Publication : Un nouveau livre (2017) très stimulant de Y. Michot qui nous enseigne énormément sur un certain mysticisme .

《….Aux soufis vantant les mérites de l’irrationnalité de certains découvrements mystiques, Ibn Taymiyya oppose cependant une fin de non recevoir catégorique. Selon lui quelque chose d’absurde pour la raison ne peut jamais être vrai et la perplexité (hayra) résultant de l’affirmation simultanée de deux choses contraires ne peut en rien constituer « le point final (muntahā) de la connaissance », quelles que soient les traditions prophétiques apocryphes invoquées pour justifier la chose. Pour réfuter les sophismes tels extatiques, c’est par ailleurs la nature même de l’enseignement des Prophètes que, d’une manière fascinante, il précise et met en avant:  » les Prophètes sont plus grands que les Amis de Dieu. Or ils ont apporté quelque chose que les raisons sont incapables de connaître; ils n’ont pas apporté quelque chose qu’elles sauraient vain. Ils informent de choses déconcertant (muhār) les raisons, pas de choses absurdes (muhāl) pour elles » . À la différence des Prophètes les extatiques tenant des propos contradictoires sont victimes de leur imagination et baignent dans l’illusion par auto-suggestion. Pour l’uléma damascain, contrairement à ce qu’Ibn ‘Arabī et d’autres peuvent penser, « la terre de la réalité » n’est pas « la terre de l’imagination ». Sachant les racontars circulant aujourd’hui sur le caractère soit-disant fondamentaliste de la pensée d’Ibn Taymiyya et sa prétendue opposition à la raison, il est réconfortant de constater une fois de plus le rationalisme du théologien mufti hanbalite et son désaveu de l’imaginaire. 》

Tiré du livre « Le sang et la foi d’Al-hallāj » Ibn Taymiyya

Textes traduits de l’arabe, introduits et annotés par le Professeur Yahya Michot.