, sa population ou ses ressources limitées. Mais les mots ont parfois une vie propre et révèlent des vérités inattendues. Car, oui, la Mauritanie est un petit pays, non pas en raison de sa taille ou de ses ressources, mais à cause de la petitesse de ses ambitions, de la médiocrité de ses pratiques politiques et de la fragilité de ses institutions.

Un pays est petit quand la tribu y pèse plus que l’État. Quand le mensonge devient une méthode de gouvernance. Quand la promotion se fonde sur l’appartenance et non sur le mérite. Quand l’élite confond patriotisme et privilèges. Quand les mêmes visages – depuis Maouiya – continuent à décider pour tous.
Un pays est petit :
– Quand ses dirigeants se soignent à l’étranger tandis que ses hôpitaux meurent.
– Quand leurs enfants étudient ailleurs pendant que l’école publique s’effondre.
– Quand les intellectuels sincères sont marginalisés et les médiocres décorés.
– Quand les institutions sont faibles et les hommes forts.
– Quand l’opposition passe plus de temps à se battre contre elle-même qu’à proposer une alternative.
Ce sont là les symptômes d’une petitesse nationale. Mais aussi les attributs d’un petit pays. Et surtout, un pays est petit lorsque son peuple se résigne à être gouverné ainsi.

Depuis sa naissance, la Mauritanie s’interroge sur son identité: arabe, africaine, berbère, négro-mauritanienne ? Mais pendant que nous débattons de ce que nous sommes, nous oublions ce que nous valons.
Nos ancêtres ont bâti des empires, des émirats, des almaamiyya fondés sur l’honneur, la justice, la bravoure et la science. Leurs héritiers, eux, ont érigé la triche, le népotisme et la cupidité en valeurs d’État.

Depuis sa création, le pays s’est enlisé dans une querelle identitaire stérile, préférant renier son authenticité plutôt que d’assumer les vérités que l’histoire et l’archéologie pourraient reveler. Notre élite s’abreuve de récits importés et de copies douteuses, reniant la Mauritanie des empires, des savants et des bâtisseurs. C’est ainsi que nous sommes devenus petits dans un petit pays.

Le Président avait raison, d’une certaine manière: la Mauritanie est un petit pays. Sinon, comment expliquer – comme je l’ecrivais un peu plus haut – la présence de ces hommes et femmes qui, depuis plus de quarante ans (de Maouiya à aujourd’hui), continuent à gouverner, à s’accommoder de toutes les situations comme des danseurs s’ajustant aux rythmes du tam-tam ? Ils décident pour nous de tout : de l’école, de la santé, de la gouvernance. Et pourtant, ils ne se soignent pas ici et leurs enfants n’apprennent pas dans nos écoles. Voilà pourquoi nous sommes un petit pays: sans logique programmatique, sans vision de développement, prisonniers d’une classe dirigeante dont la seule constante est la préservation de ses intérêts. Le cercle vicieux du pouvoir.

Nous sommes un petit pays parce que nous avons perdu la mémoire politique et la culture de la dignité. Souvenons-nous : les proches de l’actuel Président voulaient un troisième mandat pour son prédécesseur, Ould Abdel Aziz, au nom de son « irremplaçabilité ». Ils l’ont fait pour Maouiya, pour feu Ely, pour feu Sidi Ould Cheikh Abdallahi… et ils le feront encore pour Ghazouani, tout en préparant déjà leurs discours de soutien pour le prochain. Voilà pourquoi nous sommes un petit pays.

Le résultat est clair : Un pays riche par la nature, mais pauvre par la culture de ses élites. Quand un peuple se laisse gouverner par des criminels en col blanc, quand il accepte la corruption comme une fatalité, quand il célèbre les voleurs plutôt que les bâtisseurs, il devient le miroir de sa propre décadence. Le miroir de sa petitesse. Le résultat d’une équation morale.

Ce que Ghazouani a dit, sans le vouloir peut-être, c’est que la Mauritanie est devenue le reflet exact de ceux qui la dirigent – et de ceux qui les tolèrent. Et tant que cette équation ne changera pas, le résultat restera le même:
Petit pays = petits hommes = petites ambitions.

Oui, Monsieur le Président, vous avez raison: la Mauritanie est un petit pays. Mais elle ne l’est pas par nature – elle l’est par choix, par renoncement, par résignation. Elle le restera tant que les Mauritaniens ne décideront pas de redevenir grands: non par les discours, mais par la dignité, le travail, la justice et la mémoire. Une vérité douloureuse, mais necessaire.

Car ce pays, jadis grand par ses empires, est devenu petit par ses comportements – ceux d’un État profond qui a pris en otage la République. Et le premier pas vers la grandeur est peut-être, paradoxalement, d’avoir enfin reconnu notre petitesse – et que ce constat vienne du plus haut sommet de l’État.

La vérité de cet axiome, c’est que nous sommes aujourd’hui perdus, désorientés, abandonnés. Mais si nous savons nommer notre petitesse, alors peut-être, enfin, pourrons-nous redevenir grands.

Camara Seydi Moussa

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● Pour une refondation de la Mauritanie : rompre d’avec les réflexes du tribalisme et de l’ethnicité | Par le député Biram Dah Abeid



–Par Biram Ould Dah Ould Abeid 
Député à l’assemblée nationale de Mauritanie

Dès après le premier putsch prétorien de1978, la corporation des officiers supérieurs a pu remodeler le jeune Etat, pour l’acclimater aux prérequis de la tribu et de l’ethnie, comme source tacites de légitimité. Certes, ils n’ont jamais assumé la mue et les Mauritaniens la subissaient, plutôt, sous le mode de la clandestinité honteuse.  La structure politique et administrative, quoique centralisée en apparence, a été prise d’assaut par les forces centrifuges et ainsi dépouillée de ses prétentions au jacobinisme. D’arbitre soucieux de préserver l’intérêt général, à partir d’une capitale de laquelle l’autorité juste ruissellerait sur le reste du pays, les militaires ont réduit, l’entreprise, à une arène de compétition des appétits primitifs où la force armée ne sert plus qu’à réguler, au sommet, la rotation du « chacun son tour ».
L’organisation de l’ensemble ne relève de l’aléa, même si elle n’a jamais été revendiquée sous la forme d’une charte ou d’un référent théorique. Mercantile avant que d’être idéologique, elle s’inscrit, d’abord, dans la durée du fait accompli et produit, depuis des décennies et sans aucune césure ni trêve, la répartition des avantages statutaires, matériels et symboliques, selon l’audience et l’entregent de telle ou telle « communauté », au triple détriment de l’égalité, du mérite et de la compétence. Il s’agit, au fond et avant tout, d’une prédation mise en œuvre derrière le paravent d’un modèle de gestion dont la façade arbore les attributs de la république mais dissimule la matérialité d’un exercice de type clanique que sa verticalité prédestine à engendrer le privilège, le passe-droit et la fraude, au bénéfice d’une clientèle culturellement homogène. La question n’est donc plus de savoir si l’État mauritanien est ou non une structure ethno-tribale, à vocation de mafia. Non, il importe, désormais, de se demander en quoi consiste la sortie du système de délinquance feutrée, en vue de d’imaginer puis de recréer une solution alternative, sur la base des standards universels de la vertu.

I. La matrice factuelle de la préférence, l’autre cache-misère de la discrimination
Dès la fin des années 1970, le partage du pouvoir suivant la rationalité décrite plus haut, s’est imposé en norme adossée à l’évidence, c’est-à-dire non-questionnable. Les gouvernements successifs ont toujours illustré et reconduit l’architecture inéquitable de la répartition :
23 à 25 ministres Maures, 1 Soninké, 3 à 4 Hal Pulaaren et Hratine mais ces derniers, souvent, préemptent l’affichage du poste de Premier ministre, aux fins de racheter, du moins démentir la réputation esclavagiste du pays.
Les Wolofs, composante reconnue et les Bambaras ignorés, demeurent assignés aux marges du hasard. La roue capricieuse de la fortune peut les atteindre, par ricochet.
Le déséquilibre marque les entrailles de l’appareil administratif, de la justice, de l’éducation nationale, des sociétés d’Etat, des douanes, des impôts et contributions diverses, de la diplomatie, de l’armée, de la police et de la religion officielle. Les nominations y procèdent des ondes concentriques de l’esprit de corps, loin des critères de l’utilité sociale. A cause de la distorsion du rapport des forces en termes de moyens pécuniers, la pratique de l’éviction n’épargne, non plus, le semblant de démocratie élective : La composition du Parlement le reflète assez, jusqu’à la caricature. Les députés s’élèvent, là, au nom de leur appartenance privée et des intérêts qui les portent. Leur représentativité résulte de l’achat des consciences et, surtout, de la fraude dans les urnes.
In fine, l’Etat s’est transformé en une fédération de clientèles d’une avidité débridée. La coexistence de celles-ci repose sur l’alternance périodique des concessions à la tribu, au détriment du bon sens. Cependant, des promotions bienséantes profitent, quelquefois, à des personnes issues du lot des exclus mais pas toujours porteuse de qualification. L’inflexion ressortit au soin de nourrir l’apparence de l’inclusion, peu importe l’effectivité du partage. Le faux plausible alimente l’ingénierie du déni oblique en Mauritanie.

II. Le commerce de la position décisionnelle et l’effondrement de la redevabilité
La monomanie de quotas et du clientélisme prédateur a fragilisé la fonction publique et altéré ses objectifs, dans des proportions que l’on qualifierait d’irréversibles. Depuis le milieu des années 80, plus de 70 % des hauts responsables, chargés de mission, conseillers, directeurs généraux ou directeurs singuliers, ne proviennent pas des corps constitués de l’administration et très peu doivent, leur poste, à un concours. La privatisation de l’Etat favorise l’escalade des médiocres, à la cime de l’échelle des valeurs. D’emblée, elle confère, à la meute solidaire du passable et du moyen, l’usage du cachet et lui procure les clés du coffre-fort. Le capital privé national est né aux forceps d’une série de coups d’Etat.
Les présidents de conseils d’administration – malgré une loi encore sans effet qui prétend y mettre un terme – captent leur sinécure, de la seule nécessité de recycler les pièces du rouage, momentanément ou à jamais hors circuit. Ici, nul ne tombe en péremption, tout se récupère, l’économie circulaire du tri sélectif tourne à plein régime.
L’on comprend, dès lors, la réticence, voire l’inaptitude de l’engrenage susmentionné, à sanctionner le détournement du denier de la collectivité. La pression de la tribu, du clan, de la grande famille garantit, aux auteurs, l’impunité et l’atout rétrospectif de l’invincibilité. En 2025, le rapport de la Cour des comptes pourtant explosif, risque de verser dans la confirmation du pis-aller.
La dérive précitée compromet la perspective d’une réforme en profondeur qui irait à contresens du clientélisme proto-eugénique. Néanmoins, la révision est possible, de l’intérieur, à condition que le système consente à son suicide, pour le bien commun. Hélas, en politique, les exemples d’un altruisme aussi extrême n’encombrent le cours de l’histoire.

III. Les revers du discours et l’’avarie du verbe autopromu
À maintes reprises, le Chef de l’Etat Mohamed Ould Ghazouani a exprimé son intention de transformer la société et de rétablir le droit des gens. Ses envolées à Ouadane, Néma et Djéwol ont suscité l’espoir d’une thérapie de choc, d’un nouveau départ, empreint d’inventivité et de reconquête de l’éthique. Cependant, les promesses ne dépassent, encore, le stade de la déclamation saisonnière : En termes, d’évaluation, de projection de long terme et de plan d’action, l’horizon trahit l’insondable vacuité d’une gouvernance d’au jour le jour.
L’agence Taazour, créée en 2019 pour combattre la pauvreté et l’exclusion, témoigne du décalage entre la parole et l’acte. Ses interventions ponctuelles n’ont produit qu’un impact folklorique et des avalanches de commentaires sur les réseaux sociaux.
Le dernier laïus du Président à Nbeiket Lahwach, au début de novembre 2025, appelle à interdire la participation des fonctionnaires à la théâtralité des tribus. Le propos, d’ailleurs éloquent, va dans le bon sens mais l’intention prospère au cœur d’un paradoxe confondant : La tournée du Chef de l’Etat, a été supervisée et exécutée par des fonctionnaires dans un cadre strictement tribal, lui-même financé sur l’argent du contribuable. Des ministres, secrétaires généraux, ambassadeurs et autres meneurs de la machine de l’Etat s’en sont même vantés, à visage découvert. Le Président devrait parler un peu moins et sévir beaucoup plus. S’il le fait, l’opinion, y compris ses adversaires, s’exprimera pour lui.

IV. Réparer l’Etat
L’ambition suppose une rupture claire d’avec les anachronismes et la volonté de tenir, fermement, l’anse de l’équité. La réparation doit s’articuler autour de mesures précises :
1. Abolir les quotas et dosages tribaux, ethniques ou communautaires, lors du choix des agents du service public et privilégier le mérite professionnel, la compétence, l’intégrité et l’expérience.
2. Abroger, avec effet rétroactif, le recrutement des non-fonctionnaires. Un audit complet des nominations durant les deux dernières décennies permettra de réévaluer les ressources humaines, réduire les coûts de fonctionnement et corriger l’injustice flagrante de certaines préséances.
3. Approuver et appliquer, sans délai, le projet de décret relatif au personnel de la fonction publique, texte bloqué depuis des années dans un tiroir du ministère éponyme.
4. Traduire, en gestes forts, le vœu de lutter contre la corruption et les fraudes, notamment, la contrefaction des diplômes et la falsification des habilitations professionnelles. Les poursuites judiciaires, audits et transparence des rapports de la Cour des Comptes et de l’inspection Générale de l’Etat constituent les instruments désignés de la riposte.
En guise de conclusion
La Mauritanie se trouve à la croisée des chemins. Le Chef de l’État, à présent au milieu de son second et dernier mandat, détient la totalité des cartes. Il peut entrer dans l’Histoire s’il consent à réhabiliter l’Etat, grâce à la moralisation des comportements et au choix avisé des femmes et hommes en charge de conduire le relèvement. S’il se résout à éradiquer l’anarchie, l’insuffisance et la faveur héritée, il reprendra le chantier désaffecté de la République, là où les militaires l’ont arrêté en 1978. 
Nous voulons croire au sursaut et y concourir, pleinement, dans l’espoir de voir renaître, enfin, l’idée d’une Mauritanie de la justice, de la méritocratie et de l’unité qu’irrigue l’exigence de l’égalité, définitivement à l’abri des distinctions de naissance.

Bruxelles, Royaume de Belgique
14 novembre 2025