Mauritanie/Justice : l’ex- Raïs entendu et mis à l’arrêt .

Crédit photo Alakhbar.info

En Mauritanie, les auditions autour du rapport de la CEP (Commission d’enquête parlementaire) remis à la Justice, ont connu un tournant ce lundi 17 août 2020. En effet après avoir convoqué et mis sous contrôle judiciaire certains dignitaires proches de l’ancien président Ould Abdelaziz, les limiers de la police des crimes économiques et financiers se sont intéressés à l’ancien homme fort du pays avec sa convocation suivie d’un garde-à-vous ce lundi. Pour rappel, ces derniers jours une conférence de presse était annoncée pour ce 18 août par l’entourage de l’ex général de l’armée. Le tombeur en 2008 du premier président civil élu (Sidioca) depuis 1978, comptait s’expliquer devant les médias. Tard dans la soirée, lors d’un point de presse express les conseillers de l’ancien président ont dénoncé les conditions de son audition et l’illégalité de l’arrestation qui en est suivie. À Suivre…

Ainsi va suivre le fil de cet événement historique qui fera date en la matière dans notre pays. Un suivi détaillé par un journaliste à travers un post Facebook :

« À propos de l’arrestation de l’ancien président:

1- À 16h30, Aziz a été appelé par la police, qui lui a demandé de l’accompagner à la DGSN, mais il a refusé catégoriquement et a coupé l’appel téléphonique.

2- Avant cela, plusieurs voitures à immatriculation civile appartenant à la police s’étaient dirigées au domicile de l’homme, peut-être pour l’empêcher de partir.

3- À 16h45, deux voitures de police transportant des officiers de la police des crimes économiques et financiers (ainsi que des officiers et recrues des forces d’élite de la brigade antiterroriste) sont arrivées sur les lieux.

4- Le gardien de la résidence de l’ancien président a dit à la police qu’il n’était pas autorisé à leur ouvrir la porte, et qu’ils doivent préalablement appeler le maître de céans pour pouvoir entrer. Un officier a répondu: « Nous ne sommes pas venus ici pour vous demander l’accès. Ouvrez la porte ou nous entrerons par effraction. La loi nous permet de le faire ».

5- Soudain, Aziz apparaît derrière le portier et lui ordonne d’ouvrir le portail (il semble qu’il avait suivi la situation sur les caméras de surveillance).

6- L’officier a dit à l’ancien président: « Nous avons un ordre de vous convoquer pour enquête à la DGSN ». Aziz demande à voir le document. L’officier lui en donne un exemplaire original.

7 – Le commandement est rédigé en arabe. Il a donc il a fallu quelques minutes à Aziz pour le lire. À la suite de quoi, Aziz remet le papier à l’officier en disant: « Je n’ai rien compris à cela, mais qu’importe. Vous voulez que j’aille avec vous, je le ferai, mais à condition que mon avocat personnel, Maître Mohamed Ould Ichidou, vienne avec moi ».

8- Réponse de l’officier: « Il s’agit d’une enquête policière, pas d’une enquête du Parquet ou d’un juge d’instruction, venez avec nous, s’il vous plaît ».

9- Aziz hésite un peu, puis décide de les accompagner, et demande à monter dans sa voiture personnelle avec son chauffeur.

10- L’officier passe un court appel de téléphone, puis permet à Aziz de les suivre dans sa voiture.

11- Aziz prend place à côté de son chauffeur tandis que trois policiers s’installent sur les sièges arrière. Et le cortège se dirigé vers la DGSN.

12- Lorsqu’ils entrent dans l’enceinte de la DGSN, l’officier récupère tous les téléphones d’Aziz. Ce dernier est mené dans une salle d’enquête au deuxième étage.

13- Aziz réitère sa demande à se faire assister par son avocat, mais les policiers renouvellent leur argumentation précédente.

14- Aziz est surpris par le fait que ceux les enquêteurs soient des officiers du renseignement (Sécurité de l’État) et non des officiers de la Brigade des crimes économiques et financiers.

15- Le but semble évident: que l’homme prenne conscience de la gravité de la situation et en prenne toute la mesure.

16 – Lorsque l’enquête prend une dimension de sécurité, alors que l’on s’attendait à une enquête sur des crimes de détournement de fonds ou de corruption, cela suffit à donner une idée que le temps n’est pas élucubrations, aux vaines esquives et à du triomphalisme épique.

17- Cela ne signifie pas pour autant, l’annulation des accusations de corruption contre l’homme, mais cela signifie uniquement ce qui est mentionné dans les deux paragraphes ci-dessus.

18- L’enquête pénale a commencé sur le plan de la sécurité et se terminera également sur le pénal, sans oublier les dimensions financière et économique.

19- Après 4 heures complètes d’interrogatoire intense ininterrompu, sauf une brève pause pour effectuer la prière du maghrib, Aziz a été transféré à l’école de police, où une autre équipe d’enquête le conduira probablement, dont les membres auront passé toute la journée à dormir et à se reposer en attendant une longue nuit d’interrogatoire.

20- Selon des informations, l’homme se préparerait à semer la confusion et à provoquer des problèmes, ce qui aurait précipité son arrestation ce lundi.

21- Ceux qui défendraient l’homme ont tout lieu d’avoir des craintes. Ils verront bientôt que cet homme s’évertue à agir avec le pays avec une rapacité rare: il a fait des richesses nationales sa possession exclusive. L’ampleur des dégâts est hors de proportion! Il y aura des révélations fracassantes à ce sujet.

22- Personnellement, je n’ai pas la moindre sympathie pour l’accusé, pour la simple raison que j’ai toujours eu la conviction intime qu’il est un malandrin de la pire espèce. Personnellement, je suis convaincu que l’application stricte de la loi mauritanienne donnerait des résultats piteux, car je n’ai pas la moindre confiance en notre droit pénal qui est d’un anachronisme risible.

Il a été rédigé par des Oulémas, dans un esprit prétendument imprégné de Charia! Ridicule, car, à moins d’un miracle, le résultat profiterait à un assassin mutirécidiviste qui en serait à son 99e homicide, de même qu’à un violeur en série qui en serait à son dixième crime! Alors, pour ce qui est des cambrioleurs et des corrompus, n’en parlons pas, ce serait le Pérou! »

©️ Crédit source: post FB du journaliste Med Yahya Abdel Wedoud  – https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=3300064873387623&id=100001524288944