Ahmed Hamar Vall Hamdi : Après sa condamnation, nul n’est plus à l’abri de l’arbitraire

S’il y a un cadre au sein du mouvement IRA dont la condamnation constitue une honte pour l’appareil judiciaire mauritanien, c’est bien lui, Ahmed Hamar Vall Hamadi. L’homme est connu par sa pondération, sa probité et son extrême respect de l’Etat et de ses symboles. Il est l’interlocuteur respecté par les officiers de police et de la garde dans tous les cas où des militants d’IRA étaient en prison ou dans les cellules des commissariats.

Peu loquace, Ahmed est l’un des soldats les plus convaincus de la cause antiesclavagiste, une cause dont il est l’un des pionniers.

Né en 1966 à MBallal, Ahmed Hamar Vall, y a fait le primaire avant de poursuivre ses études secondaires puis jusqu’à la terminale en 1986, à Rosso,. Il abandonnera l’école pour aider son père, Hamar Vall, qui possédait des stations à essence et cela jusqu’en 2002, quand il décida de se mettre à son propre compte. Il se lança alors dans le commerce des matériels de communication, secteur dans lequel il a évolué jusqu’à son arrestation le 3 juillet 2016, en compagnie de Hamadi Ould Lehbouss et Mohamed Jarallah. 

Ahmed Hamar Vall Hamadi ne soupçonnait pas en effet, ce jour où il venait d’assister à la conférence de presse d’IRA destiné à réclamer la liberté pour ses compagnons d’armes, qu’il allait être mêlé  une affaire qui s’est déroulé quatre jours auparavant. Il s’agit des émeutes de la Gazra Bouamatou, véritable cheval de Troie pour un régime, qui aurait utilisé un clash entre des squatters opposés à un déguerpissement forcé et des éléments de la police, pour liquider tout le bureau exécutif du mouvement. Jugé avec douze autres membres d’IRA, il a été condamné à 3 ans de prison.
Ce père de 5 enfants a déjà connu les affres de l’emprisonnement. En effet, Ahmed Hamar Vall  a été arrêté en 2012, suite à l’autodafé des livres à Riadh. Il partagea avec le président Birame Dah Abeid et d’autres membres d’IRA, la même cellule à la prison civile de Nouakchott.
C’est dans une tristesse partagée de colère que ses enfants, Aly (26 ans) et Papa (22 ans), issus d’un premier mariage, vivent aujourd’hui l’incarcération injuste de leur père. Un père qu’ils décrivent comme un exemple de rectitude et de loyauté. Mais ceux qui souffrent le plus, ce sont ces derniers enfants, Marième dite Beyah (11 ans), Hamar Vall (9 ans) et Mohamed (5 ans), mais surtout son épouse, Youma Mint Mohamed, sa compagne qui l’a toujours soutenu dans son combat pour la libération des esclaves et l’instauration d’une Mauritanie égalitaire et juste.
C’est en 1980, alors qu’il était au collège de Rosso, qu’Ahmed Hamar Vall fera la connaissance de Birame Dah Abeid. Adolescents à l’époque, ils étaient obnubilés par la situation des esclaves, une institution sociale fortement ancrée dans le Trarza. Mais ce n’est qu’en 2007, devenus adultes et intégrés dans la vie active, qu’ils mûriront davantage leur projet. Ils décidèrent de mettre sur place une organisation dont l’objectif est de lutter contre l’esclavage. L’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) vit ainsi le jour en 2008 avec sept signataires. Pourtant, une soixantaine de personnes avait assisté à la naissance de cette ONG des droits de l’homme qui fera beaucoup parler d’elle dans les années à venir. 

Dénonciations, sit-in, marches de protestations, solidarités avec les victimes de l’esclavage, firent connaître aux Mauritaniens le mouvement IRA qui hantera le régime de Mohamed Abdel Aziz. Tandis que les rares maîtres esclavagistes que la justice acceptait aux bouts des lèvres de condamner s’en tiraient avec le minimum de dégâts, les abolitionnistes d’IRA devinrent quant à eux la marchandise la plus prisée par les commissariats et les tribunaux du pays, mais aussi par les hôpitaux. La lutte que mena Ahmed Hamar Vall aura ainsi permis d’acculer le régime jusque dans les tribunes internationales.
Ahmed Hamar Vall, trésorier du mouvement IRA, chargé de récolter les maigres cotisations et dons versés par les membres ou quelques mécènes, fut de toutes les campagnes du mouvement. Il s’illustrera surtout dans l’affaire des 5 esclaves de Ehel Khanvour à Aïn Varba. Une affaire dans laquelle, les antiesclavagistes furent jugés à la place des maîtres esclavagistes.
Crédit source : Cheikh Aidara 

L’artiste et le patriotisme d’engagement : Demba Tandia promu ou piégé…!?

Crédit photo : Profil Facebook de l’artiste 

La photo a été  vue et beaucoup vue par la toilosphère soninké et au delà. La belle prise du chanteur soninké Demba Tandia tenu respectueusement à côté du général Ould Abdelaziz, a été diversement commentée par nous Z’autres en langage « mauritanien ». Par les temps qui courent, toute personne qui évolue dans un environnement impliquant une prise avec un public donné, devient de fait une personnalité. Chez nous où le National est plus qu’utilisé qu’entretenu au fond , cette personnalité s’exprime d’abord en communautaire, en tribal et en ethnique. Le chanteur, natif de Ajar dans le Guidimagha mauritanien, est l’une des voix mélodieuses de l’international fan soninké de la musique. Et de ce cadre ethnocentrique transnational, l’homme est aussi un citoyen d’abord même si beaucoup d’artistes de son espèce, s’accrochent aux rapports traditionnels et coutumiers très inhibiteurs pour l’ordre CITOYEN dans la conscience collective de leurs Fans. 
Sortir de ce carcan très entre soi communautariste, pour s’exprimer à l’échelle nationale en passant par les hautes autorités étatiques , il faut y réfléchir et s’attendre à une suite à double tranchant. D’un certain patriotisme proclamé même restant à définir le Vrai Fond, on devient systématiquement politique ou utilisé politiquement en s’affichant fièrement avec le chef de l’État de cette « Mauritanie de 2016 ». En plus de cette photo prise au sein du bureau présidentiel semble t-il, le message d’après entrevue publié sur le profil Facebook de Mr Tandia dénote une teneur encenseuse  très politique au bénéfice du Raïs. Ce dernier est encouragé dans son oeuvre de construction de la « Mauritanie Nouvelle ». Tout un choix politique clairement exprimé, qui aura logiquement une suite appropriée dans les analyses n’en déplaisent les fans passionnés du chanteur. Sous reverse d’un éventuel communiqué moins emprunté que celui mis en sortie publicitaire dans son profil Facebook, le chanteur s’est révélé une autre voi(e)x qui aura des traces parmi son public. De la référence foncièrement communautaire et ethnique de son activité artistique, il n’est pas aisé de passer à un patriotisme d’engagement honorable si on ose s’afficher hâtivement avec le type qui incarne un régime aussi controversé .

-La nouvelle Mauritanie qui serait en construction sous la direction azizienne selon l’artiste, est-elle celle où il faut 267029* habitants Guidimaghakés pour avoir SEULEMENT 8 élus aux 2 chambres de représentants nationaux quand il suffit SEULEMENT 53261 habitants de Tiris Zemmour pour avoir jusqu’à  7 élus aux mêmes chambres..? 

-Est-elle celle où un système industriel d’exclusion via un enrôlement politique, est en vigueur depuis 2010, et qu’être mauritanien de plein Droit, est devenu la préoccupation première d’une frange importante de la composante négro-africaine..?

-La nouveauté en cours est-elle l’abandon des quartiers aux eaux diluviennes immondes où habite un grand public fan de l’artiste dans la capitale mauritanienne.?

-La nouveauté est aussi peut-être le racket administratif instauré par l’obtention du visa mauritanien à Paris, ce qui affecte durement la communauté soninké très importante, pour le séjour d’un mois 120 €.

-La nouvelle Mauritanie en gestation se définit par l’étouffement des libertés fondamentales où des paisibles CITOYENS militants abolitionnistes sont arrêtés injustement et mis derrière les barreaux arbitrairement. 
Liste pourrait être très longue, et à l’appréciation de cette donne, effectivement dans la Mauritanie du double putschiste , les choses doivent changer  mais probablement dans le sens d’une déconstruction d’un système inique et rétrograde qui sévit au profit des gens au patriotisme très douteux au fond. En attendant tout s’entretient au nom d’un État HONTEUX pour que les intérêts convergents et exclusivistes sur le matériel et l’immatériel perdurent encore et encore pour les tenants de l’ordre dominant. 

Si on oserait émettre le moins conseil à l’endroit de notre artiste de frère Demba Bilali Tandia et par ricochet à ses fans passionnés , ça serait que l’Art devrait se défaire d’un ordre dominateur qui a une vie très courte. L’expression artiste doit éveiller les consciences collectives et alerter les pouvoirs publics en toute indépendance. S’il arrivait un coup d’état dans 6 mois qui balayerait ce régime, les photos et les prises de positions écrites resteront et auront un tout AUTRE SENS. 

*(chiffres 2013)

K.S