Mardi 3 Mai à Néma, ville de l’Est mauritanien, le Raïs mauritanien Ould Abdel Aziz a tenu un discours diversement commenté. À son arrivée, comme à l’accoutumée dans pareilles circonstances, il a eu droit à une parade folklorique dans cette capitale régionale où la prégnance tribale a joué sa partition clientéliste comme il se doit. Ensuite, le tombeur de sidioca (Sidi Ould cheikh Abdallahi) dernier président civil élu démocratiquement en 2007, s’est exprimé aisément devant son public .
Parmi ses annonces, on retiendra la suppression du sénat par voie référendaire et la création des conseils régionaux. Le sénat serait une chambre superflue et inutile dans notre fonctionnement institutionnel pour tout le monde sauf les sénateurs. Ces derniers profitent d’un traitement lucratif et légal mais difficilement justifiable dans un pays dit pauvre. L’autre annonce concernant le projet de régionalisation, semble être vaguement émise, on attendra les critères de sa faisabilité et ses contours juridiques. Propose t-il la régionalisation selon le concept avancé par les ex-Flam (aujourd’hui FPC) non reconnues aux dernières nouvelles..? Ou bien un processus de diversion et des divisions qui meubleraient le microcosme politique au niveau local. Ce qu’on peut admettre facilement est que pour une fois un chef d’état mauritanien semble reconnaître comme bonne au moins dans le principe, une idée émise par les éléments d’un mouvement non reconnu et historiquement diabolisé. En étant sceptique et réservé sur le fond du concept proposé par M. Thiam Samba et ses amis , j’ai hâte de savoir s’il faut s’attendre à une (r)évolution démocratique ou la fin d’une certaine Mauritanie, par celui proposé par le Raïs à Néma. Chez Mr Thiam, j’ose comprendre que le problème de la Mauritanie serait résolu par l’institutionnalisation des ensembles homogènes qui sous-entend de fait l’acuité de la prégnance tribalo-ethno-communautaire d’une manière décentralisée. De ce fait un régime de grands électeurs serait instauré sur la base de l’ordre tribalo-féodal qui régit officieusement toutes les communautés nationales , exception faite de la composante haratine pouvant être lésée concrètement alors qu’elle est la plus importante à l’échelle nationale. Croire à une Mauritanie juste et égalitaire pour les citoyens devrait avoir la primauté sur l’identification communautariste sur un territoire quelconque. S’il faut décentraliser, qu’il le soit comme mode de gestion d’un État central démocratique des citoyens et non des communautés et des tribus qui sont tout sauf démocratiques et égalitaires. Et si cet état azizien crée des conseils régionaux, on ne peut éviter le clientélisme politicard déjà bien rodé chez les élus locaux et les chefs coutumiers qui roulent dans leur écrasante majorité pour l’hôte du palais ocre à Nouakchott . Ainsi l’expression citoyenne par le Droit et le Choix sera noyée par les ayant droits par naissance sur le matériel et l’immatériel. Pour une régionalisation digne de ce nom, il faut avoir du contenu à la hauteur qui serait la plénitude de la CITOYENNETÉ d’abord.
La bourde présidentielle qui allait venir…!!
Encore à Néma, le Raïs a dit qu’il n’y a aucun prisonnier d’opinion dans le pays, en faisant allusion aux leaders abolitionnistes et anti-esclavagistes Biram Dah Abeid, président d’IRA-mauritanie et son vice-président Brahim Bilal Ramdhane derrière les barreaux depuis bientôt 2 ans. Et hop, la glissade sur la problématique de l’esclavage en Mauritanie, notre sociologue de président du jour se hasarde en comparaison troublante. Désormais l’approche contratictoire entre le déni de l’esclavage et l’instauration de tribunaux spécialisés pour les faits d’esclavage, ne tient plus la route, et ses propres conseillers doivent être entendus enfin.
À Néma, il fallait trouver un autre angle d’attaque contre les esclaves et ceux qui vivent les conséquences de l’esclavagisme dissimulé dans les rapports sociaux. Le général pense que l’esclavage serait lié à une certaine forme d’irresponsabilité de certains qui font beaucoup d’enfants sans pouvoir les éduquer faute de revenus suffisants. On peut déduire que pour lui, les esclavagistes ont droit de conditionner à l’esclavage certaines personnes issues de milieux pauvres. Sa sortie hasardeuse sous cet angle clarifie le camp du pouvoir actuel entre ceux qui profitent de la misère sociale et les damnés se trouvant sans défenseurs. Nos cousins haratines savent qu’ils sont les cibles principales de la joute présidentielle. Dieu sait que nous ne sommes pas en 1916 mais en 2016, il y aura du répondant et il saura qu’il s’était trompé par cette bourde essentialiste sur ceux qui ont vécu et vivent une déstructuration de la part d’un ordre dominant qui peine à reconnaître ses torts. À Néma pour le président , l’existence de l’esclavage en Mauritanie est lié aux enfants non pris en charge par une couche sociale bien identifiée et qui en fait trop.
Notre prophète Muhammad (psl) n’a t-il pas dit qu’il suffit au musulman de minimiser son frère pour être dans le Mal”.
K.S